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Agriculture. La principale culture du Maçonnais, la seule qui mérite de nous arrêter, est la culture de la vigne. Les vins du Maçonnais et même ceux du Beaujolais sont généralement connus sous le nom do vins de Maçon. Ce sont, pour la plupart, des vins d’ordinaire ; rarement des vins lins et d’entremets. Aucun d’eux n’est de première masse, parmi les vins de France. Ils viennent immédiatement après les vins de Beaune, dont ils ne se distinguent que par un bouquet moins prononcé. Les vins de Maçon sont, en général, corsés, spiritueux, quelquefois trop iumeux, mais toujours agréables et peu sujets à s’altérer, lors même qu’on les garde trop longtemps.

La première zone comprend les thorins, les romanèches et la commune de la C’hanollede-Guinchay. La seconde zone, plus étendue, a pour type le vignoble de Saint-Amour ; elle renferme les communes de Pruzilly, de Saint-Vérand, de Chasselas, de Leynes, de Chànes, de Crèche, de Chaintré, de Vinzelles, eic. I.a troisième zone, représentée par le vignoble de Davayé, embrasse les communes de Prisse, de Bussières, de Pierreclos, de Milly, de Saint-Sorlin, de Chevagny, de Charnay, etc. La quatrième zone comprend le canton de Maçon nord et le canton de Lugny. Les vins y sont communs. La cinquième zone est représentée par le vignoble de Pouiily, type des vins blancs du Maçonnais ; elle comprend Pouiily, Fuissey, Vergisson, Fuitré.

Langue. Le langage du Méconnais est une variété du patois bourguignon se rapprochant, plus ou moins, suivant les points où il est parlé, du bressan ou du lyonnais. L’influence méridionale y est déjà sensible.

Dans les noëls maçonnais, la forme en t remplace celle en ai, si commune dans le patois bourguignon : vo vegli se diJ pour vo vêlai (vous voulez), et on trouve pre, au lieu du mot bourguignon , signifiant pour :

Pre travailli ansain Vos été bon en train

Du matin. Que vegli-vo donc faire ?

« Pour travailler ainsi, vous êtes bien en train dès le matin. Que voulez-vous donc faire ? » Te se dit pour tu, su pour ce. Exemple : Te vero an bu lieu

Un] grou heu, E aivu li un Ane.

« Tu verras en ce lieu un gros bœuf et avec lui un âne. »

0 remplace^souvent ê ou ai du bourguignon. Pur exemple : on dit vioge pour vitiiye, voyage ; bagage pour bagaige, bagage ; bravement pour bravement, .

Enfin, dans le patois maçonnais, la désinence italienne se remarque au parfait défini, comme dans / chuntiron, ils chantèrent ; 1 fesiron, ils firent ; / bailliron, ils donnèrent, etc. ; en bourguignon : C/tantire, fesire, baillire.

Voici un petit échantillon du patois maçonnais, tiré d’un noiil du pays :

Pandon que ai breg’i chontiron

Ainsain treto gaillardeman, Y a ben enco d’autre presanQue] ce ruy fesiron À Marte et à Jous&i. J’are prou painne de contai. I bnilllroii un coffre an bosse

Avec la sarrure a dou lor,

Et di sehliou d’or tût a l’aotor

Quem]au c° carûsse.

On dit qui vaillny bon san fran

Tôt osse ben qu’un écu blinn,

« Pendant que ces bergers chantèrent tous ainsi gaillardement, il y a bien encore d’autres présents que ces rois firent à Marie et à Joseph. J’aurais bien de la peine de les compter. Us donnèrent un coffre relevé en bosse, avec la serrure h deux tours, et des garnitures d’or tout à l’entour, comme on en voit aux carrosses. On dit qu’il valait bien cent francs, tout aussi bien qu’un écu blanc. »

Les Noëls maçonnais ont été imprimés à Pont-de-Vaux et aussi à. Oharabéry en 1797.

MAÇONNÉ, ÉE (ma-so-né) part, passé du v. Maçonner. Construit, en parlant d’un ouvrage de maçonnerie : Une façade maçonnée en trois jours, tl Construit en maçonnerie : Une fontaine maçonnée.

— Bouché par un ouvrage de maçonnerie : Une porte, une fenêtre maçonner.

— Par anal. Bâti comme un ouvrage de maçonnerie : J>es ?iids d’hirondelle sont maçonnés de terre gâchée aoec de lu paille et du crin. (Butf.)

— Fig. Fait grossièrement : Un livre maçonné pur un gâcheur de phrases.

— Blas. Se dit des constructions dans lesquelles les lignes qui marquent la séparation des pierres sont d’un autre émail que ces pierres : De Pontevez ; De gueules, au pont de deux arches d’or, maçonné de sable. Il Se dit aussi de l’écu, quand il est divisé en carreaux qui imitent la maçonnerie r De Alarillac : D’argent maçonné de sept pièces de sable, chaque pièce remplie d’une merlette du même.

MAÇONNER v. a. ou tr. (ma-so-né — rad. maçon). Construire ou réparer en maçonnerié : Maçonner un mur. 11 Revêtir d’une ma MACO

çonnerie : Maçonner les berges d’un canal, les parois d’une citerne.

— Boucher avec un ouvrage de maçonnerie : Maçonner une porte, une fenêtre.

— Par anal. Bâtir comme un ouvrage do maçonnerie : Des hirondelles ont maçonné leur nid à la voûte. {Th. G’aut.)

Ce nid qu’avec tant d’art maçonne l’hirondelle...

L. Racine.

— Fig. Exécuter d’une façon grossière, maladroite : Maçonner des vers. Vraiment les philosophes ont eu raison d’appeler l’homme le petit monde, tant ils ont employé de pièces et de visages à le maçonner et bdtir. {Montaigne.)

  • - Absol. Bâtir, faire de la maçonnerie : Le

royaume de Bavière est peut-être le pays où l’on maçonne le plus. (Mien. Chev.)

MAÇONNERIE s. f. (ma-so-ne-rî — rad. maçonner). Const. Travail de maçon, ouvrage construit en moellons ou en briques, avec du plâtre ou du mortier : Voûte en maçonnerie.

il Grosse maçonnerie, Travail principal des fondations et des gros murs, il Petite maçonnerie, Petits travaux de maçon, comprenant les cloisons, les crépissages, les plafonds, etc.

il Maçonnerie en liaison, Celle où les joints des pierres sont disposés de niveau. 11 Maçonnerie en blocage, Celle qui consiste en pierres de diverses grosseurs, jetées à, bain de mortier, il Maçonnerie en échiquier ou à échiquier, Celle dans laquelle les joints des pierres’ sont obliques.

— Se dit quelquefois pour franc-maçonnerie.

— Législ. anc. Juridiction royale créée à Paris en 1317, pour connaître de tout ce qui était relatif à la construction, à la police des édifices, aux droits et aux obligations de ceux qui concouraient de quelque manière à cette construction, architectes, entrepreneurs, maçons, etc.

— Encycl. La France abonde en matériaux

Îiropres aux travaux de maçonnerie, depuis es craies de Champagne, dont le blanc éclatant est si flatteur à l’œil et dont le travail est si facile, mais qui n’ont pas de durée, jusqu’aux granits de la Bretagne et de l’Auvergne, dans lesquels la difficulté du travail est rachetée par une durée indéfinie. Entre ces deux extrêmes viennent se placer les grès, les meulières et les différentes espèces de carbonates de chaux désignées sous le nom générique de p’ierres à bâtir.

Les matériaux sont sujets à certains inconvénients constitutionnels qu’il faut apprendre à connaître. Les pierres gélives se fendent et’éclatent sous 1 action de la gelée. Les pierres à bâtir de la vallée de la Seine sont assez généralement sujettes à cet inconvénient. On peut, du reste, leur faire perdre cette propriété désastreuse en les laissant reposer quelque temps après leur extraction et avant de les employer à la construction, ce qui leur fait perdre leur eau de carrière. Quelle que soit la nature ou les qualités spéciales des pierres employées, il faut toujours avoir soin de les poser sur leurs lits de carrière.

Les matériaux généralementemployés dans la construction courante sont la pierre de taille, le moellon et la brique.

Les pierres de taille sont des pierres d’un échantillon assez fort, dont les parties apparentes ou parements sont taillées régulièrement, suivant des surfaces planes ou courbes. On les emploie dans les constructions de luxe, les monuments, les grands ouvrages d’art. Ces constructions sont fort coûteuses. Les matériaux de petit échantillon appelés moellons ont leurs parements dressés avec moins de soin. On peut les soutenir par des cordons en pierre de taille, posés aux angles ou même interposés dans la masse. « La solidité d’une construction ne dépend pas seulement des matériaux employés, mais aussi de la qualité des mortiers qui les relient. Ces mortiers seront faits avec du sable parfaitement pur et assez.tin pour ne pas trop augmenter l’épaisseur des joints. La solidité des ouvrages en maçonnerie dépend surtout des fondations. On devra donc les établir avec le plus grand soin, et étudier attentivement le sol et le sous-sol, afin d’employer, dans chaque cas, le mode de fondation le plus approprié. ^

Dans les ouvrages de maçonnerie, ]^ faceextérieure se nomme parement L’exécution plus ou moins soignée de ce parement varie suivant l’importance des édifices. Pour les constructions les plus ordinaires, les parements se font en moellons que l’on se contento de tailler grossièrement et de disposer par assises horizontales nommées rangs. Pour bien lier le parement avec le reste de la maçonnerie, on emploie des moellons qui ont plus ou moins de queue, c’est-à-dire qui ressortent plus ou moins en arrière. On en met même quelques-uns qui sont assez longs pour occuper toute la largeur du mur ; on les nomme parpaings. Il est important pour la stabilité des ouvrages en moellons, que ceux-ci ne se touchent jamais, et qu’ils soient toujours séparés par une couche de mortier de 0"’,01 à otn,02.

Dans les constructions en pierre de taille, où les faces de contact sont bien dressées, la couche de mortier devra être aussi mince que possible. Le mortier est alors étendu entre les pierres, soutenues préalablement avec

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des cales, au moyen d’un outil spécial nommé fiche, sorte de truelle à bords dentelés. Pour ajouter à la décoration des parements dans les édifices importants, on reprend souvent ces joints après coup, pour les accuser fortement au moyen de dispositions spéciales nommées refends ou bossages.

Dans les habitations particulières où’ les murs doivent être couverts d’un enduit, on emploie fortsouventle plâtre au lieu de mortier. On se sert aussi, pour des constructions tout à fait grossières, de mortiers de terre, et même on bâtit quelquefois des inurs en pierres sèches, sans relier les matériaux par aucun mortier.

La maçonnerie de brique ne diffère en rien, quant au mode de construction, de celle en pierre. On obtient des» effets gracieux.au moyen de maçonneries mixtes, en brique et pierre. On peut citer comme exemple la place Royale, à Paris, la partie la plus ancienne du château de Versailles, le château de Saint-Germain, etc.

Les prix des diverses maçonneries sont très-variables, suivant les localités, la nature des matériaux employés et le prix de la maind’œuvre. Voici quelques prix relevés à Paris ; maçonnnerie en pierre de taille, de 100 à 130 fr. le mètre cube ; en moellon, de 10 à 18 fr. ; en meulière, de 12 à 22 fr. ; en’ brique de Bourgogne de bel échantillon, de 70 à 75 fr. ; en brique ordinaire, de 35 à 50 fr.

MAÇONNIQUE adj. (ma-so-ni-ke — rad. maçon). Qui appartient à la franc-maçonnerie, aux francs-maçons ou à des francs-maçons : Les sociétés maçonniques. Une loge maçonnique. Les emblèmes maçonniques.

MACOP1N, rivière des États-Unis (Illinois). Elle naît dans le N.-E. du comté de Grecue, coule à l’O., et se jette dans ITllinois, par la rive gauche, à 52 kilom. au-dessus du confluent de cette rivière avec le Mississipi, après un cours de 80 kilom.

MACOPPE KN1PS (Alexandre), médecin italien, né à Padoue en 1G62, mort en 1744. Il pratiqua la médecine à Raguse, puis à Venise. Le prince Alexandre Furnèse l’ayant pris en affection l’attacha à sa personne et l’emmena avec lui en Dalmatie et en Espagne. Après la mort de ce prince, Macoppe Knips visita la Flandre et la France, puis occupa, de 1703 à 1716, une chaire à l’université de sa ville natale. Ses principaux ouvrages sont : Prxlectio pro empirica secta (Padoue, 1717, -40) ; Aphorismi medico-politici centum (Venise, 1795), édités après Sa mort par Floriano Caldani.

MACORABA, nom latinisé de La Mecque.

MACORS (Jacques-Antoine-Joseph-Nicolas, baron), général français, né il Benfelden (Alsace) en 17-14, mort en 1825. Au moment OÙ éclata la Révolution, il était lieutenantcolonel. Il embrassa avec chaleur les idées nouvelles, fut nromu colonel en 1792, général de brigade l’année suivante, combattit en Vendée, reçut le grade de général de division en 1800, et eut, sous l’Empire, le coinmandement de Lille. Louis XVIII lui accorda on 1815 le titre de baron.

MACOUAS ou MACOUANAS, peuple nègre de l’Afrique orientale, établi sur le territoire qui s’é’tend entre la côte de Mozambique et le lac Schirwa. Ce peuple est tout à. fait k l’état sauvage et se trouve souvent en guerre avec les établissements portugais de la côte de Mozambique.

MACOUBA s. m. (ma-kou-ba). Conim. Tabac très-estimé qu’on rencontre dans le canton de la Macouba : Ici M'me' Lemoine s’illustra le nez d’une seconde pincée de macouba. (A. Paul.)

MACOIJDA (la), ville de-1’Amérique centrale, sur la côte septentrionale de la Martinique, à 19 kilom. N.deSaint-Pierre, 2,500 hab. Le sucre est la production principale du territoire de la Macouba. L’excellent tabau qu’on y cultivait presque uniquemenu dans l’origine de la colonie n’y est maintenant qu’une culture se condaire.

MACOUBÉ s. m. (ma-kou-bé). Bot. Arbre de la Guyane, de la famille des guttifères. 11 On dit aussi macoubée.

— Encycl. Le macoubé est un arbre qui atteint la hauteur de 15 mètres ; ses feuilles sont opposées, entières, ovales, aiguës, glabres, .d’un vert foncé, à nervure médiane fortement saillante ; les fleurs naissent en grappes, aux bifurcations des rameaux ; le fruit est charnu, du volume d’une orange, quelquefois un peu comprimé ou trigotie ; sous une peau ferme, rude, brune, ponctuée de gris, il renferme une pulpe succulente, dans laquelle sont disséminées de nombreuses graines oblongucs, à amande blanche et ferme. Cet arbre croît dans les forêts de la Guyane ; son bois est d’un jaune verdâtre, recouvert d’uno écorce grise et lisse ; toutes ses parties, quand on les entame, laissent échapper un suc blanc laiteux. On ne connaît pas les propriétés de ce genre, qui n’est pas cultivé dans nos jardins.

MACOUGOU s. m. (ma-kou-kou). Bot. Arbre de la Guyane qui ressemble à notre houx. Il On dit aussi sjacoucoua.

MACOUD1, écrivain arabe du x<= siècle de notre ère. V. Masoudi.

MACOULA (Abou-Nasser ben), écrivain

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arabe, né en 1026 de notre ère, mort en 10S5. Il était fils du vizir Aboul-Casem-Hebatella et périt assassiné par ses domestiques pendant un voyage qu’il lit dans le Kirman. On lui doit, sous Te titre de Solution des doutes sur les noms ambigus, un bon dictionnaire des auteurs anonymes, qu’un trouve manuscrit à la bibliothèque de l’Escurial.

MACOURIA, quartier de la Guyane française. Ce quartier est borné au N.-O. par le quartier de Kourou ; au N.-E., par la mer ; au S. — O., par le quartier Mon tsinéry ; au S.-E., par les savanes et les forêts ; superficie, ■42,310 hectares ; pop., 1,114 hab. Le sol est plat et peut se diviser en trois zones, chacune d’une longueur de 2 à 3 kilom. La première, bordant la mer, est formée de terres d’alluvion, les meilleures de la colonie pour la culture du cotonnier ; la seconde est une boue mêlée de sable très-fertile, où poussent admirablement le caféier, le rocou, le manioc, la sésame, les arachides, les arbrbs fruitiers. La troisième zone, formée d’uno terre argilo-siliceuse, est presque improductive. Le quartier de Macouria n’est arrosé que par le cours d’eau de même nom, que traverse, à 2,500 mètres de son embouchure, lu route de Cayenne à la rivière de Kourou.


MACPHERSON (James), littérateur écossais, célèbre surtout par la publication de ce qu’on a appelé les Poèmes d’Ossian ; né à Ruthven, village du comté d’Inverness, en Écosse, en 1738, mort le 17 février 1796. Il était le petit-fils d’un simple fermier, assez pauvre, mais appartenant à l’un des plus antiques clans de l’Écosse. Son père, malgré son peu de fortune, lui fit donner les premiers éléments de l’éducation dans l’une des écoles du district de Badenoch, et le mit, en 1752, au collège royal d’Aberdeen. Il le destinait à l’Église ; mais Macpherson, ne se sentant pas de vocation, se fit, au sortir du collège, maître d’école (schoolmaster) dans son village natal, et il occupait encore cet emploi, lorsqu’il publia son premier ouvrage intitulé : The Highldander, an heroïc poem in six cantos (1758, in-12) [le Montagnard, poème héroïque en six chants]. C’était un ouvrage en mauvais vers qui n’eut aucun succès ; bientôt après, il envoya au Scots Magasine quelques autres essais aussi médiocres, entre autres une pièce intitulée : Death(Mort), imitation de Young, et The Hunter (le Chasseur). Ces divers morceaux furent rappelés dans la suite, pour prouver que Macpherson, n’ayant fait preuve d’aucun talent poétique personnel, ne pouvait être l’auteur des Poèmes d’Ossian.

En ce moment, un certain courant d’idées littéraires portait quelques érudits à se préoccuper des traces laissées par les vieux peuples erses et gaéliques. Adam Ferguson, le docteur Carlyle, John Home recherchaient les restes de leur langage et de leur poésie. Macpherson, avide à la fois de réputation et d’argent, vit là une occasion de fortune pour l’homme adroit qui saurait obéir à cette impulsion et flatter ces tendances. Il ne tarda pas à montrer à Home et à Carlyle de prétendus fragments gaéliques, exhumés par lui d’une poussière de quinze ou dix-huit siècles, et commença une ébauche de traduction, qui attira l’attention de Hugh Blair. C’étaient des morceaux d’une prose vague, redondante et cadencée, empreints toutefois d’une certaine poésie, qu’il intitula : Fragments of ancient poetry, collected in the highlands of Scotland and translated from the gaëlic or erse language (1760, in-8o) ; Fingal, an ancient epic poem, in six books, composed by Ossian, son of Fingal (London, 1762, in-4o) ; Temora, an ancient epic poem, in eight books, together with several other poems, composed by Ossian, son of Fingal (London, 1763, in-4o).

Ce volume ravit tout le public littéraire d’Édimbourg. Un célèbre poëte anglais, qui cherchait l’originalité par calcul de goût, plus qu’il ne l’avait par instinct, esprit à la fois imitateur et curieux du nouveau, Gray, témoigna surtout un vif enthousiasme pour cette poésie singulière. Ce furent même ces premiers chants qui inspirèrent à Gray une de ses plus belles odes : celle où il déplore le massacre des bardes. L’entreprise de Macpherson, qui devait plus tard soulever de vives oppositions, fut accueillie avec un zèle extrême et presque une passion de parti. Ces chants incultes et sauvages semblent ne respirer que des sentiments naturels et primitifs, le fanatisme de la guerre, l’amour des combats, une sorte d’héroïsme rude et naïf ; ils ne retracent que des images primitives : l’Océan, les bruyères, les pins des montagnes, les sifflements de la bise de mer. Ces choses si simples en elles-mêmes et si monotones étaient une nouveauté originale pour un siècle rassasié de raisonnement et de philosophie ; elles expliquent la grande fortune des Poésies d’Ossian.

Ces livres, que tout le monde lut alors et dont Napoléon portait avec lui un exemplaire dans ses campagnes, comme Alexandre faisait d’Homère, rapportèrent au prétendu traducteur de fabuleux bénéfices. Mais, du milieu de l’enthousiasme général, le premier critique de l’Angleterre, Johnson, avec son sens profond des choses littéraires, reconnut la supercherie et la dénonça, peut-être trop violemment. Le tort de Macpherson fut de n’en pas convenir, de ne pas avouer