Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 1, Mémoire-Moli.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

216

M ICI !

nombre d’espèces, originaires de l’Asie centrale ou méridionale. Deux sont cultivées dans nos jardins. La michauxie fausse campanule, originaire de l’Asie Mineure et de la Perse, est une plante trisannuelle. Sa tige, assez grosse, s’élève à im.30 de hauteur. Les feuilles rie la base sont lyrées ; les autres, découpées, dentelées et ciliées. Les fleurs, nombreuses, grandes, rosacées, réfléchies, rosées ou blanches, à huit divisions, apparaissent durant la plus grande partie de l’été sur toute l’étendue de la tige. Cette plante, d’un très-bel aspect, demande une terre légère, profonde et sèche, une exposition au midi et des arrosements modérés. Elle se multiplie de semis faits au printemps. La michauxie lisse, originaire de Perse, est une plante bisannuelle, qui résiste fort bien à nos hivers. Sa tige, haute de 2 à 3 mètres, produit en juin et juillet un grand nombre de fleurs d’un blanc jaunâtre, à divisions réfléchies. Elle se sème d’elle-même, sans aucun soin, mais il faut la repiquer de bonne heure et avec précaution ; car les racines, très-friables, manquent de chevelu.

MICHE s. f. (mi-che —du lat. mica, miette, parcelle, ou, selon d’autres, du flam. micke, pain de froment, holland. mile, farine de seigle). Pain blanc, de grosseur moyenne : Acheter une îiicHE de païu. Entamer la miche. Les femmes portaient aux piques de grosses aucuns de pain. (Michelet.)

— Fam. Miche de saint Étienne, Pierre, par allusion au martyre de ce saint, qui fut lapidé.

— Miner. Miche de quatorze sous, Nom que les ouvriers des carrières de plâtre de Paris donnent a la strontiane sulfatée, qu’ils appellent aussi TÊTE DE MOtNB.

MICHE s. m. (mi-ché —altér. du n. pr. Michel). Niais, dupe, il Dans le langage des filles de joie, Client, homme dont elles reçoivent de l’argent pour prix de leurs faveurs.

Miche de carton, Homme qui voit et paye une fille de joie une fois en passant. Il Miche sérieux, Homme qui a une liaison suivie avec une fille de joie, qui la voit et la paye habituellement.

MICHÉE, dit l’Ancien, prophète juif, qui vivait à Samarie dans le IXe siècle av. J.-C., sous le règne d’Achab. Il fut emprisonné par ce prince pour lui avoir prédit le mauvais succès de son expédition contre les Syriens. C’est de ce prophète qu’il est parlé dans le IIIe livre des Rois, chap. XXII.

MICHEE, dit lo Jeune et lo Moraatlitlc, l’un

des douze petits prophètes hébreux, néàMorasthi (tribu de Juda). Il vivait au vino siècle avant notre ère, du temps des rois de Juda Jonathas, Achaz et Ezéchias. On ne possède aucun détail sur sa vie. Il a laissé un livre de prophéties en sept chapitres, au style concis, plein de force et de poésie, et où l’on remarque des figures d’une hardiesse étonnante. Michée annonce les malheurs qui doivent frapper Samarie et Juda, la captivité des dix tribus, la venue d’un Sauveur, qui étendra sa domination jusqu’aux extrémités du monde, et lance des imprécations pleines d’énergie contre les princes d’Israël, de Juda et contre les faux prophètes. Les prophéties de Michée ont été l’objet de nombreux commentaires.

MICHEL (SAINT-) s. m. (sain-mi-cbèl). Arboric. Variété de poire.

— s. f. Fête de saint Michel, archange : Dans certains départements, les fermes de loyers se payent à la Saint-Michim, .

MICHEL (SAINT-), bourg de France (Savoie), ch.-l, de cant., arrond. et à 13 kilom. S.-E. deSaint-Jean-de-Maurienne, sur la rive droite de l’Arc, au milieu d’un vallon planté d’arbres fruitiers ; pop. aggl., 1,477 hab.pop. tôt., 2,320 hab. Usine, taillanderie. Grosse tour carrée et beau pont en pierre.

MICHEL (SAINT-), ville de la Russie d’Europe, dans la Finlande, chef-lieu du gouvernement et du district île son nom, à 522 kilom. N.-O. de Saint-Pétersbourg, sur la côte septentrionale du lac Saimu, par 61» 45’ de latitude boréale et 21» 55’ de longitude orientale ; 3,700 hab. C’est une ville de fondation récente. Le gouvernement de Saint-Michel, division administrative de la Russie d’Europe dans la Finlande, est compris entre ceux de Kuopio au N., de Wasa et de Tavastehus à l’O., de Nyland au S. et de ViborgauS.-K. et à l’E. Superficie, 24,637 kilom. carrés ; 148,059 hab. Chef-lieu, Saint-Michel. Le soi de ce gouvernement est accidenté par les montagnes de la chaîne Maanselka, pierreuses et sablonneuses ; il est arrosé par plusieurs cours d’eau, notamment par le Kymmene, et renferme un grand nombre de lacs. Il produit de l’orge, de l’avoine, du seigle, du chanvre, du fin et du houblon. Élève de bestiaux.

B11CHEL(SAINT-), en italien San-Michaelo, ville du royaume d’Italie, province et district de Vérone, près de cette ville ; 3,304 hab. Le 13janv. 1794, Massénay battit les Autrichiens.

MICHEL (SAINT-). V. Miguel (San-) et San-Michaelo.

MICHEL (MONT-SAINT-). V. Mont-Saint-

MlÇHEL.

MICHEL UONNEFAKE (SAINT-), village et commune de France (Dordogne)’, canton de Vélines, arrond. et a 41 kilom. O. de Bergerac, entre la Lidoire et la Dordogne ; 441 hab.

MICH

Sur une colline voisine du village s’élève le château où naquit et mourut Montaigne ; on y voit encore 1 appartement qu’il habitait dans la tour de l’O., voisine de la porte d’entrée. Sur les murs, sur les poutres, sur les tablettes de la bibliothèque, sont écrites des sentences grecques et latines, qui ont été recueillies et publiées par le docteur Payen.

MICHEL-DE-CONEX (SAINT-), hameau de France (Isère), commune de Champ, canton de Goncelin, dans l’arrond. et à 22 kilom. de Grenoble ; 17 hab. On y voit les ruines d’un ancien prieuré appelé par les paysans le couvent des Moines-Itonges. Ces ruines paraissent appartenir à une construction du xi« siècle, l.a voûte du dôme et les sculptures de quelques chapiteaux de la chapelle sont les parties les mieux conservées. Au-dessous s’étend une vaste crypte.

MICHEL-DE-CUXA (SAINT-), hameau de France (Pyrénées-Orientales), comm. de Codalet, canton, arrond. et à 3 kilom. de Prades ; 3 hab. Ce hameau doit sa renommée à une abbaye fondée en 878 et qui devint peu à peu une des plus riches du midi de la France. L’abbé jouissait de tous les honneurs dus au rang d’évêque, et quelques auteurs affirment que les religieux avaient chacun leur maison et leur domestique. L’église, construite en 974, détruite en partie en 1794, était un bel édifice roman dont les ruines sont encore fort intéressantes. • Ce qui reste del’enceinte de l’abbaye, dit M. Édouard Barthélémy (Bulletin monumental, dirigé par le savant M. de Caumont), est environné de murs soutenus par des contre-forts et percés de plusieurs portes, dont une a conservé de curieux débris ; elle est entourée d’une épaisse et large bordure de marbre rose ; sur les montants, dans l’intérieur, sont sculptés saint Pierre et saint Paul ; à l’extérieur, des sculptures représentant un hibou, des lions et des animaux fantastiques. Les sculptures, notamment celles des deux saints, ont un singulier air de famille avec le style byzantin, et semblent remonter au moins au xie siècle. On entre dans une vaste cour toute jonchée de débris et on arrive au cloître, c’est-à-dire à son emplacement, car il n’en reste que neuf arcades en plein cintre avec de magnifiques chapiteaux en marbre rose ; plusieurs de ces chapiteaux ont été transportés à Prades, où ils ornent’un étabissement de bains ; un de ceux qui restent dans le cloître représente trois hommes bizarrement accroupis, les mains posées sur les genoux, supportant avec effort le poids de la corniche. Derrière le cloître est l’église avec transsept et nef à cinq arcades ; le chœur est du style ogival ; tout le reste est en plein cintre. Chacun des transsepts se terminait par une tour carrée à trois étages ; mais, en 1839, l’une de ces tours s’est écroulée. En arrière du chœur est une chapelle carrée, à dôme, communiquant par une petite porte avec le maître-autel, etéclairée par le haut ; son état de dégradation ne permet pas de lui appliquer de date précise. À l’autre extrémité de l’enceinte était située la maison abbatiale, dont le portail en marbre élevé sur un perron de plusieurs marches, présente encore un’très-bel aspect. Il est couvert de sculptures du x» siècle : des guirlandes de fleurs, des loups, des ours, des dragons, un lion levant une patte et tenant • de 1 autre un livre, un bœuf tenant une sorte de feuille sur laquelle on lit : LVE.H AS, etc. ■

MICHEL-EN-L’IIEUM (SAINT-), bourg et commune de France (Vendée), canton de LuÇOn, arrond. et à 43 kilom. S.-O. de Fontenay-le-Comte, sur le canal de Fontenelle, affluent de la baie d’Aiguillon ; pop. aggl., 2,587 hab. — pop. tôt., 2,994 hab. Fabrication de soude. Commerce important de grains et de fèves. Aux environs, dépôt de trois bancs de coquilles d’huîtres fossiles presque contigus.

MICHEL-EN -THlÉRAnCHE (SAINT-) ou ROCHEFORT, bourg et commune de France (Aisne), canton d’Hirson, arrond. et à 23 kilom. N.-E. de Vervins, sur le bord de l’Oise ; pop. aggl., 2,900 hab. — pop. tôt., 3,637 hab. Brasseries, briqueterie, filature de laine et de coton, moulins à blé, fabrication de sabots ; forges et fonderies. Restes d’une abbaye.

MICHEL (saint), archange. Comme toutes les traditions juives introduites dans le culte chrétien, celle de l’archange Michel semble s’être notamment altérée et obscurcie. D’après les explications des Pères et des théologiens, et d’après les textes mêmes de l’office que l’Église a consacré à l’archange, il semble aujourd’hui admis : que Michel est le chef de toute la milice céleste (saint Thomas le met seulement à la tête du neuvième et dernier choeur des anges) ; qu’il est le protecteur attitré de l’Église ; qu’il a commandé les troupes célestes contre les anges révoltés et qu’il a vaincu Satan et l’a précipité du ciel ; enfin, qu’il est l’introducteur au ciel des âmes des justes, remplissant un rôle analogue à celui de Mercure dans la mythologie gréco-latine. De leur côté, les Juifs ont fait de Michel le génie du peuple juif, sans cesse en guerre contre les faux anges des autres nations. On a essayé d’établir sur des textes sacrés ces diverses fonctions et attributions ; contentons-nous de rapporter les passages de

l’Écriture où il s’agit de cet archange. Daniel ayant réclamé avec instance le retour de son peuple captif, un homme vêtu de lin, les reins ceints d’une ceinture d’or, lui appa MICH

ralt et lui dit : • Tes paroles ont été entendues ; mais le prince des Perses m’a résisté pendant vingt et un jours-, et voilà que Michel, un des premiers princes, est venu à mon aide... Personne autre ne m’aide en tout ceci que Michel, votre prince. • C’est le texte sur lequel les Juifs appuient leurs prétentions. « Et un grand combat se fit dans le ciel, est-il dit dans l’Apocalypse : Michel et ses anges combattaient avec le dragon, et le dragon combattait et ses anges aussi... Et ce grand dragon, le serpent antique, qui s’appelle le diable et Satan, qui séduit tout l’univers, fut jeté à terre, et ses anges et lui furent chassés. > C’est là-dessus qu’est fondée toute la tradition ^es exploits guerriers de l’archange. Enfin, il est parlé de Michel dans saint Jude, citant un passage de Zacharie, mais en termes trop obscurs pour qu’il soit utile de les rapporter ici. En résumé, les textes relatifs à l’archange ne jettent pas un grand jour sur la nature de cet être céleste. L’Église ne l’a pas moins mis au nombre des saints, mais les termes dans lesquels elle en parle ne sont pas non plus très-précis. La légende a donc pu se donner carrière, et elle n^* a pas manqué. Elle raconte plusieurs apparitions du prince des anges ; une entre autres eut lieu sur le mont Gargan, dans la Pouille, près de la ville de Siponte, que Michel défendit en personne contre une attaque des habitants de Naples ; alors païens. L’archange apparut encore à un évêque d’Avranches pour lui commander d’élever une église à l’endroit appelé alors Tombeleine, et depuis Saint-Michel. Une autre apparition fut celle qui advint à Rome, au temps du pape saint Grégoire. Ce pontife venait d’établir les grandes litanies, à cause delà peste qui sévissait alors ; un jour qu’il priait avec ferveur pour le peuple, il vit, sur le château qui était jadis consacré à la mémoire d’Adrien, l’ange de Dieu qui essuyait un glaive ensanglanté et qui le remit dans son fourreau. Grégoire comprit alors que ses prières étaient exaucées. Il fonda en cet endroit une église en l’honneur de saint Michel, et l’édifice se nomme encore aujourd’hui le château Saint-Ange. Les rois de France désignèrent saint Michel comme le protecteur de la nation. Louis XI créa en son honneur l’ordre de Saint-Michel, qui subsista jusqu’à la Révolution ; la devise de cet ordre était : Immensi tremor oceani. L’Église célèbre le 29 septembre la fête de saint Michel.

Michel (saint). Iconogr. Les plus anciennes représentations de saint Michel que nous connaissions nous montrent cet archange remplissant en quelque sorte le rôle de justicier de Dieu : c’est ainsi que, dans la plupart des peintures et bas-reliefs du Jugement dernier, exécutés au moyen âge, il est représenté pesant les âmes dans une balance. Ce rôle de peseur d’âmes lui a été conservé par beaucoup d’artistes de la Renaissance et des temps modernes (v. jugement dernier). Dans un tableau du Louvre (la Vierge aux balances) qui a été regardé comme une œuvre originale de Léonard de Vinci, et que des connaisseurs croient avoir été exécuté par un des élèves de ce maître, l’archnnge saint Michel est agenouillé devant l’Enfant Jésus à qui il présente une balance, symbole de la justice divine. D’Agiucourt (Peinture, pi. 12S) a publié un triptyque du xivo siècle où l’on voit Saint Michel pesant des âmes dans une balance. Une peinture de la crypte du couvent des Saints-Nazaire-et-Celse, à Vérone, que l’on croit antérieure au xi" siè- ! cle, représente Saint Michel assistant un juste qui passe de cette vie dans la vie éternelle. I Un artiste de notre époque, Achille Deveria, I a peint Saint Michel ramenant à Dieu deux âmes que Satan entraînait dans l’abîme (Salon de 1844).

D’ordinaire, saint Michel est représenté vêtu d’une cuirasse et armé d’un glaive. Une belle figure de ce saint a été publiée, d’après une très-ancienne mosaïque, par Ciampini (Vetera monumenta, II, p. 2). D’autres figures ont été publiées par Du Sommerard (Album du moyen âge, pi. 21 de la 9» série), d’après le rétable de la cathédrale de Bàle ; par Gori (Thésaurus diptycoram, III, pi. 43), d’après un diptyque, etc. Un vitrail du vin» siècle, à la cathédrale de Châlons-sur-Marne, représente saint Michel armé de toutes pièces, la tète nue, tenant une croix à la main. Des figures de ce saint ont été gravées par Fr. von Bocholt, J.-W. Mechau, P. Clouwet, N. Beatrizet, Jean Lenfant, Martin Schôn, Hans von Culmbach, etc.

Nous décrivons ci-après les deux tableaux où Raphaël a peint Saint Michel terrassant le démon figuré par un dragon. Le même sujet a été représenté par Marcotto Albertinelli (volet d’un triptyque, au Louvre, provenant de la coll. Campana), Beceafumi (église del Carminé, à Sienne), Giulio Clovio, le Guide (gravé par John Fillian, P. van Ballin, Giov. Folo), Rubens, Fr. Solimena (gravé par D.-J. Gaultier), un peintre de l’ancienne école flamande (musée du Belvédère), Eugène Delacroix (chapelle des Saints-Anges, ’dans l’église de Saint-Sulpiee, à Paris). Lnca Giordano (1666), Ch. Le Brun (ancienne peinture de la galerie d’Apollon, au Louvre), Pcilegrino (église de l’Escurial), S. Vouet (plafond de l’ancienne église des Feuillants, à Paris) ont représenté Saint Michel combattant les anges rebelles. Le même sujet est retracé dans une miniature d’un Ménologe du ixb ou

MICH

du xe siècle, qui a été publiée par d’Agincourt (Peinture, pi. 31). D’uutres tableaux relatifs à saint Michel ont été peints par le Mabuse (pinacothèque de Munich), Ainbrogio Lorenzetti (Institut des beaux-arts, à Sienne), Marco da Sienna (deux tableaux h Naples, l’un dans l’église des Saints-Apôtres, l’autre dans l’église San-Angelo), Stefano Marrucelli (église des Saints-Apôtres, à Florence), Luca Penni (musée de Dresde), Pignoni (église de l’Annunziata, à Florence), N. da Yito (musée de Naples), etc. Une statue colossale en cuivre doré, de Saint Michel, surmonte la floche de l’hôtel de ville de Bruxelles ; une autre, en bronze, décore la façade de l’église Saint-Michel, à Munich. Un groupe en bronze, par Lecreux, représentant Saint Michel terrassant le démon, est placé sur le jubé de la cathédrale de Tournay. Un groupe analogue, par Duret, décore la fontaine Saint-Michel, à Paris.

Michel (SAINT) combattait ! le* monstre*,

tableau de Raphaël, au Louvre. L’archange, coiffé d’un casque et couvert d’une armure, le bras gauche protégé par un écu armorié, lève son épée sur un dragon ; autour de lui se pressent des monstres fantastiques. Dans l’éloignement, à gauche, une ville est enfin mmée ; on distingue des hommes vêtus d’une chape de plomb, et, à droite, plusieurs damnés tourmentés par des serpents ou dragons ailés ; çà et là sont posés des animaux fantastiques. Raphaël paraît avoir eu en vue

l’enfer de Dante, et notamment le passage du XXlIlo chant (Fratrigodenti fummo, etc.). D’après le récit de Lomazzo, Raphaël, lorsqu’il exécuta cette figurine et le Saint Georges qui forme à peu près son pendant, à Urbin, en 1504, n’avait que vingt et un ans. Le revers d’un damier, s’il faut en croire la tradition, servit de panneau à l’une de ces deux petites compositions tracées par l’artiste, comme en se jouant, pour le compte du duc Guidobaldo de Montefeltro. Ils appartinrent l’un et l’autre au cardinal de Mazarin, et sont estimés, dans l’inventaire dressé après la mort du cardinal, 2,000 livres. Ils furent acquis des héritiers de Mazarin par le roi.

Le Saint Michel et le Saint Georges sont deux espèces de miniatures, fort belles sans doute et fort précieuses comme toutes les créations de Raphaël, mais qui, sans le nom immortel que porte leur cadre, n’auraient pas uiie extrême importance. Cependant, il faut remarquer l’élégante noblesse de la figure, son action guerrière et victorieuse, le dédain do la supériorité avec lequel l’archange flagelle du plat de son épée le monstre qu’il tient sous ses pieds. Le fini précieux qui distingue tout ce qui vient du pinceau de Rafthaël se retrouve ici. Bien qu’il soit altéré, e Saint Michel se fait encore remarquer par son coloris poétique, la lueur sombre qui l’éclairé, le ton mystérieux que l’artiste y a répandu. Ce tableau a été gravé par Augustin Vénitien et par Claude Durlos.

Michel (SAINT) terra**aiit le démon, tableau de Raphaël, au musée du Louvre. Au milieu d’un désert hérissé de rochers dont les fentes laissent échapper les flammes du gouffre infernal, l’archange saint Michel, couvert d’une armure de fer et d’or, soutenu dans les airs par le balancement de ses ailes, vient de renverser Satan et s’apprête à le frapper de sa lance. On lit sur le bord du vêtement de saint Michel le nom de Raphaël et la date de 1518. L’attitude du chef de la milice célaste * est victorieuse, c’est celle de la supériorité qui triomphe sans effort. Sa tête est belle, ses traits n’éprouvent aucune altération, ses lèvres expriment à peine un léger dédain, son front est calme, sou action se déploie avec une tranquillité imposante, ses bras armés et menaçants conservent des contours gracieux. Les ailes s’élèvent, s’étendent et ajoutent à la légèreté de la figure ; le pied pose à peine sur l’ange rebelle terrassé, et la puissance divine pèse sur lui et l’écrase de sa seule approche. La figure du diable est horriblement belle ; la tête, devenue hideuse, garde de la grandeur dans ses proportions et dans Ses formes ; c’est le Satan de Milton. Il tient son arme fourchue qui s’est émoussée dans le combat sur les armes divines ; il semble avoir été précipité, en roulant de chute en chute, sur la terre de feu qui le reçoit.

Le nom de Raphaël porte avec lui tous les éloges ; ce tableau commence le troisième âge de son talent, il en a toutes les beautés de composition, de dessin ; le coloris s’y trouve, mais le fini en est moins précieux que dans la IVansfiguration et dans la Sainte Famille. Il avait été demandé à l’artiste, en même temps que ce dernier tableau (v. famille •sainte]), par le duc d’Urbin, Laurent de Méuicis. L un et l’autre furent«rtivoyés, dans l’année 1518, par l’entremise d’une maison de commerce de Lyon, à ce personnage qui habitait alors la France. C’est de lui qu’ils auront passé, soit par don, soit par achat, dans le palais de Fontainebleau où ils furent reçus avec beaucoup de pompe et de solennité. On prétend à propos du Saint Michel que, terrassar.t l’esprit des ténèbres avec autant d’aisance et de dédain que l’antique Apollon Pytliien frappe le dragon gardien de l’antre de Géa, l’archange symbolisait, dans la pensée de l’artiste, la puissance royale combattant le protestantisme et les factions. On conçoit dès lors qu’après la Fronde Louis XIV ait fait placer ce victorieux Saint Michel à Ver-