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distingués. En 1S17J il fut remplacé par les Annales encyclopédiques.

Un magasin, fondé à une époque plus rapprochée, a eu et conserve une réputation

méritée ; c’est le Magasin pittoresque, que M. Charton créa en 1833 et auquel nous avons consacré un article spécial.

Depuis 1830 nous avons vu naître et mourir une quantité de publications portant les noms les plus divers, mais que l’on pourrait faire figurer parmi les magasines, dont elles avaient ou ont encore le caractère, La révolution de février 1848 vit êclore le Magasin politique, recueil in-4o de matières bien choisies, publié par livraisons, sur beau papier et en beaux caractères, et dont l’existence fut éphémère. En isô6 parurent un Magasin utile, consacré à la religion, à la morale ; un Magasin de la jeunesse chrétienne, faisant suite au Magasin de l’enfance chrétienne (in-s° mensuel). En 1858 furent fondés un Magasin industriel, recueil des découvertes les plus récentes et les plus utiles, et sous le nom de Magasin de librairie, une revue littéraire d’une certaine importance. Ce magasin, publié par l’éditeur Charpentier, composé d ouvrages inédits, de genres très-différents (histoire, littérature, romans, philosophie, théâtre, poésie, etc.), était en quelque sorte un cours à l’usage de ceux qui s’intéressent au mouvement de la civilisation et aux plaisirs de l’esprit. Il avait pour collaborateurs MM. Paul Janet, Clément Caraguel, Taxile Delord, Paul de Musset, Alfred Mézières, Emile Saisset, etc., et débuta en publiant les œuvres posthumes d’Alfred de Musset. Il c’est depuis transformé en Revue nationale et étrangère. Parmi les publications qui ont encore adopté le titre qui nous occupe, sans pour cela y être toujours fidèles, nous citerons encore le Magasin des écoles du dimanche (in-12, mensuel), qui s’est bien gardé de faire le moindre bruit ; le Magasin des demoiselles, bimensuel ; le Magasin des Familles, journal de gravures de modes et de patrons, également bimensuel ; le Magasin d’illustration, né en 1859 et dont la vie fut courte ; le Magasin des Français en 1859, écho de la guerre, illustré, œuvre de circonstance ; enfin ParisMagazine, fondé en 1866 et qui, après diverses transformations successives en des mains diverses, n’a pu réussir à, enlever le succès. P/iris-Magaztne était la suite du Grand journal.

Magazines anglais. Les publications mensuelles connues en Angleterre sous le nom générique de magazines tiennent une place importante dans la littérature de ce pays, tant par leur nombre, qui s’élève à plus de ■100, que par la vogue dont ils jouissent auprès do la bourgeoisie, notamment dont ils sont devenus la principale lecture. Le premier recueil de ce genre parut à la fin de janvier 1731 ; il existe encore aujourd’hui : c’est le Gentleman’s Magazine. On doit à Édouard Cave, dont Johnson a écrit la vie, d’avoir naturalisé en Angleterre le mot français de magasin en l’appliquant à un ouvrage périodique où le lecteur trouverait emmagasinées en un cahier de 48 pages in-8«, imprimées sur deux colonnes en caractères très-fins, les matières tes plus diverses. Un prospectus précodant l’entreprise on avait exposé le plan et l’objet. ■ Elle consistera en premier lieu, y était-il dit, à mettre tous les mois sous les yeux des lecteurs tous les articles spirituels, gais ou instructifs, publiés chaque jour dans les journaux, dont le nombre depuis quelque temps s’est multiplié au point de rendre impossible, à quelqu’un qui n’en fait pas métier, de les consulter tous. Nous y joindrons, en second lieu, les communications utiles ou amusantes qui nous seront faites. • Ce prospectus établissait ensuite combien la quantité des journaux était grande et combien leurs communications d’intérêt public, leurs articles d’agrément, disséminés a l’aventure dans des feuilles détachées, étaient peu faciles à conserver comméelles eussent mérité souvent de l’être pour le bien et l’instruction de tous, à Cette considération a déterminé plusieurs personnes à réclamer un recueil mensuel où fussent rassemblés, comme dans un magasin, les articles les plus remarquables sur les matières dont nous parlons, ou au moins des analyses impartiales de ces articles, comme une façon de conserver les pièces curieuses bien plus sûre que de les transcrire. •

Le Gentleman’s Magazine, qui avait pour second titre le Nouvelliste mensuel, comprenait les divisions suivantes ; l° la reproduction ou l’analyse des principaux articles de politique, de inorale ou de critique publiés dans le courant du mois par les journaux, alors presque tous hebdomadaires ; 2° des pièces de vers ; 3° le récit ou plutôt la mention très-sommaire des principaux événements du mois, classés k leur date, jour par jour ; 4o la liste des décès, naissances et mariages dans les grandes familles, les nominations dans l’Église et dans l’armée ; 5’ les cours des denrées, des fonds et du change, et

!a liste des déclarations de faillite ; 6« la

liste des livres et brochures publiés dans le mois ; 7° des observations sur le jardinage, l’élève du bétail, l’art vétérinaire avec l’indication des foires. Chaque numéro était livré au public, non pas dans le mois dont il portait la date, mais dans les premiers jours du mois suivant. Le titre était surmonté d’une vignette représentant une main tenant an

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bouquet avec cette devise : E pluribus tinum. Comme le fait remarquer M. Cucheval-Clarigny, c’était un emprunt fait au Gentleman’s Journal de Pierre Motteux, ce Rouennais chassé de France par ta révocation de l’édit de Nantes, qui, dès 1692, avait eu l’idée première d’un recueil de mélanges, comprenant à la fois des nouvelles et des écrits de natures diverses. L’auteur de l’Histoire de la presse en Angleterre et aux États-Unis nous apprend que le Genlleman’s Journal, qui ne vécut que trois ans, était en tout point, et même par le titre, le prototype àuGentteman’s Magazine. Il contenait, outre les nouvelles du mois, des morceaux de prose et de vers et des traductions. Après lui, le Monthly miscellany or Memoirs for ihe curions, le Montait/ Transactions, le Monthly Amusement n’avaient pas mieux réussi. De telle sorte que Cave, pendant quatre années consécutives, avait vainement soumis aux libraires de Londres le plan de son magasine. Autorisés par des précédents aussi peu engageants, ces derniers avaient tous repoussé ses offres, et ce fut avec ses seules ressources qu’il se vit contraint d’entreprendre, à l’âge de quarante ans, la publication du Gentleman’sMagazine, qui eut le plus grand succès et fut la source de sa fortune et de sa célébrité. Cave s’était personnellement chargé dans le Gentleman’s Magazine d’une tâche dont il s’acquittait avec talent et discernement. Il s’était réservé le département de la reproduction et de l’analyse des journaux, qui n’occupent pas moins de 15 à 20 pages sur 48 ; ses résumés sont clairs et substantiels ; on y trouve rapprochées les attaques et les réponses, ce qui permet de suivre jour par jour la’polémique des partis, les discussions politiques et les fluctuations de l’opinion. Cela dit, avons-nous besoin d’ajouter que le Gentleman’s Magazine de Cave forme une collection précieuse à consulter ? Pope, Thompson, Samuel Johnson, Savage y inséraient quelquefois leurs poésies ; mais le plus souvent ses collaborateurs étaient d’obscurs écrivains, des hommes médiocres, comme John Leckmann, Moses

Brown, Duyck, etc.

Le succès obtenu par le Gentleman’s Magazine excita naturellement l’émulation des éditeurs, de ceux-là surtout qui avaient repoussé le plus loin le projet de Cave. Aussi vit-on bientôt naître et mourir une foule d’ouvrages portant le titre nouveau de magazine ; un seul, le London Magazine, parvint cependant à prospérer. Une publication mensuelle, intitulée le Monthly Chronicle, consacrée k l’énumération abrégée des livres, brochures, pièces de théâtre, sermons, etc., qui paraissaient chaque jour, avait été achetée par le libraire Wilbortqui, un an à peine après la naissance du Gentleman’s Magazine or Monthly intelligencer, la transforma en London Magazine or Gentleman’s monthly intelligencer. L’imitation n’était pas visible par le titre seulement ; elle fut bien plus frappante encore quand, trois mois après, Wilbort, associé à trois autres libraires et à un imprimeur, adopta le format, le plan, !a distribution des matières et jusqu’au prix d’abonnement du Gentleman’s Magazine ; toutefois, le nouveau recueil se fit remarquer par une innovation fort goûtée ; il donna les débats du Parlement à partir d’août 1732, ce que Cave dut faire k son tour pour soutenir la concurrence. Mais le Parlement d’alors, très-jaloux de ses privilèges, voulut s’opposer à cette publicité donnée à ses séances. Le London Magazine imagina de substituer aux noms des orateurs des noms romains, tandis que dans le Genlleman’s Magazine Johnson transformait le Parlement en sénat de Lilliput, divisé en deux chambres, celle des Hurgoes et celle des Clinabs, et faisait parler les orateurs sous des noms de fantaisie. Certaine réponse supposée du premier Pitt (lord Chatham) à Horace Walpole eut un tel retentissement que l’honnête Johnson, scandalisé de son propre succès, déclara ne pas vouloir encourager le mensonge et cessa ses comptes rendus. On raconte que, en apprenant que Smollett écrivait une histoire d’Angleterre, il le mit en garde contre les « débats » du Magazine en lui avouant qu’ils étaient entièrement l’œuvre de son imagination. Quoi qu’il en soit, Cave et ses concurrents furent traduits devant la Chambre des lords, réprimandés et condamnés à l’amende ; mais l’opinion ne tarda pas à imposer aux Chambres le contrôle de la publicité.

Après avoir donné de loin en loin des vignettes sur bois, le Gentleman’s Magazine ajouta à son texte des cartes qui représentaient le théâtre de la guerre ; puis, à partir de 1746, des portraits de célébrités. Sa réussite allait toujours croissant et il voyait mourir l’un après l’autre tous les concurrents que la jalousie et la cupidité lui suscitaient. À l’étranger même, il trouvait des imitateurs ; des recueils portant le même titre et rédigés sur le même plan furent fondés à Philadelphie en 1741, à Boston en 1743, à Copenhague en 1745, à Hambourg en 1748, à Leipzig en 1753, à Stockholm en 1754, k Brème en 1761. Cave rédigea le Gentleman’s Magazine jusqu’à sa mort, survenue le 10 janvier 1754 ; son beau-frère, David Henry, lui succéda, puis le recueil passa, vers 1778, aux mains du célèbre libraire et bibliographe J.-B. Nichols, qui le laissa en mourant à ses deux fils (1826). Ceux-ci le dirigèrent pendant trente ans, après quoi ils se déchargèrent de ce lourd

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fardeau sur des associés plus jeunes. Le Gentleman’s Magazine est aujourd’hui encore le plus prospère des recueils mensuels dû l’Angleterre. Quant au London magazine, au succès duquel étaient cependant intéressés les plus riches libraires de Londres, il cessa d<j paraître en 1783. L’Universal Magazine, fondé en 1747, était mort depuis longtemps après avoir joui d’une vogue passagère. En 1782 avait paru l’European Magazine, qui ne survécut que peu de temps à son fondateur,

James Perry, rédacteur en chef du Morning Chronicle, mort en 1821. À côté de l’European Magazine, nous ne trouvons pendant longtemps que des recueils spéciaux, le Farmer’s Magazine, qui parut à Édimbourg de 1800 a 1817, et le P/iitosophical Magazine, fondé à Londres en 1798 par AlexandreTilloch-, exclusivement scientifique, vivant surtout d’emprunts faits aux savants français ; celui-ci a été suivi dans la tombe par beaucoup d’autres publications analogues.

Parmi les Magazines contemporains, nous citerons le Blackwood’s Magazine qui date du 1er avril 1817. Il a eu pour fondateur le libraire Blackwood, d’Édimbourg ; c’est le premier recueil mensuel qui ait fait une place à la politique ; le New monthly Magazine, presque exclusivement littéraire, que Bulwer dirigea en 1832 et que le romancier Ainsworth acheta en 1845 à la maison de librairie Colburn. Ainsworth avait fondé, trois ans auparavant, le Ainsu>orth’$ Magazine, dont il était presque l’unique rédacteur. Citons encore le magazine de Fraser, Fraser’s Magazine for town and country, né en janvier 1830, qui a eu longtemps pour principal collaborateur le romancier Thackeray, caché sous le pseudonyme de Titmarsh ; le Tait’s Edinburg Magazine, qui ne coûte qu’un schelling quand tous les autres recueils mensuels se vendant deux schellings e t demi ou une demi-couronne ; il paraît depuis le îor janvier 1834 avec ces deux mots pour épigraphe : Fiat juslitia. Enfin à côté des magazines littéraires et politiques nous pourrions en signaler d’autres qui s’adressent à des lecteurs tout spéciaux, comme leNautical magazine ;VUnited service Magasine, fondé en 1829 et qui traite les questions relatives aux armées de terre et de mer ; le Mechanic’s Magazine, etc. En 1857, on comptait dans le Rojaume-Uni 381 magazines. Leur valeur intrinsèque varie nécessairement beaucoup ; mais ils ont en commun une qualité précieuse : on peut les oublier sur la table de famille. Il y en a pour tous les âges, pour toutes les bourses, pour tous les rangs. Presque tous sont dans une situation prospère. Aujourd’hui, tous les magazines, comme toutes les revues, paraissent simultanément à Édimbourg et à Londres. L’Irlande possèd» le Dublin university Magazine, que dirigea pendant quelque temps, à partir de 1842, un romancier spirituel retiré depuis lors à Florence, Charles Lever. Depuis quelques années les magazines anglais, jaloux de retenir la faveur populaire, se sont tous efforcés de s’attacher un conteur en vogue, qui leur donne dans chaque numéro plusieurs chapitres d’une immense composition destinée à durer un an ou deux. La Foire aux vanités et Pendennis, de Thackeray, ont été publiés de cette façon. • Le feuilleton, au lieu de vivre au jour le jour comme en France, dit M. Cucheval-Clarigny, à qui nous empruntons une partie de ces renseignements, s’est mis à paraître de mois en mois dans les magazines. Les- conséquences en ont été presque les mêmes : les romanciers, irrésistiblement entraînés à se reposer sur leur facilité, ont enfante des œuvres incommensurables où la fantaisie s’est donné carrière aux dépens du goût et du bon sens, et où leur talent s’est épuisé ; mais les recueils mensuels ont dû a ces débauches d’esprit une recrudescence de la faveur publique et une vitalité nouvelle. »

Magazines aux États-Unis. Autant les journaux quotidiens s’établirent rapidement aux États-Unis, autant les recueils mensuels eurent de peine k se faire accepter. Franklin, qui, séduit par le succès du Gentleman’s Magazine anglais, dont nous avons parlé plus haut, fit à Philadelphie, dès 1741, la première tentative de ce genre, échoua complètement malgré ses eftbrts et ses soins ; il dut s’arrêter après le sixième numéro du General Magasine and histqrical Chronicle. Moins heureux encoçe, un rival, Y American Magazine, était déjà mort à son second numéro. On voulut, il est vrai, le ressusciter d’abord en 1757, puis en 1769, mais sans plus de succès. L’année 1771 fut plus heureuse k Aitkin, qui fonda à Philadelphie le Pensyluania Magasine ou American monthly Muséum, auquel collaborèrent Thomas Paiué et Fian.cis Hopkinson ; mais la guerre de l’indépendance suspendit, en juillet 177C, cette publication, accueillie avec une certaine faveur. Après la.paix, en 1787, Matthew Carey tenta de la relever, mais YAmerican Muséum se soutint difficilement ; il disparut tout k fait en 1798. En même temps des essais avaient eu lieu sur plusieurs points de la Nouvelle-Angleterre ; partout les novateurs n’avaient recueilli qu’indifférence de la part du public. À Boston, par exemple, le boslon weelcly Magazine et le Christian Bistory, nés l’un et l’autre dans la même année 1743, ne fournirent qu’une très-courte carrière ; Y American Magazine and kislorical Chronicle vécut un peu plus de trois ans. Le Neio-Evgland Magazine (1758), le Censor (1771), le Royal american

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Magatme (1774), moururent presque aussitôt que nés, et le Massachusetts Magasine, fondé en 1789, dut cesser de paraître après sept années d’une lutte stérile. Ce n’est guère qu’au début de notre siècle que les publications mensuelles parviennent enfin à conquérir une situation sérieuse dans la littérature américaine. En 1801, un ancien avocat de Boston, Joseph Dennie, fit paraître à Philadelphie un recueil hebdomadaire, le Portfolio, qui devint mensuel en 1809, et dont le succès encouragea Moses Thomas à fonder YAnaleclic Magazine. Cette dernière publication, à laquelle collaborèrent Washington Irving, le satirique Paulding et le célèbre ornithologiste Wilson, formait chaque mois un

cahier de 100 pages in-8o, orné de planches et de gravures originales. Son apparition à Philadelphie en 1813 porta un coup terrible au Portfolio, qui dut disparaître en 1820 ; mais lui-même, YAnalectic Magazine, en dépit des nombreux abonnés qui, de toutes le3 parties de l’Union lui étaient venus, s’éteignit après quelques années d’une vogue très-réelle, écrasé par de trop lourdes dépenses. Toutefois, il avait eu le mérite d’ouvrir la voie ; d’autres, plus heureux, sont venus, et, k l’heure qu’il est, les magazines de Philadelphie l’emportent encore de beaucoup sur ceux de New-York, de Boston, de Richmond par le mérite de la rédaction et de l’illustration aussi bien que par la quantité des souscripteurs. M. Cucheval-Clarigny cite parmi les plus célèbres le Livre des dames [The tady’s look) et le Graham’s Magazine. Tous les deux ont commencé modestement et ne vivaient d’abord que des dépouilles d’autrui, glanant dans les divers recueils publiés en Angleterre et aux États-Unis, et surtout dans les magazines anglais, les matériaux de leurs numéros mensuels. Peu après, ils ont pu se procurer des articles originaux que les meilleurs écrivains composaient exprès pour eux. Le Graham’s Magazine est maintenant presque exclusivement alimenté par des articles et des

romans inédits ; ses gravures n’ont pas de rivales, même en Europe ; enfin son tirage dépassa 35,000 exemplaires, soit 5,000 de plus que le Livre des dames. Le Godey’s Magazine et le Sartain’s Magazine, qui se publient également à Philadelphie, comptent chacun de 15,000 à 20,000 lecteurs.

Dès 1807, k New-York, Washington Irving, Yerplang et Paulding avaient fondé un recueil périodique, le Salmigondis, qui dura quelques années et dans lequel ils s’essayèrent sous des pseudonymes bizarres ; c’était la première tentative de littérature fantaisiste en Amérique ; elle réussit par son originalité ; mais ce n’est qu’à partir de 1824 qu’un recueil littéraire important, Y Atlantic Magazine, qui s’appela ensuite le New-York monthly Jieview, fut créé il New-York. L’année suivante, le poète Aryant fonda un magazine qui dut se réunir, en 1826, à YUnited-Stales Meview and literary Gazette et dans lequel il inséra ses meilleures pièces de vers : la Mort des fleurs, le Guerrier déterré, le Chef africain, Plaintes de la jeune Indienne. Indiquons tout de suite YAmerican monthly Magazine, dans lequel Charles FeiinoHoffuian publia, en 1837, son Vanderlyn, un de ses meilleurs romans, pour arriver plus vite au Knickerbocker Magazine, qui des mains de ce même lloffman, qui l’avait établi en 1S33, passa presque aussitôt sous la direction de Timuthée ■ Flint, puis sous celle de Lewis Gay lord Clark. Le Knickerbocker a joui d’une grande renommée aux États-Unis. Il a eu pour collaborateurs les écrivains les plus populaires ot les plus distingués ; Washington Irving, le Wouwermans de la littérature anglo-américaine, y a publié ses impressions de voyage ; son neveu, Théodore Irving, y a inséré, sous la signature de John Quod, ses deux romans de YAttomey et de llarry Harson ; William Ware lui a donné sa Zénobie, récit agréable qui fut fort goûté ; enfin Paulding l’a enrichi de quelques-unes de ses vives et amusantes peintures de mœurs. C’est dans le Knickerbocker qu’ont débuté, comme critiques, comme conteurs ou comme poètes, la plupart des littérateurs qui depuis une trentaine d’années se sont fait un nom en Amérique. Après la Knickerbocker, il faut citer le magazine de Putman, qui compte 25,000 abonnés.

Les plus anciens magazines des États-Unis se rencontrent k Boston ; ce sont YAmerican. Baptisl Magazine, fondé en 1803 parle révérend Thomas Baldwin ; le Missionary Herald, ainsi nommé depuis 1820 seulement, mais qui a été formé en 1808 pur la réunion du Missionary Magazine et du Panoplist, créés en 1805 et 1806. Ces recueils, dont le tirage est considérable, sont l’œuvre du clergé protestant, et leurs titres mêmes attestent suffisamment leur caractère religieux. Quant aux magazines purement littéraires, ils ont peu réussi jusqu’ici dans la capitale du Massachusetts. Aucun d’eux, il est vrai, ne s’est encore distingué par une valeur quelconque. Nous ne parlons pas, bien entendu, de YAnthologie (1803-1811), berceau du North American Jieview, la meilleurs revue des États-Unis, du Christian Examiner', du Dial (1840-1844), publication philosophique et religieuse du célèbre auteur de la Nature, Emerson, et de la non moins célèbre Marguerite Fitllcr. L’État de Virginie est moins bien favorisé encore. Nous ne trouvons à citer à Richmond que le Southern literary Messenger, fondé en 1834, auquel la collaboration d’écrivains et d’hoia-