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ailes de l’armée, au xvib siècle : Manche de main droite. Manche de main gauche.

— Mar. Manche à eau, Tube en cuir ou en toile qui traverse les ponts, et conduit, dans les futailles ou réservoirs de la cale, l’eau potable ou d’autres’liquides dont ou l’ait provision ou chargement. Il Manche à vent, Grand tube en toile attaché k l’étui d’un mat et descendant dans l’entre-pont pour y amener de l’air.

— Pêche. Filet formant une sorte de poche fermée par l’un des bouts.

— Géogr. Bras de mer resserré entre deux terres, et servant de communication eiitre : deux mers dé grande étendue : La manche de Tartarie. M Se dit particulièrement du bras( de mer qui sépare l’Angleterre du continent : Passer ta Manche. La flotte de la Manche a mis à la voile.

— Techn. Tuba principal d’un chalumeau, celui par lequel on tient l’instrument quand on en l’ait usage, et qui est muni de l’embouchure, u Fourneau d’affinage, dans les ateliers demouuuyeurs. II Tubedeeuir, decaoutchouc,do toile ou d’autre matière inoUe, dont on se sert pour conduire de l’eau sur divers points : On arrose les jardins publics avec des manches. Les pompiers dirigent avec des manches l’eau de leurs pompes..

— Phann. Manche d’ffippocrate, Sac de flanelle, de laine ou de feutre, de forme conique, dont on se sert pour liltrer les liquides épais. Il On dit aussi chausse d’.Hifpocrate.

— Jeux. Partie : Jouer deux mancuiîS, trois manches. Vous avez gagné deux manches, vous ave : l’habit complet, il Avoir une manche. Avoir gagné une partie, il Être manche à manche, Avoir gagné le même nombre de parties.

— Ornith. Manche de velours, Espèce de palmipède.

— Encycl. Antiq. On sait qu’il y avait chez les Grecs deux sortes de tuniques : la dorique et l’ionienne. La dorique était un vêtement de coton, court et sans manches ; l’ionienné était un vêlement de fin, plus long et avec des manches. Thucydide semble croire que la longue tunique de fin, oAac manches, fut la plus anciennement usitée, et il attribue à une simple mode l’introduction de la tunique des l.acédémoniens à. Athènes ; mais nous savons de manière certaine que la tunique longue fut apportée à Athènes par les louions d’Asie, que les Athéniens la portèrent généralement durant les guerres médiqués, et

qu’au temps de Périeles elle disparut presque entièrement pour faire piaèe de nouveau à lu tunique des Dorieus. Du moins, il’eu fut ainsi pour les hommes ; car, dans le ■vêtement des femmes, les deux genres de tuniques continuèrent a exister. À Sparte, les jeunes lilles ne portaient qu’une tunique, la dorique, sans manches, avec des agrafes pour la retenir sur les épaules, et descendant a peine jusqu’aux genoux, comme on le voit dans les statues de Diane chasseresse. Aussi donnait - on aux jeunes filles Spartiates l’épithète de gumiuii (nues). Il n’eu était pas ainsi des femmes mariées : celles-ci portaient sur la tunique nu autre vêtement.

Les manches de la tunique ionienne no couvraient que la partie supérieure du bras ; •laiis les statues anciennes, nous ne les voyons jamais s’étendre plus avant que le coude, que souvent elles n’atteignent même pas. Les Muses sont, en général, représentées uveo cette, tunique. Dans les derniers temps, de la Grèce, les tuniques à l’usage des hommes se divisaient en deux ospèces : Vamphimuschalos et l’hëtëromaschulos ; la première était le vêtement des hommes libres ;.la seconde, le vêtement des esclaves. Le mot antphimaschalus désigne une tunique ayant deux manches, et aussi une tunique ayant des ouvertures pour les deux, bras ;, le mot hetëromaschalo^ désigne, au contraire, . une, tunique n’ayant qu’une manche, ou plutôt n’ayant qu’une ouverture pour le bras gauche. Les esclaves qui portaient l’hétèrbiuaschaios avaient le bras droit nu. Qu : iud la tunique avait de^ manches descendant jusqu’aux, mains, ’ elle était appelée cheiridotos ; les munches portaient le nom de cheirides, comme on dirait toiture-main.

Les Romains n’eurent d’abord d’autre vêtement que la loge ; k l’époque où. la tunîqué l’ut introduite parmi eux, ce fut un court vêlement sans manches, appelé cotobium. On regarda, longtemps comme des hommes’ efféminés ceux qui portaient des tuiiiques garnies do longues manches ! Jules. César ne lut pas k l’abri de ce reproche : il portait d’ordinaire un vêlement à longues, manches enriy chies de franges près de la main, ad mamis ftmbriuta, couuiie dit Suétone. Vers les derniers temps de l’empire, on porta communènément des tuniques k longues manches et tombant jusqu’aux pieds. Jusqu’à cette époque, les manches un peu longues furent laissées aux femmes. Les tuniques de >: es dernières, plus amples que celles des hommes, avaient toujours des manches ; niais, dans les anciennes statues, on ne voit pas qu’elles couvrissent plus que la partie supérieure.du bras. Toutefois, le musée Borbunico’, k Naples, présente un exemple de statue du femme dont les bras sont entièrement couverts. Les pauvres gens qui n’avaient pus de quoi acheter une loge se contentaient d’une tunique, et pour cette raison ils étaient appelés nudi (nus) ; leur tunique était garnie de manchet

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qui ne couvraient que la partie supérieure du bras. Quelques œuvres d art nous représentent des Romains avec des manches descendant jusqu’aux mains ; mais le plus souvent les manches descendent à peine jusqu’au coude. Les tuniques k longues manches avaient le nom de municats, et la manche s’appelait manica, mot qui correspond exactement au cheiris des Grecs.

Winekelmann dit qu’il ne se rappelle pas avoir vu des tuniques avec des manches longues et étroites k des figures d’hommes, soit grecques, soit romaines, k l’exception des figures théâtrales ; mais il a vu, sur quelques tableaux d’Hereulauum, des tuniques avec manches courtes n’allant pas plus loin que le milieu du bras supérieur ; ce sont les tuniques appelées colohia. lies figures d’hommes qui représentent des personnages comiques ou tragiques ont des vêtements avec des manches longues et étroites. Le savant antiquaire cite, en ce genre, deux petites statues de personnages comiques de la villa Albani, une figure tragique d’un tableau d’ileroulanum, et un bas-relief de la villa Pamphili représentant un ■ grand nombre de ces personnages. Les valets de comédie portent ; par-dessus la tunique à longues manches, une casaque courte avec des ieiui-munches. Wiuokelinaun dit encore : »J’ai dit exclusivement que les manches longues et étroites ne se trouvent pas aux figures d’hommes grecques et romaines, sauf les figures théâtrales ; j ajouterai ici que ces mêmes manches sont données a toutes les figures phrygiennes, ainsi qu’on le voit aux belles siatues de Paris dans les pu lais Lancelloti et Alteinpi, et k d’autres figures du même berger, tant sur les bas-reliet’s que sur les pierres gravées. De là vient que (Jybèle, comme divinité phrygienne, est toujours figurée avec des manches de cette tonne, ainsi qu’on le remarque k la figure en ronde bosse de cette déesse, conservée au musée du Capilole. Il résulte du même principe qu’Isis, envisagée comme une divinité étrangère, est la seule déesse, conjointement avec C’y bêle, qui ait des manches longues et étroites. Les figures qui doivent désigner les nations barbares.sont ordinairement ajustées a la phrygienne, ayant les bras revêtus de manches fort longues. Lorsque Suétone parle d’une togè germanique, il parait désigner par là une robe avec des manches faites de cette manière. •

Les femmes portaient quelquefois des ror bes garnies de manches étroites et cousues, manchesqai venaient jusqu’au poignet, et que, pour cette raison, les Grées nommaient /carpoloi (de leurpos, poiguet). L’aînée des deux lilles de Niobé est ainsi vêtue ; il en est de même de la prétendue Didon, dans les peintures d’Heroulanum. On trouve sur les vases peints un grand nombre de figures avec cet ajustement. Si les manches sont très-larges, il faut prendre garde qu’elles ne Sûnt pas coupées séparément, mais que la partie carrée de la robe qui tombe de l’épaule sur le bras se trouve arrangée en forme de munches, au moyeu de la ceinture. « Quand ces robes, au lieu d’élre cousues sur les épaules, sont attachées par des boutons, alors les boutons tombent sut- les bras. Aux jours solennels, les femmes portaient des robes de cette ampleur. Mais, dans toute l’antiquité, on ne trouve pus de manches plissées et retroussées comme, celles de nos chemises modernes, et comme le Bernin en a donné une à sainte Véronique, dans ï’église de Suint-Pierre, k Rome. D’autres sculpteurs modernes en ont donné mal à propos deisemblables k leurs figuras de femmes. » *

Les manteaux que les Grecs portaient par-dessus leurs tuniques’, et ceux que les Romains portaient aussi par-dessus les tuniques et la toge, avaient des manches assez longues et fort larges ; mais, jusque vers la fin de l’empire romain, l’usage des longues munches fut, eu général, un signe de mollesse et de débauche. Cicéron, parlant du luxe des compagnons de Catilina, dit qu’ils portaient • des tuniques descendant jusqu’aux talons et à longues manches, et que leurs toges étaient aussi grandes que des voiles.de navire.» Cependant Juste-Lipse a eu toit de prétendre que les débauchés seuls, les cinxdi et tes pueri mtritorii, portaient des tuniques k maltehes- étroites, longues, et allant jusqu’aux poignets, comme celles des femmes ; nous avons vu’ que les personnages de théâtre étaient ainsi vêtus, et c’est ce que Juste Lipse paraît avoir ignoré.....

Outre le3 manches qui tenaient k la tunique, il y avait aussi, chez les Grecs et les Romains, des manches qui faisaient une punie séparée du vêtement, ou du moins des objets qui avaient aussi le nom de manches, en grec cheirides, en latin manies. Paiiuduis (De re rustica) parle de ces manches recouvertes de fourrures, dont se servaient les agriculteurs. Les gladiateurs portaient aussi une manche séparée de leur vêlement, et qui recouvrait leur bras droit ainsi que leur main droite. Déjà des manches du même genre étaient connues au temps n’iiomère, comme ou peut le voir dans X’Odijssée (xxiv, 228). Peut-être Homère, dans ce passage, desigue-t-il une sorte de gant, dans lequel la main entrait tout entièré Eustalho, dans son commentaire, distingue outre ce gant et le gant véritable, où chaque doigt avait sa place distincte, et ■qu’il appelle cheirides dactuldtai. Pour carlames opérations manuelles on se servait,

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chez les Romains, de gants à doigts séparés. On s’en servait aussi, comme le rapporte Pline le Jeun*-’-, pour se garantir du froid. Toutes les sortes de gants, ainsi que lesmanches séparées du vêtement, ’avaient le même nom que les manches attachées à la tunique : cheirides en grec, manies en latin.

— Ane. art milit. La manche est une subdivision plus ancienne dans l’infanterie françaiseque l’institution des bataillons. Lorsque l’on commença à adopter les armes à feu portatives, on donna le nom de manches aux troupes latérales d’un corps en bataille ; puis on créa des demi-manches, qui formèrent la, cinquième partie du bataillon, et des quarts de manche, qui en étaient la neuvième partie. Diviser ou rompre un bataillon en quarts de manche, c’était le diviser en neuf subdivisions. Le système des manches fut aboli complètement quand l’infanterie ne fut plus armée que de fusils, vers noo ; mais le mot manche se conserva par habitude jusque vers 1750, et plus tard même parmi les cent-Suisses, quoique sa signification primitive fût perdue.

— Ornith. Manche de velours. On désigne sous ce nom vulgaire un oiseau palmipède très-répandu sur les côtes orientales de l’océan Atlantique, depuis la Bretagne jusqu’au Cap de Donne-Espérance. On le rencontre presque toujours k peu de distance de la terre, sur les bancs ou sur les hauts - fonds, là où le poisson est le plus abondant. Il est de la-grosseur d’une oie ; son bec est long ; le fond da son plumage est d’un blanc pur ; les ailes sont picotées de noir, et l’oiseau les remue continuellement, k la manière dos pigeons. Il voltige sur les flots pendant le jour, et, quand vient la nuit, il retourne au rivuger Les matelots aiment beaucoup k le

"voir, car c’est une sorte de messager qui leur •annonce l’approche de la terre. Il est très-cominuti surtout au voisinage du banc des Aiguiiies. Son nom vulgaire est la traduction de celui qu’il a reçu des Portugais.

MANCHE, ancienne province d’Espagne, dont le territoire a été partagé entre les provinces d’Albacele, Tolède, Cuença, Ciudad-Real ; cette dernière en a retenu la plus grande partie. La Manche faisait partie de l’ancien royaume de Nouvelle-Castille ; elle mesurait, du N. au S., 186 kilom., et 300 de l’E. k l’O. Cervantes a rendu cette province célèbre en la prenant pour théâtre de son ro-v man immortel. Cette province fournit des vins qui se consomment à Madrid, où les habitants les boivent comme vins d’ordinaire ; ils sont moins colorés, inoins forts et plus dé ; licats que la plupart des autres vins d’Espagne. Les meilleurs, qui se récoltent k Valdapenas, ont la plus grande analogie avec nos vins de Bourgogne, dont ils réunissent presque toutes les qualités. Les autres crus, que 1 on classe au second rang, sont ceux de Manzanarès, d’Albacete, de Ciudad-Real, de Calatrava. Ces vins sont ordinairement transportés a dos de mulet, dans des outrés qui leur donnent un mauvais goût ; il n’y a que les personnes très-riches qui emploient des tonneaux. Les vignobles de Valdapeflas, dans la Manche espagnole, fournissent aussi des vins blancs secs assez estimés, quoiqujils soient bien inférieurs à ceux de Xérès ; il s’en exporte une certaine quantité en Angleterre et en Amérique.

MANCHE (le chevalier de la), surnom de Don Quichotte, parce qu’il était né dans cette partie de l’Espagne.

MANCHE, YOceanus Britarmicus des Romains, appelé par les Anglais British’oa English Clianuel (canal Britannique ou Anglais), partie de l’océan Atlantique resserrée entre les côtes de France au S. et celles d’Angleterre au N., entre 48» 38’ et 51° de latit. boréale, et entre l» H’ et so de longit. occidentale. La Manche s’ouvre k l’O. entre l’île française d’Ouessant et le cap anglais Lands-End, et se rétrécit k mesure qu’elle approche du pas de Calais, détroit qui la fait communiquer k la mer du Nord ; sa forme o-énérale, qui lui a valu son nom français, est celle d’une manche d’habit, dont l’ouverture la plus étroite est celle qui se trouve dans la direction N.-E. Elle a 200 kilom. de largeur k sou entrée occidentale, 255 k Saint-Malo, 125 k Cherbourg, UG k Dieppe et 30 entre le cap Gris-Nez en France et le cap Dungeness dans le comté de Kent. Sa longueur totale, du N.-E. au S.-O., est de 520 kilom. Sa superficie peut être évaluée k 88,000 kilom. cariés, c’est-à-dire k un neuvième de celle de la France. Eila baigne, sur les côtes de France, les départements du Pas-de-Calais, de la Somme, de la Seine-Inférieure, des Côtes-du-Nord et du Finistère ; sur lu côte anglaise, les connus de Kent, Susscx, Hauts, Dorset, Devon et Cornouailles. Le vaste bassin de la Manche est resserré entro des contrées de formation granitique, comme la Bretagne et la presqu’île du Cotentin en France, les comtés ne Devon, de Dorset, de Hauts en Angleterre, auxquelles succèdent les rivages calcaires de la Normandie, de la Picardie et de l’Artois. Cette différence dans la constitution géologique eu produit une très-notable dans l’aspect de ces rives. En France, les rivages sont noirâtres, découpés k l’infini, bordés de rochers que battent des vagues fut rieuses, semés d’îlots sans nombre et d’écueits perfides ; eu Angleterre, au contraire, ils se

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déploient en longues lignes ondoyantes, formées de falaises bbinehàtres que la mer mine à la base, et au pied desquelles le galet roule sans cesse sous l’impulsion des eaux. Parmi les nombreuses échancrures que forme la Manche sur la côte française, nous signalerons les trois grands enfoncements qui portent les noms de baie de la Somme, golfe du Calvados et golfe de Saint-Malo. Dans la baie de la Somme se trouve Boulogne, le meilleur port de la côte de France jusqu’au Havre ; la petite rade d’Ambleteuse, les petits ports d’Elaples, du Crotoy, de Saint-Valéry, du Tréport, de Dieppe, de Saint-Valery-en-Cnux, de Fécamp et d’Etrétat. Le golfe du Calvados, qui s’étend du cap d’Antifer à la pointe de Barfleur, est hérissé de rochers ; on y trouve néanmoins les ports du Havre et de Honlleur, Trouville, la rade et le port de Caen, Corseulles, Isigny, Carentan, La rade de La Hogue ; entre la pointe de Barfleur, extrémité N.-iï. de la presqu’île du Cotentin, et le cap de La Hogue, extrémité N.-O. de la même presqu’île, est situé le port militaire de Cherbourg. Dans le golfe de Saint-Malo, on remarque Granville, le Mont-Saint-Micbel, la baie de Cancale, Saint-Malo, le port Pornic ou port Penlhièvre, PaimpoljTréguier, Morlaix, Roscof, dans la baie de Saint-Brieuc, et le port de refuge de l’Ile de Batz. Les côtes d’Angleterre, moins échancrées que celles de France, où’rent un grand nombre de baies, de rades et do ports. Citons Douvres, à l’entrée orientale de la Manche ; Folkestone, Brighton, Portsmouth, Sontharapton, Plymouth, grand port militaire. Parmi les îles qui se trouvent près des côtes, nous mentionnerons l’île de W’ight, sur la côte anglaise, et les lies de Guernesey, Jersey et Aurigny, sur celle de France. Les rivières les plus importantes qui ont leur embouchure dans la Manche sont : la Seine, la Somme, l’Orne, la Vire, sur la côie de France ; l’Exe, le Dart, le Tumer, le Fal, en Angleterre. La navigation de la Manche est assez désagréable, parce que la lame y est courte ; les bateaux k vapeur surtout souffrent beaucoup de cet effet du flot ; elle est d’ailleurs exposée aux étemels vents d’ouest, qui ngitent les flots et aggravent encore 1 effet des marées. Celles-ci, en effet, y sont très-hautes, surtout du côté de Saint-Malo e< de Granville, où elles atteignent 13 mètres e> quelquefois M mètres. La Manche est excès sivenieut poissonneuse, et la pèche est une des plus importantes sources de richesse des populations riveraines ; le turbot, la sole, la raie, le maquereau, le mulet, le merlan, le hareng, le barbarin y abondent. Tout le monde connaît la réputation européenne des huîtres de Cancale.

Dans ces dernières années, on s’est beaucoup occupé de projets ayant pour objet de mettre en communication directe la France et l’Angleterre. Au commencement de 1S66, il fut beaucoup question en Angleterre d’établir sur des pontons un chemin de fer destiné k relier Douvres k Calais. L’audacieux promoteur do ce projet, qui fut présenté a la Chambre des communes, où il devait être étudié dans la session la plus prochaine, était un homme sérieux, ayant déjà fait ses preuves : M. Fowler, l’inventeur de la charrue k vapeur. L’exécution de ce projet, d’après le devis, ne dépasse pas 25 millions. Les rails reposeraient sur des ponts en fil de fer qui

relieraient entre eux d’immenses pontons assujettis par de fortes ancres, et plus élevés sur les Ilots que le Great-Eastern. Les plus grands vaisseaux pourraient passer sous ce viaduc toutes voiles dehors. M. Fowler s’engageait, s’il obtenait satisfaction du parlement, k livrer ce chemin de far au public pour l’ouverture de l’Exposition universelle de Paris, en 1867. La traversée se ferait en vingt minutes. Probablement, la hardiesse de ce projet rencontra des incrédules, car il n’y fut pas donné suite. Depuis, un autre projet a été rois k l’étude : au lieu de pontons mobiles pour supporter les ponts, il est question de piles immenses édifiées de distance en distance. Ce projet semble plus pratique que le premier, et sa réussite pourrait fort bien n’être pas éloignée.

On a ri du héros d’un roman de Ponson du Terrail, qui traversait l’Océan à franc étrier ; lis romancier était en avance de quelques années sur.le siècle, voilà tout ; il avait pressenti les deux projets que nous venons d’indiquer. Vers la même époque, ou étudiait en Franco un projet non moins hurdi, qui avait pour objet de creuser un tunnel sous la Manche, entre Douvres et Calais, pour y faire passer un chemin de 1er. D’une part, des brigades de géomètres ; d’autre part, des brigades de marins., sous la direction do M. Thoinô de Gainond, envahissaient le pas de Calais, à i’ellet d’étudier le sol d’ans lequel le tunnel devait être creusé, et les études qui furent faites alors montrèrent que ce gigantesque projet n’était point impraticable. Toutefois, jusqu’ici, les capitalistes ont hésité k lancer leurs capitaux dans les grandes entreprises dont nous venons de parler, de sorte qu’elles apparaissent encore sous la forme d’une conception quelque peu fantastique.

Comme la construction d’un pont ou le percement d’un tunnel présentent des difficultés pratiques considérables, M. Dupuy de Lôme a présenté en 1873 un projet beaucoup plus simple, mais qui pourrait rendre de très-réels services. U consiste k établir entre Calais et Douvres un service de navires porte-