Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/329

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avaient formé une grande quantité d’hommes qui composaient une cour d’habiles personnages et de courtisans raffinés. « Tant que l’infatuation de la dignité et de la prérogative royale n’eut pas tout absorbé chez Louis XIV, tant qu’il ne voulut que ce qui était raisonnable, réellement grand, avantageux au pays, il aima ces hommes forts et habiles ; il ne redouta pas leurs conseils, conformes à ses propres pensées, il se fit même honneur de leurs talents et de leurs lumières. Mais, à mesure qu’il s’enfonça dans l’idolâtrie de lui-même, ces conseillers lui devinrent importuns. Quand sa passion avait dérangé tous leurs plans, et qu’il lui fallait écouter leurs réflexions, sinon leurs plaintes, il s’irritait. Son orgueil s’offensait aussi de ce qu’on pouvait leur attribuer une part dans ses entreprises. Aussi les hommes d’élite ne tardèrent pas à lui être à charge ; il se félicitait lorsque la mort l’en délivrait et prévenait ainsi leur disgrâce. C’est ce que Saint-Simon nous dévoile fort bien, dans son style incisif : « Il avait été fatigué de la supériorité d’esprit et de mérite de ses anciens ministres, de ses anciens généraux. Il voulait primer par l’esprit, par la conduite dans le cabinet et dans la guerre, comme il dominait partout ailleurs. Il sentait qu’il ne l’avait pu avec ceux dont nous venons de parler ; c’en fut assez pour sentir le soulagement de ne les avoir plus, et se bien garder d’en choisir à leur place qui pussent lui donner la même jalousie. »

On pourrait croire que Saint-Simon exagère, si nous n’avions à ce sujet l’aveu du monarque lui-même : « Il me semble que l’on m’ôte de ma gloire quand sans moi on en peut avoir… Ce ne sont pas les bons conseils ni les bons conseillers qui donnent de la prudence au prince ; c’est la prudence du prince qui seule forme les bons ministres et produit les bons conseils qui lui sont donnés. » (instructions pour le Dauphin.)

« Les fautes que j’ai faites ont été par complaisance et pour me laisser aller trop nonchalamment aux avis des autres. » (Réflexions sur le métier de roi.)

Quelle ingratitude pour les plus grands ministres qu’ait eus la France !

Ainsi se fortifiait de jour en jour, dans cet homme infatué de lui-même, l’idée étrange et invraisemblable que c’était bien lui qui avait le génie de Colbert, de Louvois et de Vauban, qu’il réformait l’administration et les finances avec les deux premiers, qu’il fortifiait les villes avec le troisième et qu’il gagnait en personne les victoires de Turenne et de Condé. Après ces grands hommes que Louis XIV traite avec un si singulier dédain, « la machine roula encore quelque temps d’impulsion, » dit Saint-Simon ; bientôt les fautes se multiplièrent et la décadence arriva, sans toutefois que le maître ouvrît les yeux, et vît qu’elle avait pour cause première son égoïsme. Plus les fautes s’accumulèrent, plus sa haine s’aigrit contre les hommes qui pouvaient le juger. Il n’y eut plus place à Versailles que pour les courtisans béats ayant abdiqué toute intelligence, toute liberté d’esprit. Penser, parler furent deux torts impardonnables à ses yeux ; c’était un commencement de sédition. Racine meurt disgracié pour avoir écrit un mémoire sur l’état du royaume ; Fénelon est exilé vingt ans, bien plus pour le Télémaque que pour le quiétisme. Saint-Simon, suspect du délit de voir clair et de juger, passe sa vie à l’écart, attendant à tout moment l’ordre d’exil. Ayant conjecturé, fort juste, que Lille capitulerait avant d’être secourue, il se voit appelé dans le cabinet du monarque et croit l’heure fatale arrivée. « Monsieur, lui dit le roi, vous parlez, vous blâmez ! » Saint-Simon répond que les occasions donnent lieu de parler naturellement quelquefois. «  Mais, reprend le roi, vous parlez sur tout, sur les affaires !… » Et de quoi aurait-il voulu qu’on parlât en 1709, après Malplaquet ? Le maréchal de Vauban, illustre par sa longue carrière, honoré de toute la France, écrit sur l’impôt un livre, fruit de longues recherches, conçu dans l’intérêt de l’administration comme au point de vue du bien public ; il présente ce livre au roi. « Dès ce moment, dit Saint-Simon, ses services, sa capacité militaire, unique en son genre, l’affection que le roi lui portait jusqu’à croire se couronner en l’élevant, tout disparut à ses yeux ; il ne vit plus en lui qu’un insensé pour l’amour du bien public, et qu’un criminel qui attentait à l’autorité de ses ministres, par conséquent à la sienne ; il s’en expliqua sans ménagement. Le malheureux maréchal, porté dans tous les cœurs français, ne put survivre aux bonnes grâces de son maître, pour qui il avait tout fait. Il mourut peu de mois après, ne voyant plus personne, consumé de douleur et d’une affliction que rien ne put adoucir, et à laquelle le roi fut insensible jusqu’à ne pas faire semblant qu’il eût perdu un serviteur si utile et si illustre. »

Tels étaient les agissements de ce roi qui prétendait que les bons monarques font les bons conseillers ; que le succès est l’œuvre propre du maître, et que les revers viennent des fautes des autres. Il en arriva à régner seul, au milieu du silence, du mutisme ; mais cela n’empêcha pas le fleuve de suivre son cours et d’engloutir peu à peu le monarque, ses courtisans et la France elle-même.

Chose plus remarquable encore, il portait le même égoïsme dans la galanterie, qui tient tant de place sous son règne, et jusque dans les affections de famille. Cette longue chronique scandaleuse porte-t-elle la moindre trace d’affection, d’expansion, de tendresse ? En aucune façon. L’orgueil avait desséché, flétri ce cœur hautain, qui n’aimait que lui-même dans les autres. « N’ayez jamais d’attachement pour personne, » conseillait-il à son petit-fils ; et pour lui, toujours il considéra sa propre émotion comme un échec à la majesté royale ; aussi se garda-t-il d’en éprouver. Il perdit successivement frère, fils, femme, sa famille entière, hormis un enfant, et sa vie n’en fut pas même dérangée ; il ne permit pas à la douleur de troubler sa dignité, et le deuil l’importuna, même dans les autres. Nulle part cet égoïsme, cette exagération de personnalité n’est visible comme dans le récit suivant de Saint-Simon. On va voir le monarque à nu. « Mme la duchesse de Bourgogne était grosse et fort incommodée. Le roi voulait aller à Fontainebleau, contre sa coutume, dès le commencement de la belle saison, et l’avait déclaré ; il voulait faire ses voyages de Marly en attendant. Sa petite-fille l’amusait fort ; il ne pouvait se passer d’elle, et tant de mouvement ne s’accommodait pas avec son état. Mme de Maintenon en était inquiète ; Fagon en glissait doucement son avis. Cela importunait le roi, accoutumé à ne se contraindre pour rien, et gâté pour avoir vu voyager ses maîtresses grosses ou à peine relevées de couche, et toujours en grand habit. Les représentations sur les Marly le chicanèrent sans pouvoir les rompre ; il différa seulement à deux reprises celui du lendemain de la Quasimodo, et n’y alla que le mardi de la semaine suivante, malgré tout ce qu’on put dire ou faire pour l’en empêcher ou pour obtenir que la princesse demeurât à Versailles.

« Le samedi suivant, le roi se promenant après sa messe et s’amusant au bassin des carpes, entre le château et la perspective, nous vîmes venir à pied la duchesse de Leude toute seule, sans qu’il y eût aucune dame avec le roi ; ce qui arrivait rarement le matin. Il comprit qu’elle avait quelque chose de pressé à lui dire ; il fut au-devant d’elle, et quand il en fut à peu de distance, on s’arrêta, et on le laissa seul la joindre. Le tête-à-tête ne fut pas long. Elle s’en retourna, et le roi revint vers nous, et jusque près des carpes, sans mot dire. Chacun vit bien de quoi il était question, et personne ne se permit de parler. À la fin le roi, arrivant tout auprès du bassin, regarda ce qui était là de plus principal, et sans adresser la parole à personne dit, d’un air de dépit, ces paroles : « La duchesse de Bourgogne est blessée. » Voilà M. de La Rochefoucauld à s’exclamer, M. le duc de Bouillon, le duc de Tresmes, le maréchal de Boufflers à répéter à basse note ; puis M. de La Rochefoucauld à se récrier plus fort que c’était le plus grand malheur du monde, et que, s’étant déjà blessée plusieurs fois, elle n’en aurait peut-être plus. « Eh ! quand cela serait, interrompit le roi tout d’un coup avec colère, qui jusque-là n’avait dit mot, qu’est-ce que cela me ferait ? Est-ce qu’elle n’a pas déjà un fils ? et quand il mourrait, est-ce que le duc de Berry n’est pas en âge de se marier et d’en avoir ? et que m’importe qui me succède des uns ou des autres ? ne sont-ce pas également mes petits-fils ? » Et tout de suite avec impétuosité : « Dieu merci, elle est blessée puisqu’elle avait à l’être, et je ne serai plus contrarié dans mes voyages et dans tout ce que j’ai envie de faire par les représentations des médecins et les raisonnements des matrones. J’irai et je viendrai à ma fantaisie, et on me laissera en repos. » Un silence, à entendre une fourmi marcher, succéda à cette espèce de sortie. On baissait les yeux ; à peine osait-on respirer. Chacun demeura stupéfait. Jusqu’aux gens des bâtiments et aux jardiniers demeurèrent immobiles. Ce silence dura plus d’un quart d’heure.

« Le roi le rompit, appuyé sur la balustrade, pour parler d’une carpe ; personne ne répondit. Il adressa après la parole sur ces carpes à des gens de bâtiments, qui ne soutinrent pas la conversation à l’ordinaire ; il ne fut question que de carpes avec eux, tout fut languissant, et le roi s’en alla quelque temps après. Dès que nous osâmes nous regarder hors de sa vue, nos yeux se rencontrant se dirent tout. Tout ce qui se trouva là de gens furent pour ce moment les confidents les uns des autres. On admira, on s’étonna, ou s’affligea, on haussa les épaules. Quelque éloignée que soit maintenant cette scène, elle m’est toujours présente. M. de La Rochefoucauld était en furie, et pour cette fois n’avait pas tort ; le premier écuyer en pâmait d’effroi : j’examinais, moi, tous les personnages des yeux et des oreilles, et je me sus gré d’avoir jugé depuis longtemps que le roi n’aimait et ne comptait que lui, et était à soi-même sa fin dernière. »

Dans cette page, l’égoïsme revêt un caractère tellement monstrueux qu’il en est effrayant. Chez le grand roi l’exagération de la personnalité avait tué toute intelligence, toute sympathie ; elle supprima de même, à son profit, la religion et la morale. C’est ce qui ressort le plus clairement de cette longue vie passée à ne jamais rien se refuser. Tout ce que Louis XIV a désiré non-seulement pour la gloire du souverain, mais pour la volupté de l’homme, il eût été humilié de n’en pas jouir. De là tant de pompeux scandales, cette gravité dans les moindres fantaisies amoureuses, l’adultère élevé à une dignité solennelle, ces mœurs que l’on pourrait appeler mythologiques au milieu d’une dévotion d’étiquette et de parade. Il trouva toujours des confesseurs accommodants, prêts à traiter en raison d’État ses faiblesses, ses débauches, et, jusque dans la chaire, des flatteurs de son orgueil. D’ailleurs ses idées sur la nature divine de ses droits, de son pouvoir repoussaient toute communauté d’asservissement à la religion du vulgaire ; il pensait faire assez pour Dieu en enrichissant ses ministres et en persécutant ceux que les prêtres désignaient à ses rigueurs. De là son penchant à faire son salut sur le dos des autres, comme dit Saint-Simon. Il lui fallait toujours avoir une persécution sous la main, afin de contre-balancer ses fautes par son zèle religieux, d’acheter son absolution par des proscriptions ou des supplices ; après la révocation de l’édit de Nantes et la ruine de Port-Royal, le clergé invente la bulle Unigenitus, pour qu’il puisse encore persécuter.

Malgré tout, au lit de mort, quoi qu’il ait dit et quoi qu’il ait pensé de son infaillibilité, des lumières d’en haut départies aux rois, Louis XIV se sentit faible et se rejeta sur son ignorance. Ce n’est pas lui qui a décidé, ce n’est pas lui qui a voulu, ce sont les autres ; il ne veut plus accepter la responsabilité de rien. Écoutons encore Saint-Simon :

« Il appela deux cardinaux, protesta qu’il mourait dans la foi et la soumission de l’Église ; puis ajouta, en les regardant, qu’il était fâché de laisser les affaires de l’Église en l’état où elles étaient ; qu’il y était parfaitement ignorant ; qu’ils savaient, et qu’il les en attestait, qu’il n’y avait rien fait que ce qu’ils avaient voulu ; que c’était donc à eux à répondre devant Dieu pour lui de tout ce qui s’y était fait de trop ou de trop peu ; qu’il protestait de nouveau qu’il les en chargeait devant Dieu, qu’il en avait la conscience nette, comme un ignorant. »

Voilà ce que devient, en dernière analyse, l’infaillibilité des souverains ; au moment de l’expiation, ils ne trouvent plus assez de ministres responsables sur qui se décharger du poids des revers, des fautes et des crimes.

Quant à la grandeur militaire du règne, à l’éclat qu’il jeta au dehors par ses victoires, ses traités, ses conquêtes, il en faut aussi bien rabattre. Sans doute il serait injuste d’imputer à crime à Louis XIV le désir d’agrandissement de son royaume qui lui mit si souvent les armes à la main ; c’était l’illusion de toutes les dynasties régnantes, le désir de tous les peuples à une époque où la vie publique et commerciale n’était pas encore assez développée pour faire entrevoir la grandeur et la richesse autre part que dans de glorieuses conquêtes. Ce que nous voulons remarquer seulement, c’est la substitution progressive d’une personnalité, celle du roi, aux intérêts ou à la dignité d’un peuple, et les haines ou les rancunes princières invoquées comme casus belti.

La guerre de Flandre, qui se termine par le traité d’Aix-la-Chapelle et l’annexion des Flandres à la France (1668), est déclarée en violation flagrante des traités. Mais c’était assez ordinaire. « En se dispensant d’observer les traités, à la rigueur on n’y contrevient pas, parce qu’on ne prend pas à la lettre les paroles d’un traité. » (Instructions pour le Dauphin.)

Cette doctrine de Louis XIV toute choquante qu’elle soit, avait alors l’approbation unanime, et la faveur publique suivit le monarque dans toute cette campagne glorieuse. La seconde guerre, qui se termina par le traité de Nimègue (1672-1678), basée sur une semblable violation, éveilla encore le même enthousiasme ; mais déjà commençait le divorce entre les passions du roi et les intérêts de la France. Les hommes sages déploraient cette nouvelle prise d’armes dans laquelle il était aisé de voir que la France avait été sacrifiée au désir de se venger des gazetiers de Hollande et de punir le prince d’Orange, coupable d’avoir refusé une fille de Mlle de La Vallière. Les brillants succès du début de la guerre furent amplement compensés par l’incendie du Palatinat et la mort de Turenne. La troisième guerre, terminée par la paix de Ryswyk, fut plus fatale ; c’est dans cette guerre que commence la faveur donnée exclusivement aux mauvais généraux, résultat ordinaire du pouvoir personnel poussé à ses limites extrêmes ; elle a pour résultat la ruine de la France au dedans et au dehors, son influence amoindrie par une paix honteuse ; Louis XIV est obligé de reconnaître, malgré la légitimité des Stuarts, le prince d’Orange comme roi d’Angleterre. La guerre de la succession d’Espagne, qui clôt la série, montre un oubli encore bien plus complet des intérêts de la France. L’homme qui avait dit « l’État c’est moi » sacrifie tous les bénéfices que procurait à l’État le partage de 1698 au désir de voir Philippe V régner sur l’Espagne. Bien plus, la prétention de soutenir les armes à la main la légitimité des Stuarts, après avoir signé le traité de Ryswyk, fait tomber sur la France pendant quatorze ans les plus effroyables calamités et la met à deux doigts de sa perte. Qu’importe ? il fallait dégager la parole royale, donnée imprudemment au lit de mort de Jacques II, de reconnaître le prince de Galles !

Ainsi la vanité, l’orgueil, des haines de prince ou l’intérêt personnel, voilà tout ce qu’on trouve au fond de ces immenses guerres dont la France eut tant de peine à se relever. Dans la politique comme dans l’alcôve, dans la religion comme dans la famille, un seul sentiment et le plus méprisable de tous, l’égoïsme, inspire ou domine toutes les résolutions de Louis XIV ; c’est le développement de son infatuation énorme qui constitué l’histoire de son règne, infatuation qui naît tout naturellement dans le milieu glorieux où vit le monarque, puis se fatigue de ces hommes de génie qui semblent lui voler sa gloire, se livre aux incapables, aux flatteurs, aux courtisans, amène avec eux le déclin rapide de la monarchie et s’exaspère en raison même des revers qu’elle a provoqués. On suit, pour ainsi dire, à la trace avec Saint-Simon, et on s’explique, sans avoir recours aux influences pathologiques, l’affaiblissement de l’esprit marchant du même pas que la perversion du sentiment moral chez Louis XIV ; on observe l’effet graduel et inévitable du pouvoir absolu sur l’intelligence et les facultés de celui qui l’exerce. C’est une belle leçon historique, cette longue et solennelle existence, commencée dans une auréole de gloire, au milieu de l’idolâtrie nationale, avec Condé, Turenne, Colbert, achevée dans les revers, les désastres, avec Chamillard, Villeroy, Voisin, et couronnée par les malédictions de tout un peuple accompagnant aux caveaux funèbres de Saint-Denis les dépouilles de celui qui avait été le grand roi.

— Iconogr. Les plus célèbres artistes du temps de Louis XIV se sont naturellement disputé la faveur de reproduire ses traits. Ses images peintes, sculptées et gravées sont excessivement nombreuses ; nous nous contenterons d’en citer quelques-unes.

M. Rigaud a été l’un des portraitistes ordinaires de Louis XIV ; l’image la plus importante et la plus connue qu’il nous a donnée du grand roi est datée de 1701 et se voit au Louvre : elle représente le monarque debout, couvert de son manteau royal et s’appuyant sur son sceptre. Ce tableau a été gravé par P. Drevet en 1712. Il en existe une répétition dans les galeries de Versailles. Ce dernier musée possède plusieurs autres portraits de Louis XIV, par Jean Garnier, Pierre Mignard, H. Testelin (1648), etc. Le tableau de Testelin nous montre le prince à l’âge de dix ans. Celui de Mignard nous le fait voir à cheval et couronné par la Victoire. Au musée de Montpellier est un portrait par Jean Ranc ; à Dijon, un portrait équestre par Van der Meulen. À Versailles encore est un très-beau portrait par Charles Lebrun ; le roi monte sur un cheval blanc, richement vêtu, et tient à la main droite un bâton de commandement ; dans le fond du tableau, on voit des cavaliers qui se dirigent vers une ville incendiée. Gérard Edelinck a gravé de nombreux portraits de Louis XIV, les uns de sa propre composition-, les autres d’après Charles Labrun, J.-B. Corneille, Nanteuil (1679), J. de La Haye, Bonnet, H. Watelé. D’autres portraits ont été gravés par Jean Boulanger (d’après Chauveau), L. Bernard (d’après Poerson), Jean Cotelle le père, Pierre Landry, Robert Nanteuil (1661), François Chauveau, Blootelingh, Phil. Bouttats, Claude Mellan, J.-C. François, Guiseppe Longhi (d’après Bervic), P. Caronni (1817).

Coysevox est le sculpteur qui fut appelé le plus souvent à retracer en marbre ou en bronze l’image du grand roi. Il exécuta notamment : une statue de marbre blanc, qui se voyait autrefois dans la cathédrale de Paris, près du grand autel, et qui représentait le monarque à genoux et priant pour accomplir le vœu fait par son père ; une statue en bronze, qui fut érigée dans la cour intérieure de l’hôtel de ville de Paris, et qui représentait Louis XIV habillé en triomphateur romain et coiffé d’une énorme perruque ; un buste de marbre, qui orne encore aujourd’hui le vestibule de l’escalier de marbre à Versailles ; un bas-relief de marbre, qui est au Louvre, et enfin une statue équestre de 15 pieds de haut, qui fut érigée à Rennes en 1726 et qui a été détruite pendant la Révolution.

Une statue équestre de Louis XIV, modelée par Girardon et fondue en bronze d’un seul jet par les Keller, avait été érigée sur la place Vendôme ; les cartels et les ornements de bronze du piédestal étaient dus au génie de Coustou le jeune. Ce monument, qui a péri pendant la Révolution, était regardé comme le chef-d’œuvre de Girardon. « La proportion des rapports entre ce trophée et les bornes de la place qu’il décore, l’attitude noble du héros, la fierté du cheval, l’exécution parfaite des accessoires, tout concourt, a dit l’abbé de Fontenai (Dict. des Artistes, 1770), à former le coup d’œil le plus imposant et le plus magnifique. » Le modèle de la statue équestre faite par Girardon est au Louvre ».

Sur la place des Victoires à Paris, on voyait, avant la Révolution, un monument important dû à Martin van den Bogaert, dit Desjardins : il se composait d’une statue de Louis XIV couronné par la Victoire et foulant aux pieds Cerbère, symbole de la Triple Alliance ; ce groupe en métal doré surmontait un piédestal, flanqué aux angles de quatre statues d’Es-