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12,200, qu’on peut répartir géographiqueroent ainsi :

Nord 9,283

Centre, 1,151

Sud 83

Est 1.251

Ouest 432

Total 12,200

ti n’est pas sans intérêt de connaître les départements où ces malheureuses sont nées :

Seine 4,469

Seinc-et-Oise 339

Seine-Inférieuvo., .-... 318

Loiret 152

Somme 101

fthône 97

Aube 92

Nord 91

Moselle 69

Eure-et-Loir 79

Calvados 70

Bas-Rhin 65

Oise 57

Côte-d’Or 57

Loire-InférU’iiu.- 63

Indre-et-Loire 48

Gironde 37

Puy-de-Dôme 36

Meurlhe 24

Allier 22

Bouches-du Rhône.... 20

Cher 19

Haute-Loire 10

Il ne faudrait pas, des résultats de cette répartition, conclure d’une façon absolue à la plus OU inoins grande immoralité d’un département. Les villes exclusivement manufacturières, maritimes ou militaires, Rouen, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, ont sur les ^autres villes une fâcheuse prééminence à laquelle ne contribue pour rien la population rurale du département auquel elles appartiennent.

— IV. Des causes et ces agents de la prostitution. La prostitution a ses causes premières dans la brutalité des passions de l’homme, dans la faiblesse organique et morale de la femme. Mais indépendamment de ces causes générales, il en est d’autres qui agissent d’une façon plus particulière encore sur la femme.

Le premier pas de la jeune fille dans la voie qui conduit à la prostitution est presque toujours un amour que ne vient point consacrer le mariage, un amour trompé. Cela est vrai surtout pour les filles de province. Elles se livrent avec bonne foi à celui qu’elles nomment leur amant, mot magique que les romans leur ont présenté si plein de charme. Une première faute commise, l’enfant fuit la famille et ne connaît point de pardon acheté par le repentir. Elle vient dans une grande ville. Un nouvel amour est bientôt suivi d’un nouvel abandon. La misère vient, il ne reste à la pauvre fille d’autre ressource que la mort ou la prostitution. Nous frémissons quand nous apprenons qu’une jeune femme a été trouvée noyée dans)a Seine ; nous avons tort, souvent c est une recrue qui-échappe au lupanar.

Les lois pénales, qui sont impitoyables pour la moindre atteinte aux intérêts matériels, n’ont point songé à frapper celui qui, de la jeune fille appelée à être mère de famille honnête, heureuse, fait une malheureuse, une déshonorée, une paria, souvent une criminelle. Bien plus, par une étrange dérision, celui qui s’est rendu coupable d une séduction ne perd rien dans l’estime publique. C’est flatter beaucoup un jeune homme que de dire de lui qu’il est un vrai don Juan t Cette énormité nous a valu une des plus belles créations de Victor Hugo, Famine, figure dont le réalisme devrait plus nous frapper que l’idéalisme.

Souvent une jeune fille pauvre quitte la campagne, sa province, pour se rendre dans une grande ville, dans l’espoir d’y trouver des ressources, de gagner beaucoup plus qu’elle ne gagne. Elle devient bonne, cuisinière, se laisse entraîner par de mauvaises connaissances, est chassée et se trouve tout à coup sans ressource. Après avoir vécu au hasard, misérablement, dans le vice, n’osant plus retourner dans sa famille, elle roule dans H prostitution.

Le goût du luxe, du bien-être, une éducation pitoyable, la paresse mènent aussi fréquemment à la prostitution. Une éducation élégante, incompatible avec la position sociale modeste de celle qui la reçoit, crée des goûts factices ; la jeune fille ne peut les satisfaire qu’avec les présents de son amant. Les toilettes tapageuses de notre temps rendent ces présents plus nécessaires encore ; tel est souvent le premier pas que font les jeunes filles d’une certaine classe dans la voie de la débauche. Pendant les premières années de la Restauration, chose lamentable, laprestitution se recrutait surtout parmi les élèves de Saint-Denis. L’éducation qu’on leur avait donnée n’était point en rapport avec leur fortune ; la chute de l’Empire arriva et beaucoup d’entre elles, dans les galeries du Palais-Royal, servaient de jouet aux officiers prussiens ou aux gardes du corps de Louis XVIII. Comme le fait remarquai M. Du Camp, il

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y a des jeunes filles qui, jeunes, charmantes, aptes à toutes les œuvres du bien, ont horreur de la pauvreté, reculent à cette pensée

?[u’e !les seront la femme d’un ouvrier, qu’il

audra travailler, porter d’humbles vêtements, faire la cuisine, soigner les enfants ; elles ont rêvé je ne sais quelle existence des Mille et une nuits, elles ont la haine de leur infime condition ; celles-là sont farouches dans le mal ; elles n’y glissent pas, elles s’y précipitent. Un jour, une jeune fille de vingt ans, orpheline et d’une rare beauté, vint d’emblée demander son inscription à la préfecture de police. Le chef de bureau, pris de compassion, essaya de lui montrer vers quel abîme elle marchait ; il lui proposa de l’adresser à des âmes compatissants, qui lui procureraient de l’emploi comme ouvrière bu femme de chambre. Elle regarda le chef de bureau avec dédain et lui répondit : « Être domestique, merci I On ne mange pas de ce pain-là dans ma famille. » ’

L’ignorance absolue, l’absence la plus complète d’éducation morale, l’habitude de vivre depuis l’enfance dans un milieu corrompu qui a engendré la -précocité du dévergondage poussent un grand nombre de filles pauvres au lupanar et dans la fange la plus immonde.

Dans le plus grand nombre des cas, c’est la misère qui est le grand pourvoyeur. L’insuffisance des salaires jette dans l’enfer de la prostitution plus de femmes que toutes les proxénètes. Il est aujourd’hui parfaitement constaté que presque nulle ouvrière ne peut subvenir k ses dépenses journalières avec le produit do son travail. Que lui reste-t-il donc à faire si ce n’est k demander des ressources au concubinage, puis, conséquence fatale, à la prostitution clandestine ? Il en est qui, le soir, parcourant seules les rues et les boulevards, essayent de fixer l’attention des passants avec un embarras naïf. Souvent la pièce de monnaie qu’elles reçoivent pour prix d’un triste marché est attendue par des enfants affamés ou des parents infâmes.

Il en est qui franchissent d’un seul coup l’espace qui les sépare de la prostitution et, sages le matin, le soir se livrent, se vendent pour la première fois. » Il se présente quelquefois volontairement à la préfecture de police des filles à classer dans une catégorie tout exceptionnelle, écrivait, en 1838-, un agent de 1 administration. Au commencement de juillet, un médecin du dispensaire en a visité une qui était vierge. Sur la demande à elle adressée pourquoi -elle voulait faire son métier de la prostitution, elle répondit que c’était la misère qui la poussait à cette extrémité. Le chef do l’attribution des mœurs la renvoya à Reims, son pays de naissance, avec des secours de route. >

Mais souvent, entre la femme qui se prostitue et celui qui lui donne une rétribution honteusement gagnée, que d’intermédiaires qui ont spéculé sur la malheureuse, qui en ont tiré un lucre et qui l’ont livrée I Le proxénétisme est une plaie sociale -, il revêt mille formes, se trouve dans toutes les classes de la société. V. PROXÉNÉTISME.

La fille publique est certainement moins méprisable que la femme qui la précipite dans le mal et vit de son déshonneur. Nous ne passerons point ici en revue les diverses sortes de proxénètes, nous parlerons seulement de celles qui sont connues sous le nom de maîtresses de maison.

Il y a quarante ans environ que les femmes qui dirigent les maisons de tolérance ont pris à Paris la qualification de maîtresse ou dame de maison. L’administration a accepté ces dénominations qui, du moins, servent a en remplacer d’autres fort malsonnantes. Ces femmes appartiennent te plus souvent à la classe des femmes galantes ou des filles publiques isolées. Elles ont formé un capital avec leurs économies ou avec les avances de leurs anciens amants. Les maitresses de maison prennent l’obligation vis-à-vis de la police de nourrir sainement les filles qu’elles embauchent, de les loger et habiller selon la classe des hommes qu’elles se proposent de recevoir. Elles ont de la préfecture de police un livre contenant les règlements spéciaux k la prostitution et le nombre de filles qu’elles veulent s’associer. Ce nombre est en rapport avec celui des pièces habitables qui composent le local qu elles ont choisi. Le livre remis par la police sert à inscrire les nom, prénoms, âge et lieu de naissance de chaque fille qui entre. La sortie doit aussi être indiquée sur ce livre. Les maîtresses de maison doivent envoyer immédiatement au dispensaire les femmes nouvelles qui leur arrivent, et périodiquement celles qui restent dans la maison. Les maîtresses emploient tous les moyens permis ou non pour entretenir et renouveler leur personnel ; elles ont des agents qui courent les Campagnes, s’introduisant partout et trompant les filles pauvres ou vicieuses par les promesses les plus décevantes. Il n’est pas rare de rencontrer des maltresses de maison ayant un mari et des enfants. Par un sentiment de convenance qui se comprend, l’administration interdit aux. enfants le séjour de la maison de tolérance tenue par leur mère. Quant au mari, il n’est nullement responsable de la violation des règlements de police, n’étant pour rien, ostensiblement du moins, dans la gestion de la maison.

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Les maîtresses de maison sont soumises k la surveillance constante de la police, qui les frappe avec sévérité lorsqu’elles reçoivent des mineurs, lorsque les persiennes des croisées ne sont pas cadenassées, lorsque leur établissement est le théâtre de bruyantes orgies. Autrefois, il arrivait souvent qu’on les promenait montées à rebours sur un âne et qu’on les faisait fustiger par la main du bourreau. On se contente aujourd’hui, en cas de contravention, de fermer leur maison pour huit ou quinze jours.

Ces immondes créatures ne donnent que la nourriture et le logement aux prostituées placées sous leur direction. Celles-ci, vouées k la bestialité publique, ne reçoivent rien du prix du honteux tralic. Pour les retenir, lorsqu’elles sont jolies, les maîtresses de maison leur font contracter des dettes en échange des mille futilités ou des boissons alcooliques qu’elles demandent, et se livrent envers ces malheureuses à une révoltante exploitation.

Les daines de maison font habituellement des affaires avantageuses et s’enrichissent rapidement. Les fournisseurs de toute nature les.considèrent comme des clients d’une grande solvabilité et payant exactement. Il ne faut pas croire qu’elles aient rompu-tout lien avec le monde, dans les rangs duquel elles osent encore se glisser. Un jour, M. Béraud se rendait, accompagné d’un ami, pour inspecter une maison publique dans laquelle on soupçonnait la présence d’une jeune fille de bonne famille, non inscrite et se livrant k la prostitution clandestine. Pendant qu’il examinait les livres, son ami regardait avec une certaine anxiété la maîtresse de la maison. « Qu’avez-vous ? dit en sortant l’inspecteur k son ami qui roulait des yeux furibonds.-Ce que j’ai ? je vais vous le dire. Savez-vous où j’ai rencontré cette créature ?— Peut-être dans quelque lieu semblable k celui que nous venons de quitter. — Non, certes, mais bien au dernier bal donné chez M. et M™0 de... où elle a fuit vis-à-vis à ma femme l ■

Souvent la dame de maison, après avoir amassé une fortune plus ou moins ronde, achète une terre au fond de la province ; là, sous son véritable nom, qu’elle avait dissimulé, elle se fait dévote et charitable, devient Eatronnessede toutes les œuvres pies et meurt onorée, sinon honorable.

Nous avons fait connaître la fille de joie presque toujours victime de la misère et d’odieuses spéculations et, pour cela, digne de pitié ; nous avons rencontré des êtres plus dégradés qu’elle : les intermédiaires qui, k divers degrés de l’échelle sociale, facilitent la prostitution. Il nous faut descendre un degré de plus encore dans ce bouge, entrer dans le dernier cercle de cet enfer. Il existe, en effet, un être plus vil que tous ceux que nous venons /de passer en revue, c’est le souteneur.

Le souteneur est celui qui protège la prostitution et donne la sécurité aux filles publiques, soit par suite d’une affection dégradante pour ces créatures mêmes, soit presque toujours pour obtenir d’elles une rétribution de ses services.

Il y a donc plusieurs classes parmi les hommes tombés jusqu’à ce degré d’infamie.

D’abord, le souteneur appartenant à îa haute société : il a des liens d’affection souvent anciens et invétérés avec les proxénètes d’un- ordre élevé, avec les courtisanes descendues d’une position opulente dans les rangs inférieurs de la débauche. Il ne craint pas d’aller, parfois tout chamarré de cordons et de croix, réclamer l’objet de sa triste prédilection tombé entre les mains de la police.

Il est des souteneurs d’un autre genre qui se livrent k une industrie qu’on nomme retape. Ils jouent le rôle d’amants en titre, d’entreteneurs opulents ; ils servent de chaperons et, grâce k eux, la femme qui les a adoptés se livre sans crainte à la prostitution clandestine ; ces hommes sont presque toujours âgés, ils ont souvent occupé un rôlo élevé dans la société qui les a expulsés de son sein ; ils ont conservé des manières distinguées et sont toujours, grâce k leurs protectrices, mis avec bon goût et recherche.

Souvent, à côté d’eux et en même temps qu’eux, se trouve une autre variété de souteneurs : c’est l’amant particulier. La fille entretenue réserve certaines heures de la journée qu’elle consacre à ce qu’on appelle l’amant de cœur ; elle va avec lui en soirée, au bal, au spectacle ; k lui enfin elle accorde ses faveurs gratuitement, Lesprostituéesd’un ordre moins élevé prennent leurs amants préférés parmi les petits employés do magasin, les garçons d’hôtel et de café ; non-seulement elles sont désintéressées à leur égard, mais encore elles payent leurs menues dépenses.

Beaucoup de jeunes gens à Paris ne tirent même que de ces femmes leurs moyens d’existence.

Enfin, le souteneur de la dernière classe est celui qui vit ostensiblement avec la fille publique, partage les produits do sa misérable industrie et, pour prix de ces avantages, lui prête main-forte contre les hommes ivres qui voudraient la maltraiter ; la protection de cette dernière espèce de souteneurs s’exerce même contre la police. Ces hommes, atteints indirectement, en 1830, par les nouveaux règlements sur les filles publiques, eurent l’audace de publier une brochure dont voicj le titre ;

r^ROâ

205

60,000 VOLEURS DE PLUS À PARIS ou

RÉCLAMATION DES ANCIENS MARLOUS DE LA CAPITALE CONTRE L’ORDONNANCE DE M. LE PRÉFET DE POLICE CONCERNANT LES FILLES PUBLIQUES ;

Par le beau Théodore Cancan.

Je tombe a vos genoux, Ahl je vous en supplie, ayez pitié de nous.

(Bernani, acte V, scène iv.)

Imprimerie de David, boulevard Poissonnière, 4.

Afin de donner au lecteur une idée de cet étrange documents nous en transcrivons les passages suivants : « Un marlou, Monsieur le préfet, c’est un beau jeune homme, fort solide, sachant tirer la savate, se mettant fort bien, dansant la chahut et le cancan aveu élégance, aimable auprès des filles dévouées au culte de Vénus, les soutenant dans les dangers éminents, sachant tes faire respecter et les forcer k se conduire avec décence, oui avec décence, et je le prouverai. Vous voyez donc- qu’un marlou est un être inoral, utile à la société, et vous venez de les forcer à en devenir le fléau, en forçant nos particulières à limiter leur commerce dans 1 intérieur de leurs maisons... Avec votre ordonnance qu’allons-nous devenir ? Je n’en sais rien, car nous avions nos occupations. L’argent que nos dames nous donnaient pour nous éloigner de chez elles, afin que nous ne pussions pas nuire à leurs petites affaires, nous le versions chaque soir selon nos goûts et nos habitudes. Charles allait chez Constant(à l’estaminet de la rue Favart, et lisait son journal, car on peut être marlou et aimer les nouvelles. Auguste allait jouer k la poule en fumant son cigare. Ernest faisait sa partie chez ta marchande de vin du coin... Alexandre, qui a le goût de la danse, ne manquait pas d aller les dimanches, lundis et jeudis au bal de Paris et les autres jours de la semaine dans les bals extra muros ; n’allez pas penser que je sais le latin, non vraiment ; je n ai fait aucune étude et l’on peu t le voir par mon style ; mais nous avons parmi nos confrères un jeune homme qui a fait son droit et qui m’a dit ce que ça voulait dire... Paul, surnuméraire dans une administration, pourra-t-il exister et se mettre proprement si vous coupez les vivres k celle qui le soutient ? Achille, Alcide, Alphonse, Emile, Camille, Eugène, . Lucien, Philippe, Rodolphe, Théodore et mille autres dont je pourrais vous citer les noms, pourront-ils, après avoir vécu dans une espèce de luxe, vivre dans la misère ? Non, sans doute ; privés du secours de ces dames, pourront-ils payer le traiteur, le tailleur^le bottier, le chapelier ? A combien de corps de métiers ne faites-vous pas supporter une perte considérable, je no dirai pas conséquente, car j’ai lu dans te Figaro que c’était un cuir... Vous voyez donc bien, monsieur le préfet, que tous mes confrères et moi allons être plongés dans la détresse par votre ordonnance et que je n’exagère pas quand je dis que vous allez créer 50,000 voleurs de plus. Que voulez-vous que nous fassions pour vivre ? voler I Pour nous procurer des vêtements ? voler 1 Pour satisfaire même un besoin de la nature ? voler I... »

Arrêtons-nous. Cette brochure explique mieux que nous ne pourrions le faire le rôle des souteneurs dans les rangs infimes de la prostitution. S’ils protègent celle qu’ils appellent leur ouvrière, leur marmite, leur daoe, s’ils la défendent contre ceux qui les insultent, s’ils la préviennent quand les inspecteurs sont en tournée, en revanche ils ne lui -laissent pas un sou vaillant ; chacune d’elles est taxée par eux à une somme fixe qu’ils appellent le prêt et qu’elle doit donner tous tes soirs sous peine d’être battue. Derrière les 120,000 prostituées de Paris, dit M. Du Camp, il y a autant d’individus qui subsistent de leurs libéralités. Dans ce monde étrange, l’homme vit de la femme qui vit de la prostitution, et il y en a de toutes les catégories, depuis l’individu qui dîne k la Maison dorée et a ses grandes entrées dans les coulisses de l’Opéra jusqu’au filou aviné qui passe sa soirée à la Guillotine de la rueOalande ou au bal Emile... Dans la basse classe, ils sont redoutables, et quand, leur ouvrière étant k Saint-Lazare, ils sont sans argent, ils deviennent volontiers voleurs et parfois assassins... On tâchait d’arracher une pauvre créature k l’un de ces bandits rapaces qui la dévorait vivante ; on lui expliquait ce que c’était que cet homme et que te métier qu’il faisait était plus immonde que le sien ; elle répondit ce mot touchant : • Je le sais ; mais si je n’aime rien, je ne suis rien I • Ces misérables qui sont à tout la monde, il faut qu’elles aient quelqu’un qui soit à elles et, ne pouvant s’attacher leur amant par la tendresse exclusive, elles le retiennent par l’intérêt et lui donnent tout ce qu’elles possèdent.

— V. Lois et règlements relatifs a la prostitution. Dans l’historique par lequel nous avons commencé cet article, nous avons vu qu’au moyen âge et depuis cette époque les chefs d’État, particulièrement en France, avaient essayé plusieurs fois, mais inutilement, d’en finir avec la prostitution. Charles VIII ordonna que les prostituées fussent brûlées vives, et une ordonnance du lieutenant civil de la prévôté de Paris leur corn-