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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 4, Ple-Pourpentier.djvu/149

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aspect pittoresque et riant que l’on ne saurait comparer à celui d’aucun autre pays de l’Europe. De jolis bois composés de toutes sortes d’arbres et des lacs de toute grandeur, entremêlés de terres labourées, de prairies et de villages, des collines qui ondulent au milieu de ces lacs, impriment à ce pays une physionomie difficile à décrire.

« La Polésie était le pays des forêts par excellence. Si, dans la partie marécageuse de cette province on ne trouvait que des arbres chétifs, au contraire, en s’élevant sur les deux versants du bassin formé parle Pripet, on voyait se dérouler d’épaisses forêts qui s’avançaient jusque dans les plaines sablonneuses du palatinat de Lublin. Ces forêts couvraient des espaces infinis. Les pins y croissaient seuls et répandaient sur tout le pays la morne teinte de leur sombre verdure ; de là, peut-être, le nom de Noire donné à cotte partie de la Pologne (la Ruthéuie noire). » De toutes les provinces de la république, aucune ne pouvait rivaliser avec la Lithuanie pourl’étendue de ses forêts, Miçkiewicz, dans son épopée populaire de Thadée, fait une description de la Lithuanie que l’on viie comme un des plus beaux morceaux de la poésie slave :

« Qui a jamais songé, dit-il, a sonder l’immensité des forêts lithuaniennes, leurs ombres mystérieuses et le secret de leurs abîmes ? Le fond de la mer se rit des efforts du pêcheur, et les forêts de Lithuanie défient le chasseur de violer le secret dé leur sanctuaire. Là sont des retraites qui n’appartiennent pas au monde, des lieux, que le regard de l’homme n’a jamais pénétrés. C’est là que régnent depuis des siècles le despote des forêts, le bison orgueilleux, et l’ours terrible, entourés de leur cour sauvage...

Rien ne contrastait autant avec la froide Lithuanie que les belles contrées qui, sous le nom général de Ruthénie ou Russie Rouge, s’étendaient au midi de la Pologne, de la rive droite du San aux bords du Dnieper. C’était le pays des vastes champs de blé, des épis dorés, des riches moissons, des grands troupeaux, le pays de l’abondance. Le sol y était d’une admirable fertilité, le climat plus doux que dans le reste de la Pologne, les hivers inoins longs, le soleil plus radieux... Des chaînes de petites montagnes, que couronnaient dans te lointain les cimes élevées des Karpathes, entrecoupaient l’horizon et s’abaissaient insensiblement en collines et en ondulations de terrain, pour venir se perdre dans les champs fertiles de la Podolie.

C’est là surtout, en Podolie, que se déployait dans tout son luxe la nature privilégiée de la Russie méridionale. Comparée aux autres provinces de la Pologne et de la Lithuanie, la Podolie était véritablement le pays du soleil ; aussi lui donna-t-on, dans ses armoiries, un soleil pour emblème et la vit-on, sous les rayons de son astre bienfaisant, surpasser tous les pays voisins par la puissance de sa fécondité et la richesse de sa nature. • Gratiani dit, dans sa Vie de Commendon : « Ces vastes plaines produisent, sans aucun secours de l’art ou de la culture, une grande abondance de fruits, et les herbes y sont si bien nourries, qu’elles croissent jusqu’à la hauteur d’un homme et répandent dans tous les champs une odeur très-agréable. »

Constitution géologique et productions minérales. Toute la vaste étendue de terrain qui composait la Pologne ne forme qu’une immense plaine ondulée par quelques collines et couverte d’une épaisse couche de sable. « Toute l’étendue de la Pologne, dit M. Léonard Chodzko, présente les traces de l’action violente causée par la retraite des eaux maritimes. D’innombrables lacs, qui couvrent encore plusieurs palatinats, recèlent dans leur sein des plantes et des poissons de mer. À côté de ces phénomènes, on trouve partout les restes de fossiles et de plantes qui appartiennent k d’autres régions et dont on ne connaît même plus les espèces. Des restes immenses de baleines, retirés du fond de ce sol, se voient encore sur les tours des vieux châteaux. Sous le règne du dernier roi électif, Stanislas-Auguste Foniatowski, lorsqu’on creusait le caual pour la’ jonction du lac Hryczyn avec le Pripet, en Polésie, ou trouva une ancre de vaisseau ; sur les bords de la Vistule, à Czersk, près de Varsovie, et près des sources de ce fleuve, à Oswiécim, on découvrit d’immenses fossiles de mammouth. Les salines de Wieliczkn, non loin de Cracovie, renferment des dents d’éléphant. Sur les bords du Boug on trouva, en 1810, une tête et une mâchoire de rhinocéros. >

La Lithuanie et le royaume actuel de Pologne appartiennent presque entièrement au groupe tertiaire ; l’éocène y domine ; mais elle renferme aussi des terrains crétacés appartenant, comme les terrains jurassiques, au groupe secondaire.

Les richesses minérales se trouvent principalement dans les provinces vistuliennes ou royaume de Pologne et dans la Galioie.

Les richesses minérales des gouvernements de Kieluo et de Piotrkow (Pologne russe) peuvent se classer en deux groupes principaux : le groupe du N.-E., qui comprend les cercles d’Opoezno, de Kielce et d’Opatow, produit principalement du fer et un peu de cuivre, d’étain et de zinc ; le groupe du S.-O., auquel appartient le cercle d’Olkusz et les régions avoisinantes du gouvernement de

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Varsovie, produit aussi du fer, ûe l’étain, du zinc et surtout de la houille.

Il existe aussi dans les régions montagneuses des carrières de marbre et des ateliers de polissage pour ce minéral, puis, en différents endroits, des carrières de chaux et des fours à chaux. La couche de houille de la Pologne, qui fait suite à celle de la Silésie, est située dans l’angle S.-O. du gouvernement de Radom, et se prolonge, dans le voisinage de la voie ferrée, pendant presque toute la longueur de la frontière prussienne et de la frontière autrichienne. Les principales mines en exploitation sont situées entre Siewiecz, Bendzin et Slawkow.

On trouve, en outre, du plomb à Olkusz (gouvernement de Piotrkow), du graphite près de Kiev, du salpêtre en Podolie et en Volhynie, et des mines peu importantes d’alun, d’albâtre, de gypse, de craie, etc., sur divers points du territoire.

La Pologne possède les mines de sel les plus considérables du monde entier : celles de Wieliezka et de Bochnia, en Galicie ; on l’extrait directement ou par l’évaporation des sources salées, dont il existe un grand nombre en Galicie et quelques-unes, comme celle de Ciechocinek, dans la Pologne russe. On trouve du fer à Lysa-Gora (Pologne russe), dans les Karpathes, dans la Polésie, dans la Volhynie, etc. ; du cuivre et du zinc près de liielce ; de l’alun dans la Ruthénie ; du graphite près de Kiev et en Volhynie ; du manganèse près des Karpathes et à Lysa-Gora ; du salpêtre en Podolie et en Voïhynie ; du soufre dans les provinces méridionales et notamment à Swoszowice, Krzeszowice et Czarnkow ; de l’albâtre à Czarnokozienice, en Podolie, et dans la Ruthénie rouge, près de Bursztyn. D’après Lelewel, ou trouve de l’or à Grojec, près de Bendzin (Pologne russe) ; de l’argent, du plomb, de 1 outremer et du marbre à Chenciny ; du cuivre à Bieek ; de l’argent à Nowagora, près de Tenczyn ; du cuivre et de la Souille dans les environs de Tenczyn ; du mercure à Babiagora, etc.

On trouve de la tourbe presque partout en Pologne ; la houille est très-répandue, surtout en Galicie ; toutefois le bouleversement général produit en Pologne par les invasions des Suédois- au xvne siècle, puis par celles des Russes au xvme siècle, a été funeste à l’industrie métallurgique. La plupart des mines dont parle Lelewel ont été abandonnées depuis cette époque. Pour donner une idée de l’importance de ces anciennes mines, il suffira de rappeler qu’en 1511 les commerçants hollandais chargèrent soixante-dix navires de cuivre provenant de l’exploitation de Kielce.

On cite spécialement, en fait de sources minérales, les eaux sulfureuses de Krzeszowice, de Busk et de Swoszowice ; les eaux salines de Ciechocinek et d’Ivonicz, et les sources ferrugineuses de GofcdzikowetdeNalenczow.

Orographie. La Pologne a l’aspect d’une immense plaine. C’est seulement dans sa partie méridionale que l’on trouve une chaîne de montagnes importante, les Karpathes, qui formaient la frontière de l’ancienne Pologne et celle de la Pologne autrichienne actuelle, depuis la Moldavie et la Transylvanie, k l’E., jusqu’à la Moravie et la Silésie, à l’O. Dans la partie méridionale de la Pologne, on rencontre également des plateaux élevés, que la vallée de la Vistule sépare du plateau de la Galicie. On les divise en plateaux de Satidomir et en plateaux de Cracovie, situés les uns entre la Vistule, la Piiiça et la Nida’-et les autres, qui forment le prolongement du plateau de la haute Silésie, entre la Piiiça et la Warthe. Les plateaux de Sandomir atteignent leur plus grande élévation vers le centre de l’ancien gouvernement de Radom ; leur masse centrale y est formée par les hauteurs situées à gauche de la chaussée allant de Kielce à Suchodniew, où le sol a une altitude de 425 mètres environ. La chaîne principale, la Lysa-Gora (montagne chauve), qui est remarquable surtout par ses formes saillantes et que couvrent d’épaisses forêts, présente les points les plus élevés du pays, entre autres la Lysica-Gora, qui a une altitude de 660 mètres. Le mont Swiento-Krzyz (Sainte-Croix), le plus élevé après le précédent, n’atteint pas tout à fait 600 mètres. Le sud de ce plateau est en partie couvert de collines et en partie entrecoupé de ravins et de défilés taillés à pic, en sorte que parfois, surtout en temps de pluie, les communications deviennent très-difficiles, souvent même impossibles. Le plateau de Cracovie a une altitude moyenne de 300 mètres, mais en certains endroits il atteint 350 mètres et, aux sources de la Piiiça, son point le plus élevé, 500 mètres. Le plateau d’Oszmiana a une altitude de 300 mètres et celui de Krzemieniec (Volhynie) de 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce dernier forme la hauteur la plus considérable entre la mer Noire et la mer Baltique. Les montagnes de Miel, appelées par M. Eichwald ptuteau d’Avratyue et par M. Ilowaezynski plateau de Volhynie, ne dépassent pas 100 mètres d’élévation ; le Boug et plusieurs affluents du Dniester et du Pripet y prennent leur source.

Hydrographie. Sous le rapport hydrographique, la Pologne est une des régions les plus favorisées de l’Europe. Parmi les fleuves, les uns se jettent dans la mer Noire, les autres dans la mer Baltique. Parmi ceux qui se jettent dans la mer Baltique, les prin tolo

cipaux sont : la Vistule, la Passarg, le Niémen, la Dwina et la Warta ; parmi ceux qui se jettent dans la mer Noire, le Dnieper, le Dniester, le Boug et le Prouth. Voici l’énumération des autres fleuves et rivières navigables : Bérézina, Boda, Dounuiets, Horyn, lasiolda, Narev, Nida, Niewiaza, Notets, Pilica, Prosna, Pripet, San, Slucz, Soz, Styr, Svienta, Vieprz, Vilia, Visloka.

La Pologne est couverte, surtout au N., de lacs et de marécages. Les principaux lacs sont ceux de Goplo (sur la frontière russoprussienne), Svitach (près de Khelm), Miastro (gouvernement de Wilna), Olcha (gouvernement de Minsk), Kniaz et Swiznica. Les marais ont une étendue immense. Celui de Pulwy-Bloto, près de Pultusk (Pologne russe), a 20 kiloin. de longueur et ceux de la Polésie (gouvernements de Grodno, et de Minsk) couvrent plus de 80.000 kilom. carrés.

La Pologne, dans ses grandes ramifications fluviales, communique avec trois mers d’Europe : 1» avec la Baltique, par Dantzig, sans aucun secours de l’art, puis par le canal de Bromberg, la Notets, la Warta et l’Oder, enfin par la route du Niémen, c’est-à-dire par la Narew, la Biebrza, la Netta, le canal d’Augustow, le Niémen, la Dubissa, le canal de Windawa et la Windawa elle-même, qui débouche dans la mer près de la ville de ce nom ; 20 avec la mer du Nord, par ta route de la Warta, de la Notets et de l’Oder, la Sprée, le canal de Havel, le Havel et enfin l’Elbe, qui verse ses eaux à Hambourg ; 3» avec la mer Noire, par la Vistule, .en-remontant le Boug, qui lui apporte ses eaux pat la Narew, près de la forteresse de Modlin, le Muehawiee, débouchant dans le Boug à Brzesc-Litewski, par le canal de Muehawiee, la lasiolda, le Pripet et le Dnieper.

Climatologie. Le climat de la Pologne est plus rigoureux que celui d’autres pays européens situés sous la même latitude, comme l’Angleterre et la Belgique. Dans ljt Podolie et l’Ukraine, provinces les plus favorisées de la Pologne sous le rapport du climat et situées sous la même latitude que la moitié nord de la France, le sol est constamment couvert de neige en hiver ; le climat est plus rude encore en Lithuanie ; à Varsovie, la Vistule gèle depuis la fin de décembre jusqu’aux premiers jours de mars. Les vastes plaines polonaises ne présentant presque aucun accident de terrain, les différences de climat sont moins considérables qu’on ne "s’y attendrait dans un pays qui s’étend du 48° au 57° degré de latitude. La température moyenne de l’année à Varsovie est de -f- 9°,5 ; en hiver

— 3», en été -f- 2ï«. La température moyenne de l’année à Wilna est de + 6, k Cracovie de -|-90,8. Les vents du nord et de l’est soufflant sur les plaines sans rencontrer aucun obstacle contribuent à rendre la température rigoureuse ; les vents du sud sont arrêtés ou refroidis par tes Karpathes.

« Le climat de la Pologne est très-capricieux, » dit Malte-Brun. En 1493, les arbres fleurirent et la terre fut couverte de blé, de ga^on et de fleurs en janvier et février ; au mois de mars, les froids furent terribles ; l’armée, turque qui avait envahi la Pologne fut anéantie ; soldats et chevaux périrent de froid. À la fin d’octobre l5G8et en décembre 1588, on vit tous les rosiers fleurir à Dantzig. Le 17 mai 1792, il neigea pendant trois jours à Léopol et il gela comme en février, pendant qu’à Varsovie il ne faisait que

— 2°. Parmi les froids les plus rigoureux, on cite ceux de février et de décembre 1799 (— 330) et de 1820 (— 310). En été, on a vu la température atteindre -f- 35» à l’ombre et + 500 au soleil.

Les orages sont fréquents et d’une grande violence au printemps et en automne, plus rares en éfê. Les globeS’de feu, les parhélies, les étoiles tombantes, l’aurore boréale et d’autres phénomènes phosphoriques ou électriques sont assez fréquents en Pologne.

Faune. Les immenses forêts de la Pologne ont, pendant longtemps, donné asile à des animaux disparus dans le reste de l’Europe : l’urus, le lynx, l’onagre et le bison. Cette dernière espèce, détruite dans tout le reste du continent, existe encore aujourd’hui en Pologne dans la forêt de Biaiowiez, la plus grande des forêts de l’Europe. Le castor, jadis très-répandu en Pologne, est aujourd’hui presque entièrement détruit. On trouve, en outre, dans les forêts, surtout en Lithuanie, une grande quantité de loups, d’élans, d’ours, de loups-cerviers, de chevreuils ; les sangliers, les cerfs et les daims sont plus rares ; le renard, l’écureuil, le lièvre sont partout très-répandus.

Parmi les animaux domestiques, le cheval est vigoureux et supporte mieux le froid que celui d’Allemagne, e Opiniâtre à surmonter les obstacles, dit un voyageur, infatigable à la course, peu délicat dans ses aliments, il est capable de vivre d’écoree d’arbre... Un cheval un peu plus gros que son cavalier le transportera au galop à 15 ou 20 lieues, et souvent sans éperons, à l’aide d’un coup de sifflet. » Mais, dans certaines provinces, notamment dans la Grande Pologne, les chevaux sont loin d’être d’une aussi bonne espèce. Les chevaux d’Ukraine passent pour les meilleurs. Les ânes sont plus rares que dans le midi de l’Europe. Tous les oiseaux o, ui vivent d’insectes sont en très-grand nombre ; le rossignol, en particulier, est très-commun ; sa

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voix est plus forte et plus mélodieuse qu’en France. L’aigle, le faucon, la vautour, le cygne, la perdrix, la caille, l’élourneau et ta coq de bruyère sont communs en Pologne. Les poissons peuplent toutes les eaux de la Pologne. On y trouve en abondance anguilles, barbeaux, brèmes, lamproies, perches, saumons, tanches, truites, turbots, etc.

Le genre des reptiles est très-nombreux ; certaines provinces couvertes de marécages, telles que la Lithuanie, donnent asile à un nombre énorme de serpents ; les anciens LU thuaniens les adoraient j de nos jours encore, un certain nombre de paysans de cette province nourrissent des serpents apprivoisés. Les grenouilles et les crapauds pullulent : le voisinage des marais attire un grand nombre d’oiseaux aquatiques.

Des myriades d’insectes infestent les campagnes. Les provinces du sud-ouest sont exposées aux invasions des sauterelles. Les cousins, en été, sont plus incommodes encore et plus nombreux qu en Italie. Parmi les insectes utiles, l’abeille est très-répandue ; un insecte nommé czerwiec fournit une belle couleur pourpre. Autrefois, on en faisait un commerce considérable avec l’Italie par la mer Noire ; les paysans seuls s’en servent aujourd’hui pour teindre leurs ceintures et leurs étoffit de laine.

Flore. La Pologne est, après la Russie, le pays le plus boisé de l’Europe. La superbe forêt de Biaiowiez, la plus grande de l’Europe (52 lieues et demie de France), rivalise en magnificence avec les forêts vierges de l’Amérique. Le pin sauvage ou pin d’Écosse domine dans les forêts polonaises ; on y rencontre également, et en abondance, le sapin noir, le bouleau, l’aune, le mélèze, le tremble, le chêne, le hêtre, le frêne, l’érable, le tilleul, l’orme, le peuplier blanc et noir, le sorbier, le saule, le noisetier, le genévrier, le cormier, l’aubépine, etc. Le chêne de Pologne est préféré à celui d’Amérique pour la construction navale.

Les forêts de pins prédominent dans la Ruthénie noire, les forêts de hêtres dans la Bukowine. Le chêne est plus rare et se rencontre principalement dans la Pologne méridionale. Tout le nord est couvert de forêts de bouleaux. ■ Lebouleau, dit de Noailles, atteint en Pologne à des proportions plus grandes que dans les autres pays de l’Europe ; il y devient un arbre de haute futaie ; le tronc en est plus élancé, le branchage plus épais, la forme générale plus élégante, » On trouve, en outre, en Pologne un arbre très-rare dans le reste de l’Europe, le mélèze.

Dans les prairies et les bois abondent des plantes utiles à la médecine, telles que : Tussilago farfara, matriraria camomitta, aretium lappa, mentantes trifoliata, folia odorata, artfiemisia absinlhium, etc.

Les plantes pour la teinture sont ; Asperula tinctoria, gallium boréale, licopus europem, actea spicata, isatis tinetorin, etc.

Les céréales et tous les objets de consommation alimentaire, tels que pommes de terre, pois, fèves et toutes sortes do légumes, y sont cultivés sur une grande échelle.

Un graud nombre des végétaux des zones tempérées et des plantes qui prospèrent en France ne peuvent supporter le climat de la Pologne. Néanmoins, la végétation est riche et vigoureuse.

Le savant Gilibert a reconnu en Lithuanie quelques centaines de plantes que l’on avait cru n’appartenir qu’à la Sibérie ou au nord de la Russie et de la Suède.

Le noisetier et le daphné mésereum poussent des fleurs vers l’équinoxe du printemps. D’après Erndtel, les peupliers blancs fleurissent au mois de mars. « C’est dans lu mois suivant, dit-il, que s’épanouissent les fleurs du genévrier, du saule, de l’aune, du bouleau, du frêne commun ; dans le mois de mai fleurissent le hêtre, le sureau à grappes, te poirier sauvage et le berberis. En juin fleurissent le noyer, le sureau commun, la ronce commune, l’asperge et le chanvre ; la datura stramonia fleurit au mois de juillet. »

Histoire. De temps immémorial, les vastes contrées qui s’étendaient entre la mer Noire et la mer Baltique étaient habitées par des peuples désignés par les anciens géographes sous les noms d’Antes, ilenètes, Vendes, Vénèdes (Homère, dans VIliade, parle déjà dus Henètes), et plus tard sons celui déSuives. Ces peuples ont eu à subir, d’après Szafarzik, au vu et au ive siècle av. J.-C, l’invasion des Scythes ; au me et au no siècle celle dosSarmates ; au n« et au m" siècle après J.-C. celle des Goths et au ivo siècle celle des Huns. Au nord des Vendes habitait une race différente désignée par Hérodote sous le nom de Scythes, par Tacite et par Ptolémée sous celui de Finnois ; le nom grec de Scythes ou Skytes n’est, d’après Szafarzik et Plusieurs autres ethnologues, qu’une variante au nom de Tchoudes, par lequel les Slaves ont désigné en tout temps les Finnois. Szafarzik et Ôssolinski considèrent connue appartenant à la race slave les Neures, les Budins et les Scythes agriculteurs, tributaires des Scythes proprement dits, dont parle Hérodote. Les Neures étaient sans doute le même peuple que Ptolémée appelle Naouurea et Tacite Naharvales ; ils habitaient très-probablement les environs de la rivière appelée Nour ou Narev (Pologne russe), territoire nommé de nos jours encore Nurska-Ziemia (mot à mot terre nourienne). Pline l’Ancien et