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ses écrits, lui ayant attiré de nombreuses attaques, Lengerke abandonna la théologie

pour devenir en 1843 professeur de langues orientales, et il occupa cette chaire jusqu’en 1851. Outre plusieurs opuscules remarquables sur la littérature syriaque et un grand nombre de mémoires insérés’dans différents journaux, on a de lui des Commentaires sur le prophète Daniel (Kœnigsberg, 1835), et sur les Fsaumes (Kœnigsberg, 1846,2 vol.), et, sous te titre de Kenaan (Kœnigsberg, 1843), . un ouvrage d’archéologie et d’histoire dans lequel il a fait preuve d une connaissance approiondie des langues orientales. Parmi ses œuvres oétiques nous citerons : Poésies (Kœnigserg, 1S3S, édit.) ; Chants (Kœnigsberg, 1840) ; Portraits et proverbes (Kœnigsberg, 1844) ; Mystères du monde (Kœnigsberg, 1851), et le Livre des tableaux de la vie (Kœnigsberg, 1852), recueil de poésies choisies. Un grand nombre de ses compositions ont été mises en musique et se trouvent dans les livres de chants populaires.

LENGHE s. m. (lain-ghe). V. lingam.

LENG1ACENSIS AGER, nom latin du Lan-

GADAIS.

LENGLET (Étienne-Géry), homme politique et publiciste français, né à Arras en 1757, mort à Douai en 1834. Il exerçait la profession d’avocat dans sa ville natale lorsque éclata la révolution. Membre de la Convention et partisan des idées avancées, il se sépara hardiment de la Montagne, au 31 mai 1793, pour défendre les girondins. Nommé membre du conseil des Cinq-Cents, après la dissolution de la Convention, il soutint toujours énergiquement les droits de la liberté de la presse et de la liberté individuelle ; il osa même, au 18 brumaire, demander ouvertement et en face à Bonaparte le maintien de la Constitution, et refusa son adhésion à la Constitution de l’an VIII. Cependant, sûr de l’intégrité et de la probité de Lenglet, Bonaparte le nomma président de la cour d’appel de Douai, poste que lui conservèrent la Restauration et le gouvernement de Juillet, tant était solidement établie l’honorabilité de l’homme dont nous écrivons la vie. On a de Lenglet : Essai ou Observations sur Montesquieu (Paris, 1792, in-8°) ; Jiêoeries diplomatiques après la prise de la Hollande (in-8<>) ; Essai sur la législation du mariage et sur le divorce (1797, in-8») ; De la propriété (Paris, 1798, in-8°) ; Introduction de l’histoire (1812).

LENGLET-DUFRESNOY (Nicolas), prélat et littérateur français, né à Beauvais en 1674, mort en 1755. Il étudiait la théologie à Paris lorsqu’il entra dans la diplomatie. Envoyé en 1705 par M. de Torcy, comme secrétaire d’ambassade, auprès de l’électeur de Cologne, il découvrit un complot tramé contre ce prince. Treize ans plus tard, en 1718, Lenglet fit connaître au régent tous les complices de la fameuse conspiration de Cellamare. o II employa à cet effet, raconte M. Ourry, un moyen qui n’était pas sans doute d’une extrême délicatesse, et qui n’a été que trop imité depuis : on le mit à la Bastille comme auteur d’un prétendu mémoire du parlement en faveur du duc du Maine, ce qui devait lui attirer la confiance des autres personnages emprisonnés pour la même cause. » Lenglet joua donc dans cette circonstance le rôle de mouton, pour employer l’argot usité dans les prisons. Il est juste de dire néanmoins qu’il exigea d’abord la promesse qu’aucun des coupables qu’il signalerait n’aurait à subir de condamnation capitale. On ne trouve, du reste, que cette tache dans la vie de Lenglet-Dufresnoy. Jaloux de garder son indépendance et sans ambition, il repoussa les offres séduisantes qui lui furent faites par le prince Eugène, le cardinal Passionei, Le Blanc, secrétaire d’État, et s’adonna entièrement à des travaux d’érudition. À la suite d’un voyage qu’il fit en Autriche et pendant lequel il visita J.-B. Rousseau, il fut arrêté à son retour en France (1723), et plus tard il fut, à quatre reprises, jeté à la Bastille en 1725, 1743, 1750 et 1751, pour divers passages de ses écrits. Lenglet subissait ces emprisonnements avec une résignation aussi gaie que philosophique, et n’en continuait pas moins à écrire librement. ■ Je veux, disait-il, être franc Gaulois dans mon style comme dans mes actions. > Protestation vivante et continuelle de la liberté de la presse sous un pouvoir absolu, Lenglet ne manquait guère de rétablir à l’impression les passages que la censure lui avait supprimés. Une fin tragique l’enleva h la littérature (dans un âge avancé, à vrai dire) : s’étant endormi en lisant près du feu, il y tomba et, secouru trop tard, ne survécut pas à cet affreux accident. Le projet lui était venu de joindre à ses nombreux ouvrages des mémoires sur sa vie, et certes son caractère et son genre d’esprit en eussent fait un livre curieux. Lenglet-Dufresnoy joignait à une vaste érudition un esprit mordant, une maligne causticité et un tour d’esprit qui n’est pas sans analogie avec celui de Rabelais. On lui doit les ouvrages suivants : Lettre à MM. les doyen, syndics et docteurs en théologie de la Faculté de Paris (1G9G) ; Traité historique et dogmatique du secret inviolable de la confession (1708, in-12) ; Mémoires sur la collation des canonicats de l’église de Tournay (1711, in-8°) ; Méthode pour étudier l’histoire (1713, 2 vol. in-12 ; 1729, 4 vol. in-4<>) ; Méthode pour étudier la géographie (171C, 4 vol.

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in-12) ; Tables chronologiques de l’histoire universelle (i"29) ; De l’usage des romans, avec une bibliothèque des romans (1734,2 vol. in-12), sous le nom de Gordon de Percel : cet ouvrage contient une virulente satire contre J.-J. Rousseau ; l’Histoire justifiée contre les romans (1735, in-12) ; Histoire de la philosophie hermétique (1743, 3 vol.), ouvrage remarquable ; Tablettes chronologiques de l’histoire universelle, sacrée et profane (1744,2 vol. in-8") ; Calendrier historique pour l’année 1750, avec l’origine de toutes les maisons souveraines (1750, in-12) ; Traité historique et diplomatique sur les apparitions, les visions et les révélations particulières (1751, 2 vol. in-12), dont la préface est très-estimée ; Recueil de dissertations anciennes et nouvelles sur les apparitions, les visions et les songes (1752, 4 vol.) ; Histoire de Jeanne Darc (1753, in-12) ; Plan de l’histoire générale et particulière de la monarchie française (1754, 3 vol. in-12), ouvrage inachevé ; Lettre d’un chanoine de Lille à un docteur de Sorbanne, au sujet d’une prière hérétique (1707, in-12).

Lenglet-Dufresnoy a en outre édité beaucoup d’ouvrages, qu’il a enrichis de notes, de prétaces, etc. Comme il a énormément produit, on ne s’est pas fait faute de lui attribuer des écrits auxquels il fut absolument étranger.

LENGNAU, village de Suisse, cant. de Berne, district et à 6 kilom. N. de Buren, au pied du Jura ; 816 hab. Combat entre les Français et les Suisses en 179S.

LENGNIClI’(Godefroi), historien et publiciste allemand, né k Dantzig vers 1690, mort en 1774. Il professa l’histoire au gymnase de sa ville natale et composa des ouvrages estimés, notamment -..Bibliothèque de la Prusse polonaise (Dantzig, 171S, in-8°) ; Histoire de la Prusse polonaise depuis 1526 jusqu’au règne d’Auguste 'II (Dantzig, 1723-1748, 9 vol. infol.), continuation fort remarquable de l’histoire de G.Sehiitz ; Histoire de Pologne (1741) ; Jus publicum regni Poloniz (Dantzig, 1742, 2 vol.), traduit en français par Formey sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire et au droit public de la Pologne (17il) ; Pacta conventa Âugusti'III (Dantzig, 1763), avec un savant commentaire.

LEINGNICII (Charles-Benjamin), archéologue allemand, parent du précédent, né à Dantzig en 1742, mort en 1795. Archidiacre dans sa ville natale, il consacra ses loisirs à l’étude et acquit une vaste érudition. Outre d’excellents articles insérés dans la Gazette littéraire d’Iéna, on lui doit : Mémoires pour la connaissance des livres rares (Dantzig, 1776, in-8°) ; Benseignements pour la connaissance des livres et des médailles (Dantzig, 1780-1782, 2 vol. in-8o) ; Nouveaux renseignements, etc. (1782, in-S<>) ; Hevelius (1780), etc.

LENGSFELD, bourg de l’Allemagne du Nord, dans le grand-duché de Saxe-Weiinar, cta.-l. du bailliage de son nom, dans la principauté et à 24 kilom. S.-O. d’Eisenach ; 2,136 hab. Fabrication de toiles et de coton.

LENGUA s. m. (lain-goua). Nom donné par les Espagnols aux indigènes d’une peuplade du Paraguay, aujourd’hui disparue, lesquels s’introduisaient dans la lèvre inférieure un disque de bois en forme de langue.

LENIIAM, bourg et paroisse d’Angleterre, comté de Kent, à 13 kilom. S.-E. de Maidstone ; 2,200 hab. Belle église paroissiale très-ancienne.

LENHOSSEK (Michel de), célèbre médecin hongrois, né à Presbourg en 1773, mort à Bude en 1840. Reçu docteur à Pesth en 1799, puis nommé en 1809 professeur de physiologie et d’anatomie à la Faculté de la même ville, il alla dix ans après remplacer à Vienne, dans les mêmes chaires, son compatriote Prochaska. Nulle carrière scientifique peut-être ne fut plus honorée que celle de Lenhossek. Les sociétés médicales d’Allemagne le comptèrent à l’envi parmi leurs membres, et les grandes sociétés savantes de l’étranger tenaient à honneur de le choisir pour leur correspondant. Le roi de Suède, l’empereur de Russie, le roi de Prusse le comblèrent de distinctions honorifiques, et son souverain, après lui avoir conféré des lettres de noblesse, le nomma successivement conseiller de régence, référendaire de santé, premier médecin de Hongrie, et enfin directeur de la Faculté de médecine et de chirurgie de Pesth (1825). On doit à Lenhossek, entre autres ouvrages : Recherches sur les passions et les affections de l’âme C’esth, 1804, in-8°) ; Physiologia medicinalis C’esth, 1816, 5 vol. in-8°) ; Exposition de l’entendement humain dans ses rapports avec la vie intellectuelle et corporelle (Vienne, 1824-1825, 2 vol. in-8°) ; Inslitutio circa medico-légalem cadaverum humanorum investigationem (Bade, 1829, in.-8u) ; Traité pathologique et thérapeutique de la rage C’esth et Leipzig, 1837, in-8°).

LÉNICEPS s. m. (lé-ni-sèpss — du Iat. lenis, doux ; caput, tête). Chir. Variété du forceps.

LÉNIDIE s. f. (lé-ni-di). Bot. Syiu de wor-

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LENIENT (Charles-Félix), littérateur français, né à Provins (Seine-et-Marne) en 1836. Il vint terminer ses études au collège Henri IV, à Paris, et remporta le prix d’honneur de

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rhétorique et de philosophie aux grands concours de 1846 et 1847. Admis le premier à l’École normale supérieure, il se fit bientôt après recevoir licencié es lettres, agrégé des classes supérieures, et fut nommé en sortant de l’École professeur de seconde au collège de Montpellier. Peu après, M. Lenient fut chargé de professer la classe de troisième au lycée Napoléon, à Paris, puis il devint successivement professeur adjoint de rhétorique (1854) et professeur en titre (1855). Cette même année, il prit le grade de docteur es lettres. Depuis 1865, M. Lenient est maître de conférences à l’École normale. Outre ses thèses pour le doctorat, dont l’une est une Étude sur Bayle, on lui doit : la Satire en France au moyen âge (1859, in-8°), livre qui lui a valu en 18S0 un prix de l’Académie française ; la Satire en France ou la Littérature militante au xvic siècle (IS60, in-8°), ouvrage faisant suite au précédent..

LÉNIFIÉ, ÉE (lé-ni-fi-é) part, passé du v. Lénifier : Humeurs lénifiées.

LÉNIFIER v. a. ou tr. (lé-ni-fi-é — du lat. lents, doux ; facere, faire. Prend deux i de suite aux deux prem. pers. du pi. de l’imparf. de l’indicat. et du prés, du subjonct. : Nous lénifiions, que vous lénifiiez). Adoucir au moyen d’un lénitif : Une prise de petit-lait, clarifié et édulcoré, pour adoucir, lénifier, tempérer et rafraîchir le sang de monsieur. (Mol.)

— Fam. Calmer, apaiser : Par la douceur exhilarante de l’harmonie, adoucissons, lénifions et accoisons l’aigreur de ses esprits. (Mol.)

LÉNITIF, IVE adj. (lé-ni-tiff, i-ve — du lat. lenitus, adouci). Méd. Qui adoucit, qui calme la douleur ou l’excitation : Un sirop

LÉNITIF. Une potion LÈiïlTlYIÎ.

— s. m. Substance, remède lénitif : Administrer lin LÉSITIF.

— Fam. Adoucissement, calme de l’esprit : Cette agréable nouvelle fut un grand lénitif à sa douleur. (Acad.) Coups de bâton pour coups de bâton, il faut se déterminer en faveur de ceux qui seront accompagnés d’un LÉNITIF de 50 pistoles. (Brueys.)

Voilà trois lions billets que j’ai trouvés sur lui. Souffrez que je partage avec vous votre ennui ; Ce petit lénitif, en attendant le reste, Pourra nous consoler d’un coup aussi funeste.

Resnard.

LENKER (Jean), opticien allemand, mort en 1585. Il exerçait la profession d’orfèvre à Nuremberg, et se rendit célèbre en Allemagne par son habileté pour la construction des instruments d’optique. On a de lui : Perspecliva litteraria (Nuremberg, 1567-1595, in-fol.) ; Perspectiva mit exemplen (Nuremberg, 1571, in-fol.). — Son fils, Jean Lenker, bourgmestre de Ratisbonne, acquit une grande réputation comme ciseleur. Plusieurs de ses ouvrages se trouvent dans les collections de Vienne et de Munich.

LENNAPE s. (lènn-na-pe). Membre d’un peuple indigène de l’Amérique du Nord.

— s. m. Linguist. Langue parlée par tous les peuples de la famille lennape.

— Encycl. Linguist. Les idiomes lennapes appartiennent k une famille indienne de la région alléghanique (Amérique du Nord). Ils ont tous les caractères des langues holophrastiques, c’est-à-dire que le synthétisme

y est poussé fort loin. Plusieurs des nations comprises dans cette famille se sont éteintes, et de celles qui existent encore il ne reste que des débris. On distingue parmi ces idiomes le lennape ou delaware, le sawanoti, le saki-ottogami, le menome, le miami-illinois, le sankikani, le narraganset, le massachusetts ou natick, le powhattan, le mohican-abenaqui, l’étechemine, le gaspésien ou micmak, 1 algonquino-chippaway, le knistenaux, le chepewyan et le tacoullier.

Tous ces idiomes n’ont pas un même système phonétique. On n’y remarque point de sons extraordinaires, si ce n’est 1 ou consonne sifflé ou prononcé de la gorge, et que l’on représente par le signe w. Aucune de ces langues ne possède les voyelles u et eu de la langue française, ni les labio-dentales fetv ; mais elles ont presque toutes les nasales mouillées, que les tribus du Nord en général font beaucoup sentir. Quelques-unes ont le ch français et plusieurs ont aussi notre j, que les Anglais écrivent sh. Le lennape a le ch guttural allemand et le z des Allemands et des Italiens, prononcé ts, mais il n’a pas le ch ni le z français, que l’on retrouve dans l’algonquin.

Ls’lennape propre est parlé par les Lenni-Lennapes, qui sont les Delawares des Anglais et les Loups des Français, nation jadis très-nombreuse et répandue sur une grande partie de la côte orientale des États-Unis. Les tribus de cette nation qui existent encore vivent dans l’Indiana et 1 Ohio. La langué lennape est riche en formes grammaticales, pour exprimer les différents rapports des objets et des personnes. On y trouve des mots d’une longueur démesurée, et il est surtout à signaler que ces mots sont pour la plupart des substantifs qui expriment les affections de l’âme, les qualités morales et les idées abstraites. Ainsi l’honneur, être honoré, pris substantivement, se dit machelemuxowagan ; l’être traité avec tendresse, gettéméyélémuxowagan ; être élevé par la louange, aman-

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gachgênimgussowagan ; la louange, être loué, machélémoachgénimgussowagan ; être insulté, mamachtschimgussowagan ; le repentir, schiweleudamowitchewagan, etc.

Mais les noms abstraits ne sont pas les seuh dont le nombre de syllabes soit aussi considérable. Citonsle mot amanganaschquiminschi, qui est le nom d’un chêne à larges feuilles, appelé par les Européens chêne espagnol. Les feuilles de cet arbre ont la forme d’une main ; son nom lennape est composé des mots : amangi, grand, gros, large ; achpansi, tronc d’arbre, dont on a fait au pluriel achpanschiall, bois, du bois pris collectivement ; nachk, main ; im, quim, terminaison des noms de fruits à coque, comme m’sim, noix de l’arbre appelé hickory ; ptuckquim, noix commune ; wapin, châtaigne.

Le mot wunachquim, gland du chêne espagnol, est formé de wunipak, feuille, et nachk, main, avec la terminaison quim, indiquant l’espèce du fruit. On observera qr.e le mot feuille ne se trouve pas dans le nom de l’arbre, mais seulement dans celui du fruit. La racine de mots ainsi composés est difficilement reconnaissable. Presque toutes les syllabes sont radicales et extraites de différents mots pris quelquefois dans un autre idiome. Pourtant il y a des mots dont la racine principale est facile k découvrir, et dont la famille est très-nombreuse. En voici un exemple : de wulit, beau, bon, sont formés les mots suivants : wulik, le bon, le beau, le bien ; wulaha, meilleur ; wulisso, joli ; wulissowagan, la beauté ; wulantowagan, la grâce (au physique) ; wulamoeya, c’est vrai ; wulamoewagan, la vérité ; wulatenamuwi, heureux ; wulatenamoagan, bonheur ; wulapensowagan, bénédiction ; wulapan, belle matinée ; wulichen, wulihilteu, c’est bon, c’est bien ; wulittol, ils sont bons ; vmliken, cela croît, prospère, va bien ; wulischsin, bien parler ; wulelendam, se réjouir ; wulamalsin, wulatonamin, être heureux, content ; wulandeu, wuligischyu, un beau jour ; wulupeyn, juste, honnête ; wutiwatam, avoir du bon sens ; wuliachpin, être en bon lieu ; wulilissin, bien faire ; wttlilissik, soyez sage, conduisez-vous bien ; wulineichquot, cela paraît bien ; wulaiopnachgat, une bonne parole ; wulatopnamik, de bonnes nouvelles ; wulelemileu, c’est étonnant ; wuliwichinen, reposer bien ; welsitmanitto, le bon, le grand esprit.

Le mot wulit n’est pas le seul qui ait ainsi des dérivés directs ; tous les adjectifs et beaucoup de verbes en ont plus ou moins. On peut citer, entre autres, le mot machtit, mauvais, d’où machtitsu, vilain, sale ; machtesinsu, laid ; matschimanilto ou machtando, le mauvais esprit, le diable. Peters Duponceau, à qui nous devons ces exemples, cite ce dernier mot pour avoir occasion de rendre hommage à la sagacité de Volney, qui a observé que, dans les langues américaines, la lettre m au commencement d’un mot indique presque toujours quelque chose de mauvais, de méchant, de désagréable. Cette observation est parfaitement juste ; on pourrait la confirmer pur une foule d’exemples tirés des différentes langues de la famille lennape. Heekewelder et tous les indianologues américains conviennent de la vérité de ce fait.

Le verbe être n’existe pas dans les langues de cette famille, et on y supplée par des formes verbales qui présentent à l’esprit l’idée de l’existence diversement modifiée. Le lennape dira, par exemple, èlèuâpèwi pour dire je suis homme, en donnant au mot lènâpè la finale à la fois adjective, adverbiale et verbale mi, et le substantif ainsi modifié pourra se conjuguer comme un verbe. Dans ces mêmes langues, on emploie différentes formes du verbe, selon qu’on les applique à des objets animés ou inanimés. Ainsi on dit en lennape : lenuo newau, je vois un homme (mot à mot : homme je vois lui), et teikwam nemen, je vois une maison (mot à mot : maison je vois cela) ; car les syllabes wau (ouaou) et en, à la fin du verbe, ne sont que des désinences pronominales dont la première signifie : illum et la seconde illud. Tous les verbes ont ainsi une double conjugaison séparée dans tous le3 modes et dans tous les temps. De plus, ils peuvent prendre les formes grammaticales les plus variées, c’est-k-dire les formes positive, négative, active, passive, transitive, causative, réfléchie, réciproque, de continuité, de fréquence, d’habitude, d’affectation, de supposition, etc., etc.

On a publié dans la langue lennape propre une traduction de la Bible, des serinons, un abécédaire pour les enfants et quelques autres livres.

Le sawanou est parlé par les débris de la nation de ce nom, qui vivent sur le haut Wabash dans l’Indiana, sur l’Anglaize et près des sources du grand Miami, dans l’Ohio et dans l’Illinois. Cette langue peut, à la différence de plusieurs de ses sœurs, nommer les substantifs sans les joindre aux affixes pronominaux. Des terminaisons particulières distinguent les pluriels dans les noms ; des adverbes préposés aux adjectifs forment une espèce de superlatif ; des pronoms personnels modifiés et placés devant le verbe distinguent les personnes ; les prépositions suivent leurs régimes respectifs.

Le saki-ottogami est parlé dans le haut Mississipi, avec quelques différences de dia^ lecte, par deux peuples sédentaires et cultii vateurs, les Sakis et les Ottogamis. Cette langue offre les sons des nasales françaises