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LUC

enrirons, dans la montagne de Pied-de-Luc, une fente de rochers qui donne passage à un courant d’air frais en été, chaud en hiver. Cette ouverture communique, au sommet de la montagne, par un corridor percé dans le rocher, avec une autre ouverture, où les bergers vont en hiver se réchauffer les pieds.

LUC-SUR-MER, village et commune de B’rance (Calvados), canton de Douvres, arrond. étais kilom. de Caen, sur le bord de la mer, en face des rochers de Lion ; 1,580 hab. Sur la plage, au lieu dit le Petit-Enfer, s’élève un établissement de bains assez fréquenté. C’est à Luc que commence la chaîne des rochers du Calvados, qui se prolonge jusqu’à Port-en-Bessin. L’église de Luc est en partie romane, et son architecture offre quelques détails intéressants.

LUC (saint), troisième évangéliste, né à Antioche, mort vers l’an 70 ap. O.-C. Suivant les uns, il souffrit le martyre ; suivant les autres, il termina fort paisiblement son existence. On croit généralement qu’il exerçait la médecine et, de plus, la légende lui accorde lo talent de la peinture ; c’est lui qui aurait peint le fameux portrait de la Vierge que possédait l’impératrice Pulehérie, femme de Marcien. On ignore à quelle religion il appartenait aviint d’embrasser le christianisme ; mais on sait qu’il fut converti par saint Paul, dont il devint le disciple le plus dévoué et qu’il accompagna en Troade, en Macédoine et à Rome. La tradition rapporte que saint Luc, après le martyre de saint Paul, prêcha la parole divine un Dalinatie, dans les Gaules, en Italie, en Égypte, et même en Libye. Les œuvres qu’on lui attribue sont : V Évangile en XXIV livres qui porte son nom et les Actes des Apôtres. L’Église célèbre sa fête le 18 octobre. V. actes des apôtres et

ÉVANGILE.

— Iconogr. Le troisième évangéliste, dont la légende a fait un artiste et que les peintres ont adopté pour patron, ne pouvait manquer d’être fréquemment représenté en peinture et en sculpture. Indépendamment des innombrables séries de tableaux ou de statues relatives aux quatre Evungélistes et dont nous avons mentionné quelques-unes à l’iconographie qui les concerne, beaucoup d’œuvres lui ont été spécialement consacrées. Un sujet souvent reproduit nous montre Saint Luc peignant le portrait de la Vierge. Raphaël l’a retracé dans un tableau que nous décrivons ci-après. D’autres tableaux sur le même sujet ont été exécutés par Lorenzo Baldi (gravé par Filippo Luti, 1692), M.-Ant. Fruncesehini (gravé par R. van Audenaerde), il, Aldgrever (musée du Belvédère à Vienne), Miguard (au Louvre), Lebault (musée de Dijon), Clérian (Exposition d’Aix, 1824), Marius Granet (Salon de 1S4G), etc. Dans un tableau qui est au Louvre, Annibal Carrache a peint, en 1592, Saint Luc implorant la Vierge, qui lui apparaît sur les nuées, tenant l’Enfant Jésus et entourée des autres évangélistes ; aux pieds du saint sont des pinceaux et une palette ; à droite, sainte Catherine, le pied sur la roue, instrument de son supplice, montre l’apparition céleste. Ce tableau, qui se voyait autrefois dans la cathédrale de Reggio, ■ a été fravé au trait par Landon. P. Aquila a gravé, après Carie Maratte, Saint Luc montrant à la Vierge son portrait. Une peinture de lacopo Chimenti da Sinpoli, qui appartient au Louvre, nous montre saint Luc tenant une plume et un livre et ayant prés de lui le bœuf symbolique, assis aux pieds de la Vierge et de l’Enfant Jésus, placés sur les nuages et accompagnés de deux anges.

Des figures de Saint lue ont été gravées par Belluvia, Lucas de Leyde, Hon. Frugonard (d’après Lanfranc), P. Aquila (d’après L. Baldi), J. Gole, L.-C. Lacoste (d’après P. Cornélius), Fr. Novelli (d’après P.-Ant. Novelli), etc. Un dessin de"Massonie, représentant cet évangéliste, a figuré à la vente Barroilhet (1860). Citons enfin une statue de pierre de M. Cugnot, à l’église de la Trinité.

Luc fuiBuut le portrait flo la Vierge (SAINT),

tableau de Raphaël, à l’Académie de Saint-Luc, à Rome. Saint Luc, le genou sur un tabouret devant un chevalet de peintre, dessine la Vierge qui est à gauche, de prolil, tenant le bambino. Derrière le saint, un beau jeune homme est debout, la main gauche sur la hanche, la droite sur la poitrine, les yeux fixés sur le portrait commencé ; ce jeune homme est Raphaël lui-même, et, à dire vrai, c’est la figure la plus intéressante de la composition. « Pour peu que l’on examine ce tableau, dit Passavant, on reconnaît sur-lechamp qu’il a été exécuté par plusieurs mains ; la tête ou saint, notamment, est peinte si magistralement, elle est d’un ton si chaud et

d’une expression tellement remplie d’âme, qu’on peut la croire réellement sortie du pinceau de Raphaël ; toutes les autres parties du tableau sont loin de la perfection de cette tête ; les extrémités, à la vérité, sons dessinées d’une< manière savante et ferme, mais elles sont froides de ton. Il en est de même de la draperie, traitée dans la manière de Franceseo Penni. Le portrait de Raphaël est chaudement coloré, mais la madone et l’Enfant Jésus ne sont qu’ébauches et très-lourds de formes. Il est vraisemblable que Raphaël, après avoir légèrement esquissé ce tableau, aura seulement peint la tête et le bras du saint. Mais il est difficile de croire qu’il ait

LUCA

lui-même introduit son portrait dans cette composition... On peut admettre qu’un de ses élèves ait eu cette pensée et qu’il ait voulu, après la mort de Raphaël, le représenter lui-même dans son propre ouvrage. Le tableau a, du reste, beaucoup souffert dans plusieurs parties et il est fortement repeint. »Si grande que soit notre confiance dans le jugement de Passavant, pour tout ce qui touche à Raphaël, nous nous permettrons de faire remarquer que l’exemple d’un artiste se peignant dans ses propres compositions était très - fréquent au xve et au xvie siècle. Nous ajouterons qu’une tradition très-ancienne et constante attribue au Sanzio le Saint Luc peignant la Vierge. Ne pourrait-on pas admettre que les faiblesses qui se remarquent dans quelques parties de cette peinture doivent être attribuées aux restaurations qu’elle a subies ? Une note de Mariette, sur une gravure que Cornelis Bloemaert a faite de ce tableau, dit que Raphaël lit présent de son œuvre à l’Académie des peintres de Rome. Mais cette assertion est encore démentie par Passavant qui prétend que Pierre de Cortone donna le Saint Luc à l’église de l’Académie (San-Martino), nouvellement rebâtie d’après ses plans.

Le Saint Luc n a pas été gravé seulement par Bloemaert ; il a été reproduit aussi par J. Langlois (avec une dédicace à Colbert), par Mat. Piccioni, par Giov. Rossi, etc., au trait par Landon.

LUC (Jean nu), Jonnnea Lucius, magistrat français du xvic siècle. Procureur au parlement, puis procureur du cardinal de Lorraine, archevêque de Reims, il devint, en 1549, procureur de la reine Catherine de Médicis. Du Luc a publié : Placitorum summœ apud Gallos curis libri XII (Paris, 1591, in-4o}, ouvrage curieux qui donne l’explication d’un grand nombre de mots techniques alors usités au palais et conservés dans la langue actuelle.

LUC (N...), poëte français du xvie siècle, dont la vie est très-peu connue. On ne connaît de lui que ses œuvres. Ce sont : la •Fleur de toute joyeuseté, contenant épistres, ballades et rondeaux joyeux et fort nouveaux (imprimé en lettres gothiques, sans date) ; le liecueil de tout soûlas et plaisir, et parangon de poésie, comme épistres, rondeaux, balades, épigrammes, dizains et huictains nouvellement composés (Paris, chez Jean Bon fous, 1552) ; le Plaisant boutehors d’oysiueté (imprimé en caractères gothiques, sans date).

Ce dernier livre est un recueil d’historiettes, d’anecdotes et de contes en vers. Il était très-connu encore au xvno siècle ; Furetière lui a emprunté quelques petits récits et La Fontaine n’a pas dédaigne d’en imiter quelques vers.

LUC (François de) ou DELUC, littérateur suisse. V. Deluc.

LUC (Jean-André de), physicien et naturaliste suisse. V. Deluc.

LUC (Guillaume-Antoine de), physicien suisse, frère de Jean-André premier du nom. V. Dbluc.

LUC (Catherine de). V. Deloc (Catherine).

LUC DE BRUGES (François), en latin Luca» lirugnutis, théologien et linguiste flamand, né à Bruges en 1549, mort à Saint-Omer eu 1619. Il s appliqua exclusivement à l’étude des langues anciennes, acquit à fond la connaissance du grec, de l’hébreu, du syriaque et du chaldéen, et devint archidiacre et doyen de la cathédrale de Saint-Omer. On cite parmi ses ouvrages : Notationes in liiblia sacra (Anvers, 1580-1533, in-fol.) ; Varia} lecliones Veteris et Novi l’estamenti, vulgatœ latinx éditions collectai (1580-1583, in-fol.), c’est la bible dite <e Louoain, dont il composa la préface ; Itinerarium J.-C. ex IV Evangeliis ; Commentarii in Eoangelia (Anvers, 1006, 4 vol.) ; De usu chaldaicx Hiùliorum paraphraseos (Anvers, in-fol.) ; Coufessariorum instructio (Anvers, in-8o) ; Sacrorum Bibliorum vulyatat éditiunis concorduntim (Anvers, 1617, et La Haye, 1712, 5 vol. in-fol.). On a encore de lui des Sermons et des Oraisons funèbres.

LUC DE TUY, en latin Lucas Tudensi»,

prélat et écrivain espagnol, né à Léon. Il vivait au xnte siècle, visita Rome, Constantinople, Jérusalem et devint évêque de Tuy en Galice. Il a refondu, traduit en espagnol et continué, de GSO à 1236, la Chronique de Saint Isidore, publiée dans l’Hispauia itlustrata de Schott, et donné un traité de controverse estimé : De altéra vita (Ingolstadt, 1612), contre les albigeois.

LUCA, dit il Suuto Luca, peintre florentin qui vivait au xie siècle. Il est considéré maintenant comme l’un des peintres de ce nom auteurs des tableaux religieux qu’une tradition erronée attribuait à saint Luc l’Evangéliste.

LUCA (Jean-Baptiste de), prélat italien, né en 1614, mort en 1553. Issu d’une famille obscure, il étudia d’abord la jurisprudence ; puis il entra dans les ordres et s’éleva par Son seul mérite aux plus hautes dignités ecclésiastiques. Il obtint en 1GSI le chapeau de

cardinal. On lui doit, entre autres œuvres : Thealrum véritatis et juslilim (Lyon, 1697) ; De pluralilate hominis leguli et unitate plu-

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rium formait (Naples, 1722, in-fol.) ; Concllium Trideutinum (Cologne, 1664, in-S°).

LUCA (Ignace de), publiciste allemand, né à Vienne en 1746, mort en 1799. Il professa successivement les sciences politiques et l’histoire au Theresianum de Vienne, au lycée de Linz (1771), à Inspruck (1780), puis fut chargé, en 1795, de faire un cours sur les institutions et la statistique des États de l’Europe (1795). Ses principaux ouvrages sont : VAutriche savante (Vienne, 1776-1778) ; Code politique ou Exposé de toutes les lois politiques des États impériaux (1789-1793, 14 vol. in-S<>) ; Manuel géographique des États autrichiens (1790-1792, 7 vol. in-go) ■ Aperçu statistique de l’Autriche (1792, in-fol.) ; Code de la justice (1793-1795,5 vol. in-8o) ; Corenaissancepratique des États de l’Europe (1796,

in-go), etc.

LUCA (Ferdinand de), savant italien, né à Naples vers 1793, mort en 1869. Il obtint au concours, de très-bonne heure, en 1810, une place de professeur de mathématiques à l’Ecole militaire. Dès l’organisation d’un école polytechnique et militaire à Naples, en lStl, il fut désigné pour y enseigner les nouvelles méthodes des coordonnées, qui n’avnient encore, à cette époque, fait l’objet d’aucun enseignement. En 1812, il publia, le premier en Italie, un Traité d’analyse des coordonnées. Doué d’une précocité extraordinaire, le jeune professeur donna, en deux années : une Géométrie plane avec 'Analyse géométrique des anciens, une Trigonométrie analytique, une Géométrie analytique. Elu député et secrétaire du parlement napolitain en 1820, il perdit, au retour de l’ancien régime, sa place de professeur, qui ne lui fut rendue qu’en 1S4S, époque à laquelle il fit de nouveau partie du parlement. Mis presque aussitôt à la retraite, il reçut le titre de professeur émérite. De 1820 à 1848, de Luca avait publié : Nouveau système d’études géométriques, analyiiquement déduit du développement successif d’une seule équation, véritable tour de force, mais très-compliqué et d’une utilité peu pratique, qui lui a valu la décoration de la Légion d’honneur ; Instituzioni élémentari di agrimensura, revendication pour l’Italie de toute la géométrique antique. Ferdinand de Luca était membre effectif et résident de l’Académie des sciences de Naples, secrétaire général perpétuel de la Société royale de Naples, et, indépendamment de ses travaux sur les mathématiques, on lui doit de nombreux et importants ouvrages de géographie : un Cours complet des sciences géographiques, destiné à l’enseignement ; la Géographie antique ; un petit atlas géographique approprié à l’enseignement, qui complète les études géographiques ; des articles publiés dans les Annales civiles et dans le Progrés ; Nouvelles considérations sur les volcans, mémoire de géographie physique ; Sur les tremblements de terre ; Système de chemins de fer et de routes ordinaires adapté à la topographie du royaume de Naples-. De Luca a été reçu membre correspondant de la Société géographique de

Paris, et Dumont-d’Urville a donné son nom a l’une des îles de 1 océan Austral. De Luca n’a cessé d’insérer des notices scientifiques dans les Mémoires de l’Académie des sciences et de la Société royale,

LUCA (le chevalier Joseph de), savant italien contemporain, professeur de géographie à l’université de Naples. Il a publie plusieurs ouvrages importants relatifs à cette science : une Géographie ancienne et une Géographie moderne, en usage dans les écoles italiennes ; l’Italie méridionale, description géographique, historique et statistique de l’ancien royaume des Deux-Siciles. M.Joseph de Luca est aussi l’auteur de divers travaux spéciaux sur la Méditerranée, et d’études géographiques publiées dans différents journaux scientifiques italiens. Il a enrichi la géographie de Balbi de notes critiques et d’additions importantes, en rectifiant les chiffres statistiques et les faisant suivre d’un tableau comparatif des poids, mesures et monnaies de toutes les nations du monde, ainsi que de deux petits traités : l’Histoire de la géographie et Géographie ancienne. Il a trouvé dans les archives de la Cava une carte marine sur laquelle il a publié de savantes observations, desquelles il résulte que les roses des vents étaient déjà en usage à Naples dans la construction des cartes marines, avant que les Portugais eussent inauguré leurs découvertes maritimes.

LUCA DELLA ROBBIA, sculpteur italien. V.

ROBBIA.

LUCA Dl TOJL1IÉ, peintre italien de l’école de Sienne, qui vivait de 1363 à 13S0. Il était élève du Berna et on connaît de lui : une Madone à Sienne, une Sainte famille à San-Quiîico, et enfin les fresques d’une voûte de chapelle à Areezo.

LUC.33 (Frédéric), historien allemand, né à Brieg (Silésie) en 1044, mort en 1708. Successivement prédicateur à Liegnitï, à Cassel, à Rosembourg, il employa ses loisirs à composer des ouvrages dont les principaux sont : Dètuils curieux sur la Silésie (i 6S9) ; les Merveilles de l’Allemagne renfermant tous les événements curieux an’ivés dans toutes les maisons princières de ce pays pendant ce siècle (1690) ; les Comtes de l’empire d’Allemagne

(1705).

LUCA

LUCjE (Samuel-Chrétien), médecin allemand, né à Francfort-sur-le-Mein en 1787, mort en 1821. Il professa la médecine à Francfort, la thérapeutique à Marbourg, puis dirigea l’institut clinique de cette dernière ville. Nous citerons de lui : Recherches anatomiques sur les thymus (lStl, in-4o) ; Considérations sur la nature de l’organisme iinimal (1813, in-8<>) ; Esquisse d’un système d’anthropologie médicale (1S16, in-8«), etc.

LUCA1N (Marcus Annseus Lucanus), le plus grand poëte épique romain, après Virgile, né il Corduba, dans la Bétique (Cordoue [Andalousie]), l’an 39 de notre ère, mort en 65. Il était de cette race espagnole qui a fourni ses plus grands poêles et ses meilleurs écrivains à la période de décadence de la littérature latine. Son aïeul paternel était Marcus-Annreus Seneca, connu sous le nom de Sénèque le Rhéteur, dont il nous reste un livre de Sitasorite ou déclamations scolaires. Des deux fils de ce dialecticien célèbre, l’un fut Sénèque, l’autre fut le père de Lucain. Amené tout jeune à Rome, l’année même de sa naissance, il eut pour premier précepteur le grammairien Rhemmius Palemon ; puis Sénèque, rappelé de l’exil, ayant été nommé précepteur du jeune Néron, le philosophe adjoignit au futur empereur son neveu, comme compagnon de ses études et de ses plaisirs. Lucain avait onze ans alors. Le fils adoptif de Claude en avait treize, et une certaine conformité de goûts, l’amour des lettres, qui persista chez l’histrion couronné, contribua à cimenter entre eux une amitié réciproque. Lucain préludait il sa célébrité future par des déclamations en langue grecque et en langue latine ; il composait, sur les bancs de l’école, des vers qui avaient déjà de la couleur et de l’énergie.

Le premier maître de Lucain, R. Palemon, avait un orgueil et une jactance qui le rendaient la fable de Rome entière. Affranchi, fils d’esclave, il écrasait les patriciens de sou luxe insolent et montrait inoins les belles-lettres que l’art de s’en faire des rentes, par adresse ou par adulation. La vie de Lucain fut empoisonnée de cette fatuité ridicule dont il avait vu dans son maître un si triomphant exemple. Dès ses premiers vers, il se crut supérieur à Virgile, et il s’écriait : Quantum milii restât ad Culicem ? <■ Que me reste-t-il à faire pour égaler le poëte du Moucheron ? » Cette vanité excessive nuisit à la perfection de ses ouvrages et causa sa mort prématurée. Sénèque, pour lui rendre un peu de bon sens, lui fit prendre des leçons du philosophe stoïcien Ûornutus, un sage du vieux temps, que Perse a dignement loué dans ses vers. Mais l’homme vertueux ne parvint pas à détacher son élève de ses idées de grandeur. Un voyage en Grèce compléta, suivant la mode romaine, l’éducation du poëte, éducation patricienne et presque prinoière.

Rappelé à la cour de Néron, qui venait dosuccéder à Claude, il retrouva dans l’empereur un condisciple, et, ce qui était plus dangereux, un rival en poésie. À peine avait-il revêtu la robe virile qu’il fut nommé questeur du prince : il avait dix-huit ans ; peu de temps après il fut revêtu du sacerdoce des augures. Le poëte remercia l’empereur par uji acte d’adulation ; un de ses premiers succès fut la lecture qu’il lit, dans un concours littéraire, d’un Éloge de Néron ; ce sujet ne doit pas trop étonner. Le monstre n’avait pas encore montré ses grilles et l’on était à l’aube du règne, au moment où Néron, ayant à signer une condamnation à mort, s’écriait : « Plût aux dieux que je ne susse pas écrire ! » Peutêtre est-ce à la même époque qu’il faut rapporter les louanges servîtes qui déparent le début de la Pharsale, car dès lors le jeune Lucain, qui périt à vingt-cinq ans, devait avoir composé quelques parties de son grand poëme,

A vingt ans, la fortune avait déjà tant fait pour lui qu’il atteignait le faîte des honneurs et de la célébrité. Connue questeur du prince, c’étaiului qui prenait la parole au sénat à la place de César ; dans un procès célèbre, dont Tacite n’a pas dédaigné de parler, celui da Sagitta, qui, dans un accès de fureur amou<icuse, avait assassiné sa maitresse, il se mon» tra l’un des maîtres de l’éloquence latine. Son exubérante fécondité se répandait à la fois au barreau, au théâtre et dans les réunions littéraires ; il composait des cantates, des pantomimes, lisait des poésies qui ne coûtaient rien à sa prodigieuse facilité, composait une épopée : Priam rachetant les restes d’Hector, tout en méditant sa Pharsale. Il ne nous reste rien d’un autre poëme, VIncendie de Home, et d’une tragédie qui obtint un grand succès. Il possédait alors une fortune énorme et les contemporains nous le représentent promenant ses rêveries sous des portiques de marbre et dans des jardins somptueux.

Une Descente d’Orphée aux enfers, poëme avec lequel i ! obtint le prix dans un concours de préférence à Néron, commença de le brouiller avec l’empereur, et les lectures qu’il fit alors des premiers livres de la Pharsale achevèrent de faire déclarer cetta rivalité haineuse qui devait être fatale au poëte. Néron lui fit interdire les lectures pubiiques. Lucain s’obstina, et, Néron ayant annonce qu’il présenterait une tragédie de Niabé sur le théâtre de Pompée, il le devança. La rupture fut dès lors complète. Le poëte quitta Rome, s’ensevelit dans la.solitude et tra-