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M’ADË

■ La Madeleine, dit Th. Gautier dans ses Grotesques, est dans son genre une chose aussi complète que l’Iliade et l’Odyssée. Je suis convaincu qu’il serait impossible à quiquo ce fût de l’aire volontairement dos vers aussi étranges que ceux du Père Pierre de Saint-Louis, car son détestable n’est jamais commun ni facile ; c’est un détestable exquis, savant, consciencieux, admirablement soutenu —d’un bout à l’autre. Il n’y a pas un seul vers faible dans tout le poème ; par vers faible j’entends un vers raisonnable ou insignifiant. Chacun renferme un. concetti inattendu, une bizarrerie inexplicable. C’est comme ces anciens tableaux que l’on rencontre le long des quais et des ponts, où le ciel est vert-pomme, les lointains rostt clair, les- arbres blonds et roux, comme s’ils allaient prendre feu ; où tous les tons et tous les plans sont disposés delà façon la plus baroque, où, des personnages démesurés se dressent à côté de maisons doux fois plus petites qu’eux. Le Père Pierre de Saint-Louis est hyperbolique, enflé jp.squ’à l’hydropisie, excessif, touffu et plant’ireux. Chez, lui les métaphores poussent en tous sens leurs branchages noueux ; les parenthèses filandreuses so pendent avec leurs doubles crochets au tronc de chaque phrase comme des plantes grimpantes avec leurs vrilles ; les rébus et les concetti s’entrecroisent inextricablement.’ Parmi les hyperboles et les jeux, de mots sautent comme des crapauds des adjectifs bouffis et coassants ; les antithèses se choquent à couds de tête, comme les boucs des bas-réliefs antiques. Les plus simples fleurs de rhétorique prennent une dimension monstrueuse, comme les fleurs de l’Ile de Java, et répandent un

Parfum étrange qui porte à la tête comme assa-fœtida ; la moindre efflorescence de langage y devient sur-le-champ agaric ou champignon. »

Madeleine (sainte). Iconogr. Repenties ou non, les pécheresses sont fort estimées des artistes, à, qui elles offrent une occasion excellente d’exprimer toutes les grâces, toutes les séductions de la beauté. Madeleine a inspiré d’innombrables artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, mosaïstes, émailleurs. Un des plus anciens tableaux relatifs à cette sainte se voit à l’Académie des beaux-arts de Florence : c’est un ouvrage du xuio siècle, exécuté dons la manière byzantine. Le musée de Cluny possède une peinture des plus curieuses (n° 722) que le catalogue attribue au roi René de Provence et qui représente Sainte Madeleine prêchant à Marseille, en présence d’une foule -de personnages costumés à la mode du xve siècle, parmi lesquels on distingue, au premier plan, le roi René lui-même et sa femme Jeanne de Laval, ayant tous deux la tète ceinte de la couronne royale. Madeleine se tient debout dans une tribune ; dans le fond ; on voit la ville de Marseille, les fortifications et la haute mer. Sainte Madeleine figure dans une foule de tableaux du xvc et du xvr= siècle, tantôt isolée, tantôt groupée avec d’autres saints, auprès de la "Vierge et de l’Enfant Jésus, par exemple dans des tableaux de Paul Véronèse (n» 101), deCimadaConégliano (h<>173), de Bonifazio (no 82), qui sont au Louvre. Son attribut caractéristique est le vuse aux parfums qu’elle répandit sur les pieds du Sauveur ; les peintres ont’couturrie de lui donner une abondante chevelure blonde et la représentent jeune, belle et ordinairement vêtue avec luxe, excepté quand il nous la montrent faisant pénitence dans le désert.

Une estampe de Lucas de Leyde, datée de 1519, représente la Madeleine se livrant aux plaisirs mondains : on la voit, d’un côté, dansant au son de la flûte et du tambourin, en compagnie de nombreux jeunes gens des deux sexes ; de l’autre, a cheval et courant le cerf, comme une châtelaine du xvie siècle. Gio.-B. Lupicino a peint Sainte Marthe adressant des reproches à la Madeleine, qui est assise à sa toilette et se fait arranger les cheveux par une servante ; cette peinture est au musée du Belvédère, à Vienne. Le Repas chez Simon le Pharisien et la Conversion de la Madeleine ont été souvent retracés, notamment par Paul Véronèse (au Louvre), L. Cambiaso (église des capucins de Pérouse), Rubens (gravé par Earlom), Ch. Le Brun (gravé, par CI. Duflos, par J.-B. de Poilly), Jouvenet (tableau peint pour l’église Saint-Martin-des-Champs, à Paris, et où l’artiste

s’est représenté avec ses deux filles ; gravé par Duchange), le Tintoret (pinacothèque de Munich), Andréa Celesti (même musée), Lambert Lombard (gravé par Hiéron. Cock, 1551), Norfolk (gravé par Reynolds), Auguste Glaize (Salon de 1846), Al. Caprioli (estampe), J.-B. Enzensberger (estampe). L. Licherie (gravé par Nicolas Bazin), etc ! V. Repas chez Simon.

Dans le drame suprême de la Passion, Madeleine est presque toujours représentée étreignant désespérément le pied de la croix, baisant les pieds ensanglantés de Jésus ou levant vers lui des yeux noyés de larmes. On la retrouve également parmi les faintes femmes qui entourent le Christ déposé de la croix et mis au sépulcre. V. Calvaire, Christ es croix, Christ au tombeau, Descente de croix, Déposition de croix, PietA, etc. L’apparition de Jésus à Madeleine, sous la figure d’un jardinier, est un sujet fréquemment traité par les peintres.

V. Apparition, Iconogr. (I, p. 505). Ce sujet est désigné quelquefois sous le titre do : Noli me tangere (Ne me toucheznas I), paroles que le Christ adressa à la Madeleine après sa résurrection.

Le plus souvent, c’est la Madeleine pénitente ou Madeleine dans le désert que les artistes se sont plu.à représenter ; les uns, comme le Corrége etBattoni, nous la montrent toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante ; les autres (c’est le très-petit nombre) nous la font voir amaigrie et flétrie par les larmes- et par les privations. Elle nous apparaît, tantôt dans une grotte obscure, tantôt au milieu d’un paysage abrupt /et sauvage ; elle est vêtue d’habits grossiers, quelquefois d’une simple draperie qui laisse à découvert une partie de sa poitrine, parfois même de sa seule chevelure, comme dans le tableau de Cristofano Allori, qui est au musée des Offices ; elle est ordinairement occupée à lire ou et méditer, une main tenant un crucifix, l’autre appuyée sur une tète do mort. Quelques artistes, le Guide entre autres, se sont bornés quelquefois à peindre la tête éplorée de la pécheresse repentàiitè. Nous décrivons ci-après les œuvres d’art les plus célèbres que la Madeleine a inspirées ; nous nous bornerons ici à signaler quelques-uns des artistes qui ont pris cette sainte pour sujet de leurs ouvrages.

Dans l’école italienne, nous citerons : Crist. Allori, qui, indépendamment du tableau cité plus haut, a fait une copie de la célèbre Madeleine du Corrége, qui est au musée de Dresde ; Andréa del Sarto (au palais Totrigiani, à Florence), le Baroche (gravé par Paul Gledisch, 1826), Fra Bartolouimeo (tableau appartenant à l’institut des beaux-arts de Sienne), P. Battoni (galerie do Dresde, gravé par J.-S. Bach, Gius. Camerata, C. Krueger, etc.), Giuseppe Bezzuoli (ancienne galerie San-Donato, 1870), A. Bron- ; zino (palais Mozzi, à Florence), Seb. Bru- ’ netti (pinacothèque dé Bologne), Silv. Buonb (musée de Naples), le Cagnacci (musées de Dresde, -de Berlin, de Munich, de Madrid), le Calabrèse (pinacothèque de Munich), Calandrucci (gravé parJ. Blôndeau), Luca Cambiaso (palaisDoria, à Gênes), A. Carlone (musée desOffiees), Annibal Carrache (palais Doria, à Rome, et musée du Louvre), Andréa del ■Castagno (Académie des beaux-arts de Florence), G. Cavedone (musée de Modùne), , C. Cignani (pinacothèque de Munich, gravé par J.-J. Frey), le Cigoli (musées des Offices et de Madrid, gravé par Gius. Beretta), le Corrége (musée de Dresde, gravé par G. Longhi on 1809, Basan, Anderloni, Jean Daullé, etc.), Fr. Curradi (aux Offices), Carlo Dolci (musées de Munich et de Florence, gravé par S. Amsler), le Dominiquin (gravé par F.-E. Eichens, 1837), L. Ferrari (musée de Modène), Franceschini’ (au Belvédère et au musée de Dresde), F. Furini (au Belvédère, gravé au.trait par Réveil), Luigi Gaetano (gravé par Mat. Greuter, 1584), Benedetto Gennari (musée de Naples, gravé par J.-M. Leroux dans le Musée français). Or. Gentilesehi (au Belvédère), Francesco Gessi (galerie de Dresde), Luca Giordano (musées de Dresde et de Toulouse), Fr. Granacci (pinacothèque de Munich), le Guerchin (musées

de Bologne, du Vatican, de Madrid, gravé par Gius. Craffonara^ Azzerboni, Gio.-B. Pasqualini, Carmona, etc.), le Guide (musées du Belvédère, de Madrid, du Louvre, gravé par Schmutzer, Stoelzel, I. Krepp, Van Caukerken, A. Albanesi, Kaupertz, F. Andriot, Jean Boulanger, etc.), Lanfranc (aux Officeset au musée de Modène), B. Luini (gravé par H. Krainer), Benedetto Luti (deux tableaux au Louvre, gravé par N.-D. de Beauvais, P.-L. Boinbelli, Landou), Curie Maratte (gravé par R. van Audenaerde), Mola (pinacothèque de Munich, gravé par Fr. Basan), Girolamo Mutiano (gravé par Corn ; Cbrt), P. Pagani (musée de Dresde), Palma le jeune (gravé par Th. van Kessel), D. Pugliani (église Sainte-Marie-Majeure, à Florence), L. Quaini (pinacothèque de Bologne), Marco Ricci (galerie de Dresde), P. Ricchi (au Belvédère), P. Rotari (galerie doDresde), , Andréa Sacchi (Académie des beaux-arts de Florence), B. Sehidône (ancienne collection San-Donato), le Tintoret (musée de Madrid), le Titien (musées de Naples et de Florence, palais Doria, à Rome, gravé par Mauricé Blot, Seb. Fiirck, Domenico del Barbiere, Corn. Cort en 15G0, J. Bemme en 1805, G. Fusinati, P. Lombard, Martino Rota, etc.), le Trévisan- (musée de Madrid), And. Vaccaro (musée de Madrid), Verocchio (musée de Naples), Paul Véronèse (musée de Madrid), etc.., ■ -

Les peintres de l’école espagnole dont nous connaissons des Madeleine repentante, sont : Alonso Cano (ancienne galerie Las Marisnias), Luis de Carbajal (musée de Madrid), J.-G. de Espinosa (musée do Madrid), Murillo (musée de Madrid, gravé parEd’me Bovinet), Ribera (musée de Madrid), R. Tejeo (musée de Madrid), Zurbaran (musée de Dresde). Dans la sacristie de la chapelle du Connétable, à la cathédrale de Burgos, est une admirable figure de la Madeleine d’un peintre inconnu.

Un précieux volet, peint par Memling et que possède lo Louvre, représente Suinte Marie - Madeleine, debout au milieu d’un paysage, vêtue d’une robe de velours écariate à ramages d’or et d’un manteau violet, et portant le vase aux parfums ; dans le fond

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sont retracés en figurines divers sujets relatifs à la sainte, la Résurrection de Lazare, son frère, le Repas chez le Pharisien et le Noli me tangere. La même sainte à été peinte par Wohlgemuth (musée du Belvédère), Mathias Grunewald (pinacothèque de Munich), Gundelach (gravé par B. Kilian), H. Goltzius (gravé par J.’ Màthàm), Martin. Schôn (volet de triptyque, au Belvédère), P. de Langer (gravé par P.’Lutz), Raphaël Mengs (musée de Madrid, gravé par Carmona), G. de Crayer (ancienne galerie Fesch), Gérard Dov (musée de Dresde), Van Dyck (au Belvédère et au musée de Madrid, gravé par A. de Jo’de, A.-L. Krueger, Blootelingh, VanderDoes), Gérard de Lairesse (gravé par" Bjootelingh), ’J. Mathain (gravé par Braen), —Miens(musée des Offices), Piénemann (gravé par C. Forssel), Poelenburg (gravé par G. voit Brônckhbrst), Rembrandt (gravé par J.-C. Brand), Rubèns (au Belvédère), G, Sehalcken (gravépar J. Golé), A. van der Werff (musées du Louvre, de Dresde, de l’Ermitage, gravépar Hàlbou, Al. Chatàigner, GiuseppeCamerata), etc. ■ - ’ '

En France, parmi les peintres de là Madeleine, nous mentionnerons : J. Blanchard (gravé par Nic.-Gab. Dupùis), Phil. de Champagne (gravé par Michel Lasne en 164 : l), Claude Lorrain (musée- de Madrid), Antoine Dieu (gravé par Duflos), Greuze (gravé par lfoin), Lagrenôe (Salon de 1705), Ch. Le Brun (au Louvre, gravé par Edelinck, Du- : puis, Wolfgang, Jean Couvay, Carmona, etc.), N. Loir (gravé par Al. Loir), Natoiré (àl’hotel de la préfecture de Dijon), Nattier (au Louvre), Poussin’(gravé par N.-F. Bertrand), Stella (gravé par Ab. Bosse), R. Tasse ! (musée de Dijon), Fr. de Troy (musée de Toulouse), S. Vouèt (gravé par Michel Dorigny et par Ch.’ David) ; et parmi les peintres de notre époque : Puvis de Chavannes (Salon de 1870), Dassy (Salon de 1824, à la cathédrale d’Arras), C. Roqueplan (Salon de 1838), J. Gigoux ’ (Salon de 1839), Emile Signol (Salon de 1842), Eugène Delacroix (Salon de 1845), Antigiîa (Salon de 1845), A.-F. Cals (Salon de 1845) ; Grôsilaude (Salon de 1845), A.-B. Marquet (Salon dé 1849), Riesener (Salon dé 1849), A.-M. Colin (Salon de 1850), Baudry (Salon de 1859), Dedreux-Dorcy (Salon de 1859), Lecoq de Boisbàudran (Salon de 1850), Sellier (envoi de Rome, 1861), D. Casey (Salon de 1865), L.-A. Ottin fils (Salon de*lS69), etc.

Parmi les nombreuses gravures au burin •et à l’eau-forte consacrées à sainte Madeleine, nous citerons celles de Ch. Alberti (1852), P. van Balliu, M.-A. Bellavia, J. Binck (1526), Abr. Bloemaert, Corn. Bloomaert, Fréd. Bloemaert, Schelte à Bolswert, Jean Bouchier, J. Boulanger (d’après L. Kilian), Bounièu, P. Brebiette, Canuti (1045), P. Capèlli, Giulio Carpioni, Annibal Carrache, Al. Claas, Cl. Charpignon, F. Cozzn, P. Daret, Gio. Fabri (d’après L. Pasinelli), Or. Farinati, Simon François, L. van Deyster, Mat. Greuter, Lorenzo Lolli, Ben. Luti, Gasp. Osello, J.-C. Klengel, Lucas de Leyde, H. Mauperché, Cari de Moor, C. Storer, Lucas Kilian (d’après J. van Achén), etc. Des statues de Sainte Madeleine ont été sculptées par Benedetto da Majano et Desiderio da Settignano (église de la Trinité, à Florence), le Bernin (cathédrale de Sienne), l’Algarde (église San-Silvestro, à Rome), Canova (v. ci-après), Gayrard père (Salon de 1833), Gechter (Salon de 1835), J.-B, Barré (Salon de 1843), Fabisch (Salon de 1853), Feugère des Forts (Salon de 1861), A. Etex (Salon dé 1866), E. Chatrousse (église Saint-Eustache, à Paris).

Lorenzo di Credi a peint Sainte Madeleine dans le désert, recevant la communion des mains d’un ange ; ce tableau est à Berlin. Au musée de Madrid est une Sainte Madeleine, d’Annibal Carrache, qui s’évanouit entre les bras dés anges. Des compositions analogues ont été peintes par Gio.-B. Bolognini (pinacothèque de Bologne), Rubens (gravé par

■P. van Balliu), José Antolinez (musée de Madrid), Bened. Gennari (musée de Naples), La Mort de sainte Madeleine a été peinté par Finsoniùs (musée de Marseille), Carlo Cig’nani (gravé par Caccioli), Isidore Pils (Salon de 1847), R. Manetti (gravé par Bern. Capitelli). Le Ravissement ou Assomption de sainte Madeleine a été représenté par Philippe de Champaigne (musée dé Marseille), Taddéo Zùccaro (au palais Pitti, à Florence), Lanfranc (gravé par Al. Loir), le MabuSe (musée de Bruxelles), Luca Cambiaso (gravé par Schiaminossi, 1612). "■ l

Madeleine (la), tableau du Corrége {.galerie de Dresde. Couchée sur l’herbe touffue dans un endroit agreste, la belle -pénitente, le sein’ à demi voilé par lc3 longues boucles de sa chevelure, soulevé sa tête sur la main droite, pour lire dans un livre qu’elle tient à’ terre de la main gauche. Tout le corps de la Madeleine est couvert d’une draperie bleue ; mais la poitrine, découverte, laisse voir des beautés qui ne semblent pas être arrivées à l’âge ordinaire des repentirs, n Le charme ineffable de cette heureuse altitude, dit M. Viardot, l’attention profonde de la pécheresse convertie, sa grâce, sa beauté, l’audace et le bonheur de sa draperie bleue se détachant sur le vert sombre du paysage, la finesse merveilleuse de la touche et des teintes, tout place cette Madeleine au preto’A-btë

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mier rang de ce que l’on appelle les’ petits Corrége. * Ajoutons que ce petit tableau, d’un très-beau fini et d’une exécution admirable, appartint aux princes de la maison d’Esté, qui le firent placer dans un cadre d’ar- ■ gent orné de pierreries ; il décorait leur chambre à coucher, et lorsqu’ils allaient en voyage, ce tableau était mis dans une boîte, que 1 on plaçait dans leur propre voiture. Lorsque le roi de Pologne en devint possesseur, il le plaça aussi dans sa chambre et fit l’aire un autre cadre avec une glace fermant a clef. On raconte enfin que cette précieuse Madeleine fut voléo en 1788. Mais pour gagner la récompense de 1,000 ducats promise a qui la rapporterait, le voleur sa découvrit lui-même. Elle fut retrouvée soiis le plancher d’un galetas. Elle a été gravée par Daullé, Morgnen et Niquet.

Madeleine don* le déncrl (la), tableau du Cigoli ; musée des Offices. La pécheresse repentante est assise sur une pierre, ayant un livre ouvert sur les genoux et appuyant le bras droit sur un rocher où un crucifix et une tête de mort sont placés. Elle est entièrement nue et enveloppée de sa longue chevelure, les yeux levés vers le ciel avec une expression de douleur et de supplication. A côté d’elle, h. terre, est posé le vase aux parfums. Un arbre s’élève dans le fond, à droite.

Co tableau est un des meilleurs qu’ait peints Lodovico Cardi da Cigoli ; il est d’uno couleur harmonieuse et fondue qui rappello cello du Corrége. Les formes du corps sont belles, quoique un peu massives. > Semblable à un voile transparent, dit Duehestie, la chevelure, qui’se développe et serpente avec beaucoup d’art, fait valoir toutes les beautés de ce corps admirable plutôt qu’elle ne les dérobe aux regards. La douleur répandue sur le visage de !a Madeleine n’en défigure pas les traits ; elle est noble et touchante. »

Le même sujet a été traité par le Cigoli dans une toile qui est au musée de Madrid ; l’artiste a ajouté ici une belle figure d’ango qui emporte au ciol le.vase aux parfums.

Madeleine repunlmiJe (SAINTIi), tableau de

Ch. Le Brun-, au Louvre. La sainte, assise devant un meuble sur lequel est posé un miroir, déchire ses vêtements et lève vers lo ciel des yeux pleins de larmes. Un nuage lumineux Drille au-dessus de sa tète, et à ses pieds on voit un coffret rempli de bijoux et d’objets précieux. Dans le fond, par uuo fenêtre ouverte, on* aperçoit une tour. ■

Ce tableau a été commandé à Le Brun pur M. Le Camus, pour l’église des Carmélites de la rue Saint-Jacques, à Paris, où il resta jusqu’à l’époque de la Révolution. Il jouissait d’une grande célébrité par suite de l’opinion qui s’était répandue que l’artiste avait donné ii la sainte repentante les traits ; de M"" do La Vallière. Il a été gravé par G. Edelinck, Carmona et autres. C’est un des meilleurs ouvrages de Le Brun, selon l’abbé de Foulonai, qui en-parle on ces termes dans son Dictionnaire des peintres : « Quelle correction de dessin 1 quelle expression noble et-pathétique de la belle pénitente I quelle beauté des draperies jetées avec art et do grand goût ! quelle douce harmonieI et quels effets prodigieux1 dans tout l’ensemble I » Il faut rabattre quelque peu de cet élogo emphatique.

Mudeleiue dans lo denerl (La), tableau

d’Eugène Delacroix. Ço. tableau ne représente guère qu’une « tèto d’expression, » comme on dit à l’École des beaux-arts ; mais cette tète est admirable de sentiment et de couleur. La Madeleine, à demi renversée, dans une grotte, est plongée dans une sorte d’extase et semble près de s’évanouir. Sou visage porte l’empreinte des douleurs morales et des privations qu’elle a endurées- » Dans cette précieuse peinture, a dit M. Arthur Guillpt (Revue indépendante, 1845), Eugène Delacroix, quoiqu’en conservant une certaine brusquerie d’exécution, a mis non-seulement de la pensée et de la couleur, mais encore du dessin... Les plus austères mortifications n’ont pu flétrir le visage de la sainte au point d’en effacer complètement la beauté. Sa dernière pensée, ’ toute à Dieu, semble écrite sur son front : on croit y’lirela résignation et l’amour. Les tons déposés par le pinceau de Delacroix sur le sein, les . paupières, les lèvres, unissent une grande finesse à une vérité attachante. » ’ ' Ce tableau a figuré pour la première fois auSalon.de 1845, et a reparu à l’Exposition universelle de 1855.

Madeleine repentante (la), statue du marbre, chef-d’œuvre de Canova. Les genoux ployés, Madeleine contemple, à travers ses larmes, une croix ’qu’elle a formés do deux roseaux et qu’elle tient dans ses mains. Une draperie retenue à la taille par une corde grossière couvre ses flancs et uno partie de la cuisse gauche. Sa chevelure est éparse sur ses épaules. Bien que amaigrie par les pri-vations et briséo par la douleur, elle n’a pas cessé d’être belle. ■ Canova, dit Duchesne, a surpris la Madeleine au milieu de ce désert où le Corrége nous l’avait montrée méditant les saintes Écritures. Muis ici elle est uu dernier jour de sa vie. Sa forco est épuisée, sa dernière larme est séchée sur sa jouo, son œil éteint semble fuir lo regard qui la cherche ; son pied, encore charm.-uif, mais endurci par des marches sanglantes, rie 1»