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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 3, Napp-Oct.djvu/387

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tsîs, elle comptait plus de 15,000 membres, possédait des journaux dans toutes les ’villes de quelque importance, multipliait partout les meetings et avait pour revenus une contribution volontaire fixée, en 1823, à 10 centimes par semaine et par tête, et payée par

  • millions d’Irlandais. En ce moment, l’agitation

était à son comble ; un membre au Parlement, Francis Burdett, posa devant la Chambre des communes la question de l’émancipation des catholiques irlandais, et demanda qu’on examinât les lois contra lesquelles ils protestaient. Cétte motion, combattue par le ministère, fut repoussée à la Chambre des lords. O’Connell pensa alors qu’il était temps de montrer a l’Angleterre la puissance du parti dont il était le chef. Au mois de juin de cette même année 1828, une élection devant avoir lieu à Clare, O’Connell posa sa candidature, bien que le serment imposé aux députés lut fermât la Chambre des communes. Son adversaire, Fitzgerald, jouissait d’une grande considération personnelle et s’était montré favorable à la cause de l’émancipation. Il n’en fut pas moins battu, et O’Connell se vit nommé par 2,057 voix contre 982. Ce triomphe éclatant, célébré dans toute l’Irlande, eut son contre-coup à Londres. Le ministère comprit qu’il était temps, s’il voulait éviter la guerre civile, d’écouter les justes réclamations des Irlandais, et présenta lui-même un bill d’émancipation, qui fut voté parla Chambre des communes, puis parla Chambre de3 lords (10 juin 1829). O’Connell avait attendu pour se présenter à la Chambre des communes qu’elle se fût prononcée sur le bill. S’étant refusé a prêter.le serment tel qu’il était formulé au moment de son élection, cette élection fut cassée et il retourna en Irlande pour se représenter devant ses électeurs. Ses compatriotes l’accueillirent comme un triomphateur, lui décernèrent alors le titre de libérateur et, après avoir été réélu, il revint à Londres, où cette fois il put entrer sans obstacle au Parlement.

En entrant à la Chambre des communes, où il fut successivement député de Kerry, son pays natal (1830), de Dublin (1832-1835), de Kilkenny (1835-1837), de Dublin (1837-1841), et enfin de Cork, le grand agitateur renonça au barreau pour se consacrer tout entier à la défense de son pays, à l’éternelle revendication de ses droits. Ses partisans organisèrent alors en sa faveur une souscription annuelle, récoltée à la porte des églises, et qui s’élevait à une somme considérable. Ce tribut formait sa liste civile. Ses adversaires l’appelèrent alors « le roi mendiant. ». Mais loin d’en rougir, O’Connell s’en glorifiait. ■ Oui, je le dis bien haut, écrivait-il à lord Shrewsbury, je suis le serviteur salarié de l’Irlande, et je me glorifie de ce titre. » Prodigue, aimant le faste et la dépense, il vivait en prince, ayant une suite nombreuse, des équipages, des meutes, paradant au milieu de la foule dans un char traîné par quatre chevaux blancs, la tête couronnée d une toque verte. Et le peuple irlandais, charmé, enthousiasmé, retrouvant dans son héros l’incarnation de ses qualités et de ses défauts, applaudissait aux exhibitions de ce roi de théâtre, qui était en même temps, il est vrai, le souverain de l’opinion.

À la Chambre des communes, O’Connell se mêla activement a-toutes les grandes discussions, parla notamment sur la réforme parlementaire, sur la réforme municipale, et vint chaque année jeter au milieu du Parlement anglais son cri célèbre : « Justice pour l’Irlande. » Mais l’effet qu’il produisait k la Chambre ne répondait point a sa réputation, et son éloquence dépaysée s’annihihait en partie. En 1834, à déposa une motion demandant le rappel de l’union législative qui avait été établie en 1800 entre l’Angleterre, et l’Irlande. Toutefois, comme les wliigs étaient alors au pouvoir, il consentit à ajourner sa motion, soutint la politique de ces derniers avec les quarante députés irlandais, appelés la queue d’O’Connell, parce qu’ils votaient constamment sous son inspiration. Il forma alors l’appoint de la majorité k la Chambre des communes, et tint ainsi pendant plusieurs années sous sa dépendance le gouvernement. . Cette situation, qui froissait vivement l’orgueil anglais, contribua puissamment h la chute du ministère whig, remplacé en 1841 par un cabinet tory.

O’Connell, qui cette même année venait d’être élu lord maire de Dublin, commença aussitôt les hostilités contre le nouveau cabinet. Mécontent de ne pouvoir obtenir l’abolition de la dîme que les catholiques payaient au clergé protestant, et la réorganisation des corporations irlandaises, il recommença l’afitation en Irlande en créant l’Association u rappel de l’Union, À vrai dire, O’Connell ne se taisait au fond aucune illusion sur l’efficacité et l’utilité du rappel. Ce qu’il y voyait, c’était avant tout un moyen pour obtenir du gouvernement, par la crainte d’une insurrection, d’importantes réformes, Bientôt l’agitation prit des proportions" énormes. Dans des meetings monstres qui eurent lieu en 1842 et 1843, dans des lieux rendus célèbres par des traditions nationales, à Tara, à Kildare, k Mullaghmast, O’Connell enflamma par son éloquence la multitude, à un tel point que de toutespartson lui demandade donnerle signal de l’insurrection. Le gouvernement anglais alarmé, craignant à chaque instant de voir éclater la guerre civile, interdit le meeting qui

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devait avoir lieu le 8 octobre 1843 à Cloutarf, envoya des troupes pour empêcher le rassemblement et poursuivit O’Connell, ainsi que plusieurs autres chefs du mouvement, comme coupable de haute trahison. Aussitôt, sur la demande du « roi mendiant, • l’agitation tomba. Traduit devant la cour d’assises, O’Connell, k la suite d’un procès retentissant, fut condamné, le 20 mai 1844, k un an de prison et k 50,000 fr. d’amende. Jusqu’alors le grand agitateur était toujours sorti triomphant de ses luttes avec la loi. Dans deux autres procès qui lui avaient été intentés en 1824 et en 1831, il n’avait point trouvé de juges pour le condamner. Ses luttes toujours heureuses contre les avocats anglais, sa continuelle impunité étaient un des prestiges à l’aide desquels il agissait le plus sur l’imagination populaire. Quand les Irlandais le virent vaincu, ils doutèrent un instant de l’infaillibilité de leur héros. Mais O’Connell fit appel du jugement qui le frappait ; la Chambre des lords cassa l’arrêt et le prisonnier recouvra sa liberté.

— Porté en triomphe, acclamé par la multitude, le grand agitateur parut un instant avoir recouvre toute sa puissance ; mais, en réalité, il avait perdu par l’agitation du rappel une partie de son prestige, et son ascendant jusqu’alors incontesté ne tarda pas à être battu en brèche. « Le procès, dit M. Brunet, avait eu pour principal résultat de dissiper en grande partie le prestige qui s’attachait au nom d’O Connell ; beaucoup d’Irlandais, après avoir marché avec une confiance aveugle sur les pas du grand agitateur, commencèrent à se lasser de ses promesses toujours infructueuses et toujours renouvelées ; des dissentiments éclatèrent. Se laissant aller à une fougue trop ardente, il lança à plusieurs reprises de tristes invectives contre la France ; une partie de la presse catholique s’éleva contre ces violences. À la fin de 1844, une dissidence sérieuse éclata entre O’Connell et son plus énergique soutien, le clergé. Un bill sur les donations pieuses accordait aux catholiques des garanties importantes. Plusieurs prélats pensèrent qu’il serait insensé de ne pas en profiter. L’archevêque de Dublin partagea cette façon de voir. O’Connell s’y montra très-contraire ; il vit ses recommandations repoussées, son autorité morale détruite. » En même temps, un schisme se déclarait dans son propre parti, entre la jeune et la vieille Irlande. Les membres de la jeune Irlande demandèrent qu’on sortît de l’agitation légale, qu’on fît appel aux armes, qu’on cherchât des alliés parmi les démocrates de l’Angleterre et de l’étranger. O’Connell qui, au fond, n’était que catholique et n’avait nul goût pour la démocratie, pour un large système de liberté, fut effrayé par ce courant nouveau et s’efforça Se l’arrêter. Lorsqu’un ministère whig prit le pouvoir en 1846, O’Connell s’empressa de lui offrir son appui et son adhésion, co qui lui aliéna un grand nombre de ses compatriotes. Sur ces entrefaites, un fléau terrible vint fondre sur l’Irlande. La famine vint faire oublier le rappel ; la question politique disparut devant la question d’alimentation. Encore une fois O’Connell se montra au Parlement et implora la pitié de l’Angleterre pour l’Irlande décimée ; mais il n’était plus que l’ombre de lui-même. Sa vigoureuse santé s’était profondément altérée et ses puissantes facultés s’affaiblissaient de jour en jour. Au commencement de 1847, il partit pour l’Italie, traversa Paris et arriva à Gênes. Là, il ne put continuer sa route, s’alita et mourut peu après.’ D’après ses dernières volontés, son cœur fut envoyé k Rome et son corps à Dublin, où on lui fit de somptueuses funérailles. « O’Connell, dit M. J. Lemoinne, avait une indomptable vigueur de corps et d’esprit, une énergie infatigable, une grande prédilection pour des faiblesses toutes terrestres, un fonds inépuisable de gaieté, l’art suprême de passionner les masses, une éloquence qui passait alternativement de la grâce la plus tendre k la violence la plus triviale, une incomparable puissance d’invective et un trésor d’injures à rendre jaloux les héros d’Homère... Ii était l’image de l’Irlande ; il en. avait les grandeurs et les faiblesses, les vertus et les vices. Il en avait la poésie, l’éloquence, la chaleur, la mobilité, la trivialité, l’entrain, le plus audacieux et le plus effronté dédain de ta vérité. C’est pour eelaqu’il fut aimé, adoré, déifié par ce peuple, dont il était la plus vivante et la plus complète expression, . Hors de l’Irlande, il était tout à fait dérouté et dépaysé. Dans le Parlement, son auditoire lui manquait ; il ne trouvait guère d’admirateur, et, qu’on nous permette le mot, il ne trouvait pas de compère. I ! se sentait toujours un étranger au milieu de cette Aère société anglaise ; en un mot, il était mal à son aise. Il ne pouvait plus répandre k flots ses images et ses métaphores, qui faisaient le bonheur des Irlandais ; ni parler de ses lacs et de ses montagnes, ni injurier grossièrement le Saxon, ni abuser de cette merveilleuse facilité qu’il avait pour confondre le faux avec le vrai. Il était obligé de polir sa sauvago éloquence, et sa verve ne lui venait plus. Quand lord Stanleyi’accabtait de ses orgueilleux sarcasmes, bien souvent il ne trouvait pas la réplique. Mais d’autres fois, poursuivi et traqué comme un sanglier, il so retournait, lançait des bordées terribles d’apostrophes et d’invectives, et s’en allait ensuite au

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milieu de son royaume et de son peuple leur demander justice des humiliations qu’il avait subies pour eux. »

O’Connell n’a laissé qu’un seul ouvrage, de médiocre valeur : Mémoires sur l’Irlande indigène et saxonne (Dublin, 1843). Ses principaux Discours ont été publiés par son fils John, à la suite de la Vie de Daniel O’Connell (Dublin, ’1846-1847, 2 vol. in-S°), Son Oraison funèbre a été prononcée, à Home, par le Père Ventura en 1847, et à Paris, par le Père Lacordaire en 1848.


O’CONNELL (Maurice), homme politique irlandais, fils du précédent, mort à Londres en 1853. Il se fît recevoir avocat k Dublin en 1827, et fut élu membre de la Chambre des communes en 1831, par le comté de Clare, puis, en 1832, par la ville de Tralee, qu’il ne cessa depuis lors de représenter. Le fils du grand agitateur suivit la ligne de conduite de son père, mais montra constamment beaucoup de modération, ce qui le rendit suspect au parti ultramontain. — Son frère, John O’Connell, homme politique, né en 1808, mort en 1853, devint memt>re du Parlement en 1833. Il fut compris, en 1843, dans les poursuites intentées k son père et subit un emprisonnement préventif. Après la mort de Daniel, il prit la direction de l’Association pour le rappel, qui finit par se dissoudre en 1852, et il cessad être membre de la Chambre ■des communes. Il a publié : Hecoltections and expériences during aparliamentary carter from IS33 to 1848 (Londres, 1849, 2 vol.), et fait paraître Life and speeches of Daniel O’Connell (Dublin, 1847, 2 vol. in-8°). — Son autre frère, Daniel O’Conneli, né vers 1813, a successivement représenté à la Chambre des communes, à partir de 1846, Dundalk, Waterford et Tralee, et a suivi la même ligue politique que les précédents.


O’CONNOR, nom d’une dynastie irlandaise qui régnait dans le Connaught avant la conquête de l’Irlande par les Anglais. Les membres les plus connus de cette famille sont les deux suivants :

O’CONNOR (Turlogh), roi de Connaught, né en 1088, mort en 115G. Mettant à profit les divisions des O’Brien et des O’Ncil, qui se disputaient la souveraineté de l’Irlande, il étendit ses possessions dans le centre, fut attaqué il son tour par les O’Brien, qu’il repoussa et poursuivit dans le Munster, remporta sur eux une victoire complète et les força h reconnaître sa suzeraineté. Par la suite, Turlogh eut de nouveau à combattre les O’Brien, puis Dermot, roi de Leinster, qu’il vainquit, s’attacha à faire prospérer le commerce et les sciences dans ses États, et fonda de nombreuses églises.

O’CONNOR (Roderiek), roi de Connaught, fils du précédent, né en 1116, mort en 1198. Il parvint au trône à la mort de son père, en 1156, et se fit reconnaître, dix ans plus tard, souverain nominal de L’Irlande, dans une assemblée de notables et de prélats. Sur ces entrefaites, Dermot, roi de Leinster, ayant été chassé de ses États par O’Ruarc, prince de Breffny, passa en Angleterre pour y implorer les secours de Henri II. Ce roi ne voulut point lui accorder de troupes, mais lui permit d’emmenerj en Irlande les seigneurs anglais qui voudraient le suivre. De retour dans l’île avec six cents Anglais, commandés par les frères Fitzgerald et Fitz-Stephen, Dermot s’empara de Wexford ; mais, peu après, Roderiek O’Connor marcha contre lui, le battit complètement, lui laissa néanmoins la vie et une partie de ses anciens États, et se borna à garder son fils comme otage. Mais, en 1170, la guerre recommença. Le comte de Pembroke, surnommé Strongbow (arc fort), k qui Dermot avait promis sa fille en mariage et sa succession au trône s’il le réintégrait dans son pouvoir, arriva d’Angleterre, s’empara de Waterford, dont il passa les habitants au fil del’épée, épousa la fille du roi de Leinster, et, ce prince étant mort peu après, s’empara de son trône. O’Connor alla mettre alors le siège devant Dublin, où se trouvait Pembroke, et il venait de le réduire à la dernière extrémité, lorsque celui-ci parvint, dans une sortie, a tailler en pièces l’armée de Roderiek. À la nouvelle des succès de Pembroke, le roi d’Angleterre, h qui le pape avait, trente ans auparavant, concédé par une bulle la possession de l’Irlande, se fit proclamer souverain de l’île dans un synode d’évêques tenu k Cashel. O’Connor, après avoir entamé des négociations avec Henri H, finit par signer avec lui un traité de paix (1175), dans lequel il se reconnut son vassal et lui paya tribut. Bientôt après, le roi de Connaught trouva une nouvelle cause do chagrin dans la révolte de ses propres fils, qui, d’accord avec les Anglais, essayèrent de le renverser. Il eut la cruauté de faire crever les yeux à son fils Morough, puis se retira dans un couvent. Il fut le dernier roi indépendant de l’Irlande.

O’CONNOU (Arthur), général irlandais au service de France, né à Bandon, près de Cork, en 1767, mort en 1852. Il descendait des anciens rois d’Irlande du même nom. En 1782, il fut appelé à remplir les fonctions de haut shérif et devint, en 1789, membre du parlement d’Irlande, où il siégea pendant sept ans et où, bien que protestant, il défendit constamment la cause des catholiques opprimés, en même temps qu’il se montrait entiô OCON

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rement dévoué a l’indépendance de son pays. Arrêté en 1795 pour avoir publié une brochure contre le gouvernement oppresseur de • l’Angleterre, il fut emprisonné à Dublin pendant qu’un de ses frères, qui s’était mis a la tête des défenders, était condamné k mort et exécuté, comme ayant voulu favoriser une descente des Français. L’année suivante, il recouvra la liberté, devint alors, avec Fitzgerald, un des chefs de la société secrète des Irish united (Irlandais unis), et fut chargé, avec ce dernier, de se rendre sur le continent

Pour y chercher du secours, afin de soutenir indépendance de l’Irlande. Bientôt après, il négocia avec le général Hoche l’invasion da l’Irlande ; mais l’expédition française, mal dirigée et dont le débarquement tut contrarié par diverses circonstances, échoua complètement. En 1797, O’Connor prit la direction du journal !a Presse, destiné k propager les principes de la Révolution française, et qui, par sa politique large, libérale, véritablement populaire, acquit une grande influence. Il allait partir de nouveau pour la continent, lorsqu’il fut arrêté comme prévenu de manœuvres contre la sûreté do l’État et de conspiration contre les jours du roi d’Anfleterre (1798). Acquitté grâce à l’indépenance du jury anglais chargé do le jager, il n’en fut pas moins retenu prisonnier, transféré en Irlande, puis en Écosse, et gardé pendant cinq ans en prison. Pendant ce temps, une insurrection, étouffée dans le sang, avait éclaté en Irlande, et l’île avait été incorporée à la Grande-Bretagne, en perdant son parlement (1800). ReiKlu k la liberté, mais banni à perpétuité de sa patrie, O’Connor quitta, en 1803, l’Irlande avec son frère Roger et passa en France, ayant complètement perdu sa fortune. Napoléon le nomma, en 1804, général de division au service de ia France, lui donna un commandement dans l’armée des côtes d’Écosse ; mais, mécontent de le voir inaltérablement attaché k la cause de la liberté, le despote cessa bientôt de l’employer. O’Connor épousa, en 1807, la fille du philosophe Condorcet et se retira dans le domaine de Bignon, où il s’oecupad’agriculture. Il fut naturalisé Fiançais en 1818.1lapubliélen anglais : Tableau des vexations du gouvernement anglais en Irlande (Dublin, 1795, in-8°) ; Lettre au comte de Carliste (1795) ; Lettre au comte de Camden (1798) ; État présent de la Grande-Bretagne (1804, in-8°) ; Lettre au général La Fayette sur les causes gui ont privé la France des aoantages de la révolution de 1830 (1831) ; le Monopole cause de tous les maux (1849-1850, 3 vol.). Ces deux derniers écrits ont été traduits en français par Ossian Larevellière-Lépeaux.

O’CONNOR (Feargus-Edward de Connobville-Bantiiby), fondateur du charlisme anglais, né près de Cork (Irlande) en 1796, mort " en 1855. Lorsqu’il eut achevé son droit à Dublin, il exerça avec succès la profession d’avocat dans cette ville, devint bientôt un des chefs du parti populaire irlandais, fut élu membre da la Chambre des communes dans le comté de Cork, en 1832, mais ne put être réélu trois ans plus tard. l’artisan déclaré des idées radicales, O’Connor résolut de devenir le défenseur du peuple anglais, de le pousser à revendiquer ses droits, ainsi que les réformes nécessaires pour arriver k son émancipation. Dans ce but, il parcourut les villes, réunit les ouvriers dans des meetings, prononça devant eux, avec une éloquence un peu abrupte, mais entraînante, des discours dans lesquels il leur parlait de leur misère et de la nécessité d’une réformo parlementaire, et dans une grande assemblée populaire, réunie k Birmingham en 183S, il jeta les bases du parti chartiste, en fuisant adopter une pétition appelée charte du peuple, laquelle demandait notamment l’abolition du cens électoral et le suffrage universel. Au bout de quelques mois, cette pétition, couverté de plus d’un million do signatures, fut présentée au Parlement, qui la repoussa. O’Connor, pour imprimer une nouvelle impulsion ù l’agitation populaire, convoqua k Londres, en convention nationale, les délégués des meetings qui s’étaient formés dans les comtés, se prononça pour un recours k la force (1839), fut expulsé de Londres et se rendit alors it Birmingham, où il proposa à tous les ouvriers du royaume de se mettre en grève. Cette même année 1839, 8,000 chartistes tentèrent un coup de main sur Newport ; mais le mouvement fut rapidement comprimé, O’Connor, qui n’avait pas pris une part directe à ce coup de main, échappa aux poursuites judiciaires et fonda, en 1840, VÉtoile polaire, journal politique destiné k être l’organe de ses idées et qui eut un immense succès dans le peuple. En 1842, il fit présenter à la Chambre dos communes une nouvelle pétition couverte do 3,317,702 signatures et qui, comme la première, fut repoussée. Quelque temps après, il passa en Irlande, prit part au mouvement du repeal (1843), fut impliqué dans le procès intenté k O’Connell et condamné h quelques mois de prison (1845). Deux ans plus tard, il entra k la Chambre des communes comme représentant do Nottingham. Après la révolution de février 1848, il jugea le moment propice pour recommencer en Angleterre l’agitation chartiste, et ce fut lui qui convoqua la. procession monstre qui eut lieu à Londres lo 10 avril. Cette démonstration populaire, qui avait donné lieu k un grand déploiement de