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C’est aussi à quelques égards la théorie d’Aristote, qui fait de Dieu l’acte pur. Enfin, Platon lui-même et toute son école considèrent l’activité comme un attribut inhérent à l’Être premier. Les néoplatoniciens eux-mêmes, après avoir voulu, avec Plotin, mettre l’activité dans les hypostases inférieures, ont fini, avec Proolus, par la placer, au contraire, dans l’essence divine ta plus pure ; mais cela même prête à des difficultés de la plus haute gravité, plutôt qu’à des objections. S’il n’y a aucune passivité qui n’implique un degré de néant, il faut que Dieu n’ait à aucun degré et d’aucune manière ce caractère de passivité ; alors il est la toute-activité, la toutepuissance. Mais nous, créatures, il ne nous reste donc plus aucune activité, aucune puissance propre ; Dieu épuise la somme de toutes les activités possibles et réelles ; nous sommes donc passivité pure, c’est-à-dire pur néant. Nous ne sommes pas, nous passons ; notre durée est une défaillance perpétuelle et une perpétuelle illusion. Condamnés à subir l’action toute-puissante de Dieu, nous nous imaginons agir de notre chef. D’ailleurs, si Dieu n’est pas susceptible de passivité, il ne l’est pas non plus de rapport avec nous et avec le monde ; car si les objets ne peuvent agir sur lui, produire une impression quelconque sur son être, il n’y a pas de communication possible entre lui et eux ; il les écrase ; pour mieux dire, il les anéantit, puisqu’il est tout et qu’ils ne sont rien, puisqu’il peut tout et qu’eus ne peuvent rien.

Deseartes est un des philosophes qui ont le plus profondément creusé le problème de la passivité ; mais, entraîné par la logique et par ta nécessité de donner à son système l’unité absolue, Descartes a précisément abondé dans le sens de la passivité absolue" des substances créées. De La Forge, Régis, Clauberg, Genfincx y ont surabondé, et de là est sorti le spinozisrae. dont l’erreur radicale n’est que le très-logique développement de l’erreur initiale de Descartes, savoir, do refuser à la substance créée toute activité pour l’attribuer tout entière à Dieu seul. C’est sous le nom de création continuée que la théorie dangereuse de Ib^'passivité des substances, de toutes les substances, celle de Dieu exceptée, s’est ordinairement produite chez Descartes et chez ses disciples. M. Cousin la trouve « presque inoffensive ; » mais tous les’autres historiens de la philosophie cartésienne, jusqu’à M. Bouillier, font remarquer quelle grave portée elle eut et à quels excès elle mena.

La même difficulté sue la métaphysique rencontre à concilier 1 activité de Dieu et celle de la créature se retrouve dans un problème qui est comme la reproduction en petit de celui-là : c’est le problème de l’union de l’âme et du corps. La aussi, on a eu recours à la passioiié, comme à un remède dernier, pour éviter les dangers qui naissent des différentes théories arbitraires sur les rapports de ces deux < substances. » Les cartésiens, conséquents avec eux-mêmes, donnent au corps par rapport à l’âme la même passivité qu’à l’univers eréé par rapport au Créateur. C’est l’âme qui est, qui agit, qui gouverne, qui meut ; le corps est un docile instrument ; on revient à’ia définition de l’homme par Platon : • Qu’est-ce qu’un homme ? — Une âme qui se sert d’un corps. » D’autres philosophes spiritualistes ont modifié, atténué la thèse, mais gardé le principe : C’est l’âme qui est la force active par excellence, qui constitue lîhomme. Les animistes, allant, h la suite de Stahl, plus loin que les cartésiens eux-mêmes, ont admis que l’âme était la source de toute activité, même corporelle ; que le corps était non-seulement sans action sur l’âme, mais serait sans aucune action sur lui-même, en lui-même, si l’amené lui servait de moteur. Leibniz tranchait le débat par l’harmonie préétablie, Cudworth par le médiateur plastique, Malebranche par les causes occasionnelles ; mais tous tendent à quelque degré a attribuer la passivité a la matière corporelle et l’activité à la force spirituelle. Prenant exactement le contre-pied de cette doctrine, les matérialistes des diverses écoles réduisent, au contraire, l’âme à la plus entière passivité ; Coudillac ne lui permet, comme Locke, que de sentir, c’est-à-dire de pâtir, de subir passivement les phénomènes ou leurs images modifiées.

Le matérialisme de l’école française du xviiie siècle va, s’il est possible, plus loin, encore et ne veut voir dans les sentiments les plus nobles, dans les actes les plus élevés de l’intelligence qu’une manifestation physique à peine déguisée. Le3 matérialistes de nos jours font de la matière l’être lui-même, le seul être réel, et ne tiennent l’esprit, l’âme et ses opérations que pour autant d’abstractions. Toute activité étant du côté de la matière, l’âme n’a plus que la passivité la plus misérable et elle n’est plus qu’un produit, une résultante, un total quintessencié da la matière.

Tels sont les différents et contraires excès auxquels a donné lieu le concept de la passivité dans ses principales applications philosophiques. V. MONADODOGIB, MATÉRIALISME,

IDEALISME, etC.

PASSO s. m. {pass-so — mot ital. qui signif. pas). Métrol. Mesure de longueur qui était usitée en Espagne et en Italie, et qui valait environ im,50.

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PASSOIRE a. f. (pa-soi-re — rad. passer). Econ. doraest. Vaisseau de terre ou de métal percé d’un grand nombre da petits trous, dans lequel on écrase certains légumes ou certains fruits pour en tirer la purée ou le jus.

— Techn. Sorte de petit chaudron à l’usage des teinturiers. Il Grand cuvier incliné et formant un bain en avant, dans lequel les niégissiers mettent les peaux pour les passer à l’alun. Il Ressort oblong en usage dans l’horlogerie.

— Econ. rur. Ustensile de laiterie et de fromagerie, qui sert a séparer du lait toutes les matières étrangères qui pourraient s’y trouver.

— Hortic. Ustensile avec lequel les jardiniers épurent les graines.

PASSOS (Manuel da Silva), homme d’État portugais, né près de Porto en 1802, mort en 1862. Il étudia le droit à Coïmbre, puis se rendit en 1823 à Lisbonne, où il fonda un journal aux opinions avancées, l’Ami du peuple. Lorsque dom Miguel s’empara du trône de Portugal au détriment de la jeune doiïa Maria, Passos, qui s’était fait connaître par l’ardeur de son libéralisme, dut, pour ne point, être arrêté, chercher un refuge à l’étranger. Il se rendit en Angleterre, puis en France, revint à Porto après la chute de dom Miguel, exerça la profession d’avocat, continua à s’occuper activement de politique, devint président d’une loge de carbonari et fut un des principaux membres du parti constitutionnel qui se forma pour battre en brèche la charte octroyée par dom Pedro. Elu député de Porto en 1834, réélu en 1836. PasSosjoua aussitôt dans la Chambre un rôle considérable, devint le chef du parti radical et provoqua l’insurrection du 9 septembre 1836, à la suite de laquelle fut rétablie la constitution libérale de 1822. La reine doua Maria l’appela alors au pouvoir et lui confia le portefeuille de l’intérieur et des financés. Pendant quatre mois, Passos employa l’autorité presque dictatoriale dont il jouissait à introduire en Portugal des réformes libérales, puis il quitta le ministère, après la réunion descortès nouvelles (1837) où il siégea comme député. Ayant montré quelque velléité de se rapprocher du parti des rétrogrades ou chartistes, il vit considérablement diminuer sa popularité et fut d’ailleurs contraint par une longue maladie de se tenir a l’écart des luttes politiques. Toutefois, lorsque la réaction arriva complètement au pouvoir avec Costa-Cabral, Passos redevint un énergique défenseur des libertés, présida la fameuse junte révolutionnaire de Santarem et fut, de 18-16 à 1851, le chef de l’opposition constitutionnelle. Aprè3 la chute du ministère Saldanha (1851), il appuya la politique de son ami d’Avila. et, depuis cotte époque, vota constamment en faveur du gouvernement. — Son frère, Joseph Passos, fut en 1836 sous-secrétaire d’État au ministère des finances et prit part, en 1846, à l’insurrection de Porto, dirigée contre le ministère Saldanha.

PASSOT s. m. (pa-so). Ane. art raitit. Espèce de longue dague, appelée aussi épée de passot. Il Arbalète de passai, Arbalète qui avait plus que la longueur ordinaire,

PASSOT (Gabriel-Aristide), peintre français, né à Nevers vers 1798. Il abandonna la peinture à l’huile pour la miniature et l’aquarelle, prit des leçons de Miller et de Mme de Mirbel et suivit le cours du physiologiste Gall. Parmi ses aquarelles, on cite la Jeune femme à la harpe, Après le bal, Études de baigneuses ; mais il s’est surtout fait connaître, depuis 1824, par ses innombrables portraits à la miniature qui lui ont valu une médaille de lte classe en 1841 et la décoration en 1852. Nous citerons, entre autres : Jiossini, Jouy, Artaud, Dubuffe, Sauzet, Dupin, Lherbette, Afarrast, Lamartine, Drouyn de Litmjs, Choix d’Est-Ange, Bnroche, le Prince Czartoryski, l’Empereur et l’Impératrice, Napoléon 1er, la ■Reine Hortense, le Prince Galitsin, Julia Crisi, il/H" Mante, M. Ferdinand de Lesseps, le Docteur Séyalas, le Peintre Vinchon (1859), Louis, roi de Hollande, le Duc de Bassano, la Comtesse de Wagner (1S61), etc. Plusieurs des portraits précités ont figuré, soit à l’Exposition universelle de 1855, soit a celle de 1867, où l’on voyait les portraits du Duc de BassaitO) de M. Choix d’Est-Ange et d’une Femme.

PASSOURE s. f. (pa-sou-re). Bot. Syn. d’Ai.-SODÉtB, genre de plantes de la Guyane.

PASSOW (François-Louis-Charles-Frédéric), philologue allemand, né à Ludwigslust (Mecklembourg) en 1786, mort en 1833. Après avoir étudié la philosophie à l’université de Leipzig, sous la direction d’Hermann, il devint successivement professeur au gymnase de Weimar (1807) et directeur du Conradinum de Jenkau, près de Dantzig (1810). En 1814, Passow suivit les cours de Wolf à Berlin et fut nommé, en 1815, professeur de littérature ancienne à l’université de Breslau, où il eut, en outre, la direction du séminaire rétabli la même année. S’il ne sut pas, en philosophie, atteindre à la même hauteur d’appréciation et de critique que son maître Wolf, il s’est du moins fait une place des plus honorables par des travaux d’une valeur réelle. On cite surtout son Dictionnaire manuel de la langue grecque, dont la première édition (Leipzig, 1S19-1824, 2 vol.) parut comme une nouvelle refonte du Vocabufaiie grec-allemand de Schneider, mats dont la quatrième, publiée sous son nom (Leipzig, 1831, 2 vol. in-4o), est réellement un travail original. On a encore de lui : Meletemata critica de Eschyli Persis (Breslau, 1808, in-4o) ; Du but, de la disposition et de la perfection des dictionnaires grecs (Berlin, 1812) ; Tableau de la littérature grecque et romaine (Berlin, 1815) ; Principes de littérature et d’histoire artistique grecque et romaine (Berlin, 1829). Il a, de plus, donné des éditions fort estimées d’ouvrages grecs et latins, parmi lesquelles nous citerons celles des Baisers de Jean Second (1807), de Perse (1809), de Musseus (1810), de Longus (1811), de la Germanie de Tacite (1817), de Parthenius et de Xénophon d’Éphèse (1824-1833, 2 vol.), de Denys Périégète (1825), de la Paraphrase de Nonnus (1834), etc. Enfin, il avait édité avec Jachmann les Archives de l’éducation nationale allemande (1818, 4 livr.), et avec Schneider le Muséum criticum Vratislaviense (Breslau, 1820), Bach a publié ses Opuscula academica (1S35), et ses Écrits divers ont été publiés par son fils, Guillaume-Arthur Passow, né à Jenkau en 1814, mort en 1864, et qui s’est lui-même acquis une réputation distinguée par différents travaux d esthétique et d’histoire littéraire. Il avait été successivement professeur au gymnase de Meiningen et directeur des gymnases de Ratibor et de Thorn.

PASSULAT adj. m. (pa-su-la —du lat. uva passa, raisin sec). Pharm. anc. Mielpassulat, Miel préparé avec des raisins secs de Damas.

PASSURB s. f. (pa-su-re — rad. passer). Techn. Opération consistant à attacher les cartons à un livre, en passant les nerfs dnns des trous percés sur le bord de ces cartons.

PASSWAN-OGLOU (Osman), fameux pacha de "Widdin, né dans cette ville en 1758, mort en 1807. Il était rils de Passwan-Omar qui, de crieur public, s’était élevé à la dignité d’aga. Tous deux levèrent l’étendard de la révolte dans Widdin-en 1788 ; mais, bientôt obligés de fuir, le père fut pris et décapité. Passwan-Oglou, ayant rassemblé des forces, s’empara de la ville, qui devint le refuge de tous les mécontents et où il sut établir l’ordre, sans conseil, ni administration, ni tribunaux. Sa tête fut mise à prix ; pour toute réponse, il se mit en campagne, s’empara, avec 50,000 hommes, de la plupart des places fortes du Danube, depuis Routschouk jusqu’à Belgrade. 100,000 hommes envoyés contre lui tentèrent vainement d’enlever Widdin, où il s’était enfermé avec 12,000 soldats d’élite. La Porte, humiliée, se décida enfin à l’investir du gouvernement de la province et de la dignité

de pacha à trois queues (1798). Déclaré, l’année suivante, en état de rébellion et privé de tous ses titres, il ne cessa, jusqu’à sa mort, de braver et de faire trembler le sultan.

PASSY (Paciacum), ancienne commune suburbaine du département de la Seine, comprise dans l’enceinte fortifiée do Paris et réunie à la capitale depuis 1S60. Eaux minérales froides, sulfatées, calcaires, ferrugineuses. Raffinerie de sucre, fabriques de produits chimiques. V. Paris.

PASSY (le Père Antoine), théologien, poète et historien allemand, né à Vienne en 1788, mort en 1847. Il donna des leçons d’histoire à Vienne, entra3 en 1821, dans la congrégation du Saint-Sauveur et employa la plus grande partie de son temps à la culture de la poésie et des lettres. Comme théologien, il a laissé quelques ouvrages, parmi lesquels nous citerons : De la confession générale (Vienne, 1S27) ; ittire des consolations catholiques (1821) ; Mémoires sur l’éternité (182s) ; la Vie et le Monde des songes (1842) ; Dévotions mensuelles (1844-1846, 5 vol.). Comme poète, il a laissé, entre autres compositions : Foi, espérance et amour, épopée religieuse (1821) ; Sons d’orgues, recueil de cantiques (1830) ; Echos de l’orgue (1832) ; le Paradis des enfants (1834) ; Science et foi, poème, (1839) ; enfin, comme littérateur et historien, on lui doit : Dactyliothèque romaine (Vienne, 183g) ; Miroir du temps, nouvelles (1835) ; les Temps primitifs de ta Grande-Bretagne(1841) ; Mélangesd’histoire ecclésiastique (1846) ; les Philosophes modernes comme types de la comédie humaine (1847).

PASSY (François-Antoine), homme politique, né à Paris en 1792, mort en 1873. Son père était, sous le premier Empire, receveur général du département de la Dyle. Référendaire à la cour des comptes sous la Restauration, M. Passy fut appelé, après la révolution de juillet 1830, aux fonctions de préfet de l’Eure, qu’il conserva jusqu’en 1837. A cette époque, il donna sa démission et fut élu, cette même année, membre de la Chambre des députés par le canton des Andelys. M. Passy atla siéger sur les bancs du centre gauche et devint, par le crédit de son frère Hippolyte, conseiller d’État en service extraordinaire (1839) et directeur de l’administration départementale et communale. Nommé, l’année suivante, par M. Duchâtel, sous-secrétaire d’État au ministère de l’intérieur, il conserva ce poste jusqu’à la révolution de 1848 et vota constamment pendant cette période avec la majorité conservatrice. Après la proclamation de la République, il rentra définitivement dans la vie privée. En IS57, il

devint membre libre de l’Académie des sciences. Il était, en outre, vice-président de la

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Société d’acclimatation, membre de la Société d’agriculture, etc., et il avait organisé la Société d’agriculture, des sciences et belleslettres de l’Eure. M- Antoine Passy s’est beaucoup occupé de recherches sur les antiquités gauloises. Outre une Notice sur les sépultures gauloises d’Bérouval, on lui doit : Description oéologique du département de la Seine-Inférieure (Paris, 1832, in-4") ; Carte géologique du département de l’Eure (1857, 4 feuilles).

PASSY (Hippolyte-Philibert), homme politique et économiste français, frère du précédent, né à Garches (Seine-et-Oise) en 1793. Élève de l’École de Saumur (1809), il servit dans la cavalerie, prit part aux dernières

fuerres de l’Empire et se démit de son grade e lieutenant de hussards à la seconde rentrée des Bourbons (1815). M. Hippolyte Passy fit alors, dans les rangs du parti libéral, une opposition assez vive au gouvernement de la Restauration en publiant des articles dans divers journaux, notamment dans le Nmional. Après la révolution de Juillet, les électeurs de Louviers l’envoyèrent siéger à la Chambre des députés, où il devint un des membres influents du tiers parti. Ses connaissances en matière de finances et d’économie politique lui valurent d’être nommé rapporteur des budgets de 1831 et 1S35 et ministre des finances dans le cabinet présidé par le duc de Bassano. Il n’occupa ces fonctions que quatre jours (ll-U nov. 1834) et fut, de la Un de cette même année jusqu’en 1839, vice-president de la Chambre. Dans l’intervalle, il suivit la ligne politique de M. Thiers, vota pour les lois de septembre contre la presse et entra, comme ministre du commerce et des travaux publics, dans le cabinet du 22 lévrier 1836, qui donna sa démission le 25 août suivant. M. Hippolyte Passy passa alors à l’opposition et fit partie de la coalition qui combattit à outrance le ministère Mole. Après la chute de ce ministère (janvier 1839), il tut chargé par Louis-Philippe déformer un nouveau cabinet ; mais H échoua. Toutefois, le 12 mai suivant, il prit le portefeuille des nuances dans le ministère présidé par le maréchal Soult. Le projet de dotation en faveur du duc de Nemours ayant été repoussé par la Chambre, M. Passy donna sa démission, ainsi que ses collègues, pour faire place au cabinet du îer mars 1840, présidé par M. Thiers. Il rentra, peu après, dans l’opposition ; mais son opposition fut si modérée qu’il reçut, en 1843, un siège à la Chambre des pairs. La il s occupa principalement de questions de finances et fit peu parler de lui. La révolution de 1848 vint le faire rentrer dans Ui vie privée et U ne fut point élu à l’Assemblée constituante. Néanmoins, lorsque, le 20 décembre 184S, Louis Bonaparte, devenu président, de la Republique, constitua son premier ministère, il appela à en faire partie M. Passy, qui prit le portefeuille des finances. Dans ces fonctions, qu’il conserva jusqu’au 31 octobre 1819, il proposa, pour combler le déficit, le rétablissement de l’impôt des boissons, des taxes sur les donations, les successions, les biens de mainmorte, un impôt de 1 pour 100 sur le revenu, etc. Elu membre de l’Assemblée législative par les électeurs de l’Eure et de la Seine (1819), il continua, lorsqu’il ne fut plus ministre, à appuyer de ses votes la politique réactionnaire du gouvernement. Néanmoins il rafusa de donner son adhésion au coup d’État du 2 décembre 1851, et depuis lors il est resté à l’écart des affaires publiques. M. Hippolyte Passy a succédé à Talleyrand comme membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1838 et a été nommé, en 1845, commandeur de la Légion d honneur. Economiste distingué, il a publie, outre un grand nombre d’articles dans le Journal des économistes et la Revue de législation : De l’aristocratie dans ses rapports avec tes progrès de la civilisation (Paris, 1S28, m-S«) ; Des systèmes de culture et de leur influence sur l’économie sociale (Paris, 1846, in-8»), ouvrage estimé ; Des causes de l’inégalité des richesses (Paris, 1848, in-18), ecc. — Son frère, M. Justin-Félix Passy, né vers 1796, a ete conseiller référendaire (1832), puis conseillermaître à la cour des comptes, et il a pris sa retraite en 1868.

PASSY (Frédéric), économiste, fils de M. Félix Passy, né à Paris en 1822. Il fit ses études de droit, puis il entra comme auditeur au conseil d’État, où il remplit ces fonctions de 1846 à 1849. À partir de ce moment, M. Frédéric Passy s’adonna entièrement h l’étude de l’économie politique et, depuis 1854, il a collaboré à un grand nombre de journaux et de revues, etc., notamment au Journal des économistes, "à l’Economiste belge, à l’A venir commercial, au Siècle, à la Gfroncfe, au Temps, an Correspondant, à la Revue contemporaine, a la fleoue moderne, à la iîeuue d’économie chrétienne, à l’Encyclopédie de l’agriculteur. En 1860, il commença à se vouer à L’enseignement libre de l’économie politique et, depuis lors, il a professé cette science, non-seulement à Paris, mais encore à Pau (VS60), à. Montpellier (1860-1861), à Bordeaux (1861-1863), à Nancy (1862), à Nice, à Nantes, etc. En même temps, et surtout à partir de 1SS4, il s’est fait connaître comme un infatigable conférencier. Dans ces conférences, faites soit en France, soit à l’étranger, M. Frédéric Passy a traité avec talent les questions d économie politique et sociale à. l’ordre du jour, et il a été, le 3 mai 1867, un des membres