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pattes courtes et velues. Les chenilles sont très-allongées, cylindriques, garnies de petites verrues en forme de bourgeons, et ont la tête plate et plus ou moins échancrée dans sa partie supérieure. Elles vivent sur les arbres, au pied desquels elles s’enterrent pour 8e transformer en chrysalide, et cela sans filer de coque. Ce genre, par suite des démembrements qu’il a subis, est aujourd’hui réduit à un petit nombre d’espèces, dont trois habitent l’Europe. Leurs mœurs sont celles de la tribu des phalénites. V. ce mot.

PHALÉNITE adj. (fa-lé-ni-te — rad. phalène). Entom. Qui ressemble à la phalène. || On dit aussi phalénide.

— s. f. pl. Tribu d’insectes lépidoptères nocturnes, ayant pour type le genre phalène : Les chenilles de phalénites semblent arpenter le terrain qu’elles parcourent. (E. Desmarest.)

Encycl. Les phalénites présentent comme caractères principaux : les antennes sétacées, tantôt simples dans les deux sexes, tantôt pectinées ou ciliées chez les mâles seulement ; les palpes inférieures couvrant les supérieures ; la trompe grêle, plus souvent membraneuse que cornée ; le corselet plus souvent velu qu’écailleux, jamais surmonté de crête ni de huppe ; les ailes entières, les supérieures cachant les inférieures, qui sont peu plissées au bord interne ; l’abdomen généralement long et grêle. Les chenilles, nues ou garnies seulement de quelques poils rares, sont toujours arpenteuses ; elles ont ordinairement dix pattes ; quelques-unes en ont douze ou quatorze ; mais chez celles-ci les six premières et les quatre dernières servent seules à la locomotion, les autres étant trop courtes pour cet usage.

Cette tribu, qui correspond à peu près à l’ancien genre phalène, comprend quarante-huit genres, groupés en deux sections : i° antennes pectinées ou ciliées chez les mâles, simples chez les femelles : genres métrocampe, ennomos, himère, crocalide, angerone, eurymène, aventie, philobie, épione, timandre, hémithée, géomètre, amphidasis, nyssie, phigalie, hibernie, boarmie, halie, fidonie, ligie, numérie, cabère, éphyre, dosithée, acidalie, aspilate, pellonie, cléogène, phasiane, eubolie ; 2o antennes simples dans es deux sexes : genres rumie, uraptéryx, gnophos, vénilie, zérène, corycie, mélanthie, mélanippe, cidarie, anaitis, larentie, amathie, chésias, strénie, tanagrc, psodos, sione, minoa. Les entomologistes modernes ont eu l’ingénieuse idée de distinguer par les noms spécifiques les espèces qui appartiennent à ces deux sections ; le nom se termine en aria pour la première et en ara pour la seconde ; on reconnaît ainsi, au nom seul, si le mâle a les antennes pectinées ou simples.

PHALÉNOÏDE adj. (fa-lé-no-i-de — de phalène, et du gr. eidos, aspect). Entom. Qui ressemble à la phalène.

— s. f. pi. Tribu d’insectes diptères, de la famille des tipulaires.

PHALÉNOPSIS s. m. (fa-lé-no-psiss — de phalène, et du gr. opsis, aspect). Bot. Genre de plantes, de la famille des orchidées, tribu des vandées, comprenant des espèces qui croissent aux Moluques.

PHALÈRE s. f. (fa-lè-re — lat. phaleris, même sens). Antiq. rora. Plaque ronde en métal, ou Collier d’honneur composé de ces plaques, que les soldats romains qui s’étaient distingués à la guerre portaient sur la poitrine : La peialèbb était une décoration militaire ; ceux auxquels on accordait cette distinction portaient le nom de phalerati. Outre la Phalére en collier, les soldats portaient encore de petites phalêrks attachées à leurs casques et descendant, en forme de croissants, au-dessous des oreilles ; parfois même on ornait de la PHALÈRE le cou de son cheval.

— Art. vétér. Maladie des moutons.

— Encycl. Antiq. La phalëre était en métal, souvent en or, et avait la forme ou d’un disque ou d’une bulle, ou bien était simplement relevée en bosse. En grec, le mot phalos signifiait le cimier d’un casque, et phalaron l’ornement de ce cimier. Du dernier mot venait en latin le mot phalène, phalère. Ce genre d’ornement était porté par paire, aussi ne le trouve-t-on presque jamais mentionné au singulier. Il se plaçait sur les casques et sur d’autres parties de l’armure ; on en faisait aussi des colliers que l’on portait pendants sur la poitrine et que les généraux donnaient souvent comme récompense aux cavaliers, pour en faire un témoignage public et durable de leur bravoure. C’est un collier de ce genre que portait Euryale (Enéide, IX, 358) :

Euryatus phalera* Rhamnetis et aurea bullit Cingula…

Dans le même livre (457), Virgile montre au milieu des dépouilles les phaléres gagnées « par beaucoup de sueur » :

Agnoscunt spolia inter se, galeamque nitentem Messapi, et mutto phaleras sudore receptas.

La phalère s’entendait aussi d’un ornement qui se plaçait aux harnais des chevaux. Virgile en parle, lors des jeux funèbres célébrés en Sicile à la mémoire d’Anchise (Enéide, V, 310) : « Le premier vainqueur aura un cheval brillant de phaléres. »

Primus equum phaleris insignem vicier habeto.

Les phalères pour les chevaux étaient des courroies ornées de petits disques et de trèfies de métal, qui étaient adaptées à des housses enrichies de franges. De là est venu qu’on a dit « un cheval phaléré, » pour dire un cheval caparaçonné.

PHALÈRE, en latin Phalerus, un des trois ports de l’ancienne Athènes, sur le golfe Saronique, à l’E. des ports de Munychie et du Pirée. Il n’était accessible qu’aux petits navires. Patrie de Démétrius de Phalère.

PHALÉRIDINÉ, ÉE adj. (fa-lè-ri-di-néde phaleris, et du gr. idea, forme). Ornith. Qui ressemble ou qui se rapporte au starique ou phaleris.

— s. f. pi. Tribu d’oiseaux palmipèdes, ayant pour type le genre phaleris ou starique.

PHALÉRIE s. f. (fa-lé-ri — du gr. phaleros, brillant). Entom. Genre d’insectes coléoptères hétéromères, de la famille des taxicornes, tribu des diapériales, comprenant une quinzaine d’espèces, répandues dans les diverses parties du monde. Il Syn. d’uxoMA, autre genre de la même tribu.

— Bot. Genre d’arbrisseaux, rapporté avec doute à la famille des thymèlées, et comprenant des espèces qui croissent à Sumatra.

Encycl. Entom. Les phaléries sont caractérisées par une tête souvent cornue ou tuborculéa en dessus chez les mâles ; des antennes grossissant insensiblement et perfoliées à 1 extrémité ; les palpes maxillaires terminées par un article plus gros, cylindro-conique et comprimé ; la lèvre nue, coriace, échancrée ; le corselet transverse, carré ; l’écusson distinct ; les pattes fortes, les antérieures trigones, allongées, plus larges à l’extrémité, propres à fouir ; les tarses courts. On ne connaît pas leurs larves. Les espèces assez nombreuses de ce genre se divisent en deux sections, suivant qu’elles ont le corps ovyle-oblong ou court et presque arrondi. On les trouve sous les écorees des arbres ou dans les sables des côtes maritimes. Ce genre a des affinités avec les diapères et les tènébrions. Nous citerons, entre autres, laphaléfie culinaire, longue de 0m, 01, d’un fauve marron luisant, et la phalérie bimaculée, fauve et moitié plus courte, qui habitent la France.

PHALÉRIS s. m. (fa-lé-riss — du gr. phaleros, brillant). Ornith. Nom scientifique des Sturiques, genre d’oiseaux palmipèdes.

PHALEUCE adj. (fa-leu-se — de Phaleucus, l’inventeur). Métriq. anc. Se dit d’une espèce de vers ayant cinq pieds, dont le premier est ordinairement un spoudèe, quelquefois un ïambe, le second un dactyle, le troisième et le quatrième des trochées, et le dernier ordinairement un spondée et quelquefois un trochée : La plupart des pièces de Catulle sont en vers phalguces. (Acad.) |t On dit aussi phaleuque et phalbcïen. On nomme aussi ce vers hbndécasyllabb.

— s. m. Vers phaleuce.

PHALIDURE s. f. (fa-li-du-re — du gr. phalidos, luisant ; oura, queue). Entom. Syn. d’amyctère.

PHALIER (saint), solitaire français, né à Limoges, mort vers 525. De retour d’un voyage à Rouie et à Jérusalem, Phalier visita diverses villes de France, où, d’après la légende, il opéra des miracles, puis habita successivement les monastères de Fleury-sur-Loire et de Chabris. Sur sa réputation de sainteté, les malades accoururent en foule auprès de lui pour se faire guérir ou exorciser.

PHALISQUE s. m. (fa-li-ske — du lat. phaliscus, du gr. Phalisleos, nom d’un puete grec). Métriq. anc. Vers latin composé de trois dactyles et d’un spondée.

PHALLAGOGIE s. f. (fal-la-go-jî — gr. phallagôgia ; de phallos, phallus, et ieugâ, je conduis). Antiq. gr. Procession dans laquelle on portait solennellement un phallus.

PHALLAIRE s. f. (fal-lè-re — rad. phallus). Bot. Genre d’arbrissaux, de la famille des rubiacées, tribu des colféncées, comprenant des espèces qui habitent la Guinée.

PHALLÈNE s. m. (fa-lè-ne). Crust. Genre de crustacés parasites.

PHALLIQUE adj. (fal-li-ke — ma. phallus). Antiq. gr. Qui a rapport au phallus, qui appartient au culte du phallus : Emblème phallique. Les mythes les plus sensuels de l’antiquité, les cultes phalliques, se trouvent chez tes Phéniciens. (Renan.) Il Chœurs phalliques, Groupes dans lesquels on portait le phallus, principalement aux grandes dionysies, à Athènes. Il Chants phalliques, Chants des phallophores.

— s. f. pl. Fêtes en l’honneur de Bacchus ou d’Osiris.

Encycl. Cultes phalliques. V. phallus.

PHALLITE s. f. (fal-li-te —rad. phallus, pénis), Pathol. Inflammation du pénis.

PHALLODYNIE s. f. (fol-lo-di-nl — du gr. phallos, pénis ; odunê, douleur). Pathol. Douleur vague au pénis.

PHALLOÏDE adj. (fal-lo-i-de — du gr. phallos, pénis ; eidos, aspect), Hist. nat. Qui ressemble à un membre viril, a un phallus.

PHALLOÏDÉ, ÉE adj. (fal-lo-i-dé — du gr. phallos, phallus ; eidos, aspect). Bot. Qui ressemble au genre phallus.

— s. m. ou f. pi. Famille de champignons, ayant pour type le genre phallus.

PHALLOPHORE s. m. (fal-lo-fo-re — du


gr. phallos, phallus ; phoros, qui porte). Antiq. gr. Ministre de Bacchus, qui portait le phallus le jour des fêtes phalliques.

PHALLOPHORIES s. f. fol-lo-fo-ri — gr. phallophoria ; de phallos, phallus, et de p/ioros, qui porte). Antiq. gr. Fêtes dans lesquelles on portait solennellement le phallus.

— Encycl. V. phallus.

PHALLORRHAGIE s. f. (fal-lor-ra-jt — du gr. phallos, pénis ; rhagein, faire éruption). Pathol. Hémorragie à la surface du gland.

PHALLORRHAGIQUE adj. (fal-lor-ra-ji-ke — rad. phallorrhagie). Pathol. Qui a rapport à la phallorrhagie ; qui aies caractères de la phallorrhagie : Hémorragie piiaLLORRHAqique.

PHALLORRHÉE s. f. (fal-lor-ré — du gr. phallos, pénis ; rheô, je coule). Pathol. Ecoulement muqueux du pénis.

PHALLORRHÉIQUE adj. (fal-lor-ré-i-kerad. phallorrhée). Pathol. Qui concerne la phallorrhée ; qui en aies caractères : Ecoulement phallorrhéique.

PHALLUS s. m. (fal-luss — mot lat. provenu du gr. phallos, phalès, qui signifiait sans doute primitivement dard, comme kontos, latin contus, qui s’emploie aussi dans l’acception de pénis. Le grec phallus, phalês, en effet, représente exactement le sanscrit bhalta, bhalti, espèce de flèche, de la racine bhali, frapper, tuer. Dans un langage grossier, ou emploie aussi quelquefois le mot dard pour désigner le pénis). Antiq, Représentation du membre viril, que l’on portait dans les fêtes d’Osiris, dans celles de Bacchus, etc. : Le phallus était l’emblème du principe générateur. (Acad.) Séisostris fit ériger des PHALLUS partoutil pénétra. (B. Const.)

— Par ext. Membre viril.

— Fig. Homme sensuel, matériel : Néron peut être amoureux, Mahomet, non : Néron, c’est un phallus ; Mahomet, c’est un cerveau. (V. Hugo.).

— Bot. Genre de champignons, type de la famille des phalloïdées, dont l’espèce type habite l’Europe centrale : Peu de temps après son évolution, te phallus impudicusse désorganise. (Léveillé.)

Encycl. Hist. relig. L’adoration du phallus est commune à tous les cultes primitifs. Les vieilles civilisations égyptienne, phénicienne, judaïque, assyrienne, incloue nous ont laissé des traces non équivoques de leur commune vénération pour ce simulacre, qui’eut sa place dans les cérémonies religieuses de la Grèce et de Rome, et dont le souvenir sacré n’est pas encore effacé dans l’Inde. Avant de passer rapidement en revue les différentes phases du culte phallique, il n’est pas inutile de faire remarquer que, dans ces différents milieux, le phallus fut longtemps un symbole auguste, vraiment religieux et saint, et que les obscénités qu’a pu grouper autour de lui. la vieillesse des peuples ne peuvent être imputées à son origine et à son symbolisme primitif. On n’explique pas mieux ht formation des cultes par les instincts déréglés des peuples que par le fanatisme des prêtres. Ces systèmes, ingénieux au xviip-" siècle, sont aujourd’hui puérils.

Quelle est la plus ancienne manifestation du phallus comme symbole religieux ? Question qu’il est impossible de résoudre, mais qui perd de son importance quand on songe qu’une simultanéité, indépendante de toute influence, a dû fournir le même symbole pour exprimer la même idée physique. L’Égypte nous offre jusqu’ici les plus antiques monuments du culte phallique ; c’est donc par l’Egypte que nous allons commencer.

Égypte. Dans cette terre des mythes, le phallus était placé dans les temples ; cette image rappelait le membre viril du taureau, d’Apis, et non celui de l’homme. Hérodote précise le rôle que jouait alors le phallus. « Les Égyptiens, dit le père de l’histoire, célèbrent la fête de Bacchus (Osiris) à peu près de la même manière que les Grecs ; mais, au lieu de phallus, ils ont inventé des figures d’environ une coudée de haut, qu’on fait mouvoir par le moyen d’une corde. Les femmes portent, dans les bourgs et les villages, ces figures, dont le membre viril n’est guère moins grand que 1b reste du corps et qu’elles font remuer. Un joueur de flûte marche à la tête. Elles le suivent en chantant. » Remarquons que le phallus était porté en triomphe lors des fêtes d’Osiris, divinité solaire, et que, dans ce cas, ce symbole exprimait la puissance fécondante de l’astre bienfaisant sans lequel la vie n’existerait pas. Au reste, Plutarque, après avoir indiqué qu’Osiris était figuré avec trois phallus, donne la raison de cette représentation :« Ce dieu est le principe de la génération, et tout principe, par sa faculté productive, multiplie tout ce qui sort de lui. ' Le phallus conservait son caractère hiératique et sacré dans les cérémonies privées. Vivant Denon raconte qu’un phallus de proportion plus qu’humaine et qui devait provenir d’un taureau avait été embaumé et placé dans la sépulture d’une femme, où on l’a trouvé posé sur la partie correspondante de cette momie féminine. La légende d’Osiris et de Typhon, dont le mythe recouvre des vérités physiques et des vérités morales, se rattache par tout un côté à la religion phallique. Cette religion dura jusqu’au ive siècle de l’ère moderne ; quand, en 389, l’évêque


Théophile détruisit par la violence, au nom du nouveau Dieu, les monuments de la sagesse égyptienne, les représentations phalliques se réfugièrent dans la profondeur des puits, dans l’ombre des nécropoles, et l’historien Socrate déclare, plusieurs siècles après, avoir vu avec horreur « des figures infâmes » dans les souterrains du temple de Bacchus.

Palestine. Les Hébreux empruntèrent aux Égyptiens le dieu générateur Apis et le culte du phallus. Us lui donnèrent une assez grande extension, puisque la mère du roi en était la prêtresse ; que Aza les dépouilla de cette divinité, brisa les simulacres offerts à l’adoration des fidèles et brûla les ustensiles du culte dans le lit desséché du Cédron. Ezéchiel reproche à son tour au peuple infidèle les mêmes erreurs : « Vous avez pris des objets de parure, des vases d’or et d’argent qui m’appartenaient, et vous en avez fait des images viriles, et vous avez forniqué avec ces images. » Le phallus hébraïque Mipheletzeth fut, pendant neuf cents ans, le rival souvent victorieux de Jéhovah.

Syrie, Phénicie, etc. Lucien, dans le traité de la Déesse syrienne, mentionne l’existence, devant le temple d’Hiérapolis, de deux phallus de dimensions colossales, portant cette inscription : « Bacchus (Osiris) a élevé ces phallus à Junon (Isis), sa belle-è)mère. » Tous les ans, durant sept jours et sept nuits, un prêtre se tenait, priant, au sommet de l’un de ces phallus. En Phénicie, ce simulacre était également en honneur ; là, il avait un caractère solaire évident. Le mythe d’Adonis, dont les parties génératrices sont tranchées par la dent d’un sanglier, est la plus complète et la plus claire manifestation de cette idée physique. Le bel Adonis, que les filles de Sidon pleurèrent ensuite avec des préoccupations de plus en plus étrangères a l’astronomie, guéri de sa blessure, consacra le phallus, image de la partie blessée ; et c’était une grande joie a Byblos que la résurrection du dieu Soleil, le retour de toute la nature à la virilité, que l’hiver avait éteinte. La Phrygie offre également le mythe d’un dieu solaire et phallique, Atis. En Assyrie comme en Phénicie, le phallus figurait dans les mystères et dans les pompes religieuses. Alexandre Polyhistor, en parlant du temple de Bèlus, à Babylone. et des idoles variées et monstrueuses qui s’y trouvaient, dit qu’une de ces idoles avait deux têtes, l’une appartenant à l’homme et l’autre à la femme, ainsi que les parties de la génération des deux sexes. » Les membres destinés à la gènération, dit le géographe Ptolémèe, sont sacrés chez les peuples de l’Assyrie et de la Perse parce qu’ils sont les symboles du Soleil, de Saturne et de Vénus, planètes qui président à la fécondité. > La réunion des deux simulacres masculin et féminin se retrouve aussi dans l’Inde ; le symbolisme du Lingam consiste surtout en des représentations androgynes et panthéistiques, homme et femme, terre et ciel, soleil et lune. Les lingams de l’Inde offrent toute une série phallique indépendante et que nous avons étudiée à part. V. lingam.

Amérique. Le phallus d’Amérique ne nous présente pas une filiation apparente avec les phallus antiques ; ce symbole, d’aiîleurs, est trop simple et trop naturel pour que nous refusions à aucun peuple de l’avoir imaginé sans influence extérieure. Quoi qu’il en soit, à Tiascalla, ville du Mexique, on révérait l’acte de la génération sous les symboles réunis des parties caractéristiques des deux sexes. La mythologie mexicaine reconnaissait Tuzolteuti pour dieu de la luxure. Enfin, dit Dulaure, « lorsqu’on fit la découverte du Mexique, on trouva, dans la ville de Panuco, le culte particulier du phallus bien établi ; sa figure était adorée dans les temples. » Les naturels de Taïu avaient la même religion ; on a trouvé un de leurs phallus. « Il est représenté, dit Moreuu de Saint-Méri, dans une grandeur naturelle ; la forme en est régulière ; le gland est perforé ; il est aplati à sa buse pour recevoir une forme de charnière, » La plupart des phallus taïtiens sont des ex-voto ou des amulettes.

Grèce. Le phallus n’eut pas tout d’abord, chez les Grecs, l’importance religieuse qu’il avait depuis longtemps dans les croyances asiatiques. La première période du polythéisme grec, la plus pure, la plus exempte de mélange étranger, ne présente aucun exemple du culte du phallus. Le mythe seul de Saturne présente les parties génitales comme emblème religieux ou plutôt physique. Mais à la seconde époque, lors de l’invasion des dieux syriens, le phallus s’introduisit avec eux dans les cérémonies helléniques ; un dieu étranger, un dieu nouveau, l’Asiatique Bacchos ou Dionysos, divinité solaire et génératrice, associa à ses pompes les emblèmes phalliques, et, comme il parut a une époque de décadence, le phallus ne fut pas salué sur la terre hellenique par des hommages toujours intelligents. À cette époque, Melampos institua les phallophories ou processions phalliques, dans lesquelles on portait triomphalement, comme en Égypte, l’emblème de la génération. Au commencement, si l’on en croit Plutarque, ces fêtes ne présentèrent point le luxe et la licence qui y éclatèrent plus tard. « Rien n’était plus simple et plus gui à la fois, dit-il dans son