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peintures d’Herculanum représentent des volumes entre les mains de personnes qui les lisent. Quand le volume se déroule de gauche h droite, dans lo sens de la largeur sont tracées de petites colonnes perpendiculaires représentant les colonnes de nos livres. On déroulait les volumes, petit à petit, de la main droite, et à mesure qu’on avançait dans la lecture on enroulait de nouveau avec la gauche du côté opposé. Pour les manuscrits qui se déroulaient perpendiculairement, on écrivait dans toute la largeur, ce qui était sans inconvénient, le papier le plus large n’ayant que 24 doigts (O111^).

Quand les différentes feuilles qui composaient le livre avaient été collées les unes à la suite des autres, on fixait à l’extrémité de la dernière feuillo une petite verge, d’ordinaire en os ou en ivoire, autour de laquelle s’enroulait le volume ; les Romains la nommaient umbilicus (nombril), parce qu’elle était placée au centre du volume comme le nombril est au milieu du corps humain. On cite des volumes qui renfermaient jusqu’à cent dix colonnes d’écriture, et dont la longueur allait jusqu’à 20 mètres ; mais, en général, ils étaient bien moins considérables, et beaucoup d’entre eux n’excédaient pas la grosseur d’une petite baguette. Ils étaient généralement loin de contenir autant de matière que nos livres ordinaires. La plupart ne renfermaient pas un ouvrage entier, mais un seul livre d’un ouvrage. Ainsi les Métamorphoses d’Ovide formaient quinze volumes, dont chacun contenait un chant de ce poème. Chacun de ces chants ne va pas au delà do 70 pages in-S°. Les volumes étaient renfermés dan3 une enveloppe en peau ou en parchemin, jaune ou pourpre, que l’on serrait avec des rubans. De l’extrémité supérieure do cet étui sortait une petite bande de parchemin ou de papyrus, sur laquelle était écrit lo titre de l’ouvrage. Dans les bibliothèques, les volumes étaient disposés horizontalement sur des rayons, et présentaient en avant leurs tranches que, — pour cette raison, l’on nommait fronts (frontes). On plaçait souvent les volumes qui composaient un mémo ouvrage dans un coffret appelé scrinium. i

Les livres carrés, nommés par les Latins codices, ne furent usités que longtemps après les volumes ; il n’en existait pas encore au temps de Cicéron dans les bibliothèques de de Rome, et Martial en parle comme d’une nouveauté., faisant remarquer l’avantage qu’il yak trouver réuni en un seul livre un ouvrage formant un nombre considérable de rouleaux. Ainsi les quinze volumes des Métamorphoses d’Ovide étaient contenus dans un seul codex. Dans cette sorte de livre, les feuillets étaient ordinairement écrits des deux côtés, ce qui n’arrivait presque jamais pour les rouleaux. Les pages, divisées en deux ou trois colonnes, étaient, comme chez nous, entourées de marges. Elles no portaient pas de numéros. L’enveloppe des livres carrés était un morceau d’étoffe ou un étui en bois garni de fermoirs en cuir.

Dès le ive siècle, le mot liber désigna en même temps les volumes et les livres carrés. Au moyen âge, on abandonna les livres en rouleaux pour les livres cariés. Le prix des ouvrages, écrits tous à la main et souvent enrichis de dorures ou d’enluminures, était alors très-considérable. Selon VLfistoire littéraire de la France, un in-folio valait, au xiiic siècle, 400 à 500 francs de notre monnaie. À la fin du xivo siècle, une copie du Roman de la Rose se vendit, à Paris, 833 fr. Avant la découverte de Gutenberg, on grava sur planches de bois fixes des livres d’images, avec le texte à côté ou au-dessous, ou quelquefois sortant de la bouche des personnages. Ces livres n’étaient imprimés que d’un seul côté du papier, et les feuillets se trouvaient ordinairement collés dos à dos les uns aux autres. Au milieu de chaque page, une lettre de l’alphabet, en gros caractère gothique, indiquait la pagination. L’un des plus connus de ces livres d’images, très-recherchés des curieux, représentait les figures de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il est dpsigné souvent par le nom do Bible des pauvres, parce qu’il était destiné au peuple. Chacun des quarante feuillets dont il se compose est imprimé d’un seul côté, et Contient deux figures en haut, deux figures en bas, trois sujets historiques au milieu, avec diverses inscriptions. Ces livres fuient mis au jour dans la première moitié du XV siècle. On imprima ensuite, toujours avec planches de bois fixes, le livré de grammaire connu sous le nom de Douai.

Après l’invention des caractères mobiles, le prix des livres tomba rapidement. L’évêque d’Alesia écrivait à ce propos au pape Paul II, qui avait introduit l’imprimerie à Rome : « N’est-ce pas une grande gloire pour Votre Sainteté d’avoir procuré aux plus pauvres la facilité de se former une bibliothèque à peu de frais, et d’acheter, pour 20 écus, des volumes corrects, qu’antérieurement on pouvait à peine obtenir pour 100 écus, quoiqu’ils fussent remplis de fautes de copistes ? Maintenant, on peut acheter un volume moins cher que ne coûtait autrefois sa reliure » On voit effectivement, par un inventaire fait à Paris en 1523„et que M. Ludovic Lalanne a publié dans ses Curiosités bibliographiques, qu’il était possible à cette époque de se procurer à peu de frais des livres classiques.

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Nous donnons ci-dessous quelques articles de cet inventaire :

Aulu-Gelle 6 sols tournois.

Cicéron, De officus... 12

Cicéron, Rhétorique.. C ■

César, Commentaires.. G

Tito-Live, 3 vol.... 17

Pline, 2 vol 10

Salluste, impression

d’Aide 2 —

Sénèquo, 1 vol 20 —.

Tacite ’ 6

Thucydide 6

Le sol tournois valait environ 0 fr. 05

Le goût des livrés paraît s’être développé d’abord en Égypte. Le roi Osyinandias, antérieur à Sésostris, établit une bibliothèque sur la porre de laquelle étaient inscrits ces mots : Trésor des remèdes de l’âme. A Athènes, le premier qui ait réuni des livres en bibliothèque publique parait être Pisistrate. On cite, parmi ceux qui eurent de belles collections particulières, Euripide et Aristote. Mais on sait jjue la plus riche collection de liures dans l’antiquité fut la bibliothèque d’Alexandrie, qui compta jusqu’à 700,000 volumes. Les livres, comme la littérature, ne furent en honneur que très-tard à. Rome. Paul-Emile fut le premier qui y introduisit une collection de livres, après la défaite de Persée, en 160 avant J.-C. Vinrent ensuite les collections de Sylla et de Lucullus, vpuis les bibliothèques publiques fondées par Asinius Pollion et par Auguste. Le nombre des bibliothèques s’accrut successivement sous les empereurs, et au îve siècle Rome en renfermait vingt-neuf. De riches particuliers se donnèrent aussi, vers la même époque, le luxe des livres. Ce fut une mode et une manie contre laquelle Sénèque s’est élevé.

Il y avait alors, comme il y en eut dans la suite, et encore de nos jours, des propriétaires de riches collections de livres, qui, empêchés par leur ignorance de faire usage do ces trésors, les gardaient cependant avec un soin jaloux. C’est à un de ceux-là1 que Lucien s’adresse dans sa satire contre l’ignorance : « Tu n’as jamnis prêté un livre à personne, et tu ressembles au chien qui, couché dans l’écurie, empêche le cheval de toucher à l’orge, dont lui-même ne peut pas se nourrir. »

Au moyen âge, il n’y eut guère de collections de livres que dans les monastères et dans les écoles épiscopales ; mais, avec l’imprimerie, le goût des livres ne tarda pas à se répandre, et l’on vit bientôt dans tous les pays se former des collections particulières et des bibliothèques publiques.

S’il est intéressant de savoir à quelles époques s’est développé le goût des livres et celui des bibliothèques, il n’est pas moins curieux de connaître l’histoire de leur dispersion et de leur destruotion. Le plus ancien fait connu relativement à la destruction des livres remonte à Nabonassar, roi de Babylone, qui, dans le vitie siècle avant J.-C, rit anéantir toutes les histoires des vois ses prédécesseurs. Plusieurs des bibliothèques de

Rome et de Constantinople furent détruites par des incendies. Une grande partie de celle , d’Alexandrie périt par les flammes lorsque ] César s’empara de cette ville. Le reste fut presque entièrement anéanti en 390, lorsque le temple de Sérapis fut renversé, à la suite de la lutte sanglante qui s’engagea entre les païens et les chrétiens. Il restait donc bien peu de livres à Alexandrie lors de l’invasion des Arabes, et si le calife Omar en ordonna la destruction, suivant une opinion populaire fort contestable, son ordre ne put atteindre qu’un petit nombre de volumes.

Les païens, à chaque nouvelle persécution, brûlaientles/î’urcideschiétiens ; les chrétiens, à leur tour, lorsqu’ils triomphèrent, firent de grandes exécutions des hures de l’antiquité païenne. Les barbares, dans leurs invasions, anéantirent en grand nombre les collections littéraires existant dans les villes qu’ils pillaient. « Les Romains, dit Vigneul-Marville, ont brûlé les livres des juifs, des chrétiens et des païens, et les chrétiens ont brûlé les livres des païens et des juifs. La plupart des livres d’Origène et des anciens hérétiques ont été brûlés par les chrétiens. Le cardinal Xiinénès, à la prise de Grenade, fit jeter au feu 5,000 Alcorans. Les puritains, en Angleterre, au commencement.de la Réforme prétendue, brûlèrent une infinité de monastères et d’anciens monuments de la véritable religion. Un évêque anglais mit le feu aux archives de son église, et Cromwell, dans les de iuiers temps, brûla la bibliothèque d’Oxford, qui était une des plus curieuses de l’Europe. Les mites font la guerre aux livres, la moisissure en est la peste, mais le feu les dévore et les anéantit pour toujours. C’est le plus cruel ennemi, et après lequel il n’y a point de retour. » Les querelles religieuses du moyen âge et du xve siècle furent aussi fatales aux livres, de même que les guerres civiles et les guerres de pays à pays. L’inquisition en anéantit un grand nombre, avec cette circonstance aggravante qu’elle brûlait aussi ceux qui les avaient écrits.

Une autre cause de la destruction des livres a été l’ignorance. Boccace a raconté que, se trouvant dans la Pouille, il alla visiter le monastère du Mont-Càssin et demanda à voir la bibliothèque, dont il avait entendu vanter la richesse. Il trouva le local sans clef ni

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porte ; l’herbe poussatt aux fenêtres ; les livres étaient couverts d’une épaisse poussière. Il examina quelques ouvrages et trouva qu’il y manquait un assez grand nombre de pages, qu’à d’autres on avait coupé les marges, que presque tous étaient mutilés de diverses manières. Ayant demandé à un moine la cause de telles mutilations, celui-ci lui répondit que parfois des moines, voulant gagner 2 ou 5 sous, raclaient un cahier de plusieurs pages et en faisaient de petits psautiers, qu’ils vendaient aux enfants ; pour tes marges, ils en faisaient de petits livres qu’ils vendaient aux femmes. Les moines, qui passent pour avoir conservé les livres de l’antiquité païenne, n’ont pas toujours joué le beau rôle de propagateurs des lumières., .

Le Bulletin du bibliophile de mars 1S35 raconte, au sujet de l’ignorance des possesseurs de livres précieux, une anecdote qui mérite d’être citée : o En 1735, les récollets d’Anvers, passant en revue leur bibliothèque, jugèrent à propos d’y faire une réforme, et de la débarrasser d’environ 1,500 vieux livres, tant imprimés que manuscrits, qu’ils regardèrent comme vrais bouquins, vieilleries de nulle valeur. On les déposa d’abord dans la chambre du jardinier, et, au bout de quelques mois, le Père gardien décida dans sa sagesse qu’on donnerait tout ce fatras audit jardinier, en reconnaissance et gratification de ses bons services, Celui-ci, mieux avisé que les bons Pères, va trouver M. Vanderberg, amateur et homme de lettres, et lui propose de lui céder toute cette « bouquinaille. » M. Vanderberg, après y avoir jeté un coup d’œil, en offre 1 ducat par quintal ; le marché est bientôt conclu, et M. Vanderberg enlève les livres. Peu après il reçoit la visite de M. Stock, biblioinane anglais, et lui fait voir son acquisition. M. Stock lui donne à l’instant 14,000 francs des manuscrits seuls. Quels furent la surprise et les regrets des Pères récollets à cette nouvelle 1 lis Sentirent qu’il n’y avait pas moyen d’en revenir ; mais, tout confus qu’ils étaient de leur ignorance, ils allèrent humblement solliciter une indemnité de M..Vanderberg, qui leur donna 1,200 francs. »

Les productions des mauvais auteurs ont péri le plus souvent par le dédain du public ; de tout temps, les feuillets de ces ouvrages ont servi à envelopper le poivre et la chandelle. Mais, comme l’a remarqué Sehœll dans son Histoire de la littérature grecque, le hasard, qui nous a conservé des débris des littératures anciennes, s’est montré fort capricieux. Des écrivains tels que Tacite, Tite-Livo, Polybe ne nous sont parvenus que mutilés ; d’autres, par exemple Pindare, Eschyle, Sophocle, ne nous sont connus que par une petite partie de leurs œuvres. Beaucoup de livres apocryphes ont été mêlés aux livres authentiques. Néanmoins, il nous reste plus de 1,600 ouvrages de l’antiquité grecque ou latine.

La plupart de ces livres, longtemps perdus par suite de l’ignorance et de l’incurie des siècles barbares et du moyen âge, ont été retrouvés depuis la Renaissance par des explorateurs sagaces et érudits. Ainsi Cassiouore n’a mentionné dans ses ouvrages que.vingt auteurs profanes. Un siècle plus tard, c’est-à-dire au vue siècle, Isidore de Séville n’en citait que trente. Les siècles suivants ne paraissent pas avoir été beaucoup plus riches. De temps en temps, toutefois, on voit reparaître le nom d’un auteur ancien, qui jusquelà semblait entièrement oublié. Aujourd’hui, les mines où l’on a pu rechercher les ouvrages des auteurs grecs et romains sont k peu près épuisées : il n’y ». guère à espérer que des découvertes fragmentaires. Quant aux livres dignes d’estime que nous possédons, soit anciens, soit modernes, nous n avons pas à craindre pour eux la destruction ou la disparition, à moins d’un cataclysme improbable. Grâce à l’imprimerie, les livres ne périront qu’avec la race humaine. Réédités à des intervalles plus ou moins longs, suivant l’intérêt des libraires et le goût des lecteurs, ils ont devant eux une durée à laquelle on ne saurait assigner de limites.

V. d’autres détails aux mots bibliothèque,

INCUNABLK.

Livres imprimés eu couleur. Les livres imprimés à l’encre rouge et à l’encre noire ont été en usage pendant deux siècles en France, et le sont encore aujourd’hui, par exception, pour quelques publications de luxe ; mais nous ne vouions parler ici que des liures imprimés tout entiers en lettres de couleur. Les premiers parurent vers le milieu du xvmc siècle. Il faut citer, parmi ces curiosités bibliographiques, quelques-unes des mille bluettes de l’original Caraccioli : le Livre à la mode à verte-feuille, de l’imprimerie du printemps, au Perroquet, l’année nouvelle (s. d., in-12), tiré à l’encre verte ; le Livre à ta mode, nouvelle édition, marquetée, polie et vernissée, en Europe, chez les libraires (1759, in-12) ; le Livre des quatre couleurs, aux quatre Éléments, de l’imprimerie des Quatre-Saisons, l’an 1444, imprimé en rouge, en bleu, en orange et en violet. Les couleurs seules de ces livres leur donnent un certain prix aux yeux des curieux.

— Administr. Prêt des livres. L’usage s’est généralement établi dans les bibliothèques publiques de faire le prêt des livres aux personnes qui, par leur situation, inspirent la

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confiance, et à celles dont les travaux font regarder co prêt comme utile aux progrès des lettres et des sciences. Cet usage, qui a, sans doute son bon côté, offre aussi ses inconvénients, que les bibliothécaires peuvent constater par la disparition de livres plus ou moins précieux. Quoi qu’il en soit, les tentatives faites à diverses reprises et dans diverses villes pour lo supprimer n’ont abouti qu’à des règlements toujours transgressés.

Au temps où les livres étaient rares, le prêt des livres offrait de très-grandes difficultés. Quelques traits détachés de l’histoire bibliographique montreront comment on en usa sur ce point autrefois. Au ve siècle, on voit Isidore de Péluse se plaindra de ce que les possesseurs de livres ne voulaient pas les prêter ; il les compare aux accapareurs de froment, et appelle sur eux la malédiction céleste. À l’époque de saint Louis, on ne so communiquait les livres qu’avec d’infinies précautions. « Loup de Perrière, dit ÎI. Lalanne, s’adressant au métropolitain de Tours pour obtenir un commentaire de BoCoe sur les Topiques de Cicéron, prie le prélat de ne point le nommer, mais dédire que celivre était demandé par un déses voisins. Dans la deuxième épitre du savant abbé, on voit qu’il refusa de confier au porteur d’une dépêche un livre qui lui avait été demandé, parce que ce messager était à pied, .et non à cheval. » À l’abbaye de Fleury, le prêt des liures, même lorsqu’ils ne devaient point sortir de la maison, était soumis à des garanties bien plus efficaces que dans nos bibliothèques. Le sacristain ou le bibliothécaire devait, non-seulement inscrire l’emprunt, mais encore exiger de l’emprunteur un gage qui n’était remis qu’au moment où le livre était restitué. Il en fut de même dans la plupart des monastères. Celui de Suint-Bernard, à Paris, avait écrit dans ses statuts : « Que personne, de quelque état ou grade qu’il soit, n’osé emporter, pour lui ou pour un autre, dans le collège ou ailleurs, un livre hors de la bibliothèque, à moins que ce ne soit pour cause de réparation : il serait puni des peines les plus graves. Nous interdisons le vin au proviseur et-au sous-prieur tant qu’un 'livre, sera sorti de la bibliothèque sans bonne raison. » Avec de pareilles menaces, le danger n’existait plus.

Pendant longtemps le gage fut une condition sine ytta non du prêt des livres ; les plus huut3 personnages ne pouvaient s’en affranchir. Louis XI ayant voulu emprunter a la Faculté de médecine de Paris un manuscrit de Rasés, célèbre médecin arabe du x° siècle, reçut la réponse suivante : « Nostre souverain seigneur, tant et si très-humblement que plus pouvons, nous nous recommandons à vostre bonne grâce, et vous plaise sçavoir, nostre souverain seigneur, que le président, messire Jean de La Driesehe, nous a dit que lui avez rescrit qu’il vous envoyust Tûtum coniiiieus Jùisis pour faire escrire ; et, pour ce qu’il n’eu apoini, sçachaut que nous en avons un, nous a. requis que luy voulussions bailler. Kire, combien que-toujours avons gardé très-précieusement ledit livre, car c’est le plus beau et plus singulier thrésor de nostre Faculté, et n’en trouve point guères de tel ; néanmoins que de tout nostre cœur désirons vous complaire et accomplir ce qui vous est agréuble, coniino tenus sommes, avons délivré audit président ledit livre pour le faire escrire, moyennant certains gages de vaisselle d’argent et autres cautions qu’il nous a baillés en seureté de lé nous rendre, ainsi que selon les statuts de nostre Faculté faire se doit, lesquels nous avons tous jurez aux saintes Évangiles do Dieu garder et observer, ne autrement ne le pourrions avoir pour nos propres affaires. Priant Dieu, sire, etc. Ce 20 novembre 1471. » Plus ba3 il est dit que le gage qui devait être fourni à la Faculté a été fixé a douze marcs d’argent et vingt sterlings, et qu’en outre Malingre s’est constitué caution pour 100 écus d’or.

On ne peut se dissimuler que, de.nos jours, les livres prêtés courraient moins de risques si les administrations des bibliothèques exigeaient de ceux ù qui elles les prêtent des.gages suffisants. Il serait fort désirable aussi que la règle fût strictement maintenue de ne jamais laisser sortir d’une bibliothèque un livre qui n’y est pus en double exemplaire.

— Jurispr. Livres de commerce. La loi oblige les commerçants k tenir une comptabilité qui doit fidèlement réfléchir tout lo mouvement et toute la suite de leurs opérations et de leurs alfaires. Les livres de commercé, a-t-on dit, sont la conscience du négociant. Eux seuls, en effet, peuvent lui permettre, en tout temps et en toute occasion, de se rendre compte de sa situation et de l’état de ses rapports avec ses correspondants et sa clientèle. La loi n’en prescrit rigoureusement que trois, à savoir le livre jouruul, le livre do copies de lettres et le livre des inventaires.

Aux termes de l’art. 8 du Code de commerce, o tout commerçant est tenu d’avoir un livre journal qui présente, jour pur jour, ses dettes actives et passives, les opérations de son commerce, ses négociations, acceptations ou endossements d’clfets, et généralement tout ce qu’il reçoit et paye, à quelque litre que ce soit ; et qui énonce mois par mois les sommes employées à la dépense do sa mai-