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ils se complaisent et dont ils ne veulent pas sortir. En effet, rien n’est plus agréable que ce gynécée aux colonnes de marbre pointes de minium jusqu’à mi-hauteur, aux murs do stuc revêtus d’arabesques, aux pavés de mosaïque, aux caisses de lauriers-roses et de myrtes que rafraîchit le jet d’une fontaine, tout peuplé de belles jeunes femmes et de jolis enfants. Cependant, de même qu’on se prend a souhaiter un loup parmi les moutons de Florian, parfois ou désire un paysan du Danube parmi toutes ces élégances et toutes ces mollesses. Ce boudoir gréco-parisien, imprégné d’ambre et de musc, finit par vous entêter, et l’on voudrait ouvrir la fenêtre pour respirer l’odeur du feuillage chargé de pluie, l’arôme du foin vert, ou mémo tout bonnement la salubre senteur de l’étable. ■ Cette mignarde et précieuse école des néo • pompéiens, fort en vogue du temps du second Empire, ne compte plus guère d’adeptes aujourd’hui.

Outre les recueils spéciaux consacrés aux Ruines de Pompéi par W. Gell et J.-P. Gandy (Pompeiana), par Mazois, par Roux, etc., nous citerons, parmi les vues de cette ville antique, une gravure de G. Busse (1800) ; le Forum et ta Voie des Tombeaux, lithographies, par Ph. Benoist (Salon de 1848) j une Vue prise dans l’intérieur de Pompéi, peinte par Edme Daubigny (Salon de 1839) : la M air son du poêle tragique, aquarelle de m. Charles Garnier ; les Nouvelles fouilles de Pompéi ; tableau de Français (Salon de 1865) ; un Souvenir des fouilles de Pompéi, tableau d’Edouard Sain.

Pompéi (le dernier joue de), tableau de Bruloff, à l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. L’artiste russe a voulu représenter l’éruption du Vésuve qui, en l’an 72 de notre ère, ensevelit la ville de Pompéi et ses environs sous une pluie de cendres. La tentative était des plus hardies, et, pour la mener à bonne fin, il eût fallu un maître beaucoup plus habile que M. Bruloff. Il est juste de reconnaître cependant que, parmi les groupes nombreux qui attirent l’attention dans l’œuvre de ce peintre, il en est quelques-uns de vraiment remarquables, par

exemple les jeunes hommes qui veulent sauver leur père et, plus loin, les femmes qui fuient, éperdues, affolées, devant l’inévitable fléau. Les flammes du Vésuve éclairent le fond entier du tableau ; les premiers plans sont enveloppés d’une ombre grise, lugubre ; mais un éclair, perçant la nue et les tourbillons de cendres et de pierres, vient illuminer d’une lueur blafarde la foule qui s’agite en désordre. On croirait voir une bande Sa fantômes secouant leurs linceuls et errant par une nuit d’orage. M, Bruloff n’a pas su éviter l’écueil qui se présentait dans l’exécution de ces contrastes de lumière : sa couleur est, fausse, incohérente. Quant au dessin et à l’ordonnance des groupes, ils trahissent à. la fois le goût de David et la manière de Girodet. Ce tableau, exécuté pour le comte Anatole Demidoff, alors que M. Bruloff était pensionnaire du czar à Rome, fut exposé à Paris, au Salon de 1834 ; il y arriva précédé d’une grande réputation. Les critiques parisiens le jugèrent généralement avec une grande sévérité. L’appréciation de Gustave Planche, entré autres, fut courte, mais écrasante : « Les gazettes milanaises ont fait au Dernier jour de Pompéi une gloire qui s’est accréditée dans toutes les capitales de l’Europe. Aujourd’hui, nous avons le chef-d’œuvre, et le courage nous manque pour le railler, car l’impuissance et la vulgarité méritent autre chose que la moquerie. • Nous ne savons si le tableau cité par M. Viardot comme faisant partie de la collection de l’Académie de Saint-Pétersbourg est l’original qui a appartenu

au comte Demidoff, ou seulement une répétition.

POMPEI, philologue et littérateur italien, né à Vérone en 1731, mort dans la même ville en 1788. Lorsqu’il eut terminé son instruction chez les jésuites, il se perfectionna dans l’étude du grec sous la direction des Pères Guglienzi et Mariotti, vécut dans l’intimité de Scipion Maffei, de Morando, de Vallardi et autres savants érudits’et forma son goût par la lecture des classiques. Sans fortune, il remplit pour vivre les fonctions de chancelier de la commission de santé et celles de secrétaire perpétuel de l’Académie de peinture de Vérone, et employa les loisirs que* lui laissaient ces places à. se livrer a ses travaux littéraires. Il s’essaya dans la poésie, composa des pièces de vers élégantes, spirituelles, mais un peu dépourvues de chaleur, et écrivit pour le théâtre trois tragédies, Hypermnestre (1769), Callirrhoé (17G9), Tamira (1789), dont les deux premières seulement furent représentées et qui manquent de mouvement et de vigueur. On prétend que la mort d’une dame de Vérone, Mariana Malaspina, qui jouait dans ses pièces, le décida à ne plus écrire pour le théâtre. Quoi qu’il en soit, après Tamira, il revint à l’étude des classiques grecs et publia, avec quelques pièces originales, des traductions auxquelles il doit la place remarquable qu’il occupe parmi les écrivains de son pays. Après avoir traduit, d’une plume facile et légère, Moschus., ïhèoerite, Musée, Callimaquo, l’Autliclagie, les Héroîdes d’Ovide, il mit le comble à sa renommée d’excellent traducteur en publiant la version des Vies de Plutarque,

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laquelle produisit une grande sensation parmi les savants. Plusieurs académies italiennes 1 admirent au nombre de leurs membres et Joseph II lui offrit, à l’université.de Pavie, une chaire qu’il refusa pour ne point quitter Vérone. On lui doit : Canzoni pastorali con alcuni idiffi di Teocrilo e di Mosco (Vérone, 1766) ; Nuove canzoni, inni, sonetti e traduzioni (Vérone, 1779, in-8») ; Ilaccolta greca (Vérone, 1781), où l’on trouve cent épigrammes de l’Anthologie ainsi que de petits poèmes grecs ; Eroidi d’Ovidio Nasone, en terze rime et d’une élégante fidélité ; Le vite degli uomini illustri (Vérone, 1772, 5 vol. ’in-jo)f traduction souvent réimprimée. Les Œuvres complètes de Pompéi ont été réunies et publiées à Vérone (1790-1781, 6 vol. gr. in-8»).

POMPEIA (famille), maison plébéienne distinguée de l’ancienne Rome. Le premier de cette famille qui parvint au consulat fut Q. Pompeius Nepos, le fils d’un joueur de llute. Il fut consul en 613 et portait le surnom de Rufus. Sa petite-fille, Pompeia, fut 1 épouse de Jules César. Une branche des Rufus acquit le titre de Bithynique, à cause a une victoire remportée sur les Bithyniens. Une autre branche des Pompeius, surnommée Strabo.est devenue plus célèbre. Le fils de Cn. Pompeius Strabo, qui avait été consul en 665, fut celui auquel Sylla donna le surnom de Mugnus, par lui transmis à ses fils, qui périrent dans la guerre civile.

POMPEIA, fille de Quintus Pompée et nièce de Sylla. Elle vivait au ter siècle avant notre ère et devint, après Cornélie, la femme de César, qui bientôt la répudia sur le soupçon d’adultère ; voici en quelles circonstances. Clodius, le tribun fameux, était alors 1 amant de Pompeia. One nuit, dans la demeure du grand pontife, chez sa maitresse, on célébrait en l’honneur de la bonne déesse des fêtes auxquelles les hommes n’étaient point admis^Malgré cette interdiction, Clodius, déguisé en joueuse de lyre, pénétra dans le palais, s’égara dans les jardins et fut bientôt reconnu. Le collège des pojitifes fut avisé par les consuls au nom du Sénat et repondit qu’il y avait dans l’action de Clodius adultère et impiété. Cependant César refusa tde déposer contre sa. femme, disant qu’il ne la croyait pas coupable ; i mais, ajoutat-il, la femme de César ne doit pas seulement être exempte de crime, elle doit être aussi exempte de soupçon, et je la répudie. » Quant à Clodius, comme il fallait, pour lui intenter un proeès pour adultère et impiété, présenter une rogation au peuple afin de déterminer le choix des juges et le mode do poursuites, ses nombreux partisans envahirent le Forum le jour des comices, occupèrent les ponts par où on devait passer pour aller voter et ne laissèrent distribuer que les tablettes qui rejetaient la rogation.

. POMPÉIEN, ienne s. et adj. (pon-péiain, îe-ne). Géogr. Habitant de Pompéi ; qui appartient à Pompéi ou k s<fs habitants : les Pompéiens. Les antiquités pompéiennes.

POMPÉIEN, IENNE adj. (pou-pé-iain, iène). Hist. rom. Qui appartient k Pompée : Le parti pompéien.

— s. m. l’artisan ou soldat de Pompée. Poropciou, vaste et spîendide édifice do

1 ancienne Athènes, où l’on gardait tous les objets sacrés, tous les ustensiles nécessaires à la célébration des fêtes. Cette espèce de garde-meuble religieux était situé à 1 entrée de la vieille ville, du côté du port de Phnlère. Il avait pour ornement un grand nombre de statues représentant des personnages des temps héroïques. Nonseulement il servait de dépôt aux objets

du culte public, mais c’était 1k aussi que se préparaient les pompes religieuses, et spécialement la pompe des panégyries. Le mot Pompéion peut être tiré de cette dernière destination du monument ; il peut venir aussi de ce que les choses sacrées y étaient transportées processionnellement et qu’on les en tirait avec la même solennité (pompettein, marcher avec pompe et donner en spectacle).

POMPEIUS FESTCS (Sextus), grammairien latin. V. FiiSTUS.

POMPEIUS STRABO, père du grand Pompée. V. Pompée Strabon.

POMPEE v. a. ou tr. (pon-pé — rad. pompe). Élever, aspirer ou refouler avec une pompe : Pomper l’eau amassée dans la cale d’un vaisseau. Pomper l’air d’un récipient.

— Aspirer par un procédé quelconque : La trompe sert principalement aux insectes pour pomper leur boisson. (B. de St-P.) Les plantes marines pompent l’air mêlé avec les eaux. (B. de St-P.)

— Attirer par une sorte de succion naturelle : Pomper l’humidité.

— Fig. Absorber, attirer à soi : Le fisc pompe ta richesse publique.

— v. n. ou intr. Fuire agir la pompe : Son équipage pompait sans relâche ; le notre se mit incontinent à le seconder. (De Foê.)

— Pop. Boire : Il aime à pomper.

... Devant Champagne ou piquette, J’ai toujours dit : Amis, pompons.

DÉSAUGIERS.

— Techn. Se dit d’un canon de fusil ou de pistolet qui ne s’applique pus parfaitement sur !e fond du canal du fût, en sorte qu’en

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appuyant dessus a pleine main le bois cède et fait ensuite effort pour se relever.

^ POMPERIE s. f. (pon-pe-rl — rad. pompe). Fabrication ou commerce de pompes.

POMPERY (Édouard de), écrivain français, né à Couvrelles (Aisne) en 1812. Il appartient à une ancienne famille bretonne, connue par ses idées libérales. Après avoir fait son droit à Rennes, où il fut reçu avocat, il s’adonna à l’étuSe de l’économie politique, de la philosophie et de la science sociale, débuta par une brochure sur le Sucre indigène (in-8°), puis publia divers écrits. Ayant lu les ouvrages de Fourier, M. de Pompery adopta en partie les idées du célèbre socialiste et fit, en 1839, à la loge des francs-maçons de Brest, dont il était membre, un cours public sur le système phalanstérien. Il collabora ensuite à la Phalange, k la Démocratie pocifique, à la Revue synthétique, de V. Meunier, à ta Revue indépendante, à la Revue sociale, de Pierre Leroux, au Courrier français ; de Xavier Durrieu (18417), et eut l’idée, pour propager les doctrines de rénovation sociale, de fonder un journal, ('Humanité, dont il ne parut qu’un numéro spécimen. Après la révolution de 1S4S, M. do Pompery se porta, comme républicain socialiste, candidat à l’Assemblée constituante dans le Finistère ; mais it échoua. Sous l’Empire, toujours fidèle à ses idées républicaines, il écrivit des articles dans des journaux do l’opposition et dans diverses revues, notamment dans Y Opinion nationale, la Revue philosop/ligue et religieuse (1851-1S58), la Revue de Paris (1864-1865), la Morale indépendante (18B8-1870), la Philosophie positive, de M. Littïé, te Phare de la Loire, etc., et fit paraître un certain nombre d’ouvrages. Lors des élections du 8 février 1871, il posa sa candidature dans le Finistère, mais ne fut point élu. M. |de Pompery est membre de la Société Franklin, de la Ligue de

I enseignement, de la Ligue internationale de la paix, de la Société de sociologie, de l’Association philotechniquo, de la Société des gens de lettres. Parmi les ouvrages de cet écrivain distingué et convaincu, nous citerons ; le Docteur de •Tombouctou (1837, in-8°), essais de science sociale ; Théorie de l’association et de l’unité universelle de Ch. Fourier (lS4t, in-S<>) ; Despotisme ou socialisme (1849) ; Décadence et renouvellement de la foi (1863, : n-8°) ; ia Femme dans l’humanité, sa 7ialitre, son rote et sa valeur sociale (1864, in-12) ; Béranger (1865, iu-12) ; Beethoven (1865, in-18) ; le Vrai Voltaire (1867, in-go), ouvrage très-remarquable, etc. Enfin, depuis 1871, M. de Pompery a publié, pour la propagande républicaine, divers écrits fort bien faits : la Fin du bonapartisme, les D’Orléans, le Veuitlotisme et la religion, la

Vraie et la fausse politique, etc., enfin Esquisse sur le vrai Voltaire (1S7.3), contenant une vue d’ensemble sur l’homme et sa mission.

— On membre de la même famille, M. Théophile de Pompery, propriétaire à liosnoën, était membre du conseil général du Finistère pour le canton de Faou et président du comice agricole de cette ville lorsqu’il fut nommé, aux élections complémentaires du a juillet 1871, député du Finistère par 57,572 voix. Dans l’Assemblée nationale, il a constamment voté avec la gauche républicaine et pris, à diverses reprises, la parole, notamment au sujet du rôle des conseils généraux dans les circonstances exceptionnelles, des budgets de l’agriculture de 1872 et 1873, du rétablissement des haras, du projet de loi contre l’ivresse, etc. C’est un homme d’esprit et de bon sens, à la parole simple et lucido. On a de lui : Nouveau guide du cultivateur breton, avec la traduction bretonne en regard du texte français (Brest, 1851, in-12),

POMPETTE adj. (pon-pè-te — rad, pomer). Fam. Ivre : Être pompette, il Qui trahit ivresse : Avoir le nez pompette.

— s. f. Modes. Ancien ornement de toilette des femmes, fait avec des rubans.

POMPEUSEMENT adv. (pon-peu-ze-man

— rad. pompeux). D’une manière pompeuse, avec pompe : Ce prince marche toujours pompeusement et avec une grande suite. (Acad.) Qu’elle est belle, cette nature cultivée ! que par tes soins de l’homme elle est brillante et pompeusement parée/ (Buff.)

— En termes pompeux, emphatiques : Débiter pompeusement des riens.

POMPEUX, EUSE adj. (pon-peu, eu-zerad. pompe). Qui a de la pompe, où il y a de la pompe : Appareil pompeux. Suite pompeuse. L’Église anglicane tient le milieu entre les pompeuses cérémonies romaines et ta sécheresse des calvinistes. (Volt.) Des surlouts dorés auprès desquels on meurt de faim, des Cristaux POMPEUX chargés de /leurs pour tout dessert ne remplissent point la place des mets. (J.-J. Eouss.)

... Traînant en tous lieux de pompçux équipages, Le duc et le marquis se reconnut aux pages.

Bon. eau.

Des Grecs et des Romains les spectacles pompeux De l’univers encore occupent la mémoire.

Voltaisb.

II Qui marque la pompe, l’appareil luxueux ; qui en a le caractère : Prendre des airs pompeux. Se donner des titres pompeux.

— Se dit des termes ou des procédés qui ont une affectation de recherché, de gran POMP

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fi

dour : Style pompeux. Discours pompeux. Description pompeuse. Le peuple n’entend point la pompeuse éloquence ni les longs raisonnements. (P.-L. Courier.) Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme.

Boilbau.

... Souvent dans ce style un rimeur aux abois Jette là du iltSpït la llùto et le hautbois, Et, follement jiotiijkw ; dans sa verve indiscrète, Au milieu é’uno êjjlogue entonne la trompette.

Boileau.

Il Qui écrit ou s’exprime en un stylo pompeux :

Soyez riche et pomptux dans vos descriptions.

Boilead.

On peut être à la fois et pompeux et plaisant.

Bon. EAU.

— s. m. Ce qui est pompeux ; genre pompeux : Aimer le pompeux.

POMPHOEIX ou POMPHOLY2C s. m. (ponfo-iikss

— du gr. pompholux, flocon). Pathol. Phlegmasie cutanée. V. pemphigus.

— Chim. Oxyde de zinc sublimé en forme de flocons.

POMPIER s. m. (pon-pi-é — rad. pompe). Celui qui fabrique ou vend des pompes.

— Homme qui fait partie d’un corps organisé pour porter des secours dans les incendies et faire agir les pompes : Caserne, corps de garde de pompiers. Aller chercher te pompiers, il On dit aussi sapeur-pompier.

— Fam. Grand buveur, homme qui aime à pomper.

— Techn. Ouvrier tailleur qui fait les retouches.

— Encycl. Sans avoir ht prétention de rechercher, ab ùvo, l’origine des premières corporations affectées régulièrement aux secours d’incendie, nous pouvons dire qu’elles ont existé dès la plus haute antiquité. Les grandes civilisations primitives qui avaient tant derichesses, tant de splendides monuments à sauvegarder, avaient organisé les secours contre l’incendie. Les Hébreux, les Grecs avaient institué des gardiens munis, U est vraij de moyens très-imparfaits, mais dont le rôle était nettoment tracé. Ils devaient, pendant la nuit, faire des rondes continuelles, pour surveiller les habitations et donner l’alarme en cas de sinistre. À peine Rome avaitelle pris une certaine extension, que ce service y futétnbli. Au début, c’étaientdesimples veilleurs nocturnes ayant un chef qui dirigeait tous les détails de leur service. Puis, l’importance de la ville se développant ? ; on créa des magistrats appelés triumoiri nocturni. Bientôt même ce cadre devint insuffisant ; on l’élargit en constituant les decemviri nocturni, appelés aussi sédiles incendiorum extinguendorum, et qui furent assimilés aux édiles. Dans le principe, ces fonctionnaires n’avaient pas sous leurs ordres un corps régulièrement organisé pour l’exécution du service. On faisait, en cas de besoin, des réquisitions soit parmi les serviteurs du domaine public, soit parmi les esclaves. Mais la nonchalance ou les instincts pillards de ces derniers ne donnaient pas dos garanties suffisantes. Il en résultait tantôt que le service mollement fuit laissait l’incendie atteindre des proportions considérables avant que l’on songeât à y porter remède, tantôt que les habitations abandonnées précipitamment par leurs riches propriétaires, préoccupés avant tout de mettre leur existence à l’ubri, offraient une proie facile aux voleurs habiles à profiter du désordre pour faire main basse sur tout ce qui leur convenait. À l’empereur Auguste appartient le mérite d’avoir constitué le premier corps régulier pour les secours contre l’incendie. H commença par supprimer les édiles nocturnes, contre lesquels existaient dans l’opinion publique toutes sortes-de préjugés, etrevêtitde leurs fonctions les édiles curules, sous les ordres desquels furent placés six cents esclaves chargés du soin de faire, pendant la nuit, des rondes permaneutos et de combattre les incendies dès l’apparition du feu. Ce n’était encore là sans doute qu’un embryon de formation, mais Rome se développant chaque jour, ce service acquit promptement une importance sérieuse. En l’an 6 de notre ère, unelégion de 2,000 hommes fut créée. La ville étant divisée en sept quartiers, la légion fut divisée en sept cohortes, ayant chacune son quartier à surveiller. Le nombre des vigiles fut encore augmenté plus tard et porté au double du chiffre précédent. Pour relever aux yeux du peuple ce corp3 que poursuivaient des préventions plus ou moins justifiées, on y admit d’autres éléments que les esclaves ou les affranchis ; on attacha certains avantages, certains privilèges à ces fonctions, et bientôt les citoyens eux-mêmes y briguèrent des emplois. Des inscriptions trouvées à Rome en 1820 donnent tout le tableau des grades qui existaient- dans le corps. Le chef s’appelait prsfectus vigilum ; i avait sous ses ordre» tout un état-major, un sous-préfet commandant en second, des chefs de cohorte, etc. Voici comment fonctionnaient ces veilleurs, nocturnes. Chaque cohorte faisait des pa^ trouilles dans le quartier qui lui était assigné. Comme la plupart des maisons étaient munies d’une cloche d’alarme posée sur le sommet de l’édifice, aussitôt qu’un incendie éclatait le gardien de l’édifice se hâtait de sonner et la patrouille la plus rapprochée envoyait