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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 1, L-Leo.djvu/375

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Comme politique, Léon X se conduisit avec habileté, mais d’une façon tortueuse et remplie d’artifices. Il s’attacha à diviser la France et l’Autriche, afin de chasser ces deux puissances de l’Italie. Son but apparent était l’affranchissement de son pays ; mais le but réel qu’il poursuivait était simplement l’élévation de sa famille. On prétend qu’il mourut de joie en apprenant que les Français avaient été chassés de la Lombardie. Raphaël nous a laissé un portrait de Léon X qui compte parmi ses chefs-d’œuvre.

Léon X (VIE ET PONTIFICAT DE), par Roscoë, traduit en français par P.-F. Henry, traduction rééditée en 1813 (Paris, 4 vol. in-8o). C’est un vrai monument d’érudition, un peu sec peut-être, mais plein de renseignements utiles et d’aperçus judicieux. Il a été traduit dans toutes les langues de l’Europe. Dans une belle préface, l’auteur énumère les sources où il a puisé, et apprécie les ouvrages composés avant lui sur Léon X, entre autres la Vie de Léon X par Paul Jove. À la fin de chacun des volumes se trouve une série de pièces justificatives. Des planches intercalées dans le texte donnent la représentation des médailles qui furent frappées sous le pontificat de l’illustre païen qui porta le nom de Léon X, et qui rendit aux lettres et aux arts des services si éminents. Quant à l’étendue un peu excessive du livre, l’auteur s’en explique dans les termes suivants : « Quoique j’aie donné le titre de Vie et pontificat de Léon X à cet ouvrage, j’ai jugé que, si je ne comprenais dans mon sujet l’histoire générale du temps où a vécu ce souverain pontife célèbre, il serait impossible qu’on eût de lui une idée aussi juste et aussi complète que je le désirais. J’ai saisi avec plaisir l’occasion d’examiner plus particulièrement qu’on ne l’a fait jusqu’à présent un siècle plein de grands événements, et dans lequel la nature semble avoir pris plaisir à former une extrême variété de caractères. Quant à l’union de l’histoire particulière et de l’histoire générale, je n’ignore pas que des littérateurs d’un grand mérite en ont mis en question la convenance. Il est incontestable qu’il existe une ligne de démarcation entre ces deux genres ; mais comme ils ont également pour objet des êtres de notre espèce, ils ne peuvent manquer d’empiéter en de certaines occasions sur les droits l’un de l’autre. »

Telle est la méthode de Roscoë. Son livre n’est pas philosophique comme ceux de Hume ; c’est un livre écrit par un observateur plutôt que par un penseur, par un témoin bien plus que par un juge. Le style en est irréprochable ; la narration est limpide, les réflexions sont rares et circonspectes. Le premier volume va de la naissance du pape aux dissensions entre les rois de France et d’Espagne ; le second poursuit jusqu’aux rapports de François Ier et de Léon X ; le troisième va de François Ier jusqu’aux réformes luthériennes, qui occupent le commencement du quatrième. Une bonne partie du quatrième volume est consacrée à l’étude des arts, des sciences et des lettres en Italie.

Roscoë discute longuement les accusations d’impiété et d’immoralité dirigées contre Léon X par ses contemporains, et il conclut au rejet de ces accusations, mal fondées selon lui. En fin de compte, il estime que Léon X a été un grand pape, et son règne une grande époque. « Il est universellement reconnu, dit-il, qu’il se fit durant le pontificat de Léon X des progrès étonnants dans le perfectionnement des connaissances humaines. Peut-être ne niera-t-on plus désormais qu’ils doivent être attribués principalement aux efforts de ce souverain pontife. Les annales du monde fourmillent de nombreux exemples de l’influence que peut exercer sur son siècle un homme ou revêtu d’une grande autorité, ou doué de beaucoup de perfection, ou enfin extrêmement favorisé par la fortune. » Ces dernières appréciations montrent sur le vif l’état d’esprit dans lequel le livre a été écrit : épris de son héros, Roscoë a écrit son panégyrique plus encore que son histoire, disposition extrêmement utile à l’intérêt d’un livre, mais nuisible à la vérité historique. Quoi qu’en dise l’auteur, il n’était pas besoin de réhabiliter Léon X comme artiste ; il était impossible de le justifier complètement comme homme et comme pape.

Léon X (portrait de), chef-d’œuvre de Raphaël, au palais Pitti, à Florence. Le pontife, en robe de damas blanc, camail et toque de velours pourpre, est assis dans un fauteuil, devant une table recouverte d’un tapis rouge et sur laquelle sont posés une sonnette d’argent richement ciselé et un bréviaire orné de miniatures. Il a la main droite posée sur ce livre et tient de la main gauche la loupe qu’il portait constamment avec lui et qui lui était indispensable pour reconnaître les objets. À sa droite est debout le cardinal Jules de Médicis (depuis Clément VII), son neveu ; à sa gauche, le cardinal Louis de Rossi, son autre neveu, qui pose les mains sur le dossier du fauteuil. Le fond est formé par un morceau d’architecture avec une arcade ouverte à droite.

Pour la beauté à la puissance de la couleur, comme pour le naturel et la force de l’expression, ce tableau peut être considéré comme un des chefs-d’œuvre de l’art du portrait. « Quand on l’a vu, dit M. Marius Chaumelin, on ne s’explique guère que certains auteurs aient pu prétendre que Raphaël n’était pas coloriste. Les tons rouges des vêtements et du tapis, les blancs si habilement variés de la robe de Damas, la lumière qui éclaire les objets posés sur la table, ont une vigueur et une richesse extrêmes et se fondent dans une harmonie merveilleuse. » Les trois figures sont vivantes. Le pontife est bien l’homme de goût, d’esprit et de plaisir, le robuste et énorme personnage que nous ont fait connaître les biographes ; sa physionomie pleine de finesse, de mobilité, contraste avec la lourdeur du corps. Les deux cardinaux ont l’air de moines respectueux et béats, attendant les ordres de leur chef spirituel. Jules de Médicis a dans les yeux, dans le mouvement des lèvres entr’ouvertes, quelque chose de souple, d’insinuant, d’astucieux. Rossi a l’air moins courtisan et moins intrigant. Les deux neveux sont d’ailleurs traités d’une manière moins minutieuse que la figure du pape. « La tête de Jules de Médicis, dit Passavant, est d’une exécution plus rapide, quoiqu’elle soit aussi étudiée et parfaite de caractère ; le cardinal de Rossi paraît avoir été gêné lorsqu’il posait pour son portrait, car sa contenance est un peu embarrassée. » Le même écrivain ajoute : « Raphaël s’est en quelque sorte surpassé lui-même dans cette œuvre qui, sous tous les rapports, occupe une place unique. Les figures y vivent, la lumière y joue, tout semble s’y mouvoir. Grandeur, vérité, style, couleur, exécution, tout y est porté à une perfection sans pareille. » On raconte que ce portrait ayant été placé, pendant qu’on le vernissait, sur une terrasse au soleil, les passants s’inclinaient croyant saluer le pape. On dit aussi que le président de la chancellerie, Baldassare Turini, fut tellement illusionné par la peinture, qu’il s’agenouilla devant elle en présentant une plume et de l’encre à l’image de Léon X pour lui faire signer quelques bulles.

Cette peinture de Raphaël, enlevée au Pitti en 1797, fut transportée à Paris où on la nettoya, non sans quelque dommage pour son intégrité. Elle fut rendue à Florence en 1815. Elle a été gravée par Dom. Picchianti, F. Morel, F. Lignon, S. Jesi, Chataigner, etc.

Vasari, dans la vie d’Andréa del Sarto, rapporte que le duc Federico de Mantoue, étant venu à Florence en 1525, y admira tellement le portrait de Léon X et de ses neveux, que l’un de ceux-ci, qui était alors pape sous le nom de Clément VII, fit la promesse de le lui envoyer. Ottaviano de Médicis, chargé par le pontife de faire cet envoi au duc, retint le tableau quelque temps encore, sous prétexte de faire exécuter un nouveau cadre, et fit peindre par Andréa del Sarto une copie du chef-d’œuvre de Raphaël. Cette copie fut adressée au duc de Mantoue qui la reçut avec une joie extrême, la prenant pour l’original, et en vérité elle était si fidèle, que Jules Romain lui-même y fut trompé. Plus tard Vasari, qui avait fait son apprentissage dans l’atelier d’Andréa del Sarto et qui l’avait vu travailler à cette reproduction, vint k Mantoue où Jules Romain la lui fit voir, en la lui désignant comme une des plus belles œuvres du Sanzio. « Cet ouvrage est de la plus grande beauté, mais il n’est pas de la main de Raphaël. — Comment ! il n’est pas de la main de Raphaël ! s’écria Jules ; est-ce que je ne le sais pas mieux que vous, et ne reconnais-je pas moi-même les coups de pinceau que j’y ai donnés ? — Vous êtes dans l’erreur, répliqua Vasari, il est de la main d’Andréa del Sarto, et vous pouvez voir la marque qu’on a mise derrière le tableau afin de le faire reconnaître au besoin. » Jules Romain, ayant constaté la présence de cette marque, fit un mouvement d’épaules en disant : « Je ne l’estime pas moins que s’il était de la main de Raphaël, et même je l’estime encore plus, car il y a peu d’exemples qu’un grand maître puisse en imiter un autre aussi fidèlement. » Cette admirable copie passa plus tard dans la galerie Farnèse, à Parme, et par héritage ensuite au roi de Naples. Elle se trouve actuellement au musée des Études.

Une autre copie très-belle, mais qui a poussé au noir, existe en Angleterre. Passavant pense que ce pourrait bien être celle que Vasari exécuta, comme il nous l’apprend lui-même, pour Ottaviano de Médicis.

Une excellente copie, exécutée il y a quelques années par Steuben, fait partie de la collection publique récemment fondée (1873) à Paris sous le titre de Musée Européen.


LÉON XI (Alexandre-Octavien de Médicis), pape, né à Florence en 1535, mort à Rome en 1605. Il était parent du précédent. Successivement ambassadeur de Toscane à Rome, évêque de Pistoie, archevêque de Florence (1574), cardinal (1583), légat en France (1598-1598), il succéda sur le trône pontifical à Clément VII en 1605, et mourut vingt-six jours après son couronnement.


LÉON XII (Annibal della Genga), pape, né à Genga, près de Spolète, en 1760, mort en 1829. Il fut nonce en Allemagne, évêque de Sinigaglia, cardinal (1816), vicaire général, et succéda en 1823 à Pie VII sur le trône pontifical. Il embellit Rome, réprima les brigands qui désolaient la province, fonda des écoles, protégea les lettres, diminua les impôts et améliora la situation du trésor. Ce pape signa des concordats avec les Pays-Bas et les États-Unis, condamna dans son encyclique de 1825 les sociétés secrètes, dont il s’efforça vainement d’arrêter l’extension en Italie, et approuva en 1828 les mesures prises par le gouvernement français contre les jésuites.

Léon XII porté dans la basilique de Saint-Pierre, à Rome, tableau d’Horace Vernet. Le vieux pontife donne la bénédiction du haut de la Seggia gestatoria, que portent sur leurs épaules les gentilshommes romains. Les cardinaux lui font cortège. La gravité des physionomies, la richesse et l’éclat des costumes, la majesté de la vieillesse unie à la majesté de l’autorité religieuse, tout dans une pareille scène était de nature à inspirer un artiste. Horace Vernet s’est attaché.surtout à traduire le côté pompeux, brillant et pittoresque, et il a même poussé la vivacité du coloris au delà des limites du vrai. Cette exagération lui a été cruellement reprochée par G. Planche. « La première impression produite par le Léon XII, a dit ce critique, c’est une douleur vive aux yeux. Il y a dans les draperies et même dans les figures une profusion si indéfinie de rouge, de bleu, de violet, qu’on est presque aveuglé au bout de quelques minutes… J’ai entendu une mauvaise langue dire en parlant de ce tableau : Ah ! mon Dieu, qu’est-ce donc ? des homards et de la raie. Ceci n’est qu’une plaisanterie ; mais au fond il y a bien quelque chose de vrai. J’ajouterai que toute la toile manque d’air et de vie ; le pape est d’une vieillesse parée, adonisée, presque transparente. Quant aux têtes placées au bas, elles sont luisantes et lisses comme une porcelaine de Sèvres. » M. Ch. Lenormant a été moins sévère. Selon lui, « le tableau se distingue par une grande puissance d’effet ; la figure du pontife est remplie d’une majesté simple ; sa mitre et sa chape d’argent, modelées en pleine lumière, n’ont pas plus d’éclat que la nature n’en donne ; les premiers plans ont moins de vérité : ce qui les dépare surtout, c’est la manière uniforme dont les têtes sont construites ; mais la conduite du tableau, tout exagérée qu’elle est à certains égards, révèle dans le peintre une habileté de premier ordre. »

H. Vernet peignit ce tableau à Rome même et l’envoya au Salon de 1831.


LÉON, antipape sous le nom de Grégoire VI. Il vivait au commencement XIe siècle. Lors de la mort de Sergius IV en 1012, il se posa comme le compétiteur de Benoît VIII, qu’il fit chasser de Rome ; mais il fut bientôt expulsé de cette ville par l’empereur Henri II.


LÉON Ier, dit le Grand, empereur d’Orient, né en Thrace d’une famille obscure vers 400, mort en 474. Grâce à la protection du ministre Aspar, dont il avait été l’intendant, il devint tribun militaire et commandait un corps d’armée lorsque l’empereur Marcien mourut. Aspar n’osant s’emparer du pouvoir suprême jeta les yeux sur Léon, dont il espérait faire l’instrument docile de sa volonté, et le fit proclamer empereur par le sénat et par l’armée en 457. Léon Ier fut le premier prince chrétien qui se fit couronner par un prêtre. Zélé catholique, il exclut des charges publiques les hétérodoxes et confirma le concile de Chalcédoine contre les eutychiens. En même temps, il pacifia l’empire, déchiré par les querelles religieuses et les Barbares, fit repousser par ses généraux les hordes de Huns qui envahissaient la Mésie, envoya contre Genséric une expédition. dont le résultat fut désastreux, et profita de cette circonstance pour faire mettre à mort celui qui l’avait organisée, le patrice Aspar, à qui il devait le trône, mais qui avait fini par se rendre intolérable en voulant gouverner l’État et imposer ses idées à l’empereur. Pendant les dernières années de la vie de Léon, plusieurs calamités fondirent sur l’empire : les Goths ravagèrent les environs de Constantinople ; un incendie détruisit une partie de la capitale ; des inondations causèrent d’énormes dévastations dans plusieurs contrées. L’empereur Léon est célèbre par son avarice et par les impôts onéreux dont il accabla ses peuples. Son zèle pour le catholicisme lui valut des écrivains chrétiens le surnom de Grand. Ces écrivains vantent sa sagesse et ses vertus. Bien que sans instruction, il aimait les lettres et les sciences et les protégeait. En mourant, il choisit pour successeur son petit-fils Léon.


LÉON II le Jeune, empereur d’Orient, petit-fils du précédent, né en 470. Il lui succéda à l’âge de quatre ans (474) et mourut au bout de dix mois.


LÉON III l’Isaurien, empereur d’Orient, né en Isaurie vers 680, mort en 741. Général d’Anastase, après avoir été dans sa jeunesse marchand de bestiaux, il parvint à l’empire en 717, à la mort de Théodose III. Assiégé bientôt dans sa capitale par les Sarrasins, il se défendit avec succès et brûla une partie de la flotte ennemie au moyen du feu grégeois (717-718). Comme la plupart des empereurs de Constantinople, il s’occupa beaucoup de théologie, promulgua le premier édit contre le culte des images (726), fut un ardent iconoclaste, persécuta les opposants, et fut excommunié par deux papes, Grégoire II et Grégoire III. La promulgation de l’édit de 726 eut pour conséquences la séparation de l’Église grecque de l’Église latine et, pour l’empereur, la perte de toutes les possessions grecques en Italie, la perte de Rome, de Ravenne et celle des îles de l’Archipel. L’expédition que Léon envoya contre l’Italie en 734 échoua complètement. Désespérant de remettre ce pays sous son autorité, Léon détacha de l’autorité spirituelle du pape la Grèce, la Macédoine et l’Illyrie, qui reconnurent celle du patriarche de Constantinople. En 739, Léon fit repousser par Acroninus les Sarrasins, qui ravageaient la Syrie. L’année suivante, un effroyable tremblement de terre causa d’épouvantables ravages dans tout l’empire (26 octobre). Quelques mois après l’empereur mourut. C’était un administrateur actif, énergique, un général habile, un prince remarquable, dont le grand tort fut de s’occuper d’affaires religieuses et de vouloir les régler par des édits.


LÉON IV dit le Khasare, empereur d’Orient, petit-fils du précédent, né à Constantinople en 751, mort en 780. Il succéda à son père Constantin V Copronyme en 775. Son règne offre peu d’intérêt : une conspiration du césar Nicéphore, qui fut découverte, et quelques succès peu importants obtenus sur les Sarrasins. Léon IV était iconoclaste, ou briseur d’images, et il persécuta ceux qui étaient de l’opinion contraire.


LÉON V l’Arménien, empereur d’Orient, mort en 820. Général de Michel Ier, il fit révolter les troupes et se fit proclamer empereur (813). Il remporta ensuite une grande victoire sur les Bulgares, qui arrivaient devant Constantinople, et se signala aussi par des persécutions contre les adorateurs d’images. Il périt assassiné par Michel le Bègue (420), qui avait contribué à son élévation et qui lui succéda. Léon V, qui était fils du célèbre Arménien Bardas, fut un prince violent, perfide et intolérant ; toutefois il fit preuve de grandes qualités comme souverain. Il s’attacha à réformer le système administratif, abolit la vente des charges civiles et militaires, ne donna d’avancement qu’au mérite, fit exercer ses troupes et parcourut les provinces, punissant les auteurs de vexations et d’injustices avec une rigueur souvent barbare. Il était d’un grand désintéressement, d’une extrême activité et ne connaissait ni le repos ni les plaisirs.


LÉON VI le Philosophe ou le Sage, empereur d’Orient, né en 865, mort en 911. Il était fils de l’empereur Basile Ier, qui à la suite d’une intrigue de cour l’avait emprisonné, puis lui avait rendu la liberté et l’avait créé Auguste. À la mort de son père, Léon monta sur le trône (886) avec son frère Alexandre, qui le laissa gouverner seul. Il fit quelques expéditions malheureuses contre les Bulgares (889), les Sarrasins, qui ravagèrent Thessalonique en 904, et les Hongrois (qui paraissent pour la première fois dans l’histoire sous ce nom). Cet empereur déposa une seconde fois Photius, eut successivement pour premiers ministres son beau-père, Stylianus, et Samonas, qui fut condamné à une prison perpétuelle pour avoir abusé de sa confiance (910), et il se maria quatre fois, ce qui le fil excommunier par le patriarche de Constantinople, l’Église grecque ne tolérant que deux mariages. C’était un prince mou et indolent. L’empire avait besoin d’un capitaine pour repousser les attaques continuelles des Barbares, et Léon VI fut surtout un littérateur, beaucoup plus occupé à composer des Sermons qu’à défendre son empire. Il fut aussi législateur et travailla aux Basiliques, code de lois que les Grecs suivirent jusqu’à la prise de Constantinople par les Turcs. On a de Léon un Traité de tactique, compilé dans des écrivains anciens, mais qui contient de lui quelques observations intéressantes. Ce traité, publié en grec avec une traduction de Cheke, à Leyde (1612), a été souvent réédité et a été traduit en français sous le titre d’Institutions militaires de l’empereur Léon le Philosophe (Paris, 1771, 2 vol. in-8o). On lui doit, en outre, dix-sept Oracula, prédictions en vers ïambiques, dont la meilleure édition est celle que Lambecius a donnée dans la collection byzantine du Louvre (1635, in-fol.), et trente-trois Discours sur des questions théologiques, discours qui ont été insérés dans divers recueils.


LÉON, race de rois d’Arménie. V. Livon.


LÉON le Diacre, historien byzantin, né vers 950, mort vers 995. Tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il était diacre et qu’il suivit en 981 l’empereur Basile dans sa malheureuse expédition contre les Bulgares. On lui doit une histoire des événements qui eurent lieu depuis l’expédition de Nicéphore Phocus en Crète (959) jusqu’à la mort de Jean Ier Zimiscès (975). Bien que le style de Léon laisse beaucoup à désirer et que ses connaissances soient peu étendues, sa chronique est importante et curieuse. Elle a été publiée, avec une version latine, par Hase sous le titre de Leonis Historia scriptoresque alii ad res byzantinas pertinentes (Paris, 1819, in-fol.), et rééditée dans le Corpus historiae byzantinae (1828, in-8o),


LÉON le Grammairien, historien byzantin qui vivait au commencement du xie siècle. Il devint gouverneur des Cibyréens et fut un des familiers de l’empereur Constantin Porphyrogénète. On lui doit, sous le titre de Chronographie comprenant les faits des récents empereurs, une histoire des empereurs d’Orient de 813 à 919. Elle a été publiée avec une traduction latine par Combéfis dans la