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comparée aux ouvrages qui devaient le faire connaître. En 1833, l’université de Halle l’appela h occuper Je poste de professeur àeyhi- lologie. Depuis qu’il occupe cette chaire, M. Pott s’est acquis, autant par ses leçons que par ses ouvrages, la réputation d’un érudit de premier ordre en linguistique et il a été placé par les savants européens sur la même ligne que les Burnouf, les Bopp et Jes Grimm. L’ouvrage qui l’a rangé parmi les plus savants philologues a pour litre Recherches étymologiques (Lemgo, 1S33-1S36, s vol.). Ce livre, qui, avec la Grammaire comparée de Bopp, fait autorité dans la matière, embrasse toute la famille des langues indo-germaniques ; M. Pott continua ensuite ses recherches sur les langues et les groupes isolés de> cette famille, sur lesquels il a publié une foule de dissertations dans différents recueils, notamment dans l’Encyclopédie générale d’Ersch et Gruber, à laquelle i) a fourni l’article : Famille des langues indo-germaniques, résumé des Recherches étymologiques, lequel a servi de point de départ à la plupart des philologues étrangers sur cette matière. On a, en outre, de lui les ouvrages suivants : De BorussicoLithuanix tant in slavis quam celticis linguis principatu (Halle, "ig37) ; les Bohémiens en Europe et en Asie (Halle, 1844), ouvrage qui reçut un prix de l’Institut de France ; De la méthode quinaire et vigésimale chez tous les peuples de l’univers (Halle, 1847) ; Des noms propres et particulièrement de l’origine des noms de famille (Leipzig, 1853) ; De la différence des races au point de vue de la philologie (Lemgo, 18S6) ; Essai stir les rapports des tangues entre elles ; le Redoublement considéré comme un des procédés les plus importants de la formation des langues (Lemgo, l8ô ?) ; Idées mythologiques sur l’origine des peuples et des langues (Lemgo, 1863). Nous mentionnerons encore, parmi les travaux, qu’il a fournis à différents ouvrages encyclopédiques, les études, insérées dans le Journal de la Société orientale allemande, sur les langues de l’A-. frique méridionale, sur les noms propres de l’ancienne langue persane, sur la place du japonais dans fa linguistique, etc. : puis un autre article sur le genre grammatical, dans 1 Encyclopédie d’Ersch et Gruber. Depuis plusieurs années, il s’occupe de donner une nouvelle édition, entièrement remaniée et considérablement augmentée, de ses Recherches

étymologiques (Lemgo, 1859-1867, tomes 1er et II).

POTTENDORF, ville de l’empire d’Autriche, dans la basse Autriche, à 32 kilom. S. de Vienne ; 3,000 hab. Filature de coton. Beau château des princes Esterhazy.

POTTENSTE1N ou BODENSTEIN, bourg de l’empire d’Autriche, dans la basse Autriche, cercle et k 28 kilom. S.-O. de Vienne, sur la rive gauche du Triesting ; 1,092 hab. Grande usine à cuivre établie dans l’ancienne manufacture impériale d’armes blanches ; préparation de poix et de térébenthine.

POTTER (Paul), célèbre peintre d’animaux et de paysages, de l’école hollandaise, né à Enckhuysen en 1C25, mort h Amsterdam en 1554. Par sa mère, il descendait de la famille d’Egmont. Son père, Pierre Potter, était un peintre habile ; Waagen cite de lui une remarquable composition allégorique, la Vanité (galerie Suermondt, à Aix-la-Chapelle). Dès l’âge de quatorze ou quinze ans, Paul Potter fut un artiste accompli. Les vertes campagnes de" son pays, les plantureux herbages, les belles fermes néerlandaises l’inspirèrent tout d’abord et restèrent ses sujets de prédilection. Céfut son génie ; il aimait par-ddssus tout la simplicité. Les animaux dans toute leur réalité, les scènes agrestes, telles q^u’il les voyait, furent ce qu’il s’attacha, dès 1 enfance, a dessiner et à graver à l’euuforte avant de peindre. Il courait les environs de son village, et de tout ce qui le frappait il faisait des croquis, dont plusieurs lui ont fourni les lignes principales de ses tableaux. Ces ébauches, très-recherchées des amateurs décèlent le goût intime et ce qu’on appelle lé génie dans les arts d’imitation. Il n^ a si humble et si agreste sujet qui, sous une main habile, ne puisse devenir intéressant par l’exécution ; il en est ainsi de la poésie et de tous les beaux-arts. Lai nature, dans son ensemble comme dans les plus petits détails, est rarement sans attraits pourl’homme, et les choses vulgaires ne sont pas plus exclues de la peinture que de la poésie, mais elles n’ont de valeur que par la manier» dont elles sont traitées.

Paul Potter commença par la gravure et conserva le goût de cet art, éminemment propre à former la main d’un homme dont les ouvrages se distinguent surtout par la finesse des détails. C’est principalement comme graveur qu’il a été considéré par l’auteur d’un grand ouvrage en 20 volumes, le Peintre graveur (Wien, 1802-1815), M. Adam Bartsch. On possède de lui 18 planches reproduisant un nombre égal de ses tableaux et ces planches font les délices des connaisseurs. Il n’avait que dix-huit ans lorsqu’il grava le Vacher, et dix-neuf lorsqu’il fit le Berger, deux chefs-d’œuvre, et l’on conçoit à peine comment il a pu produire, si jeune, des ouvrages qui feraient fa gloire d’un artiste consommé. « Correction parfaite dans le dessin, dit M. Bartsch, vérité frappante dans le caractère des animaux, intelligence remarquable dans la composition, heureux effet du clair POTT

obscur joint kune pointe sûre et moelleuse, tout enfin est réuni dans ces productions pour les élever au rang des véritables chefs-d oeuvre de l’art. •

Cet éloge est encore plus applicable au peintre. En 1641, Paul Potier quitta Enckhuyssen pour aller k La Haye étudier les

maîtres de l’école hollandaise ; il les apprécia, mais ne se fit- l’imitateur d’aucun et resta lui-même. C’est à La Haye qu’il peignit le Paysage avec quatre vaches près d’un arbre mort (1644, galerie du château de WilheimshOhe), dont tous les détails sont d’un tîni si remarquable, quoique le procédé général ne soit pas exempt de sécheresse ; Cinq vaches et d’autres bestiaux devant une ferme (1646, galerie du duc de Somerset) ; le Troupeau mené au pâturage (1647, Vienne, galerie du comte Czernin) ; le Taureau, de grandeur naturelle (1617, muséede La Haye), d’admirables chefsd’œuvre, quoique l’artiste fût encore bien jeune. Le Taureau a figuré au Louvre, sous le premier Empire et on l’estimait à la somme de 400,000 francs. C’est la seule fois que Paul Potter ait abordé un sujet d’une telle dimension ; le taureau, une vache couchée près de lui, un troupeau de moutons gardé par un pâtre appuyé au tronc d’un arbre, tout est de grandeur naturelle, et les moindres détails sont traités avec un soin infini. Cette immense toile est baignée d’air et les animaux s’y.détachent avec un relief si puissant, dans des attitudes si naturelles, qu’ils font l’illusion de la vie elle-même. La même année, il peignit Cinq vaches, un taureau et d’autres animaux, effet de soleil couchant, large paysage, empreint de la même puissante réalité ; c’est encore la nature même, mais vue cette fois par le petit bout do la lorgnette ; cette toile est de dimension restreinte. Elle figure aujourd’hui à Londres, dans la galerie Grosvenor. Deux vaches et un taureau (1647, collection Walter, k Bearvood) sont également traités sur une petite échelle et dans la même perfection, ainsi que la Vache se mirant dans l’eau, du musée de La Haye (1648). Dans ce dernier tableau, la fraîcheur et la clarté d’une belle matinée d’été sont rendues avec un grand charme ; la limpidité de l’eau, où se mire une des vaches tandis que les autres sa contentent d’y boire, est telle que l’image paraît aussi nette que la réalité. Ce chef-d’œuvre a figuré au Louvre jusqu’en 1815, ainsi ou un Paysage avec des bœufs et des cochons, daté de 1652, et qui a fait retour au musée de La Haye. Quoique de bien moindres dimensions que le Taureau de ce musée, ce tableau, catalogué chez nous sous le titre de la Ferme, soutient la comparaison avec ce grand chef-d’œuvre. Quatre bœufs en liberté autour d’une masure en forment tout le sujet ; l’un rumine, couché sur le gazon ; un second s’éloigne k pas lents ; les deux autres s’approchent d’une mare bordée de roseaux, qui leur offre un abreuvoir commode. Tout respire le calme, la fertilité, la fraîcheur ; pas une silhouette humaine ne se montre, ces bœufs

sont les rois de ce paysage. Un air épais environne les arbres et la chaumière et toute la lumière, frappant la prairie et les bœufs, attire sur cette partie.du tableau toute l’attention du spectateur. Des effets de clair-obscur bien ménagés embellissent le coloiis de ces animaux superbes ; l’un fait admirer sa peau blanche qu’animent des teintes dorées, l’autre oppose k la verdure du feuillage un brun violâtre jaspé de noir ; étendus au pied d’un vieux saule creux et tout dénudé, une truie et ses nourrissons rendent encore les bœufs plus majestueux par le contraste de leurs formes lourdes et empâtées. Ces merveilles sont égalées, sinon surpassées, par les Deux vaches et un jeune taureau au pâturage (1649 Buckingham-Palace) et par la fameuse Vache qui pisse, peinte pour la princesse de Solrns (1649) et qui est maintenant une des perles du musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg ; elle a figuré longtemps dans la galerie de la Malmaison, où l’empereur Alexandre l’admira tant qu’il finit par l’emporter. Rebuté d’abord comme indécent, par la princesse pour qui iî avait été peint, et donné par elle au musée de Cassel, ce tableau est aussi désigné sous le titre de la Basse-cour par les critiques d’art pudibonds. C’est, en effet, un intérieur de ferme ; çrès de la vache qui pisse, une autre vache d une vérité aussi saisissante est traite par une femme ; tout le premier plan est rempli de vaches, de moutons, de chèvres et de chevaux, dans des attitudes variées, se dessinant sur un vaste pâturage en plein soleil, qui forme le fond ; de grands arbres ombragent le corps de ferme où l’on voit, à travers la porte ouverte, une femme occupée k coudre ; une autre, dans la cour, bat du linge sur la margelle d’un puits ; près de la porte, un homme chasse, k coups de chapeau, un gros chien qui. fait mine de vouloir enlever son morceau de pain à un bambin éploré ; des

poules, des coqs, un chat qui rôde complètent cette scène d’une animation singulière ; c’est

la vie prise sur le fait.

Paul Potter était resté jusqu’alors k La Haye ; il y épousa, vers 1650, -la tille de l’architecte Balkonende et, peu après, il alla s’établir à Amsterdam sur la prière d’un de ses grands admirateurs, le bourgmestre Tulp, qui lui retint d’avance tous les tableaux qu’il peindrait et se forma ainsi une riche collection. Dans cette seconde partie de sa trop courte carrière, Paul Potter exécuta Orphée charmant les animaux (musée d’Amsterdam)

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un de ses plus beaux ouvrages et qui prouve que le grand artiste avait étudié avec autant de soin les bêtes sauvages que les animaux familiers ; un grand Paysage (musée de l’Ermitage), le seul où il n’ait pas fait figurer, comme k l’ordinaire, des vaches et des moutons ; c’est un effet de matin du plus suave coloris : une prairie que coupe une rivière où des pêcheurs jettent leurs filets, un cavalier monté sur un cheval blanc, un chasseur tenant un lièvre, deux autres accompagnés de leurs chiens, composent un ensemble des plus agréables. Un Paysage montagneux avec une bergère allaitant son enfant tandis qu’un berger joue de la cornemuse (1651, musée d’Amsterdam), les Bœufs et cochons (1652, musée de La Haye) se distinguent entre toutes les œuvres magistrales de l’artiste par des effets de soleil admirablement rendus, par la clarté des tons dorés et la touche légère des ombres ; le même radieux soleil est aussi fixé sur la petite toile du Louvre, la Prairie avec trois boeufs et trois moutons (1653), et sur le tableau de la galerie Ashburton, peint k la même époque : Deux bœufs s’attaquant avec les cornes en jouant. Une des dernières œuvres de Potter, qui avait longtemps fait l’admiration des visiteurs du musée de Cassel, est pussée k celui de l’Ermitage ; c’est la plus singulière composition du maître. Elle représente la Cour des animant ; prononçant la sentence du chasseur ; deux grands panneaux superposés retracent, l’un : la sentence prononcée par le lion, assisté de l’éléphant, du loup, du renard, contre l’homme qu’amènent, les mains liées derrière le dos, un ours et un loup ; ses chiens, la queue basse, l’accompagnent ; l’autre, l’exécution de la sentence : le chasseur est mis à la broche devant un grand feu, deux ours tournent la broche, un sanglier et un chamois arrosent le rôti, l’éléphant et le singe mettent des bûches dans le brasier ; les chiens aussi subissent leur peine : le loup et le renard sont en train de les pendre aux branches d’un arbre. Tout le gibier manifeste, par des gambades, la joie intime que lui causo le supplice de ses oppresseurs ; seul, le lion reste grave, comme une majesté. Ces panneaux humoristiques sont encadrés par douze petits compartiments qui représentent des épisodes de chasse très-fineraent peints : chasses au sanglier, au lion, au buffle, au singe, k l’ours, au chamois, au loup, au léopard, au lièvre, au lapin, épisodes qui montrent le délit des coupables et sont la justification des représailles. La touche spirituelle de ces diverses compositions n’altère en rien la vérité que Paul Potter traite toujours si magistralement.

Le grand artiste mettait au travail une ardeur inimaginable ; peignant k la fols de petits tableaux de genre pour son ami le bourgmestre Tulp, de grandes toiles pour le musée d’Amsterdam, satisfaisant encore il d’autres commandes qui lui venaient de toutes parts et ne quittant pour ainsi dire pas le pinceau de toute la journée, il consacrait encore ses nuits k graver des eaux-fortes. S’il se promenait, c’était toujours avec son calepin d’é (il/lai» où<* l^n 1.^.1 II *.«. ; '. j.  :. li * j.

tudes, sur lequel il transcrivait aussitôt tout ce qui le frappait, attitudes des animaux, structure des plantes, effets de soleil, points de vue, paysages. Une telle opiniâtreté au travail finit par altérer sa santé. Il ne cessait de faire des courses aux champs, dont il avait l’amour, pour y trouver de nouveaux sujets d’études, et un jour d’hiver il y contracta une pleurésie. Arrivé k la dernière période de la phthisie pulmonaire, il mourut k vingt-neuf ans, dans toute la force de l’âge et du talent. Ses cahiers de croquis ont été conservés (Cabinet des estampes de Berlin) ; ils forment 4 volumes pet. in-fol, et in-4o, remplis de paysages spirituellement dessinés à la plumeetau pinceau, avec de l’encre de Chine, et d’innombrables études de têtes d’animaux, d’ustensiles aratoires, de charrues, do bateaux, de moulins k vent, etc., la plupart d’un très-grand fini et qui attestent le soin minutieux que l’artiste apportait à la reproduction des moindres détails. Les études de fleurs et de plantes remplissent un volume entier.

Le Louvre ne possède plus de ce maître que deux tableaux : Deux chevaux attachés à la porte d’une chaumière et la Prairie. Dans le premier, deux chevaux de trait qui reviennent du travail sont placés devant une auge, k la porte d’une auberge ; ils attendent qu’on leur apporte le picotin d’avoine. L’un, vigoureux, a la tête haute et semble montrer de l’impatience ; le second, tout à fait harassé, tient sa tète penchée vers le sol, les oreilles basses, la jambe gauche de derrière k peine appuyée sur la pince du sabot ; à est difficile de mieux exprimer la lassitude d’un vieux cheval. Au second plan, un valet d’écurie accourt, portant un seau d’eau ; il est accompagné d’un chien. La Prairie a une tournure plus pastorale : à gauche, un bœuf, près d’une clôture en planches ; derrière lui, un bœuf couché ; k droite, un autre bœuf debout ; plus loin paissent trois moutons. Dans le fond, k droite, se dresse une chaumière entourée d’arbres, et l’arrière-plan est rempli par la silhouette d’un village dont les toits de brique et de chaume se détachent sous un ciel orageux. Les Deux chevaux portent la date de 1647 ; la Prairie, celle de 1652 ; ils sont signés tous deux Paulus Potter. La Prairie est regardée par les connaisseurs comme une simple esquisse très-avancée, d’un grand effet, et d’uutant plus précieuse qu’elle découvre la

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manière large avec laquelle Potter établissait ses masses, avant de revenir aux détails et de terminer avec cette précision qui le caractérise.

Paul Potter affectionnait les animaux, mais il serait injuste d’en conclure qu’il ne savait pas rendre les physionomies humaines. L.’Hôtellerie, du musée de La Haye, présente la scène la plus animée, la plus vivante. Un gentilhomme, revenant de la chasse avec ses chiens, se repose k la porte d’un cabaret do village ; il est assis sur une chaise de bois, le coude appuyé sur une-haute table, comme on en voit dans les auberges. Son cheval est attaché près de lui et il vient d’allumer sa pipe ; l’hôte et l’hôtesse sortent fort empressés ; le mari apporte un pot de bière, et la femme ; qui est jolie, sourit au voyageur en lui présentant, d’une main, le verre a boire tandis que de l’autre elle lui touche très-familièrement l’épaule. La mine de l’hôtesse et l’air mécontent du mari semblent révéler discrètement quelque petite intrigue amoureuse. Ce n’est pas la première fois que le galant chasseur vient k ce cabaret. Quatre chiens sont étendus k ses pieds ; deux autres, encore accouplés, viennent rejoindre le groupe. Dans le fond passe un tombereau que traîne un gros cheval de ferme.

Comme la Ferme et le Taureau, ce tableau a appartenu un moment au Louvre : il portait cette mention : • Dû aux conquêtes de 1806. ■ Dès cette époque, les fonds avaient beaucoup souffert, mais les premiers plans sont d’une grande beauté ; les chiens sont d’une vérité admirable. ■ Parmi les maîtres qui ont avant tout recherché la vérité, dit Waagen, Paul Potter est incontestablement un des plus grands qui aient vécu. Il atteignit ce but par la perfection du dessin, par un soin infini des détails exécutés dans une pâte des plus solides et une couleur qui s’harmonise merveilleusement avec l’heure du jour. Dans ses paysages, qui se composent ordinairement, au premier plan, de quelques saules, avec un fond de vastes prairies, on admire la dégradation délicate de la perspective aérienne. •

On a dit avec justesse de Paul Potter qu’à force de vérité il était arrivé au style ; ses animaux atteignent une perfection au delà de laquelle, en peinture, il est impossible d aller. « En regardant longtemps ses bœufs et ses vaches, disait Cari Vemet, on croit respirer la saine odeur de l’étable. • Personne n’a fait deviner comme lui l’ossature des grands quadrupèdes, n’a rendu leurs muscles, leur pelage, leurs narines humides, leur air de béatitude et de nonchaloir dans un gras pâturage. « Berger, mène paître tes vaches plus loin, de peur que tu n’emmènes avec elles celle de Myron, » disait le poëte de l’Anthologie, k propos d’un des plus beaux morceaux do la sculpture grecque. On pourrait en dire autant des vaches peintes du maître hollandais. Elles sont vivantes ; on croit les voir tantôt errer pesamment entre les barrières et les clôtures, tantôt obéissant au berger qui les ramène. Les hyperboles des poètes grecs sur la vache de Myron n’ont plus rien qui nous étonne.

L’œuvre de Paul Potter se compose de cent trois tableaux, qui ont presque tous été suivis dans leurs migrations et retrouvés par les critiques d’art. Outre ceux que nous venons de citer, nous mentionnerons encore : le Repas de la grange (inusée de Bruxelles) ; M. Burger le classe parmi les œuvres capitales ; les Coupeurs de paille, la Cabane du berger, la Chasse à l’ours (musée d’Amsterdam) ; le dernier, d’une animation extraordinaire, a été souvent gravé ; un Chien, de basse-cour enchaîné, Halte de chasseurs devant un cabaret, un Troupeau de vaches, Chasseur sous bois, Taureau debout dans un pré, Jeune garçon gardant un cheval blanc (musée de l’Ermitage)’ ; Trois vaches dans un pré (Saint-Pétersbourg, galerie du comte Koucheletf) ; Chevaux attachés à la porte d’une chaumière (musée du Louvre) ; Deux vaches, un taureau, un cheval et des moulons dans un paysage "(musée de Dresde) ; une Métairie, avec vaches et moulons devant une maison rustique (pinacothèque de Munich) ; Vaches, brebis et cheval au pâturage (musée de Vienne) ; Vaches et taureau couchés (galerie Esterhazy IPaysanne occupée à traire une vache, Chevaux à l’écurie (Londres, Buckingham-Palace) ; Taureau et brebis (galerie de sir Th. Baring) ; Vaches et pâtres entrant dans l’eau (collège de Dulwich) ; Trois vaches couchées au pied d’un arbre (galerie Bridgewater) ; On une et deux boucs (galerie de sir Holford)une Grange, Petit paysage avec vuches, voulons (galerie de sir Th.-H. HopeJ ; Cerfs auprès d une mare sur ta lisière d’une forêt (galerie Wellington), etc.

POTTER (Jean), théologien et antiquaire anglais, né k Wakefield, comté d’York, en 1674, mort en 1747. Il fit de rapides progrès k l’université d’Oxford, devint maître es arts agrégé au collège de Lincoln en 1694, entra alors dans les ordres et se fit connaître par de belles éditions classiques qui le mirent en relations épistolaires avec Grœvius et d’autres savants. Son mérite lui valut d’être successivement nommé chapelain de l’archevêque

de Cantorbéry (1704), de la reine Anne (1700), professeurdethéotogieàûxford (nos) évêque de cette ville (1715), où il conserva sa chaire k 1 université, et enfin archevêque da