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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 3, Phen-Pla.djvu/171

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un jour la façon dont M. Haussmann transformait Paris, un député de la majorité l’interrompit par ces mots : t Paris avait besoin d’être aéré. — Et le bois de Vincennes, répliqua M. Picard, me direz-vous aussi qu’il avait besoin d’être aéré ? « Quelqu’un parlant devant lui de la fatuité native de M. Ollivier : «Oui, dit-il, Emile Ollivier fait, comme M. Jourdain, de la pose.... sans le savoir. » C’est encore lui qui disait en parlant du ministère du ï janvier 1S70 : « Le cabinet n’a brûlé la candidature officielle qu’en effigie. «


PICARD (Arthur), dit Picard d’Ambeysis, administrateur et journaliste, frère du précédent, né à Paris en 1824. Il fit ses études de droit et, après la révolution de 184S, devint un des partisans de Louis Bonaparte. À la suite du coup d’État du 2 décembre 1851, M. Picard se fit nommer sous-préfet de Forcalquier (Basses-Alpes) et fut chargé, à ce titre, de nombreuses mesures de rigueur contre les républicains de Manosque et de Forçai, qui s’étaient soulevés en apprenant la violation de la constitution et l’expulsion de l’Assemblée nationale par le chef de l’État. * L’année suivante, il passa à la sous-préfecture du Blanc (Indre), puis, en 1855, a celle de La Palisse. M. Picard d’Ambeysis, comme il se faisait appeler alors, remplissait depuis près de trois ans ces fonctions, lorsque, le 4 mars 1858, il envoya aux Tuileries la lettre suivante : « Sire, lorsque, te 20 décembre dernier, j’ai eu l’honneur d’être reçu par Votre Majesté, elle a daigné me promettre de me nommer sous-préfet de Roanne ou, a défaut, a une autre sous-préfécture de lro classe. J’ai omis de dire à Votre Majesté que c’était par M. de Persigny, mon parent, que je lui ’ avais été présenté il y a neuf ans et que M. de Persigny pourrait attester au besoin la réalité de mes services et de mon énergique dévouement avant d’être dans l’administration et depuis six années que je suis souspréfet. » Cette lettre, écrite au moment même où le gouvernement venait de faire voter la loi de sûreté générale, n’eut point l’effet qu’en attendait son auteur. Au mois de septembre suivant, il quitta La Palisse, aprè3 avoir adressé, le £6, aux maires de cet arrondissement une circulaire d’adieu dans

laquelle il disait : « Continuez à aimer l’empereur comme moi et à le servir avec dévouement ; tel est mon dernier vœu. • De

retour à Paris, pour une cause restée inconnue, il tomba en disgrâce et dut quitter définitivement l’administration. II.vivait depuis cette époque dans la retraite, lorsque son frère, M. Ernest Picard, le fit nommer, en juin 1868, rédacteur en chef de l’Electeur libre, dont il était un des fondateurs. Dans cette feuille, M. Arthur Picard attaqua vivement les agissements de l’Empire et, lors des élections complémentaires pour la Corps législatif qui eurent lieu à Paris en novembre 1869, il se porta candidat de l’opposition ré fiublicaine dans la ivo circonscription. Mais es journaux révélèrent alors ses anciennes attaches administratives et il obtint à peine quelques voix. Pendant le siège de Paris, il continua à rédiger l’Electeur libre, qui, grâce à son frère, devint un des journaux les mieux renseignés et qui cessa de paraître lors du mouvement communultste du 18 mars 1871. Aux élections complémentaires du 2 juillet 1871, M. Arthur Picard se porta candidat dans les Basses-Alpes, où, chaudement recommandé par son frère Ernest, il obtint 3,503 voix, mais ne fut point élu,

PICARDAN ou PICARDANT s. m. (pi-kardan). Vitic. Nom donné à un muscat blanc de Montpellier. I ! Vin fait avec ce muscat : Une bouteille de fwardan.

— Encycl. Ce vin languedocien est fait avec la clairette blanche. Les vins de picardan sont secs ou doux, selon le mode de fabrication auquel ils ont été soumis. Ils tirent leur nom du picardan, cépage qui le produisait autrefois, mais qui a été remplacé par la clairette, à laquelle on associe quelquefois le malvoisie et la panse musquée. Marseillan, Poinmerols, Florensac et Pinet sont les localités où le picardan est produit en plus

Îjrande abondance. Les coteaux qui bordent es deux rives de l’Hérault, de Clermont à Florensac, en fournissent aussi d’excellents, Connus dans le pays sous lenom de vins blancs de montagne.

Pour fabriquer les vins doux de picardan, on ne vendange que lorsque le moût marque 18° ou 200. Dans les années sèches, lorsque le vent du nord saisit le raisin au moment où la peau subit un commencement de décomposition, les moûts donnent 22» à 25°. On foule et on sépare le moût du marc comme pour les vins secs ; on l’entonne dans de petites futailles bien propres et bien méchées. Ce moût, qui est épais, qui coule comme de l’huile et qui brille d’une belle couleur dorée, ne fermente pas, et il est rare qu’il vienne à . se gâter et à perdre sa qualité de vin doux , sans pouvoir passer à l’état de vin sec. Dès qu’il est clair, on le soutire dans une futaille bien méchée, sur l’ouverture de laquelle on place la bonde sans l’appuyer. Lorsque le moût n’est pas assez épais et que l’on veut cependant en fabriquer du vin doux, on le mute ù froid en y versant environ 10 pour 100 de trois-six, ou, à chaud, en le saturant de soufre. Cette dernière opération s’effectue en jetant le moût sur un fond de tonneau persillé

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et en faisant arriver un courant d’acide sulfureux au moment où le liquide se trouve ainsi très-divisé. Le vin doux muté sert à édulcorer les vins cuits ; ceux qui sont naturels servent à faire, au moyen de traitements appropriés, des vins dits d’Alicante, de Xérès, de Malaga, etc. Le vin de picardan doux vaut, suivant son degré, de 15 à 18 francs l’hectolitre. C’est une liqueur qui se vend comme vin d’Espagne, mais bien meilleur marché, et qui, ne payant pas de droits d’entrée, fait une concurrence désastreuse aux transpyrénéens. Les vins de picardan ainsi transformés n’ont ni toute la vertu tonique de ceux qu’ils remplacent ni leur parfum aromatique, que l’on ne parviendra jamais à imiter.

Pour fabriquer les vins de picardan, on fouie le raisin dès qu’il est transporté à la cuve ; on laisse couler le moût et on le verse aussitôt dans les foudres où il fermente sans le marc. Le lendemain, on porte le marc sur le pressoir, on exprime le moût qu’il contient et on le met à part parce qu’il est plus coloré et moins fin que le premier. Le vin sec reste sur lie, quelquefois pendant toute une année. Les propriétaires les plus soigneux soutirent au mois d’avril ou de mars, s’il est limpide ; le vin est alors bouché et ouille de mois en mois. L’hectolitre se vend de 12 à 18 francs. Le vin sec île picardan so fait lorsque le moût atteint 15».

PICARDET (Hugues), magistrat français, né à Mirebeau en 1560, mort à Dijon en 1641. U exerçait la -profession d’avocat à Dijon quand M. de Berbisey, procureur général au parlement de Bourgogne, lui résigna sa charge (1588) en lui donnant sa fille en mariage. La charge tint probablement lieu de dot. Il resta plus de cinquante ans en fonction. Nous citerons de lui : l’Assemblée des notables faite à Rouen (Paris, 1017, in-18) ; Remontrances faites en la cour dit parlement de Bourgogne (Puris, 1618-1624, in-8o) ; l’Assembtée des notables tenue à Paris, 1626-1627 (Paris, 1652, in-4o)."Il a publié, en outre, un travail que Denis Godefroy a inséré en partie dans son Histoire de Charles VIII (ifiS4, in-fol.) ; en voici le titre : Georgii Flori de bello Italico et rébus Callorum prxclare gestis lib.yi (Paris, 1613, in-4o).

PICARDET (C.-N.), prêtre et écrivain, probablement de la famille du précédent, né à Dijon, mort vers 1794. Avant l’explosion révolutionnaire, il fut chanoine de la cathédrale de Dijon et prieur de Neuilly, dans les environs de cette ville. On dit qu’il avait commencé un travail important, une Grande apologétique, à l’aide de laquelle il comptait pourfendre toutes les hérésies qui so sont produites depuis rétablissement de la religion chrétienne et les anéantir à jamais. On a de lui : Essai sur l’éducation des petits enfants (Dijon, 1756, in-12) ; le» Deux Abdolonymes (Dijon, 1779, in-go) ; Histoire météorologique, nosologigue et économique pour 1785.

PICARDIE, ancienne division administrative de la France, formant un des grands gouvernements de la monarchie avant lu Révolution. Cette province confinait au N. à l’Artois et au Pas-de-Calais, a l’O. À la Manche et à la Normandie, au S. À l’Ile-de-France et à l’E. À la Champagne. Cap., Amiens. Son étendue du N.-O. au S.E. était d’environ 180 kilom. et de 160 du S. au N. ; mais, dans sa partie septentrionale ; sa plus grande largeur de l’E. À l’O. n’était que de 35 à 40 kilom. On la divisait en deux parties : la haute ■ Picardie, qui comprenait l’Amiénois, le Santerre, le Vermandois, la Thiérache, le Laonnuis, le Soissonnais, le Noyonnais, le Valois et le Beauvoisis ; la basse Picardie, comprenant le Pays reconquis, le Boulonais, le Pouthieu et le Vimeux, La Picardie présente un sol plat et uni, arrosé par l’Authie, la Somme, l’Oise et ia Canche ; le territoire y est fertile en blé, lin, fruits, betteraves ; mais il ne produit pas de vin à cause de la froideur du climat.

Quand César fit la conquête des Gaules, le •territoire qui forma plus tard la province de Picardie était habité par les Ambiant, les Veromandui, les Morini et les Belle vaci. Sous Honorius, il fut compris dans la Belgique IIe. De la domination romaine il passa sous celle des Francs, dont le chef, Clodion, résida à Amiens, puis il fit partie du royaume de Neustrie. Après la mort de Charlemagne, quand l’organisation féodale se fut instituée, il y eut des comtes de Vermandois, d’Amiens, de Ponthieu, de Boulogne, de Soissons, etc., qui tous reconnaissaient pour suzerain te comte de Flandre. Le nom de Picardie n’apparaît dans l’histoire de ce pays qu’au Xine siècle. On est incertain sur l’origine de ce nom ; mais parmi les diverses opinions sur son ètymologie, la plus vraisemblable est celle qui la fait dériver des piques dont se servaient les milices communales de ce pays. Les Anglais firent la conquête de la Picardie sous Philippe VI de Valois ; Charles VII la leur enleva et l’engagea peu après au duc de Bourgogne. Ce fut sons Louis XI, en 1463, que la Picardie fut définitivement réunie à la couronne. Quand la France révolutionnaire divisa son territoire en départements, la province de Picardie forma le département de la Somme et quelques parties de ceux du Pas-de-Calais, de 1 Oise et de l’Aisne.

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PICAREL s. m. (pi-ka-rèl). lchthyol. Genre de poissons acanthoptérygiens, de la famille des ménides, comprenant une dizaine d’espèces qui habitent la Méditerranée et l’Atlantique : Les picarels ont beaucoup de res-. semblance avec les mendoles. (Jussieu.) Lémery dit que le picarel excite le lait aux nourrices. (V. de Bomare.)

— Encycl. Les picarels sont des poissons de taille moyenne, à corps oblong, comprimé, plus gros vers sa partie moyenne, se rapprochant beaucoup du hareng par la forme, couvert d’écaillés assez grandes. Leur palais est lisse et dépourvu de dents ; ce qui les caractérise surtout, c’est l’extrême extension qu’ils peuvent donner à leur bouche, à cause des longs pédicules des intermaxillaires et du mouvement de bascule que leur font faire leurs os mandibulaires. Ils ont ainsi la faculté de projeter subitement leur bouche en forme de tube horizontal et de saisir par surprise les petits animaux qui nagent à portée de ce singulier instrument ; de là le nom d’iiisidiateurs qu’on leur a donné quelquefois. Ces poissons, qui ont des couleurs assez brillantes, vivent, comme les mendoles, auxquelles ils ressemblent beaucoup, sur les côtes vaseuses et herbues des mers et se nourrissent de petits poissons ou de mollusques mous qu’ils trouvent dans les plantes marines. Ce genre comprend une dizaine d’espèces, dont cinq se trouvent dans la Méditerranée et les autres dans l’Atlantique.

Parmi les premières, nous citerons surtout le picarel ordinaire ; c est un poisson à corps allongé, fusiforme, a tète pointue ; sa couleur est d’un gris argenté, avec quelques reflets dorés assez vifs, et nuancé de taches brunes irrégulières, avec quelques lignes longitudinales bleuâtres et les nageoires d’un beau jaune rougeâtre. Le picarel a une longueur de oro, so environ. Il se tient le plus souvent auprès du rivage et se nourrit de petits crustacés. U est si commun dans les purages d’iviça qu’il forme, a lui seul, plus iie la moitié du. produit total de la pèche de cette lie. Sa chair, sans être délicate ni recherchée, est ferme, de bon goût et très-saine. Les anciens lui ont attribué des propriétés particulières ; d’après Rondelet, les pêcheurs, après avoir salé ce poisson, l’exposaient à l’air pour le faire sécher. On le conservait aussi, en l’imbibant de sel, pour obtenir cette composition, appelée garum, que les anciens regardaient comme un de leurs assaisonnements les plus exquis. Ces poissons, ainsi préparés, contractent un goût piquant, qui paraît être l’origine du nom de picarel. Le picarel martin-peckeur, de couleurs plus brillantes encore que l’espèce précédente, vit aussi dans la Méditerranée.

PICARESQUE adj. (pi-ka-rè-ske — del’espagn. picaro, vaurien, vagabond). Littér. espagn. Se dit des pièces de théâtre, des romans dont le principal personnage est un fourbe adroit, un intrigant, un fripon : Inventions FtCARESQUES. Style PICARESQUE.

— Encycl. On dit le roman picaresque, le genre picaresque ; mais ce n’est jamais qu’en parlant d’une certaine branche de la littérature espagnole qu’on emploie ces expressions, parce que le roman et le genre picaresques n’ont véritablement fleuri qu’en Espagne. Le Sage, en important chez nous Gil Blas, Guzman d’Alfarache, le Diable boiteux, a été obligé de laisser la scène en Espagne, même lorsqu’il inventait, parce que les mœurs ptcaresques n’étaient possibles que là.

Le genre picaresque est certainement une des branches les plus intéressantes de la littérature espagnole ; c’est à coup sûr sa physionomie la plus originale. Le Sage, par ses traductions et ses imitations, ne nous en a fait connaître qu’une partie. Il faut, de plus, lire et étudier Hurtado de Mendoza, Cervantes, Quevedo ; ce sont les grands peintres du genre. Ceux qué Lesage a imités, Mateo AIp- manetVicente do Espinel, ne viennent assurément qu’en second ordre. C’est avec eux qu’il fait bon fouiller ces obscurs repaires, ces bus-fonds de la société espagnole, ces plaies des grandes villes, Sévtfle, Tolède, Madrid, suivre dans leurs pérégrinations ces mendiants, ces joueurs effrontés, ces intrigants de tout étage, espions, escrocs, bravaches, alguazils, filles perdues qui grouillaient de leur temps dans le quartier de Lavapies, ù Madrid, ou dans les Aimadiabas de Zuhara. Les plus grands maîtres du style, comme Cervantes et Quevedo, n’ont pas dédaigné sans doute de pénétrer dans ces repaires, qu’ils peignaient de visu ; la crudité et la vérité de leurs couleurs en font foi.

Le premier en date, et Von peut ajouter en mérite, des romans picaresques est le Lasarillo de Tormes de Hurtado de Mendoza (1554). Rarement la perfection du récit, la couleur du style, le relief des descriptions, des peintures, des caractères ont été poussés à un plus haut point dans aucune autre iangue, Après lui, Elgran Tacaûo de Quevedo, connu aussi sous le titre de Don Pablos de Ségovie, tient le premier rang. Ce sont Ik les deux romans typiques ; ils ont ouvert la voie, et une foule d’écrivains, de moralistes, d’observateurs ontexploité cette veine fertile. Cervantes, non dans le Don’ Quichotte, mais dans quatre ou cinq de ses nouvelles, et plutôt comme épisode que comme récit, a dépeint curieusement quelques aventures de ces singuliers personnages. Il y a dans l’une d’elles,

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l’Illustre servante, une description des pêcheries dé Zahara qui est un tableau achevé des mœurs picaresques. Enfin, le Guzman d’Alfarache de Mateo Alcmun, Justine la uawiciw de Lopez de Ubeda, Don Marcos de Obregon de Vicente de Espinel, l’Hameçon des bourses de Zolorzano, pour ne parler que des plus célèbres, complètent cette curieuse série d’études de mesura.

Le genre picaresque est particulier à l’Espagne, parce que nulle autre nation n’a possédé si longtemps et si complètement de pareilles mœurs. Les romanciers n’ont rien eu à inventer ; ils n’ont eu qu’à voir et à peindre. Il y a eu des mendiants, des vagabonds partout ; mais comment auraient-ils vécu dans les autres pays au*si a l’aise qu’en Espagne, où l’on vit pour quelques sols par jour ; où, la nuit venue, un manteau troué, roulé sur quelque marche d’église, sert d’oreiller et de matelas ? Les guerres contre les Maures avaient mis sur pied toute la nation ; tout ce qui possédait ■ un arinet de Mambrin et une vieille rapière s’était enrôlé, s’était battu •, mais les Maures vaincus, la paix faite, les habitudes sédentaires étaient désapprises ; de là toute une population de bravaches et de rodomonts qui encombra les grandes villes. Les masses d or apportées par les galions causèrent un peu plus tard de telles perturbations monétaires que beaucoup de grands seigneurs se virent ruinés ; de là une foule de don César de Bazan, plus propres à faire le coup d’épée qu’à toute autre chose et hattant le pavé en quête d’aventures. Ajoutez à cela la fierté castillane, qui trouve que le travail est indigne de l’homme libre, la vénalité des juges toujours prête à se laisser corrompre pour un écu, et vous aurez en résumé lus causes premières de cet élément picaresque, plaie do la société espagnole, mais originalité de sa littérature.

Pour mieux faire apprécier tout ce que ce geure a de piquant et comme il fournit nu peintre des traits précieux, nous détacherons, non d’un roman, mais d’une poésie do Quevedo une page saisissante. Chaque vers est un trait de mœurs excellent ; c’est un duel entre deux bravaches :

« La descendirent, en sortant de la caverne de Lèpre, Musearaque de Séville et Zamborondon de Yepès ; des vaillants.

> Il y avait eu de grands mots, des : « Je ne mange pas de lièvre. — Ni moi de la femelle du coq. — M’a-t-on vu en déjeunerî» Des : « Tu mens ! » gros comme lo poing ; une grêle de coups de chapeau et un déluge de soufflets.

Là se trouva Calamorra, homme de relations vaillantes, qui, avec un : • Qu’on 3e con

  • tienne ! > mit le bolà et régla l’affaire.

« On descendit au pont de Ségovie. Mojagon dit, en arrivant à la plaine qui est entre le parc et le pont : « Pour une noce de l’épée, l’endroit dit : à table I »

Les deux se jettent en arrière et, retroussant leurs manteaux, ils sortent à reluire les épées devenues serpents.

« Rouge court le poivre 1... Deux laquais accoureutet grand bouillonnement de monde. On criait : « Au large 1 et qu’on appelle qiielqu’un qui les confesse ! »

■ La Mendez criait des : « Vœu au Christ ! » comme, dans la lieue de Gétafe, n’en entendirent les mules ni les essieux.

« Mais quand ils se virent entourés d’alguazils et d’huissiers, de plumes et d’encriers, de bruillards et d’écrivains criant : « De par

« le roi 1 • les combattants prirent par le milieu de la rivière le trot des poissons, et Manzoro saisit deux capes, lui qui depuis l’enfance trouve ce que personne n’a perdu I»

Le tableau est complet.

Un autre grand poste, plus moderne, puisqu’il appartient à la génération de 1830, Espronceda, a peint aussi avec beaucoup do

relief, dans son Diable-Monde et dans ('Etudiant de Salamanque, les mœurs picaresques du quartier de Lavapies. Ses manotas et ses guapos sont les digues descendants des personnages qui posaient, deux cents ans auparavant, devant l’œil observateur et satirique de Quevedo,

PICARIÉ, ÉE (pi-ka-ri-é). Ornith. Syn. de

PICIDli, ÉIS.

PICARO s. m. (pi-ka-ro — mot espagn. qui signifie vaurien, fripon). Homme intrigant et fripon : À sept ans, Afataias Schwartz quitte la maison paternelle et mène une vie de vrai picaro. (Feuillet de Couches.)

— Encycl. Picaro est le type d’un certain genre de roman espagnol ; cest le fripon, le chevalier d’industrie. Le Guzman d’Alfarache de Mateo Aleman, imité par Le Swge, est le plus ancien et le plus célèbre des romans espagnols dits picaresques. Le nom de picaro a passé dans notre langue ; on lit dans Gil Blas.’ « Si, dans son enfance, Scipion a été un vrai picaro, il s’est depuis si bien corrigé, qu’il est devenu le modèle d’un parfait domestique.— Monsieur de Saniillane, me dit-il en souriant à la fin de mon récit, à ce que je vois, vous avez été tant soit peu picaro. »

V. GCZMAK d’ALFARACUE.

Picaro» et Diego, opéra-comique en un acte, de Dupaty et Daluyrac (théatra Feydeau, 3 mai 1303), un des plus amusants de l’ancien répertoire. Il avait été joué d’abord à l’Opéra-Coinique (î7 février 1802) sous le titre de l’Antichambre ou les Valets entre eux ; mata