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animaux, exécutent encore des mouvements lorsque ea hémisphères cérébraux, les couches optiques, les corps striés et le cervelet sont enlevés ; ils peuvent même se dresser sur leurs pattes, changer dé place, retirer la patte qu’on leur pince, etc. Mais sont-ce là des mouvements volontaires ? Rien ne le prouve, et, si ce sont des mouvements involontaires, nous rentrons dans l’action réflexe, action que la moelle et le bulbe partagent avec la protubérance.

PROTUBÉRANT, ANTE adj. (pro-tu-bé-ran, an-te — du préf. pro, et du lat. tuber, bosse). Qui fait saillie, qui forme une protubérance : Son ventre protubérant affectait la forme de la poire. (Balz.) Sur le front protubérant de Moïse saillent ces cornes q>: ornaient aussi Baccàus. (Th. Gaut.)

PROTUBÉRANTIEL, ELLE adj. (pro-tubé-ran-si-èl, è-le — rad. protubérance). Qui est en forme de protubérance : Saillie protubb-

RANTÎËLLE,

— Astron. Raies protubérantielles, Raies données dans le spectroscope par les protubérances solaires.

PROTULE s. f. (pro-tu-le — dimin, de proto). Ainiét. Genre d’annélidea tubicoles, formé aux dépens des serpules, et dont l’espèce type vit dans la Méditerranée.

PROTUTEUR s. m. (pro-tu-teur — du préf. pro, et de tuteur). Individu qui, sans avoir été nommé tuteur, est fondé à gérer les af- ■ faires d’un mineur. Il Individu nommé pour gérer les biens qu’un mineur possède hors du pays où il est domicilié.

PROTYPOGRAPHIQUE adj. (pro-ti-po-grafl-ke

— du préf. pro, et de typographique). Philol. Qui est antérieur à l’invention de l’imprimerie : Ouvrage PHotYPOGRAPHtQUH. Il Qui ne renferme que des ouvrages en manuscrit, antérieurs à 1 invention de l’imprimerie : Bibliothèque PROTYPOGRAPHHJUE.

PROU adv. (prou — de l’ancien français proust qui, selon Diez, représente exactement le latin prodest, il est utile, troisième personne singulière du présent de l’indicatif de prodesse, être utile, de esse, être, et da la préposition prod, pour pro, en avant, devant. Selon Géniu, prou est par apocope de proufit, profit. L’antique Civilité puérile et honnête apprenait, selon lui, aux enfants à dire, après les grâces, à leurs père et mère prou face, c’est-à-dire «bon prou, bon profit vous fasse ce repas. » Les Italiens disent pareillement, en manière de souhait : Buon pro vi faccia, ou, en forme de question : A cke pro ? A quel profit, à quoi bon ? Pro, chez eux, est l’apocope de profilto, mais ils ne le font pas adverbe ni préposition comme nous. Cette apocope dont se servaient encore La Fontaine et Molière remonte jusqu’à saint Bernard, c’est-à-dire à la première moitié du xii" siècle. Le saint, dans un de ses sermons, parlant de la pureté du cœur et du désintéressement qui doivent caractériser un prélat, disait : « K’il en l’ouor ou Deus l’at mis ne quiere son propreprout, mais ke le plaisir de Deu. • Ménage dérivait prou du latin probe, bien). Assez ; beaucoup : Je souffre toujours peu ou prou. (Mms de Simiane.) M. Grandet jouissait à Saumur d’une réputation dont les causes et tes effets ne seront pas entièrement compris par les personnes qui n’ont point, peu ou prou, vécu en province. (Balz.)

J’ai prou de ma frayeur en cette conjecture.

.Molière.

ti Vieux mot.

Peu ni proit, En aucune façon, nullement, pas du tout :

L’un jura foi do roi, l’autre foi de hibou, Qu’ils ne se goberaient leurs petits peu ni prou. La Fontaine.

— s. m. Profit.

Bon prou vous fasse !

La Pontainb.

H Vieux mot.

PnOUDUON (Jean-Baptiste-Victor), jurisconsulte français, né à Chanans. (Franche-Comté) en 1758, mort à Dijon en 183S. Il appartenait à une famille de simples cultivateurs ; néanmoins, il reçut de l’instruction et, après avoir fait sa philosophie au collège de Besançon, il entra au grand séminaire de cette ville où, pendant quatre ans, il étudia la théologie. Il était sur le point d’entrer dans les ordres lorsqu’il renonça tout à coup à suivre la carrière ecclésiastique, se mit à apprendre le droit et fut reçu docteur en 1789. Cette même année, il concourut, mais sans succès, à une chaire de droit. L’année suivante, il.fut élu juge au tribunal de Poutarlier et député suppléant à l’Assemblée législative, où il n’eut pas l’occasion de siéger. Devenu, à la fin de 1792, juge de paix du canton de Node, dans son pays natal, il continua à se montrer partisan des principes de 1789, mais vit avec peine la Révolutionsouillée par de sanglants excès. Malgré la

firudence de sa conduite, il fut destitué par e conventionnel Bernard de Saintes, mais il parvint a se faire réintégrer dans ses fonctions par le représentant Prost. Elu en 1795 membre du directoire exécutif du département du Doubs, Proudhon devint ensuite juge au tribunal de Besançon, puis professeur de législation à l’école centrale de cette ville. Après la suppression des écoles centrales (1802), il

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continua à enseigner gratuitement la législation jusqu’en 1806, époque où un décret impérial l’appela à une chaire de code civil à l’école de Dijon. Cette même année ; il fut nommé directeur de cette école, dont il devint doyen en 1809. Après les Cent-Jours, le gouvernement de Louis XVIII destitua Proudhon comme professeur et comme doyen (1815), à cause de ses opinions libérales ; mais aucun de ses collègues n’ayant voulu

Ï>rofi ter de sa disgrâce en acceptant sa charge, e gouvernement fut obligé de rapporter l’ordonnance de révocation (1816) et lui rendit, en 1818,1e titre de doyen. En 1819, l’ordre des avocats de Dijon le nomma son bâtonnier et le confirma pendant dix années consécutives dans ces fonctions. Proudhon était membre des Académies de législation de Paris et de Besançon, membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques (1833). C’était un jurisconsulte d’un vaste savoir et un professeur extrêmement estimé. Sa réputation était tellement répandue, que des provinces les plus éloignées on accourait à ses leçons et que de3 étudiants vinrent d’Allemagne pour l’entendre. On a de lui : Cours de législation et de jurisprudence françaises sur l’état despersonnes (Besançon, 1799, 2 vol. in-8°) ; Cours de droit français sur l’état des personnes et sur le titre préliminaire du code civil (Dijon, 1809. 2 vol. <n-8°) ; Traité des droits d’usufruit, d usage, d’habitation et de superficie (Dijon, 1823-1825,9 vol. in-S°), ouvrage capital, regardé comme un des plus beaux monuments de la science du droit ; Traité du domaine public ou De la distinction des biens considérés principalement par rapport au domaine public (Dijon, 1833-1834, 5 vol. in-8») ; Traité du domaine de propriétéDe la distinction des biens considérés principalement par rapport- au domaine privé (Dijon, 1839, 3 vol. in-8°), ouvrage jiublié par son fils C. Proudhon, juge au tribunal de Besançon. Le fameux publicisto Proudhon appartient à une branche dé là même famille.

PROUDHON (Pierre-Joseph), philosophe, économiste et publiciste, né à Besançon-le 15 janvier 1809, mort à Paris le 19 janvier 1865. Nous diviserons cette biographie en trois parties : 1» Proudhon avant la révolution de 1848 ; 2<> Proudhon depuis la révolution de 1848 jusqu’à l’avènement du second Empire ; 3° Proudhon depuis l’avènement du second Empire jusqu’à sa mort.

— I. Proudhon avant la révolution de 1848. Le père et la mère de Proudhon étaient occupés à une brasserie. Le père, bien que cousin du professeur Proudhon, jurisconsulte de Dijon, et d’une branche cadette de la même famille, était garçon brasseur ; la mère, belle et forte fille de la campagne, y était servante pour les gros ouvrages. En 1814, le père de Proudhon s’établit et fit de la tonnellerie pour son compte. Voici en quels termes Prouuhon parle de la pauvreté de sa naissance : « Eh bien ! oui, je suis pauvre, fils de pauvre, j’ai passé ma vie avec les pauvres, et selon toute apparence je mourrai pauvre. Que voulezvous ? je ne demanderais pas mieux que de m’enrichir ; je crois que la richesse est bonne de sa nature et qu’elle sied à tout le monde, même au philosophe. Mais je suis difficile sur —les moyens, et ceux dont jfaimerais à me servir ne sont pas à ma portée. Puis ce n’est rien pour moi de faire fortune tant qu’il existe des pauvres. Sous ce rapport, je disScomme César : Rien de fait tant qu’il reste à faire. Nil actum repulans si quid superesset agendum. Quiconque est pauvre est de ma famille. Mon père était garçon tonnelier, ma mère cuisinière ; ils se marièrent le plus tard qu’ils purent, ce qui ne les empêcha pas de mettre au monde cinq enfants, dont je suis l’aîné, et auxquels ils laissèrent, après avoir bien travaillé, leur pauvreté. Ainsi ferai-je : voilà bientôt quarante ans que je travaille et, pauvre oiseau battu par l’orage, je n’ai pas encore trouvé la branche verte qui doit abriter ma couvée. De toute cette misère, je n’eusse dit jamais rien, si l’on ne m’eût fait une espèce de crime d’avoir rompu mon ban d’indigence et de m’êtr-e permis de raisonner sur les principes de la richesse et les lois dé sa distribution. »

Le père de Proudhon était un homme très-honnête, mais d’une intelligence commune. Son fils l’a appelé homme simple, qui savait peu calculer. Sa mère, au contraire, était une personne de bon sens, et mieux que cela, disent ceux qui l’ont connue, une femme supérieure, douée d’un grand caractère. C’est d’elle surtout que tenait Proudhon et de ce grand-père Tournési, le Soldat paysan dont sa mère lui parlait et dont il a raconté.les rudes prouesses. Nommant plus tard du nom de Catherine.sa fille aînée, il disait : • Je l’appelai Catherine, du nom de ma mère, à qui je dois tout ; cela a fait beaucoup rire, le nom de Catherine n’est pas à la mode ; j’ai voulu faire honneur à la paysanne que le monde n’a pas connue et qui en valait bien une autre, > Il eut de tout temps pour sa mère un dévouement^ un culte dont il ne trahissait que l’essentiel, mais qui, comme tous les vrais cultes, avait ses délicatesses et ses pudeurs.

Les premières années de Proudhon se passèrent un peu au hasard. Il était utile à la maison ou gardait les vaches au dehors. On connaît la belle et riche page qu’il a’ consacrée à ces années de son enfance. « Jusqu’à

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douze ans, ma vie s’est passée presque touto aux champs, occupé tantôt de petits travaux rustiques, tantôt à garder les vaches. J’ai été cinq ans bouvier. Je ne connais pas d’existence à la fois plus contemplative et plus réaliste, plus opposée à cet absurde spiritualisme qui fait le tond de la vie chrétienne

que celle de l’homme des champs Quel

plaisir autrefois de me rouler dans les hautes Herbes, que j’aurais voulu brouter, comme mes vaches ; de courir pieds nus sur les sentiers unis, le long des haies ; d’enfoncer mes jambes, en rechaussant (rebinant) les verts turquies dans la terre profonde et fraîche ! Plus d’une fois, par les chaudes matinées de juin, il m’est arrivé de quitter mes habits et de prendre sur la pelouse un bain de rosée. Que dites-vous de cette" existence crottée, Monseigneur ? Elle fait de médiocres chrétiens, je vous assure. À peine si «je distinguais alors moi du non-moi. Moi, c était tout ce que je pouvais toucher de la main, atteindre du regard et qui m’était bon à quelque chose ; non-moi était tout ce qui pouvait1 nuire ou résister à moi. L’idée de ma personnalité se confondait dans ma tête avec celle de mon bien-être, et je n’avais garde d’aller chercher là-dessous fa substance inétendue et immatérielle. Tout le jour, je me remplissais de mûres, de raiponces, de salsifis des prés, ’ de pois verts, de graines de pavqt, d’épis de maïs grillés, de baies de toutes sortes, prunelles, blessons, " alises, merises, églantines, lambrusques, fruits sauvages ; je me gorgeais d’une masse de crudités a faire crever un petit bourgeois élevé gentiment et qui ne produisaient d’autre effet sur mon estomac que de me donner le soir un formidable appétit. L’aime nature ne fait mal à ceux qui lui appartiennent....... Que d’ondées j’ai

essuyées ! que de fois, trempé jusqu’aux os, j’ai séché mes habits sur mon corps à la bise ou au soleil ! Que dé bains pris à toute heure, l’été dans la rivière, l’hiver dans les sources ! Je grimpais sur les arbres ; je me - fourrais dans les cavernes ; j’attrapais les grenouilles à la course, les écrevisses dans leurs trous au risque de rencontrer une affreuse salamandre ; puis je faisais sans désemparer griller ma chasse sur les charbons. Il y a de l’homme à la bête, à tout ce qui existe, des sympathies et des haines secrètes dont la civilisation ôte le sentiment. J’aimais mes vaches, mais d’une affection inégale ; j’avais des préférences pour une poule, pour un arbre, pour un rocher. On m’avait dit que le lézard est l’ami de l’homme et je le croyais sincèrement. Mais j’ai toujours fait rude guerre aux serpents, aux crapauds et aux chenilles. Que m’avaient-ils fait ? nulle offense. Je ne sais ; mais l’expérience des humains me les a fait toujours détester davantage. »

Cette vie des champs ne dura pas ; il n’avait pas douze ans qu’il était garçon de cave au logis. Cela n’empêcha pas qu’on ne le fît étudier. Proudhon entra au collège, en sixièmé, comme externe. Il était forcément assez irrégulier ; les gênes domestiqués et les assujettissements du dedans lui faisaient quelquefois manquer ses classes. Il réussit pourtant dans, ses études ; il y mettait une grande opiniâtreté. Sa famille était si pauvre qu’on ne pouvait lui acheter les livres ; il était obligé de les emprunter à ses camarades et de copier le texte des leçons. Vers la fin des études, un jour, après la distribution des prix d’où il revenait chargé de couronnes, il ne trouva pas en rontrant chez lui de quoi dîner. Dans son ardeur de travail et sa soif d’apr prendre, il ne se contentait point de l’enseignement de ses maîtres. Dès l’âge de douze à quatorze ans, il fréquentait assidûment la bibliothèque de la ville. Une curiosité Je menait à l’autre et il demandait livre sur livre, quelquefois huit ou dix dans la même séance. Le bibliothécaire, M. Weiss, s’approcha un jour de lui et lui dit en souriant : « Mais, mon petit ami, qu’est-ce que vous voulez faire de tous ces livres ? > L’enfant leva la tête, toisa l’interlocuteur et pour toute réponse : ■ Qu’est-ce que ça vous fait ? ■

Il ne put terminer entièrement ses études et, obligé de gagner sa vie à dix-neuf ans, il passa des bancs du collège dans l’atelier ; il entra dans la maison Gauthier et Ci«, qui exploitait à Besançon une imprimerie considérable. Devenu ouvrier typographe, il fit, en cette qualité, son tour de France et fut élevé à la dignité de prote. Il a toujours gardé son livret d’ouvrier, tout chargé de bonnes notes. Il corrigeait pour la maison Gauthier les épreuves d’auteurs ecclésiastiques, de Pères de l’Église. Comme on imprimait une Bible, une Vulgate, il fut conduit à faire des comparaisons avec les traductions interlinéaires d’après l’hébreu. C’est ainsi qu’il apprit l’hébreu seul ; et comme tout s’enchaînait dans son esprit, il fut amené de la sorte à des études de linguistique comparée. Comme la maison Gauthier publiait quantité d’ouvrages de. patristique et de théologie, il en vint également, pur ce besoin de tout apprendre, à se former des connaissances théologiques tort, étendues, ce qui a fait croire ensuite à des gens mal informés-qu’il avait été au séminaire.

Le premier écrit de Proudhon fut un travail de linguistique ; on imprimait à Besançon les Éléments primitifs des langues, découverts par la comparaison des racines de l’hébreu avec celles du grec, du latin et du français, par Bergier ; Proudhon. augmenta l’édition

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SIS

d’un Estai de grammaire générale (1S37). « Il a déployé dans ce travail, dit Sainte-Beuve, une grande force d’analyse et donné des preuves de sagacité. Mais il ne pouvait triompher de la nature des choses et du cercle étroit où il s’enfermait. Il en était à Condillac, à Court de Gébelin et à Bergier Il

ne con naissait alors que les branches grecque et latine et le tronc sémitique et se fatiguait vainement à vouloir les rattacher l’un à l’autre ; il ignorait complètement le véritable point de départ et tout le cours supérieur do dérivation indo-germanique. • Dans ce premier Essai, Proudhon s’était placé au même point de vue que Bergier, qu’il avait voulu continuer et compléter, au point de vue de Moïse et de la tradition biblique. Il admettait l’unité de la race humaine en la rattachant à l’unité d’une langue primitive qu’il semblait croire révélée. La science du langage devait, pensait-il, conduire à une sorte de restitution paléontologique de cette première révélation. Mais déjà dans la conclusion on-entendait gronder un Prométhée intellectuel : à J’ose le dire, c’est la science de la parole qui nous conduira aune découvertes ! longtemps pressentie et à bon droit espérée. Peut-être entrait-il dans l’ordre éternel de la Providence que la première des révélations ne fût retrouvée qu’à son jour et à son heure ; mais, quand nous ne devrions jamais assister à une seconde aurore de 1 indéfectible vérité, quand le hasard et la nécessité seraient les seuls dieux que dût reconnaître notre intelligence, il serait beau de témoigner que nous avons conscience de notre nuit, et par le cri dé notre pensée de protester contre le destin. » Nous avons sur cette production première l’opinion de Proudhon parvenu à la maturité. Elle se trouve dans une lettre datée de 1845 et écrite à M. Bergmann. Rappelant dans cette lettre l’idée qu’il avait émise dans son Essai de grammaire « sur la possibilité de prouver l’unité du genre humain par l’unité d origine des langues, i il déclare qu’il est bien revenu de cette idée, ■ l’identité ne tenant pas à l’exacte uniformité du type, non plus qu’à la communauté de la souche ainsi qu’au décalqueinent d’une prétendue langue primitive. »

En 1838, Proudhon devint titulaire de la pension Suard. Cette pension consiste en uno rente de 1,500 fr. léguée à l’Académie de Besançon par M’io Suard, veuve de l’académicien, pour être donnée tous les trois ans à celui des jeunes gens du département du Doubs, bachelier es lettres ou es sciences et dépourvu de fortunej oui aura été, &u’juge ? nient de l’Académie, déBesançon, ’reconnu pour montrer les plus heureuses dispositions soit pour la carrière des lettrés ou des sciences, soit pour l’étude du droit ou de ta médecine. Proudhon fut le troisième pensionnaire élu par l’Académie. Il n’arriva pas sans iit- flculté à la pension Suard, qui devait lui assurer pendant trois années le bienfait de l’étude. Il dut se faire recevoir bachelier, puis adresser à l’Académie une lettre ou pétition dont le langage ne parût pas trop altier ni trop brusque. Il trouva des académiciens bienveillants qui le guidèrent. M. Pérennès, secrétaire perpétuel, qui tenait à son élection, lui fit retrancher, dans son intérêt, comme choquante et « mauvaise en tout, • la phrase suivante, bien curieuse et’bien caractéristique : « Né et élevé dans la classe ouvrière, lui appartenant encore, aujourd’hui et à toujours, par le cœur, le génie, les habitudes et surtout par la communauté des intérêts et des vœux, la plus grandé joie.d(» candidat, s’il réunissait vos suffrages, serait, n’en doutez pas, messieurs^ d’avoir attiré, dans sa personne, votre juste sollicitude sur cette intéressante portion do la.société ; fji bien décorée du nom à’auvriQre ; d’avoir ’été/ jugé digne d’en être le premier représentant auprès de vous et dépouyoir désormais travailler sans relâche, par là philosophie et la science, avec toute 1 énergie dé sa volonté et toutes les puissances de son esprit, à l’affranchissement complet de ses frères et

compagnons. »

En possession de la pension Sùard, Projidhon pensa aussitôt à la justifier par un doublé travail, par un mémoire qu’il présenta à l’Institut pour le prix Volney, , eh février 1839, et par un discours de VUtilité de la célébration du dimanche, dont le sujet avtiit été mis au concours par l’Académie de Besançon. Le mémoire n’était autre chose que l’Essai de grammaire remanié. Il était intitulé  ; Recherches sur les catégories grammaticales et ’sur quelques origines dé la langue française. Il fut inscrit sous le n» 4. Il n’y eut que quatre mémoires envoyés. On ne donna pas le prix ; mais deux mentions honorables furent accordées, l’une à M. Charles Mourain de Sourdeval, juge à Tours, auteur d’un ouvrage manuscrit intitulé : Eludes gothiques ; l’autre au manuscrit n° 4, c’est-à-dire à M. P.-J. Proudhon, imprimeur à Besançon. Les juges étaient MM. Amédée Jaubert, Bernaud et Burnouf. o La commission, disait le rapport lu dans la séance annuelle des cinq Académies du jeudi 2 mai 1839, la commission a particulièrement remarqué le manuscrit no 1 et le manuscrit n" 4 ; toutefois, ello n’a cru pouvoir accorder le prix ni à l’un ni à l’autre, parce qu’ils ne lui ont point paru suffisamment élaborés. La commission, qui a distingué dans le no 4 des analyses fort ingénieuses, particulièrement en ce qui concerne lo mécanisme do la langue hébraïque, a regrette que