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dent du comité d’émigration des Polonais ; mais bientôt le séjour de Paris et même celui de la France lui ayant été interdits par te gouvernement de Louis-Philippe, Lelewel se retira à Bruxelles, où il donna pendant quelque temps des leçons d’histoire moderne, à la nouvelle université.

M. Lelewel a publié un très-grand nombre d’ouvrages, tant dans sa longue maternelle qu’en français. Nous citerons parmi les plus importants : VEdda des Scandinaves (Wilna, 1807) ; Coup d’œil rétrospectif sur les antiquités du peuple lithuanien (1808) ; Recherches sur le chroniqueur Matthieu Cholewa (1811) ; Recherches sur la géographie ancienne (Varsovie, 1818) ; Découvertes des Carthaginois et des Grecs dans l’océan Atlantique (1821) ; Ancienne bibliographie polonaise (1823-1826) ; Monuments de la langue et de la constitution de Pologne et de Varsovie au xmo, au xrvc et au xve siècle (1824) ; Essai, historique sur la législation civile et criminelle de la Pologne de •730 à U30 (Varsovie, 1828) ; Histoire de Pologne (Varsovie, 1829) ; Histoire de la Pologne sous Stanislas-Auguste (Brunswick, 1S31) ; Analyse et parallèle des trois constitutions polonaises de 1791, 1807 et 1815 (Varsovie, 1831) ; Numismatique du moyen âge (Paris, 1835) ; Petits écrits géographiques et historiques (Leipzig, 1836) ; Pythéas de Marseille et la géographie de son temps (Paris, 1836) ; Histoire de la Liihuanie et de la Petite Russie iusqu’à leur réunion avec la Pologne (1830) ; Études numismatiques et archéologiques du type gaulois ou celtique (Bruxelles, 1840) ; Traités critiques (Posen, 1844) ; la Pologne au moyen âge (1844-1851) ; Géographie du moyen âge (Berlin, 1852) ; Géographie des Arabes (Paris, 1851) ; Fragments des voyages de Guillebert de Lannoy (1840). En outre, Lelewel a donné un grand nombre d’articles a la Revue numismatique, belge et à plusieurs autres recueils périodiques.

LÉLEX, roi de Sparte vers 1700 av. J.-C-Un autre Lélkx, chef de colons égyptiens, s’établit dans la Mégaride vers 1600. Quelques auteurs pensent que ces princes ne sont que des personnifications du peuple lélégo.

LÉLIA s. m. (lé-li-a). Entora. Svn. d’oRGYE, genre d’insectes lépidoptères. Il On dit aussi

LÉL1E.

— Bot. Genre de plantes épiphytes, de la famille des orchidées, tribu des épidendrées, comprenant plusieurs espèces qui croissent au Mexique : Les lklias sont des herbes croissant sur les arbres. (C. d’Orbigny.) Il On dit aussi LÉLIK.

Lciiu, roman de George Sand (1833). Ce roman, le troisième de l’auteur, venant après Indiana et Valentine, surprit par la fougue des peintures, l’étrangeté des conceptions, et il eut un grand succès ; il fut l’objet d’éloges enthousiastes, dont il faut bien rabattre aujourd’hui. George Sand a donné libre carrière à son imagination dans ce livre, qu’elle n’écrirait plus, et la seule conception vraiment belle qu’on y rencontre, au milieu d’un déploiement inouï d’épisodes romanesques et de tirades lyriques, est le dédoublement singu,lier d’un seul être en deux personnages : d’un côté, la femme qui ne vit que par 1 esprit et qui n’a pas de sens ; de l’autre, la courtisane qui n’a que des sens et qui dédaigne tout ce qui n’est pas lajouissance physique. Entre ces deux femmes, deux sœurs, Lélia et Pulchérie, qui se ressemblent de taille et de figure k s’y méprendre, se débat un poète, îSteuio ; la courtisane se charge d’assouvir les passions et les appétits que la femme idéale a exaltés. Lélia, trompée une première fois, a remplacé toutes les illusions par le doute et l’ironie ; c’est un cœur sec enfermé dans un corps splendide et d’une beauté sculpturale. ■ Une fois trompée, dit Gustave Planche, Lélia, sans vouloir renouveler l’expérience, prononce sur les passions humaines l’anachème des vieillards ; elle croit que tous les hommes sont pareils à celui qu’elle a aimé ; elle se dit que l’égoïsme est une loi inviolable et constante qui préside k toutes les promesses, k tous les serments. Tout le caractère de Lélia repose sur ce premier désappointement de ses légitimes espérances ;

elle n’aperçoit plus dans la vie qu’un douloureux pèlerinage vers un but obscur, impénétrable ; elle n’a plus qu’une seule conviction, le mépris, qu’une seule joie, l’ironie. »

Sténio, le jeune poète, ne connaît encore de la vie que ses joies et ses promesses ; il croit à la vertu, au dévouement, à l’amitié, k l’amour. Son imagination, vierge encore de désirs insensés ou pervers, enfante k plaisir des rêves de béatitude sans mélange. Quand Lélia lui apparaît, c’est pour le poète comme une étoile inconnue, mystérieuse, qui l’attire et le fascine de son éclat, et, tout altéré d’amour, il aspire k l’ivresse d’animer la flère statue. Les feintes caresses de Lélia l’encouragent, et quand il croit enfin avoir triomphé de sa froideur, il s’aperçoit que, sous ces semblants d’amour, il n’y avait qu’une ironique pitié. Lélia brise le poète comme un hochet en le jetant dans les bras do sa sœur Pulchérie, la courtisane, qui représente le corps sans l’Ame, comme Lelia lame sans le corps. Plus Sténio s’était élevé dans les pures régions de l’idéal, plus sa chute est profonde. 11 tombe dans la débauche, et quand il s’est à moitié tué le corps et l’âme dans l’orgie, il s’achève par le suicide..

Deux autres personnages, moins humains

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que mystiques, complètent ce fantastique tableau, Trenmor et Magnus. Magnus, c’est la souffrance personnifiée, c’est un prêtre que la foi ne peut guérir de la passion, qui s’exténue dans la pénitence, espérant trouver une trêve à ses désirs, et chez qui la solitude surexcite, au contraire, les plus violents instincts. Il aime Lélia, et plutôt que de subir ses dédains, il s’enfonce dans les déserts, il se voue au jeûne, au silence. Mais le malheureux perd, dans ses austérités, le peu de raison qui lui restait, et, dans un accès de folie, il poignarde Lélia. Trenmor est un grand seigneur qui vivait d’une autre passion, le jeu ; son plaisir favori l’a conduit aux galères. Il en est sorti désabusé du monde et philosophe profond. Il ne rougit pas de l’accident qui lui est arrivé. Dans une promenade sur le lac avec Sténio : «Vous ramez trop vite, cher Sténio, dit-il, le brouillard me trompait. Ce bruit de rames, le froid du soir, et surtout le calme religieux qui était en moi, me faisaient croire que j’étais encore au bagne. « Et si l’on s’étonne de la singularité de ce personnage, qu’on écoute Lélia, qui tient Trenmor en d’autant plus grande estime que c’est un être étrange. « La, dit-elle, où les passions finissent, l’homme commence. > C’est dans l’infamie que Trenmor a puisé la sagesse ; le cœur du galérien s’est épuré en passant par la justice des hommes, et, désormais dépouillé de tout ce qui vouait fatalement le vieil homme à la souillure et à la honte, il a la sérénité du sage.

On ne peut méconnaître les grandes qualités d’imagination et de lyrisme dont George Sand a fait preuve dans Lélia ; mais ces types surhumains, ces hommes désabusés, ces femmes blasées, ces forçats vertueux, sont aujourd’hui bien passés de mode. Quelques pages resteront toujours belles ; des descriptions pittoresques, comme celle du site où s’élève le couvent des camaldules, près duquel Magnus vit en anachorète, ou encore le récit du souper et du bal où Lélia abuse de Sténio et le pousse dans les bras de Pulchérie. Encore aurait-il fallu mettre dans la bouche du poète, que l’on présente comme un des plus grands et des plus largement inspirés, autre chose que de méchants vers d’écolier de rhétorique.

LELI EN (Ulpius Cornélius), un des trente tyrans romains. V. L-œuen.

LE LIEUR (Jacques), écrivain français, seigneur de Bhksmetot, du Bosc-Bénaud, secrétaire et notaire du roi, né à Rouen vers la fin du xve siècle, mort vers 1550. Il fut nommé en 1519 conseiller-échevin de sa ville natale, à laquelle il fit hommage en 1525 d’un manuscrit précieux, exécuté de sa main et destiné à conserver le souvenir des sources ainsi que le cours souterrain des anciennes fontaines de Rouen. Deux fois couronné comme poète aux Palinods de Rouen, il fut élu prince de l’Académie ainsi nommée en 1544. Labibliothèque publique de Rouen possède un joli manuscrit sur parchemin, contenant des poésies composées et calligraphiées par lui-même. Il est orné de curieuses miniatures qui, croit-on, sont de la même main. Jacques Le Licur passait pour l’un des hommes les plus érudits de son époque.

LELIÈVRE (Claude-Hugues), chimiste, né à Paris en 1752, mort en 1835. Il fit partie du conseil des mines, devint inspecteur général, membre de l’Institut, section des sciences, et publia, outre un grand nombre de notes et de mémoires dans le Journal des mines et les Mémoires de l’Institut, une Description de divers procédés pour extraire la soude du sel marin (Paris, an III, in-4o).

LELlÈVItE (Pierre-Étienne-Gabriel), dit Cbevuiiicr, empoisonneur, né à Madrid en 1785, guillotiné à Lyon en 1821. Dès son entrée à la Banque de Paris, il fabriqua de faux billets, et Fouché, sur les supplications de sa famille, consentit à étouffer 1 affaire, à condition que Lelièvre s’engagerait dans un bataillon colonial. Interné k Anvers, il fit la connaissance d’une femme Debira, veuve d’un officier hollandais, déserta, et se rendit à Lyon avec les papiers d’un nommé Pierre-Claude Chevallier, qu’il s’était appropriés on ne sait comment. Le préfet de Lyon l’accueillit avec bonté sous ce faux nom, et lui donna une place dans les bureaux de la préfecture. La veuve Debira vint le rejoindre et expira quelque temps après au milieu de convulsions affreuses. Huit mois après, Lelièvre épousa une demoiselle Desgranges dont il eut une fille, qui mourut presque aussitôt de la même manière que la femme Debira. Vingt-trois jours après, la même maladie emportait la mère. Au bout d’un an, nouveau mariage avec Marguerite Pizard, qui meurt, treize mois après, laissant un fils. Troisième mariage avec Marie Riquet, qui meurt en couches. Malgré les bruits sinistres qui s’élèvent contre lui, Lelièvre rencontre encore une malheureuse, Rose Besson, qui consent k devenir sa femme. Mais, vers le 2 août 1819, il va chercher en nourrice l’enfant qu’il avait eu de Marguerite Pizard, et cet enfant disparaît, disparition qui n’empêche point Lelièvre d’écrire k la famille Pizard que l’enfant est en bonne santé. Les grands parents de l’enfant demandent aie voir ; le faux Chevallier se rend à Saint-Rambert, près de l’île Barbe, et passe la journée k jouer avec de petits garçons. Le soir, il en emportait un quand il

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est arrêté par le père, auquel il donne pour excuse que, puisqu’on lui avait volé son fils, il pouvait bien en prendre un autre. Plus tard, on découvrait sur les bords du Rhôno le corps d’un enfant noyé, dont l’identité avec le fils de Lelièvre fut constatée d’une manière non équivoque. Traduit en raison de ces crimes successifs devant la cour d’assises du Rhône, il fut condamné à mort, et subit la peine capitale en protestant de son innocence.

LELIEVRE (Hilaire), officier français, né vers 1800, mort en 1851. Né vers 1800, mort en 1851 ! voici à peu près tout ce que donnent les biographies sur le héros do Mazagran I Son origine, on l’ignore ; ses débuts, nul ne les a recherchés ; on sait qu’il était sous-officier au 15° de ligne avant la révolution de Juillet ; qu’il fit la campagne d’Alger, et qu’à la création des bataillons d’infanterie légère d’Afrique (juin 1832), il fut nommé lieutenant dans un de ces bataillons. Sa bravoure k l’attaque de Darnassar lui valut le grade de capitaine au 1" bataillon d’infanterie légère ; et c’est avec 123 hommes de la dixième compagnie, sous son commandement, qu’il alla ravitailler le petit village de Mazagran dont la défense, sans précédent dans l’histoire, a assuré l’immortalité au capitaine Lelièvre et à ses héroïques compagnons. À la suite de ce fait d’armes si glorieux, il fut nommé chef de. bataillon au Ier régiment de ligne en garnison k Oran. Une médaille fut frappée et un monument élevé par souscription en l’honneur de ces vaillants soldats. Quelque temps après, on ne sait pour quel3 motifs, Lelièvre quitta l’armée et s’éteignit dans un complet oubli.

LELIÈVRE DE LAGRANGE, ancienne famille française. V. La Grange.

LELIO, 13rpe d’amoureux, dans la comédie italienne. Lelio est toujours jeune, beau, bien fait, élégant, et c’est lui qui a le cœur de l’héroïne de la pièce. Le plus souvent, il est en rivalité avec Arlequin, comme en témoigne le titre d’un grand nombre de pièces : Lelio et Arlequin ravisseurs infortunés ; Lelio et Arlequin rivaux ; Lelio fourbe intrigant ; Lelio prodigue et Arlequin prisonnier par complaisance, etc. Lorsque le théâtre de la Comédie-Italienne abandonna son répertoire pour le répertoire français, les auteurs se servirent longtemps, afin de ne pas dérouter immédiatement le public, des personnages connus sur l’ancienne scène et devenus en quelque sorte classiques ; Lelio fut naturellement du nombre, et on le retrouve souvent, entre autres, dans les pièces de Marivaux, en compagnie de Silvia, son amoureuse ordinaire.

Le créateur du rôle de Lelio, en France, est Andreini, qui florissait de 1600 à 1630. Les acteurs les plus célèbres qui remplirent après lui ce rôle furent Louis Riccoboni (1674-1753), l’auteur de l’Histoiredu ThéâtreItalien, et son fils, François Riccoboni ; Antoine-Louis Baletti, fils de Mario et de Silvai (1741) ; Zannucci (1759).

LEL1US, ami de Scipion l’Africain. V. L« LIUS.

LELKI, génies qui, d’après les traditions mythologiques des anciens Slaves, gardaient les trésors cachés dans la terre. Chaque trésor avait un grand nombre de ces gardiens qui veillaient sur lui, afin qu’il revînt à son légitime propriétaire ou k celui qui l’avait enfoui. Lorsqu’un étranger s’approchait du trésor, ils le forçaient à s’enfuir par leurs cris sauvages ; mais si c’était le propriétaire légitime, ils faisaient sonner de 1 argent afin de l’attirer k l’endroit où ses écus étaient enfouis.

LELLI (Giovanni - Antonio), peintre de l’école romaine, né k Rome en 1591, mort en 1640. Élève de Cardi, dit Cigoli ou Civoli (v. Cardi), il fut chargé de quelques grands travaux exécutés à l’huile ou k fresque dans les églises de Rome, entre autres l’Annonciation, de l’église Saint - Matthieu in Marulana ; Jésus-Christ au milieu des nues, de l’église Saint - Sauveur ; la Visitation et la Force, du cloître de la Minerve. Les ouvrages de Lelli se recommandent par la pureté du dessin, l’entente de la perspective et le fini de l’exécution. Malheureusement un amourpropre excessif l’empêcha de perfectionner son talent, qui aurait pu, avec de sérieuses études, rivaliser avec ceiui des plus grands maîtres de l’Italie, et son aveugle vanité lui aliéna la sympathie de ses contemporains.

LELLI (Ercole), peintre, graveur, sculpteur, architecte et anatomiste italien, né à Bologne en 1702, mort en 1766. Élève de Zanotti, il commença par s’adonner à la peinture, et on montre de lui, dans le couvent des capucins de sa ville natale, un Saint Fidèle qui ne manque point de mérite. Cependant, sa renommée provient plutôt des modelages anatomïques qu’il exécuta pour l’institut de Bologne, et des excellentes leçons d’anatomie quil donna aux jeunes gens qui se destinaient à l’étude des arts. Comme graveur, on lui doit quelques planches assez estimées, reproduisant plusieurs de ses propres compositions : Agar et Ismaël dans le désert ; la Vierge, saint Joseph et l’Enfant Jésus ; Saint Philippe de Neri ; Sainte Thérèse en prière, et le portrait de son maître Zanotti.

LELL1S (saint Camille de), fondateur de l’ordre des clercs réguliers pour le service des

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malades, né à Bucchianico (Abruzzes) en 1550, mort à Rome en 1614. Fils d’un officier et orphelin à l’âge de six ans, il embrassa la carrière des armes dès que ses forces le lui permirent. La vie irrégulière des camps le jeta dans la débauche, et au bout de quelques années de service, un ulcèré à la jambe le contraignit à chercher asile dans un hospice d’incurables. La misère à laquelle il fut en proie changea ses sentiments. Employé dans cet hospice, il prit pour confesseur et pour guide saint Philippe de Neri, qui acheva sa conversion. Résolu à entrer dans les ordres, il se mit, k trente-deux ans, k fréquenter les basses classes du collège des jésuites, et, ses études terminées, fut ordonné prêtre. C’est alors qu’il fonda la congrégation à laquelle il attacha son nom, congrégation qui fut érigée en ordre religieux par Grégoire XIV en 1591. Saint Camille de Lellis a été béatifié par Benoît XVI en 1742. L’Église l’honore le 14 juillet.

LELLIS (Charles), historien italien, né k Chieti, mort vers 1660. Il s’établit k Naples, où il paraît avoir exercé la profession d’avocat, et s’adonna à des travaux historiques. On lui doit : Discorsi délie famille nobili del regno di Napoli (Naples, 1054-1671, 3 vol. in-fol.), ouvrage estimé, contenant de nombreux documents inédits, et un supplément k la Napoti sacra (1654, in-4<>).

LE LOGER ou LE LOYER (Pierre), déinonographe français, né k Huiilé (Anjou) en 1550, mort en 1634. Tout en étudiant le droit k Toulouse, il s’adonna k la poésie et remporta un prix aux Jeux floraux, puis revint dans sa province et obtint une charge de conseiller au présidial d’Angers. Ayant le goût des choses extraordinaires, il se jeta k corps perdu dans les rêveries de la démonologie, se passionna pour les procès de magie, procès auxquels les-superstitions si profondément enracinées dans les provinces de l’Ouest fournissaient alors de nombreux éléments, et publia k Angers, en 15S6, un gros volume in-4o, intitulé : Quatre livres des spectres ou Apparitions et visions d’esprits comme anges, démons et âmes se montrant visibles aux hommes, ouvrage réédité sous le titre de Discours et histoire des spectres (Paris, 1608, in-4"). Le Loger semble avoir été de bonne foi ; il croyait aux maléfices, aux apparitions surnaturelles, et, comme magistrat, il se montra aussi impitoyable que superstitieux. Bel esprit, d’ailleurs, k ses moments perdus, il chantait volontiers le vin d’Anjou et même Vénus, comme en témoignent ces vers :

Quand je naquis, Amour et la Cyprine S’assirent près de mon berceau, afin De prononcer tout l’heur de mon destin Et de m’orner de leur grâce divine.

Son Discours des spectres est sans contredit le plus volumineux et le plus ennuyeux des recueils qui aient été écrits sur cette matière. Le Loger, jaloux de faire étalage d’érudition, puise indifféremment dans Tes auteurs sacrés et dans les auteurs profanes. Il range les dieux de la fable dans la catégorie des démons, et confond volontiers les faunes et les nymphes avec les sorciers et les loupsgarous. Outre l’ouvrage précité, on a de lui deux comédies, des odes, des sonnets, dea poésies assez gaillardes, intitulées Folâtreriez et esbats de jeunesse, le tout réuni et publié dans ses Œuvres et mélanges poétiques (Paris, 1576) ; Erotopegnie ou Passe-temps d’amour (1576, in-12) ; Edour ou les Colonies idu-~ méanes en l’Asie et en l’Europe (1630, in-8o), ouvrage extravagant sur les migrations des peuples.

LELOIR (Jean-Baptiste-Auguste), peintre, né k Paris en 1809. Élève de Picot, puis de l’École des beaux-arts, où il entra en 1828, il débuta au Salon de 1835 par deux tableaux, Ruth et Noémi et la Parabole des Vierges. Dans ces toiles, d’un arrangement un peu naïf accusant l’inexpérience, ou trouvait k la fois les procédés de ’dessin mis en honneur par David et l’imitation de Gros comme coloriste. Le Don ange, Sainte Cécile, Marguerite en prison, qu’il exposa en 1839, attestèrent des progrès véritables. En 1842, il donna Jeunes paysans au bas de la voie Sacrée, composition très-réussie, et Homère, tableau remarquable, d’une excellente couleur, d’un dessin correct, qui fut acheté pour le musée du Luxembourg. À cette époque, M. Leloir était arrivé k l’apogée de son talent. Le premier symptôme de déclin se manifesta dans la Cène, commandée par le ministère de l’intérieur. La Famille chrétienne livrée aux bêles, le Christ et la Samaritaine, la Nuit de la Toussaint, Chrétiens aux Catacombes, les Athéniens captifs à Syracuse, etc. (morceaux plus ou moins importants dont les derniers figurèrent au Salon de 1855 avec la Vierge et saint Jean après la mort du Christ), prouvèrent qu’en 1842 s’était définitivement arrêtée la marche ascendante de

l’artiste. Depuis cette époque, il a exposé : le Départ du jeune Tobie (1857) ; Daphnis et Chloé (18S3) ; Saplto au cap Leucade (1864) ; une Ame au ciel ; Jeanne Darc da’js sa prison (1865) ; la Madeleine au tombeau (1866) ; Saint Vincent (1868), Barcarolle ; Jeanne Darc enfant (1809), etc. En outre, M. Leloir a exécuté des peintures décoratives k Saint-Germain-1°Auxerrois, k Saint-Merri et à Saint-Leu.

Elles ont une certaine correction au double point de vue de l’arrangement et de la forme ; mais la couleur est dure, froide et