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éminemment platonicien ; mais sa vaste érudition ferait plutôt de lui un éclectique ; car, à force d’étudier et d’exposer tous les systèmes, il finit toujours par en admettre certaines parties : ainsi, dans ses deux traités Sur l’usage des viandes, il devient pythagoricien. Les traités de physique ne sont que des exfiositions d’après les divers systèmes des phiosophes : Abrégé des opinions des philosophes en matière de physique ; Des opinions des physiciens ; Questions de physique. Mais Plutarque paraît avoir fait une étude spéciale de l’hygiènes et des connaissances pratiques qui s’y rattachent. Son petit traité : Préceptes d’hygiène, et les recommandations que 1 on trouve en outre dans ses Préceptes conjugaux, dans l’Éducation des enfants, sont pour nous curieux au point de vue de l’étude des mœurs flLtiques. Son érudition s’est donné libre carrière dans la masse des traités qui concernent les questions mythologiques et religieuses, les antiquités ; c est la série d’où l’on a extrait le plus de renseignements intéressants. Les principaux sont : D’Isis et Osiris, interprétation ingénieuse des mythes égyptiens par les mythes grecs ; De la cessation des oracles, où il nous donne le catalogue de tous les sanctuaires de l’antiquité ; De l’inscription du temple de Delphes ; Pourquoi ta pythie ne rend plus ses oracles en vers ; Questions grecques : Questions romaines ; Parallèle de quelques histoires grecques et de quelques histoires romaines ; Narrations amoureuses ; Propos de table ou Symposiaques ; De la superstition ; Apophlhegm.es des Lacédémoniens ; Apophthegmes des généraux et des monarques, etc. Notons encore un traité intitulé Préceptes politiques ; de petits traités de cosmographie sans grande valeur ; Du froid primitif ; De la face qu’on voit à la lune, etc. On voit que Plutarque a écrit à peu près sur tout. De cette masse de livres, il y a certainement quelque profit à retirer, et M. Gréard, dans une étude excellente que nous analysons plus loin, De la morale de Plutarque, en a extrait un enseignement moral qui donne à Plutarque une des premières places parmi les écrivains anciens. Mais, dans cette quantité d’opuscules de toutes sortes, l’alliage est bien mêlé à l’or ; on y voit trop, par moments, le sophiste ou le déclamateur toujours prêt à parler sur n’importe quel sujet, sur la meilleure manière de teindre les étoffes ou sur l’immortalité de l’âme, sur le bien-être corporel que ca-nse un bain tiède ou sur la meilleure forme de gouvernement. Ce conférencier du ier siècle était prêt sur toutes les questions ; il avait ses dossiers préparés, qu’on lui demandât de faire de l’hygiène ou de la grammaire, de la politique ou de la philosophie. I ! sait beaucoup, mais il est aussi bien crédule. Il est rare qu’il approfondisse un sujet ; il l’effleure légèrement, de manière à mettre en relief son érudition, sa connaissance de toutes les anecdotes qui se rapportent à un sujet donné. Des longueurs, des digressions, défauts inséparables de l’improvisation, mais qu’il aurait pu éviter en

écrivant ses discours, jointes au manque de conclusions formelles lorsqu’il traite un sujet important, déparent les meilleurs de ces opuscules. Ses Propos de table, séries de conversations à bâtons rompus entre gens instruits, ou dans lesquelles les interlocuteurs discutent sur un sujet convenu à l’avance et qu’ils ont pu préparer, tiennent une place à part dans les Œuvres morales et ont de l’intérêt, soit par la nature de la discussion, soit par la manière vive et familière dont elle est présentée. L’édition princeps de ce vaste recueil (Venise, 1509, in-fol.) est un chef-d’œuvre typo-graphique d’Aide Manuce ; il en existe deux beaux exemplaires à la bibliothèque Mazarine et à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Un grand nombre d’érudits du" xvie siècle, Érasme, Turnèbe, Mélanchthon, Philelphe, Pirkeimer, Ange Politien, traduisirent en latin la plus grande partie des traités de Plutarque ; Xylander réunit toutes ces traductions partielles et traduisit les traités qui avaient été négligés (1570, in-fol.) ; enfin, Amyot en donna sa traduction française si estimée (1565, 3 vol. in-fol.), mais qui a le tort de donner au style de Plutarque des grâces naïves qu’il n’a point. M. Victor Bétolaud en a donné une nouvelle traduction {Hachette, 1870-1872, 5 vol. in-18) qui satisfait à toutes les exigences de la critique.

Les Vie* parallèles sont le fondement même de la renommée de Plutarque. Traduites également-par Amyot (1559, 2 vol. in-fol.), elles ont, pour ainsi dire ; acquis chez nous le rang d unô œuvre originale française ou plutôt gauloise. Nous leur avons consacré un article spécial (v. Vies parallèles ou Vies des hommes illustres, nu tome XV, p. 1007). Longtemps considérées comme autant de chefs-d’oeuvre, ces biogra Ehies des grands hommes de l’antiquité semlent aujourd’hui avoir perdu un peu de cette estime. Dans un récent débat à l’Académie des sciences morales et politiques (25 juillet 1874), M. Nourrisson leur a reproché, après Voltaire et P.-L. Courier, de substituer trop souvent le roman à l’histoire, et d’avoir eu une influence plus pernicieuse qu’utile. Plutarque a trouvé d’éloquents défenseurs dans MM. Levêque, Zeller et Baudrillart ; mais ou ne- peut disconvenir qu’il n’y ait d’assez graves reproches à lui faire. M". Egger a essayé d’y répondre de la manière suivante : « Plutarque, écrivant des biographies et

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non une histoire, dessinant des portraits et non un tableau, a dû relever et mettre en lumière ce qu’il y avait de particulier, de caractéristique dans la physionomie de ses héros. De là cette profusion d’anecdotes qui peignent si bien les hommes et les choses. « 11 a, dit J.-J. Rousseau, une grâce inimitable à peindre les grands hommes dans les petites choses, et il est si heureux dans le choix de ses traits, que souvent un mot, un

  • sourire, un geste, lui suffit pour caractéri

« ser un héros. » Mais ce charme même a mis en défiance ceux qui cherchent dans l’histoire les idées générales, les vues d’ensemble, les loisdu développement des institutions et des peuples.. « Les vies des grands hommes dans Plutarque sont, dit Voltaire, un recueil d’anecdotes plus agréables que certaines ; comment aurait-il eu des mémoires fidèles de « la vie de Thésée et de. Lycurgue ? » Le reproche n’est pas sérieux. Plutarque n’a-t-il donc écrit que des vies de personnages fabuleux ? Et les traditions mythologiques ne sont-elles pas, d’ailleurs, du domaine de l’histoire ? La boutade de Paul-Louis Courier

n’est pas plus concluante : « C’est un plaisant historien... Il se moque des faite et n’en prend que ce qui lui plaît, n’ayant souci que de o paraître nabile écrivain. Il ferait gagner à Pompée la bataille de Pharsale si cela pouyait arrondir tant soit peu sa phrase. » Cette assertion d’un helléniste consommé est étrange. Plutarque, au contraire, soigne- si peu ^on style qu’il garde les formes des auteurs qu’il a lus, des documents qu’il a consultés, et ne cherche point à effacer les disparates qui en résultent. Nulle part il ne montre un mépris des faits aussi grand que le dit Courier. Il rapporte des faits fabuleux ou douteux, mais en laissant bien voir qu’il n’y croit pas ou qu’il n’y croit guère, et quant aux faits vraiment historiques, il sait les discuter avec une sévérité très-attentive à la valeur des témoignages qui les appuient. »

Ce qu’on ne peut contester, c est la puissante action opérée sur les esprits, dans le cours des siècles, par la lecture de Plutarque et surtout de ses Vies parallèles. La plupart des penseurs s’en sont nourris ; Montaigne, Montesquieu, J.-J. Rousseau, Sbakapeare y ont puisé de larges inspirations. « Il m’a dicté beaucoup d’honnêteté ; il a été comme ma conscience, » dit Henri IV dans une de ses lettres. Mm" Roland déclare dans ses Mémoires que Plutarque a été, dès l’âge de neuf ans, sa véritable pâture. » Les grands hommes de la Révolution française, disciples de Rousseau, le lisaient assidûment et en tiraientdes maximes civiques ;Kléber(Thiers, Dévolution française) avait dans sa malle un Plutarque et un Quinte-Curee ; cela valait toujours mieux que le vague Ossian de Bonaparte. Peintres, sculpteurs et postes ont pris dans Plutarque les sujets d’un grand nombre de compositions. Noua citerons ici les principaux, d’après M. Talbot (trad. fr. des Vies des hommes illustres) qui en a dressé la liste à peu près complote : N. Poussin, Domulus et Jïémus, le Jeune Pyrrhus, le Châtiment du maiire d’école des l’alisques, [’Enlèvement des Sabines, les Funérailles de Phocion ; Claude Lorrain, Débarquement de Cléopâtre à Tarse ; Rubens, Romulus et ftémus ; Lanfranc, les Funérailles de César ; Dominiquin, la Mort de Cléopâtre, Timoclée devant Alexandre ; Jules Romain, la Victoire navale d’Actium ; Salvatoï Rosa, la Conjuration de Catilina ; le Parmesan, la Mort de Lucrèce ; Le Brun, Mucius Scevola, le Passage du Granique, la Bataille d’Arbelles, la Tente de Darius, la Défaite de Parus, Entrée d’Alexandre à Babylone ; Ribera, le Suicide de Caton ; Breughel, la Bataille d’Arbelles ; Van der Werf, Séleucus cédant Stralonice à Antiochus ; Netscher, Cléopâtre ; Coypel, Solon se séparant des Athéniens ; L. David, les Sabines, Brulus et ses ftls, Léonidas aux Thermopyles ; Lethière, Mort des fils de Brutus ; Ingres, Stralonice ; Chenavard, les Commencements de Home, le Passage du Rubicon, le Suicide de Caton, la Mort de Brutus ; Court, la Mort de César ; Decamps, la Défaite des Cimbres, sujet traité aussi par M. Luminais ; Cogniet, Marius sur les ruines de Cartilage ; Gérome, la Mort de César, Cléopâtre se présentant à César ; Chassériau, Défense des Gaulois contre César ; G. Moreau, les Athéniens livrés au Minotaure, eic. Parmi les sculptures, nous citerons : le Spartacus, de Foyatier ; le Triomphe d’Alexandre, Alexandre d Babylone, de Thorwaldsen ; Thésée et le Minotaure, de Ramey ; le Lycurgue, le Léonidas, de Lemot ; la Mort de César, bas-relief de Flaxman.

Les tragédies et drames inspirés par Plutarque sont innombrables ; il nous suffira de rappeler : l’Antoine et Cléopâtre, le Coriolan, le Timon d’Athènes, le Jules César, de Shakspeare ; l’Alexandre, de Hardi ; le Nicomède, VAgésilas, le Suréna, le Sertorius, la Mort de Pompée, de Corneille ; le 2’riumvirat, le Catilina, le Jules César, de Voltaire ; le Triumvirat, le Catilina, le Pyrrhus, de Crébillon ; le Manlius Capitolinus, de Lafosse ; le Thnoléon, le Caîus Gracchus, de J.-M. Chénier ; le Marius à Minturnes, d’Arnault ; le Sylla, de Jouy ; le César, d’Ampère ; la Lucrèce, de Ponsard, etc.

On peut consulter sur la vie et les ouvrages de Plutarque : Xylander, Vita Plutarchi (1570, in-8o, en tête des Moralia Plutarchi) ; S. Goulard, Vie de Plutarque, en tète de la traduction des Vies, par Amyot (éd. de 1583,

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in-s°) ; Andréas Schott, Lamprias, De vita et scripiis Plutarchi, grsce et latine (1597, in-4o) ; D. Celerio, Libetlum de Plutarchi Cheronei vita (Patav., 1627, in-8<>) ; J.-E. Muller, Programma de Plutarcho (Rudolstadt’, 1697, in-4o) ; Corsini, Vita Plutarchi (1750, in-8o) ; C.-F. Hermann, Dissertatio de fontibus Plutarchi (Màrbourg, 1833, in-4») ; Nitzsch, Disputatio de Plutarcho theologo et phiiosopho populari (Kilon., 1849, in-4o) ; Schreiter, De doctrina Plutarchi et théologien et morali (Leipzig, 1836, in-4<>) ; O. Gréard, De la morale de Plutarque (1867, in-18).

Plutarque (DE LA MORALE DE), par M. O. Gréard (1867, in-18 ; 2e édit, Hachette, 1874, in-18). Le but de l’auteur dans ce livre, qui n’était d’abord qu’une simple thèse de doctorat et qui s’est transformé, dans la seconde édition, en un ouvrage complet, a été de présenter le résumé des doctrines morales du grand polygraphe grec, doctrines éparses dans tous ses écrits, dans les Œuvres morales comme dans les Vies parallèles, et dont il restait à faire un faisceau. M. Gréard ne nous donne donc pas tout Plutarque avec ses incohérences, ses incertitudes, ses doctrines

parfois contradictoires comme il peut en échapper à un homme qui a écrit et parlé à peu près sur tout, mais ce qu’il y a d’excellent a extraire, au point de vue moral, de ses différents opuscules. Une partie seulement de sa physionomie est mise dans son jour, mais cette partie est la plus importante et constitue sa personnalité. L’auteur, afin d’éclairer cette exposition critique, a d’abord rassemblé, sous trois chefs principaux, les doctrines morales (le Plutarque : la Vie domestique, la Cité, le Temple. Ce sont les titres des trois chapitres qui forment le cœur du livre. L’homme, le citoyen, le croyant sont, en effet, les trois aspects se complétant 1 un par l’autre et sous lesquels peut être jugé avec certitude tout moraliste. Le premier chapitre, où il examine la place que les devoirs et les affections de la vie domestique tiennent dans les œuvres de Plutarque, ses idées sur l’éducation des enfants, sur l’amour conjugal, sur les amis et les différents caractères de l’amitié, sur les esclaves, ces compléments de la famille dans l’antiquité, où il retrace, a l’aide de toutes les indications éparses ça et là, le tableau d’une famille-païenne telle que la comprenait Plutarque, est très-complet et fort remarquable. La conclusion de 1 auteur est que Plutarque a fait autre chose que de puiser avec discernement dans le trésor d’observations accumulées avant luiparlasciènce

et les observations de plusieurs siècles. « Sur le terrain préparé par les travaux dès maîtres, il nous parait, dit-il, avoir contribué à établir, sans plan régulier, mats avec un sens très-net de l’ensemble et une rare sûreté de vue dans le détail, le3 fondements de la famille telle que nous la concevons aujourd’hui, solidaire dans ses membres et indépendante de l’État, vivant dans une intime union et de sa vie propre. » Comme citoyen, Plutarque prêche surtout la réforme des mœurs et s’applique au réveil de la vie municipale ; il ne s’occupe guère que de petites choses, des travers propres aux habitants des petites villes, de l’usure qui dévore la substance des pauvres, du luxe et de l’oisiveté qui corrompent les riches. Ce sont des lieux communs ; mais il faut se souvenir qu’il écrivait dans une petite ville, pour l’édification de ses habitants, et que la domination romaine Délaissait guère place k des revendications hardies. Ce chapitre n’en présente pas moins, sous une forme agréable, un tableau achevé de la vie politique et morale des provinces au 1e siècle de l’ère moderne. Des nombreux traités religieux et mythologiques de Plutarque, M. Gréard a pu extraire, pour le chapitre intitulé le Temple, les indications les plus précises et les plus curieuses sur le déclin du paganisme à la même époque. Plutarque, grand prêtre d’Apollon vers la fin de sa vie et fort honoré de l’être, prenant au sérieux sa charge et la pythie et le trépied, fut un des derniers païens convaincus. Il se lamente sur la cessation des oracles, sur les sanctuaires que la fouie déserte, et cherche les moyens de rendre au culte son antique splendeur. Ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’il ne parle nulle part des chrétiens qui, cependant, si la lettre de Pline à Trajaa était entièrement authentique, pouvaient s’attribuer en grande partie cet état de choses. Ce n’est pas à l’établissement d’une religion nouvelle que Plutarque attribue cette"-froideur générale pour les dieux ; c’est au scepticisme philosophique des lettrés et à l’ignorance des masses. Il voit les uns nier les dieux par raisons démonstratives, les autres se précipiter par faiblesse d’esprit dans l’astrologie, la sorcellerie, la divination, et se laisser duper par les charlatans. C’est encore un tableau complet et très-intéressant, comme tout ce qui touche à l’état des croyances d’une époquéet nous fait pénétrer dans la vie intime, au plus profond des consciences.

Divers chapitres servent d’appendices à ces trois points de vue principaux et les complètent ; ils traitent des doctrines philosophiques de Plutarque, de sa morale proprement dite et de son efficacité, de la méthode et enfin du style de Plutarque. 0 M. Gréard a surtout insisté, dit M. Ch. Levêque, sur la philosophie et la psychologie de Plutarque, deux points qui avaient été laissés relative PLUT

ment dans l’ombre lors de la première édition. Plutarque est académicien ; ce qu’il défend contre les épicuriens et les stoïciens, c’est une doctrine morale fort semblable à celle de Platon. Elle se fonde sur une psychologie qui n’a rien de métaphysique mais qui est très-pénétrante et très-délicate en es qui touche l’observation des mœurs et des caractères. »

Le livre de M. Gréard a été couronné par l’Académie française (août 1867) et déclaré « une lecture hautement morale. »

PLUTEOM s. m. (plu-té-omm). Syn. de

PLUTEUS.

PLUTEUS s. m. (plu-té-uss — mot Int.). Archit. ano. Mur à hauteur d’appui. Il Mur bas qui fermait la partie inférieure d’un entre-colonnement.

— Antiq, rom. Dossier qui formait le fond d’un lit du côté du mur, le côté opposé éiant ouvert. Il Etagère d’appartement. Il Planche sur laquelle on posait un cadavre.

— Ane. art milit. Rempart de planches dont les assiégeants se servaient pour se mettre à l’abri des traits des assiégés, il Tour mobile portée sur des roues, dont se servaient les assiégeants.

— Encycl. On dressait les plu !eus en avant des tranchées ou sur des tours et des machines de guerre. Le même nom désignait

encore une tour mobile couverte d’un toit ou de claies garnies "de peaux. « Les plutei, dit Végèce, sont faits d’une charpente cintrée, couverte d’un tissu d’osier garni de peaux fraîches ou de pièces de laine... Les assiégeants les approchent des murailles et, de cet abri, ils délogent des remparts les assiégés à coups de flèches, avec la fronde ou avec des traits, afin de faciliter l’escalade. ■

Le pluteus, ainsi que le muscule, était de différentes formes. Le Père Daniel en fait mention dans son Histoire de la milice française et il prétend que cette machine était couverte par-dessus et en comble rond ; il cite un passage du Siège de Paris, par le moine Abbon, dont le sens est que les Normands y employèrent un grand nombre de

machines que les Latins nommaient plutei, dont chacune pouvait mettre à couvert sept ou huit soldats, et que ces machines étaient, couvertes de cuir de bœuf. Ou leur donnait le nom de tentoria parce qu’elles n’étaient pas plates par-dessus, mais arrondies. Ces machines se composaient d’une charpente en manière de cintre, couverte d’un tissu d’osier. Elles étaient appuyées sur trois petites roues, une au milieu et les autres aux extrémités. Les modernes ont leurs plutei comme les anciens, sous le nom de mantelets.

PLUTOCRATIE s. f. (plu-to-krà-sl). Forme régulière, niais inusitée, du mot ploutocratie.

PLUTON s. m. (plu-ton — nom mythol.). Antiq. rom. Celui qui traînait les cadavres des gladiateurs hors du cirque : On nommait ces hommes les plutons ; ils avaient pour of-fice de traîner les cadavres hors du cirque et d’achever à coups de marteau les victimes qui respiraient encore. (E. Sue.)

— Comm. Toile de fin et de coton, qu’on fabriquait autrefois en Normandie.

— Ornith. Nom vulgaire du cormoran.

PLUTON ou HADÈS chez les Grecs, DIS chez les Latins, dieu du monde souterrain et inférieur, sorte de Jupiter tellurique (Zsù ; ■/bo-iat dans Hésiode, Zeù ? xbt»^OiSvioç dans Homère), roi des morts et de leurs ombres, monarque des enfers, ’considéré comme l’un des grands dieux de l’Olympe hellénique, fils de Saturne et de Rhée, frère de Jupiter et de Neptune. Platon propose des noms de Pluton et de Hadès une étymologie toute philosophique. « Dans l’autre vie, fait-il dire h Socrate (République, III), nous sommes retenus par une condition meilleure, par le désir des choses divines, qui détourne notre pensée de la terre et des biens qu’on y goûte. C’est dans l’autre vie qu’est le vrai bien, la vraie richesse ; de là le nom de Pluton, uXoicuv ou icXouTtùç, c’est-à-dire le riche. L’âme y prend connaissance du divin, de là l’étymolo^ie du nom de Hadès, emprunté au mot connaître (c’vîcvat). »

Le peuple, qui prononçait avant Platon les noms de Pluton et d’Hadès, ne connaissait pas ces subtilités spiritualistes et n’appliquait ces noms qu’au caractère en quelque sorte physique de la divinité qu’il concevait. Pluton (qui dérive, en effet, de iXoûtoç, richesse) n était, à ses yeux, que la personnification des richesses de ce sol terrestre qui ne contient pas seulement les trésors exploités par l’industrie des hommes, les sources des eaux et les sources du feu, mais encore la force même qui préside à toute production.

Hadès (a£ij(, ’a1£ijç, àfil£ij ;, a£b>ytû(, de à

privatif et tiSa, voir), c’est l’invisible, le dieu du monde souterrain, des forces secrètes de la nature, des mystères de la vie future. C’est le dieu du monde sans manifestation, sans forme, sans vie saisissable par le regard ni par la pensée, le dieu du non-être, de la mort.

Proserpine, ntp« ?4vil, forme féminine du dieu, donnée comme épouse à Hadès, et dont la signification est très-précise (Froserpino est l’emblème de la végétation), rappelle Aditi, Aditya, donnée dans le Rig- Véda pour la mère des plantes et l’épouse du Soleil.