graphes, Marsollier, a ainsi raconté les visites que lui firent Louis XIII et Richelieu. « Louis XIII, passant par Moulins dix ans après la mort du duc de Montmorency, ne crut pas pouvoir se dispenser d’envoyer un gentilhomme complimenter, de sa part, une princesse qui lui appartenait de si près. Celui qui fut chargé de ce message la trouva le visage couvert d’un mouchoir et livrée à la plus profonde affliction. « Remerciez le roi, dit-elle, de l’honneur qu’il veut bien faire à une femme malheureuse. Mais, de grâce, n’oubliez pas de lui rapporter ce que vous voyez. » L’épreuve fut encore plus terrible pour elle et toutes ses plaies se rouvrirent lorsqu’elle aperçut un page du duc de. Richelieu, qui avait cru devoir imiter la démarche du roi, et elle s’écria : « Assurez monsieur le cardinal que depuis dix ans mes larmes n’ont pas encore cessé de couler. » La veuve de Charles Ier, Henriette de France, les duchesses de Longueville et de Châtillon, Louis XIV et Anne d’Autriche vinrent aussi plusieurs fois la visiter, et il n’y eut pas jusqu’à la reine Christine de Suède qui ne voulût voir cette illustre veuve dans sa retraite. »
MONTMORENCY (Gui-Claude-Rolland, comte de Laval), maréchal de France, né en 1677, mort en 1751. Il servit dans les Flandres,
puis dans le midi de la France, fut blessé
au siège de Nice, .retourna en Flandre en
1709, emporta le fort d’Arleux, battit les impériaux
près de Valenciennes (1712), puis se
distingua à la bataille de Denain, à la prise
de Douai, et reçut une grave blessure au
siège de Fribourg. Maréchal de camp en 1719,
il dut à ses services pendant la campagne du
Rhin, en 1734, le grade de lieutenant général
et reçut le bâton de maréchal en 1747.
MONTMORENCY (Gui-André-Pierre de Laval, duc DE), maréchal de France, d’abord connu sous le nom de marquis de Laval, né en
1723, mort en 1798. Après avoir fait les campagnes
de Flandre, il devint colonel en 1742,
maréchal de camp en 1748, prit part à la conquête
de Minorque, aux batailles d’Hastembeck,
de Creveldt, de Minden, fut promu
lieutenant général en 1759, après avoir été
créé duc l’année précédente, reçut le gouvernement
de Compiègne et obtint, en 1783, le bâton de maréchal de France.
MONTMORENCY (Matthieu-Félicité DE Montmorency-Laval, vicomte, puis duc DE), homme politique français, petit-fils du précédent, né à Paris en 1767, mort en 1826. Il
avait pris part avec La Fayette à l’expédition
d’Amérique et s’était fait remarquer par
ses idées libérales lorsqu’il fut nommé, en
1789, membre des états généraux par le bailliage
de Montfort-l’Amaury. Il fut un des
premiers de son ordre qui se réunirent au tiers
état, prêta, le cinquième, le fameux serment
du Jeu de paume et proposa, dans la séance
du 4 août 1789, l’abolition des droits féodaux
et des privilèges, décrétée immédiatement au
milieu de l’enthousiasme. Il se prononça ensuite
contre le système des deux Chambres,
appuya le décret d’abolition de la noblesse
(17 juin 1790), fut l’un des quinze membres
chargés d’assister à la translation des restes
de Voltaire au Panthéon, et fit adopter la
proposition de rendre les mêmes honneurs à
J.-J. Rousseau. Aide de camp du maréchal
Luckner après la session, il émigra bientôt
pour aller rejoindre à Coppet, en Suisse,
Mme de Staël, à qui il témoigna une constante
amitié dans la mauvaise comme dans
la bonne fortune. Rentré en France en 1795,
il ne s’occupa, jusqu’à la fin de l’Empire, que
d’œuvres de bienfaisance. À partir de 1814,
Matthieu de Montmorency, suspect de libéralisme
à cause de son ancienne attitude à la
Constituante, que son émigration même n’avait
pu racheter, s’attacha à faire oublier,
par l’exaltation de son royalisme, sa ferveur
libérale d’autrefois. Il fut l’un des plus ardents
ultras, soit comme aide de camp du
comte d’Artois, soit comme pair de France.
Il défendit les jésuites avec chaleur, s’affilia
à leur congrégation, prit le portefeuille des
affaires étrangères et la présidence du ministère
de réaction après la mort du duc de
Berry (1821), détermina la guerre d’Espagne
dans le congrès de Vérone, reçut en 1822 le
titre de duc, céda cette même année son
portefeuille ministériel à Chateaubriand, fut
nommé ministre d’État, membre du conseil
privé, gouverneur du duc de Bordeaux, et
mourut subitement dans l’église de Saint-Thomas
d’Aquin, le vendredi saint, au moment
où il faisait ses dévotions. Le duc de
Montmorency fut un des fondateurs des sociétés
des bonnes lettres et des bonnes études et un des premiers propagateurs de l’enseignement mutuel en France. Bien qu’il
n’eût jamais écrit que quelques articles dans
un journal ultramontain, le Mémorial catholique, il n’en fut pas moins élu membre de l’Académie française en 1825, ce qui donna
lieu à de nombreuses épigrammes. Comme
homme politique, il ne joua qu’un rôle fort
secondaire. Son parti lui-même le regardait
comme un esprit peu pratique, incapable de
ménager les susceptibilités de son temps et embarrassant
les ministres eux-mêmes. Comme homme privé, il fit preuve de vertus réelles
et se montra d’une inépuisable bienfaisance.
Il fut un des fervents adorateurs de Mme Récamier,
à laquelle il ne cessa de témoigner
une tendre et grave affection.
MONTMORENCY (Anne-Charles-François, duc DE), pair de France, né à Paris en 1767, mort
dans la même ville en 1846. Il entra à
dix-huit ans dans les gardes du corps, émigra
en Suisse en 1790, rejoignit l’armée des princes
en 1794 et revint en France en 1800. En
1813, il reçut le titre de comte de l’Empire,
devint l’année suivante major général de la
garde nationale de Paris, fut appelé par Louis XVIII à siéger à la Chambre des pairs et se rallia, en 1830, au gouvernement de
Louis-Philippe. Le duc de Montmorency ne
joua qu’un rôle politique insignifiant, mais
se montra ami éclairé des sciences, des arts
et protecteur de toutes les entreprises utiles.
— Son fils, Anne-Louis-Victor-Raoul, duc de
Montmorency, né à Soleure (Suisse) en 1790,
mort en 1862, s’engagea en 1807 dans un régiment de hussards, devint sous-lieutenant en 1810 et aide de camp de Davout, prit
part à la campagne d’Autriche en 1809, obtint
le grade de chef d’escadron et fut nommé
officier d’ordonnance de Napoléon, qui fit de
lui, en 1813, un de ses chambellans. De 1815
à 1820, le duc de Montmorency remplit les
fonctions d’aide de camp du duc d’Orléans ;
puis se retira dans la vie privée et mourut
sans laisser de postérité mâle.
MONTMORENCY (Anne-Adrien-Pierre DE), duc DE LAVAL, pair de France et diplomate, né à Paris en 1768, mort en 1837. Il suivait
la carrière des armes lorsque éclata la Révolution.
Ayant émigré en Angleterre, il s’y lia
avec le prince de Galles, revint en France
en 1814 et reçut alors de Louis XVIII le titre
de prince de Laval, qu’il garda jusqu’à la
mort de son père. Peu après, il se rendit en
Espagne en qualité d’ambassadeur, puis passa
au même titre à Rome en 1822. Après la
mort de Pie VII (1823), il soutint, au nom de
son gouvernement et de concert avec l’Autriche,
la candidature du cardinal Castiglioni ;
mais ce fut le cardinal della Genga qui fut
élu souverain pontife sous le nom de Léon XII.
En 1828, le duc de Montmorency-Laval alla
occuper l’ambassade de Vienne, qu’il quitta
pour se rendre au même titre à Londres. Il
revenait en congé en France lorsqu’il apprit
la révolution de Juillet 1830. Il alla aussitôt
rejoindre Charles X à Rambouillet, le suivit
en Angleterre, puis vint terminer ses jours
en France.
MONTMORENCY (François DE), seigneur de Bouteville, fameux duelliste français. V. Bouteville.
MONTMORENCY (Nicolas DE), auteur ascétique belge, né vers 1556, mort en 1617. Il
appartenait à une branche de la noble famille
française dont il portait le nom. Attaché de
bonne heure à la maison de Philippe II, roi
d’Espagne, il devint, en 1583, chef des finances
des archiducs Albert et Isabelle, entra
au conseil d’État et devint à plusieurs reprises
commissaire pour le renouvellement
des lois de Flandre. D’une ardente piété, il
employa ses loisirs à composer des écrits sur
des matières religieuses. Nous citerons de
lui : Manuale principis (Douai, 1597) ; Flos campi (Louvain, 1604) ; Exercices quotidiens et méditations en l’honneur de saint Joseph
(1609) ; Manna abscondita seu spiritualis dulcedinis II partes (Louvain, 2 vol. in-12) ; Diurnale pietatis (Anvers, 1616), etc. — Son
neveu, François de Montmorency, né à Aire
en 1578, mort en 1640, entra dans les ordres,
devint chanoine de Liège et finit par se faire
jésuite. On a de lui : Poetica sacrorum canticorum expositio (Douai, 1629, in-4o) ; Pietas victrix psalmis VII lyrice expressa (Anvers,
1639).
MONTMORENCY (Jeanne-Marguerite DE), surnommée la Solitaire des Rochers, née vers 1649, morte en 1700. On ne sait rien de positif
sur sa famille. Ce qui a fait croire qu’elle
appartenait aux Montmorency, c’est qu’une
demoiselle de cette illustre maison, qui disparut
vers ce temps, avait le même âge
qu’elle. Quoi qu’il en soit, elle profita d’un
pèlerinage au Mont-Valérien pour s’échapper,
entra successivement au service d’une noble
dame, d’un sculpteur, d’un cordelier, le
Père de Bray, avec qui elle entretint une
longue correspondance, puis se retira dans
les Pyrénées et y vécut de fruits sauvages
dans un ermitage qu’elle appela la Solitude des Rochers, puis dans un autre ermitage, situé plus près de l’Espagne, et auquel elle
donna le nom de Solitude de l’abîme des ruisseaux. S’étant rendue à Rome pour le jubilé de 1700, elle mourut, croit-on, pendant son
voyage.
Montmorency (JEANNE DE) ou la Solitaire des Pyrénées, épisode historique par M. Sabatier de Castres (1802). Ce livre n’est point une œuvre d’imagination, un roman ; c’est l’histoire véridique, agrémentée de quelques pieuses enluminures, d’un personnage réel, Jeanne-Marguerite de Montmorency. Cette jeune fille, âgée d’environ seize ans, s’échappa de la maison paternelle vers 1643, pour éviter une union avec le comte de Saverny, un beau jeune homme auquel elle avait avoué « que, si elle se sentait appelée au mariage, elle le préférerait à tout autre, en ajoutant, il est vrai, qu’elle souhaitait mourir vierge. Je désirerais, disait-elle, me donner à Dieu tout entière, corps et âme ; je ne serai vraiment heureuse que si je suis à lui sans partage. » Après sa fuite, elle vécut pauvrement, tantôt comme servante, tantôt en solitaire dans les montagnes, donnant tout ce qu’elle possédait aux pauvres et ne connaissant de plaisirs que la prière. Les ouvrages, fort rares aujourd’hui, qui parlent d’elle la représentent comme le véritable modèle de la vierge chrétienne.
« Intéresser et édifier à l’aide de la seule vérité, » tel est le but que s’était proposé l’auteur, M. Sabatier de Castres, et il pensait de bonne foi l’avoir atteint. Pour se rendre compte de l’édification que peut causer cette lecture, il est bon de savoir que l’abandon du foyer paternel par les jeunes filles est classé au nombre des vertus chrétiennes dans certains livres prétendus pieux. Les Annales de la propagation de la Foi offrent un grand nombre d’histoires, semblables à celle de Jeanne de Montmorency, proposées comme exemples à suivre.
MONTMORENCY-ROBECQUE (prince DE), branche de la maison de Montmorency établie dans les Pays-Bas, qui a produit plusieurs
officiers supérieurs ou généraux au service
de la France ou au service de l’empereur
d’Allemagne. Elle a pour auteur le fils puîné
de Louis de Montmorency, baron de Fosseux,
Ogier de Montmorency, qui vivait au XVe siècle.
Le titre de prince fut donné, en 1630, à
Jean de Montmorency par Philippe IV, roi
d’Espagne, auprès duquel il avait été envoyé
comme ambassadeur par l’infante gouvernante
des Pays-Bas. Cette famille s’est
éteinte en 1813 à la mort de Louis-Alexandre
de Montmorency, prince de Robecque, lieutenant
général.
MONTMORET (Humbert DE), en latin Monsmoretanus, poëte latin moderne, né en Bourgogne, mort vers 1525. Après avoir beaucoup
voyagé et mené une existence des plus
dissipées, il entra dans le couvent des bénédictins de Vendôme. Il a laissé diverses compositions poétiques écrites dans un stylé harmonieux
et assez pur et qui offrent de belles descriptions. Nous citerons notamment : Bellorum Britannicorum a Carolo VII, 'Francorum rege, in Henricum Anglorum regem felici ductu, auspice puella Franca, gestorum
(Paris, 1512), poëme en sept chants ; Christiados lib. X (sans date, in-8o) ;. Herveis poema (sans date, in-4o) j Parthenices Marianæ (in-4°).
MONTMORILLON, en latin Mons Mauritionis, ville de France (Vienne), sous-préf., ch.-l. d’arrond. et de canton, sur la Gartempe,
à 50 kilom. S.-E. de Poitiers ; pop. aggl., 3,970 hab. — pop. tot., 5,010 hab. L’arrond. comprend 6 cantons, 60 communes et 63,240 hab. Tribunal de 1re instance ; justice
de paix ; petit séminaire. Fabrication de macarons
renommés, noir animal, tuyaux de
drainage, poterie ; fours à chaux, papeteries,
blanchisseries de toiles. Commerce de bestiaux.
Mine de fer importante.
Montmorillon est pittoresquement située sur la Gartempe, qui divise la ville en deux parties. C’était jadis une place forte dont Philippe le Hardi fit l’acquisition en 1281. Les ligueurs la prirent dans le XVIe siècle ; mais le prince de Conti s’en empara pour le compte de Henri IV le 6 juin 1591, et les fortifications furent rasées ainsi que le château. En 1651, pendant les troubles qui signalèrent la minorité de Louis XIV, les troupes royales occupèrent Montmorillon. Elles avaient pour chefs principaux le duc de Vivonne et le maréchal de Saint-André. On imposa alors aux habitants pour gouverneur, au préjudice des privilèges de la ville et malgré la résistance des échevins, M. de Pruniers, sergent de bataille, et cette mesure, quoique arbitraire, n’en fit pas moins rentrer dans l’ordre une partie de la province. Avant la Révolution, Montmorillon se divisait en deux paroisses ; celle de Saint-Martial et celle du faubourg de Concise. L’ancienne chapelle du château, sous l’invocation de Notre-Dame, avait été érigée en collégiale. La ville possédait des couvents de récollets, d’augustins et de cordelières, et des règlements municipaux, peut-être uniques en France à cette époque, obligeaient ces ordres religieux à des aumônes annuelles considérables. Les commencements de la Révolution ayant été signalés aux environs de Montmorillon par quelques troubles, le 2 janvier 1793, Piorry, député de la Vienne à la Convention nationale, fit rendre un décret ordonnant une instruction immédiate au sujet de ces troubles. À la même époque, Montmorillon fut érigé en chef-lieu de district.
Montmorillon possède une église, connue sous le nom de temple de Montmorillon, qui est sans contredit un des édifices les plus intéressants de toute la France archéologique. Cette église est située dans l’ancien couvent des augustins, occupé aujourd’hui par le petit séminaire. On y remarque la chapelle sépulcrale de la maison-Dieu de Montmorillon, fondée à la suite de la première croisade. Cet édifice, connu aussi sous le nom d’Octogone, est décoré de quatre curieux groupes et de figures grossièrement sculptées. En 1839, l’édifice demandait une réparation urgente ; les antiquaires de l’Ouest s’adressèrent à l’autorité, et le ministère de l’intérieur s’empressa de répondre par l’envoi des sommes nécessaires à sa conservation. L’année suivante, on rétablit dans l’église, sous le premier arceau latéral à droite, une tombe, qui porte cette inscription : « Ci gist Étienne de La Hire, sire de Vignoles, en son vivant chevalier.» Il est question de nouveaux projets qui doivent rendre prochainement son éclat primitif à cette intéressante construction.
MONTMORILLONITE s. f. (mon-mo-ri-llo-ni-te ; ll mll.). Minér. Variété d’halloysite de couleur rose, qu’on trouve aux environs de
Montmorillon, dans le département de la Vienne.
MONTMORIN (François DE), seigneur de SAINT-HÉREM, vicomte de Clamecy, né vers 1522, mort en 1582. Il suivit la carrière des
armes, reçut en 1557 le commandement de la compagnie d’ordonnance du connétable de Montmorency, fut fait prisonnier à la bataille
de Saint-Quentin et devint par la suite gouverneur de l’Auvergne. À l’époque de la Saint-Barthélemy (1572), il écrivit à Charles IX la lettre suivante : « Sire, j’ai reçu un ordre de Votre Majesté de faire mourir tous
les protestants qui sont en ma province. Je respecte trop Votre Majesté pour ne pas croire que ces lettres sont supposées, et si, ce qu’à Dieu ne plaise ! l’ordre est véritablement émané d’elle, je la respecte trop pour
lui obéir. » Et il sauva les protestants de l’Auvergne d’un massacre général.
MONTMORIN-SAINT-HÉREM (Jean-Baptiste-François, marquis DE), général français, de la famille du précédent, né en 1704, mort
en 1779. Entré fort jeune au service, il se
signala par sa valeur, obtint un avancement
rapide, prit part, comme colonel, aux batailles
de Parme et de Guastalla, devint brigadier
des armées du roi, fut blessé en forçant
le premier les lignes de Weissembourg
et fit, avec le grade de maréchal de camp,
les campagnes de 1745 et 1740 sous Maurice
de Saxe. La façon brillante dont il se conduisit à la bataille de Raucoux (1746), à l’assaut de Berg-op-Zoom, à la prise de Maastricht
(1748), lui valut le grade de lieutenant général. Il devint, en outre, gouverneur du château de Fontainebleau et de Belle-Isle-en-Mer.
MONTMORIN-SAINT-HÉREM (Armand-Marc, comte DE), homme d’État français, parent du précédent, né vers 1745, massacré à Paris le 2 septembre 1792. D’abord menin du dauphin, qui fut depuis Louis XVI, il devint
par la suite ambassadeur à Madrid, puis commandant en Bretagne. Louis XVI l’appela à faire partie de l’Assemblée des notables tenue à Versailles en 1787 et le nomma, peu après, ministre des affaires étrangères, poste que Montmorin occupait encore au moment de l’ouverture des états généraux. En
juillet 1789, il fut renvoyé avec Necker et aussitôt rappelé au ministère, par ordre, pour ainsi dire, de l’Assemblée nationale. En avril 1790, il fit paraître des observations sur le livre rouge et les calculs qui l’accompagnaient. Il resta en place en septembre, lors du renvoi de tous ses collègues, et on lui confia même par intérim le portefeuille de
l’intérieur. Dénoncé à plusieurs reprises, il répondit avec plus ou moins de vigueur ou de ménagement, selon l’influence que ses dénonciateurs
exerçaient sur l’esprit public. Le 17 avril 1791, il fit imprimer et envoya aux ministres près des puissances étrangères une lettre où il assurait tous les souverains de la liberté du roi et de son attachement sincère
pour la nouvelle constitution. C’est de cette démarche surtout que ses amis ont prétendu le justifier, en assurant qu’il avait voulu donner sa démission, plutôt que de signer cette missive, et qu’il n’avait consenti
à ajourner sa retraite que par obéissance et par dévouement pour Louis XVI. Au commencement de juin, il fut rayé du tableau des jacobins, et se vit ensuite inculpé et mandé à la barre, pour avoir signé le passeport du roi, lors du départ de ce prince pour Varennes. Mais il se lava aisément de cette accusation, en prouvant que le passe-port avait été pris sous un nom supposé et qu’il ne pouvait pas vérifier les noms de tous ceux qui en demandaient. Après avoir fait part aux puissances étrangères de l’acceptation de la Constitution par Louis XVI, il communiqua,
le 31 octobre, dans un rapport à l’Assemblée, les réponses des différentes cours à cette notification. Ce rapport est d’un grand
intérêt, en ce qu’il indique de quel œil chaque
souverain envisageait alors la Révolution
française. Montmorin parla au Corps
législatif avec dignité et ne tarda pas à donner sa démission. Après sa retraite, il continua à rester près du roi, et forma, avec
Bertrand de Molleville, Malouet et quelques
autres, une espèce de conseil secret qui préparait,
discutait ou conseillait divers plans,
dans l’intention de raffermir la monarchie ;
cette conduite acheva de lui attirer toute
la haine des jacobins, qui l’attaquèrent, ainsi
que Bertrand, comme membres du comité autrichien.
Il montra assez de fermeté dans
cette occasion, et poursuivit même par devant
les juges de paix le journaliste Carra,
qui avait répandu et accrédité cette dénonciation ;
mais que pouvait-il contre des ennemis
alors tout-puissants ?
Immédiatement après la journêe du 10 août, il se cacha chez une blanchisseuse du faubourg Saint-Antoine, y fut découvert et arrêté le 21, puis conduit à la barre de l’Assemblée, où il fut interrogé. Il conserva toute sa présence d’esprit pendant ce long interrogatoire, répondit d’une manière satisfaisante à toutes les questions qui lui furent