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Comme dans descadres sculptés par la fantaisie, se-montrait çà et là une des déesses du Si-kiang, poursuivie par quelque grotesque amoureux au ventre rebondi. La singulière maison flottante dans laquelle nous pénétrâmes était, comme toutes ses voisines, longue de 40 a 50 pieds à peu près et divisée au rez-de-chaussée en deux parties : à l’arrière, une salle de jeu ; à l’avant, une plus grande salle pour les fumeurs d’opium. Un escalier pratiqué entre ces deux salles conduisait au premier étage, occupé d’ordinaire par doux courtisanes seulement et divisé, comme le rez-de-chaussée, en deux pièces meublées, avec le plus grand luxe, de divans, et ornées de force lanternes et stores colorié^. Arrivés en haut de l’escalier, nous poussâmes la porte, mais la plus mauvaise réception nous fut faite tout d’abord. Ce fut un cri d’effroi et ’ d’horreur qui s’échappa de deux petites masses multicolores étendues sur des coussins ; puis les deux petites masses en question s’agitèrent et tentèrent, en trébuchant, un mouvement de retraite vers la porte ; puis, faisant contre fortune bon cœur, elles se décidèrent à reprendre leurs places sur les coussins et leurs pipes de cuivre. Imaginez-vous deux petites femmes rondelettes, roses, noires et blanches, comme si elles s’étaient débarbouillées avec la palette de Watteau et plâtrées comme des tableaux de Diaz. On eût dit des pastels vivants. Le maquillage de ces petites courtisanes chinoises avait du employer plusieurs heures. Il est évident que l’artiste’chargé de cette œuvre d’art (car il est impossible que ces femmes opèrent elles-mêmes sur leur propre visage) procède par une première couche blanche, qui est le fond du tableau. Sur cette première couche, il. dessine des yeux en les prolongeant le plus possible par une ligne noire qui remonte gracieusement vers les tempes. Il a bien soin de les entourer de ce cercle bleuâtre chanté par Nadaud et de les couronner d’un étroit coup de pinceau en demi-cercle. II découpe ensuite une petite bouche d’un rose vif et un menton bien rond de la même couleur, puis il jette, avec préciosité, un peu d’ambre ici, un peu de blanc plus loin. Avec un éventail, il fait tout sécher et le visage est fait jusqu’au lendemain, car l’usage du fard est si fréquent que la peau d’une femme de vingt ans est déjà ridée et qu’il faut recommencer tous les jours la même opération. Quant au soin que les prétresses de l’amour chinoises, ainsi, du reste, — que toutes les femmes du Céleste-Empire, ont de leurs mains, c’est à n’y pas croire. Les onguents dont elles se servent pour les conserver blanches et douces, (jour, en garder les ongles fermes et roses, teraient la fortune de Piverou de Guerlain. Ces ongles, que le suprême bon ton ordonne de porter aussi longs qu’il est possible, sont chaque soir enduits d une pâte qui les amollit. Ils. sont ensuite précieusement roulés et renfermés dans de petits dés en ivoire pour ne se redresser que le lendemain. Quant aux pieds, les deux habitantes du bateau de fleurs avaient subi dès leur enfance le supplice de la compression avec des bandelettes. Elles lui devaient de petits moignons informes, de 4 pouces de longueur, qu’elles nous montraient orgueilleusement chaussés de souliers brodés da perles. Le contenant, certes, valait mieux que le contenu. Elles avaient les cheveux relevés sur la tête en un échafaudage gigantesque, maintenu par une foule de grandes et de petites épingles d’or et d’urgent. Il eu est ainsi, du reste, de toutes les Chinoises mariées ou qui pourraient l’être. Les jeunes filles seules portent leur longue chevelure noire divisée en deux nattes descendant sur leurs reins, absolument comme les Alsaciennes. Mais les cheveux d’ébène des femmes du Céleste-Empire sont infiniment plus beaux que ceux des blondes lilles de la patrie des petits balais. Les peintures sur papier de riz donnent une idée très-exacte du costume chinois : de la soie et toujours de la soie, puis du rouge, du bleu, du vert, du, vert, du bleu et du rouge. Il est.difficile aux Européens de monter à bord de l’un de cas bateaux de fleurs où nous avions réussi à monter. Une amende de 4 piastres (un peu plus de ZOO francs) punit les délinquants ; en outre, ils ont à. craindre un coup de couteau ou un bain dans le fleuve des Perles, ou même ces deux perspectives.» Une autre institution/appartenant au même ordre d’idées et tout aussi particulière à lu Chine que les bateaux de fleurs du fleuve des Perles, ce sont ces petits bateaux chinois qui ne manquent pas de louvoyer autour des bâtiments de toute sorte en rade dans les ports de la Chine. Ces petites embarcations sont ordinairement montées par deux femmes seules. De ces deux femmes, l’une est jeune et jolie, tandis que l’autre est laide et vieille. La moitié du bateau est recouverte d’un rouf soigneusement clos avec des tentures et tapissé de nattes fines et de coussins. Aussi u’a-t-on pus de peine à comprendre quel genre d’imiusti ie exercent les matelotes de ces petites embarcations. Ces pauvres filles, venuues le plus souvent à des misérables qui spéculent sur leur prostitution, sont parfois jolies et la finesse de leurs extrémités surtout est remarquable. Seulement leurs immorales prouienuUes sur le fleuve, où Ue navire en navire elles vont offrir leurs caresses, disent assez combien est grande leur misère ; chose remarquable et qui semble assez difficile

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à expliquer, ces courtisanes n’ont pas la difformité des pieds imposée par l’usage aux femmes chinoises et qui leur donne mie démarche si ridicule. Pour ce qui est de la prostitution dans l’intérieur même de la Chine, on en est réduit à des Conjectures, et les quelques récits qui ont été faits sur ce sujet ne méritent guère de croyance, car ils sont, plutôt du domaine de la fantaisie et du roman que de l’histoire ; ils ne méritent donc pas d’arrêter notre attention. Toutefois, ce qui parait certain, c’est que la prostitution dans la Chine joue un rôle considérable et a reçu un développement extrême.

Si nous passons- maintenant aux Indes, nous retrouvons même licence qu’au pays d’où nous venons et nous y rencontrons de plus ta prostitution sacrée régnant dans les classes inférieures comme aux premiers âges du monde. Il y a plusieurs raisons à donner de cet état de choses ; d’abord l’ardeur dévorante du climat, qui surexcite et exagère le penchant sexuel ; puis l’idée innée dans l’esprit des Indous que la femme est un être inférieur, exclusivement créé pour propager l’espèce et satisfaire la sensualité des hommes. Les femmes ’indoues’ no peuvent, dans aucun cas, faire profession de virginité ; elles ne doivent même pas concevoir la pensée d’embrasser un état qui les mettrait dans l’indépendance et hors du pouvoir des hommes ;

elles sont donc toutes obligées de se marier et l’on prend toujours soin de les établir avant l’âge de puberté ; si elles arrivent à cette époque sans avoir pu trouver de mari, il est rare qu’elles conservent longtemps encore leur innocence. Celles qui ne trouvent pas à contracter d’alliance légitime s’attachent, à titre de concubines, à quiconque veut bien les recevoir en cette qualité". L’éducation des jeunes Indous est aussi un des puissants motifs qui ont permis à la plaie de la prostitution de gangrener si profondément la société dans ce beau pays. À cette époque de la vie où, suivant les lois de la nature, les sens devraient encore rester muets, il n’est pas rare de voir des enfants des deux sexes qui sont déjà familiers avec des actions et des discours qui révoltent la pudeur ; les discours licencieux qu’ils entendent sans cesse, les chansons lu-briques et les vers obscènes qu’on se plaît à leur enseigner dès qu’ils commencent a bégayer ; les expressions ordurières qu’on leur upprend, qu’on leur entend répéter avec p : aisir et qu’on applaudit comme des gentillesses : telles sont les bases de ia culture de ces jeunes rejetons et les premières façons qu’ils reçoivent. À mesure qu’ils avancent en âge, l’incontinence et tous les vices qui l’accompagnent croissent avec eux. Eu effet, la plupart des institutions civiles et religieuses de l’Inde ne paraissent inventées que pour allumer et entretenir cette passion, à laquelle un penchant naturel donne déjà tant d’empire. L’histoire cynique de leurs dieux ; le culte religieux, ou des prostituées jouent le principal rôle et font souvent des temples mêmes le théâtre de leurs infâmes débauches, tout semble combiné pour enflammer l’imagination des habitants de ces contrées brûlantes et les pousser avec plus de violence vers le libertinage. Outre ces sources de corruption communes k toutes tes castes, il en existe encore un grand nombre d’autres particulières aux brames. Plusieurs d’entre eux possèdent des livres abominables, où les plus sales et les plus infâmes débauches sont enseignées par principes et avec méthode ;

l’art de varier les jouissances sensuelles, la composition de breuvages propres à enflammer le sang ou à faire renaître la vigueur épuisée sont aussi les matières qu’on y voit traitées. Ils contiennent encore des recettes de philtres qui ont la vertu d’inspirer l’amour lascif. Les courtisanes du pays ont souvent recours à ces philtres pour retenir dans leurs chaînes l’objet qu’elles ont captivé ; c’est dans ses aliments qu’elles ont coutume de les mêler à son insu. Tout commerce avec une courtisane ou avec une personne non mariée n’est pas une faute aux yeux des brames ; ces hommes, qui ont attaché l’idée de péché à la violation ues pratiques les plus indifférentes, n’en voient aucun dans les derniers excès de la luxure. C’est principalement à leur usage que furent destinées, dans l’origine, les danseuses ou les prostituées attachées au service des temples ; on leur entend souvent réciter en chaînant ce vers scandaleux : Viac/iy daroursanam pouniam papa nachanaml dont le sens est : Le commerce avec une prostituée est une vertu qui efface les péchés. Les brames font servir la religion à la satisfaction de leurs appétits sensuels I Toutes les pagodes un peu importantes ont un certain nombre de danseuses attachées au service du dieu ; ces danseuses, qui portent le nom de bayadères (v. bayàdkke), de deoadassys et d’autres encore, forment un véritable sérail pour les brames ; en outre, elles se prostituent à prix d’argent et le produit de ce trafic engraisse d’autant les brames. Dans les temples consacrés plus spécialement aux dieux Siva et Vichnou, il y a en outre des espèces de prêtresses, éesl-à-dire des femmes consacrées spécialement, sous le nom d’épouses des dieux, au service de l’un ou de l’autre de ces immortels ; elles sont d’une classe distincte des danseuses ordinaires des temples, mais elles les égalent en dépravaliuu. Ce sont communément de malheureuses victimes du libertinage des djangoumas ou des vach-

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tournas, comme on appelle les prêtres sivaistes ou vichnouvistes ; ces prêtres, pour garder le décorum et amadouer les familles qu’ils ont déshonorées, rejettent toute la faute sur le compte ou de Vichnou ou de Siva. Les femmes consacrées à Vichnou se nomment Curoudah-bassoys (femmes de Garoudah) et se font imprimer sur la poitrine l’image de l’oiseau de ce nom (c’est l’oiseau consacré à Vichnou), comme la marque distinctivede leurdignité. Les prêtressesdeSiva sont appelées linga-bassoys, ou femmes du liitgam, et portent sur la cuisse l’empreinte de ce signe (on sait ce que représente cet obscène symbole : utriusque sexus verenda in actu coputationis). Ces femmes, quoique bien connues pour être les concubines des prêtres et des autres dignitaires, n’en jouissent pas moins, dans leur secte, d’unésorte de considération. Mais ce qui dépasse vraiment les bornes de la vraisemblance, ce sont les procédés auxquels les. brames ont recours pour peupler leur sérail. Il y a dans la province du Karnatic, dans l’Inde méridionale, un fameux temple, celui de Titoupatty, dédié a Vichnou sous le nom de Vengatta-Souwa. A une époque fixe de l’année, il se fait une grande procession, et l’appareil qu’on a coutume d’y déployer attire un concours immense de curieux des deux sexes. L’idole de Vengatlu-Souara est promenée dans les rues sut-un superbe char ; les brames qui président a la cérémonie se dispersent dans ia foule, font choix des plus jolies femmes qu’ils y rencontrent et les demandent à leurs parents uu nom de Venyatla-Souara, au service duquel ils afrirment qu’elles sont destinées. (J est encore dans le temple de Titoupatty que se passent ces scènes inimaginables où l’on voit les brames exploiter, au bénéfice de leur lubricité, la stumdité des femmes indoues et le désir ardent qu’elles ont d’avoir des enfants. On voit souvent de ces femmes accourir pour demander des enfants au dieu VengattaSouara. A leur arrivée, elles s’empressent d’aller exposer le sujet de leur pèlerinage aux brames directeurs de la pagode, qui leur conseillent de passer la nuit dans 1 Ultérieur du temple où le grand Vengatta-Sowira, touché de leur dévotion, daignera peut-être les visiter dans l’ombre et accomplir ce qui jusque-là a été au-dessus*de la puissance humaine. Le lendemain matin, ces détestables cafards, feignant une ignorance complète de ce qui s’est passé, s’en font raconter les détails ; et, après avoir félicité les femmes qui leur ont plu sur l’accueil que le dieu leur a fait, ils reçoivent les offrandes dont elles s’étaient munies et les congédient en les flattant de l’espoir qu’elles n’auront pas fait un voyage infructueux. Persuadées qu’un dieu a daigné.s’humaniser avec elles, ces pauvres idiotes s’en retournent enchantées, en se berçant de l’idée qu’elles pourront enfin bientôt procurer à leurs maris l’honneur de la paternité. Il existe encore, dans des lieux isolés, des temples où la prostitution sous sa forme la plus hideuse et la débauche la plus crapuleuse forment le seul culte agréable à la divinité que l’on y honore. Là aussi, on promet la fécondité aux femmes qui, mettant bas toute home, livreront leurs faveurs à tout venant. On y célèbre tous les ans, au mois de janvier, une fête qui est le rendezvous de tout ce que le pays renferme de plus dissolu dans l’un et dans l’autre sexe. Beaucoup de femmes stériles, persuadées qu’elles cesseront de l’être, y viennent, après avoir fait vœu de s’abandonner à un nombre déterminé de libertins. D’autres, entièrement perdues de mœurs, s’empressent d’accourir, pour donner à la déesse du lieu des témoignages de leur vénération en se prostituant, en public et sans honte, à la porte même de son temple. Il existe une de ces sentines de tous les vices à 5 ou 6 lieues de la ville de Mysore, sur les bords du Cavery, dans un lieu désert appelé Djunjynagatta. La pagode est de peu d’apparence ; mais la fête de janvier s’y célèbre régulièrement, avec toutes ses gentillesses. Il y a aussi un temple de la même nature près de Kary-Madai, dans le district de Coimbalour ; un autre non loin de Mondon-Dorai, à l’est de Meissour (Mysore) ; on remarque, d’ailleurs, que ces infâmes repaires sont toujours établis dans des lieux éloignés de toute habitation. Chez les Assyriens et les Babyloniens, au rapport d’Hérodote et de Struboii, chaque femme était obligée de se prostituer une fois en sa vie dans le temple de Mytitta, la Vénus des Grecs. Cette tradition choquait si ouvertement les principes de cette pudeur que ia nature semble avoir départie même à la plupart des animaux, que plusieurs écrivains modernes, et de ce nombre est Voltaire, en ont révoqué en doute la véracité. Que diraient-ils des fêtes infâmes dont nous venons de présenter l’ébauche ? Faut-il encore parler de ces orgies immondes connues sous le nom de sacrifice kSakty ? La cérémonie a lieu la nuit, avec plus ou moins de secret. Les moins odieuses de ces orgies sont celles où l’on se contente do boire et de manger avec excès de tout ce qui est défendu par les usages du pays-, et où les hommes et les femmes réunis pêle-mêle violent ouvertement et sans honte les règles les plus sacrées de la décence et de la pudeur. Ils peuvent se livrer sans gène à tous les excès de la lubricité. Un mari qui voit sa femme entre les bras d’un autre n’a pas droit de la réclamer ni de se plaindre ; car alors les

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femmes deviennent communes ; il y a.égalité parfaite entre toutes les castes et le brame cesse d’être au-dessus da paria. La célébration de ces mystères, toujours aussi infâmes quant au fond, varie parfois dans la forme. Il est certaines circonstances où les objets immédiats du sacrifice à Sakly sont un grand vase plein d’eau-de-vie du pays et une fille parvenue à l’âge de puberté. Celle-ci, entièrement nue, se tient placée dans l’attitude la plus impudique. On évoque la déesse Safety, qui est censée se rendre à l’invitation pour venir résider dans le vase d’eau-de-vie et en même temps dans une partie du corps da la jeune fille que la pudeur ne permet point de nommer ; ou offre ensuite à ces deux objet3 un sacrifice de fleurs, d’encens, de sandal, à’akehaltus (grains de riz teints de safran) et une lain[je allumée ; et pour neiveddia (offrande) une partie de toutes les viandes qui ont été préparées. Cela fait, brames, sudras, parias, hommes et femmes, tous s’enivrent avec la liqueur consacrée k Safety, qu’ils boivent dans le même vase en y appliquant les lèvres. Comme à l’ordinaire, la séance est terminée par ce que l’imagination en délire peut suggérer de plus révoltant. Heureusement pour la morale, ces parties de débauche entraînant de fortes dépenses, il s’ensuit qu’elles ne sont pas fréquentes. Mais il est constant que ce sont des brames, et même le plus souvent des femmes de cette caste, -qui sont les plus ardents provocateurs de ces honteuses bacchanales.

En Perse, la prostitution fleurit comme au temps du Darius, et les harems des grands seigneurs sont célèbres par leur nombreuse population.

Mais il faut arriver aux contrées musulmanes qui bordent la. Méditerranée pour voir la prostitution atteindre ses limites les plus monstrueuses : nous voulons parler de la prostitution mâle. Nous demandons au lecteur de procéder sur ce sujet par citation. « Ce qui favorise ce genre de prostitution, dit Haedo (2’upograpàie e historiu général de Argel, IC12, in-foL, p. 38), c’est que les femmes vont librement dans les rues le visage couvert d’un voile et que les maris font peu de cas d’elles, leur préférant les garçons. La sodomie est tenue en honneur et celui-là est le plus considéré qui entretient un plus grand nombre de garçons. Ces garçons sont plus soigneusement gardés que leurs femmes et que leurs lilles. »

« Il est positif, dit M. A. Duchesne (De ta prostitution dans la ville d’Alger depuis la conquête, Paris, 1857), que dans tous les bains maures de Constantinople, de Smyrne, d’Alexandrie, etc., on attache à chaque établissement un jeune garçon de douze ans environ, d’agréable figure. Ce jeune garçon est vêtu avec plus de recherche que les autres baigneurs et toujours coiffé d’une tarbouche, espèce de fichu qui rappelle un peu la coiffure des femmes. C’est un châle roulé en turban avec un gland en or, garni de petites pièces de monnuie. Lorsque l’on est presque déshabillé et enveloppé seulement Ue cette bande d’étoile qui couvre les parties génitales, on pusse avec le jeune garçon dans une première pièce, où il commence un massage léger sur les cuisses en vous faisant mille agaceries ; enfin il arrive même à faire des attouchements impudiques. Si vous ne répondez pas à ses provocations, il vous abandonne et vous livre enfin aux inains du masseur et vous prenez votre bain tranquillement ; mais, pour peu que vous répondiez à ses attaques, il s’offre de satisfaire à tous vos désirs. »

. Hâtons-nous de quitter ce sujet malsain et arrivons en Europe, où nous trouvons la prostitution ’réglementée de différentes façons suivant la contrée.

En Angleterre, le principe du laisser foire est largement pratiqué et nous verrons, en exomiuaut les questions d’hygiène qui se rattachent à notre sujet, ce qu’il en résulte pour la salubrité publique.

En Prusse on a, pendant un temps, donné dans l’excès contraire. On a supprimé la prostitution, mais les filles publiques ont continué leur métier clandestinement et cette suppression a causé, k Berlin surtout, les mêmes maux que la licence en Angleterre.

Le reste de l’Europe ne diffère guère delà France. Avant l’annexion des États romains au royaume d’Italn, la prohibition absolue avait succédé aux tolérances intéressées et aux combinaisons fiscales des pupes du moyeu âge. La licence des mœurs est chose inouïe dans la Home contemporaine, qui mérite bien d’être appelée la grande prostituée, ainsi que la nommaient les réformes il y a trois siècles.

Lors de l’occupation de Rome par les trou. pes françaises en 1849, le commandant du corps expéditionnaire insistait auprès du cardinal Antonelli pour qu’on établit des maisons de tolérance h l’usage des troupes ; celui-ci, qui, selon l’esprit de l’liglise, craignait le scandale plus encore que le mal lui-meute, répondit : dihl qu’en est-il besoin’/ Vous n’avez qu’à frapper à toutes les portes. • Si lé mot n’est pas vrai, il est vraisemblable.

— III. La prostitution kn Eraxciî kt par- itcuLiÈRKMiâNT À Paris. Celte qualifiuation da grande prostituée, Paris la mérite aussi, nous allons lu voir. Mais faisons une restriction tout d’abord. La depravation des mœurs à Paria est surtout causée par ceux qui arri-