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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/205

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des pièces de théâtre, cadre assez borné et passablement uniforme, le feuilletoniste ramène toutes les questions, toutes les discussions à l’ordre du jour. Sa lutte a deux objets en vue : d’un côté, il combat pour certains principes sociaux ; de l’autre, il s’escrime pour ou contre des intérêts de coulisses et des princes de théâtre. Loin d’éviter les personnalités, il les recherche. Il revient chaque fois dans la lice armé de nouveaux arguments, de nouveaux sarcasmes ; on l’accuse même d’utiliser sa plume à la façon de l’Arétin. « Maigre ses défauts et même ses vices, dit M. Sainte-Beuve, Geoffroy était un critique d’une valeur réelle, d’une grande force de sens, d’une fermeté un peu lourde, mais qui frappait bien quand elle tombait juste ; d’une solidité de jugement remarquable, quand la passion ou le calcul ne venait pas a la traverse… Il eut assez de flexibilité pour changer sa manière (celle, de l’Année littéraire). On sentait bien que sa légèreté n’était pas toujours naturelle, et que le poignet était pesant ; pourtant il sut animer et féconder ce genre de critique, en y introduisant les questions à l’ordre du jour, et en y mêlant à tout propos une polémique qui flattait alors les passions… Ses articles, relus aujourd’hui, ont fort perdu. Les gens du métier, cependant, en font cas toujours, et y trouvent encore d’utiles remarques. Mais leur vogue, dans le temps, fut prodigieuse. »

Nous ne pouvons, toutefois, nous dispenser de dire qu’en soutenant dans le Journal des Débats, alors appelé Journal de l’Empire, une guerre implacable contre Voltaire en particulier, et le xviiie siècle en général, Geoffroy flattait et servait sans courage, ou du moins sans dignité, la politique de l’empereur.

Littérature dramatique (cours de), par M. Saint-Marc Girardin (1843 et suiv., 4 vol.). La principale partie de cet ouvrage est celle qui traite de l’usage des passions dans le drame. L’auteur disserte sur les plus grandes questions de l’art dramatique, au point de vue des passions, qui sont les ressorts du drame ; il les expose par ordre historique, et cause sur un ton familier, renonçant en cela a l’exemple périlleux que son maître lui avait donné. Ce Cours est une revue capricieuse ; on y étudie chacune des affections <ie l’âme humaine séparément dans les expressions diverses qu’elle a reçues des écrivains anciens et modernes. On y compare ces différentes peintures, pour tirer du rapprochement, souvent arbitraire, une leçon de goût ou de conduite, au besoin un arrêt ironique. Chateaubriand avait procédé de la même façon dans son Génie du christianisme, en considérant les sentiments principaux du cœur humain, les caractères de père, de mère, d’époux et d’épouse, au point de vue de l’expression chez les anciens et chez les modernes. Une telle façon de procéder, toute comparative, offre de la variété. Le critique passe de Sémiramis à Lucrèce Borgia, et sait retrouver dans deux drames si différents une donnée identique ; il compare de même le Roi Leur au Père Goriot, puisque l’affection paternelle fait le fond des deux ouvrages, si dissemblables aussi, o Cette méthode, dit M. Sainte-Beuve, n’est pas assez simple, assez suivie ; elle fait trop de chemin en peu de temps ; comme le théâtre des romantiques, elle a ses perpétuels changements à vue… Les choses qu’il dit sont fines, le plus souvent judicieuses, mais elles arrivent souvent d’une manière scintillante. Lui qui sait si bien indiquer les défauts de la cuirasse d’autnti, voilà le sien. Il a des commencements de chapitres parfaits de ton, de tenue, de sévérité, d’une haute critique ; puis il descend ou plutôt il s’élance, il saute à des points de vue tout opposés… Il y a dans un seul de ses chapitres prodigieusement d’idées, de vues, d’observations, bien plus sans doute que dans le même nombre de pages de Quintilien et de Lougin ; mais il y a aussi du bel esprit. »

C’est cet ouvrage, incomplet dans son ensemble, dont l’objet même est discutable et qui ne peut en tout cas être bien utile à un auteur dramatique, qui a fait la réputation de M. Saint-Marc Girardin, Quelques parties brillantes ont pu faire assez d’illusion pour lui assurer une certain succès.

Littérature dramatique (histoire de la), par Jules Janin (Paris, 1853). Le titre est quelque peu trompeur ; l’ouvrage n’offre qu’un recueil de feuilletons. M. Jules Janin a choisi, parmi les nombreux comptes rendus qu’il a faits des pièces, des livres et des événements de son époque, tous ceux qui se rapportaient au théâtre. Il les a revus sommairement, et les volumes se sont ajoutés aux volumes. M. de Sacy en a très-spirituellement exprimé le caractère artistique et non scientifique, littéraire et non historique. « Si vous voulez savoir, dit-il, en quelle année de la fondation de Rome est né le vieux Plaute, et en quelle année il est mort, ce n’est pas à M. Jules Janin que je vous renverrai. M. Jules Janin l’aurait appris dix fois, qu’il serait encore très-capable de se tromper. Le ciel ne l’a pas fait pour travailler à l’Art de vérifier les dates. Vous trouverez assez d’ennuyeux pédants qui vous donneront là-dessus tous les renseignements possibles, quand même l’histoire ne leur en fournirait pas de très-sûrs. Mais voulez-vous un portrait plein de feu et de vie du vieux comique romain, M. Jules Janin est


votre homme. Lisez son ouvrage ; et s’il vous reste ensuite quelques scrupules sur la fidélité des détails, vous avez Plaute lui-même. M. Jules Janin vous aura donné envie de le lire, grand mérite, but suprême de la critique : inspirer l’envie de lire et de relire ces maîtres. »

Mais la critique du théâtre ancien est la moindre partie de l’ouvrage de M. J. Janin ; son livre vaut surtout par l’appréciation des pièces modernes ; on y retrouve toutes les impressions, toutes les émotions, toutes les passions de l’auteur ; on sent l’homme. Quelle différence entre ce livre et le Cours de littérature dramatique de Geoffroy ! La méthode semble la même. Analyse des pièces contemporaines, tel est le fond commun des deux ouvrages. Mais J : Janin remplace la monotonie, la froideur et le fiel de son prédécesseur par la bonne humeur et la fantaisie.

LITTÉRATURIER s. m. (li-té-ra-tu-riérad. littérature). Fam. Mauvais écrivain : Monte, monte, habitant des mansardes : tu ne t’attends pas à ce qui t’attend ! Monte, monte, petit littératurier, ton insomnie nous vent/ara de ta nôtre. (A. Delvau.) Le littérateur est effacé par le littératurier. (Ed.Texier.)

LITTÉRÉ, ÉE adj. (li-té-ré — du lat. littara, lettre). Hist. nat. Qui est marqué de traits figurant des lettres : La Vénus lit-

TÉRIÏE,

LITTERINI (Agostino), peintre italien de l’école vénitienne, né à Venise en 1642. Il fut élève de Pietro délia Vecchia, et on cite, parmi ses œuvres les plus remarquables, le Suint Joseph et le Saint Jean de la Croix qu’il peignit pourl’église Saint-Jérôme de Vicence.

— Son fils, Bartolommeo Litterini, né en 1669, travailla dans l’atelier de son père, puis s’attacha avec opiniâtreté à l’étude des œuvres du Titien, et parvint à dérober à ce grand peintre quelques-uns des secrets de sa magnifique palette. On cite, parmi ses ouvrages, Saint Paternien ; Saint Laurent Giustiniuni célébrant la messe ; les Noces de Cana et la Multiplication des pains.

LITTÉROMANIE s. f. (li-té-ro-ma-nl — du lat. littera, lettre, et du gr. mania, folie). Manie d’écrire : Il se livra tout entier à la littéromanie. (Mercier.) Il Inusité.

L1TTLE (William), historien anglais, né en 1136. Il est connu aussi sous le nom de Guiihelniut Nnubrigenai*. On lui doit une histoire d’Angleterre, depuis l’invasion de Guillaume le Conquérant, ouvrage exact et estimé.

L1TTLE-HAMPTON, petite ville d’Angleterre, comté de Sussex, à 10 kilom. E. de Chichester, sur les côtes de la Manche ; 2, 300 hab. Petite place de bains, dans une position solitaire, près de l’embouchure de l’Arun.

L1TTLE-ROCR ou ARKOPOLIS, ville des États-Unis, capitale de l’État d’Arkansas, sur l’Arkansas, à 1, 720 kilom. O.-S.-O. de Washington, 500 kilom. N.-E. de la Nouvelle-Orléans ; par 34"40’Iat. N. et920 ! 2’long. O. ; 3, 000 hab. Siège de la cour suprême de l’État. Evêché catholique depuis 1843. Fondée en 1819.

L1TTLETON ou LYTTLETON (Francis), jurisconsulte anglais, né dans le comté de Worcester, mort en 14S1. Successivement juge de la cour du palais, avocat du roi (1455) et shérif de son comté sous Henri VI, il devint membre de la cour des plaids communs en 1406 et reçut d’Édouard IV l’ordre du Bain. Par son savoir, Littleton acquit une grande réputation et on l’enterra dans la cathédrale de Worcester, où on lui éleva un tombeau en marbre bianc avec sa statue. Son traité sur les Mouvances des fiefs (tenures) sert encore aujourd’hui de base à la législation anglaise sur la propriété, et il obtint un tel succès qu’on le réimprima vingt-quatre fois en moins d’un siècle. La première édition parut en langue française en 1481. Houard a donné, avec des observations historiques et critiques, la substance de cet important ouvrage, sous ce titre:Anciennes lois des Français, conservées dans les coutumes anglaises (Rouen, 1779, 2 vol. in-4<>).

LITTLETON (Edward, baron de MonSlow), homme d’État anglais, né en 1589, mort en 1045. il débuta au harreau et il acquit en peu de temps une telle réputation qu’il fut nommé membre du Parlement, où il se fit remarquer parmi les membres de l’opposition. Chargé de diriger les poursuites intentées contre le duc de Buckingham après la mort de Jacques Ier, il sut, dans cette circonstance déficate, se ménager les suffrages du peupie et de la cour. Dès ce moment, son avancement fut rapide. Successivement assesseur à Londres, premier lecteur d’Innés — Temple, sollicito général, président de la cour des plaids communs, il fut, en 1640, nommé lord garde du grand sceau, pair d’Angleterre et baron de Monslow. Dans cet emploi si difficile de garde du sceau, il sut se conserver l’estime de tous les partis ; mais comme il concourut, l’année suivante, par ses votes, à la levée d’une armée et à l’armement de la milice, mesures hostiles à la cause royale, le roi lui intima l’ordre de remettre le sceau, Littleton se soumit immédiatement. Charles I°r lui sut gré de cette obéissance; et, bien qu’il conservât toujours quelques doutes sur l’attachement ds Littleton à sa cause, il ne l’en nomma

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pas moins membre du conseil privé et colonel d’un régiment de cavalerie. En dépit des insinuations du parti royaliste, Littleton est représenté par les contemporains comme un savant magistrat, très-honorable et fort dévoué à la cause royale. On lui doit:/{apports judiciaires (Londres, 1683, in-fol.); Plaidoyers et Discours (Londres, 1G42, in-4o).

LITTLETON (Adam), érudit anglais, né dans le Shropshire e » 1627, mort en 1G94. Il fut chapelain de Charles II, pasteur à Chelsea, et reçut le titre de docteur en théologie. C’était un homme d’une vaste instruction, à qui l’on doit, entre autres ouvrages •:Pastor metricus (Londres, 1658) ; Elementa religionis (Londres, 1658) ; Dictionnaire latin, grec, hébreu et anglais (1678), ouvrage estimé et souvent réédité ; Sermons (1680, in-fol.), etc.

LITTLETON (Edward), poëte anglais, mort en 1734. Il embrassa la carrière de l’enseignement et débuta au collège d’Eton ; puis des amis lui firent obtenir un bénéfice dans le comté d’Oxford, et enfin il devint chapelain ordinaire du roi George II. On lui doit plusieurs pièces de vers, dont la plus Connue est intitulée l’Araignée {On a spider), et des Sermons (1746, 2 vol. in-8t>).

LITTORAL, ALE adj. (litt-to-ral — lat. littoralis; de tittus, rivage). Qui appartient aux bords de la mer : Partie littorale d’un pays. Montagnes littorales maritimes. Les contrées littorales s’étendant à l’est de la mer ont des marées beaucoup plus fortes que celles qui s’étendent à l’Ouest. (A. Maury.)

— Hist. nat. Qui habite ou qui vit sur les bords de la mer, des fleuves, des rivières, des lacs : Insectes, oiseaux littoraux. Plantes littorales. La plupart des poissons sont littoraux et n’aiment que certains rivages. (Michelet.)

— s. m. Etendue de pays qui borde une mer : Le littoral de la France. Le littoral de ta Baltique, de l’Adriatique.

— Moll. Nom vulgaire d’un colimaçon.

— s. m. pi. Ornith. Syn. de limicoles, famille d’oiseaux.

— s. f. Entom. Nom vulgaire d’une espèce de chenille qui ravage les arbres fruitiers.

— s. f. pi. Eumille d’insectes hémiptères, vivant habituellement dans le voisinage de l’eau.

LITTORAL HONGROIS, nom d’une ancienne dépendance de la Hongrie. V. Hongrois (littoral).

L1TTORELLE s. f. (litt-to-rè-îe — rad. littoral). Bot. Genre de plantes, de la famille des plantaginées, comprenant plusieurs espèces qui croissent un bord des eaux, dans le centre et le nord de l’Europe.

LITTOR1NE s. f. (litt-to-ri-ne —du lat. littus, rivage). Moll. Genre de mollusques gastéropodes marins, comprenant une centaine

d’espèces vivantes ou fossiles : Nous avons vu pendant toute l’année des littorines sur les rochers. (Deshayes.)

— Encycl. Ce genre se distingue par une coquille généralement ovoïde ou presque globuleuse ; l’animal rampe sur un pied court et arrondi, auquel est attaché un opercule corné, ■qui peut fermer complètement l’ouverture de la coquille. Ce sont des mollusques marins dont la manière de vivre est toute spéciale. Rarement on les trouve dans l’eau ; le plus souvent les littorines sont fixées contre les rochers, au-dessus du niveau du liquide, et sont mouillées seulement par les vagues qui viennent battre les côtes. ■ Elles supportent ainsi, dit M. Deshayes, sans presque se déranger, toutes les influences des saisons, recevant alternativement les eaux torrentielles de l’automne et du printemps, les vagues de la mer pendant les tempêtes, et l’ardeur’du soleil dans une saison où les roches peuvent à peine être saisies par— la mer. » Les littorines habitent tous les rivages et présentent soixante-dix ou quatre-vingts espèces. Les unes sont d’assez grande taille ; d’autres, plus petites, sont fort connues sur nos côtes sous les noms de vignots, vigneaux ou guignettes. La liitorine commune, qui est une de ces dernières, est alimentaire, mais peu délicate. Les grandes espèces fournissent une fort belle nacre, employée pour les ouvrages de marqueterie. Quelques-unes ont reçu des noms sous lesquels les marchands les distinguent ; telles sont : la nacre ou burgau ; la veuve perlée, dont les tubercules externes ressemblent assez à des perles ; la bouche d’or, dont la nacre est d’un beau jaune doré ; le bouton d’argent, d’une teinte blanchâtre ; le perroquet, etc.

Les espèces fossiles de littorines sont également assez nombreuses et se trouvent dans un grand nombre de terrains. On en trouva quelques-unes dansdes terrains siluriens, dévoniens et carbonifères. Le nombre des espèces devient considérable à l’époque triasique, moindre dans les terrains jurassique et crétacé, et très-grand dans les terrains tertiaires.

L1TTRE (Alexis), médecin et anatomistë français, né à Cordes, près d’Albi, en 1658, mort à Paris en 1725. Il termina ses études médicales à Paris, où il se fit recevoir docteur en 1691. Passionné pour l’anatomie, il ouvrit des cours particuliers de cette science, qui attirèrent les élèves en affluence considérable.

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Littre était membre de l’Académie des sciences, et c’est dans les bulletins de cette société que se trouvent consignés tous ses travaux. Voici les titres des principaux : Observation sur une nouvelle espèce de hernie ; Description de l’urètre de l’homme ; Obseroation sur un fœtus humain monstrueux ; Sur les ovaires et les trompes d’une femme, et sur un fœtus trouvé dans l’un des ovaires ; Sur la circulation du sang dans le foetus (1701) ; Sur deux pierres trouvées dans la vessie d’un garçon de vingt ans ; Sur un fœtus humain trouvé dans la trompe gauche de la matrice ; Sur un fœtus humain tiré du ventre de sa mère par le "fondement (1702) ; Sur une hydropisie particulière. (1703):Sur la matrice d’une fille de deux mois (1705) ; Sur la glande pituitaire de l’homme ; Sur un anévrisme ; Sur une hydropisie de poitrine (1707) ; Sur la gonorrhée (1711) ; Sur l’emphysème ; Sur la tympunite ; Sur des vaisseaux particuliers observés dans des corps morts de pertes de sang (1714) ; Sur les lavements nourrissants ; Sur un fœtus monstrueux qui n’a qu’un œil (1717) ; S’il y a du danger de donner par le nés des bouillons ou tout autre liquide (1719) ; Sur les règles des femmes; De la dissolution des pierres de la vessie dans les eaux communes (1720).

LITTRÉ (Maximilien-Paul-Emile), philosophe, philologue et homme politique, né a Paris le 1er février 1801. Au sortir du collège, • où de brillants succès l’avaient mis en évidence, il se fit élève en médecine et devint interne des hôpitaux. Mais poussé par son goût pour les lettres, il renonça bientôt à la pratique de l’art médical, pour faire une étude approfondie du grec et apprendre l’arabe, le sanscrit, ainsi que divers autres idiomes. Doué d’un esprit investigateur et sagace, travailleur infatigable, M. Littré s’attaqua dès ce moment au domaine presque tout entier de la science. Il avait fondé depuis deux ans, avec MM. Bouillaud, Andral, etc., le Journal hebdomadaire de médecine, lorsque éclata la révolution de juillet 1830. M. Littré, qui dès cette époque appartenait au parti démocratique, fit partie des combattants qui renversèrent le trône de Charles X, et entra, quelque temps après, à la rédaction du National, dont il fut jusqu’en 1851 un des collaborateurs les plus distingués. Toutefois, la politique ne lui fit point oublier ses travaux d’érudit et de savant. En 1837, il fonda avec Dezeiineris un nouveau journal médical, VExpérience, et coinmença, "ou 1839, la publication de son édition et de sa belle traduction des Œuvres d’Hippocrate (1839-1861, 10 vol. in-8o), qui lui valut d’être nommé, cette même année, membre de l’Académie des inscriptions. Après la mort de Fauviel (1844), cette compagnie savante lé désigna pour faire partie de la commission chargée de continuer ('Histoire littéraire de la France. Il fut un des principaux auteurs des tomes XXI, XXII et XXIII, et commença alors ses longues et profondes recherches sur l’histoire de notre langue.

À cette époque, M. Littré était entré en relation avec Auguste Comte, la créateur de la philosophie positive, et était devenu l’un de ses plus fervents adeptes. Son esprit net, épris d’exactitude, avait été séduit par le caractère scientifique de cette" doctrine philosophique et sociale, à laquelle nous consacrons un article à son rang. Aussi, n’en dirons-nous ici que quelques mots, uniquement pour montrer ce qu’il y a d’exagération passionnée dans les violentes attaques dont M. Littré a été l’objet au sujet de ses idées philosophiques. D’après l’école positive, l’histoire du développement de l’esprit humain présente trois phases essentielles, qui correspondent a trois phases successives de la civilisation. • Dans la première, qui est la phase théologique, dit lui-même M. Littré, 1 explication dos choses est rattachée a. des personnalités qui sont la cause des existences, des phénomènes et des événements. Dans la seconde, qui constitue la phase métaphysique, quand la critiqua a commencé à ébranler les notions spontanées ou théologiques, une classe d’entités intervient dans le système et élimine çàet là et de plus en plus les êtres divins dont l’agence était admise en tout phénomène. Dans la troisième, qui est la phase positive, on renonce à la recherche do l’absolu, c’est-à-dire des causes premières et des causes finales, désormais reconnues inaccessibles et bonnes seulement pour occuper l’enfance de l’esprit humain, et l’on s’applique uniquement à la recherche des lois et des conditions. » Ainsi la philosophie positive renonce à la recherche de l’absolu, quelque forme qu’il prenne soit par rapport a l’origine des choses, soit par rapport à leur fin et a leur but, parce qu’elle est convaincue que toute recherche en ce sens est inutile. Elle ne nie pas les grands problèmes métaphysiques qui, de tout temps, ont préoccupé l’esprit humain ; elle se borne à les éliminer du domaine scientifique ; elle n’affirme pas, comme on l’a répété, le matérialisme, elle dit avec M. Littré : « Dans les sciences positives, on ne connaît aucune propriété sans matière, non point parce que, a priori, on a l’idée préconçue qu’il n’existe aucune substance spirituelle indépendante, mais parce que, a posteriori, on n’a jamais rencontré la gravitation sans corps posant, la chaleur sans corps chaud, l’électricité sans corps électrique, l’affinité sans substance da combinaison, la vie, la sensibilité, la pensée,