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Histoire de France A.M.D. G. (Ad majorent Dei gloriam), publiée pour la première fois en 1814, et à laquelle nous avons consacré un article particulier (v. Franck [histoire de]). Tout ce qui avait été écrit jusque-là pour la jeunesse lui semblant entaché plus ou moins de philosophie, il imagina d’arranger ad majorent Dei gloriam tous les livres destinés à l’enseignement, changea les textes et accommoda les faits à sa guise, falsifiant audacieusement la vérité pour la présenter sous un jour favorable aux doctrines de la société. Outre de nombreuses éditions d’auteurs classiques publiées pour la plupart à Lyon, le plus souvent avec traduction en regard, nous citerons de lui : Dictionnaire classique de la langue française ; Grammaire française, de Lhomond. revue, corrigée et augmentée ; Grammaire latine, de Lhomond, revue, corrigée et augmentée ; Traité de l’élégance et de la versification latine ; Sommaire de la géographie des différents âges et Traité abrégé de sphère et d’astronomie ; Éléments d’arithmétique (tous ces ouvrages ont paru pour la première fois avant 1810) ; Cours d’histoire classique ; Tableau chronologique de l’histoire ancienne et moderne ; Histoire sainte ; Histoire ecclésiastique abrégée ; Histoire ancienne ; Histoire romaine ; Histoire de France jusqu’à tannée 1814 (1814 ; 2e édit., 1816) ; Histoire a Angleterre ; Histoire du Bas-Empire ; Abrégé de l’histoire générale des voyages, par Laharpe, avec un extrait des voyages plus récents (1829-1830, 30 vol. in-S°), et autres ouvrages en grand nombre, soumis aux mêmes épurations et corrections. Enfin on a de lui : Particularités édifiantes sur quelques étudiants (1827, in-18) ; Annales (inédites) du petit séminaire de Saint-Acheul (3 vol. in-4o) ; Manuel du catéchiste (1832, in-18) ; Aies doutes ou Séries de questions (1832, in-32) ; la Détionon à saint Joseph (1833, in-12) ; Problèmes proposés à tous les âges (1839, in-32), etc.

LORIS s. m. (lo-ri). Mamm. Genre de quadrumanes, de la famille des lémuriens, formé aux dépens des makis, et dont l’espèce type habite l’île de Ceylan : Le loris est un animal nocturne, (E. Desmarest.) Le loris est trèsremarquable par la coupe de sa figure et par la singularité de sa conformation. (V. de Bomare.)

— Encycl. Les loris sont caractérisés par une tête ronde ; des oreilles courtes et velues ; des yeux très-grands ; un museau arrondi, court et relevé ; quatre incisives supérieures ; six inférieures proclives ; quatre mamelles provenant de deux glandes mammaires seulement ; des membres très-grêles ; le tibia plus long que le fémur ; les tarses postérieurs de moyenne grandeur ; les pouces des quatre pattes séparés. Ces quadrumanes, qui ont beaucoup de rapports avec les makis, habitent l’Ile de Ceylan. Ce sont des animaux mélancoliques, silencieux et très-lents dans leurs mouvements. Ils dorment tout le jour, et ne se réveillent que la soir pour aller à la recherche de leurs aliments ; ils se nourrissent d’œufs, d’insectes et de fruits. Ils sont très-doux, et s’apprivoisent aisément ; mais leur odeur est désagréable. Ou les nourrit, en captivité, de pain, de biscuits, d’œufs ou de fruits.

LOIUSCH (de), numismate et diplomate suédois, né en 1777, mort à Madrid en 1855. 11 remplit divers postes diplomatiques, en dernier lieu en Espagne, s’occupa d’études archéologiques, de numismatique, réunit une riche collection de médailles, et publia un certain nombre d’ouvrages, notamment une Description des monnaies et médailles celtibénennes (1852), justement estimée.

LOIUT1 (Henri), écrivain suisse. V.

RE ANUS.

Gla-

LORK (Josias), érudit et théologien allemand, né à Flensbourg en 1723, mort en 1785. 11 était pasteur de l’Église allemande à Copenhague, où il réunit, à ce qu’on assure, une collection de plus de cinq mille éditions différentes de la Bible. Cette riche collection fut achetée par le duc de Wurtemberg, après la mort de son possesseur, et transportée à Stuttgard. Le catalogue en avait été rédigé par Lork lui-même et le professeur Adler. 11 parut sous le titre de : Bibliotheai biblica (Altona, 1787, in-4o). On a de Lork :.Document potu- servir à l’histoire ecclésiastique du Danemark ta plus récente (Copenhague, 175C, in-8o) ; Continuation des notices sur l’état des sciences et des arts en Danemark (Copenhague, 1758-1769, 4 vol. in-S») ; Histoire de la Bible (1779-1783, 2 parties, in-8»).

LORMAN s. m. (lor-man). Crust. Nom vulgaire du homard dans le midi de la France. . LORME (Marion de), célèbre courtisane.

V. DliLORMK.

LORME (Thomas de), poète français. V. Delorme,

LOB.MEAU DE LA CROIX, littérateur français, né à Orléans en 1755, mort en 1776. Il Tint à Paris, où il fut enlevé par une mort prématurée. Ses poésies, écrites avec facilité, ont été réunies et publiées sous le titre de Recueil d’opuscules posthumes (1787).

LORMERIE s. f. (lor me-rl — du lat. lorum, courroie. Etym. douteuse). Techn. Petits ouvrages en fer que fabriquent les cloutiers, les éperonniers et les selliers. Il Ancien nom des ouvrages relatifs au harnachement des

LORR

chevaux, comme seJles, mors, éperons, etc., et du métier de ceux qui fabriquaient ces objets.

LORMES, bourg de France (Nièvre), ch.-l. de cant., arrond. et à 35 kilom. S.-E. de Clamecy, sur une colline au pied da laquelle coulent le Goulat et le Cornillat, dont la réunion forme la rivière d’Auxois ; pop. agir)., 1,900 hab. — pop. tôt., 3,010 hab. Carrièresde granit et de pierre de taille ; clouteries, tanneries, mégisseries, fours U chaux. L’église est pittoresquement située sur une butte isolée d’où l’on jouit d’un des plus beaux points de vue du Nivernais, et que couronnent les ruines d’un ancien château fort dont il subsiste des vestiges de fossés, des pans de murs et une tour.

LORMIAN (BAOCR-), poète et auteur dramatique français. V. Baoor-Lormian.

LOrmiEr, 1ÈRE adj. (lor-mié, iè-re — du lat. lorum, courroie). Techn. anc. Qui. a rapport à la fabrication des harnais. Il Qui fabrique des harnais : Sellier lormier.

— s. m. Ouvrier qui travaillait à la fabrication des harnais.

LORMONT, bourg et commune de France (Gironde), cant. du Carbon-Blanc, arrond. et à 5 kilom. N.-E. de Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne ; pop. aggl., 2, C56 hab.

— pop. tôt., 2,762 hab. Tuilerie, chantier de construction près du port. On y voit un ancien château des archevêques de Bordeaux.

LORMUSE s. f. (lor-mu-ze). Erpét. Nom vulgaire du lézard gris dans le midi de la France.

LORNSEiV (Uwe Jens), homme politique danois, né en 1793, mort en 183S. Il fit ses études de droit à Kiel et à Iéna, puis se fit inscrire avocat à Stesvig, et enfin entra dans les bureaux de l’administration à Copenhague, où il s’éleva au poste de conseiller de chancellerie. Nommé bailli de l’île de Silt, après la révolution de 1830, il voulut faire participer sa patrie au grand mouvement d’émancipation qui agitait l’Europe, et chercha à provoquer une manifestation populaire à la faveur de laquelle on pût réclamer une constitution pour le Slesvig-Holstein. Afin d’éveiller le sentiment national dans le cœur de ses compatriotes, il composa une brochure intitulée ; Dos verfussunyswerk in StesvigHolstein, qui souleva une certaine effervescence. Aussi, pour prévenir toute manifestation, le gouvernement danois fit-il saisir et emprisonner le chef des libéraux holsieinois. Après un an de détention, Lornsen partit.pour Rio-Janeiro, puis revint terminer sou existence en Suisse. On lui doit l’ouvrage suivant : Constitution commune au Danemark et au Slesvig-Holstein (Iéna, 1841, in-8o).

LOROGLOSSE s. m. (lo-ro-glo-se — du gr. lôron, lanière ; glàssa ; langue). Bot. Genre d’orchidées, syn. d’ACBRAS.

LOROUX (le), bourg de France (Loire-Inférieure), ch.-l. de cant., arrond. et à 19 kilom. N.-E. de Nantes ; pop. aggl., 1,303 hab.

— pop. tôt., 4,0(>7 hab. Commerce de bsstiaux ; récolte et commerce de vin de bonne qualité. Près de Loroux, sur un coteau dont la base est baignée par un étang, on voit les ruines pittoresques d’un vieux château habité jadis par le fameux Landais. Non loin de là, on a découvert récemment quelques ruines romaines et des tombeaux taillés dans la pierre coquillière, qui paraissent remonter à une époque très-reculée.

LORPIDON s. f. (lor-pi-don). Injure que l’on appliquait autrefois aux vieilles femmes : Vous avez menti, lorpidon, sorcière, cabas enfumé ! (Complém. de l’Acad.)

LORQUIN, ancien bourg de France (Meurthe), ch.-l. de cant., arrond. et à 10 kilom. S.-O. de Sarrebourg, sur la rive gauche de la Sarre-Blanche, cédé k l’Allemagne par le traité de 1871 ; pop. aggl., 980 hab. — pop. tôt., 1,035 hab. Moulins à écorce ; tanneries ; brasseries ; commerce de bois. On y trouve quelques vestiges d’antiquités gallo-romaines et du moyen âge.

LOURACH, ville du grand-duché de Bade, dans le cercle du haut Rhin, ch.-l. du baillinge de sou nom, à 46 kilom. S.-O. de Fribourg, près de la frontière de la Suisse ; 3,000 hab. Collège. Fabrication d’indiennes, calicots, tissus iiuprimés. Commerce de tabac, vins, fruits et grains.

LORRAIN, AINE s. et adj. (lo-rain, ai-ne). Géogr. Habitant de la Lorraine ; qui appartient à la Lorraine ou à ses habitants : Le Lorrain, comme l’Alsacien, est généralement bon cauatier, (A, Hugo.) La vocation militaire du Lorrain éclate partout. (Michelet.) Le patois lorrain est antérieur à la langue latine, et bien loin de lui avoir fait des emprunts, il l’a enrichie d’un grand nombre de locutions. (A. Hugo.)

— Loc. prov. Lorrain vilain, traître à Dieu et à son prochain, S’est dit, au temps de la Ligue, des princes de la maison de Guise et de ses habitants, et depuis a été abusivement appliqué à tous les Lorrains.

— s. m. Métrol. anc. Petite monnaie de billon frappée par des princes de la maison de Lorraine.

— Linguist. Patois propre à la Lorraine.

— Encycl. Linguist. Le langage rustique de l’ancienne province de la Lorraine appar LORR

tient à la grande famille des idiomes populaires de la langue d’oil. On a généralement pris le messin pour type du patois lorrain ; maison petit nombre de philologues ont vouiu reconnaître ce type dans le patois du Bande-la-Roche, idiome exceptionnel, parlé dans un petit coin des montagnes des Vosges. M. Jouve, dans une étude récente, rattache le patois vosgien à une grande tribu qui s’étendait depuis le sud des Vosges dans les vallées de la Muselle et de la Meurthe, de la Meuse et de la Sambre, jusqu’à Namur et à Liège. Ce n’est pas seulement dans les mots, c’est surtout dans l’accent que l’on reconnaît cette parenté étroite. Il est très-facile de prendre, à son langage, un Ardennais pour un Lorrain. Le patois vosgien est donc la type du patois lorrain ; mais il se distingue en autant de variétés dialectiques que de cantons. Toutefois, les nuances que l’on y remarque portent plutôt sur la manière de prononcer les mots que sur le fonds même du langage. Ce patois est plus uniforme dans la partie qu’on appelle la plaine, à l’ouest ; dans l’est, au milieu des montagnes et des vallées étroites qu’elles enferment et où l’élément germanique prévaut, les variétés sont très-sensibles, les sources étymologiques sont moins identiques et la prononciation des mêmes mots présente des différences capitales. Deux points de la montagne se distinguent entre tous : Gérardmer, où l’ûpreté du dialecte a un caractère singulier qui le rend incompréhensible au dehors du canton, et ie Ban-de-la-Roche, où l’aspiration est aussi forte et aussi fréquente qu’à Gérardmer, et où l’on emploie les doubles articulations dj, (j, dch, tch à la place du/, du g doux et du c/i français. Ces articulations dentales ne sont usitées nulle part ailleurs dans le reste de la Lorraine, pas même dans les cantons les plus voisins du Ban-de-la-Roche. On les trouve cependant au sud-est du département, liais un peu modifiées, au Thillot, sur les contins des dialectes suisses et jurassiens.

En général, les patois vosgiens ont quelque chose de traînant, de lourd, qui les fait reconnaître en tout lieu. Dans la montagne, particulièrement, on trouve un grand nombre de syllabes longues, de tinales, pour la prononciation desquelles il faut largement écarter les mâchoires sans beaucoup desserrer les lèvres, ce qui rappelle le mauvais grasseyement de l’Alsace. Au sud, sur le versant de. la Saône, le patois prend les teintes du franccomtois. À l’ouest, où les origines sont plus franchement latines, le langage n’a pas la même.rudesse que sur la montagne. Au nord, dans les vallées de la Moselle, il prend les nuances du patois messin ; il devient plus doux, plus clair ; il a plus de babil, plus de gaieté.

Le patois, lorrain n’a presque pas de voyelles qui conservent le même son que dans notre langue : les a deviennent des e ou des o, les u des i, et réciproquement. Si le patois dit gémé au lieu de jumeau, gigier pour gésier, c’est qu’il se rapproche davantage des mots latins gemelius et gigerium, et ce n’est pas assurément par caprice ou par hasard. L’e muet ne se rencontre guère que dans les syllabes féminines. Le son u est le plus rare. La diphthongue ui n’existe pas, mais les diphlhongues oua, Oué, ouo sont iréquentes. Les nasales sont généralement évitées. Les sons an, en, sont représentés par au, ô, ©.bref, ou, e, a. Par exemple, bande fait baude ; enflure, aufiesse ; dentelle, dotelte ; moment, momot, etc., etc. La nasale t’n est prononcée dans toute la Lorraine à la façon des ing anglais et allemand. Oin n’existe que dans le mot boin, bon, qui se prononce aussi boi ; coin se dit coi ; pointe, ponàte, etc.

Les consonnes r, l, f, c qui terminent les mots français ne sonnent pas dans les mots patois correspondants. Par exemple : chair se dit châ ; soir, sd ; avril, anri ; sel, sait ; bief, èié, etc.

Le ?■ est souvent retranché ou transporté. Exemple ; chambre, ebambe ; encre, auque ; livre, live ; coffre, coffe ; fromage, fourmage ; ombre, orbe ; premier, peurmé, etc.

Dans les consonnes composées avec /, cette dernière lettre disparaît souvent ou permute avec i, à la façon italienne. Exemple : diable, diube ; plus, pu, — blé, bié ; blanc, liane. D’autres fois l persiste, et la consonne qui le précède disparaît. Exemple : double, ddle ; diable, diale ; table, tauye et taule, etc.

Mais le son le plus caractéristique du patois vosgien, particulièrement dans la montagne, est l’aspiration gutturale qui lui est venue de l’allemand, ou que le celtique a aussi pu lui transmettre.’ Cette aspiration, que l’on représente par n ou par le ch allemand, représente s, g, j, ch du français et la particule initiale é ou ex. Par exemple : sœur, hieu ; six,  ; gonfler, hoffié ; jeter, hlié ; chauffer, Aau/yïe ; échelle, haute ;èio%, htelle ; étable, htaule ; épi, hpi ; épaule, hpaule ; ébouler, hboula ; asseoir, ehêre ; descendre, déhande ; plaisir, piahi ; maison, mâhon.

La plupart des mots commençant par h admettent un e initial. Exemple : ehtelle, ehboula, etc. Il remplace aussi r, s, s à la fin des mots : cœur, cœuh ; obtus, teuh ; riz, rih, etc.

Un des caractères distinctifs du patois des environs de Rambervillers, c’est la terminaison zo ou zor, qui le rapproche de celui de Lunéville. Exemple : Alâ c’étézo dépovote, mais c’était d’épouvante. Zar est la syllabe

LORR

primitive ; c’est une espèce d’enclitique qu’on place après un verbe, généralement à l’imparfait, pour donner plus de force à l’affirmation

La conjugaison du vos»ien est d’une simplicité extrême ; elle a plus de rapport avec les langues septentrionales qu’avec le latin. Ainsi, à l’exception du présent de l’indicatif, toutes les personnes du pluriel n’ont d’autre caractère distinctif que le pronom, et les trois personnes du singulier se réduisent à deux. Le substantif et l’adjectif, suivant Oberlin, se comportent souvent à la manière allemande. Ainsi l’on dit, en plaçant l’adjectif avant le substantif : savaidge jas, coq sauvage,

La littérature du patois lorrain n’est guère riche. Des noels, des chansons populaires, des contes de veillée, des anecdotes grivoises ou moqueuses, voilà à peu près tout le bagage littéraire de cet idiome. Cependant le dialecte des environs de Metz possède quelques monuments écrits ; nous citerons particulièrement : la Grossr enitvaraye messine (Metz, 1615, 111-8") ; te Dialogue facétieux d’wig gentilhomme français, en vers messins (Metz, 1071, in-16) ; la Famille ridicule, comédie messine, par J. Leduchat (Berlin, 1720, in-8") ; ChauHettrlin, poëme en patois messin (Metz, 1787, iu-80) ; Dialogue de Toinette et d’Alizon (lJaris, 185S, in-12) ; Histoire véritable de Vernier, maître tripier du Champé (Metz, 1844, in-S°).

Plusieurs chansons lorraines ont aussi été publiées par Oberlin dans son Essai sur le patois lorrain des environs du Ban-de-la-Rodie (Strasbourg, 1775), et par Fallot dans ses Recherches sur le patois de Franche-Comté, de Lorraine et d’Alsace.

On peut consulter sur les patois lorrains les ouvrages suivants : Vocabulaire austrasien (Metz, 1773, in-8») ; Cordier, Vocabulaire. des mots patois en usage dans le département de la Meuse (Paris, 1833, in-8<>) ; Oberlin, Essai sur le patois lorrain des environs du Ban-de-la-Roche (Strasbourg, 1775, in-S°) ; Jouve, Coup d’œil sur les patois vosgiens (Epinal, 1864, in-is).

— Econ. rur. Cheval lorrain. On assure que le cheval lorrain ajoui jadis d’une grande réputation ; on a même voulu le faire descendre directement de l’arabe. La vérité est que les anciens ducs de Lorraine introduisirent dans le pays des chevaux turcs, tartares, hongrois et transylvains. L’ancien roi de Pologne Stanislas fit de nouvelles importations de sang oriental. Au xviro siècle, le cheval lorrain était déjà fort dégénéré. En 1766, un dépôt d’étalons fut créé à Rozières, près de Nancy, et peuplé de reproducteurs ayant tous quelques traces de sang oriental. Cette mesure n eut que de faibles résultats et ne fut pas d’ailleurs longtemps continuée. Malgré leur état de dégradation, les chevaux lorrains ont toujours été remarquables par leur énergie, leur sobriété, leur résistance à la fatigue. Ce pauvre animal, à qui l’on prodigue les expressions méprisantes de haretard, haridelle, n’est donc pas dépourvu da mérite. Il a une belle tète fine et pleine d’expression. Chez lui l’encolure est grêle, le dessus assez correct, le dessous rarement déshonoré par d’autres tares que celles qui naissent de l’abus du travail et de l’usure prématurée ; mais ses formes anguleuses n’ont aucune distinction, et son corps aplati déplaît à l’œil. Les membres, quoique minces et grêles, sont sains et vigoureux. Les articulations sont courtes, effacées, trop faibles ; les jarrets presque toujours coudes et trop près l’un de l’autre. La taille varie de lm,30 u im,50.


LORRAIN (Claude Gelée, dit Claude), paysagiste illustre, né au château de Chamagne, sur les bords de la Moselle, près de Mirecourt, en 1600, mort à Rome en 16S2. L’histoire de l’art a peu de figures plus intéressantes, plus sympathiques que celle de ce maître. D’une famille pauvre et le troisième de cinq enfants, il fut orphelin à l’âge de douze ans, et alla travailler auprès de son frère aîné, graveur, à Fribourg depuis longtemps. Il y avait déjà plus d’un an qu’il burinait ainsi de misérables vignettes pour le commerce, quand un de ses parents, marchand do dentelles, mercante di merletti, dit Baldinucci, lui pruposa d’aller à. Rome avec lui. Grande fut la joie de Claude. Le voilà donc à Rome, cherchant à devenir un habile graveur. Ainsi s’écoulèrent trois ou quatre ans. Mais ce temps l’avait déjà transformé. L’attrait instinctif qui lui faisait passer au Vatican, à la’Sixtine, de longues heures devant les chefs-d’œuvre de Michel-Ange et de Raphaël, avait fuit jaillir l’étincelle divine de son génie, 11 courut à Naples chez Godefroy Walss, le seul artiste dont le nom lui fût connu. Sa belle tête, si grande, si calme et si douce, frappa le maître, qui lui fit bon accueil. Claude Lorrain avait ulors dix-huit ans. Après deux ans de séjour dans cet atelier, où l’architecture et la perspective l’avaient absorbé presque exclusivement, il revint à Rome, impatient de voler de ses propres ailes ; mais il avait compté sans la pauvreté. Dépourvu damoyens d’existence, il lui fallut se faire, c’est Sandrart qui nous le raconte, le domestique d’Augustin Tasti, un vieux peintre goutteux, fort recherché pour son esprit et qui menait, en grand seigneur, une existence somptueuse. Comme il était accablé de travaux, et qu’il n’y pouvait suf*