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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 1, P-Pate.djvu/70

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habiter en quittant celui-ci, s’obstinant a

Ïilacer toujours deux mondes à côté l’un deautre. Il en résulte pour son livre un manque absolu- de clarté, et souvent une apparence enfantine qui le dépare complètement. La Paiingénésie eut cependant auxvmo siècle un succès immense. La brillante imagination de Bonnet, jointe à son autorité dans le domaine des sciences naturelles, explique du reste ce succès. En dernière analyse, il n’émet que des hypothèses ; mais leur ensemble produit sur l’esprit un très-grand effet. Une très-grande idée vit cachée dans ces pages sans fin et sous ce style flasque ; c’est 1 idée de progrès dont Charles Bonnet est un des principaux initiateurs. Le souvenir des œuvres dé Bonnet s’affaiblit de plus en plus ; néanmoins, il mérite de vivre comme un de ceux qui ont construit le monument auquel on doit, d’une part, le renouvellement des idées politiques, et, de l’autre, la diffusion de l’esprit scientifique et son application à la production du bien-être dans la société.

PALINGÉNÉSIQUE adj. (pa-lain-jé-né-zike — rad. paiingénésie). Qui appartient à la paiingénésie, qui la constitue ou la produit : Xegouvernement direct, chez toutes les nations, a été l’époque palingénksique des aristocra~ ties détruites et des trônes brisés. (Proudh.) Il On dit aussi palingénésiaqub.

PAL1NGEMO (Marcelle), poète latin moderne, V. Manzolli.

PÀLINGES, ch.-l. de cant. de Saône-et-Loire, arrond. et à 15 kilom. N. de Charolles, sur une éminence qui domine ta vallée de la Bourbince et le canal du Centre ; pop. aggl., 306 hab, —pop. tôt., 2,311 hab. Fabrication de poterie, bouteilles et cruchons en grès fin vernissé, creusets et briques ; huilerie, féculerie, moulins à blé et moulins à huile ; élève de bétail. Le clocher octogone de l’église attire de loin les regards. Les carrières de Palinges fournissent une pierre grise calcaire et une espèce de moellon très-recherchés, Au S. du bourg se voient le beau château de Digoine et celui de Beauregard.

PALINIDRYSE s. f. (pa-li-ni-dri-ze — du gr. palin, de nouveau ; idrusis, établissement). Méd, Diminution en volume, affaissement des parties, il Rétablissement des parties dans leur premier état.

PALINLOGIE s. f. (pa-ïain-lo-jî — du gr. palin, de nouveau ; logos, discours). Littér. Figure poétique qui consiste & répéter au commencement d’un vers le dernier mot ou l’un des derniers mots du vers précédent.

PALINOD s. m. (pa-li-no — du gr. palin, de nouveau ; odê, chant). Littér. Pièce dans laquelle le même vers revenait à la fin de chaque strophe. Il Nom donné, au xve et au xviu siècle, à des Académies littéraires, dont la première, celle de Rouen, exigeait que toute pièce de vers qui lui était pyèsentée se terminât par l’éloge de la Vierge, i : Pièce de vers composée d’après ces prescriptions : Le palinod se faisait ordinairement en chant royal, ballade, ode, sonnet, etc., au gré du poète. (Acad.)

PALINODIE s. f. (pa-li-no-dl — du gr. .palin, de nouveau ; odê, chant. Ce nom l’ut d’abord donné, d’après la tradition, à une ode que le poète Stesichore composa en l’honneur de la pudeur d’Hélène, femme de Ménélas.en rétractation d’une autre ode dans laquelle il l’avait chargée d’injures. Castor et Pollux, qui l’avaient puni de ses outrages en le rendant aveugle pour avoir dit la vérité, lui rendirent la vue quand il eut réparé sa faute par un mensonge). Rétractation, changement complet dans la manière dépenser et de parler, désaveu plus ou moins honteux de ce qu’on avait dit ou fait jusque-là : Nous trouvons honteux qu’en moins’d’une année il se soit fait de si complètes palinodies. (Th. Gaut.) Les événements, changeant d’heure en heure, donnaient lieu aux plus risibles palinodies. (T. Delord.)

Chanter la palinodie, Se désavouer soimême, revenir honteusement sur ce qu’on avait dit ou fait. *

— Encycl. En littérature, la palinodie est une pièce de vers dans laquelle le poète déclare rétracter les sentiments précédemment exprimés ’par lui. Ce retour plus ou moins sincère n’est généralement qu’un badinage.

Platon, dans Phèdre, donne un exemple de palidonie, qu’il attribue à Stesichore. Suivant ce récit, Stesichore était devenu aveugle par la colère de Castor et de Pollux, qui voulurent le punir d’avoir écrit un po&ine où la vertu d’Hélène, leur sœur, n’était pas respectée. « H reconnut sa faute, dit Platon, et il fit aussitôt ces vers : « Non, ce récit n’est pas vrai ; non, tu n’es point montée sur les vaisseaux au solide tillac, et tu n’es point arrivée à Troie. » Après avoir composé ces vers, il recouvra la vue sur-le-champ, » Une ode d’Horace intitulée Palinodie est restée célèbre. Le poëte, après avoir cruellement médit d’une femme dans des ïambes qui ne nous sont pas parvenus, revient à des sentiments plus doux, rejette tout sur la colère, « mauvaise conseillère, » prie celle qu’il a blessée de livrer aux flammes les ïambes injurieux et d’accepter de nouveau ses hommages. Sans doute à avait dit, dans les ïambes, que cette femme et sa mère étaient affreuses ; il s’écrie d’un ton convaincu, dans

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la Palinodie : « D’une mère charmante fille plus belle encore 1... »

0 mettre pulchra filia pulcknor... Ces louanges hyperboliques ne sont peut-être pas sans quelque ironie.

On trouverait sans doute chez les poëtes modernes ou contemporains bon nombre de pièces qui, comparées à des poésies précédentes, sont de véritables palinodies ; mais comme ils n’y ont mis d’ironie d’aucune sorte et que leurs vers expriment, un changement réel ou simulé dans leurs opinions, ils se sont bien gardés d’y attacher franchement, comme Horace et Stesichore, l’étiquette compromettante. Les poëtes ont l’esprit et le cœur d’une grande mobilité ; bien peu conservent dans l’âge mûr l’ardente foi de leur jeunesse, et ils sont exposés à brûler sans cesse ce qu’ils ont jadis adoré. Disons, d’ailleurs, que ce serait une niaiserie que de leur interdire toute transformation ; reprocher, par exemple, à Victor Hugo, comme une palinodie, ses odes vendéennes ou bonapartistes, en les rapprochant de ses hautes inspirations républicaines et humanitaires, c’est vouloir méconnaître de parti pris le droit que possède tout homme de s’acheminer vers Ce qu’il croit être le progrès. La sincérité du poète, voilà ce qui empêche une transformation légitime d’être une palidonie. Barthélémy, célèbre lui-même par des palinodies véritables, a plaidé en beaux vers cette cause qu’il faisait semblant de croire la sienne :

Quoi ! dans ce tourbillon qui dévore les âges. Disloquant nos vertus, nos mœurs et nos usages ; Dans cet immense crible où roulent ballottés Nos chartes, nos États, nos lois, nos libertés. Un être à cerveau faible, à caduque poitrine. Un atome orgueilleux ferait une doctrine, Et, la fixant du doigt à Téternel compas, Verrait changer le monde et ne changerait pas ? Non, le doute et l’erreur sont dans toute pensée ; Nous sommes tous, sans but et sans route tracée. Des aveugles assis sur le bord du chemin ; Le crime d’aujourd’hui sera vertu demain. J’ai pitié de celui qui fier, de son système. Me dit ;■ Depuis trente ans ma doctrine est la même ; Je suis ce que je fus, j’aime ce que j’aimais ! ■ L’homme absurde est celui qui ne change jamais" ; Le coupable est celui qui varie a toute heure Et trahit, en changeant, sa voix intérieure.

C’est, en effet, de celui-là seulement qu’on peut dire qu’il chante la palinodie, et on ne la chante pas qu’en vers..

FALINODIQUE adj. (pa-li -no-di-ke — rad. pulinod). Littér. Qui a le caractère d’un palinod. u Qui a le caractère d’une palinodie.

PALINQDISTE s.m. (pa-li-no-di-ste — rad. palinodie). Celui qui l’ait des palinodies, qui se rétracte, qui se désavoue.

PALINTOCIE s. f. (pa-lain-to-sî — du gr. palin, de nouveau ; tokos, enfantement). Mythol, Nouvel enfantement, seconde naissance : La naissance de Bacchus fut une

PALINTOCIE.

PALINURE s. m. (pa-li-nu-re — lat. pâli* ?iurus, langouste ; formé de palin, de nouveau ; oura, queue). Crust. Syn. de langouste.

PALINURE, en latin Palinurum Promontorium, cap du royaume d’Italie, projeté dans la mer Tyrrhénienne par les côtes de la Principauté Citérieure, à SO kiîom. S.-E. do Salerne. Il forme l’entrée du golfe de Policastro et doit son nom à Palmure, pilote d’Enéo. Virgile, dans le sixième livra de l’Enéide, racontant la descente d’Euée aux enfers, met ce vers dans la bouche de son héros :

Unde tibi, Palmure, tiî’te tam dira cupido ?

en réponse à la prière que lui adressait Palinure de le ramener sur terre. Palmure, accablé de sommeil, tomba dans la mer avec son gouvernail. Les habitants de Vélies, ville voisine, qui eurent la cruauté de le tuer lorsqu’il cherchait à regagner la terre, furent obligés de lui ériger un tombeau sur le promontoire, pour se délivrer de la peste dont ils étaient affligés : Pradigiis aeli ccelestibus ossa piabunl ; El statuent tumulum, et tumulo solemniamittent, (Enéide, liv. VI, v. 378.)

l’ALINURE, pilote d’Enée. Il fut précipité dans la mer par Morphée. Après avoir erré quatre jours à la merci des flo’ts, il parvint à gagner la côte d’Italie, où il fut massacré par les habitants. Les dieux punirent ces derniers en leur envoyant une peste violente, qui ne disparut que lorsqu’ils eurent élevé un monument à Palinure, au lieu même où il’avait été massacré, au cap appelé cap de Palinure.

PALINUBIN, INE adj. (pa-li-nu-rain, i-ne — rad. palinure). Crust. Qui ressemble à un palinure.

—s ; m. pi. Famille de crustacés, ayant pour type le genre palinure.

— s. f, Crust. Genre de crustacés décapodes macroures, comprenant deux espèces.

PALÎNUROÏDÉ, ÉB (pa-li-nu-ro-i-dé — de palinure et du gr. eidos, aspect). Crust. Syn.

de LANGOUSTIEN, IENNE.

PALIPOU s. m. (pa-li-pou — nom indigène). Bot. Espèce de palmier de la Guyane, dont le fruit est employé comme condiment : Le fruit palipou est petit. (V. de Bomare.) il On dit

aussi PARBPOU.

PÂLI

PALIQUES, frères jumeaux, fils de Jupiter. V. Palices.

PÂLIR v. n. ou intr. —lat, pallere, mot rattaché par Eichhoff à la racine sanscrite pal, aller, passer, d’où palat, passé, blanchi, grec polios, gris, palatos, vieux, latin pallidns pâle, Pallere signifie donc proprement grisonner). Devenir pâle : Vous pâlissez. Votre visage a pâli. Pâlir de crainte, de colère, d’émotion. Dans la colère, on voit rougir le visage, gui, au contraire, pâlit dans la crainte. (Boss.) On pâlit dans la crainte, l’effroi et la tristesse. (Buff.) Il faut toujours louer devant un envieux ceux qui le font pâlir. (Montesq.) La beauté d’une jeune fille est un miroir auquel une mère coquette se regarde rarement sans pâlir. (Serrurier.) De tous les ivrognes, le plus dangereux est celui qui pâlit nu lieu de rougir. (Do Ségur.) Celui qui pâlit de colère rougira bientôt de honte. (H. Lemonnier.) Pour chaqué indigent qui PÂLIT de faim, il y a un riche qui pâlit de peur. (L. Blanc.) Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue.

Racine. On pâlit de colère aussi bien que de crainte.

C. Dblaviune. J’aime, et je veux pâtir ; j’aime, et je veux souffrir ; J’aime, et pour un baiser je donne mon génie. A. de Musset,

— Par anal. S’affaiblir, en parlant de la lumière : Le soleil pâlit dans les éclipses partielles. It S’effacer en partie, en pariant des couleurs :

L’amour passe, et la fleur, ou d’abord l’œil se pose, Pâlit sous le regard...

Sainte-Beuve.

— Fig. Perdre de son éclat, par comparaison : Toute la philosophie antique pâlit devant leseul livre de la Sagesse. (J. de Muistre.)

Son étoile pâlit, Se dit d’une personne qui perd de son influence ou de son autorité.

— Loc. fam. Pâlir sur les livres ou sur un livre, Les étudier avec assiduité, avec une application extrême et très-soutenue : Il n’est pas homme à pâlir sdr les livres.

Après cela, docteur, va pâlir sur la Bible.

-Boileau.

— v. a. ou tr. Rendre ou faire paraître j)âie : La fièvre A pâli cette enfant. Le soleil

pâlit les couleurs. La lune pâlit tout ce qu’elfe éclaire. Le vinaigre pâlit les lèvres, (Acad.)

PALIRRHÉE s. f. (pa-li-rê — du gr. palin, de nouveau ; rheô, je coule). Méd. Ecoulement qui se reproduit.

PALIRRHOÏQDB adj. (pa-li-ro-i-ke — rad, palirrhée). Méd. Qui appartient à la palirrhée : Ecoulement palirriioïque.

PALIS S. m. (pa-li — rad. pal). Pieu pointu qu’on enfonce a%’ec d’autres pour former une clôture continue : Jardin clos de palis. Bois fermé de palis. Retranchement protégé par une ligne de palis.

Déjà leur main s’apprête a combler les fosses De leurs palis aigus vainement hérissés.

DEL1LLE.

Il Enceinte de pieux ; Au bas, te long du sentier, régnait un rastique palis, perdu dans une haie d’aubépine et de ronces. (Balz.)

— Pèche. Filet en nappe simple, que l’on tend sur des piquets.

— Zooph. Nom donné par il. Edwards à de petites lattes ou baguettes verticales en continuation avec les cloisons, dans les polypiers.

—• Syn. Poli*, pniimndo. Le palis est une simple clôture de pieux ; on fait des palis duns un jardin, dans un bois, et toujours on les fait de la manière la plus simple., uniquement pour fermer ce qui ne doit pas rester ouvert. La patissada est un ouvrage plus important, plus soigné ; on élève des palissades pour se défendre contre l’ennemi ; on en élève aussi dans les parcs, dans les jardins d’ornement.

PALISOT DE BEAUVOIS (Ambroise-Marie-François-Josepli, baron de), botaniste et voyageur français, né à Arras en 1752, mort à Paris en 1820. Il avait été successivement mousquetaire, avocat au parlement de Paris (1772), receveur général des domaines et des bois aux généralités de Picardie, de Flandre et d’Artois, lorsqu’il résolut, en 1777, de s’adonner exclusivement à l’étude des sciences naturelles. Il se fixa alors à Paris et dut à di ? vers mémoires sur les cryptogames, sur les plantes sarmenteuses, etc., d’être nommé correspondant de l’Académie des sciences en 1781. Cinq ans plus tard, Palisot accompagna à Oware (Afrique) le fils du roi nègre de ce pays, qui était venu à Paris pour lier des rolatioirs avec la France, explora, le premier, comme naturaliste, soit Je royaume d’Oware, soit celui de Bénin, recueillit, au milieu de peuples anthropophages et de dangers de toute nature, une immense moisson d’insectes et de plantes ; puis, attaqué par la fièvre jaune, il quitta la Guinée et s’embarqua presque mourant sur un vaisseau français, laissant la plus grande partie de ses collections au capitaine Landolphe, dont l’établissement fut complètement détruit par les Anglais en 1791. Arrivé à Saint-Domingue, il y rétablit sa santé, devint en 1790 membre du conseil supérieur du Cap, puis de la deuxième assemblée coloniale, qui 1 envoya à Philadelphie, en 1791, pour demander des secours

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contre les noirs de l’Ile, fut arrêté par ces derniers à son retour (1793) et dut la vie à l’intervention d’une négresse que son oncle avait affranchie. Il retourna alors à Philadelphie, à peu près dénué de tout et n’ayant pu emporter ses collections, donna pour vivre des leçons de musique et de langues, obtint par la suite, d’Adet, chargé d’affaires de France, les moyens de faire un voyage scientifique dans l’Amérique du Nord, réunit de nouvelles collections et retourna en France lorsqu’il apprit sa radiation de la liste des émigrés (1798). En 1806, il fut élu membre de l’Institut et nommé, en 1815, membre du conseil de l’Université. Mirbel lui a consacré, sous le nom de belvisia, un genre de plantes de la famille des fougères. Outre de nombreux articles insérés dans divers recueils scientifiques, on lui doit : Flored’Omare et de Bénin (Paris, 1804-1821, 2 vol. in-fol., avec 120 pi.) ; Insectes recueillis en Afrique et m Amérique (Paris, 1805-182», in-fol.) ; Estai d’une nouvelle agrostographie ou Nouveaux genres de graminées (Paris, 1812, in-4o) ; Muséologie ou Traité sur les motisses (Paris, 1822, in-8"), etc.

PALISSADE s. f. (pa-li-sa-de — rad. palis.) Fortif. Rangée de pieux destinée à servir de défense : Élever une palissade en avant de la contrescarpe. Tirer à l’abri d’une palissade.

— Cost. Fil de fer que les femmes portaient autrefois sous leur cornette, pour la tenir relevée.

— Agric. Clôture faite avec des planches, des pieux, des perches, ou bien avec des arbres ou arbustes taillés au croissant : Les charmilles gui bordent les allées dans les jardins ornés sont de véritables palissades. (Bosc.) Il Treillage de palissade, Treillage isolé, formant une sorte de mur.

— Arboric. Forme imposée aux arbres d’avenue, qui consiste à tailler leurs branches, dans le sens de la longueur, soit du côté intérieur, soit des deux côtés, de telle sorte qu’ils simulent une sorte de rideau continu, analogue à celui des charmilles.

— Syn. Palissade, palis. V. PALIS.

— Encycl. Agric. Le3 palissades ne diffèrent guère des haies que par leur plus çrande hauteur ; on les emploie soit comme clôtures, soit comme abris contre les vents, auquel cas elles prennent souvent le nom de brisevent. Comme les haies, on les distingue en palissades sèches, faites avec des planches ou des pieux, et palissades vives, composées d’arbres ou d’arbrisseaux taillés au croissant, de manière à faire une sorte de mur régulier et aussi compacte que possible. Presque tous les arbres ou grands arbrisseaux peuvent entrer dans leur confection ; mais généralement on préfère l’aubépine, le buis, l’if, le thuya, le cyprès, et surtout l’orme et le charme, d’où les dénominations vulgaires d’ormilles et de charmilles. On donne aussi quelquefois le nom de palissades aux allées d’arbres qu’on taille en éventail pour leur faire former un rideau de verdure. V. les mots cités.

— Art milit. Les palissades font partie des défenses accessoires. Elles ont î^SO, 3 mètres ou 3>n,50 de hauteur, et sont terminées en pointe pour que l’ennemi no puisse poser le pied sur les sommets des pieux. Ceux-ci sont enterrés dans le sol à om,80 ou I mètre de profondeur. À cet effet, on creuse une tranchée un peu plus large que le diamètre des palissades et à la profondeur voulue ; on place ensuite chaque pal au fil à plomb, et on les aligne au moyen d’un cordeau, auquel doivent correspondre toutes les pointes. Les vides entre les pieux ne doi%-ent pas avoir plus de om,06 à ot».,0S, et les pieux sont rendus solidaires par des liteaux, placés intérieurement à i mètre au-dessous des pointes des palissades. Ces liteaux ont Qn^os à co. OS d’épaisseur et 0™,10 à 0’",15 de largeur. On évite d’attacher les palissades aux liteaux par des clous, que la rouille ronge trop vite ; on préfère employer des gournables, ou chevilles en bois, qui, chassées à coups de masse, traversent la palissade et le lifeau, et qui, recépées ensuite à fleur de la palissade, sont fendues verticalement pour recevoir un coin de bois.

Lapalissades, au lieu d’être verticales, peuvent être inclinées. Dans ce cas, elles sont prises au fond de la tranchée dans une lambourde entaillée et s’appuient, au niveau du sol, sur une seconde lambourde. Lorsqu’elles sont ainsi maintenues sur le talus incliné de hi tranchée qui les supporte dans l’intérieur du terrain, on comble cette tranchée avec des pierres, pour charger la lambourde inférieure, et on recouvre le tout de terre fortement damée.

On emploie souvent les palissades pour fermer lus gorges des ouvrages en fortification permanente et en fortification passagère. Eu fortification passagère, ou les place surtout dans la fond des fossés, dans des positions variables : 1° Au pied de la contrescarpe : 2" au pied de l’escarpe ; 30 à 1 mètre du pied de l’escarpe ; 4<> au milieu du fossé. Cttte dernière position, avec les palissades inclinées à 0IU,60 environ, est celle que l’on doit préférer ; elle ne permet pas aux sapeurs ennemis de couper les palissades. Quand les palissades sont au pied de la contrescarpe, l’espace angulaire compris entre le palissadement et la contrescarpe est facilement comblé h