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vée, Napoléon eut la lâcheté de le faire interroger sur l’endroit où il avait caché ses trésors : « J’ai perdu bien autre chose que des trésors ! » dit froidement le prisonnier. Enfermé d’abord au Temple, à Paris, il fut ensuite transféré au château de Joux (1802), où un jour il fut trouvé mort, de froid, disent les uns, empoisonné, disent les autres.

Quelque jugement qu’on forme sur cet homme vraiment extraordinaire, on ne peut lui contester une très-haute intelligence, un admirable talent pour gouverner les hommes, une merveilleuse habileté à punir et à pardonner à propos, sinon au point de vue de la justice et de l’équité, au moins à celui de la politique. Séduire les blancs et dominer les noirs, tel fut son système constant, système qui lui réussit d’une façon merveilleuse, parce qu’il était basé sur la connaissance exacte du caractère des deux races : Toussaint Louverture, dans son existence longue et agitée, eut l’occasion de trahir beaucoup de causes ; mais tout prouve que s’il eût pu asseoir son autorité sur des bases durables, il aurait travaillé avec succès à la prospérité de la colonie.

Louverture (Toussaint), drame en cinq actes et en vers, par Lamartine, représenté au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 6 avril 1850. Le caractère de Toussaint Louverture, les circonstances qui ont signalé sa lutte ouverte contre les Français et précédé de peu la fin de sa carrière si étrange et l’on peut dire si glorieuse, la grandeur véritablement héroïque de son entrevue avec ses deux fils, qu’il invite à choisir entre lui et les Français, tous ces faits, rigoureusement historiques, offraient des éléments admirables pour le drame le plus émouvant. Mais Lamartine est tombé dans des erreurs capitales, qui ont lieu d’étonner de la part d’un si grand talent. Une analyse rapide de la pièce suffira pour prouver la justesse de notre appréciation.

Le premier acte est conçu comme le début d’un opéra. Des danses et des chants encadrent un morceau lyrique, la Marseillaise noire, dont le refrain se répète en chœur. L’amour d’Adrienne, nièce du dictateur, pour Albert, son fils aîné, dont le nom véritable est Placide, est un de ces hors-d’œuvre qui passaient pour nécessaires au temps de Corneille et de Racine, mais que le public ne supporte plus aujourd’hui.

Au deuxième acte, l’escadre française est signalée. Toussaint Louverture donne ses ordres à ses lieutenants, Dessalines, Christophe, etc., qui les reçoivent avec une défiance visible. À cette scène succède un monologue étrange, qui ne convient ni au temps, ni au lieu, ni au personnage. Le dictateur s’attendrit, s’apitoie sur les douleurs de sa mission. Il songe à ses enfants et il hésite ; c’est un moine qui vient raffermir son courage ébranlé. Adrienne reparaît en ce moment ; Toussaint-Louverture se met en route sous sa conduite, déguisé en mendiant aveugle, afin de surprendre les plans du général Leclerc, chef de l’expédition contre Saint-Domingue.

Le troisième acte tout entier repose sur cette mesquine invention d’opéra-comique. La protection accordée à l’aveugle par Pauline Bonaparte, femme du général, est aussi romanesque qu’inadmissible. Le général se jette complaisamment dans le piège en remettant au prétendu mendiant une lettre pour le chef des noirs. Ici se place un dialogue entre le dictateur et ses fils qui ne le reconnaissent pas. En ce moment survient le général Moïse, qui, lui non plus, ne reconnaît pas son oncle, et vient livrer ses plans aux Français. Le faux aveugle le poignarde et s’enfuit au milieu d’une grêle de balles, laissant Adrienne entre les mains des ennemis.

Au quatrième acte, les fils de Toussaint-Louverture visitent Adrienne, prisonnière. Celle-ci se trouve être la fille du général Leclerc et d’une sœur de Toussaint-Louverture.

Au cinquième acte, nous retrouvons Toussaint-Louverture dans les mornes du Chaos, sa dernière retraite. Ses enfants vont lui porter une lettre du premier consul. Cette scène se recommande par des accents d’une incontestable vérité. L’amour paternel est profondément senti, et l’auteur trouve pour le peindre des couleurs dignes du sujet. Malheureusement, le père Antoine, ce moine malencontreux, revient déclamer sur la sainteté de la cause des noirs. Albert retourne auprès des Français, abandonnant au désespoir Adrienne, à qui son oncle confie le drapeau noir, cet emblème de la lutte jusqu’au dernier soupir. C’est la désigner cruellement aux balles françaises, et sans utilité, car sa mort ne dénoue rien.

Trop d’invention, dans un sujet si riche en lui-même, voilà le défaut capital de ce drame, où l’intérêt est tué par la recherche même de l’intérêt, Nous n’avons pas besoin de dire qu’on trouve dans cet ouvrage un grand nombre de beaux vers, et que le style en est constamment harmonieux : il est de Lamartine.


LOUVET, ETTE adj. (lou-vè, è-te —, rad. loup). Manège. Qui est de la couleur du poil du loup:Chenal louvet. Jument louvettjs.

— s. m. Art vétér. Nom donné en Suisse à une maladie particulière du cheval et du bœuf. Il On dit aussi lovât.

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— Encycl. Art vétér. En Suisse, on donne vulgairement le nom de louvet à une maladie qu’on observe chez les chevaux et les bœufs, surtout chez les derniers. Certains auteurs la considèrent comme épizootique, d’autres comme endémique seulement ; tous s’accordent à la présenter comme très-grave.

Dès qu un animal est atteint du louvet, il perd ses forces, et, suivant que la prostration est plus ou moins profonde, on peut déjà juger que la maladie est plus ou moins grave. Le malade éprouve des tremblements, a l’épine dorsale roide et sensible, veut se tenir couché, et ne se lève, que pour se rafraîchiret rechercher des lieux frais ; il porte la tête basse et les oreilles pendantes ; il est triste ; ses yeux sont rouges et larmoyants ; sa peau est fort chaude et sèche ; sa. respiration est fréquente et laborieuse, suivie d’un battement de flancs, lorsque le mal a fait beaucoup de progrès ; il tousse fréquemment ; l’haleine est d une odeur fétide ; le pouls est accéléré, fort, irrégulier ; la langue et le palais sont arides et deviennent noirâtres ; 1 appétit se perd ; les vaches n’ont plus de lait, et, aussi bien que les bœufs, cessent de ruminer ; la soif est considérable ; l’animal, quel qu’il soit, urine très-rarement et peu à la fois ; les urines sont rougeâtres ; les excréments durs et noirâtres dans le commencement, quelquefois liquides et sanguinolents. Chez plusieurs sujets il se forme, vers le deuxième ou le troisième jour, des tumeurs inflammatoires tantôt vers le poitrail, tantôt aux vertèbres du cou et du dos, tantôt aux mamelles et aux parties génitales ; chez d’autres, il parait sur tout le corps des boutons semblables à des furoncles. Rarement on voit tous ces symptômes sur le même sujet ; mais plus ils sont nombreux, plus l’animal est en danger de périr promptement. Ordinairement, la maladie se décide le quatrième jour, et la mort survient à ce terme si les symptômes sont violents ou nombreux. Si l’animal passe le quatrième jour et que le septième soit heureux, la guérison peut être considérée comme assurée, quoique la convalescence soit longue. L’abondance des urines troubles, déposant un sédiment blanchâtre ; les excréments plus abondants que dans l’état nature), humectés et dépourvus de beaucoup d’odeur ; la peau souple, les boutons pleins d’un pus blanchâtre, la soif calmée, le retour de l’appétit et de la rumination sont les signes précurseurs de la guérison ; tandis que, au contraire, la tuméfaction du ventre, les mugissements, les défaillances, la débilité, les tremblements, les convulsions, la rétention d’urine, la diarrhée et la dyssenterie n’annoncent rien que de fâcheux. La maladie parait plus fréquente en été qu’en hiver, et elle est moins meurtrière au printemps qu’en automne; les cantons qui abondent en pâturages marécageux y sont beaucoup plus exposés que les autres. Reynier admet pour cause prochaine la mauvaise qualité des eaux dont le bétail est abreuvé, le fourrage corrompu, des fatigues excessives, des écuries trop basses et mal aérées, l’intempérie de l’air.

L’ouverture des cadavres présente les lésions suivantes:tumeurs noirâtres, puantes, pleines d’une sérosité jaunâtre, ressemblant fort au charbon, surtout celles qui se sont développées à la poitrine et au ventre ; bouche et naseaux arides et un peu noirâtres ; gaz très-fétide sous le cuir ; chair livide, prête à se putréfier, presque sans tache de sang ; beaucoup de sang séreux et purulent dans la cavité abdominale ; les poumons desséchés, remplis de tubercules et de petits abcès, surtout chez les animaux morts après le quatrième jour ; le péricarde rempli d’une sérosité jaunâtre; l’estomac et les intestins rougeâtres de place en place, enduits de mucus fort tenace et d’apparence glaireuse, etc. Si l’on réfléchit aux altérations pathologiques, aux causes et aux phénomènes de cette maladie, on voit qu’elle est précédée des signes qui annoncent l’irritation de la surface interne du tube digestif, tels que la soif considérable, la cessation de l’appétit, l’accélération de la circulation, la langue aride et fuligineuse, la fétidité de l’haleine, la sécheresse et la chaleur de la peau, le désir des endroits frais, etc. L’ouverture des cadavres montre aussi, dans tous les individus, des traces évidentes d’inflammation à la membrane muqueuse du canal digestif, tandis que les autres altérations et les symptômes sont variables. 11 semble donc naturel de conclure que cette maladie est une inflammation très-violente de la muqueuse digestive, inflammation à laquelle certaines causes, qui nous sont encore inconnues, impriment un caractère épizootique, contagieux ou non contagieux. Les phénomènes exanthématiques à la peau ne sont que des symptômes des complications éruptives, résultat de la vive inflammation du tube digestif, laquelle réagit sympathiquement sur la peau..D’après ce qui précède, il est facile de voir que le traitement doit consister en moyens hygiéniques et en moyens médicamenteux. Les premiers peuvent être aussi considérés comme de véritubles moyens prophylactiques, et leup application sera dirigée d’après l’analyse de3 causes, a laquelle on doit procéder attentivement. Ainsi, l’on s’attachera à éviter les pâturages bas et marécageux, à varier la nourriture, à choisir la meilleure eau pour abreuver, à loger les animaux dans un lieu sec, éloigné des eaux sta LOUV

gnantes, des fumiers et autres causes do mauvaise odeur, et à leur procurer des étnbles bien aérées,’assez vastes, d’une élévation suffisante, et toujours tenues très-proprement. Les moyens du second ordre sont également simples:la maladie débute d’une manière peu intense où elle se déclare avec violence; dans le premier cas, un air salubre, la diète, —les boissons acidulées, les lavements émollients, les breuvages de petit-lait, de décoction d’orge, de semence de courge ou de concombre, voilà ce qui convient. On y ajoute, si l’excitation sanguine n’est pas considérable, l’eau émétisée ou de légers laxatifs, lorsque la membrane muqueuse gastrique parait surchargée de mucosités appelées saburres. Mais si tout annonce une inflammation considérable, les saignées, et surtout les saignées locales autour du ventre, doivent être employées concurremment, et d’autant plus activement que la maladie se développe avec des symptômes plus alarmants. Les vétérinaires ne se sont pas encore livrés à la recherche d’une manière favorable d’appliquer le moyen thérapeutique des saignées locales. Il serait à désirer qu’ils s’en occupassent sérieusement.

LOUVET (Jean), dit le président do Pro< « » « , homme d’État français, né vers 1370, mort vers 1440. Membre, puis président de la chambre des comptes d’Aix, il se rendit ensuite à Paris, où il devint commissaire général des finances (1416). Il fit saisir, en 1417, les trésors qu’Isabeau de Bavière avait cachés, embrassa le parti du connétable d’Armagnac, et devint un des principaux ministres de Charles, d’abord régent, puis roi sous le nom do Charles VII. Louvet assista a l’assassinat de Jean sans Peur (U19), se rendit en Normandie pour traiter avec les Anglais, gagna entièrement la faveur de Charles VII, qui le combla de dons, l’autorisa à lever les impôts, et lui donna une autorité presque absolue sur le Dauphiné (1425). Mais, cette même année, à l’instigation de la reine Yolande d’Aragon, il fut disgracié, et se retira alors dans sa capitainerie d’Avignon. Une des principales causes de sa chute était d’avoir fait signer au roi, dans un intérêt personnel, un édit qui remettait au" pape toutes les collations de bénéfices.


LOUVET (Pierre), historien français, né prés de Beauvais vers 1570, mort en 1646. Avocat au parlement de Paris et maître des requêtes de la reine Marguerite (1614), il consacra ses loisirs à des travaux historiques, et publia plusieurs ouvrages, notamment: Coutumes des divers bailliages observées en Beauvoisis (Beauvais, 1615); Nomenclatura et chronologia rerum ecclesiasticarum diocesis Bellovacensis (Beauvais, 1618) ; Histoire des antiquités du pays de Beauvoisis (Beauvais, 1631-1035, 2 vol. in-8°); Anciennes remarques sur la noblesse du Beauvoisis et de plusieurs familles de France (Beauvais, 1631-1640, in-8°).

LOUVET (Pierre), dominicain et théologien français, né à Saint-Seine (Auxois), mort en 1642. Il fut un des directeurs de conscience de Gaston d’Orléans, à’qui il conseilla de payer ses dettes envers ses domestiques avant de songer à fonder un hôpital. Louvet a publié quelques ouvrages:Folia patentia (Paris, 1630); Thésaurus gratiarum et privilegiorum confraternitatum rosarii (Paris, 1632).

LOUVET (Pierre), historien français, parent du précédent, né à Beauvais en 1617, mort vers 1680. Bien que reçu docteur en médecine, il s’occupa fort peu de l’art de guérir, préférant se livrer à l’enseignement de la rhétorique, de la géographie, de l’histoire, à Digne, à Montpellier, et dans diverses autres villes. Louvet reçut le titre d’historiographe de la principauté de Dombes. On lui doit un assez grand nombre d’ouvrages mal digérés et d’un style ditfus. Nous nous bornerons à citer:Remarques sur l’histoire du Languedoc jusqu’à la réunion à la couronne (Toulouse, 1657) ; Traité en forme d’abrégé de l’histoire d’Aquitaine, Guyenne et Gascogne (1659) ; Histoire de la Viltefranche (1678) ; le Mercure hollandais (Lyon, 1673-1680, 10 vol. in-12) ; la France dans sa splendeur (1674, 2 vol.) ; Histoire des troubles de Provence (1679, 2 vol.), etc.

LOUVET (Charles), homme politique français, né à. Saumur (Maine-et-Loire) en 1800. Lorsqu’il eut fait ses études de droit, il ouvrit une maison de banque dans sa ville natale. Le gouvernement de Juillet trouva en lui un adhérent dévoué et le nomma maire de Saumur. U était en outre conseiller général dans son département lorsque la révolution do 1848 •éclata. M. Louvet se présenta peu après comme républicain du lendemain aux élections pour la Constituante et fut élu un des représentants de Maine-et-Loire. Dans cette assemblée, où il fit partie du comité des finances, il vota constamment avec ce qu’on appelait alors le parti de l’ordre, c’est-à-dire avec le3 députés qui regrettaient la monarchie et qui devaient bientôt se montrer ouvertement hostiles à l’établissement de la liberté et de la république en France. Après la nomination de Louis Bonaparte comme président de la république, il devint un des chauds adhérents de la politique réactionnaire de l’Élysée et fut réélu à la Législative, où il continua à voter avec la droite, fit partie du fameux cercle de la rue de Poitiers et

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fut un des représentants qui votèrent la loi du 31 mai 1S49, qui mutilait le suffrage universel. Après le criminel coup d’État du 2 décembre 1851, il s’empressa d adhérer nu nouvel ordre de choses, devint candidat officiel dans la troisième circonscription de Maine-et-Loire, alla siéger au Corps législatif, et fut réélu au même titre lors des élecfions de 1857 et de 1863. Jusqu’à cette époque, comme tous les membres de la majorité du reste, M. Louvet joua à la Chambre un rôle effacé, se bornant à voter toutes les mesures de compression proposées par le gouvernement, notamment la loi de sûreté générale. Mais, vers 1868, il modifia son attitude jusqu’alors constamment approbative, repoussa la nouvelle loi —sur l’armée, et fit entendre pour la première fois au gouvernement des paroles sévères au sujet de l’état de nos finances. Lors des élections de 1869, il fut réélu député dans la troisième circonscription de Maine-et-Loire, contre M. Targé, candidat démocratique. M. Louvet devint alors un des membres les plus importants du tiers parti, signa, au mois de juillet, l’interpellation des 116, qui provoqua dans la constitution des réformes pseudo-libérales, fut appelé à faire partie de la commission de surveillance des caisses d’amortissement, et reçut, lors de la formation du ministère Ollivier (2 janvier 1870), le portefeuille de l’agriculture et du commerce. Il ne joua qu’un rôle secondaire dans ce cabinet néfaste qui, • d’un cœur léger, • jeta la France, de concert avec le chef du gouvernement, dans une longue série de malheurs. À la suite de nos premières défaites, il dut quitter le pouvoir avec tous ses collègues (10 août 1870), et il a vécu depuis lors’dans la retraite. — Un homme politique du même nom, M. Louvet, né vers 1805, et ancien président du tribunal de commerce de la Seine, a été nommé député à Paris lors des élections complémentaires du 2 juillet 1871. Il siège au centre droit et vote avec la majorité réactionnaire.de l’Assemblée.

LOUVET IDE COUVRAV (Jean-Baptiste), littérateur et homme politique, né à Paris en 1760, mort dans la même villé en 1797. Son pèrej d’origine noble, était marchand de papier rue Saint-Denis. Le jeune Louvet fit des études peu suivies, apprit le métier d’imprimeur et devint secrétaire du minéralogiste Dietrich, pour qui il écrivit plusieurs mémoires. Il avait vingt-sept ans lorsqu’il fonda tout à coup sa réputation en publiant les Aventures du chevalier de Faublas, roman licencieux qui eut une vogue immense. « L’auteur de ce roman est M. Louvet, dit Grimm dans sa correspondance ; c’est un jeune homme qui, comme Rétif de La Bretonne et le célèbre Kichardson, a commencé par être prote d’imprimerie ; il a trouvé, comme son héros, une Sophie, il l’a épousée, et avec elle une petite dot qui lui permet, dit-on, de se livrer entièrement à sou goût pour les lettres. » -ll était alors retiré à la campagne, non pas avec une épouse légitime, comme l’avauce Grimm, mais avec une amie d’enfunce, sa chère Lodoïska, qu’on avait mariée malgré elle, et qui, bientôt séparée de son mari, s était réunie k l’objet de su tendresse, pour ne plus le quitter désormais un seul jour, même au milieu des plus grands périls.

Ce ne fut qu’en 1789 que Louvet quitta sa retraite pour accourir à Paris ; il embrassa avec ardeur les principes de la Révolution et se lia avec les hommes qui devaient former plus tard le parti des girondins ; toutefois, il ue parait pas qu’il ait coopéré à aucun journal pendant la Constituante. Il publiait à celte époque la fin de Faublas, et insérait des allusions politiques dans les rééditions des premiers chapitres ; en même temps il cherchait k servir la Révolution au moyen de comédies pleines d’à-propos, entre autres la Revue des armées blanche et noire, dirigée contre les nobles et le clergé,.la seule du reste de ses pièces qui ait vu lu feu de la rampe. Il publia dans le même but un nouveau roman qui no ressemble en rien, ni par le style ni par les mœurs, à l’immoral mais spirituel Faublas ; tout au contraire, Emitie de Varmont ost uno œuvre où la décence n’a rien à revoir; le vice y est p.uni et la vertu y est récompensée. L’auteur a voulu prouver deux choses : la nécessité du divorce et celle du mariage des prêtres. Quoique ce roman soit écrit d une façon agréable, on sent que l’imagination de l’écrivain est ailleurs, que son esprit rechercha des sujets plus dignes de l’attention publique. Il avait fait paraître en effet, dans les premiers jours de 1790, une brochure intitulée Paris justifié, en réponse au pamphlet qu’avait publié le célèbre Monnier uprès sou émigration et les événements des 5 et 6 octobre. Cette brochure, qui n’était pas la justification, mais l’apothéose de Paris, lui valut une certaine popularité parmi les diverses nuances du parti révolutionnaire, et son admission au club des Jacobins, où siégeaient les membres les plus illustres de l’Assemblée constituante. Louvet, en y entrant, dut se préoccuper plus de son titre de jacobin que de son titre da romancier : l’homme de lettres céda le pas à l’homme politique, et désormais on ne verra plus en lui qu’un orateur et un journaliste.

Quand on a dit de Louvet qu’il est l’auteur de Faublas et des discours contre Robespierre, on a résumé pour ainsi dire sa vie. Les autres

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