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république. Ce fut le commencement de la célèbre bibliothèque de Saint-Marc, et il accepta en retour son logement dans un des palais de l’État ; enfin, en 1370, il se fixa dans es monts Euganéens, à Arqua, près de Padoue, où il s’était fait bâtir une petite maison ; de toutes les demeures de Pétrarque, à Vaucluse, à Milan, à Padoue, à Arezzo, à Parme, c’est la seule qui existe encore. Les dernières années de sa vie furent remplies par l’étude et les exercices religieux ; les jeunes et les veilles épuisèrent une santé déjà très-altérée ; mais les maladies fréquentes qui vinrent accabler sa vieillesse ne purent interrompre ses travaux ; à Arqua, il occupait encore cinq secrétaires, auxquels il dictait son active correspondance et des traités d’érudition, ou qu’il occupait à transcrire des manuscrits. Un matin, ils le trouvèrent mort dans sa bibliothèque.

Pétrarque avait eu d’une dame d’Avignon deux enfants naturels : un fils, nommé Jean, dont les vices lui causèrent de cruels soucis et qui mourut quelques années avant lui, et une fille, Tullia, qui épousa un gentilhomme milanais, Francesco da Brossano, l’exécuteur testamentaire du poëte.

Les œuvres de Pétrarque se divisent en deux parties, les œuvres italiennes et les œuvres latines. Les premières se composent des Rime in vita e in morte de madonna Laure, consistant en environ trois cents sonnets, cinquante canzones et six poëmes en terze rime intitulé Triomphes, chants lugubres qui sont comme autant d’apothéoses de la femme aimée. La première édftion des Rime est de 1470 (Venise, gr. in-4o) ; il en a été fait depuis des éditions innombrables. Parmi les traductions françaises, nous citerons la plus ancienne, celle de Vasquin Filhieul, de Carpentras, qui reproduit l’original vers par vers et avec une grande fidélité ; la vieille langue du traducteur a par moments presque toute la grâce du toscan (Avignon, 1555, in-8o), et les Triomphes de Pétrarque, trad. du baron d’Opède (Paris, 1538, in-8o). Les œuvres latines sont : l’Africa, poëme, trois livres d’Épîtres et douze Églogues, et une suite de traités philosophiques, politiques ou religieux : De remediis utriusque fortunæ libri II ; De vita solitaria libri II  ; De otio religiosorum libri II ; Apologia contra Galium ; De officio et virtutibus imperatoris ; Rerum memorandarum libri IV ; De vera sapientia ; De contemptu mundi ; Vitarum virorum illustrium epitome ; De vita beata ; De avaritia vitanda. Ces traités se trouvent dans la grande édition des Œuvres de Pétrarque (Bâle, 1581, 2 vol. in-fol.), qui contient en outre l’Itinerarium syriacum, une traduction latine de la Griselidis, de Boccace, sous le titre de : De obedientia ac fide uxoria, et une volumineuse correspondance : Epistolæ familiares ; variæ ; ad veteres illustres ; seniles ; sine titulo. On ne connaît de traduction française que celle du traité De remediis utriusque fortunæ, traduit sous ce titre : le Sage résolu contre la fortune, par Nicolas Oresme (Paris, 1534) et par Grenaille (Rouen, 1663, 2 vol. in-12) ; il existe des autres traités des traductions italiennes.

« Pétrarque, dit M. Villemain, est le plus indigène des poëtes de sa nation ; rien n’a vieilli dans son langage ; ses vers ont tellement saisi l’imagination, que la langue a été fixée par l’admiration pour le poëte. Il y a dans les idiomes humains un point de vérité et de perfection que le génie peut deviner et hâter. Par la vivacité de l’émotion, par le soin curieux de l’harmonie, Pétrarque a trouvé l’expression nécessaire du sentiment, l’expression qui ne peut périr que lorsque la tangue se détruira tout entière. Après cela, Pétrarque était-il grand poëte dans toute l’étendue de l’expression ? Son imagination embrassait-elle fortement autre chose que ce qui faisait sa passion ? Je ne le crois pas. À cela même tient sa supériorité dans le genre où il a renfermé sa gloire. Ce n’est pas que la force lui manque. Décrire une promenade, un accident de fête, célébrer la fontaine de Vaucluse, tout cela n’exige que grâce et douceur. Mais son âme est capable quelquefois aussi de sérieux et d’énergie. Parmi tant de sonnets tendres et délicats, il en est où les plus hautes vérités morales sont rendues avec l’accent d’une forte poésie. C’est toujours le même caractère de perfection dans le style et d’élégance dans la brièveté ; mais c’est un langage austère et sublime sur la mort, sur le génie, sur la divinité. De ces fêtes pontificales d’Avignon et de ces douces retraites qui n’entretenaient sa pensée que de la présence ou du souvenir de Laure, il sort pour flétrir les vices de l’Église, pour féliciter de généreux défenseurs des droits de l’Italie, pour réveiller le courage dans les cœurs italiens, pour exciter les rois à la croisade… Ainsi ce poëte de la tendresse a été, en même temps, le premier lyrique de l’Europe moderne ; le premier, il a trouvé des sons qui, pour les contemporains, avaient toute la force du plus généreux patriotisme ; et lorsque tant de siècles ont passé, cette poésie est tellement naturelle aux Italiens, a gardé tant de sympathie avec leurs urnes, que la conquête et le pouvoir craignent encore de l’entendre et ne la laissent pas réciter impunément. C’est une réponse au reproche vulgaire de fadeur et de mollesse. »

Le centenaire de Pétrarque a été fêté avec une grande solennité, le 20 juillet 1874, à Padoue, Avignon et Arqua. Les fêtes d’Avignon ont eu surtout du retentissement ; des concours poétiques, en langue française et en langue provençale, avaient été ouverts quelques mois auparavant, et des fleurs d’or et d’argent, des couronnes, des rameaux, des médailles, des coupes, des prix de toutes sortes ont été décernés d’une main libérale à un grand nombre de lauréats. Un buste de Pétrarque a été inauguré à la fontaine de Vaucluse.


Pétrarque et Laure, roman de Mme de Genlis (1819), Il y a des sujets que l’on déflore en voulant les orner, parce que leur simplicité fait tout leur charme. C’est ce qui est arrivé à l’auteur de Pétrarque et Laure, Un amour de vingt ans, et qui dure vingt-six années encore après la mort de celle qui l’a inspiré, un amour sans espérance, même quand l’héroïne vivait, puisqu’elle était mariée et vertueuse, l’amour d’un abbé, d’un érudit, un amour que son platonisme même a préservé de tout obstacle, un amour qui ne produit que des vers parfaits en vérité, mais disons-le, dussent les âmes sensibles crier h l’anathèmo, un amour de tète plutôt que de cœur, voilà tout ce que l’histoire du ses héros offrait à Mme de Genlis. Voilà le fond que, sans en comprendre le caractère particulier et original, elle s’est chargée d’étendre, de féconder, de dénaturer, croyant l’embellir, pour en faire une sorte do roman dont le seul mérite est celui du style toujours pur, correct, élégant et naturel. Paire naviguer Pétrarque et Laure sur le fleuve du Tendre est un contresons historique complet.

Pétrarque, Elude d’après de nouveaux documents, par M. Alfred Mézières (1867, in-8°). L’auteur, dans une introduction, donne une idée complète de son intéressant travail. « Cetto étude, dit-il, sera principalement une étude psychologique. Quoique je n’aie négligé aucun.événement de la vie de Pétrarque et que j’aie cherché à éclaircir toutes les parties qui en restaient encore obscures ou mal connues, je ne prétends point refaire ici en détail une biographie minutieuse. Ce que j’ai surtout essayé de démêler dans cette grande existence, ce sont les ressorts de la vie intérieure, les pensées favorites, les mobiles des actions, les sentiments ou les passions qui les inspirent. Les incidents biographiques s’expliquent souvent par des causes supérieures, qui se cachent au plus profond de l’âme humaine et qu’il faut savoir découvrir si l’on veut retrouver ; sous la diversité apparente des faits, l’unité réelle d’un caractère. L’histoire d’un homme de génie s’écrit avec ses œuvres encore plus qu’avec ses actes, quand il a laissé, comme Pétrarque, des volumes de confidences, qu’il s’est lui-même regardé vivre et qu’il a scrupuleusement observé les plus secrètes agitations de sa pensée. « M. Mézières a étudié Pétrarque surtout dans les manuscrits magnifiques que possède la Bibliothèque nationale et dans la collection unique au monde des huit cents ouvrages relatifs à Pétrarque, éditions, commentaires, manuscrits, que le professeur Marsand, de Padoue, avait recueillis à grands frais et avec passion, et qui se trouvait à la bibliothèque du Louvre avant l’incendie de ce précieux dépôt. Le livre de M. Méaières est à la fois une étude psychologique des plus intéressantes sur un grand homme et une étude historique sur l’époque de Pétrarque, sur cette société si curieuse du moyen âge ou* le temporel et le spirituel, l’Église et l’Ëtat, sont si intimement mêlés et où s’élabore cependant peu à peu la grande crise moderne, la Révolution.

Pétrarque OU Laure et Pétrarque, pastorale lyrique en un acte, paroles de Moline, musique de Cundeille ; représentée k l’Opéra îo 2 juillet 1780. Les caractères de Pétrarque et de Laure sont entièrement travestis dans cetouvrage, qui n’eut d’ailleurs aucun succès.

Pétrarque, grand opéra en" cinq actes, de M. Hippolyte Duprat (théâtre de Marseille, avril 1873 ;. Cette œuvre distinguée, due à un chirurgien de marine, devait être jouée au Théâtre-Lyrique, et les répétitions étaient commencées, lorsque survinrent la guerre franco-allemande et la Commune. La partition de M. Duprat fut brûlée dans l’incendie de ce théâtre ; sans se décourager, l’auteur la relit en entier, ai Pétrarque fut représenté à Marseille avec un grand succès. Le Grand-Opéra de Lyon a repris cet opéra en 1874 et l’a encadré dans une mise en scène magnifique.

Pétrarque. Ieonogr. Pétrarque connut et tint en grande estime Giotto et SimoneMemmi de Sienne ; c’est lui-même qui nous l’apprend dans une de ses lettres dont Vasari a publié un extrait. Par une clause de son testament, il légua à Francesco da Carrara, seigneur de Padoue, une Madone de Giotto k laquelle il attachait le plus grand prix. Il est probable que le portrait du grand poète fut exécuté soit par Giotto, soit par Memmi, et peut-être par tous deux ; mais les anciens portraits de Pétrarque qui nous sont parvenus ne sauraient être attribués ni à 1 un ni à l’autre de ces artistes. Parmi ces portraits, il nous suffira de citer ceux que l’on conserve à la bibliothèque de l’université de Padoue, dans la galerie Borghèse, k Rome, au musée des Offices, à Florence, etc. Un petit portrait attribué à Dosso Dossi figurait dans l’ancienne galerie Giustiniani ; un autre, attribué à Ridolfo Ghirlandajo et qui aurait été exécuté

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d’après une ancienne miniature, appartient au musée de Montpellier ; un autre, peint par Naldini, est au palais Corsini, k Florence. Des portraits de Pétrarque ont été gravés par Luca Bertelli, Giovanni Lapi (d’après Ermiiii), R. Morghen (d’après S. Tofanelli), etc. Vasari rapporte que Pétrarque, s’étant rencontré à Avignon avec Simone Memmi, voulut avoir de la main de ce peintre le portrait de sa bien-aimée ; l’artiste se rendit à son désir et fît de la belle et vertueuse Laure de Noves un portrait dont le poète a parlé avec enthousiasme dans deux de ses sonnets. Un peintre de notre temps, Andréa Appiani, a représenté Pétrarque à Avignon, montrant a Simone Memmi Laure sortant de l’église et lui demandant son portrait ; ce tableau a figuré k l’Exposition universelle de 1855. M. Ch. Lefebvre a exposé au Salon de 1835 Pétrarque voyant Laure pour la première fois dans l’église de"Sainte-Claire à Avignon. Le même sujet a été peint par M. A. Lesrcl (Salon de 1870). M. Wauters a représenté Pétrarque rencontrant Laure à la fontaine de Vaucluse (gravé en manière noire par Manigand) ; M. A. Bocklin, Pétrarque dans la solitude (Salon de 1868) ; Fradelle, Pétrarque avouant sa passion à Laure (gravé par Th. Lupton, 1833). M. Henri deTriqueti a exposé au Salon de 1838 un bas-relief en pierre, Pétrarque lisant ses poésies à Laure au bord de la fontaine de Vaucluse. Un bas-relief de marbre en l’honneur de Laure et de Pétrarque a été exécuté par M. Fr. Consonoved’Aix) et a été exposé au Salon de 1872. Des statuettes en marbre de Laure et de Pétrarque, sculptées par J. Dupré, ont figuré à la vente de la célèbre galerie de San-Donato (1870). En 1874, k l’occasion du cinquième centenaire de l’illustre poète, sa statue a été érigée à Padoue.

Pétrarque (triomphe de), tableau de M. Louis Boulanger (Salon de 1836). L’artiste a choisi le moment où le cortège revient du Capitole. Le poète parait simple, modeste, recueilli et même triste, à ce point qu’on a ref roche à sa figure de ne pas exprimer assez exaltation et l’enivrement de la gloire ; mais on a oublié cette circonstance touchante du triomphe de Pétrarque, c’est qu’au moment le plus beau de sa vie, le souvenir de celle qu’il avait tant aimée et tant chantée lui revint plus vif et plus amer, et la joie du triomphe ne put empêcher son âme de ployer sous une irrésistible mélancolie, malgré l’éclat de cette apothéose populaire. Le souvenir do Laure s’empara tellement de sa pensée qu’il composa ce même jour, pendant la marche du cortège, une de ses plus belles canzones, la Vision. On peut supposer que l’artiste a refirésenté Pétrarque au moment où il compose a Vision. La Rêverie, assise aux pieds du poète, est délicieuse pour la vérité et la naïveté de l’attitude et de l’expression. Les Muses qui entourent le char sont exécutées avec une remarquable variété de poses et de figures. Ce groupe principal est la partie la plus irréprochable de cette grande toile ; l’ensemble de la composition manque un peu de mouvement, d’air et de chaleur : on n’y voit pas assez d’enthousiasme populaire. Malgré cette critique, le Triomphe, de Pétrarque est le meilleur ouvrage de M. Louis Boulanger ; il se distingue surtout par. la pureté et l’élégance du dessin, la vivacité et l’harmonie du coloris, le modelé plein de finesse des têtes et la noblesse des attitudes.

PÉTRARQUISER v. n. ou intr. (pé-trarki-zé). Se borner k l’amour platonique, à un amour semblable à celui de Pétrarque pour Laure.

— Littér. Imiter, affecter le genre do Pétrarque : Au xvi» siècle, en France, comme en Italie au xve, c’était Pétrarque qui l’emportait absolument sur Dante ; on pétrarquisait comme on pindarisait. (Ste-Beuve.)

PÉTRARQtïlSME s. in. (pé-trar-ki-smorad. pétrarquiser). Littér. Imitation de la manière de Pétrarque.

PÉTRARQUISTE adj. (pé-trar-ki-sterad. pêtrarquisme). Littér. Qui appartient au genre de Pétrarque : Je von que les bons et anciens poètes ont évité l’affectation et la recherche des fantastiques élévations espagnoles et pbtrarquistks. (Montaigne.)

— Substantiv. Imitateur du genre de Pétrarque.

PÉTRAS s. m. (pé-tra. — D’après Ch. Nisard, ce mot vient de petrar, qui signifie, dans Cotgrave, moineau, d’où l’on suppose que l’on aurait nommé petrar un moine, puis un homme lourd et grossier. D’après Villemarqué, pétras vient du bas-breton petra, qui signifie quoi ? et qui serait devenule sobriquet des bas Bretons, parce qu’ils le répètent k tout propos. Il appuie son dire sur des textes qui semblent ne laisser aucun doute. C’est d’ailleurs par une raison tout à fait semblable que les Italiens ont donné aux Français le surnom de guiguis et les Espagnols celui de didomst à cause de notre habitude de répéter oui, oui et dis donc). Homme lourd et borné ; C’est un pétras, un gros pétras,

PÉTRAT s. m. (pé-tra — du lat. petra, pierre). Ornith. Nom vulgaire du bruant proyer. il Ou dit aussi pétrac.

PÉTREAU s. m. (pé-trô). Arboric. Sauvageon qui pousse du pied d’un arbre : Lespru-

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niers repoussent beaucoup de pétrbaux. (La Quintinie.)

PÉTREAOL s. m. (pê-trol — du lat, petra, pierre). Ane. art milit. Machine qui tançait des pierres.

PÉTRÉ, ÉE adj. (pé-tré —du lat. pelrsus, provenu du grec petraios, couvert de pierres, de rochers, de pétras, latin petra, pierre). Géogr. Qui est couvert de pierres, de rochers : L’Arabie PhtréB.

— Pierreux : La substance du bésoard des singes est plus moelleuse et plus tendre ; celle du bésoard occidental est plus dure, plus sèche et, pour ainsi dire, plus pétrée. (Buff.) tl Vieux mot.

— Anat. Qui a la dureté de la pierre. Il Os pêtré ou Apophyse pétrée, Apophyse pyramidale, connue aussi sous le nom de rocher, et qui est située sur la face cérébrale de l’os temporal, il Sinus pétré, Nom donné k quatre sinus veineux de la dure-raère.

— Eutom. Qui se trouve sous les pierres.

— Bot. Qui croit sur les pierres, sur les cailloux ou dans les terrains pierreux.

— s. f. Bot. Genre d’arbres ou d’arbrisseaux, do la famille des verbénacées, tribu des lantanées, comprenant des espèces qui croissent dans l’Amérique tropicale, il On dit aussi PKTR.BA s. m.

— Encycl. Les pélrées sont des arbrisseaux grimpants, à feuilles simples, opposées, entières, à fleurs groupées en longs épis axillaires ou terminaux, et généralement munies de bractées ; le fruit est une capsule à deux loges monosperuies, entourée par le calice persistant. La pétrée grimpante a une tige rude, cylindrique, qui atteint jusqu’à 10 mètres de longueur et grimpe le long des arbres, en se mêlant à leurs rameaux ; ses fleurs sont d’un beau bleu en dehors et violacées à l’intérieur. Cette plante croit aux Antilles ; on la cultive fréquemment dans nos serres chaudes, dont elle fait un des plus beaux ornements, quand ses longs épis sont en pleine floraison ; on la met en pleine terre, le long des montants. On peut citer aussi la pétrée eu arbre, à feuilles luisantes, à fleurs mêlées de violet et de pourpre, et la pétrée rugueuse, dont les fleurs sont d’un beau violet.

PETHE1A, l’un des personnages grotesques qui figuraient dans certaines processions religieuses et dans certains spectacles ehez les Romains. Petreia, suivant Festus, représentait une vieille femme ivre et ouvrait ordinairement la marche, ou plutôt était promenée tout autour de la pompe solennelle, ctrcumferebatur. Elle était accompagnée d’un

autre type féminin, Citéria : celle-ci était, sui- ■ vaut Suétone, une commère à la langue alerte, effigies qusdam arguta et loquax ridieuli grada, qui jetait en passant aux spectateurs des interpellations joyeuses et des sarcasmes.

Pétrélde (la), poSme de Thomas (1786). La mort empêcha 1auteur de terminer cet ouvrage, dont il avait beaucoup soigné la composition. Les premiers chants contiennent l’histoire des voyages du czar Pierre qui, ayant formé le projet de civiliser son peuple, veut commencer par s’instruire lui-même. Il parcourt l’Europe pour y étudier les arts et ^es sciences qui contribuent k la grandeur des États. Le premier chant nous montre le héros du poerae en Allemagne ; le second est le récit de son séjour en Hollande, où il apprend sur les chantiers la construction des vaisseaux ; le troisième renferme son voyage en Angleterre, et les trois suivants racontent sa visite à la cour de France. L’auteur a cru qu’en sa qualité de poate il pouvait ne pas s’asservir rigoureusement à 1 exactitude historique ; c’est pourquoi, au lieu de faire venir le czar en France sous le Régent, il l’a amené sur la fin du règne de Louis XIV. Il a jugé que la situation de la France à cette époque était plus intéressante k peindre. Le chant septième est le récit de la descente du prince dans les mines. Lk s’arrête le poème, à l’exception de quelques fragments trop peu importants pour permettre de reconstruire le plan de l’auteur. Les plus beaux chants sont ceux où Louis XIV, vieux, corrigé par l’âge, instruit par ses malheurs, fait part de son expérience au futur fondateur de la Russie moderne.’Là, dans un’tableau vif et animé, Thomas fait défiler sous nos yeux toutes les gloires du règne, de Fénelon k Catinat. Les arts personnifiés tiennent leur place dans cette galerie formée avec tact et avec goût. C est une espèce de inusée des illustrations du xvu" siècle.

La Pétréide renferme de beaux passages et de beaux vers. Le caractère moitié sauvage, moitié civilisé de Pierre le Grand est exactement peint. Rien qu’a sa réponse aux compliments de celui qu’on appelait le grund roi, on devine Pierre le Grand.

Je cherche des leçons et non pas des hommages, Répondit le héros. Dans de» climats sauvages Le sort plaça mon nom sur la liste dus rois ; Je ce m’en défend» point ; mais qu’importent ces Qu’importe tehasardd’un titre héréditaire ? [droits ! J’abhorre une grandeur stérile et solitaire, Que mes tristes sujets ne partageraient pas. Oui, je veux les former aux vertus, aux combats ; Je veux par le génie ennoblir la victoire, Je veux tenir des arts mes titres a la gloire. Ce dessein m’a conduit dans vingt climats divers.

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