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baiser-là. Comme aussi une demoiselle, voyant autour du corps des augustins, dit qu’il falloit des jacobins et non pas des augustins, » allusion au jacobin Jacques Clément.


MONTPENSIER (Henri de Bourbon, duc de), fils de François de Bourbon, et d’abord connu sous le nom de prince de Dombes, né à Mézières (Touraine) en 1573, mort en 1608. Il fut successivement gouverneur du Dauphiné (1588), de Normandie (1592), de Bretagne (1593), combattit contre les ligueurs en Bretagne, (de 1589 à 1593, fut battu par Mercœur en 1592, reçut une blessure au siège de Dreux en 1593 et prit part aux sièges de Calais, d’Amiens (1596), à la conquête de la Bresse et de la Savoie (1600). C’était un homme d’un esprit faible et borné, qui proposa à Henri IV, à l’instigation de plusieurs seigneurs, d’ériger leurs gouvernements en fiefs héréditaires. « Mon cousin, lui dit le roi après l’avoir entendu, je crois que quelque esprit malin a charmé le vôtre ou que vous n’êtes pas en votre bon sens, de me tenir des discours si indignes d’un bon sujet et d’un prince de mon sang. » Depuis deux ans, il ne vivait plus que de lait de femme lorsqu’il mourut.


MONTPENSIER (Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de), plus connue sous le nom de Grande Mademoiselle, fille de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, et de Marie de Bourbon-Montpensier, née à Paris le 29 mai 1627, morte le 5 avril 1693. Le cardinal de Richelieu et la reine Anne d’Autriche furent ses parrain et marraine.

« Il y a dans chaque époque, dit Sainte-Beuve, un certain type à la mode, un certain fantôme romanesque qui occupe les imaginations et qui court, en quelque sorte, sur les nuages. À la fin de Louis XIII et au commencement de Louis XIV, ce type et ce modèle s’était principalement formé d’après les héros et les héroïnes de Corneille, et aussi d’après ceux de Mlle de Scudéri. Mademoiselle, personne d’imagination, de fantaisie et d’humeur, mais de peu de jugement, réalisa beaucoup ce type en elle : elle y ajouta tout ce qui était propre aux préjugés de sa race et aux superstitions de sa naissance. Cela fit un composé des plus bizarres, des plus glorieux, des moins raisonnables, et dont toute sa destinée se ressentit. »

Héritière par sa mère, qui mourut des suites de ses couches, des biens immenses accumulés dans la famille de Montpensier, elle était une des plus riches princesse de l’Europe, et elle crut que les souverains allaient se disputer sa main. Quoiqu’elle fût âgée de onze ans de plus que Louis XIV, son cousin germain, elle se mit en tête qu’elle l’épouserait, et cette idée domina pendant longtemps toute sa conduite. Elle allait voir le jeune dauphin, l’appelait son petit mari ; mais Richelieu fit cesser ces jeux. Le roi d’Espagne, Philippe IV, frère d’Anne d’Autriche, et l’empereur Ferdinand III s’étant trouvés veufs, elle pensa que tous les deux allaient la demander ; c’est elle-même qui raconte cela naïvement dans ses Mémoires ; elle aurait préféré Ferdinand ; aussi refusa-t-elle Charles II, alors chassé d’Angleterre et qui ne paraissait pas devoir y retourner de si tôt. Mlle de Montpensier attribua l’échec de ses espérances matrimoniales à Mazarin, et ce fut un des motifs qui la jetèrent dans la Fronde. Elle accompagna la cour à Saint-Germain en avouant tout haut que ses préférences étaient pour le « contraire parti, » et, lors de la seconde Fronde, elle prit un rôle plus décidé. Comme son père, le lâche et ténébreux Gaston, ne se hâtait point de sortir de l’indécision, elle monta à cheval, et suivie d’une petite troupe, parmi laquelle étaient ses grandes amies, Mmes de Fiesque et de Frontenac, elle alla tenter un coup de main sur Orléans, apanage de Gaston. Les portes étaient fermées ; un de ses écuyers défonça une poterne mal gardée et la princesse, suivie des siens, s’introduisit audacieusement dans la ville pendant que le garde des sceaux et le conseil du roi parlementaient inutilement à une autre porte et se retiraient devant les huées du peuple (27 mars 1652). Mademoiselle fut portée en triomphe à l’hôtel de ville. Ainsi munie d’une place forte, elle espérait pouvoir traiter et faire de son mariage avec Louis XIV la condition de la paix ; Condé l’entretenait dans cette idée, qui lui donnait un précieux auxiliaire. Deux jours après, elle présida le conseil de guerre à la suite duquel fut livré le combat de Bléneau, où se rencontrèrent l’un contre l’autre Turenne et Condé. De retour à Paris, Mademoiselle y jouit de la plus grande popularité ; mais les affaires de la Fronde allaient mal, et Condé, repoussé jusque dans le faubourg Saint-Antoine, courait risque de subir un désastre, lorsque Mademoiselle obtint de protéger sa retraite en faisant tirer le canon de la Bastille et mit le feu elle-même à la première pièce. Jamais Louis XIV ni Mazarin ne lui pardonnèrent ce coup de canon, qui prolongea la Fronde de plusieurs mois (2 juillet 1652). Mazarin s’écria : « Mademoiselle vient de tuer son mari !… » Il ne pouvait plus être, en effet, question de son mariage avec Louis XIV. Deux jours après, des massacres accomplis avec la connivence de Condé et de Gaston ensanglantaient Paris ; on tuait, sur un simple soupçon, tous les partisans de la cause royale. Mademoiselle se montra pleine d’humanité, sauva tous ceux qu’elle put et pénétra même dans l’Hôtel de ville, où elle put arracher le prévôt des marchands, Lefèvre, à une mort inévitable.

Lorsque Louis XIV rentra dans Paris quelques mois plus tard (13 octobre), Mademoiselle ne fut pas inquiétée ; Gaston s’était rapproché de la cour dès qu’il avait vu les choses mal tourner, et elle reprocha fièrement à son père cette félonie nouvelle. Pour elle, elle se retira dans sa terre de Saint-Fargeau et y vécut cinq ans, dictant ses Mémoires à Segrais, son secrétaire, et se consolant de tous ses malheurs avec le million de revenu qui lui restait. En 1657 elle obtint de revoir la cour, qui se trouvait alors à Sedan ; la reine mère la présenta en disant : « Voici une demoiselle qui est bien fâchée d’avoir été méchante ; elle sera bien sage à l’avenir. » Louis XIV déclara qu’il avait tout oublié. Mademoiselle avait alors trente ans sonnés, et, songeant à tous ses mariages manqués, se voyait réduite à rester fille, lorsqu’elle se prit de l’amour le plus insensé pour un petit cadet de Gascogne, capitaine aux gardes, alors appelé marquis de Puyguilhem et qui devint le célèbre Lauzun. Elle l’avait remarqué dès 1659, comme on peut le voir dans ses Mémoires, mais ce ne fut que dix ans plus tard, alors qu’elle avait elle-même quarante-deux ans, qu’elle songea à l’épouser. Lauzun était alors le favori de toutes les dames de la cour, le rival en amour de Louis XIV, et il avait déjà fait quelque séjour à la Bastille. Sa tendresse pour ce mauvais sujet était si forte, qu’elle oubliait jusqu’aux lois de l’étiquette, chose énorme dans cette cour cérémonieuse. Un jour que Lauzun restait découvert devant le roi et qu’il pleuvait très-fort, elle dit à Louis XIV : « Sire, faites-lui donc mettre son chapeau. » Mais le rusé Gascon devenait de plus en plus cérémonieux envers Mademoiselle à mesure que celle-ci devenait plus expansive ; il faisait semblant de ne pas voir son amour, que tout le monde voyait ; il jouait à la coquetterie comme une jeune femme ; il obligea enfin la fille de Gaston à se déclarer.

Sur la demande formelle de Mademoiselle, Louis XIV consentit au mariage (15 décembre 1670). Lauzun, dont La Bruyère a dit : « Sa vie est un roman ; non, il y manque le vraisemblable, » touchait au but de ses rêves ; sa femme lui apportait en dot une fortune estimée à 20 millions et quatre duchés. Le cadet de Gascogne allait devenir cousin du roi et épouser une petite-fille de Henri IV. Malheureusement il retarda de quelques jours la cérémonie, malgré les instances de Montausier, et, sur l’avis de Condé et de Monsieur, le roi reprit sa parole. Lauzun se soumit respectueusement, mais Mademoiselle poussa les hauts cris ; elle refusa de sortir de sa chambre, se mit au lit et reçut ses intimes amis de l’air le plus désolé : « Il serait là ! » disait-elle les larmes aux yeux, en montrant la place vide à côté d’elle. C’est Mme de Caylus qui rapporte ce trait de douleur naïve. L’année suivante, Lauzun fut jeté à la Bastille, puis à Pignerol, et sa captivité dura dix ans, pendant lesquels Mademoiselle ne cessa de supplier le roi en sa faveur. Il est probable qu’ils s’étaient dès lors unis par un mariage secret et que ce fut cette contravention à l’ordre royal qui fut punie si sévèrement sur Lauzun. Celui-ci sorti de prison, le mariage ne fut déclaré que quatre ans encore après et Lauzun dut abandonner, en faveur des bâtards de Louis XIV, la plus riche portion de la dot. Mais dix ans avaient bien changé les amoureux. Mademoiselle, à cinquante-deux ans, brûlait encore de tous les feux de l’amour ; Lauzun, vieilli, blasé, furieux de ce mariage dérisoire qui ne lui rapportait pas la haute faveur qu’il avait rêvée, brutalisait la vieille fille ; celle-ci regimbait et le battait à son tour. Un jour qu’il voulut se faire tirer ses bottes par elle, au retour de la chasse, elle le congédia et refusa de jamais le revoir, jusqu’à sa mort, malgré ses instances pour rentrer en grâce.

« Ce qui manque à la vie de Mademoiselle, à son caractère comme à son esprit, dit Sainte- Beuve, c’est le goût, c’est la grâce, c’est la justesse, ce qui devait précisément marquer la belle époque de Louis XIV. Avec ses dix années de plus que le roi, Mademoiselle fut toujours un peu arriérée et de la vieille cour. Elle appartient, par son tour d’imagination, à la littérature de Louis XIII et de la Régence, à la littérature de l’hôtel Rambouillet, et qui n’a pas subi la réforme de Boileau ni celle de Mme de La Fayette. Il y a du pêle-mêle dans ses admirations : elle prise fort Corneille, elle fait jouer chez elle le Tartufe ; mais elle reçoit aussi l’abbé Cotin : « J’aime les vers, de quelque nature qu’ils soient, » dit-elle. Elle aime surtout la grandeur, elle aime la gloire ; elle s’y méprit souvent ; elle a toutefois des mouvements de fierté, d’honneur et de bonté, dignes de sa race. Les jours où elle est le mieux, elle se ressent du voisinage de Corneille. Sa conduite au combat de Saint-Antoine doit lui être comptée. Ses Mémoires aussi lui sont un titre des plus durables, Mémoires véridiques et fidèles, et dans lesquels elle dit tout sur elle-même ou sur les autres. »

Montpensier (MÉMOIRES DE Mlle DE). La première édition est de 1729 ; la dernière, due à M. Chéruel, est de 1858 (4 vol. in-12). Ce qu’ils ont d’attrayant, c’est leur entière sincérité ; la princesse en général ne semble songer qu’à elle et ne rapporte que les faits qui l’intéressent directement : elle s’étend beaucoup sur ses goûts, ses habitudes, ses caprices ; donne les détails les plus minutieux sur les fêtes et les cérémonies dont elle a été témoin ; marque avec exactitude l’étiquette et les préséances, et n’omet presque aucune des intrigues obscures qui agitèrent sa petite cour. Au milieu de cette multitude de particularités peu intéressantes, on trouve quelques récits qui répandent de la lumière sur des événements importants : tels sont ceux de la surprise d’Orléans, du combat de la porte-Saint-Antoine et de l’incendie de l’Hôtel de ville de Paris, pendant les troubles de la Fronde. Dans les Mémoires de Mademoiselle, il y a trois parties, trois moments distincts de composition. L’auteur a commencé, repris et continué son récit dans des dispositions d’esprit et de cœur fort diverses ; ce récit, qui embrasse plus de cinquante années d’une époque féconde en incidents (1630-1688), n’offre pas sur tous les points une lumière égale. Mademoiselle déclare tour à tour que ses ennuis et ses préoccupations avaient d’abord amorti en elle des souvenirs qui se sont ravivés avec le temps, ou qu’elle supprime des développements trop connus de ses contemporains, ou bien que, n’ayant pas été toujours présente aux événements qu’elle raconte, elle en ignore les détails. Ce qu’elle peint le mieux, c’est elle-même ; brave, hardie, spirituelle, généreuse, romanesque, Mademoiselle finit par être amoureuse et précieuse, et toujours à contre-temps.

Quant aux événements de sa vie, à son rôle d’héroïne au temps de la Fronde et à ses infortunes de l’arrière-jeunesse, amenées par l’égoïste ambition et par la lâche ingratitude de Lauzun, ces faits rentrent dans la biographie de mademoiselle de Montpensier. En attendant ce coup de foudre qui la rendra folle de Lauzun, elle remplit à la cour un rôle passif, celui de spectatrice et de juge ; elle le remplit bien du moins, avec un esprit clairvoyant, avec une plume vive et expressive. Nulle part n’est mieux apprécié que dans ses Mémoires le jeune Louis XIV, tendre, fier et gracieux, et qui sait déjà régner. Les portraits si nombreux que Mademoiselle trace dans son récit, et qui forment une galerie vraiment historique, ont autant de valeur littéraire que ses autres portraits fictifs, jeu d’esprit fort à la mode vers 1657-1659. L’édition entreprise par M. Chéruel a été faite sur les manuscrits que possède la Bibliothèque nationale ; l’éditeur a rétabli le texte très-altéré dans celles d’Amsterdam (1729 et 1735) et même dans celle de Petitot.


MONTPENSIER (Antoine-Philippe d’Orléans, duc DE), né en 1775, mort en 1807. Il servit avec honneur dans l’armée de Dumouriez, avec son frère (Louis-Philippe Ier), ne le suivit pas dans sa fuite avec le général en chef, mais fut arrêté peu après à l’armée d’Italie, en même temps que toute sa famille. Détenu à Marseille, rendu à la liberté en 1797, il passa en Amérique et vint ensuite en Angleterre, où il succomba à une maladie de poitrine. On a de lui, dans la collection Beaudoin (1824), d’intéressants mémoires intitulés ma Captivité de quarante mois, qui offrent des détails curieux sur les massacres du fort Saint-Jean, à Marseille, pendant la réaction thermidorienne.


MONTPENSIER (Antoine-Marie-Philippe-Louis D’ORLÉANS, duc DE), le cinquième fils du roi Louis-Philippe, né à Neuilly en 1824. Lorsqu’il eut achevé ses études au collège Henri IV, il fut attaché comme lieutenant au 3e régiment d’artillerie, en 1842. Envoyé en Afrique, il prit part à l’expédition contre Biskara (1844), à la campagne du Ziban, dirigea l’artillerie pendant un combat soutenu devant M’ehonnesch contre 3, 000 Arabes, reçut une légère blessure et fut alors promu chef d’escadron (1844). De retour en France, il accompagna en Angleterre Louis-Philippe, puis revint en Algérie avec le grade de lieutenant-colonel (1845). Après avoir assisté à un combat contre les Kabyles, il visita successivement Tunis, Constantinople, Alexandrie, Le Caire, Memphis, Rhodes, Smyrne et Athènes. Promu à son retour colonel et, quelques mois après, maréchal de camp, commandant l’artillerie de Vincennes (sept. 1846), le jeune duc se rendit ensuite à Madrid, où il épousa, le 10 octobre de la même année, Marie-Louise-Fernande de Bourbon, sœur de la reine Isabelle. Lorsque éclata la révolution du 24 février 1848, le duc de Montpensier conseilla à son père d’abdiquer, puis habita successivement l’Angleterre, la Hollande et l’Espagne. Il se fixa alors à Séville, reçut de sa belle-sœur, la reine Isabelle, le grand cordon de Charles III, le rang d’infant d’Espagne, le grade de capitaine général des armées d’Espagne (1859), et vécut à peu près complètement étranger aux événements politiques de la péninsule. Six enfants furent le fruit de son union avec l’infante Marie-Louise, dont il a eu quatre filles et deux fils, Ferdinand, né en 1859, mort en 1873, et Philippe, né en 1862. En 1868, lorsque Narvaez et Gonzalès Bravo tentèrent de remplacer le gouvernement constitutionnel par un régime d’absolutisme, le duc de Montpensier fit à ce sujet de timides représentations à la reine Isabelle. Accusé de conspirer avec les libéraux, il reçut un ordre d’exil et se retira en Portugal ; mais peu après éclata la révolution de septembre 1858, qui renversa le trône des Bourbons en Espagne. Le duc de Montpensier revint alors dans ce pays et devint un des prétendants à la succession d’Isabelle.

Le prince Henri de Bourbon, frère de l’ex-roi d’Espagne François d’Assise, ayant publié et fait distribuer à Madrid, sous ce titre : Aux montpensiéristes, un placard dans lequel il attaquait le duc de Montpensier de la façon la plus outrageante, ce dernier en demanda réparation par les armes. Le duel eut lieu à Alarcon, près de Madrid, au commencement de mars 1870, et le prince Henri tomba mortellement frappé d’une balle dans la région du crâne. À la fin de cette même année, lors de l’élection qui eut lieu aux cortès pour la nomination d’un roi, le duc de Montpensier obtint quelques voix, notamment celle de l’amiral Topete. Depuis lors, il a peu fait parler de lui.


Montpensier (Mlle DE), roman de Mme de La Fayette (1660, in-12). C’est une œuvre d’imagination, ou du moins, si l’auteur a eu en vue un fait réel, il a caché les personnages sous des noms supposés. Il y a beaucoup de charme dans ce petit livre, écrit avec une rare délicatesse de plume et de sentiment. Comme il parut anonyme, on l’a attribué longtemps à la comtesse de La Suze, mais Mme de La Fayette l’a revendiqué.

À proprement parler, c’est moins un roman qu’une nouvelle, mais une nouvelle délicieuse ; il est difficile de rassembler avec plus d’art, dans un petit espace, une foule d’événements plus naturels et mieux conduits. Le personnage le plus remarquable est celui du comte de Chabannes. Mlle de Mézières, l’héroïne, devait épouser le duc de Guise, qu’elle aimait et dont elle était aimée ; mais ses parents l’unissent au prince de Montpensier. Elle suit son époux à Champigny, et le prince laisse près d’elle son ami intime, le comte de Chabannes. Quoique d’âge à être son père, ce dernier tombe amoureux de la princesse et meurt presque de douleur, lorsqu’il voit que son cœur appartenait au duc de Guise. Tel est, cependant, l’excès de la passion qu’il a conçue, tel est l’ascendant que prend sur lui Mlle de Montpensier que, pour lui plaire, il consent à servir son rival. Il devient l’intermédiaire des deux amants, intermédiaire d’autant plus fidèle qu’il n’était bien reçu que lorsqu’il apportait des nouvelles du duc. Il va jusqu’à favoriser un rendez-vous entre la princesse et le duc, qu’il est plusieurs fois tenté de percer de son épée au lieu de l’introduire chez celle qu’il aime. Tandis qu’il joue ce triste rôle, arrive le prince de Montpensier qui va surprendre les deux amants ; Chabannes se dévoue encore ; il fait échapper son rival, et s’offre à sa place à la colère du prince, qui le croit l’amant de sa femme. Le prince n’a pas le courage de frapper un ancien ami et Chabannes s’enfuit à Paris, où il périt l’une des premières victimes de la Saint-Barthélémy. Le duc de Guise, renonçant à courir de nouveau de pareils dangers, poursuit le cours de ses aventures amoureuses en s’affichant avec Mme de Noirmoutier. La princesse de Montpensier meurt de chagrin de se voir abandonnée d’un homme auquel elle avait sacrifié un époux tel que le prince et un ami tel que l’infortuné comte de Chabannes.

Rien de plus frais que cette nouvelle, racontée avec simplicité et avec émotion. Il fallait véritablement une plume féminine pour relever le singulier rôle que joue le comte de Chabannes, pour exciter même, non-seulement la pitié, mais encore la sympathie en sa faveur.


MONTPETIT (Armand-Vincent de), peintre français, né à Mâcon en 1713, mort à Paris en 1800. Envoyé à Lyon pour y achever ses études, il apprit la jurisprudence, la mécanique, la peinture, et donna de nombreuses preuves de son esprit ingénieux et inventif, en construisant une charrue mécanique fonctionnant seule, un poêle hydraulique dans lequel la chaleur humide se combinait avec la chaleur sèche, un système de ponts de fer à une seule arche. En 1759, il imagina une nouvelle manière de peindre la miniature, qu’il nomma éludorique parce qu’on n’y emploie que l’huile et l’eau. S’étant à peu près ruiné en 1763, il s’adonna presque entièrement à la peinture pour vivre et employa son procédé, qui offre des résultats d’un effet charmant par la suavité, le fondu, l’éclat des couleurs, mais qui exige beaucoup de soin et d’adresse dans l’exécution. En 1793, Montpetit reçut une gratification de 8,000 francs pour les progrès qu’il avait fait faire à la mécanique. On a de lui, outre des articles dans le Dictionnaire des arts et métiers, une Note intéressante sur les moyens de conserver les portraits peints à l’huile et de les faire passer sans altération à la postérité (1776, in-8o) ; Mémoire sur la théorie des ponts de fer d’une seule arche (1788).


MONTPEZAT, bourg de France (Ardèche), ch.-l. de cant., arrond. et à 32 kilom. N.-O. de Largentière, sur le penchant d’une montagne ; pop. aggl., 977 hab. — pop. tot., 2,347 hab. Fabrication de coutellerie grossière ; moulinage de soies ; fabrication de gros lainages ; commerce de bois, planches, grains. Débris d’un temple dédié à Jupiter Olympien et vestiges d’une voie romaine. Au