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forme la portion de la nappe qui est horizontale ; ils parviennent quelquefois à se dégager en santant une seconde fois, mais pour l’ordinaire ils s’embarrassent dans les poches comprises entre les roseaux ; d’ailleurs, on a soin de renfermer dans l’enceinte un ou plusieurs bateaux fort légers, conduits par un ou plusieurs hommes qui prennent les muges dès qu’ils les voient tomber sur la nappe. On ne laisse le filet tendu qu’un quart d’heure au plus, et ce temps suffit quelquefois pour prendre une grande quantité de poisson.»

Enfin, dans certains parages, on se sert d’un filet particulier, nommé mugiliero, ou bien encore, là où les eaux de la mer sont troubles, en allume du feu sur la proue des bateaux pour attirer les muges, que l’on perce avec un trident.

Cette espèce atteint quelquefois le poids de 5 kilog.; sa chair, toujours fort estimée, diffère de qualité suivant les saisons de l’année et l’endroit où les muges ont été pêchés ; ceux des eaux douces ou saumâtres sont plus gras ; ceux des eaux salées sont de meilleur goût. On recherche surtout la partie postérieure du poisson ; un proverbe bien connu des gourmets dit : Tête de loup et queue de muge. Les œufs servent à préparer la boutargue, mets analogue au caviar, et dont on fait une assez grande consommation en Provence et en Italie ; on les sale et on les fait sécher ; ils forment alors de petites masses roussâtres, qu’on mange avec de l’huile et du citron. On conserve également la chair du poisson, sèche ou salée. Cette chair, desséchée et réduite en cendres, jouissait d’une grande réputation dans l’ancienne médecine ; on lui attribuait des propriétés merveilleuses, dont le temps a fait justice.

Le muge capito, vulgairement appelé romado par les pêcheurs, diffère du précédent par sa taille plus petite, son museau un peu plus aigu, ses opercules arrondis et par des taches noires à la base des nageoires pectorales ; il atteint à peine le poids de 3 kilog. et sa chair est moins estimée. Le muge doré a le museau arrondi, les opercules ornés de tâches dorées, le dos d’un bleu obscur, les flancs marqués de sept bandes foncées, le ventre d’un blanc d’argent, la queue bleuâtre ; il atteint 1 kilog. 500 ; sa chair est tendre et savoureuse. Le muge sauteur, nommé flûte par les pêcheurs, à peu près de même dimension que le précédent, a le corps argenté et plus allongé, le museau plus effilé et pointu, les taches dorées des opercules oblongues, cinq raies longitudinales azurées ; il saute avec une agilité extraordinaire quand il est renfermé dais le filet. Le muge a grosses Ièvres, appelé aussi chalue ou vergadelle, est à peu près de la taille du céphale ; mais il s’en distingue aisément par l’épaisseur des lèvres surtout de la lèvre supérieure ; il est aussi moins estimé. Le muge labéon ou sabonnier a la lèvre supérieure encore plus épaisse ; cette espèce reste toujours très-petite.

MUGELN, ville de la Saxe royale, cercle et à 49 kilom. E. de Leipzig, sur la rive droite de la Doltnitz ; 2,347 hab.

MÜGGE (Theodore), écrivain alleraand, né à Berlin le 8 novembre 1806, mort le 18 février 1861. Il n’aborda que relativement tard Ia profession d’écrivain. Il s’occupa d’abord de commerce, puis suivit la carrière des armes, qu’il quitta pour étudier à Berlin, l’histoire et la philosophie. Il se destinait au haut enseignement, lorsque divers écrits où perçait un libéralisme ardent, la France et les derniers Bourbons (1831), l’Angleterre et la Réforme (1831) et la Censure en Prusse (1845), le firent poursuivre et l’obligèrent d’abandonner la carrière du professorat. Mügge devint alors collaborateur de la Gazette du monde élégant : et fonda, en 1850, un journal, le seul libéral de la Prusse, la Gazette nationale (National Zeitung), où il rédigea les feuilletons de critique littéraire. Il a, en outre, publié de nombreux ouvrages ; nous citerons, parmi les meilleurs : Toussaint-L’ouverture (Stuttgart, 1840) ; et quatre recueils de nouvelles : Nouvelles et contes (Brunswick, 1836) ; Nouvelles et esquisses (Berlin, 1838) ; Nouvelles complètes (Leipzig, 1842) ; et Nouvelles nouvelles (Hanovre, 1845-1847). On a encore de lui : Tableau de la vie (Berlin, 1829) ; le Chevalier (Leipzig, : 1835) ; Dansouse et comtesse (Leipzig, 1839) ; le Prévôt de Sylt (Berlin, 1851) ; la Soirée de Noël(Berlin, 1853) ; L’Ainé de la famille (1853) A fraja (1854) ; Esquisses du Nord, voyage en Scandinavie (Hanovre, 1844) ; Excursions dans le Schleswig et le Holstein (Francfort 1846} ; la Suisse (Hanovre, 1847). Depuis 1850, Mügge publiait un annuaire littéraire sous le titre de Vielliebchen.

MUGGLETON (Louis), sectaire anglais, fondateur de la secte dite muggletonienne, né en 1609, mort en 1697. Il était tailleur ; mais il se souciait médiocrement de son métier, attendu qu’il se donnait comme l’envoyé extraordinaire de Dieu. Un de ses amis le seconda dans son apostolat, quand il lui eut été démontré que leur venue à l’un et à l’autre avait été annoncée par Saint Jean.... dans l’Apocalypse. En conséquence, les deux prophètes commencèrent à précher et à faire connaître les volontés divines, ne craignant pas de déclarer qu’il était en leur pouvoir de damner ou de sauver pour l’éternité qui bon leur semblerait. Il ne faut pas s’étonner s’ils rencontrèrent des croyants. Il y a toujours dans les masses une certaine quantité d’intelligences, si l’on peut s’exprimer ainsi, qui n’attendent qu’une excentricité et un excentrique pour les applaudir et leur donner confiance. Muggleton et son coprophète, John Reeve, eurent maille à partir avec les tribunaux. Les principales doctrines des muggletoniens se réduisent à celles-ci : Dieu a un corps Comme l’homme ; l’âme meurt avec le corpapour renaître avec lui. Les Œuvres de Muggleton furent recueillies en 1756 : ses disciples en ont donné une nouvelle édition en 1832 (Londres, 3 vol. in-4°).

MUGGLETONIEN s. m. (mu-gle-to-nain). Hist. relig. Membre d’une secte anglaise fondee au xviie siècle par un tailleur du nom de Muggleton.

MUGHO s. m. (mu-go). Bot. Espèce de pin d’Europe, que l’on regarde comme une variété naine du pin sylvestre : C’est dans les terrains marécageux que croît le pin mugho. (F. Hœfer.)

— Encycl. V. pin.

MUGILOÏDE adj. (mu-ji-lo-i-de — du lat. mugil, muge, et du gr. eidos, aspect). Ichthyol. Qui ressemble à un muge.

— s. m, pl. Famille de poissons qui a pour type le genre muge.

— Encycl. Les mugiloïdes offrent comme caractères principaux : un corps ordinairement allongé, comprimé, couvert de grandes écailles ; des lèvres charnues et crénelées, en formé de chevron, la mâchoire inférieure ayant au milieu un angle saillant qui répond à un autre angle rentrant de la supérieure ; deux nageoires dorsales courtes, écartées, la première a quatre épines fortes et pointues. On les désigne sous le nom vulgaire de mulets. Cette famille, qui a des affinités avec les cyprihoïdes et les scomberoïdes, entre lesquels elle forme une sorte de passage, comprend les genres mugé, dajan, nestis, cestre et tétragonure. Ces cinq genres renferment un nombre assez considérable d’espèces (plus de soixante), réparties à peu près dans toutes les mers, et remarquables par leur abondance et la qualité de leur chair.

MUGILOMORE s. m. (rtiu-ji-lo-rao-re). Ichthyol. Genre de poissons, de la famille des lépidopomes.

MUGIONIENNE adj. f. (mu-ji-o-niè-ne). Hist. rom. Se dit d’une porte de Rome qui fut construite au pied du mont Palatin, du temps de Romulus.

MUGIR v. n. ou intr. (mu-jir — lat. mugire, mot qui sp rapporte à la racine sanscrite mug, retentir, résonner, d’où aussi le grec mukaomaï, mugir. Toutes ces formes d’ailleurs sont des onomatopées). Crier, en parlant du bœuf et de la vache : Cette vache mugit après son veau. (Acad.) Le taureau ne mugit que d’amour ; la vache mugit plus souvent de peur que d’amour. (Buff.)

— Par anal., Pousser, des cris semblables à celui du taureau : Des bêtes fauves qui mugissent.

— Produire un bruit comparable à un mugissement : Les flots de la mer mugissaient. Le vent mugit dans les arbres.

De la tempête au loin mugit la voix.

Millevoye.

J’entends d’ici la vague furieuse
Sur ce rocher se briser, et mugir.
Sauvez, mon Dieu, dans cette nuit affreuse,
Tous les marins en danger de périr.

E. Richebourg.

— Fig. Se révolter, s’indigner : L’orgueil révolté monte et mugit dans son cœur comme la vague. (Dupanloup.)

— v. a. ou tr. Faire entendre comme en mugissant : L’agitation, le tumulte, les menaces, des cris qui retentissaient au sein de l’Assemblée constituante faisaient dire aux écrivains du temps que les législateurs mugissaient les lois bien plus qu’ils ne les méditaient. (Journ. politique.)

MUGISSANT, ANTE adj. (mu-ji-san, an-te — rad., mugir). Qui, mugit : Le taureau mugissant.

A des dieux mugissants l’Égypte rend hommage.

L. Racine.

Sur le taureau mugissant et terrible,
Pleuvent les dards, les lances, les épieux.

Parny.

Un monstre mugissant, au poitrail de taureau,
Tous les ans dévorait, en ses sombres caresses,
cinquante beaux enfants, vierges aux longues tresses.

Barbier.

— Qui produit des sons comparables à des mugissements : Les flots mugissants. La vague mugissante. Cet orateur a la voix mugissante.

J’aime la mer mugissante et houleuse,
Ou, comme en un bassin une liqueur huileuse,
La mer calme et d’argent !

Brizeux.

— Gramm. Lettre mugissante, Nom par lequel Quintilien désigne la lettre m, le mu des Grecs.

MUGISSEMENT s. m. (mu-ji-se-man — rad. mugir). Cri du bœuf ou de la vache et de quelques autres animaux : Le mugissement des taureaux. Ce vallon solitaire retentissait du mugissement de mes bœufs. (B. de St. P.) Le mugissememt du buffle est plus fort et plus grave que celui du taureau. (Cuv.) Le mugissement de nos bœufs charme les échos champêtres de nos vallées. (Chateaub.) L’animal bondit dans l’arène et pousse d’horribles mugissements. (De Salvandy.)

Ses longs mugissements font trembler le rivage.

Racine.

Le superbe animal, agité de tourments,
Exhale sa douleur en longs mugissements.

Boileau.

— Par anal. Voix ou sons qui ressemblent au mugissement du taureau : Les mugissements d’un orateur. Les mugissements de la tempête. Les habitants de l’Islande croient que les mugissements de leur volcan sont les cris des damnés. (Buff.) Il y a dans le sourd mugissement des bois quelque chose qui charme les oreilles. (Chateaub.)

Et la mer leur répond par ses mugissements.

Racine.

MUGLE s. m. (mu-gle). Bot. Nom donné au mélilot, dans la Haute-Marne.

MUGLITZ ou MOHELNICE, ville de l’empire d’Autriche, dans la Moravie, cercle et à 35 kilom. N.-O. d’Olmutz, sur la Morawa ; 4,000 hab. Fabrication d’étoffes de laine.

MUGNANO-DI-NAPOLI, ville du royaume d’Italie, province de Naples, district de Casoria, à 11 kilom. E. de Nola, chef-lieu de mandement ; 3,942 hab.

MUGNANO-DEL-CARDINALE, bourg et commune d’Italie, province de la Principauté Ultérieure, district d’Avellino, mandement de Baiano ; 3,462 hab.

MUGNOZ, nom de divers personnages espagnols. V. Munoz.

MUGOT s. m. (mu-go). Magot, trésor caché : Nous découvrîmes à peu de frais le beau et ample mugot de Molan. (Sat. Ménip.)

Le malheureux, n’osant presque répondre,
Court au mugot.

La Fontaine.
‖ Vieux mot.

MUGRON, bourg de France (Landes), chef-lieu de canton, arrond. et à 17 kilom. O. de Saint-Sever, près de la rive gauche de l’Adour ; pop. aggl., 681 hab. — pop. tot., 2,070 hab. Commerce de vins en gros, maïs, chanvre, bpis, planches, matières résineuses, laines et porcs.

MUGUET s. m. (mu-ghè — dimin. de l’ancien français muge, qui s’est dit pour musc ou muguet. Le muguet a été ainsi nommé parce qu’il porte des fleurs d’une odeur légèrement musquée. Muguet, d’ailleurs, a signifié musqué, et noix muguelte s’est dit pour noix muscade). Bot. Genre de plantes, de la famille des asparaginées : Connaissez-vous rien de plus charmant que les blancs et gentils grelots du mugubt de mai ? (Lecoq.)

J’aime à sentir au bois les muguets et le thym.

Th. de Banville.
Muguet reine des bois, Aspérule odorante.
Muguet du Japon, Ophiopogon du Japon.

— Fam. Homme élégant, affecté dans sa toilette et qui fait le galant auprès des dames : Vous autres, messieurs les damoiseaux et muguets, êtes pour tout sujet occupés à faire l’amour à vos dames. (Pasq.)

Tiens, voilà des muguets qui se raillent de toi.

V. Hugo.

Il la retrouve en bonne compagnie,
Dansant, sautant, menant joyeuse vie,
Et des muguets avec elle à foison.

La Fontaine.

Ah ! maintenant plus d’une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L’oreille au guet.

A. de Musset.

— Pathol. Maladie caractérisée par la sécrétion d’une fausse membrane, déterminée par l’inflammation générale ou partielle de la muqueuse des voies digestives.

— Art. vétér. Chancre qui se développe, dans la bouche des agneaux.

— Encycl. Bot. Les muguets sont des plantes herbacées, vivaces, à souche rampante, à feuilles lancéolées ovales, peu nombreuses, souvent réduites à deux, toutes radicales, sèssiles, du milieu desquelles s’élève une hampe simple, portant des fleurs en grappe ; ces fleurs présentent un périanthe globuleux, urcéolé ou campanule, à six dents réfléchies en dehors ; six étamines insérées à la base du périanthe ; un ovaire à trois loges biovulées, surmonté d’un style simple, terminé par un stigmate à trois angles obtus. Le fruit est unelmie globuleuse, à trois loges. Les espèces de ce genre sont peu nombreuses.

Le muguet commun, appelé aussi muguet, de mai, lis des vallées, et simplement muguet, est une plante basse, à fleurs blanches, odorantes, auxquelles succèdent des baies rouges. Il est très-répandu en Europe, et se trouve dans les bois, les vallées ombragées, où il fleurit au printemps. On le cultive dans les jardins, surtout dans les jardins paysagers bien accidentés, où il est facile de trouver des situations qui lui conviennent ; il n’en est pas de même dans les parterres, ou il faut le placer dans une plate-bande contre un mur exposé au nord, parce qu’il aime les lieux frais et ombragés. Il n’est pas difficile sur le sol, et ne redoute guère que les terres argileuses à l’excès. On le multiplie aisément en divisant ses rhizomes, récoltés dans les bois, et en les replantant au commencement de l’automne. On pourrait aussi le propager par graines ; mais celles-ci sont rares, et les sujets ainsi omenus ne fleurissent qu’au bout de trois ou quatre ans. Toutefois, ce dernier procédé est le seul employé pour obtenir de nouvelles variétés ; parmi celles-ci, on remarque surtout les muguets à fleurs doubles et à fleurs roses. Cette espèce est très-recherchée comme plante d’agrément ; dans la saison, on les vend sur les marchés, par grosses bottes ; les promeneurs ne manquent pas d’en cueillir des bouquets dans les bois ;, il a été un temps où cette fleur rivalisait, chez les amateurs, avec la rose et l’œillet.

Le muguet a une odeur suave, pénétrante, un peu musquée, assez forte pour produire des accidents quand il y a beaucoup de ces fleurs dans une chambre fermée. Toutes les parties de cette plante ont une saveur acre, amère et nauséeuse. Ses fleurs sont employées en médecine. On les récolte pour cela au printemps, au moment où elles s’épanouissent. Séchées rapidement au soleil et renfermées en un lieu sec, elles perdent leur odeur, mais conservent leur saveur. Elles ont été vantées comme céphaliques, antispasmodiques, purgatives et vomitives ; on les a conseillées comme un succédané de la scammonée ; on les a employées aussi, mêlées avec du miel, contre les fièvres d’automne ; mais elles ont l’inconvénient de produire des coliques plus ou moins fortes. Ces fleurs séchées et pulvérisées fournissent une poudre sternutatoire très-énergique, qu’on administre contre les grandes douleurs de tête, les migraines, les fluxions chroniques des yeux et des oreilles, les vertiges qui suivent la suppression du mucus nasal, les mouvements convuîsifs, etc. Mélangées avec la marjolaine, les feuilles de bétoine et l’arum, elles forment la poudre dite de Saint-Ange.

L’infusion des fleurs de muguet dans l’eau ou l’alcool passe encore pour un très-bon cordial ; on l’emploie contre les affections nerveuses, comateuses, les vertiges, l’apoplexie, l’épilepsie, la paralysie, les convulsions, etc. L’eau distillée jouissait autrefois, sous le nom d’aqua aurea (eau d’or), d’une réputation merveilleuse ; on lui attribuait la propriété de ranimer les forces vitales. « En quelques endroits de l’Allemagne, dit V. de Bomare, on mêle des fleurs de muguet, qu’on a desséchées pendant l’été, avec le raisin, et on en prépare un vin dont on se sert pour toutes les maladies auxquelles l’eau et l’esprit de ces fleurs sont propres.» L’extrait alcoolique que l’on obtient de ces fleurs a une saveur amère et possède des propriétés purgatives ; on l’a indiqué comme pouvant fournir un bon succédané de l’aloès.

En agriculture, le muguet, bien qu’il abonde parfois dans les pâturages, n’a qu’une médiocre, importance ; ses feuilles sont broutées par les chèvres, les moutons et surtout par les chevaux. Macérées avec de la chaux, elles donnent une belle couleur verte, assez solide pour être employée dans les arts. Leur extrait passe pour un excellent sudorifique. Les fleurs sont quelquefois employées dans la parfumerie ; elles communiquent leur odeur à l’huile dans laquelle on les fait infuser. Les baies ont été vantées, en médecine, comme vermifuges et contre l’épilepsie et les fièvres intermittentes. Le rhizome n’a pas été utilisé jusqu’à présent ; il est probable qu’il possède des propriétés analogues à celles du polygonatum (sceau de Salomon). Cette dernière plante et quelques espèces voisipes avaient été primitivement rangées parmi les muguets, auxquels elles ressemblent par leurs fleurs, tout en présentant des caractères distinctifs suffisants pour en faire un genre à part.

— Pathol. Si l’inflammation des voies digestives existe seule, elle constitue une stomatite, une angine ou une gastro-entérite, etc.; mais lorsqu’il s’y ajoute un élément pseudo-membraneux-crémeux, elle prend un autre nom, celui de muguet ; nous ajoutons la qualification de crémeux, car toute espèce de phlegmasie pseudo-membraneuse de la muqueuse digestive n’est point le muguet.

Quoiqu’on ait pu observer quelques malades chez lesquels le muguet occupait la muqueuse digestive dans la plus grande partie de son étendue, il est reconnu qu’il est souvent limité à une seule région du canal alimentaire, surtout à la bouche. Dans cette cavité, il affecte de préférence la langue, la face interne des joues et la voûte palatine, rarement le voile du palais et les gencives. Toutes ces parties peuvent être simultanément ou isolément le siège de l’exsudation plastique. Celle-ci est plus rare dans le pharynx ; cependant, dans les cas graves, elle s’y montre assez fréquemment sur les côtés de l’épiglotte et quelquefois sur la paroi postérieurs du pharynx. Quels que soient son siégé et son étendue dans ce conduit, elle cesse toujours à l’ouverture postérieure des fosses nasales. D’un autre côté, elle ne pénètre jamais dans la cavité du larynx et des conduits aérifères. M. Lélut, il est vrai, a vu quelques grains pseudo-membraneux au bord libre de l’épiglotte et à l’ouverture supérieure du larynx ; mais au delà de la glotte, où cesse tout à fait l’épithélium de la muqueuse aérienne, on n’a jamais constaté la présence