Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/253

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par la pureté de sa morale, sinon de ses mœurs, et les peuples foulés aux pieds tendaient vers elle des mains suppliantes. Elle disposait des trônes et frappait de mort les rois par l’excommunication. Son empire, enfin, n’avait pas de limites. Si l’Église eût porté dans ses flancs les destinées de l’humanité, sa tentative de domination universelle n’eût pas avorté. Mais au lieu de nourrir les âmes de la parole de Dieu, elle les a remplies de fantômes, de visions et de superstitions. La justice divine qu’on implorait en elle s’est trouvée plus barbare que la justice humaine, et la tyrannie des rois de la terre se trouva douce auprès de celle du roi du ciel. Au lieu de favoriser, enfin, l’essor de la pensée, Rome s’appliqua uniquement à la comprimer jusqu’à explosion. Aussi, quand le serf a relevé sa tête, depuis longtemps courbée vers la terre, au lieu d’un seul ennemi en face, il en a vu deux : la féodalité laïque et la féodalité cléricale ; il s’est attaqué à toutes deux à la fois. Quand l’homme a voulu exercer sa faculté de penser, il lui a été dit : « Tu ne penseras pas. » Et la raison s’est révoltée contre la foi. Quand la science s’est essayée à pénétrer les grandes lois de l’univers, il lui a été dit : « La science est fixée depuis la Genèse et toute investigation ultérieure est une impiété. » Sommée enfin par le monde de dire où elle le conduisait, Rome ne lui a montré en perspective qu’un tombeau, et le monde, qui voulait vivre, s’est détourné de sa voie. Alors a commencé cette lutte sanglante et formidable qui s’appelle les convulsions de l’empire romain. À bout d’arguments, les apôtres du crucifié ont défendu sa doctrine par le fer, par le feu et par les gibets. Pour résumer en un mot tout le moyen âge, on peut dire : « C’est une tentative de théocratie avortée. ».

Par des routes différentes, mais convergentes, le monde n’en poursuit pas moins sa marche vers l’unité, et cette unité s’opérera un jour sous cette devise entrevue à la fin du moyen âge et formulée par la Révolution française : « Justice et Liberté ! »

Moyen âge et la Renaissance (LE), vaste collection entreprise sous la direction littéraire de M. Paul Lacroix, et sous la direction artistique de M. Ferd. Serré (1847-1852, 5 vol. in-4o, avec pl.). Les collaborateurs littéraires de M. Paul Lacroix étaient MM. Philarète Chasles, P. Mérimée, Mary-Lafon, Leroux de Lincy, Alfred Michiels, etc. Le but de cette intéressante publication était de présenter un ensemble aussi complet que possible de toutes les connaissances acquises aujourd’hui sur les choses du moyen âge et de la Renaissance. Imprimé avec luxe, accompagné de magnifiques gravures, ce bel ouvrage est cependant défectueux, surtout au point de vue littéraire, malgré le talent et la compétence des écrivains spéciaux qui y ont collaboré. Chacun d’eux, fort habile dans sa spécialité, s’est montré moins habile à généraliser ses connaissances, et l’unité de vue n’a pas été imprimée à l’œuvre totale.

L’ouvrage est divisé en quatre parties : les Mœurs, les Sciences, les Lettres et les Arts. L’histoire politique et religieuse est rejetée dans une introduction insuffisante. Il résulte du plan adopté un morcellement qui empêche le lecteur de se former une idée d’ensemble, et qui introduit une grande confusion dans l’impression générale. Nul siècle n’y est représenté dans un tableau complet. On a bien l’histoire de chaque chose en particulier ; mais une histoire abstraite et dépouillée des rapports qui, unissant logiquement toutes les diverses manifestations humaines à une époque, concourent à préciser la physionomie de cette époque même. Le talent des écrivains n’a pu surmonter cette difficulté ; et cette publication, si honorable par l’intention, si brillante par l’exécution de quelques-unes de ses parties, n’a réussi ni à être un livre qui plaise en instruisant, ni à être pour les travailleurs une source de renseignements faciles à consulter. Sa plus grande valeur est due aux nombreuses gravures qui l’accompagnent, et dans lesquelles sont reproduits avec un très-grand soin tous les principaux objets que cette série de siècles nous a légués. Rien n’a été abandonné à la fantaisie des artistes modernes ; leur œuvre s’est bornée à reproduire soit les dessins du moyen âge, soit, quand il s’agit, par exemple, d’armes et de meubles, les armes et les meubles que l’on trouve dans les musées et dans les collections particulières.

Le Moyen âge et la Renaissance a été édité en 250 livraisons gr. in-4o, et, enfin, refondu et complété dans les quatre ouvrages qui suivent.

Moyen âge (les arts au), par M. Paul Lacroix (1889, gr. in-8o, 19 pl. chromolithographiques et 400 grav. sur bois). Cette publication est due à la maison Firmin Didot qui, ayant acquis la propriété du texte et des planches, les réédita sous une autre forme. Le texte, revu par M. Paul Lacroix seul, a été complété et augmenté. M. P. Lacroix n’a pas pris pour point de départ, comme dans le Moyen âge et la Renaissance, le XIe siècle ; il étudie les arts des Gaulois et des Francs dès leur origine, aussi loin que peuvent remonter les investigations historiques, et il les suit à travers toutes leurs vicissitudes jusque sur le seuil de l’ère moderne. Les principaux chapitres de l’ouvrage sont : l’Ameublement civil et religieux, les Tapisseries, la Céramique, l’Armurerie, la Sellerie et la Carrosserie, l’Orfèvrerie, l’Horlogerie, les Instruments de musique, les Cartes à jouer, la Peinture sur verre, la Peinture à fresque, la Peinture sur bois et sur toile, la Gravure, la Sculpture, l’Architecture, le Parchemin, le Papier, les Manuscrits, les Miniatures, la Reliure et l’Imprimerie.

Quoique plus développé, le texte n’est point

. assez complet ; il se.tient trop dans les généralités et ne donne pas.tous les.détails que

—demanderait la curiosité du lecteur, détails, il est vrai* qui, dépasseraient.de" beaucoup Je cadre de l’ouvrage..Ça sont, surtout l’es gravures qui l’accompagnent qui sont curieuses

. et instructives ; elles parlent aux-yeux, !et par un simple traitnous en disent plus sur la vie du moyen âge que cent pages dé commentaires. Les chromolithographies, repré

. sentant des miniatures de manuscrits, des tapisseries ou des peintures de l’époque, fontrriieux.qu’émbeHir l’ouvrage Celles lui donnent unégrande valeur historique. Parmi les principales, chromolithographies qui ornent cevolume, il faut citer ; V Annonciation, tirée des petites Heures d’Anne de Bretagne ;’l’A ’ doration des Mages, tapisserie de Berne, du xvo, siècle ; Y Entrée de la reine Isabeau de Bavière à Paris, miniatur’é’.des’manuscrits de Froissart ; le Songe de là vie, peinture d’Orcagna ; le Couronnement déCharles V, miniature des manuscrits de. Froissart. Les quatre cents gravures intercalée dans le texte, et dont beaucoup ne se trouvent pas dans le précédent ouvrage, forment un véritable musée. Tirées dès manuscrits ou des ouvrages du temps, dessinées d’après les objets authentiqués qui nous restent de cette époque,

; comme, par exemple, le fauteuil de Dagobert

qui figura quelque temps au muséedes Souverains, elles forment k elles seules un texte qui pourrait se passer de commentaire. Les armures ! les bahuts, les bannières, les vases ciselés, .les sceaux, les’ miniatures défilent tour à tour sous les yeux du lecteur et le font sans peine révivre dans lé’pàssé.

...-Moyen Ûge.(MŒURS, USAGES ET COUTUMES AU) ol à l’époque de luRcnaUsance (Vie laïque), par.le même, , suite du précédent (1872, gr. in-8»j avec planches et.gravures).

■ Ce.volume traite, des matières suivantes : Conditions des personnes, et, des terres ; Privilèges et ■ droits féodaux., et communaux ; Vie privée dans, les châteaux, les villes.et les campagnes ; Nourriture et cuisine ; Chasse ;

, Jeux et divertissements ; Çonvnerçe ; Çorpora- r tions<des métiers ; Impôts1 ; Monnaies et finances ; Justice ’et tribunaux ; Tribunaux secrets ; Pénalité ; Juifs ; Bohémiens ; Gueux ;-Mendiants ; Cour des Miracles ; Cérémonial ; Cositume. Ce simple énoncé suffit à faire comprendre l’intérêt.qui s’attache- k. chacun de ces chapitres, ; qui renferment nombre de détails peu connus de la masse des lecteurs. Tout ce qui concerne les mœurs a le, privilège d’exciterla curiosité aussi.vivement que les

■ questions historiques ou artistiques. Parmi les chapitres les plus curieux, il faut mettre celui de la Vie privée dans les. châteaux, les villes et les campagnes ; ce. spectacle de l’existence seigneuriale ou bourgeoise, le.contraste de la primitive simplicité des rois mérovingiens avec le faste de leurs successeurs, forment un intéressant tableau auquel les çravures.viennent donner la vie. Elles nous font

assister, k : ces festins d’apparat qui. tenaient une si large place dans le cérémonial de cette époque ; elles nous montrent les divers officiera, chacun dans leur rôle.et leur costume,

. les pages, les varlets, les demoiselles d’honneur ; elles nous rendent témoins de ces entremets, sortes de ; représentations qui prouvent que l’art du machiniste était dé ; a : fort développé ; elles nous introduisent dans ces immenses salles.qui avaient remplacé l’atrium de< la maison romaine, et dans l’intérieur desquelles.se.trouvaient trois tables : celle du mi :.lieu pour le maître ou seigneur, celle dé gau. cbeipour sa maison et ses domes.tiques, celle de droite pour les hôtes, les.étrangers et les pèlerins. Le chapitre de la cuisine, qui découle naturellement’de celui-là, est’un abrégé de la Vie privée des Français de Legrand d’Aussy. La manière de vivre de nos aïeux se résumait’en ce3 trois vers :., . •, . Leveràsix, ’diher à dix, ’ -"’. • ’ ' < ’ ' Souper à Bii, coucher à dix, ’ ^-"’ " Font vivre l’homme dix foi» dix. -■

Le, chapitre. De la chasse est des plus instructifs ; non-seulement : il mentionne la large place que cet exercice tenait dans la vie des nobles, mais il fait’ connaître la manière dont se pratiquaient les différents genres de chasse usités. Gravures et texte sont extraits en partie-des fameux ouvrages déGàston-PhœbuSj Des déduiz de la chasse des bestes sauvaiges et destoys’eaûx de proie, manuscrit du xve siècle. Ceux qui aiment les émotions violentes trouveront de quoi sésatisfaire dans le chapitre De la pénalité qui renferme la description des supplices et dés tortures en usage k cette époque barbare, Wec des gravures qui aident k mieux comprendre ces raffinements de cruauté’.

Moyen âge (viB MILITAIRE ET RELIGIEUSE AU) ei à l’époque de la RènaliiiAiice, par

M. Paul Lacroix, suite des ouvrages précédents (187.3, gr. in-8o). Voici le titre des principaux chapitres : Féodalité ; Guerres et ar-

MOYE

thées ; Marine ; Croisades ; Chevalerie, duels et tournois ; Ordres militaires ; Liturgie et cérémonies ; les Papes ; le Clergé séculier ; Ordres religieux ; Institutions charitables ; Pèlerinages ; Hérésies ; Inquisition ; Funérailles et sépultures. Dès ia première page de ce volume, on se trouve au milieu de mœurs qui ne sont plus les nôtres. Voici un vassal âge<nouillédevant son suzerain ; il lui met les mains dans les mains et lui promet foi et hommage. Voici les villes, les châteaux, les abbayes avec leurs fossés, leurs tours et leurs

’ murailles ;’ dans le nombre figure l’abbaye de Skint-Germain-des-Près, telle qu’elle était au xive et au xvn« siècle, avec ses attributs

J seigneuriaux, -y compris le pilori. Si vous demandez "comment on pouvait ébranler ces murailles massives, alors que le canon n’existait pas, la réponse est sous vos yeux : voici le bélier qui battait les tours et les renversait par ses coups répétés ; suivent toutes les machines de guerre fort compliquées du

. moyen âge : 1 espringale, qui vomissait des traits de sa gueule horrible ; la bricole, qui

rlançait des quartiers de roc et des matières inflammables ; la machine roulante, destinée

I à porter le désordre dans les rangs ennemis et à. écraser les soldats sous sa masse pesante ; les tours roulantes, dont le pont s’abattait sur les murailles et facilitait l’assaut. A côté des machines de guerre figure tout l’appareil des tournois et celui des joutes ou exercices appelés quitaines. La quitaine était un mannequin dressé sur pivot et contre lequel les chevaliers s’élançaient comme contre un ennemi réel : s’ils le frappaient en pleine poitrine, le mannequin restait immobile ; si, au contraire, ils ne touchaient qu’àcôté, le mannequin tournait sur lui-même et les.souffletait d’une palette de bois. Dans leurs jours de bonne humeur, les chevaliers 5e donnaient la récréation de faire faire l’exercice de la quitaine par les vilains, sur les joues desquels les soufflets pleuvaient dru comme grêle. Le moyen âge revit tout entier dans-ces-gravures d’une naïveté charmante, et.qui sont tirées des manuscrits et des tapisseries du temps.

"* Ces trois volumes forment un ouvrage que ne sauraient consulter avec trop de soin ceux qui veulent étudier" et connaître le moyen âge ; sans doute le texte est incomplet et ne donne que, les linéaments généraux. ; sans doute, dans les mémoires de Lacurne de Sainte-Palaye, dans Legrand d’Aussy, dans les romans de chevalerie, "et dans ! nombre d’autres ouvrages on trouve sur ces divers sujets des études plus détaillées ; mais nulle part on ne saurait rencontrer une collection de gravures aussi curieuse et aussi intéressante. Elles peuvent presque se passer de texte, ’et celui qui les aurait étudiées avec soin posséderait une idée assez nette de cette époque de notre histoire.

Moyen Age (SCIENCES ET LETTRES AU), dernière série dés ouvrages précédents (en préparation, 1874). V. au Supplément.

Moyen Age (les arts au), par M. Du Somraerard. V. art. ’,


MOYEN s. m. (moi-iain ou mo-iain — lat. médium, milieu ; de médius, qui est au milieu). Ce qui sert pour parvenir a une lin, pour réaliser un résultat : Moyen légitime. Excellent moyen. Mauvais moyen. Se servir de moyens détournés. Trouver moyen, le moyen de faire

, ’ quelque chose. Faciliter à quelqu’un les moyens de réussir. Le passé et le présent sont nos moyens, le seul avenir est notre fin. (Pasc.) Plus nous aurons de sujets de comparaison, de cotés différents, de points particuliers sous

lesquels nous pourrons envisager notre objet, plus aussi nous aurons de moyens pour le connaître. (Buff.) Avec des moybns médiocres on peut beaucoup quand on les réunit tous sur un même objet. (Mlle Je Lespinasse.) Le devoir est la convenance des moyens avec la fin qu’on se propose. (Giraud.) La plus commune des inconséquences est de ne pas vouloir les moyens

de ce quB’l’on veut. (Lévis.) Il faut toujours proportionner 4e- moyen à ia chose ; et ne pas prendre un levier pour soulever une paille. YChateaub.) Il n’est qu’un moyen d’empêcher

■ la diversité des esprits, c’est d’éiou/fer la pensée, jDtoz.) On-ne fait pas de politique neuve avec de vieux moyens. (E. de Gir.) Qu’im-

• portent les moyens, pourvu que le but soit atteint ? (Vacherot.) ’ '•" Ce’n’tst pas un fort bon moyen ' ~* Pour payer que dé n’avoir rien.

!■•’ ^ -■ - La Foutaise.

Fart de l’appui 09 Kïs, le faible, par les lois,

j Inégal en moyens, devient égal en droits.

"’"„, ’.' 1, Voltaire.

Pour se faire honorer dans ce monde railleur,

1 L’argent est un moyen... vieùxrmais c’est leinéilleur I

  • ." • 1 !l.' ’ C. Doucet.

Il Entremise, aide, assistance, secours : C’est par votre moyen que je suis, entré’dans cette famille. Il n’a fait son chemin que par le moyen de l’intrigue. Il Possibilité 1 Je n ai pas le moyen de vous payer. Il n’y a pas moyen de faire cela. Il ny a pas moyen."

II n’est moyen qu’un homme & chacun puisse plaire •

KÉamER.

— PI. Richesses, facultés pécuniaires : Mes

moyens me permettent cette dépense. Chacun

doit assister les pauvres seton ses moyens. Ne

plus m’aimer ?... Mais Paméla, ce serait un

■ luxe que vos moyens ne vous permettent pas.

MOYE

(Gavarni,) Il Facultés naturelles : Cet écrivain n’a pas de grands moyens. On orateur doit savoir ménager ses moyens, u Moyens d’action, Ressources pour agir, pour réussir, pour exercer une influence : Chaque jour enlève à l’intolérance ses moyens d’action. (Fr. Pillon.)

— Elliptiq. Le moyen, Quel moyen ? Comment cela est-il possible, faisable : Vous voulez que je fasse telle chose, le moyen ? Quel moyen- ? (Acad.)

Hélas ! de tant d’amour et de tant de bienfaits, « Mon pire, quel moyen de m’acquitter jamais ?

Racine.

Dans une peine si cruelle,

Le plus sûr serait de changer ;

Mais tant qu’on vous verra si belle, Le moi/en de se dégager f

La Sablière.

— Prov. Oui veut la fin veut les moyens, Quand on veut réussira quelque chose, il faut faire ou accepter tout ce qui peut concourir à cette réussite. Il La fin justifie les moyens Un but utile ou moral’ rend légitimes tous les moyens qu’on y emploie : Cette maxime révolutionnaire : LÀ FIN JUSTIFIE LES MOYENS, est

une maxime odieuse qui n’a jamais produit te bien en proportion du mal. (E. de Gir.)

— Jurispr. Raisons apportées pour établir des conclusions déjà prises : Produire ses moyens dans une requête. Des moyens d’appel. Plaider ses moyens. Il Juridiction intermédiaire : L’appel de toute justice ressortissait autrefois au parlement sans moyen.

— Adinipistr. Ressources prévues qui doivent être appliquées à certaines dépenses déterminées : Le budget des voies et moyens.

— Théol. Moyen court, Dans le quiètisme, Sorte d’oraison dans laquelle on supprime toute demande à Dieu : L’abbé de Fénelon m’avait dit que le moyen court contenait les mystères de la plus sublime dévotion. (Mme de Maint.)

— Gramm. Voix moyenne : La langue française n’a pas de moyen.

—’ Argot de théâtre. Donner des moyens, En parlant d’un acteur, Réciter de toute la force dé ses poumons. It Retenir ses moyens, Comprimer l’élan dramatique : On retient ses moyens dans le cours d’une scène, et l’on donne des moyens à la fin. On retient SES moyens dans les six premiers vers d’un couplet, et l’on donne des moyens à la chute, au trait. (DuMersan.)

— Jeux. Au trictrac, Coup servant à obtenir un avantage déterminé : Moyen pour remplir. Moyen pour compter. Moyens simples.

— Loc. prépos. Au moyen de Par le moyen de. Avec, par, en faisant usage de : Au moyen de cette démarche, vous réussirez. Je crois qu’on peut apprendre la géographie aux enfants par le moyen des plantes. (B. deSt-P.)

— Syn. Moyen, -voie. Le moyen est quelque chose d’intermédiaire qu’on emploie pour produire l’effet désiré ; la ooie est la direction qu’on donne à sa conduite pour arriver à un ■but. On s’ouvre une voie et, quand elle est ouverte, d’autres personnes peuvent la suivre, c’est-à-dire qu’elles ont devant elles tout un système de conduite tracé d’avance ; on crée, on invente des moyens, ou bien on se sert des choses qu’on trouve sous sa main, on en fait des instruments dont on tire parti. Une bonne voie est juste, sage, elle mène droit au but ; un bon moyen est puissant, sûr, il produit l’effet désiré.


Moyen de parvenir (LE), œuvre satirique licencieuse, attribuée à Béroalde de Verville (1732, 2 vol. in-12). Les premières éditions, parues de 1593 à 1610, sont sans date, et le livre porte le titre de Salmigondis, de Coupecul de la mélancolie ou Vénus en belle humeur. Celui de Salmigondis lui convenait très-bien et n’aurait pas dû être abandonné ; car rien ne légitime, sauf une ou deux phrases peut-être, le titre de Moyen de parvenir. L’idée générale du livre est bien rendue dans ces lignes de La Monnoye : « L’auteur y suppose une espèce de festin général, où, sans conséquence pour les rangs, il introduit des gens de toute condition et de tout siècle, savants la plupart, qui, n’étant là que pour se divertir, causent de tout en liberté, et, par des « liaisons imperceptibles, passant d’une matière a une autre, font des contes à perte de vue... Cet ouvrage est une représentation naïve des conversations ordinaires : que trois ou quatre personnes s’entretiennent familièrement, elles parleront insensiblement de mille choses différentes, sans s’apercevoir de la différence des sujets. » Béroalde a caché ses contemporains, et sans doute ses amis, sous les noms des hommes illustres anciens, avec lesquels ils offraient quelque analogie de travaux, de caractère ou d’idée. On croit qu’il appelle Xenocrates Antoine Possevin ; Perse, Étienne Clavier ; Pétrarque, Jérôme d’Avost.de Laval ; Sauvage, Roland Brisset ; Nic-Nan, Nicolas de Nancel ; Hermès Trismégiste, Antoine Le Clerc de La Forêt, etc. Il nous avertit de ces déguisements de personnes, que la prudence rendait nécessaires, et dont quelques-uns qui nous échappent ne devaient être reconnaissables que dans la ville de Tours. Tous ces personnages causent à bâtons rompus, se racontent des anecdotes licencieuses et, parfois, font assaut d’obscénités. De vieilles gauloiseries, rajeunies avec