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sont loin d’avoir la même importance. Ainsi, la face grippée, la dilatation des pupilles n’ont pas la même valeur que la dilatation de l’anus, l’évacuation involontaire des matières fécales ou des urines, qui sont des avant-coureurs presque certains de la mort. Il y a plus ; on pourrait dire qu’il n’est aucun des signes pronostics défavorables auquel on puisse accorder une valeur absolue. Leur expression dérive du mode de leur association relativement h la nature et à ta période de la maladie qu’ils accompugnent. C’est ainsi que la petitesse du pouls, jointe à la pâleur des muqueuses, a la force des battements du cœur, ne devra pas être nécessairement considérée comme indices de la

mort au début de l’hydrohémie, tandis que son apparition à la dernière période d’une congestion intestinale indiquera une terminaison nécessairement mortelle, surtout s’il s’y joint des tremblements, des sueurs froides, l’abaissement de la température des extrémités, etc.

Mais il est des maladies qui, par leur siège comme par leur nature, sont toujours graves et souvent mortelles. Les maladies vermineuses, le tétanos, le charbon symptomatique, la péripneumonie contagieuse, le typhus des bêtes à cornes, le choléra des oiseaux de basse-cour, etc., etc., sont de ce nombre. Il en est d’autres qui sont presque toujours mortelles ; telles sont la morve, l’ictère ou jaunisse du chien, la fièvre charbonneuse de tous les animaux, encore connue sous le nom de sang de rate, et les maladies cancéreuses. Enfin, certaines maladies, comme la phthisie tuberculeuse et la rage, ont toujours une terminaison funeste.

Pronostics (lks), par Hippocrate. « Hippocrate se propose, dit Étienne le Philosophe dans son Commentaire, de discourir sur les maladies aiguës, non pas sur toutes indistinctement, mais sur celles-là. seulement qui sont accompagnées de fièvre ; car il y a des maladies aiguës qui ne sont pas nécessairement accompagnées de fièvre ; telles sout l’apoplexie, l’êpilepsie, le tétanos. Si l’on objectait qu’il s’est occupé aussi des maladies chroniques, puisqu’il a parlé de l’hydropisie, de l’empyème et des atfections de la rate, qui sont certainement des maladies chroniques, on répondrait à cela que cette digression même montre avec quel soin il a parlé des maladies aiguës ; car il n’étudie pas les maladies chroniques pour eUes-mêmes, mais’ comme étant la suite d’un état aigu.., C’est avec raison qu’Hippocrate étudie plus spécialement les maladies aiguës, car ce sont elles qui troublent le plus la nature et qui exigent le plus d’art dans leur traitement. »

Hippocrate entendait par prognostic ou prognose l’art de raisonner sur une maladie d’après les symptômes qu’elle offre à ses débuts, de prévoir par ceux-ci ceux qui doivent suivre et de conjecturer de tout cet ensemble de faits l’issue favorable ou non de la maladie. La médecine moderne donne à cette étude le nom de sémiologie et qualifie l’intelligence entière des symptômes d’une maladie par le terme diagnostic. Hippocrate accordait d’ailieurs une importance restreinte à la prognose (pronostic). « Presque absolument privé, dit M. Daremberg, des lumières fournies par l’anatomie et la physiologie normales ou pathologiques, il considérait la maladie comme indépendante de^ l’organe qu’elle affecte et des formas qu’elle revêt et comme ayant par elle-même sa marche, son développement et sa terminaison. Néanmoins, comprenant tout aussi bien que les médecins modernes la nécessité d’être éclairé sur cette marche, sur ce développement, il croyait à la nécessité d’établir certaines règles fixes à l’aide desquelles il lui fût possible de prévoir la succession des phénomènes et l’issue définitive, afin de s’appuyer sur quelques bases pour diriger le traitement ; mais, ne pouvant arriver à tous ces résultats par la considération des symptômes propres à chaque maladie..., il porta toute son attention vers l’étude des conditions générales de la vie, vers l’observation minutieuse et tout empirique des phénomènes, de ceux surtout qui sont communs à l’état de santé et à l’état de maladie, i

  • Sa prognose n’est donc pas, comme on l’a

dit, l’art de pénétrer l’avenir. C’est l’étude des signes généraux et particuliers ; il tire de leur observation des conclusions, comme

. on fait dans chaque science. Ses pronostics sont donc l’effet d’une simple induction de l’esprit.

Le pronostic, suivant Hippocrate, a trois avantages : 10 H gagne au médecin la confiance du malade, à qui on explique l’issue probable de la maladie ; 2° dans la prévision de certains accidents possibles, le médecin prend des précautions contre eux ; 3° enfin, on ne met pas sur son compte la mort du malade, s’il succombe.

Hippocrate termine en ces termes : • Ne demandez le nom d’aucune maladie qui ne se trouve pas inscrite dans ce livre, car toutes les maladies qui se jugent dans les mêmes

« périodes que celles que j’ai indiquées plu3 haut, vous les reconnaîtrez aux mêmes signes. » Les maladies aiguës ont toutes des Symptômes communs ; un seul régime leur suffit dans la plupart des cas. C’est pourquoi l’auteur a écrit un traité ayant pour titr» : Dm régime à suivre dans let maladies aiguës.

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On trouve une. "excellente traduction française du Pronostic dans les Œuvres d’Bippocrate éditées par M. Littrè.

PRONOSTICATEUR, TRICE s. (pro-no-sttka-teur, tri-se — rad. pronostiquer). Personne qui pronostique, qui fait des pronostics.

FRONOSTICATION s. f. (pro-no-sti-ka-si-on

— rad.pronostiquer). Action de pronostiquer, prédiction, conjecture : En histoire naturelle, les pronostications n’ont pas toujours été confirmées par l’expérience. (Ch. Duméril.) Il Peu usité.

PRONOSTIQUE adj. (pro-no-stî-ke — rad. pronostic). Pathol. Qui a rapport aux pronostics, il Signes pronostiques, Ceux qui éclairent sur la marche ultérieure d’une maladie.

PRONOSTIQUÉ, ÉE (pro-no-sti-ké) part, passé du v. Pronostiquer : Evénement pronostiqué.

PRONOSTIQUER v. a. ou tr. (pro-no-sti-ké

— rad. pronostic). Prédire, faire le pronostic de : Pronostiquer le temps. Le médecin pronostiquait la fièvre inflammatoire la plus pernicieuse. (Baiz.)

— Faire prévoir, être le pronostic, le signe de : Le vent d’ouest pronostique la pluie.

— Absol. Hippocrate témoigne faire le plus grand cas du talent de pronostiquée. (Broussais.)

PRONOSTIQUEUR, EUSE S. (pro-no-stikeur, eu-ze — rad. pronostiquer). Personne qui pronostique, qui fait ’des pronostics : Le peuple ne voit dans les astronomes que des

PRONOSTIQUEURS du temps.

PRONSK, ville de la Russie d’Europe, gouvernement et à 48 kilom. S. de Riazan, ch.-l. de district, sur la rive gauche de la Pronia ; 8,000 hab., dont le commerce et l’agriculture sont les principales occupations. Elle a été fondée en 1186 et a eu ses souverains propres.

PRONUNCIAMIENTO S. m. (pro-non-si-ami-ain-to—"motespagn, V. prononcer). Hist.

En Espagne et dans les colonies espagnoles, Acte duu chef, d’une assemblée, d’une ville, d’une province qui se révolte contre le gouvernement central ou lui demande impérieusement certaines réformes. Il Manifeste qui précède cet acte.

— Encycl. Les pronunciamientos (c’est-àdire déclarations) sont des actes particuliers à l’Espagne et à l’Amérique méridionale, et par lesquels des chefs militaires, des hommes

•dans de hautes positions, des personnages politiques, des juntes ou assemblées, des villes, des provinces se déclarent pour ou contre le gouvernement établi ou seulement contre tel ou tel de ses actes et réclament, soit des modifications de choses ou de personnes plus ou moins radicales, soit des franchises locales et des prérogatives de province, soit des restrictions, des aggravations, des répressions dans le sens de l’ordre entendu d’une certaine façon. Quoiqu’il y ait eu beaucoup de pronunciamientos antilibéraux, comme ceux qui se firent au Mexique en faveur de ce malheureux empire d’un jour que la France impériale avait imaginé, soutenu, imposé, la plupart ont été dans le sens de la liberté ; tels sont ceux qui renversèrent, au mois de septembre 1868, « l’innocente» Isabelle du trône d’Espagne. Il avait été préludé à ces derniers, en 18G5 et 1866, par des. pronunciamientos très-libéraux, faits, il est vrai, « au nom de la reine, que Dieu garde I » comme presque tous les pronunciamientos du règne d Isabelle II, et demandant l’éloigneraent de la camarilla, la liberté de conscience, la liberté de la presse, celle du commerce et le rétablissement du crédit de l’Espagne.

Il n’est, pour ainsi dire, personne en Espagne qui n’ait fait en sa vie un ou plusieurs pronunciamientos. C’est une sorte d’apanage castillan de vouloir paraître libre et indépendant et d’affirmer son opinion les armes à la main. En remontant au temps du Cid, on retrouverait déjà la trace de ces démonstrations politiques ; mais il était donné à notre siècle de les voir se répéter presque chaque année sur la terre d’Espagne. Prenons pour exemple le règne d’Isabelle, et l’on aura une idée de l’importance que prennent, dans la vie publique du peuple espagnol, les pronunciamientos. L’état-major général de l’armée de ce pays se composait de dix capitaines généraux, dont cinq honoraires, le roi, les infants et le duo de Montpensier. Les cinq autres, Espartero, duc de la Victoire ; Ramon-Maria Narvaez, duc de Valence ; Manuel Quttierez de Lu Concha, marquis del Duero ; Léopold O’Donnell, comte de Lucena, duc de Tétouan, et François Serrano y Domiguez, duc de La Torre, ont pris part à des pronunciamientos restés célèbres dans l’histoire nationale. S’ils ont eu à se mesurer avec les ennemis de l’Espagne, si leurs actions d’éclat les ont mis en relief, ils ont aussi beaucoup dû de leur élévation à l’énergie qu’ils ont mise à combattre leurs rivaux politiques. Parmi les lieutenants généraux commandant en chef les diverses armes, les plus renommés, Antonio-Jose Ros de Olano, marquis de Guad et Grelu ; Zabala, marquis de Sierra-Bullones ; Dulce, marquis de Castell-Florit ; Félix de Messina ; Ueuaro Quesada et beaucoup d’autres lieutenants ou brigadiers marquèrent également dans les pronunciamientos. Le général Prim, qui devait

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avoir une si grande influence sur les événe- i ments qui précédèrent et suivirent la révolution de 1868 en Espagne, a pris l’initiative de plusieurs pronunciamientos fameux. Député aux cortès par la ville de Barcelone en 1843, et entré dans l’alliance formée par Espartero, par les christinos et les progressistes réunis, il souleva R.eus, sa patrie, dont il rédigea lui-même le pronunciamiento ; en 1865, il leva de nouveau l’étendard de la révolte et, sous son impulsion, les pronunciamientos se succédèrent en Catalogne et en Aragon jusqu’au moment où il fut obligé de fuir à l’étranger, d’où il est revenu en vainqueur au mois d’octobre 1868, l’année par excellence des pronunciamientos de toutes couleurs et de toutes provenances.

Les pronunciamientos n’ont pas toujours eu gain de cause ; mais, chez ces peuples à imagination d’une mobilité si singulière, on n’est pas à jamais déchu pour avoir échoué dans une ou plusieurs tentatives. Quelques généraux ont été passés, il est vrai, par les armes ; mais, le plus souvent, les vaincus en ont été quittes pour un exil momentané, pour la prison ; plusieurs sont même rentrés en faveur auprès du gouvernement après la chute de tel on tel ministère qu’ils avaient combattu. D’autre part, beaucoup qui n’ont pas réussi dans un premier pronunciamiento ont réussi dans un second ou dans un troisième, et l’exemple de Prim n’est pas un fait isolé. Ainsi Narvaez, à la suite de son premierpronunciamiento, en novembre 1838, dut s’exiler ; il se réfugia, on le sait, en France, où il fut bientôt rejoint par la reine mère, dont la petite cour devint le foyer d’activés démarches contre Espartero : mais, en 1842, il organisa, de Paris, avec 1 argent de la régente, une vaste conspiration, dirigea la centralisation des christinos à Perpignan et, l’année suivante, se mit à la tête de l’insurrection qui renversa le dictateur. Son débarquement eut lieu à Valence ; il marcha sur Madrid en se faisant jour à travers les généraux qui le poursuivaient, les vainquit à Torrejon-de—Ardoz le 23 juillet et entra triomphalement dans la capitale de l’Espagne, où Marie-Christine vint le retrouver. C est en mémoire du lieu de son second pronunciamiento qu’il fut créé duc de Valence. De même, le maréchal O’Donnell, plus tard président du conseil des ministres, a conspiré longtemps contre Espartero avant de diriger le célèbre pronunciamiento de 1854. Après avoir réussi dans ce dernier, il écrasa, sans pitié aucune, ceux de Madrid, de Barcelone, de Saragosse et de plusieurs autres villes, dirigés contre lui deux ans plus tard. Il ne resta maître du pouvoir qu’après une compression formidable, mais pour peu de temps. Son rival, Narvaez, reconquiert le titre de premier ministre ; il le renverse, il est vrai, encore une fois et le remplace, restant ferme au milieu de tous ces ministères éphémères qui suivirent jusqu’en 1864, où Narvaez passe encore devant lui. L’année suivante, il revient de nouveau à ses hautes fonctions que la chute d’Isabelle II lui a enlevé définitivement, ce semble, l’espoir de reprendre jamais.

Il faut reconnaître que la puissance des chefs de pronunciamientos est rarement de longue durée. Le rôle de beaucoup d’entre eux n’a été que" passager, et c’est surtout quand on fait des pronunciamientos qu’il ne faut pas oublier que la roche Tarpéienne est près du Capitole. Le duc de la Victoire, Espartero, après son premier pronunciamiento de la fin de 1832, en faveur des droits de succession au trône conférés à la princesse Isabelle, passa huit années à combattre les carlistes avant de pouvoir s’emparer de la présidence du ministère. Il n’y réussit qu’à un second pronunciamiento en 1841 ; le 8 mai, il reçut des cortès le titre de régent, en remplacement de Marie-Christine, titre qu’il ne put conserver quelque tumps qu’en déployant une grande rigueur, en comprimant les mouvements républicains, en étouffant l’insurrection de Pampelune, en déjouant les complots militaires des généraux Concha et Diego-Léon, en mettant la fusillade à l’ordre du jour, en arrêtant par la terreur les pronunciamientos des provinces basques, en bombardant jusqu’à Barcelone. Il a beau faire, ses compagnons, ses rivaux se prononcent contre lui, et, de ce nombre, Serrano, Lopez, Caballero ; Narvaez débarque à Valence, comme nous l’avons déjà dit, Espartero est forcé de gagner l’étranger. Après six ans d’exil enAngleterre ou d’isolement dans sa patrie, il redevient, en 1854, lo chef du parti progrèssiste et se voit porté, par un pronunciamiento, à la présidence do conseil. Mais les conservateurs, qui reconnaissent pour chef O’Donnell, son rival, le forcent, par un autre pronunciamiento, à donner sa démission ; cette démission est le signal d’une insurrection nouvelle à Madrid les 14 et 16 juillet, à Barcelone les 18 et 22, à Saragosse et dans d’autres villes, et les pronunciamientos faits alors en son nom sont écrasés. La vie de beaucoup d’autres généraux espagnols s’est partagée entre la défaite et la victoire, entre l’exil et le triomphe. Comme Espartero, plusieurs ont été déclarés traîtres à la patrie et déchus de leurs grades et dignités ; nous citerons, entre autres, le maréchal de La Concha, ancien ambassadeur en France, rayé des cadres de l’armée an 1852, et le maréchal Serrano, qui, lui aussi, a occupé les mêmes fonctions chez nous, celui-là même qui a fait partie du gou PRON

vernement provisoire espagnol en 1863 et qui, en 1854, avait été exilé.

L’histoire de chaque pronunciamiento est, du reste, fort agitée, disait dans un article du journal le Siècle M. Louis Jourdan ; c« n’est qu’au dernier moment que l’on sait la vérité. On des plus curieux pronunciamientos de notre temps est celui de 1854, cité plus haut. Le Temps en a tracé la piquante épopée d’après les dépêches officielles et officieuses et les bulletins de l’époque. Il commença, le 27 juin, par la sortie d’une partie de la garnison de Madrid et l’on se moqua tout d abord des généraux O’Donnell et autres, qui le dirigeaient. On représenta ensuite comme des rebelles et des insensés que personne ne voulait suivre les généraux Dulce, Zabala et autres qui se joignirent au mouvement. Lorsque les hommes du pronunciamiento eurent été vainquemrs à Vicalvaro, on les représenta encore comme battus ; ils se dirigeaient, disait-on, sur le Portugal. Cependant, Madrid, la grande capitale, faisait son pronunciamiento le 17 juillet. Espartero, rappelé, y rentrait le 30 juillet, et la reine elle-même contre-signait son triomphe, auquel devait bientôt succéder l’arrivée d’O’Donnell au premier rang.

Le 3 janvier 1866, le général Prim donna le signal d’un nouveau pronunciamiento. A son appel, des régiments se soulevèrent & Aranjuez, Avila, Ocana et dans une partie de la Catalogne et de l’Aragon ; mais, grâce à de promptes mesures, le gouvernement parvint à comprimer le mouvement. Un pronunciamiento devait renverser Isabelle II du trône. Au mois de septembre 1868, le contreamiral Topete donna le signal du soulèvement, auquel prirent part Prim et Serrano et qui s’étendit dans toute l’Espagne* avec une extrême rapidité. Quelques jours après, Isabelle, chassée d’Espagne, passait en France et un gouvernement provisoire était installé à Madrid. Un autre pronunciamiento a eu lieu dans la nuit du 30 au 31 décembre 1874 ; le général Martinez-Campos, à la tête de deux régiments de l’armée du centre, a proclamé roi d’Espagne Alphonse, fils de ta reine Isabelle. On peut ccoire que ce nouveau coup de force n’a pas clos à jamais pour ce malheureux pays l’ère des prornmciamientos. C’a été longtemps la vie de l’Espagne et ce sera sa vie longtemps encore, quel que soit d’ailleurs le régime auquel sera soumis le peuple de cet antique pays aux mœurs si singulièrement empreintes de forfanterie et d’indolence.

PROXY (Gaspard - Clair - François - Marie Riche, baron de), ingénieur, mathématicien et physicien français, né à Chamelet, près de Lyon, ^ le 22 juillet 1755, mort à Paris le 31 juillet 1839. Il était fils d’un conseiller au parlement de Dombes. Prony fut admis en 1776 à l’École des ponts et chaussées et nommé sous-ingénieur en 1780. Il reçut d’abord différentes missions en province ; mais Perronnet, alors directeur de l’École des ponts et chaussées, le rappela bientôt près’de lui pour l’aider dans les grands travaux dont il était chargé. Le pont de Neuilly, que venait de construire Perronnet, était le premier dont le tablier fût horizontal ; la hardiesse de l’ingénieur avait soulevé beaucoup de critiques et fait naître des prédictions sinistres ; Prony les réfuta dans un Mémoire sur la poussée des voûtes ; ce mémoire lui valut l’estime des savants et l’amitié de Monge, qui voulut l’aider lui-même à se perfectionner dans la haute analyse. En 1785-, Prony accompagna son chef à Dunkerque, pour l’aider à la réparation du port, et passa avec lui en Angleterre. Deux ans plus tard, il concourut utilement à la construction du pont de la Concorde. Nommé ingénieur en chef en 1791, il allait être envoyé en résidence à Perpignan, lorsque ses amis lui firent obtenir la direction générale du cadastre, que l’Assemblée constituante venait de décréter.

La réformation du système métrique avait pour corollaire naturel la substitution de la division centésimale du cercle à la division sexagésimale ; mais cette substitution exigeait la construction de nouvelles tables. La Convention, sur le rapport de Carnot, Prieur et Brunet, invita Prony, en l’an II, à composer ces tables sur le plan le plus vaste, conformément aux idées larges du temps. Prony dirigaa si bien le travail, qu’il fut achevé en trois ans seulement. Deux exemplaires, calculés séparément, de ce grand ouvrage sont déposés, manuscrits, à l’Observatoire de Paris ; ils forment chacun dix-sept volumes grand in-folio et comprennent une introduction contenant les formules analytiques et l’usage des tables ; 10,000 sinus naturels à vingt-cinq décimales, avec sept et huit colonnes de différences, pour être publiés avec vingt-deux décimales et cinq colonnes de différences ; les logarithmes de 100,000 sinus à quatorze décimales et cinq colonnes de différences ; les logarithmes des rapports des 5,000 premiers sinus à leurs arcs, à quatorze décimales ; une table semblable pour les rapports des tangentes à leurs arcs ; les logarithmes des nombres de 1 à 100,000, à dix-neuf décimales, et de 100,000 à 200,000 à vingt-quatre décimales, avec cinq colonnes de différences. Cet immense recueil, qui pourrait rendre de si grands services, dort inutile depuis 1797, sans qu’aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis ait pu éco-