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simples : on les a appelées modifications allotropiques,

POLYMYTHIE s. f. (po-li-mî-tl —du préf. poly, «t du gr. muthos, fable). Littér. Poème qui offre une multiplicité d’incidents, d’épisodes,

PÛLYMYXË adj. {po-li-mi-kse — gr. polumuxùs ; de noi«.î, nombreux, et de muxa, lumignon). Antiq. Se dit d’une lampe qui a plusieurs becs eu mèches.

POLYNÈME a. m. (po-li-nè-me — du préf. poly, et du gr. néma, tiï). Ichihyol. Genre de poissons acanthoptérygiens, de la famille des percoïdes, comprenant une douzaine d’espèces qui habitent surtout la mer des Indes : Les poltnémes ont le corps oblong. (C. d’Orbigny.)

— s. f. Bot. Genre de champignons filamenteux, voisin des pestalozzies, et dont l’espèce type croit en Italie.

— Ëncycl. Les polynèmes ont le corps oblong ; la tête entièrement couverte d’écaillés ; le préopercule dentelé ; la gueule très-fendue, année de dents en velours ras ; là, langue lisse, courte et large ; les ouïes très-ouvertes ; les nageoires "dorsales fort écartées ; les pectorales munies de plusieurs rayons libres et formant autant de filaments. Ces poissons habitent surtout la mer des Indes et se font remarquer autant pur la richesse de leurs couleurs que par la délicatesse de leur chair. Le polynème à longs filt, vulgairement nommé poisson mangue ou de paradis, piracouba, etc., atteint la longueur de om,15 ; son corps est d’un jaune citron, quelquefois argenté, à reflets pourpres ou dorés, avec les nageoires d’un jaune orangé. Le polynème camus est commun à l’embouchure des rivières d’Afrique.

POLYNESIE, une des quatre grandes divisions de l’Gcéanie, située entre la Micronésie et la Malaisie à l’O. et la côte occidentale du continent américain à l’E., comprenant les innombrables petites îles qui composent les archipels situés entre 160" de longit. E. et 105« de longit. O-, et 35° delatit. N. et 56» de latit. S. Les subdivisions naturelles de la Polynésie se présentent dans l’ordre suivant ; i" le groupe des îles Pelew : £° les lies Mariantes, qui appartiennent à 1 Espagne et font partie de la capitainerie générale des Philippines ; 30 les lies Carolines, au sud des Mariannes et à l’est des lies Pelew, ainsi nommées par les Espagnols du nom du roi Charles II et au nombre de prés de six cents ; 40 les Iles Fidji ou de Viti ; 5« l’archipel des Navigateurs ou de Hamoa ; 6° l’archipel de Cook ; 7° l’archipel de Taïti ou de la Société ; 8<> l’archipel Dangereux ou de Pomotou ; 9» l’archipel des Marquises ; 10° l’archipel des Amis ou de Tonga ; 11" l’archipel des Mulgraves ; 120 l’archipel des lies Sandwich. Ces différents groupes d’Iles sont décrits aux mots Pelew, Mariannes, Philippines, Carolines, etc. Quelques-uns de ces archipels sont montagneux. Leurs sommets les plus élevés sont le Mouna-Roa {4,157 met.), le Mouna-Koa(4,0S9mèt), le Mouna-Varonay (3,288m.),

le Tabronou (t, U9 met.), Les trois premières de ces montagnes se trouvent dans l’île Ha■wat (archipel des Sandwich). L’air est constamment renouvelé dans la Polynésie, principalement dans les hautes lies, par les brises de mer et de terre qui.soufflent, les premières de dix heures du matin à six heures du soir, et les secondes de sept heures du soir à huit heures du matin. Les arbres fruitiers y abondent. L’arbre à pain, le bananier, le cocotier, l’oranger, le mûrier à papier procurent aux habitants une nourriture facile. On trouve dans plusieurs Iles de la Polynésie, notamment dans les archipels de Fidji, de Taïti, des Marquises et de Sandw.ch, le précieux sandal.

■ La race polynésienne, dit M. de Quatrefages, est une race mixte, c’est-à-dire une race qui ne se rattache direéteihent à aucun des trois grands types de l’humanité, tout en empruntant à chacun d’eux quelques-uns de ses traits les plus caractéristiques. Parfois ces traits se fondent de manière a donner une sorte de moyenne intermédiaire entre les extrêmes ; mais très-souvent aussi ces traits sont simplement juxtaposés de façon à indiquer nettement les éléments ethnologiques qui sont entrés dans la composition de cette race. Dans une. tête de Taïtien qui appartient au Muséum, le crâne proprement dit est haut, médiocrement allongé d’arrière en avant ; la courbe qu’il décrit du front à l’occiput est alors régulière, mais s’aplatit brusquement en arrière. Les bo.sses pariétales placées sur les côtés de la tête sont peu prononcées. Le front est assez fuyant, quoique l’os frontal soit bien développé. Les orbites sont médiocrement espacées, les pommettes légèrementsaillames, les os du nez relevés et d’un développement moyen. La mâchoire supérieure

est légèrement projetée en avant ; la mâchoire inférieure se couche en dessous. L’ensemble que je viens d’esquisser accuse la fusion des caractères qu’on rencontre chez le blanc, le jaune et le noir. Il résulte de là qu’ils s’effacent et s’adoucissent réciproquement. En revanche, dans d’autres têtes osseuses, on distingue des traits bien plus accentués. Dans l’une, appartenant à un indigène des lies Marquises, la forme générale du crâne tend à se rapprocher de ce qui existe chea l’Iudoujle frout se relève, tes os du nessail POLY

lent davantage, la mâchoire supérieure s’évide, l’inférieure ne se projette plus en avant. Iei les caractères du blanc prennent incontestablement le dessus. Dans d’autres lies, au contraire, le crâne s’allonge et se rétrécit, les crêtes osseuses deviennent plus saillantes ; le front est très-fuyant, les arcades sourcilleras sont très-prononcées, les pommettes saillantes en avant ; la projection en avant des deux mâchoires et des dents est aussi marquée que chez le nègre le plus pur. Ici la prédominance du type nègre, mélanuisien devient incontestable. Si, des caractères ostéologiques, on passe à ceux que fournit l’homme vivant, on trouve une concordance complète. Généralement, la région crânienne est haute, un peu courte d’arrière en avant et aplatie en arrière. Le front, bien développé, mais d’ordinaire un peu bas, devient souvent très-beau, et l’angle facial égale parfois celui do l’Européen. D’ordinaire le nez, quoique un peu trop court et épaté par suite de manœuvres exercées sur l’enfant, est souvent aussi droit et bien saillant ; dans certaines lies, il est presque toujours aquilin, caractère qui appartient essentiellement aux races blanches. Les yeux, un peu petits, sont presque toujours horizontaux, rarement obliques ; la couleur en est presque toujours noire. Les pommettes sont saillantes, plutôt en avant, comme chez certaines populations blanches, que sur les côtés. La bouche est bien dessinée et l’expression en est agréable, quoique les lèvres soient un peu trop épaisses et présentent d’ordinaire cet empâtement qui accuse le mélange de sang nègre. Mais parfois aussi elles sont fines et minces comme chez l’Européen. Souvent le menton se projette en avant d’une manière exagérée et devient alors étroit et pointu. Le teint varie d’un jaune bistre très-pâle, rappelant celui de certains Européens du Midi, au brun foncé, et pusse quelquefois à la teinte cuivrée. Enfin les cheveux noirs ou châtains ont en général une tendance à se rouler en boucles. En résumé, ta race polynésienne présente un ensemble de caractères tenant à la fois du blanc, du jaune et du noir, mais la part qui revient a chacun de ces éléments ethnologiques est très-différente. L’élément jaune ne s’accuse guère que par la couleur ; il semble influer assez peu sur les traits. L’élément noir agit davantage sur les traits, sans doute aussi sur la forme du crâne ; quelquefois il ressort presque à l’état de pureté. C’est encore à lui qu’il faut probablement attribuer la disposition à friser que présente la chevelure. Toutefois, l’élément qui domine de beaucoup, an moins dans une partie de cette population, c’est l’élément blanc. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les atlas des navigateurs, en particulier ceux qui complètent les ouvrages de Dumont-d’Uryille et de ses compagnons. » La langue polynésienne, au dire de tous ceux qui 1» connaissent, possède, à côté de certaines lacunes, des beautés spéciales. « Les mots de cette langue, dit M. Dulaurier, sont très-simples ; les syllabes se composent ou d’une seule voyelle, ou d’une consonne suivie d’une voyelle ; jamais un mot n’est terminé par une. consonne. Tous les mots sont Invariables, et le même mot sert de nom, d’adjectif, de verbe et de particule. Les différents rapports des parties du discours que nous exprimons par la déclinaison, la conjugaison et les prépositions su rendent par des mots qu’on pourrait dans ce cas appeler particules, bien qu’ils soient de véritables mots qui dans tons les" autres cas sont substantifs, adjectifs et verbes. C’est à l’aide de ces mots particules qu’on exprime les différents rapports des parties du discours avec une précision et une vivacité dont les langues plus cultivées ne sont pas capables, parce que leurs terminaisons et leurs particules" ne sont d’ordinaire que des signes n ayant d’autre valeur que celle d’indiquer les rapports des mots. C’est une langue vraiment vivante. » La langue a toujours été cultivée avec beaucoup de soin dans toute la Polynésie. L’éloquence y exerçait autrefois un très-grand empire, et un orateur habile y était estimé à l’égal du guerrier le plus renommé. Les spécimens de l’éloquence polynésienne qui sont parvenus jusqu à nous se distinguent par l’animation et par la variété et la grandeur des images. « Les voyageurs, dit M. de Quatrefages, nous ont conservé aussi quelques chants d’amour qui, à en juger par la traduction, seraient certainement admirés s’ils venaient de l’ancienne Rome ou de l’ancienne Grèce... L’éducation, dans ses rapports avec les sciences et les arts, était bien moins avancée chez les Polynésiens que l’éducation littéraire. Leur numération était décimale et se prêtait par conséquent à des combinaisons étendues ; ils connaissaient les vents et désignaient certaines étoiles par des noms particuliers ; ils avaient aussi un calendrier fort rudimentaire, mais suffisant pour une société aussi simple ; leurs connaissances en géographie n’embrassaient pas la Polynésie tout entière et ne s’étendaient pas plus loin. Voila pour la science. Les beaux-arts étaient peut-être encore plus rudiinantaires. Les intervalles musicaux étaient différents des nôtres et identiques de Taïti a la Nouvelle-Zélande ; mais les chants’ d’amour ou de deuil n’étaient remarquables que par leur monotonie, et les

chants guerriers seuls respiraient une certaine énergie. Les statues, parfois colossales comme celles de l’Ue de Pâques, n’étaient

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que d’informes ébauches, et le dessin n’avait pas dépassé l’arabesque et l’ornementation. Toutefois, dans ce genre, et quand il s’agissait de tatouer une figure ou de ciseler un casse-tête, un aviron, une pirogue, les Polynésiens savaient montrer autant de régularité et de précision dans les lignes que de fini dans le travail ; résultat d’autant plus remarquable qu’ils ne possédaient, ou le sait, aucun métal. •

L’agriculture était encore dans l’enfance chez les Polyrifesiens. Le cocotier, l’arbre à pain et le bananier, qui croissent sans aucun soin, tels étaient les principaux éléments de leur nourriture ; ils n’avaient pas d’étoffes proprement dites, l’écorce de divers arbres leur fournissant la matière première de leurs vêtements. Les Néo-Zélandais, qui habitent un pays relativement plus froid, se livraient seuls a la confection de manteaux qu’ils tiraient de certaines plantes textiles. Les armes les plus usitées chez les Polynésiens étaient la lance, le casse-tête, la massue et des espèces d’épées en bois et en pierre ; chose singulière, aucune de leurs tribus ne faisait usage d’arc ni de toute autre arme pouvant atteindre l’ennemi de loin. Le Polynésien n’est réellemerit supérieur aux peuples regardés comme à demi sauvages que dans ce qui concerne la navigation. Les navigateurs qui les premiers parcoururent les mers du Sud furent émerveillés à la vue de ces embarcations étroites, allongées, maintenues en équilibre par leur balancier et marchant dans toutes les directions. Ce qui excita surtout leur admiration, ce furent les grandes pirogues doubles, espèces de bâtiments capables de suffire à de longs voyages et consistant en deux pirogues simples réunies par une plate-forme. Quelques-unes de ces embarcations destinées surtout à la guerre

avaient de 30 à 40 mètres de longueur. Cette marine de guerre atteignait un développement considérable, car, suivant Forster, lors du premier voyage de Cook, l’île seule de Taïti disposait de deux cents doubles pirogues et de six cents navires légers. « On a retrouvé, dit encore M. de Qitatrefages, le cannibalisme de la Nouvelle-Zélande kux Marquises et, si aux Sandwich il n’était plus qu’accidentel, il ne soulevait du moins aucune répulsion. A Taïti seulement, il avait cornplétementdisparu ; mais dans les sacrifices hur

mains, que les Européens purent observer là comme ailleurs, le grand prêtre présentait l’œil de la victime au roi, qui ouvrait la bouche comme pour l’avaler. Il est impossible de ne pas voir dans ce signe la trace d’un ancien usage aboli par ta douceur croissante des mœurs, et du reste les traditions locales ne laissent sur ce point aucun doute. Tous les Polynésiens ont donc été primitivement plus ou moins anthropophages, et quelques-unes de leurs tribus, les Néo-Zélandais par exemple, ont égalé les autres peuples en tout ce que nous apprend l’histoire sur ce triste sujet. On trouve en Polynésie une société fortement organisée, des classes que sépare une barrière à peu près infranchissable, une aristocratie puissante, des chefs qui sont pour leurs subordonnés non-seulement des supérieurs, mais encore des êtres presque divins et parfois des dieux incarnés, et dans l’élément premier de toute société bien assise, dans la famille, tous les liens semblent avoir été relâchés comme à plaisir. Et d’abord non-seulement, comme chez presque tous les peuples sauvages, la femme est regardée comme très-inférieure à l’homme, comme faite pour le servir et h ce titre assujettie aux plus rudes travaux, mais encore elle est presque partout en Polynésie regardée comme un être impur. Elle à Ses ustensiles à, elle ; la plupart des mets, et précisément les meilleurs, les plus nourrissants, lui sont interdits. Elle n’assiste pas au repas ; elle est bannie du moraï et de toutes les assemblées. Aux lies Gambie r, dont les habitants présentent quelques exceptions remarquables, au milieu (le l’uniformité qu’on rencontre partout ailleurs, le préjugé s’adoucit un peu a son égard ; il en est de même à Taïti. Dans cette nouvelle Cythère, la femme, considérée comme instrument de plaisir, s’est fait une place moins étroite dans la société. Partout ailleurs, la naissance la plus élevée ne lui épargne aucun travail, aucune sujétion ; elle n’est en réalité ni épouse, ui même mère ; elle est l’esclave de son fils aussi bien que de son mari. Les éléments fondamentaux de la famille se trouvent ainsi anéantis. Une autre cause non moins puissante de dissolution pour la famille se trouve dans une coutume étrange, entrevue df-jà par Cook, et sur laquelle Mœrenhout a justement insisté. Le mari adulte ne jouit de tous ses privilèges qu’autant qu’il n’a pas d’enfant mâle. Aussitôt qu’il lui naît un fils, il est obligé d’abdiquer entre ses mains et ne conserve qu’un usufruit temporaire de sa position précédente. S’il était chef, il devient régent ; s’il était simple propriétaire, gérant. L’enfant qui vient de naître est le chef de la famille... Le meurtre des enfants était ordonné par la loi dans certaines circonstances. Par exemple, le fils d’un chef et d’une femme de classe inférieure devait être mis à. mort aussitôt après sa naissance. Cet odieux sacrifice était obligatoire, quel que fut le saxe de l’enfant, dans la société des aréois. Enfin, l’infanticide était très-commun dans les conditions ordinaires et restait toujours impuni. Peut-être cette tolérance avait-elle

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un but politique. La plupart des lies de la Polynésie sont petites ; elles ne présentent que des moyens de subsistance assez bornés, et tes habitants y devenaient bien vite trop nombreux. L’infanticide était un moyen cruel, mais sûr, de prévenir et de retarder le développement excessif de la population. Aussi portait-il principalement sur les filles, dont un tiers a peine échappait à la proscription, tandis qu’on épargnait en généra ! les enfants mâles. Je viens de prononcer le nom des aréois ; il est impossible de passer sous silence cette association étrange, qui, par son extension et l’influence qu’elle exerçait, constituait une véritable institution des plus caractéristiques, h demi laïque, à demi religieuse. Les aréois formaient une société composée d’hommes et de femmes divisés en sept classes, que distinguaient autant de tatouages particuliers. Là seulement l’inégalité du eanjr disparaissait en partie. Sorti des rangs les plus inférieurs de la société, on pouvait arriver aux premiers grades ; mais chaque promotion nouvelle était alors le prix de longues et pénibles études, tandis que les chefs civils arrivaient d’emblée aux degrés supérieurs de l’initiation. Tous les membres participaient d’ailleurs plus ou moins aux privilèges de la société, et ces privilèges étaient immenses. Sans être à proprement parler ni prêtres ni nobles, les aréois jouissaient des avantages assurés à ces deux classes. Comme les prêtres, ils étaient inviolables, leur personne était sacrée, car ils étaient les représentants des dieux, et à ce titre ils disposaient du tabou ; comme les plus nobles chefs, ils étaient accueillis et obéis, en quelque lieu qu’ils fussent amenés par le devoir ou le caprice. Dans toute la Polynésie, on reconnaissait autrefois une divinité dont le nom, identique partout, ne variait que par suite des nécessités du dialecte. Taaroa ou Tangaroa était regardé à peu près universellement comme le père et le chef de tous les autres dieux. Quoi qu’il en soit, un dieu unique et aussi élevé que Taaroa ne pouvait, en Polynésie pas plus qu’ailleurs, suffire aux croyances de la foule, A celle-ci il faut toujours, on le sait, des divinités plus rapprochées d’elle et parmi lesquelles chacun puisse choisir. L’Olympe polynésien laissait peu à désirer sous ce rapport. Il contenait des dieux de toute sorte et qu’on retrouvait, à quelques variantes près, dans les lies les plus éloignées les unes des autres. » Ou s’étonnera peut-être que nous n’ayons parlé de la Polynésie qu’au passé ; c’est que ses mœurs, ses usages, ses lois, ’ ses croyances ont disparu pour faire place aux mœurs, aux usages, aux lois et aux croyances des Anglais, des Français, des Espagnols et des Américains qui ont envahi cette contrée. En outre, on (lirait que cette race s’éteint comme minée par un mal secret et incurable. Au temps de Cook, la population de la Polynésie atteignait un chiffre trois fois plus élevé qu’aujourd’hui. L’Ile d’Hawuï, qui comptait plus de 90,000 habitants, n’en possède guère que 27,030 ou 28,000. Dans les autres îles, la décroissance de la population indigène atteint des proportions non moins effrayantes. Ajoutons en terminant que les

Polynésiens tirent leur origine des archipels orientaux de l’Asie et que c’est par suite d’émigrations successives qu’ils ont peuplé la Polynésie.

POLYNÉSIEN, IENNE s. et adj, (po- !i-néziain, tè-ne). Géogr. Habitant de la Polynésie ; qui appartient à la Polynésie ou à ses habitants : Les Polynésiens. Les îles poly-

KKSIBNNÊS.

— Encycl. Linguist. L’archipel polynésien offre une variété infinie de dialectes ; quand on compara entre eux ceux des points extrêmes, dans ce qu’on peut appeler leur grammaire, on leur trouve peu de conformité.

Il ressort du tableau ci-après (p. 1341) que le même mot diffère suivant la façon dont il est prononcé et qu’une partie de la diversité des dialectes polynésiens doit être attribuée à de simples phénomènes phonétiques.

L«s Polynésiens ne connaissent que dix consonnes, et encore leur arrive-t-il d’en confondre quelques-unes entre elles ; quant aux consonnes des peuples européens, ils sont dans l’incapacité la plus complète de les prononcer. Physiologiquementj.on explique cette confusion et cette incapacité par un vice- ou une mollesse d’articulation. • Aucun dialecte polynésien, dit M. Haie, ne fait une distinction entre les sons t et p, d et t, g et k, l et r, ou entre o et to. De plus, l est souvent prononcé comme d et I comme k. ■ Max Millier attribue la diversité phonétique que l’on observe entre le sanscrit, le grec et le> latin, à un état antérieur du langage, dans lequel, comme dans les dialectes polynésiens, on n’avait pas encore nettement marqué la séparation entre les deux ou trois points principaux où le contact des organes de la parole donne naissance aux consonnes. Dans les îles Hawaï, le k et le t sont toujours confondus et il est impossible à un étranger de dire s’il entend un son dental ou un son guttural ; de là cette diversité d’orthographe dans les livres des missionnaires ; le même mot est écrit koki et Aoî, kéla et iltéa. En adoptant le mot anglais steel, acier, les Hawaïens ont rejeté le s initial parce qu’ils ne peuvent prononcer deux consonnes de suite ; ils ont ajouté un a final, parce que jamais leurs mots ne se terminent par une consonne ; ils ont de plus chungé le