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de Malte à Catane, puis à Ferrare (1826) et enfin à Rome, et on le divisa en quatre grands prieurés, les prieurés de Rome, de Lombardie, des Deux-Siciles et de Bohême. Cette ombre de l’ordre de Malte possède à Rome un vaste palais rue Condotti, une villa et l’église Sainte-Marie de l’Aventin, où l’on a inhumé plusieurs chefs de l’ordre depuis la retraite de la maîtrise dans cette ville. Le grand maître actuel est le comte J.-B. Ceschi, du Tyrol, qui a succédé, en février 1872, au bailli Borgia. L’ordre actuel, tel qu’il est sorti de ses tentatives de restauration, n’a que le nom de commun avec celui d’autrefois ; car il n’a aucune destination et ne remplit aucune fonction dans la chrétienté. Malgré lés prétentions des vaniteux qui en font partie, c’est une simple association particulière, et dans laquelle on est admis en faisant certaines preuves de noblesse, d’âge, de fortune et de religion. Du reste, le gouvernement français ne l’a jamais reconnu, eu sorte que les insignes ne peuvent en être portés dans notre pays. Ces insignes consistent en une croix de Malte d’or étnaillée de blanc que l’on suspend à un ruban noir passé en sautoir ou attaché à la boutonnière.

De l’ordre de Malte dépendaient des établissements de femmes, qui se recrutaient

exclusivement dans les familles nobles. Ces établissements dataient des premiers temps de l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem. Les plus ^importants se trouvaient en France, savoir ? un à Toulouse, et les deux autres à Maitel et à Beaulieu, dans le département actuel du Lot. Les membres de ces communautés se nommaient dames chanoinesses de Malte.

Mnito (histoire de l’ordre de), par Vertot (ma). Vertot avait soixante-dix ans lorsqu’il publia cet ouvrage, qu’il avait entrepris sur la demande expresse du grand maître de l’ordre..Écrit dans de pareilles conditions, ce livre ne pouvait guère être autre chose qu’une apologie. Vertot, du reste, se piquait médiocrement d’exactitude ; il tenait avant tout à représenter, avec art des scènes dramatiques et intéressantes. Il ne faut donc attacher à VBistoire de l’ordre de Malte qu’une très-médiocre confiance au point de vue de la véracité des faits. Elle tient fort du roman, soit par les longues et poétiques descriptions de combats et d’assauts, soit par les embellissements de pure imagination que l’auteur s’est permis d’y ajouter. Le style de Vertot s’y ressent un peu de son âge ; il est moins rapide et moins soutenu que dans ses autres ouvrages. Toutefois, les descriptions sont écrites avec le plus grand soin, et en général la forme est élégante et oratoire. Les morceaux les plus remarquables de l’ouvrage sont le combat de Dieudonné de Gozon contre un crocodile, et l’épisode d’Irène. L'Histoire de l’ordre de Malte a été souvent rééditée.

MALTE, ÉB (mal-té) part, passé du v. Malter : Orge maltée. Grains maltés. En Danemark, on prépare de grandes quantités d’orge MALTÉU. (Dict. du cojnm.)

MALTE-BRUN (Conrad), géographe, littérateur et publiciste, né à Trye (Jutland) en 1775, mort à Paris en 1826. Il a francisé son nom, qui était primitivement Maite-Courad Brunn. Il se livra d’abord à la poésie, puis à la politique, embrassa avec passion les principes de la Révolution française en religion comme en politique, et se hâta de prendre la plume pour les soutenir. #Après de brillants débuts dans une feuille populaire, il écrivit des brochures. L’une d’elles, le Catéchisme des aristocrates (1796), l’exposa à des poursuites qui le forcèrent de se réfugier en Suède ; mais, grâce à son Ode à la mort de Bernstorff, qu’il publia dans ce pays, ainsi qu’à, sa jeunesse, il fut autorisé k rentrer en Danemark (1707). Il y mit au jour coup sur coup deux brochures, dont l’une surtout, intitulée : Preuve comme quoi les gouvernements monarchiques ne sont point obligés de choisir leurs fonctionnaires d’après leur capacité, excita’ une vive irritation dans le monde officiel et lui attira un nouveau procès. Malte-Brun, reprit alors la route de la Suède, d’où il gagna Paris et s’y fixa. La haute cour de juslice de Danemark, par sentence rendue le 19 décembre 1800, le condamna à un exil perpétuel. Dans sa nouvelle patrie, Malte-Brun fit, dans divers journaux, de l’opposition au gouvernement consulaire ; mais il dut bientôt y renoncer pour éviter les effets d’un ordre d’expulsion. Dès ce moment, le démocrate cosmopolite fut changé en zélé monarchiste. 11 eut la rédaction de la partie de la politique du Nord dans le Journal des Débats, depuis 1806 jusqu’à sa mort. On l’a vu, admirateur du régime impérial, célébrer la naissance du roi de Rome, dans une imitation de l’églogue Sicelides Musx (1811, in-8o) ; publier, en 1815, une Apologie de Louis X VIII, et, en 1824, un . Traité de la légitimité, considérée comme base du droit public de l’Europe chrétienne (in-8°). Mais c’est bien moins du publiciste que du géographe que nous avons à nous occuper en parlunt de Malte-Brun. En 1803, il s’associa avec Mentelle et Herbin pour la publication de la Gooijrapliie mathématique, physique et politique de toutes Un parties du monde, ouvrage en 16 vol. in-8o, avec athis in-fol., qui ne fut terminé qu’en 1807, et dont le tiers environ lui appartient, surtout le volume fort remarquable de la géographie mathématique. On trouve là le germe des vues fécondes qui

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furent entièrement développées dans son Précis de géographie universelle, commencé en 1810. L’année suivante, le libraire Dentu, éditeur de la traduction de PinkertonJ accusa Malte-Brun, devant les tribunaux, d’avoir copié le géographe anglais. Il fut constaté, en effet, qu’une trentaine de pages de celui-ci étaient reproduites textuellement dans le Précis, sans y être indiquées par des guillemets ; mais le plagiat n’allait pas plus loin. Si Pinkerton avait eu le mérite d’améliorer la géographie en. y introduisant l’étément de l’histoire, on ne pouvait contester à Malte-Brun celui de l’avoir élevée k la hauteur d’une science, soit en réunissant les faits, jusqu’alors isolés, par des principes généraux, soit en la liant k toutes les branches des connaissances humaines. Le géographe danois,

qui écrivait admirablement en français pour un étranger, sut prouver aussi que le style pouvait prêter un nouveau charme à un sujet traité avant lui avec une sécheresse rebutante. Il est l’un des fondateurs et le premier secrétaire de la Société de géographie ; créateur et rédacteur, avec Eyriès, des Annales des voyages (1808), il a’ su donner à ce recueil périodique un intérêt supérieur à ceux, du même genre qui se publiaient en Angleterre. Le Précis de géographie universelle a été-mis au niveau des connaissances nouvelles, successivement par Huot(1831,12 vol. in-S<> ; 1841, 6 vol. gr. in-8o) et par Th. Lavallée (1856-1857, 6 vol.gr. in-s°). Malte-Brun a été regardé avec raison’par ses contemporains comme un des premiers géographes du monde. « Il n’y a que deux Français, disaiton, qui sachent la géographie, Napoléon, le Corse, pour l’avoir apprise dans ses courses victorieuses k travers le monde, et Malte-Brun, le Danois. » En 1826, !e 18 janvier, un décret du roi de Danemark releva le grand géographe de la peine du bannissement ; mais déjà la mort avait disposé de lui, à la fin de l’année précédente. Outre les ouvrages précités, on a de Malte-Brun : Essais poétiques, en danois (Copenhague, 1797) ; Projet d’assodation coloniale de la Nouvelle Scandinavie (Paris, 1804) ; Tableau historique et physique de la Pologne ancienne et moderne (Paris, 1807), refondu et continué par L. Chodzko (Paris, 1830, 2 vol. in"-8°) ; le Spectateur ou Variétés historiques, littéraires, critiques, politiques et morales (Paris, 1814-1815, 3 vol. in-S°) ; les Partis, esquisse morale et politique ou les Aventures de sir Charles Credulous à Paris pendant l’hiver de 1817-1818 (Paris, 1818) ; Tableau politique de l’Europe au commencement de 1821 (Paris, 1821) ; Mélanges scientifiques et littéraires (Paris, 1828, 3 vol. in-8o).

MALTE-BRUN (Victor-Adolphe), géographe, fils du précédent, né à Paris en 1816. En 183S, il se décida à suivre la carrière de l’enseignement, devint successivement professeur

d’histoire à Pamiers (1838), à Sainte-Barbe (1840), au collège Stanislas à Paris (1846), et abandonna l’année suivante le professorat pour s’occuper entièrement de travaux géographiques, M. Malte-Brun a été k plusieurs reprises secrétaire général de la Société de géographie et il est le principal rédacteur des Nouvelles annales des voyages. Nous citerons de lui : les Jeunes voyageurs en France (1840) ; Itinéraire historique et archéologique de Philippevitle à Constantine (Paris, 1858) ; la Destinée de sir John. Franklin dévoilée (1860, in-8o) ; Résumé historique.de l’exploration à la recherche des grands lacs de l’Afrique (1860, in-8o) ; Nouvelles acquisitions des Busses dans l’Asie orientale (1861, in-8o) ; les États-Unis et le Mexique, histoire et géographié (1862) : les Dernières explorations du docteur Alfred Peney dans la région du haut fleuve Blanc (1863, in-18) ; Coup d’œil sur le Yucatan (1864, in-18) ; la Sonora et ses mines (18S4, in-8o) ; Canal interocéanique du Darien (1865, in-8o) ; Histoire géographique et statistique de l’Allemagne (1866-1868, in-4o) ; Histoire de Marcoussis (1867, in-8o), etc. M. Adolphe Malte-Brun a publié une nouvelle édition de la géographie de son père (1852-1855, 8 vol.) et la France illustrée, histoire, géographie, statistique (1855-1857, 3 vol. in-8o), en collaboration avec plusieurs auteurs.

MALTEBRIINIE s. f.(mal-te-bru-nl — de Malte-Brun n. pr.). Bot. Syn. d’oRYZA.

MALTEPÊ, petit village situé sur la rive asiatique du Bosphore, habité par de pauvres familles de pêcheurs et de jardiniers d’une profonde ignorance. C’est la terre classique de la superstition. Les habitants de ce malheureux village croient que tous les touristes qui viennent chez eux sont en relation directe et intime avec Satan : ils supposent qu’ils connaissent la langue qu’on parle et l’écriture usitée dans l’empire des ténèbres.

Aucun de ces villageois ne sort la nuit de sa maison. Ils craignent surtout de s’approcher d’un puits, une fois le soleil couché ; ils disent que la nuit les puits sont hantés par des fantômes menaçants, et tous affirment que ces fantômes apparaissent tout à coup au bord des margelles, dès qu’on va les troubler dans leur retraite nocturne.

Ils ne se couchent jamais sans avoir préalablement craché trois fois par terre. Cette pratique, — selon eux, leur concilie les esprits lutins. Les paysannes de Maltepé assurent que ces esprits sont coiffés d’un colback, sorte de bonnet d’une forme commune en Orient.

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Si une femme réussit à enlever ce colback au latin, il est de tradition qu’elle l’asservit par ce seul fait, et le follet est obligé de combler de richesse celle qui l’a décoiffé. Mais il faut qu’elle ait bien soin de brûler le colback, car si le latin parvient k le reprendre, adieu les richesses qu’il a prodiguées ; elles disparaissent subitement. Quand on leur demande s’il y a eu beaucoup de lutins décoiffés et beaucoup de colbacks brûlés, ces innocentes créatures se contentent de répondre : Cela c’est vu, ou bien : Cela se voit, quand c’est la volonté de Dieu,

MALTEE s. m. (mal-tèrr). Métrol. Nom d’une mesure de capacité usitée dans plusieurs parties de l’Allemagne, et dont la valeur varie suivant les localités. À Heidelberg (Bade). elle vaut 10211t,986 ; k Nuremberg, 16711t,137 ; à Francfort-sur-Mein, 107’it,9S4 ; à Hambourg, 11411*,745 ; dans la Hesse-Cassel, 11211t,539 ; dans la Hesse-Darmstadt,)28 litres ; à Mayence, 9llit,073 ; k Clèves, 17911t,492 ; k Coblentz, 1591H,632 ; k Cologne, 162’it, û73.

MALTER v. a. ou tr. (mal-té — rad. malt). Techn. Convertir en malt, en parlant de l’orge : Malter de l’orge.

MALTERIË s. f. (mal-te-rî — rad. malter). Usine où l’on prépare le malt.

MALTEUR s. m. (mal-teur — rad. malter). Techn. Ouvrier qui prépare le malt dans une •brasserie.

MALTHACUS s. m. (mal-ta-kuss — gr. maithakos, mou). Entom. Genre de coléoptères, de la famille des malacodermes, tribu des téléphorides, comprenant trois espèces qui habitent l’Amérique du Nord.

MALTHE s. f.(mal-te-lat. maltha, grec mattha, cire tendre, de même radical que maithakos, tendre, mou, et que le gothique tnilds, ancien allemand milsi, etc., doux, ancien slave mladu, tendre. Selon Pictet, ces formes correspondent à mardhu, qui est la forme primitive de madhu, doux, comme adjectif, et, comme substantif, lait, miel, de la racine mardh, être humide, être gras, proprement être broyé). Antiq. Sorte de ciment employé par les anciens pour enduire les murailles, et qu’ils composaient avec délia poix, de la cire, du plâtre et de la graisse. [| Ciment romain composé de chaux vive, de vin, de graisse de porc, de figues et de poix fondue,

— s. m. Miner. Variété noire de pétrole ou de poix minérale.

MALTHÉE s. f. (mal-té). Ichthyol. Genre de poissons, détaché du genre baudroie, et comprenant six espèces, toutes américaines : Le corps des malthées est couvert en dessus d’une peau dure et tuberculeuse et garni tout autour de filaments charnus. (D’Orbigny.)

— Encycl. Les malthées sont caractérisées par une tête fort élargie et aplatie, dépourvue de rayons libres ; les yeux situés fort eu avant ; l’opercule volumineux et saillant : le museau protractile, médiocre, pointu et proéminent, muni d’un pédicule que termine un pinceau de filets charnus ; la bouche petite et placée sous le museau ; les ouïes ouvertes au-dessous de l’aisselle par un simple trou et soutenues par six ou sept rayons ; les pectorales pédiculées ; le corps hérissé de tubercules osseux et munis d’appendices sur les côtés. Ces poissons manquent de vessie natatoire, et leurs intestins sont dépourvus de ccecum ; l’étroitesse d’ouverture de leurs ouïes leur permet de vivre longtemps hors de l’eau. Ce genre comprend un petit nombre d’espèces, peu étudiées jusqu’à ce jour, mais qui toutes appartiennent aux mers de l’Amérique. La plus connue est la mallhée vespsrtilion, vulgairement nommée chauve-souris, sourissole, petite licorne de mer, etc. Ce poisson, long de om,50 au plus, présente une forme triangulaire des plus singulières ; son museau est excessivement pointu et proéminent ; tout son corps est hérissé de petits aiguillons pointus ; la partie supérieure présente en outre un grand nombre de petits tubercules en forme de patelles, rayonnes en dessus et terminés par un sommet aigu. Sa couleur est rougeâtre sur presque toutes les parties du corps, tirant au gris brunâtre en dessus, plus paie en dessous. La mallhée vespertition habite surtout la mer des Antilles ; ses mœurs, d’après ce qu’on en connaît, sont analogues à celles des baudroies. Sa chair est de médiocre qualité ; néanmoins on la mange dans le pays.

MALTHINUS s. m. (mal-ti-nuss — rad. malthe). Entom Genre de coléoptères pentamères, de la famille des malacodermes, comprenant une trentaine d’espèces, dont vingt et une sont originaires de l’Europe, et les autres de l’Amérique : Les malthinos vivent sur les feuilles des arbrisseaux et ont pour ennemis particuliers les téléphores. (Chevrolat.)

MALTHUS (Thomas-Robert), célèbre économiste anglais, né k Rookery (Surrey) en 1766, mort k Bath en 1834. Son père, homme instruit et chaud partisan des idées philosophiques de son temps, lui fit donner une excellente éducation. Le jeune Robert termina ses études à l’université de Cambridge, y prit ses grades et entra en 1789 dans l’Église anglicane. Peu après il obtint une cure près du lieu où il était né, et employa ses loisirs à l’étude de l’économie politique et des grandes questions politiques et sociales qui occupaient

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alors si vivement les esprits. Malthus fut amené, en examinant les théories relatives à la perfectibilité de l’homme, aux progrès de la civilisation, à se demander s’il était vrai, comme on le croyait généralement, que la population est la richesse d’un État, et il fut ainsi conduit à aborder la question du rapport de la population aux subsistances. Quelque temp3 auparavant, Godvin avaitpublié la Justice politique, ouvrage dans lequel il attribuait la misère du peuple aux vices de l’ordre social. Malthus crut que Godwin avait fait fausse route. Ce fut pour le réfuter qu’il publia, sous le voile de l’anonyme, son Essai sur la population (1798, in-8o), ouvrage qui eut un retentissement extraordinaire et dans lequel il essaya de démontrer que les maux de la société proviennent, non des vices des gouvernements,

mais des vices inhérents k la nature humaine. Après avoir émis dans cet ouvrage une théorie devenue fameuse et dont nous parlerons plus loin (v, malthusianisme), Malthus résolut de voyager afin de recueillir des documents et des faits k l’appui de la thèse qu’il avait adoptée. Il visita successivement en 1790 la Norvège, la Suède, la Finlande, le nord de la Russie, puis en 1802 la France et la Suisse. L’année suivante, il réédita, après l’avoir complètement remanié, son Essai sur le principe de population ou Aperçu sur les effets passés et présents relativement au bonheur de l’humanité (Londres, .1803, in-4o), qui a été souvent réimprimé et traduit dans presque toutes les langues, notamment en Irançais par M. Prévost, avec une notice de Charles Comte et des notes de Joseph Garnier. En 1804, Malthus devint professeur d’histoire moderne et d’économie politique au collège de la Compagnie des Indes orientales, k Aylesbury, dans le comté d’Hertford ; il conserva cette chaire jusqu’à sa mort et y enseigna les idées et les principes propagés par Adam Smith. En outre, il devint membre de la Société royale de Londres et associé libre de l’Académie des sciences morales et politiques de Paris. II s’était marié en 1805 et avait eu de son mariage un fils et une fille.

Les idées de Malthus ont rencontré des admirateurs et des adversaires également passionnés. La loi qu’il a essayé d’établir entre l’accroissement de la population d’une part et celle des subsistances de l’autre a été vigoureusement, attaquée ; et un sérieux examen

des faits a démontré que l’écart de plus en plus grand que Malthus a entrevu entre la population et les subsistances n’existait point en réalité. Pour combattre la tendance que, selon lui, la population a k s’accroître indéfiniment, Malthus a proposé des moyens qui l’ont fait accuser d’immoralité et de dureté de cœur. Lorsqu’il recommande la circonspection dans les mariages, et, dans le

mariage, ce qu’il appelle le vesfraint moral ; lorsqu’il propose d’enlever aux indigents des secours qui leur permettent de se multiplier à l’excès ; lorsqu’il dit ; «Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, si sa famille ne peut plus le nourrir ou si la société n’a plus besoin de son travail, cet homme n’a pas le moindre droit k réclamer une portion quelconque de nourriture et il est réellement de trop sur la terre : au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couvert mis pour lui ; » lorsque, accusant la nature seule de tous les maux de l’humanité, il semble vouloir laisser ceux qui gouvernent en dehors de toute responsabilité et condamner d’avance comme

inutile et impuissante toute réforme tendant à améliorer le sort des masses, Malthus a fait preuve d’un esprit étroit, d’un dogmatisme en partie puisé aux sources théologiques, et a émis évidemment des idées erronées. Mais tout en justifiant l’inertie des politiques sans cœur, tout en propageant un fatalisme désolant, les doctrines de Malthus ont eu un côté utile. « En pénétrant avec sagacité, dit M. A. Cochut, les phénomènes qui se rapportent aux mouvements des populations, en démontrant, contre l’avis unanime des hommes d’Etal de son temps, que le bonheur d’un pays, sa force politique dépendent, non pas du chiffre de ses habitants, mais du rapport de la population k la quantité et surtout à la vertu nutritive des aliments disponibles, Malthus a rendu un véritable service aux sociétés. Le mal causé par ce même philosophe découle des efforts qu’il a faits pour affranchir les législateurs de la responsabilité de leurs fautes. On doit lui reprocher d’avoir présenté la misère publique comme une fatalité à peu près inévitaole, d’avoir réfuté par de prétendues lois, naturelles les espérances de réforme les plus légitimés. »

Les partisans de Malthus se sont emparés de ses paradoxes en les exagérant. Pour les malthusiens, il y a une race maudite, celle qui naît dans la misère et qui doit disparaître parce qu’elle n’a pas de place au banquet de la vie. Un d’entre eux, le conseiller de régence Weinhold, dans son écrit publié k Halle en 1827, intitulé De l’excès de la population dans l’Europe centrale, a poussé l’audace jusqu’à proposer sérieusement de soumettre à l’infibulation tout individu mâle qui n’aura pas un revenu suffisant pour se nourrir, lui, une femme et des enfants.

Outre l’ouvrage précité, ou doit k Malthus : la Crise, pamphlet contre l’administration do Pitt (Malthus appartenait au parti whig et désirait des réformes, pourvu qu’elles fussent faites avec maturité et sagesse) ; Recherches sur la cause du prix élevé des denrées (Lon- "