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changea cet ordre, et elle servait d’entrée aux Romains dans leurs festins. Nous citons, à titre de curiosité, ce passage d’un article de Valmont de Bomare, sur les laitues : « Quelques-uns ont dit que l’usage des laitues rend les hommes impuissants et les femmes stériles. Il est bien vrai, disent les auteurs de la matière médicale, que ces sortes de plantes n’excitent pas les feux de l’amour, qu’elles les tempèrent, mais sans les détruire entièrement ; ainsi, ajoutent-ils, quoiqu’on les conseille beaucoup, pour réprimer le désir de la concupiscence, à ceux qui Vivent dans le célibat ; néanmoins, les gens mariés qui désirent d’avoir des enfants n’en doivent pas craindre l’effet. » Il faut avouer que notre siècle est devenu depuis bien incrédule à ce sujet.

La culture des laitues demande quelques soins. Elles craignent le froid et veulent une terre meuble, chaude et amendée avec du terrain de couche. Afin de retarder le développement de la tige, et pour favoriser l’étiolement des feuilles intérieures, les jardiniers > les serrent avec un lien de paille. Leur semis ’ so fait en tout temps dans les serres, et au printemps dans les jardins potagers ; lorsqu’elles ont quelques feuilles, on les transplante.

Toutes les espèces de laitues ne se multiplient que de graines. Les jardiniers nomment celle a coquille ou a feuille ronde laitue d’hiver. Le raffinement sur cette espèce d’aliment a été jusqu’à forcer la nature à satisfaire notre goût dans la saison la plus rigoureuse. Pour les faire lever promptement, on fait tremper la graine pendant vingt-quatre heures, et on la laissé sécher ensuite dans un lieu chaud, puis, en février’et en mars, on la sème fort dru sur une couche et dans des rayons qu’on a faits avec un bâton. On la couvre légèrement de terreau et on y met aussitôt des cloches. Au bout de dix à douze jours, ces laitues peuvent être mangées en salade. Si l’on en avait un besoin plus pressant, on pourrait les faire croître de même en deux fois vingt-quatre heures dans des serres chaudes. Il faudrait faire pour cela tremper la graine dans de l’eau-de-vie, et mêler dans le terreau un peu de fumier de pigeon avec un peu de poudre de chaux éteinte ; mais cette sorte de laitue ne dure que huit jours sur couche. Les crêpes blondes sont des laitues de primeur ; elles se sèment à la fin de janvier.

— II. La laitue vivace (lactucaperennis) atteint jusqu’à un mètre de hauteur ; ses feuilles sont pennatitïdes, à découpures linéaires et dentées ; ses fleurs bleues, groupées en capitules, dont la réunion constitue un vaste corymbe. Elle croit dans les champs humides et pierreux, de préférence aux expositions

, chaudes. Elle abonde quelquefois au point de constituer une mauvaise herbe, qui ne peut être détruit ? que par un défoncement profond.

— III. La laitue sauvage (lactuca sytvestris), de la taille de la précédente, s’en distingue par ses feuilles engainantes, sagittées, air gués, un peu épineuses, et -surtout par ses Heurs jaunes. Elle croît dans les sols argileux humides, et annonce toujours un bon fonds. Ces deux espèces sont peu recherchées par les bestinux. Jeunes, elles peuvent être mangées en salade.

Au point de vue pharmaceutique, la laitue est non moins remarquable, relativement aux substances médicamenteuses qu’elle fournit. Sa tige présente, dans son écorce fibreuse, un grand nombre de vaisseaux remplis d’un suc laiteux, blanc, d’une saveur très-amère et d’une odeur vireuse analogue à celle de l’opium’, ce qui a conduit le docteur Coxe, de Philadelphie, André Duncan, d’Édimbourg, et le docteur Bidault de Villiers, à Paris, à la proposer comme succédané de l’opium. Ce sue, obtenu par des incisions transversales faites à la tige, a reçu le nom de lactucarium. Il est la base d’un sirop et d’une pâte de ce nom. Indépendamment de cette matière complexe, la laitue fournit encore un extrait que l’on prépare avec le suc de l’écorce de la lige. Il est connu dans les ofticines sous le nom de thridace. L’extrait de laitue ordinaire diffère du précédent en ce que c’est l’extrait du suc de ia plante entière. Les semences de laitue faisaient également partie autrefois des quatre petites semences froides.

— IV. Laitue vireuse (lactuca virosa), plante annuelle ou bisannuelle, très-analogue à la précédente, dont elle diffère, cependant, par ses feuilles moins découpées, obtuses au sommet ; les inférieures, non lobées et seulement sinuées et dentelée*, conservent toujours la position horizontale. Elle habite les endroits numides, sombres, le long des haies et même dans les champs. Quand elle est en fleur, le suc de sa tige est uès-âr.re, très-amer, d’une odeur fortement vireuse. Elle est légèrement narcotique. Il résulte des expériences entreprises par Orlila qu’il faut, des doses énormes de l’extrait de ce suc pour produire une action toxique. Schelinger, île Francfort, a préconisé le suc de cette laitue dans l’angine de poitrine. Toel l’employait dans les hydropneumothorax symptomatiques d’une maladie

du cœur.

— AU us. bist. Laitues do Dioctétien. V. DlO CLKT1EN.

LA1TY (Armand-François-Rupert), homme

, politique français, né à Lorient (Morbihan)

en 1818. Élève de l’École polytechnique, puis

LAJA

de l’École d’application de Metz, il passa, en 1835, à Strasbourg, en qualité de lieutenant, dans Je bataillon des pontonniers. L’année suivante, Louis Bonaparte ayant tenté de soulever la garnison de Strasbourg, dans l’espoir d’arriver à renverser Louis-Philippe, le liputenant Laity, qui avait adopté avec chaleur la cause du neveu de Napoléon Ier, parvint à entraîner son bataillon de pontonniers (30 novembre), mais il fut arrêté presque aussitôt avec les principaux chefs de cette échauffourée. Traduit avec ses complices devant la cour d’assises de Strasbourg, pendant que Louis-Napoléon était rendu à la liberté et envoyé en Amérique, M. Laity obtint un acquittement, et donna sa démission d’officier en 1837. Un écrit qu’il publia, en 1838, sur les événements auxquels il venait de prendre part amena son arrestation et lui valut, de la part de la Chambre des pairs, une condamnation à 10,000 francs d’amende et à cinq ans de prison. Après l’avènement de Louis-Napoléon à la présidence de la République, M. Laity reprit du service dans l’armée, devint capitaine, et donna sa démission après le coup d’État. En 1854, il fut appelé à la préfecture des Basses-Pyrénées, puis devint sénateur en 1857. La révolution du 4 septembre 1870 a fait rentrer M. Laity dans la vie privée. On a de lui : Relation historique des événements du 30 octobre 1836 ; le Prince Napoléon à Strasbourg (Strasbourg, 1838, in-S°).

LAÏUS, roi de Thèbes, père d’CEdipe. Comme un oracle lui avait annoncé qu’il recevrait la mort de la main de son fils, il remit l’enfant à des serviteurs, afin, qu’on le tuât, ou, suivant une autre version, il le fit exposer sur le mont Cythéron. Œdipe fut sauvé, néanmoins, et, dans la suite, ayant rencontré Laïus dans un chemin étroit, il se prit de querelle avec lui et le tua, ignorant que c’était son père. Cette légende grecque a fourni à plusieurs poëtes des sujets de tragédie. V. Œdipe.

LAIZE s. f. (lè-ze — du lat. latus, large). Techn. Largeur d’une étolfe entre deux lisières : Cette pièce, ce châle a bien sa laize, h Différence en plus ou en moins entre la largeur réelle d’une étofTe et sa largeur légale. Grande laize, Différence en plus. Petite laize, Différence eu moins.

LAJARD (Pierre-Auguste), dit de La Seine,

général et homme politique français, né à ftlontpellier en 1757, mort à Paris en 1837. Il obtint, en 1773, un brevet de sous-lieutenant, devint aide de cainp du marquis de Lambert, en 1789, époque où, par la protection de La Fayette, il entra, avec le grade d’aide major, dans la garde nationale et fut élevé au rang d’adjudant général colonel lors de la création des compagnies soldées. Employé à la division de Paris, en 1792, il fut remarqué par Louis XVI, qui le choisit, le 16 juin de la même année, pour succéder au ministre delà guerre Servait, dont l’énergie constitutionnelle commençait à embarrasser la cour. Peu de jours après son entrée en fonction, lorsque le peuplé des faubourgs de Paris envahit le château des Tuileries, Lajard, qui se trouvait seul auprès de Louis XVI, le fit placer dans l’embrasure d’une fenêtre et se plaça devant lui, avec quelques serviteurs du roi, qui lui sauvèrent ainsi ia vie. Pendant les deux mois que dura son ministère, Lajard provoqua la levée de 42 bataillons. Il donna Sa démission peu après ses collègues, en présence de la gravité des circonstances.

Le 10 août, chargé par M. de Boissieu de défendre, en sa qualité d’adjudant général, la porte du château des Tuileries, Lajard ne put que favoriser le trajet du prince et de sa famille qui se rendaient au milieu des représentants de la nation. Il s’enfuit en Angleterre après cette journée, revint en France en 1800, et fut réintégré dans son grade d’adjudant-major colonel. En 1808, sur la présentation du collège électoral de la Seine, il devint député au Corps législatif, figura parmi les membres de l’opposition, et fit partie des 77 députés qui votèrent la déchéance de Napoléon le et le rappel des Bourbons. Peu de temps après, il fut otéé officier de la Légion d’honneur et nommé maréchal de camp. En 1811, il vota avec la minorité dans la Chambre des députés. Sous la Restauration et le gouvernement de Louis-Philippe, Lajard, ne pouvant payer le cens, se retira de la vie politique et mourut dans l’oubli.

LAJARD (Jean-Baptiste), dit de l’Hérault,

homme politique français, parent du précédent, né à Montpellier, mort dans cette ville vers 1825. Compromis, en 1792, à propos d’une fourniture de souliers pour l’armée des Alpes, il fut arrêté et mis en jugement devant le tribunal de Rhône-ot-Loire, qui l’acquitta. Il jugea alors prudent de se faire oublier et ne reparut sur la scène politique qu’à l’époque de l’Empire. Nommé alors membre du Corps législatif par le départementale l’Hérault, il y siégea jusqu’en 1815, et fut nommé l’année suivante directeur des contributions directes dans sa ville natale, où il termina sa vie.

LAJARD (Jean-Baptiste-Félix), archéologue français, né à Lyon en 1783, mort en 1858. Il entra de bonne heure dans la diplomatie, et, grâce à la protection de son oncle, le célèbre chirurgien Chaptal, fut attaché, en 1807, comme secrétaire, à l’ambassade du général Gardanne en Perse. Pendant les trois années qu’il passa dans cette contrée, il s’a LAJO

donna surtout à des recherches sur les antiquités et sur les anciennes doctrines’religieuses de l’Orient, et forma une riche collection de cylindres babyloniens, qui se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque nationale. Après avoir encore rempli quelques missions diplomatiques sous l’Empire, il devint, en 1815, receveur des finances à Marseille, et reprit avec ardeur ses travaux favoris. En 1S25, il remporta le prix proposé par l’Académie des inscriptions et belles-lettres sur la question des origines du culte de Mithra et devint, en 18301 membre de cette société, qui l’adjoignit, en 1835, à la commission chargée de la continuation de Yffistoire littéraire de la France, aux travaux de laquelle il collabora dès lors activement. On a de lui : Nouvelles observalions sur le grand bas-relief mitkriaque de la collection Dorghèse, actuellement au musée royal de Paris (1828) ; Mémoires sur les deux bas-reliefs mithriaques, qui ont été découverts en Transylvanie (1839, in-8°) ; Recherches sur le culte, les symboles, les attributs et les monuments figurés de Vénus eii Orient et en Occident (1837-1847, in-4», avec atlas de 40 pi.) ; Recherches sur le culte public et les mystères de Mithra en Orient et en Occident (1847-1848, in-fol.). Il a, en outre, fourni une foule de mémoires à divers recueils, tels que les Nouvelles annales de l’Institut archéologique, les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, le Journal de la Société asiatique, etc. Enfin, il a édité les Mélanges posthumes d’histoire et de littérature orientale, d’Abel Rémusat, et deux ouvrages de l’orientaliste Saint-Martin, savoir : la traduction de 'Histoire d’Arménie, de Jean Catholicos, et l’Histoire des Arsacides.

LAJARTE (Théodore de), compositeur et critique musical français, né à Bordeaux vers 1824. Il s’adonna de bonne heure à la musique, étudia le violon, puis fit ses études de composition au Conservatoire de Paris, dans la classe de Loborne. M. de Lajarte débuta, comme compositeur dramatique, en 1855, par le Secret de l’oncle Vincent, petit acte agréable, dont les paroles avaient été écrites par Henri Boissaux, et qui fut très-bien accueilli au Théâtre-Lyrique. Il ftt ensuite représenter sur le même théâtre : le Duel du commandeur, un acte, paroles de Henri Boissaux (1857) ; Mam’zelle Pénélope, un acte, paroles du même (1859) ; et le Neveu de Gulliver, opéra-ballet en trois actes, paroles du même (18G1). La musique de M. Théodore de Lajarte est facile, un peu trop facile peut-être et trop terre à terre, mais, en somme, agréable à entendre. Outre ses œuvres théâtrales, on lui doit : une Messe militaire, écrite pour orphéon et musique militaire, et exécutée dans l’église Saint-Roch en 1867 ; diverses fantaisies pour orchestre, sur des thèmes d’opéras, exécutées aux concerts d’été des Champs-Élysées ; enfin, une collection de douze morceaux, intitulée : Nouveau répertoire des fanfares civiles et militaires.

M. de Lajarte s’est fait connaître comme critique musical, en collaborant au Moniteur des arts, à la France musicale et au journal le Globe (1867). Enfin il a publié une excellente brochure, intitulée : Instruments Sax et fanfares civiles (Paris, 1867, in-8°).

« LAJATICO (don Neri Corsini, marquis de), homme politique italien. V. Corsini.

LAJOLAIS (François), général français, né à Wissembourg en 1761, mort en 180S. Capitaine au début de la Révolution, il parvint, en peu d’années, au grade de général de brigade. Après avoir servi, en 1793 et 1794, aux armées du Rhin et delà Moselle, sous les ordres de Pichegru, il prit part à toutes les menées de ce général pour le rétablissement des Bourbons, et, gravement compromis par la correspondance qu’il entretenait avec le prince de Condé et que le général de Kinglin avait laissé tomber aux mains des républicains, fut arrêté et subit à Strasbourg une longue détention, qui se termina, en 1800, par son acquittement. N’ayant pu obtenir de l’emploi du gouvernement consulaire, il reprit ses projets de conspiration, fut le principal agent de la réconciliation de Moreau et do Pichegru, et revint à Paris peu de temps avant Cadoudal, Pichegru et autres. Arrêté en même temps que ces derniers, il fut jugé et condamné à mort ; mais Napoléon 1er commua sa peine en celle de quatre années de détention, qu’il subit au château d’If. Il y mourut quelques jours avant d’être mis en liberté.

LAJONCHÈRE (Étienne Lécoyer de), ingénieur français, né à Montpensier en 1G90, mort vers 1740. Entré de bonne heure dans la marine, il avait déjà fait à dix-huit ans plusieurs croisières. En 1708, il se trouvait à Lille, lorsque le prince Eugène vint assiéger cette place. Lajonchère observa avec soin les opérations du siège et publia, quelques années après, le fruit de ses reflexions dans un ouvrage où il se qualifie d ingénieur, titre qu’il conserva depuis. Il s’occupa dès lors exclusivement d’études sur l’hydraulique, et publia une brochure dans laquelle il proposait l’établissement d’un canal de communication des deux mers, par la jonction de la Saône avec l’Yonne. Son plan fut soumis aux états de Bourgogne, qui nommèrent des commissaires pour 1 examiner ; mais dans l’intervalle Lajonchère, traqué par ses créanciers, dut se réfugier en Hollande, puis en Angle LUKÀ

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terre, et, pendant son absence, son projet fut abandonné pour celui d’Abeille, qui cependant n’avait eu d’autre point de départ que le travail de Lajonchère. Ce dernier revint plus tard en France, et chercha inutilement à obtenir une indemnité du gouvernement ou des états de Bourgogne. Découragé par l’insuccès de ses démarches, il retourna en Angleterre et y resta jusqu’à sa mort. Ou a de lui : Nouvelle méthode de fortifier les grandes villes (Paris, 1718, in-12) ; Projet d’un cafial de Bourgogne pour la communication des deux mers (Paris, 1718, in-12) ; Principes d’hydraulique et de mécanique, suivis d’une dissertation sur les nouvelles pompes de la Samaritaine (Paris, 1719, in-12) ; Système d’un nouveau gouvernement en France (Amsterdam, 1720, 4 vol. in-12), ouvrage dans lequel il propose les plans de finance les plus bizarres ; Traité où l’on démontre l’immobilité de la terre et sa situation fixe au centre de l’univers (1729, in-8°) ; Découverte des longitudes estimées généralement impossibles à trouver (1731, in-S°).

LA JONQUIÈRE (Jacques de Taffanel, marquis de), marin français, né prés d’Albi en 1080, mort à Québec en 1753. Il servit sur mer plus d’un demi-sièclo, assista, sous Dugay-Trouin, au siège de Rio-Janeiro (1711)

et, plus tard (1744), au combat de Toulon, où il était capitaine de pavillon de l’amiral do Court. En 1747, au combat naval du Finistère, il soutint avec six vaisseaux seulement une lutte acharnée contre dix-sept vaisseaux anglais commandés par les amiraux Anson et Waren, et excita par sa valeur l’admiration de ses ennemis eux-mêmes. Il était à sa mort lieutenant général des armées navales de France et gouverneur général du Canada.

LA JONQUIÈRE (Clément de Taffanel, marquis de), général français, né en 1706, mort en 1795. Proche parent du précédent, avec lequel il assista aux combats de Toulon (1744) et du Finistère (1747), il prit part ensuite à la guerre de Sept ans, alla, plus tard, secourir le Canada, se distingua encore en ptusieurs autres circonstances et ne songea au repos qu’au bout de soixante-deux années de service, pendant lesquelles il avait fait trente-sept campagnes.

LAK s. m. V. LACK.

LAKANAL (Joseph), conventionnel français, né it Serres (Ariége) on 1762, mort en 1845. Destiné à l’état ecclésiastique, il fut élevé chez les oratoriens et devint, dès l’âge de dix-huit ans, professeur d’une classe de grammaire au collège de la congrégation à Lectoure. Après avoir enseigné dans plusieurs autres villes, il resta, quelque temps, au grand séminaire de Saint-Magloire ; mais, ne se reconnaissant pas les dispositions nécessaires pour l’état ecclésiastique, il ajourna à une autre époque son ordination. Il se fit recevoir docteur es arts à Angers, fut envoyé, comme professeur de rhétorique, au collège de Bourges, et alla ensuite professer la philosophie à Moulins, où il occupait encore cette chaire à l’époque de la Révolution. C’est donc à tort que certains biographes, le confondant avec un de ses oncles, ont prétendu qu’il avait été ordonné prêtre et qu’il était vicaire général en 1791. Lakanal vit avec enthousiasme l’admirable transformation de la société française qui s’accom- " plissait devant ses yeux. Nommé, en 1792, député de l’Ariége à la Convention, il vota pour la mort, dans le procès de Louis XVI, fut chargé, quelque temps après, d’enlever du château de Chantilly tout l’or, l’argent, le cuivre et le fer qui s’y trouvaient, et fit passer au Trésor public 2,208 marcs (550 kilogr. environ) d’or et d’argent. Nommé ensuite membre du comité de l’instruction publique, il y déploya bientôt une telle activité, qu’il en fut élu président ; ce fut à son initiative que l’on dut la plupart des mesures Tes plus importarites de cette commission. Ainsi, on 1793, ri fit rendre les décrets relatifs au traitement des membres de l’Académie des sciences, à la propriété littéraire et artistique et à l’établissement du télégraphe, inventé par Chappe, qui n’avait pu, jusqu’alors, vaincre les obstacles que l’ignorance et l’indifférence avaient mis à l’adoption de son idée. En 1794, il fit décréter l’érection au Panthéon d’une colonne dédiée aux vainqueurs du 10 août 1792. La même année et l’année suivante, il proposa et fit voter les lois d’organisation de l’École normale, de l’École des langues orientales, du Bureau des-longitudes, des écoles primaires et des écoles centrales. Déjà, en 1793, on lui avait dû la conservation du Jardin des plantes, qu’il sauva en le faisant ériger en Muséum national d’histoire naturelle. À peine réélu au conseil des Cinq-Cents, il y présenta le plan d’organisation d’un institut national, qui est aujourd’hui l’Institut de Franco, et fut chargé de désigner les quarante-huit premiers membres, qui durent élire tous les autres. Le premier membre, nommé par eux, fut Lakanal, que l’on chargea, en outre, d’être, avec Sieyès le législateur réglementaire de l’Institut.

Décidé à se retirer alors de la vie politique, il refusa, en 1798, d’accepter le mandat des électeurs de Seine-et-Oise, qui l’avaient envoyé au Corps législatif ; mais, nommé peu après par le Directoire commissaire général près des départements du Rhin, où la présence d’un administrateur ferme et intègre