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Boston ; par 42° 30′ 14″ de lat. N., et 73° 14′ 84″ de long. 0. ; 15,000 hab. Elle a plusieurs églises, des banques et une teinturerie considérable. Elle est renommée par la grande quantité de chaussures qu’on y fabrique et qui sont en grande partie exportées dans l’Amérique du Sud (4,633,900 paires annuellement).


LYNN (canal de), bras de mer sur la côte de l’Amérique russe, au N. de l’archipel du Roi-George III. L’entrée est par 58° 20′ de lat. N., et 137° 10′ de long. O. Il a environ 80 kilom. de long du N. au S., sur une largeur moyenne de 8 kilom. Il a été nommé par Vancouver du nom de Lynn, lieu de sa naissance.


LYNN-REGIS ou KING’S LYNN, ville d’Angleterre, comté de Norfolk, à 61 kilom. N.-O. de Norwich, avec un bon port sur le Wash, à l’embouchure de l’Ouse, et à 16 kilom. de la mer du Nord ; 14,000 hab. École industrielle ; chantiers de construction, corderies, fonderies de fer et de cuivre. Commerce important, consistant principalement dans l’exportation de produits agricoles, et dans l’importation de grains, vins, bois, charbons. Parmi les édifices de la ville, on remarque : l’église Sainte-Marguerite, construction du XIIe siècle ; l’église Saint-Nicolas, qui date du règne d’Édouard III ; l’hôtel des douanes, et le vieil hôtel de ville, qui contient quelques curiosités. Nous devons mentionner aussi : la croix du Marché, érigée en 1710 ; la lanterne des frères Gris (Grey Friar’s Lantern), tour percée d’élégantes fenêtres ; le vieux mur de la ville entouré d’un fossé ; les quais et le port, qui peut recevoir de gros navires. Les mouvements d’entrée et de sortie du port représentent environ 1,800 tonnes par an, et les droits dédouanes 1,250,000 francs.


LYNN (Eliza), femme de lettres anglaise, née en 1828. Elle est la douzième fille d’un pasteur protestant qui, ne pouvant lui donner de fortune, s’attacha à développer ses heureuses dispositions par une forte instruction. À dix-sept ans, Eliza Lynn se rendit à Londres pour suivre la carrière des lettres et publia l’année suivante, sous le titre d’Azeth l’Égyptien (1846, 3 vol. in-8o), une étude de mœurs sur l’Égypte ancienne. Depuis lors, elle a collaboré à divers recueils périodiques, publié des nouvelles et fait paraître : Amymona (1848, 3 vol.), roman dont l’action se passe du temps de Périclès ; les Réalités (1851), etc.


LYNX s. m. (lainkss — du gr. lugx, lugkos, lynx, loup-cervier, que l’on compare à l’indoustani tukti, renard, de la racine lug, lung, rug, rung, frapper, détruire. Ce nom se retrouve dans l’ancien haut allemand luhs, anglo-saxon lox, allemand luchs, danois los avec l’adjonction d’un suffixe s, peut-être d’une forme désidérative ruksh, luksh ; le lithuanien luszis semble avoir réuni dans le sz la gutturale et la sibilante, et cette dernière seule est restée dans l’ancien slave et russe rysi, polonais et bohémien rys, comme dans le danois los. Ceci nous ramène au persan ries, renard, que l’on pourrait hésiter à rattacher directement au zend raoja, de la racine rug, vexer, tourmenter, d’où aussi rugâ, destruction, mais qui provient sans doute de la même racine, comme le slave rysi. À cette forme persane correspond le kymrique rhus, et, avec l pour r, l’irlandais loisi, renard. Il faut probablement séparer de ce groupe l’ancien slave lisu, lisitsa, etc., renard, qui paraît se lier à listi, fraude, dol, tromperie). Mamm. Espèce de mammifère carnassier du genre chat, devenue pour quelques auteurs le type d’un genre particulier : Les anciens assuraient que le lynx peut voir à travers les murs. (V. de Bomare.) Le lynx ou loup-cervier a presque totalement abandonné les Pyrénées. (A. Maury.)

— Fig. Personne sagace, d’un esprit très-pénétrant ; se dit à cause de la vue perçante qu’on attribuait autrefois au lynx : Défiez-vous d’une femme distraite ; c’est un lynx qui vous observe. (Labouisse.)

Yeux de lynx, Yeux vifs et perçants : Avoir des yeux de lynx. || Fig. Extrême clairvoyance, grande pénétration ; Le cœur a des yeux de lynx. (Mme Necker.)

— Astron. Constellation de l’hémisphère boréal.

— Encycl. Mamm. Les lynx se distinguent des chats proprement dits par les caractères suivants : La dent carnassière inférieure est trilobée et non bilobée. La pointe des oreilles est ornée d’un pinceau de poils. La longueur de la queue ne dépasse guère celle de la tête et n’excède pas le quart de la longueur du corps. Les lynx étaient jadis répandus sur toute la surface de l’Europe ; maintenant ils sont devenus beaucoup plus rares et ne se trouvent guère qu’aux limites extrêmes des régions montagneuses de notre continent, et encore ne les y rencontre-t-on jamais en grand nombre.

Le lynx vulgaire ou d’Europe, généralement connu sous le nom de loup-cervier, n’est guère moins gros qu’un léopard ; mais il est plus ramassé et plus haut sur jambes. La longueur du corps atteint de 1 mètre à 1m,30 ; celle de la queue est de 0m,16 à 0m,25 ; sa hauteur au garrot est de 0m,65. La structure entière du corps se présente sous un aspect étonnant de puissance musculaire, qui trahit au premier coup d’œil la force et la vigueur extrême dont il est doué. Les membres ne sont pas moins vigoureux, et la queue par son épaisseur est en rapport avec les autres parties de l’animal. Les griffes puissantes dont les doigts sont armés rappellent celles du lion et du tigre. Les oreilles sont assez longues, terminées en pointe, et ornées, à leur extrémité, d’un pinceau noir d’environ 0m,05 de longueur. La lèvre supérieure porte une moustache de soies roides ; le corps est enveloppé d’une fourrure épaisse et moelleuse, qui s’allonge à la face et forme une barbe épaisse qui, retombant de chaque côté de la tête, contribue, avec les pinceaux des oreilles, à donner au lynx une physionomie des plus étranges. La couleur du pelage est d’un gris roussâtre, mêlé de teintes blanchâtres à la partie supérieure du corps, avec des mouchetures nombreuses d’un rouge ou d’un gris foncé sur la tête, le dos et le cou. Le dessous du corps, le devant des jambes, le haut de la gorge, les lèvres et le tour des yeux sont blancs. La face est fauve clair ; l’oreille est blanche à l’intérieur avec une bordure noire et brune sur les côtés. La queue, également épaisse partout et bien fourrée, est noire depuis l’extrémité jusqu’au milieu, et ensuite obscurément annelée par des bandes qui s’oblitèrent à la partie inférieure. En été, le pelage est court et d’un fauve plus ou moins ardent ; en hiver, les poils sont plus longs et la fourrure prend une teinte grisâtre ; du reste l’on peut dire que la nuance générale varie de la façon la plus capricieuse, et que les mouchetures elles-mêmes sont complètement différentes suivant les individus. Il en résulte que la distinction des espèces est très-difficile et très-peu sûre. La femelle paraît se distinguer complètement du mâle par une teinte d’un fauve plus ardent et par des mouchetures moins tranchées.

Le lynx était déjà connu des anciens, car Pline en fait mention : il parut sous Pompée dans les amphithéâtres des Romains, et cet animal venait de la Gaule. La superstition créa nombre de fables à son égard. Ainsi ou croyait que ses yeux étincelants voyaient à travers les murs, que son urine se changeait en une pierre précieuse appelée lyncurium. Autrefois le lynx était très-commun en Allemagne et en Suisse, mais aujourd’hui il a presque totalement disparu. On le retrouve dans le Nord de l’Europe, en Suède et en Norvège ; ainsi, en 1835, on avait tué dans les chasses royales de ce pays 316 lynx.

Le lynx n’habite que les montagnes, dans les forêts les plus sombres et les plus épaisses, ou dans des parages déserts et rocheux, là où il peut se réfugier dans les cavernes et se cacher dans les hautes herbes, les taillis et les fourrés. Souvent il se retire dans des terriers de renard ou de blaireau. Le jour, il grimpe sur les rochers ou sur les arbres et s’y tient en observation, prêt à sauter sur sa proie. Ses mouvements sont assez lents ; ses sens sont très-développés ; il entend très-bien ; son odorat est plus fin que celui des autres chats ; sa vue perçante est passée en proverbe. Sa voix est éclatante, et ressemble au hurlement du chien.

Le lynx est un des carnassiers les plus nuisibles ; il détruit une quantité considérable de gibier. Sa force lui permet de s’attaquer à toutes les espèces, et il chasse le cerf, le chevreuil, le renne et même l’élan. Il rampe jusqu’à sa proie, et s’élance sur elle, en trois ou quatre bonds de 4 mètres, la mord à la nuque, lui enfonce profondément ses griffes, et de ses dents lui déchire le cou ; il reste assis sur sa proie jusqu’à ce qu’elle meure. On cite des exemples qui attestent que la victime a emporté de la sorte son terrible cavalier plus loin que celui-ci ne l’aurait voulu. Ainsi une chèvre emporta jusqu’à sa bergerie un jeune lynx qui l’avait saisie, et le fit tuer par le fermier.

Le lynx ne dévore qu’une partie d’un grand animal dont il se rend maître, et abandonne le reste aux loups et aux renards qui le suivent toujours. Le mal qu’il cause est plus grand qu’on ne le croit, car il ne se contente pas de tuer une bête ; dans sa rage sanguinaire, Il égorge autant qu’il peut. Bechstein rapporte qu’en Thuringe un lynx tua en une nuit trente moutons. En Suisse, pendant l’hiver, le lynx est forcé de descendre dans les régions inférieures des montagnes, et même dans les vallées, et il cherche à s’introduire dans les étables à chèvres et à moutons, en se frayant une route souterraine. On raconte qu’un bouc, voyant sortir la tête d’un lynx du trou qu’il venait de creuser, lui appliqua de tels coups de cornes, que le ravisseur resta enterré sans vie dans son trou.

Les lynx ne se propagent pas beaucoup. Ils s’accouplent en janvier et en février sans l’affreux cri des autres espèces du genre chat, et au bout de dix semaines la femelle met bas, dans une grotte bien cachée ou dans quelque terrier de renard qu’elle a élargi. Ses petits sont au nombre de deux ou trois. Le lynx n’attaque l’homme que lorsqu’il a été blessé : alors il devient terrible. Le lynx pris jeune est susceptible de s’apprivoiser, et on peut le laisser courir en liberté, sans crainte qu’il s’échappe. La peau du lynx est une des fourrures les plus belles et les plus estimées. Le lynx pradé se distingue du lynx commun par une taille plus faible (son corps ne mesurant que 0m,80 et la queue 0,m,15), par des favoris très-longs et surtout par les mouchetures de son pelage. Sa robe est roux vif ; le corps est marqué de taches noires allongées. Le lynx pradé remplace le lynx commun dans l’Europe méridionale ; il habite la Sardaigne, la Sicile, la Grèce, la Turquie, l’Espagne.

Le lynx du Canada est un peu plus faible que son congénère d’Europe ; il ne mesure que rarement 1 mètre de longueur et sa queue n’a que 0m,50. Sa fourrure est plus courte, mais plus épaisse que celle du lynx d’Europe. Il habite l’Amérique du Nord, au bord des grands lacs, à l’est des montagnes Rocheuses. Il vit dans les forêts, mais il est lâche, n’attaque pas les grands mammifères, ne chasse que les lièvres, les petits rongeurs et les petits oiseaux, fuit devant l’homme et les chiens.

Le lynx botté a 0m,65 de long ; sa queue mesure à peu près la moitié de son corps. Il habite les forêts des montagnes de l’Afrique orientale.

Le lynx des marais habite les forêts marécageuses des bords de la mer Caspienne, de la mer d’Aral, de la Perse, de l’Égypte et de l’Abyssinie. Il n’a que 0m,65 de long, et sa queue 0m,22 environ. Il se nourrit de pluviers, de souris, de perdrix et de petits oiseaux. Il fuit devant l’homme. On a rapporté aussi à ce genre le caracal.

— Astron. Cette constellation boréale, difficile à distinguer, a été introduite par Helvétius pour rassembler un certain nombre d’étoiles non classées, disposées en ligne sinueuse, entre la Grande Ourse et le Cocher, au-dessus des Gémeaux. Ces étoiles ne sont que de la cinquième ou sixième grandeur ; c’est parce qu’il faut une vue perçante pour les reconnaître qu’Helvétius donna au groupe qu’elles forment le nom de Lynx.

Suivant Flamsteed, cette constellation comprend quarante-quatre étoiles, dont la principale, située vers la queue du Lynx, est de quatrième grandeur.


LYON, ville de France (Rhône). Lyon, en latin Lugdunum, en grec Lougdounon, est un mot celtique, ainsi que nous l’apprend Clitophon, d’après un traité attribué à Plutarque : « Auprès de l’Arar est une éminence qui s’appelait Lougdounon, et qui reçut ce nom pour le motif que je vais rapporter. Momoros et Atepomaros, qui avaient été détrônés par Séséronéos, entreprirent, d’après la réponse d’un oracle, de bâtir une ville sur cette éminence. Ils en avaient déjà jeté les fondements lorsqu’une multitude de corbeaux dirigèrent leur vol de ce côté et vinrent couvrir les arbres d’alentour. Momoros, versé dans la science des augures, donna à la ville le nom de Lougdounon, attendu que dans leur langue les Gaulois appellent le corbeau lougon et une éminence dounon. » On trouve en effet en celtique dun, hauteur, colline, tertre, dune. Camden donne une autre explication, qu’il tire de dunum et d’un autre mot celtique lugum auquel il donne le sens de tour. D’autres ont dérivé Lucdunum de Licius Plancus, qui rebâtit la ville de Lyon après qu’elle fut brûlée. Wachter adopte l’explication donnée par Plutarque. Elle est d’autant plus vraisemblable que lug signifie encore corbeau en armoricain et en erse.

La plus importante ville de France après Paris, Lyon est chef-lieu de département et de 8 cantons, au confluent de la Saône et du Rhône, à 512 kilom. S.-E. de Paris, par 45° 45′ de latit. N. et 2° 29′ de longit. E. ; pop. aggl., 270,755 hab. — pop. tot., 323,417 hab. Lyon est en outre chef-lieu de la 8e division militaire, de la 7e des ponts et chaussées, de la 4e des mines, de la 19e légion de gendarmerie. L’arrondissement comprend 19 cantons, 132 communes et 498,294 hab. La ville est elle-même divisée en 6 arrondissements municipaux, et au point de vue religieux en 23 paroisses. Archevêché, dont le titulaire est primat des Gaules ; grand et petit séminaire, nombreux couvents et établissements religieux. Cour d’appel, tribunaux de Ire instance et de commerce ; huit justices de paix ; conseil de prud’hommes. Académie comprenant dans son ressort les départements de l’Ain, de la Loire, de Saône-et-Loire et du Rhône ; Facultés de théologie, des sciences, des lettres ; École préparatoire de médecine et de pharmacie. Lycée ; école professionnelle ; école de commerce ; cours normal d’institutrices ; école vétérinaire ; école des beaux-arts ; bibliothèques publiques très-riches. Musées de peinture et de sculpture, des antiques, d’histoire naturelle ; jardin botanique. Huit hôpitaux, dont le plus important est celui de la Charité ; nombreux établissements de bienfaisance. École des arts et métiers, dite École La Martinière, destinée à l’enseignement gratuit des sciences et des arts appliqués à l’industrie ; institution de sourds-muets des deux sexes ; gymnase civil ; nombreuses sociétés savantes, dont les principales sont : l’Académie des sciences, belles-lettres et arts ; la Société d’agriculture, d’histoire naturelle et des arts utiles ; la Société littéraire ; la Société académique d’architecture ; la Société d’horticulture pratique ; les Sociétés des amis des arts, de médecine, de pharmacie et linnéenne.

Aspect général. Même aux yeux de celui qui a vu Paris, Rome et Londres, Lyon peut passer pour une grande et belle ville. Celui qui y arrive pour la première fois par une des hauteurs qui la dominent reste émerveillé devant le spectacle que présente cette cité, assise au bord de ses deux fleuves, et groupée en partie entre les deux montagnes de Fourvières et des Chartreux. Toutefois, l’intérieur de la ville ne répond pas entièrement à l’impression produite par cette vue d’ensemble. La vieille ville, dont on peut voir un spécimen dans les quartiers Saint-Jean, Saint-Georges et Saint-Paul, est composée de rues étroites et obscures, de maisons noires et incommodes ; la nouvelle ville, qui occupe l’espace compris entre les deux fleuves et la rive gauche du Rhône, a été mise au goût du jour. On y voit ces longues et immenses rues qui laissent pénétrer le froid en hiver et le soleil en été, mais que des raisons de salubrité rendent nécessaires dans de grandes agglomérations de population. Les maisons qui les bordent sont fort élevées, bâties avec luxe, mais sans cachet et sans caractère. Toutefois, au point de vue monumental, certaines parties sont vraiment dignes d’une grande cité. La rue de Lyon, qui traverse la ville d’un bout à l’autre, et qui en est le véritable centre, est belle partout. Quoiqu’un peu lourd et massif, le palais de justice, avec son portique à colonnade, assis sur la rive même du fleuve et adossé à la verdoyante colline de Fourvières, produit un grand effet ; quant à la place de Bellecour, il en est peu en Europe qui puissent lutter avec elle pour l’étendue et la régularité. Mais le côté vraiment remarquable de Lyon, c’est le pittoresque de sa situation et la beauté de ses environs, grâce aux collines élevées qui la dominent de tous côtés ; Dresde et Rouen sont les seules villes qui rappellent un peu cette capricieuse disposition de la nature. Sur la Saône, entre les deux montagnes qui descendent à pic et qui la resserrent, la ville a l’air d’une cité du moyen âge avec ses forteresses ; sur le Rhône au contraire, l’aspect change : la rapidité du fleuve, l’immensité de l’horizon produisent une impression singulière à laquelle ne peut échapper celui qui la visite pour la première fois. « C’est surtout de Fourvières, dit M. Joanne, que l’on distingue bien les principaux groupes de l’agglomération lyonnaise. Sur la rive droite de la Saône s’étend Vaise, ville industrielle et commerçante, détruite en partie par l’inondation de 1840, reconstruite depuis. En face de Vaise est le faubourg de Serin, que dominent les hauteurs de la Croix-Rousse, le quartier des ouvriers. La Croix-Rousse est ainsi nommée d’une croix en pierre de couleur jaune, tirant sur le rouge, érigée sur le plateau de Saint-Sébastien, lors des processions solennelles ordonnées par le cardinal de Tournon, après la conspiration d’Amboise. La commune de Lyon proprement dite occupait tout l’espace compris entre la Croix-Rousse et la jonction du Rhône et de la Saône. Autrefois le Rhône se réunissait à la Saône près d’Ainay. En 1779, un sculpteur, nommé Perrache, conçut le projet de reculer leur jonction au point où elle a lieu aujourd’hui. Le quartier qu’il a conquis sur leurs rives a depuis lors porté son nom. Les Brotteaux, sur la rive gauche du Rhône, ne datent que du commencement de ce siècle. C’est aujourd’hui le plus beau quartier de Lyon. On y trouve un grand nombre de lieux de réunion et de plaisir. Il est, depuis peu, défendu contre les inondations par une digue insubmersible. Les Brotteaux touchent à la Guillotière, ville populeuse et malpropre.

Les quais de Lyon sont une de ses principales curiosités ; ils offrent de tous côtés des points de vue pittoresques. Les principaux quais de la Saône sont : le quai de Vaise, l’un des plus beaux de la ville ; les quais de Serin, de l’Observance, d’Halincourt ; le quai de Pierre-Scise, dominé par un rocher (petra scissa) qu’Agrippa fit couper pour le passage d’une voie militaire ; le quai Bourg-Neuf, à l’extrémité duquel s’élève la statue de Jean Cléberger, conseiller de la ville de Lyon en 1548 ; les quais de Paris, Saint-Benoît, de la Peyrollerie, de Bondy, des Augustins, Villeroy, Saint-Antoine, des Célestins, Fulchiron, de la Quarantaine, de Tilsitt, des Chaînes, d’Occident ; le quai Rambaud, planté d’arbres et offrant une délicieuse promenade. Parmi, les quais du Rhône nous signalerons : le quai Saint-Clair, le plus beau quai de Lyon, terminé par le port qui porte son nom ; le quai de Retz, vers le milieu duquel s’élève le bâtiment qui contient le lycée et la bibliothèque ; les quais des Cordeliers, de Bon-Rencontre, de Joinville ; le quai Monsieur, le long duquel viennent s’amarrer les bateaux à vapeur du Rhône ; le quai de la Charité, planté d’arbres et sur lequel s’élèvent la manufacture des tabacs, l’hôpital de la Charité et l’hôpital Militaire, et la chaussée de Perrache.

Les ponts de Lyon sont, sur la Saône : les ponts suspendus de la Gare et du Port-Mouton ; le pont Serin ; la passerelle Saint-Vincent ; le pont suspendu de la Feuillée ; le pont de Nemours, ainsi nommé parce que le duc de Nemours en posa la première pierre en 1843 ; le pont de l’Archevêché, regardé comme le plus beau pont de Lyon ; le pont de la Mulatière ; sur le Rhône : le pont du Midi ; le magnifique pont du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée, etc.

Quelques places de Lyon méritent une mention particulière ; de ce nombre est la place Bellecour, qui occupe une surface de 6 hectares. Au milieu s’élève une belle statue équestre de Louis XIV, par le sculpteur Lemot, artiste lyonnais. Cette place, plantée d’ormeaux, ornée de bassins, de jets d’eau et de