Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 1, Mémoire-Moli.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
MITH MITH MITH MITH 345

le principe de la fécondité universelle et de la génération ; les Romains, qui connurent son culte lors de la guerre de Pompée contre les pirates (68 av. J.-C.}, l’apportèrent en Italie et virent, non sans raison, dans Mithras un symbole du soleil. En effet, tous les attributs qu’on lui prête conviennent à l’astre du jour. De Rome, son culte se répandit chez les nations septentrionales. Sur les anciens monuments, Mithras est représenté sous la figure d’un beau jeune homme coiffé du bonnet phrygien ou tiare recourbée, marque de la puissance chez les Perses, vêtu d’une tunique et d’un manteau ; il presse du genou le taureau zodiacal et lui plonge un poignard dans le cou. On appelait mithriaques, à Rome, les mystères et les fêtes de cette divinité ; tout y rappelait le culte du feu, et les initiés étaient soumis a des épreuves terribles qui souvent leur coûtaient la vie ; on assure même qu’au temps de Commode on immolait à Mithras des victimes humaines. Ce culte exista jusqu’au milieu du ive siècle. Sous les Antonins, il s’était répandu dans tout l’empire avec les légions romaines, et conservait un caractère mystérieux. En 377, raconte saint Jérôme dans une de ses épîtres, le préfet de Rome, Gracchus, supprima les sanctuaires mithriaques dans la capitale et fit briser les sculptures qui les décoraient. Le plus important de ces sanctuaires était une grotte du mont Capitolin, d’où a été tiré le grand bas-relief que possède actuellement le Louvre. Au reste, tous les bas-reliefs mithriaques ont été découverts dans des grottes ou des cavernes souterraines. Malgré les sévérités dont il était l’objet, le culte de Mithras ne disparut jamais complètement ; outre que des symboles du mythe, trouvés un peu partout, attestent sa diffusion dans tout le monde romain, la plupart des religions ont gardé quelques traces de l’antique adoration du soleil ou du feu ; elle s’est conservée jusqu’à nos jours sous différentes formes de rites chez les Orientaux, et même dans les fêtes populaires des chrétiens (entre autres les feux de la Saint-Jean, au solstice d’été).

— Iconogr. On possède un certain nombre de monuments, principalement des bas-reliefs, où Mithras est représenté, toujours dans l’action décrite plus haut. Le plus considérable de ces bas-reliefs est au Louvre (Sculpture antique, n° 569) ; il eut longtemps une importance exceptionnelle, étant le seul qui fût connu ; mais depuis il en a été découvert beaucoup d’autres. Le sacrifice est représenté au milieu d’une grotte : le dieu presse du genou gauche le taureau abattu ; d’une main il lui relève la tête, de l’autre il lui enfonce un poignard au-dessous de la clavicule ; un chien lèche le sang qui coule à flots, un serpent mord le taureau à la gorge, un scorpion le pique aux parties génitales ; à droite et à gauche du groupe, deux jeunes gens sont debout, en tunique courte ; l’un tient une torche droite, l’autre une torche renversée. Au-dessus de l’arc de la grotte sont sculptés trois arbres ; d’un côté, le quadrige du Soleil, précédé de Horus portant un flambeau, gravit la pente ; de l’autre, le char à deux chevaux de la Lune, précédé d’Hespérus, la descend. Toute cette composition est cosmologique. Selon le mythe de Mithras, ce taureau doit être la Lune égorgée par le soleil. Le Sang du taureau marque les influences de l’astre nocturne ; le serpent qui lèche la blessure du taureau est l’emblème de Sabazius, dieu orphique assez mal défini. Le chien est le symbole de la canicule, le scorpion celui de l’automne ; les deux figures, dont l’une soulève, l’autre renverse un flambeau, sont les génies du jour et de la nuit ; ce qui est figure au-dessus de la grotte, c’est la terre avec les arbres, le soleil et la lune. Nous ne tenons aucun compte d’une chouette perchée sur la grotte, et qui est une restauration moderne. Cependant saint Jérôme cite le corbeau parmi les accessoires ordinaires des sculptures mithriaques. Ce bas-relief, que des inscriptions antiques, demeurées encore à peu près indéchiffrables, rendent plus remarquable, avait été consacré à Rome, dans le chemin souterrain qui ouvrait le passage du Champ de Mars au Forum, à travers la montagne du Capitole. Déjà connu à Rome dans le xive siècle, il fut acquis par la maison Borghèse vers 1606, et passa de cette collection dans les galeries du Louvre. Ce morceau, qui n’est guère remarquable au point de vue de l’art et qui doit dater du iiie siècle, était horriblement mutilé ; il manquait la tète et les bras de Mithras, la tête du taureau, celles dès chevaux du quadrige, etc. ; toutes ces parties ont été restaurées au xvie siècle.

Le Louvre possède encore trois autres bas-reliefs analogues, également mutilés ; ils ne diffèrent du précédent que par quelques accessoires ; il en est de même des Mithras du musée de Naples ; ils ont été trouvés, l’un dans la grotte du Pausilippe, l’autre dans un passage souterrain à Capri. Le Vatican (musée Chiaramonti) possède aussi un de ces bas-reliefs. Le dernier monument de ce genre a été trouvé à Paris, et à une époque récente : quand on répara, vers 1S20, la tour de l’ancienne église Saint-Marcel, à Paris, on découvrit des fondations dont, les matériaux, remontaient à l’époque romaine antérieure à l’établissement du Christ. Parmi ces matériaux, utilisés sans doute au ve ou au vie siècle pour la construction de l’oratoire de Saint-Marcel, il y avait un bas-relief mithriaque. Cet indice était fécond et prouvait, sans conteste, l’existence en ce lieu d’un sanctuaire de Mithras avant que le culte chrétien s’emparât du sanctuaire et de son emplacement.

MITHRAX s. m. (mi-trakss). Crust. Genre de décapodes brachyures, comprenant huit espèces, dont une, qui sert de type, habite la mer des Antilles.

— Minér. Pierre décrite par Pline, laquelle, d’après lui, se trouve en Perse et dans les montagnes voisines de la mer Rouge, et prend au soleil des couleurs très-variées.

— Encycl. Les mithrax sont caractérisés par une carapace très-peu bombée en dessus et assez fortement rétrécie en avant ; le rostre bifide et généralement très-court ; lé front très-large ; les pinces élargies vers le bout, arrondies et profondément creusées en cuiller. Ce genre renferme une dizaine d’espèces, qui pour la plupart habitent les mers d’Amérique. Quelques-unes parviennent à une dimension très-considérable, Lemithraa ; épineux peut être considéré comme le type du genre ; il atteint près de 0m, 15 de longueur, et presque toutes ses parties sont armées de fortes épines ; il vit dans la mer des Antilles. Le mithrax dichotome est jaunâtre et long de 0m, 05 à 0m, 06 ; sa carapace est granuleuse ; on le trouve sur les côtes des îles Baléares. Le mithrax sculpté a le test bosselé et déprimé ; il vit aux Antilles.

MITHRIACISME s. m. (mi-tri-a-si-sme). Relig. Culte de Mithras : Le mithriacisme s’était associé à la doctrine de la transmigration des âmes. (A. Maury.)

MITHRIAQUE adj. (mi-tri-a-ke — mithras) Relig. Qui a rapport au culte de Mithras ; Mithras reçut une sorte de culte, et c’est de ce culte qu’est sortie la religion mithriaque. (A. Maury.) Une crainte superstitieuse entourait le nom de Mithras ; aujourd’hui on peut parler librement du culte mithriaque. (Méry.)

— Antiq. Antre Mithrîaque, Antre d’Alexandrie consacré au culte de Mithras.

— s. f. pi. Fêtes et mystères de Mithras, qui se célébraient, chez les Romains, à différentes époques de l’année : L’initiation aux mïthriaques était redoutable ; quelquefois mortelle.

MITHRIDATE s. m. (mi-tri-da-te). Drogue de charlatan, à laquelle on attribuait des propriétés antivénéneuses ;’et qui avait été inventée, disait-on, par Mithridàte, roi de Pont :

... Il trafiqua de chapelets de baume,
Vendit du mithridate en maître opérateur.

Corneille.

— Fam. Vendeur de mithridàte, Charlatan. Il Personne qui promet avec beaucoup de jactance des choses qu’elle ne veut ou ne peut donner.

— Bot. Genre de monimiées.

Mithridate ou Science générale des langues, avec l’Oraison dominicale pour exemple, en près de cinq cents idiomes (Mithridates1, oder Allgemeine sprachenkunde, mit dem Vater unser, als Sprachprobe, in beynahe fûnfhundert Sprachen und Mundarten), par J.-Chr. Adelung, continué par J.-Sev. Vater (Berlin, 1806-1817, 4 tomes en 5 vol. in-8°). Cet ouvrage, comme le Catalogo d’Hervas, est dû à. l’inspiration de Leibnitz ; mais il est plus complet que tout ce qui jusqu’alors avait été publié en ce genre et, sous le rapport de l’universalité, il n’a pas été surpassé depuis, malgré les découvertes et les travaux des linguistes modernes. Le titre de Mithridàte a été choisi en souvenir du prince de "ce nom, qui parlait vingt-deux idiomes différents. Ce titre avait déjà été donné à un petit livre bien remarquable pour l’époque où il parut. Le naturaliste Conrad Gesner, qui, au XVIe siècle, avait étudié avec passion les langues orientales, s’en était servi pour un petit traité de philologie comparée qu’il publia en 1558. L’ouvrage de Gesner, complet pour son temps, contenait des notices sur 130 langues ; l’auteur, un des pionniers de la philologie comparative, comme Guillaume Postel, étudiait les rapports et les différences de ces 130 idiomes, et donnait l’Oraison dominicale en 22 langues. Le livra de Gesner, fort remarquable pour son époque et qui occupe une place dans l’histoire de la philologie, était imbu malheureusement de cet esprit chimérique qui régnait trop souverainement dans la science naïve et un peu étonnée de son temps. Ainsi, il divisait l’Inde en deux parties, dont l’une était l’Asie et l’autre l’Ethiopie. Adelung, son continuateur, possède, à coup sûr, un esprit autrement sérieux, qu’il doit à une science incomparablement supérieure. On ne peut mettre en doute ta profonde solidité dé cette intelligence laborieuse que des travaux excessifs ne pouvaient lasser.— Dans cette assiduité constante à d’écrasants labeurs, Adelung, qui travaillait d’ordinaire quatorze heures par jour, n’a jamais fatigué, cependant, les ressorts do sa robuste intelligence.

Après quinze années d’un travail assidu, Christophe Adelung commença la publication du Mithridate. La préface du tome premier est datée de Dresde ; le 20 juillet 1806, l’impression du second était poursuivie activement, lorsque l’auteur mourut le 10 août de cette même année. Mais l’œuvre de ce savant, qui présente un monument de l’instruction, et des connaissances philologiques de l’Allemagne dans les premières années du siècle ; ne devait pas rester inachevée. Sentant la vie lui échapper, Adelung avait désigné, pour continuer le Mithridate, le professeur Severin Vater, auteur d’une grammaire générale et de plusieurs ouvrages philologiques. On remit à Vater les matériaux amassés, parmi lesquels on trouva des documents qui avaient été fournis à Adelung par plusieurs savants ; tels que James Macdonald sur la langue gaélique, Dobrewski sur les langues slaves et Rumi sur la langue hongroise. D’un autre côté, Alexandre de Humboldt mit généreusement à la disposition de Vater tous ses manuscrits relatifs aux langues de l’Amérique, et Hervas lui fit parvenir plusieurs grammaires qu’il avait composées de ces mêmes langues.

Le tome premier du Mithridate traite des langues asiatiques et océaniques, dont le nombre est de 159, avec leurs dialectes. Ces langues sont divisées en deux classes : 1° langues monosyllabiques ; 2° langues polysyllabiques. Dans la première classe, on trouve le chinois, le tibétain le birman, le péguan, les langues annamites (tonkin, cochinchinois, cambodgien) et le siamois. Les langues de la seconde classe sont étudiées ensuite selon leur disposition géographique : 1° au sud de l’Asie, le malais, les langues de l’Inde, c’est-à-dire le sanscrit, le pâli et leurs dérivés ; l’afghan (1) le médique, le persan, etc. ; 2° à l’ouest de l’Asie, les langues sémitiques, comprenant l’araméen, le chaldéen, l’assyrien, le chananéen, le phénicien, l’hébreu, etc. ; puis l’arménien, le géorgien et les langues caucasiques ; 3° dans l’Asie moyenne, les langues turco-tartares, les idiomes mongols, le mandchou et le coréen ; 4° au nord de l’Asie, les langues sibériennes, le vogoul, l’ostiake, le tchérémisse, le wotiake, le samoyède, etc. ; 5° dans les îles de l’Asie orientale, le japonais, le léou-kéou et le formosan ; 6° dans celles de l’Asie méridionale, les langues de Nicobar, Sumatra, Java, Bornéo, Célèbes, des Moluques, des Philippines, etc. ; 7° dans la mer du Sud, les langues de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Guinée, de la Nouvelle-Bretagne, etc. ; des îles Mariannes, Carolines, de la Société, Marquises, Sandwich, etc.

Adelung ne s’est pas borné a recueillir des versions du Pater, il en a donné aussi, des analyses grammaticales, et,’quandlés Pater lui manquaient, il les a remplacés, soit par des versions d’autres textes, soit par des essais de glossaires. Il rassemble des notions géographiques et historiques sur les peuplés dont il fait connaître les langues ; il exposé les caractères les plus remarquables, distinctifs dé chaque idiome principal ; il discuté avec autant débrièveté que d’éfuditionles points d’histoire ou d’antiquité les plus saillants, concernant les langues et récriture ; mais il fait profession de ne suivre aucune opinion particulière sur leur origine. En’un mot, il’se contente de recueillir, de classer des faits, laissant à ceux qui la suivront le soin périlleux de les systématiser. Toutefois, on peut regretter l’absence dans le Mithridàte d’une collection d’alphabets de toutes les langues, exactement dessinés, avec des explications qui détermineraient la valeur de chaque caractère..

Le tome second parut en 1809. Il est consacré aux langues de l’Europe, et c’est à ce titre qu’il est le plus intéressant pour nous. Ce volume présente pour toute l’Europe environ 50 idiomes ou dialectes principaux, sans y comprendre le turc, qui est regardé comme une langue asiatique. Ces 50 idiomes se trouvent rapportés à 6, qui sont le basque, le celtique, le germanique, le thracico-pelasgique ou grec, l’esclavon et le finnois; mais il y a deux langues, — l’albanais ou épirote, dont l’origine n est pas bien connue, et le hongrois, qui est un mélange de divers idiomes — qui ont été rejetées à part à la fin du volume.

Les six langues principales de l’Europe sont toutes venues successivement de l’Asie avec autant de peuples qui les parlaient. Les descendants de ces peuples forment aujourd’hui la population commune de l’Europe et les 50 idiomes parlés dans.cette partie du monde sont les restes de ces six langues mères, ou bien ils se sont formés de leurs mélanges et des altérations qu’elles ont dû subir. Tous ces idiomes ont des radicaux communs qui tantôt manifestent ces mélanges mêmes produits par les guerres, les conquêtes, les alliances, les relations commerciales, et tantôt décèlent la commune origine des nations qui ont parlé ou qui parlent ces mêmes idiomes.

Les premiers peuples connus en Europe furent les Ibères ou Cantabres, établis dans le midi de la Gaule, dans une partie de l’Italie et particulièrement dans la péninsule hispanique. Le basque, mélangé de latin et d’allemand, contient les restes de la langue ibérienne.

Immédiatement après les Ibères se montrèrent les Celtes, nation plus nombreuse, qui occupa la rive droite du Danube, le nord de l’Italie, la Gaule, les Iles Britanniques et une partie de. l’Espagne. De la langue celtique sont nés deux dialectes parlés encore aujourd’hui, l’un en Irlande et l’autre dans la haute Écosse. Adelung ne veut pas reconnaître comme dialectes précisément celtiques le gallois et le bas-bretou, parce qu’ils Viennent du kymri, qu’il regarde comme un mélange de celtique et de germanique surchargé de latin.

Les Germains suivirent la trace des Celtes dans leurs, migrations vers le nord de l’Europe occidentale, tandis que les Thraces s’établissaient au midi de l’Europe orientale. Enfin, les Finnois et les Slaves paraissent être venus les derniers dans cette marche des peuples de l’Asie vers l’Occident, et ils allèrent se fixer au nord et à l’orient de l’Europe.

De la langue des Germains il est reste trois principales branches : 1° le teuton, subdivisé en supérieur, moyeu et inférieur ; du mélange de ces trois sous-dialectes, dont le second lui-même a cinq rameaux, il s’est formé, au temps de Luther, un idiome appelé haut allemand; 2° le germanique Scandinave, qui a quatre rameaux : le danois, le norvégien, l’islandais et le suédois ; 3° l’anglais, vaste mélange où domine l’élément germanique.

La langue thracico-pélasgiqua est perdue, mais on en trouve les restes dans le grec et le latin, auxquels elle a donné naissance, et qui ont été les plus illustres de toutes les langues connues, à cause des monuments qui les ont consacrés. Du latin, pur ou corrompu, sont sortis l’italien, l’espagnol, le portugais et enfin le français, qui, par son élégance et sa clarté, est devenu la langue universelle de l’Europe moderne.

La famille slave a donné : 1°, l’esclavon oriental, qui a produit le russe liturgique, le russe civil, l’illyrien-servien, l’illyrien-croate et l’illyrien-winde ; 2° l’esclavon occidental, dont les rameaux sont le polonais, le bohémien, le servien et le wende septentrional. Il y a encore l’esclavon lettico-prusso-lithuanien et l’esclavon lettico-polono-lithuanien. Le yalaque est aussi l’esclavon mélangé d’un latin, altéré.

La langue finnoise est la langue mère du finlindais, du lapon, de l’esthonien, et du livonien. Enfin, pour terminer l’ensemble des langues européennes, nous trouvons, l’albanais et le hongrois, qui ont été placés à l’écart.

Le tome troisième du Mithridàte a été publié en deux parties (Berlin, 1812 et 1813), qui embrassent les langues d’Afrique et celles d’Amérique. Il doit son principal mérite, aux matériaux que les deux frères de Humboldt ont mis à la disposition de Vater. Le nombre des idiomes et dialectes décrits y est tellement considérable, que nous n’analyserons pas cette partie de l’ouvrage.

Enfin le tome quatrième parut en 1817. Il contient des additions, des corrections et les tables alphabétiques des auteurs et des langues. En somme, le Mithridate est un des plus beaux monuments linguistiques du siècle et, malgré les défauts qu’on y rencontre et la méthode arriérée qui a servi à en tracer le plan, il sera pendant longtemps encore consulté avec fruit par les philologues qui s’occupent spécialement de la comparaison et de la classification des langues.

MITHRIDATE. Ce nom, en persan Mithradatta, signifie proprement Donné par le soleil, par Mithras (v. Mithras). Il a été porté par plusieurs rois de Pont, des Parthes, du Bosphore, etc.

MITHRIDATE Ier, satrape du Pont (402-363 av. J.-C), pour le roi des Perses. Il s’allia au jeune Cyrus et tenta vainement de se rendre indépendant dans son gouvernement. Il combattit les Dix mille dans leur immortelle retraite, ce qui lui fit pardonner ses tentatives de révolte. Il mourut en 363.

MITHRIDATE II, petit-fils du précédent, mort en 302 av. J.-C. Il succéda à Ariobarzane l’an 337 av. J.-C, fut dépouillé de ses États par Alexandre, mais les reconquit sur Antigone, l’un des successeurs du capitaine macédonien, ce qui lui mérita le titre de Ctistès, ou fondateur. C’est de ce moment que le Pont devint une monarchie, indépendante de la Perse. Mithridàte, ayant pris parti dans.les guerres des successeurs d Alexandre, fut fait prisonnier par Antigone et-mis, à mort.

MITHRIDATE III, fils et successeur du précédent. Il régna de 302 à 266 av. J.-C, combattit Lysimaque après la bataille d’Ipsus et perdit plusieurs villes ; mais il se dédommagea par diverses conquêtes en Cappadoce et en Paphlagonie.

MITHRIDATE IV, fils d’Ariobarzane II, mort vers 222. Attaqué par les tribus gauloises de l’Asie Mineure (les Galates), il fut secouru par les Grecs d’Héraclée. Il vainquit ensuite Séleucus Callinicus, roi de, Syrie, qui acheta la paix en donnant sa sœur en mariage au roi de Pont, avec la Cappadoce pour dot.

MITHRIDATE V, fils et successeur du précédent, vers 222 av. J.-C, mort vers 184. Il s’empara de plusieurs villes grecques de la Paphlagonie, mais vint échouer devant Sinope. Il maria sa fille Laodice à Antiochus le Grand, roi de Syrie. Son fils Pharnace lui succéda vers l’an 184 av. J.-C.

MITHRIDATE VI, surnommé Evergète, fils et successeur de Pharnace Ier en 157, mort en 123 av. J.-C. Il fut le premier roi de Pont qui fit alliance avec les Romains ; pendant la troisième guerre punique, il leur envoya une flotte et quelques troupes auxiliaires, les secourut contre Aristonicus et se montra constamment leur allié fidèle. Les Romains le récompensèrent par le don de la Grande