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comte de Luxembourg, devenu roi de Bohême, du chef de sa première femme, Isabeau, fille et héritière de Wenceslas, dit le Saint. Jean de Luxembourg, roi de Bohême, épousa en secondes noces, en 1334, Béatrix de Bourbon, fille de Louis Ier, duc de Bourbon, et fut tué à la bataille de Crécy, en 1346, laissant entre autres enfants : 1° Jean-Henri de Luxembourg, margrave de Moravie, père de Josse de Moravie, empereur en-1410, mort en 1411 ; go Charles, dont on va parler ; 3° Wenceslas, duc de Luxembourg, mort sans postérité en 13S3 ; Bonne de Luxembourg, femme de Jean, roi de France. Charles de Luxembourg, roi de Bohème, fils aîné de Jean, qui précède, fut élu empereur d’Allemagne, sous le nom de Charles IV, en 1346, « t mourut en 1378. Il fut père, entre autres : i" de Wenceslas de Luxembourg, roi de Bohême, élu empereurd’Allemagne en 1378, mort ne laissant qu’une fille, Anne, mariée à Richard II, roi d’Angleterre ; 2° de Sigismono, empereur d’Allemagne, en Ull, mort en 1-137, ne laissant qu’une iille, Elisabeth, mariée à Albert, archiduc d’Autriche et depuis empereur ; 3° de Jean, duc de Luxembourg, dont la fille unique, Elisabeth, porta le duché de Luxembourg h son mari, Antoine de Bourgogne, duc de Brabant. Veuve et sans appui contre les soulèvements de ses sujets, elle céda le duché, moyennant finance, à Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Resté dans la maison de Bourgogne, jusqu’à son extinction dans les mâles, il passa, avec Marie, fille de Charles le Téméraire, dans la maison d’Autriche, et devint possession de la branche espagnole de cettemaison, en 1G09. Louis XIV en conquit une partie, qui fut annexée au gouvernement de Metz. Le reste alla à l’Autriche, lors du traité d’Utrecht, en 1713. En 1793, la France s’en empara en totalité, et en fit le département des Forets. En 1814, il fut annexé au royaume des Pays-Bas, mais comme État souverain faisant partie de la Confédération germanique. Après 1830, lors de la séparation de la Belgique et de la Hollande, la partie orientale, avec la ville de Luxembourg, est restée à la Hollande, le reste à la Belgique. On a vu plus haut que Valeran de Luxembourg, soigneur de Ligny, fils puîné de Henri I<-t, comte de Luxembourg, fut l’auteur d’une branche collatérale. Cette branche, divisée en plusieurs rameaux, tout en ne possédant pas le territoire du Luxembourg, en a illustré le nom, en produisant un grand nombre d’hommes remarquables. Valeran, tué ainsi que ses frères à la bataille de Vœhring, en 1288, fut père, entre autres, de Valeran II de Luxembourg, seigneur de Ligny, dont le fils, Jean de Luxembourg, seigneur de Ligny, châtelain de Lille, épousa, en 1330, Alix de Flandre. De ce mariage sortit Gui de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol, châtelain de Lille, marié à Mahaud de Chàtillon, sœur et héritière de Gui IV, comte de Saint-Pol. Ils eurent, entre autres enfants : Valeran de Luxembourg, comte de Saint-Pol, connétable de France, gouverneur de la ville de Gènes, grand partisan du duc de Bourgogne, mort en 1415 ne laissant qu’une fille, mariée à Antoine de Bourgogne, duc de Brabant ; Jean, dont on va parler ; Pierre de Luxembourg, évêque de Metz, cardinal et béatifié ; André de Luxembourg, évêque de Cambrai. Jean de Luxembourg, fils puîné de Gui, qui précède, épousa Marguerite d’Enghien, fille de Louis d’En^bien, comte de Brienne. Elle lui porta la seigneurie d’Enghien, le comté de Brienne et ses droits sur le duché d’Athènes. De leur mariage vinrent Louis de Luxembourg, archevêque de Rouen et cardinal, et Pierre de Luxembourg, comte de Brienne et de Saint-Pol, qui épousa Marguerite de Baux. Pierre eut, entre autres entants : 10 Thibaut de Luxembourg, seigneur de Fiennes, auteur d’un rameau qui a produit le cardinal Philippe de Luxembourg et qui s’est éteint à la seconde génération, après avoir fourni le rameau latéral des vicomtes de Martigues, devenus ducs de Penthièvre, mais également éteint dès 1569 ; 2° Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, connétable de France, qui a continué la filiation ; 3" Jacqueline de Luxembourg, mariée au duc de Bedford ; 4» Isabeau de Luxembourg, mariée à Charles [or d’Anjou, comte du Maine ; 5» Catherine de Luxembourg, mariée à Artus de Bretagne, comte de Richemont. Louis de Luxembourg, d’abord favori du roi Louis XI, eut la tète tranchée par ordre de ce prince, pour fait de haute trahison, eu 1475. Il avait épousé en premières noces Jeanne de Bar, comtesse de Marie et de Soissons, vicomtesse de Meaux, et en secondes noces Marie de Savoie. Il laissa, entre autres enfants : 1° Pierre de Luxembourg, deuxième du nom, comte de Saint-Pol, etc., qui ne laissa que deux filles, dont l’une, Marie, épousa en secondes noces, en 1487, François de Bourbon, comte de Vendôme, bisaïeul du roi Henri IV, à qui elle porta la succession de sa branche ; 2<> Charles, évêque de Laon ; 3° Louis, prince d’Altamura, duc d’Andrie, mort sans postérité ; 40 Antoine de Luxembourg, comte de Brienne, baron de Ramerupt et de Piney, chargé de plusieurs missions par le roi Louis XII. Antoine tut père de Charles de Luxembourg ; comte de Brienne, lieutenant général du roi en Picardie, gouverneur de Paris et de l’Ilede-France. Charles mourut en 1530, laissantde Charlotte d’Estouteville, sa femme, fille d’un prévôt de Paris, entre autres enfants, Jean

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de Luxembourg, évêque de Pamiers, auteur de quelques ouvrages littéraires, et Antoine de Luxembourg, deuxième du nom, comte de Brienne et de Ligny, colonel ries légionnaires de Champagne. Antoine mourut en 1557, laissant Jean de Luxembourg, comte de Brienne, dont la postérité mille s’est éteinte en la personne de son fils, Charles, gouverneur de Metz ; et François de Luxembourg, qui remplit différentes missions diplomatiques sous Henri III et Henri IV. Il obtint du roi Henri III l’érection de sa terre de Piney en duché-pairie et celle de sa terre de Tingry en principauté. Il avait épousé en premières noces Diane de Lorraine, fille du duc d’Aumale, et en secondes noces, Marguerite de Lorraine, sœur de la reine Louise et veuve du duc de Joyeuse. Il est mort en 1613, laissant Henri de Luxembourg, duc de Piney, prince de Tingry, marié en 1597 à Madeleine de Montmorency. De ce mariage sortirent deux filles ; l’une épousa Henri de Lévis, duc de Ventadour ; l’autre, héritière du duché de Piney, fut mariée on premières noces à Léon d’Albert, qui par elle fut duc de Luxembourg ; et en secondes noces à Charles-Henri de Clermont-Tonnerre. Du premier lit vint un fils, mort prêtre ; du second est issue Madeleine-Charlotte-Bonne-Thérèse de Cler-

mont, duchesse de Luxembourg. Celle-ci épousa, en 1661, François-Henri de Montmorency, maréchal de France, connu sous

le nom de maréchal de Luxembourg. Les enfants issus de cette union firent les diverses branches de la maison Luxembourg-Montmorency. L’aîné de ces enfants, CharlesFrançois-Frédéric de Montmorency, duc de Piney-Luxembourg, lieutenant général, eut pour fils et successeur Charles-FrançoisFrédéric, deuxième du nom, père d’Anne-François, dont la fille, Anne-Charlotte, épousa Anne-Léon II, duc de Montmorency (v. Montmorency.). Le plus jeune, Christian-Louis, a été la souche des princes de Tingry, dont il sera parlé plus loin. Le troisième, Paul-SiGISMond de Montmorency-Luxembourg, obtint en 1696 des lettres patentes, érigeant en duché la terre de Châtillon-sur-Loing que lui avait léguée sa tante paternelle, la duchesse de Mecklembourg. Son fils, ChaRLES-PaulSigismond, connu sous le nom de duc d’Olonne, lieutenant général, fut père de Charles-Anne-Sigismond de Montmorency-Luxembourg, successivement connu sous les noms de comte de Luxe, de duc de Chàtillon et de duc d’Olonne. Il fut fait maréchal de camp en 1748, et mourut en 1777, laissant AnnePaul-Emmanuel-Sigismond de Montmorency, prince de Luxembourg, maréchal de camp, mort sans postérité en 1790, et Anne-Charles-Sigismond, duc de Piney-Luxembourg et de Chàtillon, lieutenant général, député de la noblesse aux états généraux de 1789, mort en émigration. Ce dernier laissa de Madeleine-Suzanne-Adélaïde de Voyez d’Argenson

de Paulmy, sa femme, Anne-Henri-RenéSigismond de Montmorency - Luxembourg, duc de Chàtillon, mort sans postérité ; et Charles-Emmanuel-Sigismond, duc de Luxembourg, lieutenant général, créé pair de France à la Restauration, ambassadeur au Brésil, mort sans postérité, le dernier de sa branche. — Christian - Louis de Montmorency-Luxembourg, quatrième fils du maréchal

de Luxembourg, comme il a été dit plus haut, fut l’auteur de la branche des princes de Tingry. Il servit avec distinction sous les ordres de son père, et dans les différentes campagnes de la fin du règne de

Louis XIV et du commencement de celui de Louis XV. Il fut créé maréchal de France en 1735, et il est connu sous le nom de maréchal de Montmorency. Il est mort en 1746, laissant de son mariage avec Louise-Madeleine de Harlay, sa femme, Charles-François-Christian, qui a continué la filiation ; Joseph-Maurice-Annibal, comte de Montmorency, lieutenant général, mort sans postérité maie. Charles-François-Christian de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry, créé duc" héréditaire de Beaumont en 1765, fut nommé lieutenant général en 1748, et mourut en 1787, laissant Anne-Christian de Montmorency-Luxembourg, duc de Beaumont, lieutenant général et pair de France. Celui-ci mourut en 1881, laissant deux fils, dont l’aîné, Anne Édouard-Louis-Joseph, lui succéda dans sa pairie.

Les principaux membres de cette famille qui méritent une mention particulière sont les suivants :

LUXEMBOURG {Baudouin de), électeur et archevêque de Trêves, frère de l’empereur d’Allemagne Henri VII, né en 1285, mort en 1354. Ce batailleur n’eut du prélat que le nom ; on le vit passer la plus grande partie de sa vie les armes à la main. Après avoir pris part à toutes les expéditions entreprises par son frère, notamment en Italie, il embrassa la cause de Louis V de Bavière, qu’il trahit plus tard pour donner l’empire à son petit-neveu Charles de Luxembourg, puis aida

Jean de Bohême à réduire ses sujets révoltés. En 1350, las de ces luttes perpétuelles, il conclut la paix avec tous ses voisins, régla ses différends avec ses vassaux, et s’apprèr tait a goûter enfin un repos bien gagné, lorsque les bourgeois de Trêves se soulevèrent contre lui. Les rebelles résistèrent deux ans, et Baudouin, peu certain de l’issue de la lutte, signa avec eux un traité en 1353.

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LUXEMBOURG-LIGNY (Valeran III de), comte de Saint-Pol ou Saint-Paul, connétable de France, né en 1355, mort en 1417. Entré au service du roi de France et fait prisonnier par les Anglais en 1374, il épousa la sœur de Richard II d’Angleterre. À la suite de ce mariage, Charles V de France saisit les domaines du comte, domaines qui ne revinrent a leur maître qu’à l’avènement de Charles VI. Sous ce prince, Saint-I’ol embrassa !e parti des Bourguignons et fut nommé gouverneur de Paris, puis connétable. La défaite du duc de Bourgogne par le parti des Armagnacs contraignit Saint-Pol à se réfugier en Brabant, où il termina son existence. Le roi de France lui avait fait redemander l’épée de connétable, qu’il refusa de restituer.

LUXEMBOURG (Pierre de), cardinal français, né en 1369, mort en 1387. Il avait, dès sa jeunesse, été pourvu de plusieurs dignités ecclésiastiques : chanoine de Paris dès l’âge de dix ans, chanoine de Cambrai deux ans après, il recevait, en 1383, l’évêché de Metz, et à seize ans était nommé cardinal-diacre. On lui attribue les ouvrages suivants, publiés après sa mort : Livre de monsieur saint Pierre de Luxembourg qu’il adressa à l’une de ses sœurs pour la détourner de l’état séculier, ou la Diète du salut (Paris, 1506, in-4<>) ; le Livre de Clergie, nommé l’image du monde (Paris, s. d., car. gothique, in-4o) ; le Dévot traité ou Épître très-utile à la personne vivant au monde.

LUXEMBOURG-SAINT-POL (Louis de), prélat français, mort en 1443. Il était évêque de Thérouanne lorsque, s’étant déclaré partisan des Anglais, il fut nommé chancelier par Henri VI. Saint-Pol faisait partie du conseil du commandant anglais à Paris en 1436 ; la ville ayant été livrée par les bourgeois à Charles VII, il se réfugia à la Bastille, qu’il défendit contre Richemont. Contraint de capituler, le prélat se réfugia en Angleterre, où il termina sa vie. Quelque temps avant son départ, il avait été promu à l’évêché de Rouen et avait reçu le chapeau de cardinal.

LUXEMBOURG (Jean de), comte de Ligny, capitaine français, frère du précédent, mort en 1440. Il servit la cause des Anglais contre le roi de France, prit le gouvernement d’Arras (1414), débloqua, avec un corps bourguignon, Senlis assiégé par Armagnac (1418), devint gouverneur de Paris (1418-1420), dirigea diverses expéditions en Picardie, en Hainaut, et se montra extrêmement cruel. Jean prenait part au siège de Compiègne, lorsque Jeanne Darc tomba entre les mains du bâtard de Vendôme. Celui-ci céda l’héroïne à Jean de Luxembourg, qui ne rougit point de la vendre aux Anglais. Pendant plusieurs années, il continua à ravager le Laonnais et le Soissonnais, refusa de signer le traité d’Arras (1435), et se maintint dans un état decomplète indépendance entre le duc de Bourgogne et le roi de France.

LUXEMBOURG (Louis de), comte de SaintPol, connétable de France, né en 1418, mort en 14 65. Il commença par prendre le parti des Anglais contre Charles VII ; mais le roi de France ayant fait ravager les terres du comte, celui-ci se soumit, vint à la cour et parut rompre complètement avec l’Angleterre, dont il combattit les troupes en diverses rencontres.

■Vassal du duc de Bourgogne, il excita le roi de France à lui déclarer la guerre ; mais Louis XI, devenu roi, réconcilia Saint-Pol et le duc de Bourgogne. La vie de Louis de Luxembourg ne fut qu’un tissu de contradiction, de duplicités, de roueries et de trahisons. Il profeste à Louis XI de sa fidélité, et on le voit se compromettre ostensiblement comme agent de la ligue du Bien public ; puis il assiste à la bataille de Montlhéry à la tète des troupes du duc de Charolais. Four se l’attacher, Louis XI lui donne en mariage sa belle-sœur Marie de Savoie et le nomme connétable. Sa position était, du reste, singulière. Ses seigneuries situées entre la Picardie et la Flandre relevaient, les unes du roi, les autres du duc de Bourgogne. Placé entre les deux princes, Saint-Pol espérait s’agrandir à leurs

■dépens en vendant alternativement ses services à l’un et à l’autre. En 1471, lassé des fourberies du connétable, serré de près d’ailleurs par Louis XI, le duc de Bourgogne écrit au roi de France qu’il a été poussé à l’attaquer par des gens qui les trompent tous deux. Louis XI lui fait répondre qu’il était instruit des trahisons de son connétable et qu’il ne savait à celui-ci aucun gré des succès qu’il avait obtenus dans une guerre provoquée pour sou intérêt privé. En 1473, Saint-Pol s’empare de Saint-Quentin au nom du roi, et garde pour lui cette ville pour se dédommager de prétendus préjudices que lui

aurait causés Louis XI. Ce dernier, montrant une longanimité bien rare chez lui, fait l’abandon de Saint-Quentin et propose une conférence que Saint-Pol accepte ; deux jours après, le traître faisait de nouvelles offres de service au duc de Bourgogne. Celui-ci signe enfin la paix avec Louis XI, et, à l’instigation du roi, arrête Saint-Pol ; toutefois, il ne veut le livrer que sur la promesse du monarque de lui abandonner Nancy et la Lorraine. Louis XI se soumet aux exigences du’ Bourguignon, et le connétable est remis entre ses mains. Saint-Pol fut condamné à avoir, comme criminel de lèse-majesté, la tête tranchée sur un échafaud devant l’Hôtel de ville,

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et la sentence reçut son exécution le 19 dé-" cembre 1475.

LUXEMBOURG (Philippede), cardinal français, né en 1445, mort en 1519, Nommé successivement évêque du Mans (1477), de Thérouanne (1498), cardinal cette même année, évêque de Saint-Pons (1509), d’Arras (1512), d’Albano et de Tuscnlum (1515), il cumula les revenus de plusieurs évêchés à la fois et de riches bénéfices, et devint un des plus riches prélats du royaume. En 1516, il fut nommé légat du pape en France et demanda à ce titre l’abrogation de la pragmatique sanction. En outre, il remplit pour le roi de France plusieurs missions coûteuses, et fit notamment partie d’une ambassade en Hongrie. C’est lui qui fonda à Paris le collège du Mans.

LUXEMBOURG (Léon d’Albert, duc de), frère du connétable Charles de Luynes, mort en 1630. Il porta d’abord le nom de Branle*, suivit son frère à Paris, fut admis avec lui dans la maison du dauphin (depuis Louis XIII), et après le meurtre du maréchal d’Ancre, fut comblé de biens et d’emplois par son frère devenu tout-puissant. Il devint notamment conseiller d’État, gentilhomme ordinaire du roil, capitaine des gardes (1618) et gouverneur de Blaye. Ayant épousé Marguerite de Luxembourg, il prit le nom et les armes de sa femme et reçut du roi le titre de duc avec la pairie. — Son fils, Henri-Léon d’Albert de Luxembourg, prince de Tingry, né en 1630, mort en 1697, consentit sur les instances du prince de Condé à entrer dans tes ordres et à se démettre de ses titres et de ses biens en faveur de son beau-frère, Henri de Montmorenuy-Bouteville, qui devint le célèbre

maréchal de Luxembourg.

LUXEMBOURG (François-Henri de Mo’ntmorency-Boutevillb, duc de), maréchal de France, l’un des grands généraux du xvue siècle, né à Paris le 8 janvier 1628, mort à Versailles le 4 janvier 1695. Il était fils du comte de Bouteville, qui fut décapité pour un duel en 1627. Il débuta comme aide de camp du prince de Condé, et gagna le grade de maréchal de camp à la bataille de Lens. En 1650, après l’arrestation de Condé, il rejoignit Turenne alors à la tête d’une armée espagnole et fut fait prisonnier àRethel, puis échangé contre le maréchal d’Aumont. Condé ayant été mis en liberté l’année suivante, Bouteville se jetta à corps perdu dans les intrigues de la Fronde. Le mariage de Louis XIV et la paix des Pyrénées ayant mis un terme aux dissensions intestines, Bouteville obtint du roi son pardon. Parti comme simple volontaire, il prit part à la conquête de la Franche-Comté ; puis, en 1672, fut nommé commandant en chef de l’armée de Hollande qu’il fut obligé d’évacuer, malgré de brillantes victoires, en opérant une retraite qui le mit à la tête des premiers capitaines de son temps. Après la mort de Turenne, il fut nommé maréchal de France. Ses campagnes du Rhin et de Flandre (1675 et 1677) le couvrirent de gloire ; mais il eut le malheur de se brouiller avec Louvois qui lui voua une haine effroyable et qui l’impliqua comme complice dans le procès intenté contre la Voisin, le Vigoureux, Le Sage et les empoisonneurs qui désolaient alors Paris. On

l’accusa d’avoir entretenu un commerce avec le diable, et Louvois le fit jeter dans un cachot de six pas de long. Il resta enfermé, pendant cinq semaines, dans cette sorte de cage infecte, avant d’être interrogé ; et, à l’issue du procès qui dura quatorze mois, il ne fut rendu ni jugement qui le disculpât ni jugement qui le condamnât. Exilé à vingt lieues de Paris, il reparut en 1GS1 à la cour. Neuf ans se passèrent sans qu’on l’employât ; enfin, en 1G89, Louis XIV lui donna le commandement de l’armée qu’il envoyait en Flandre. Ses victoires de Fleurus, de Steinkerque, de Nerwinde, la prise de Charleroi, la marche sur Tournay, tels furent les brillants exploits qui signalèrent cette mémorable campagne. En 1695, Luxembourg revint à Versailles, où il fut emporté, eu cinq jours, par une péripneumonie ; et c’est dès ce moment que date la décadence de la gloire militaire de Louis XIV. Cet homme de guerre avait l’intuition du génie, le coup d’ceil juste, l’exécution rapide. Il était franc, spirituel, charitable, dévoué, et se faisait adorer du soldat. Il portait si haut le désintéressement que ses enfants furent obligés de renoncer à sa succession. Les mémoires du temps rapportent

qu’à la bataille de Nerwinde il avait pris aux ennemis tant de drapeaux qu’on le surnomma

le Tnpi»ier de Notre-Dame. Citons encore Ull

mot à la fois fier et spirituel qu’on lui prête. On sait qu’il était afiiigé d’une bosse énorme. Le prince d’Orange, tant de fois vaincu par Luxembourg, dit un jour : Je ne pourrai donc jamais battre ce maudit bossu !Bossu ? repartit Luxembourg, auquel l’exclamation fut rapportée ; qu’en sait-il ? Il ne m’a jamais vu par derrière.

«Jamais homme, dit le maréchal de Bcr■wick, n’eut plus de courage, de vivacité, de prudence et d’habileté ; jamais homme n’6Ut plus la confiance des troupes qui étaient à ses ordres ; mais l’inaction dans laquelle on l’avait vu rester après plusieurs de ses victoires l’a fait soupçonner de n’avoir point envie de finir la guerre, rie croyant pas pouvoir faire la même figure à la cour qu’à la tête de cent mille hommes. Quand il était question d’ennemis, nul général plus brillant que lui ; mais