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laquelle on puisse compter un aussi grand nombre d’espèces de raisin qu’en Provence. Ce mélange ne laisse aucun goût décidé au vin et lui ôte toutes les qualités sans lui en donner aucune. » D’ailleurs, le peu de soin que l’on apporte à la fabrication et à la conservation des vins relègue ces derniers dans la classe des plus communs, bien qu’ils aient un caractère alcoolique très-prononcé.

Ils fournissent à la consommation locale et vont combler l’insuffisance de la production dans les Alpes. Plusieurs contrées de la Provence possèdent des crus qui fournissent des vins appréciés ; nous citerons : 1° La Gaude, 2" La Malgue, 3° Les Mées, 4° Cassis, qui produit des vins rouges classés en première ligne parmi les vins fins du département des Bouches-du-Rhône et qui a surtout le privilège de donner le meilleur vin blanc de toute la Provence.

On évalue à 450 hectares environ la superficie que la vigne occupe à Cassis ; le sol est très-accidenté. Le vin rouge est fabriqué avec un mélangé de raisins noirs et blancs, On laisse cuver pendant sept ou huit jours. On évalue à 8,000 hectolitres la quantité qui se fabrique chaque année de ce vin corsé et spiritueux estimé des étrangers.

Pour fabriquer les vins blancs, dont la réputation est assez étendue, on foule et on presse la vendange ; on met le moût en futaille, on l’y laisse fermenter pendant un ou deux mois ; on le soutire. Cassis ne livre annuellement que 500 hectolitres environ de son vin blanc au commerce, qui le paye deux fois plus cher que le rouge. C’est un vin liquoreux, spiritueux et agréable. À Cassis, on fabrique aussi des muscats qui n’ont rien de comparable aux frontignans et aux rivesaltes. Parmi les autres crus, nous citerons ceux de Saint-Louis, de Séon-Saint-Henri, de Séon-Saint-André et de Roquevaire. On donne le nom de vins de Bandol, nom emprunté au port où ces vins s’embarquent, à des vins provençaux d’exportation, riches en couleur, en corps et en alcool. Ils proviennent du Beausset, de La Cadière, du Castelet et de Saint-Cyr, vignobles situés sur des coteaux calcaires dans l’arrondissement de Toulon. Le mourvède y domine presque exclusivement. Les vins de Bandol sont d’abord durs et grossiers, mais ils se bonifient avec l’âge, supportent bien la mer et sont considérés comme les meilleurs vins d’exportation de la Provence. On les expédie dans l’Inde, au Brésil et en Californie : il s’en consomme aussi une quantité notable dans le nord de la France, surtout à Paris. Les procédés de culture de la vigne sont les mêmes dans toute la Provence ; partout, le défoncement du sol précède la plantation de la vigne ; il varie entre 0m,80 et 1 mètre selon les localités. La plantation s’effectue au fossé et au pal ; on emploie des sarments non enracinés ; on plante en novembre, mars ou avril. Les vignes sont généralement à 1 mètre en tous sens. Les plantations à rangées doubles étaient autrefois presque exclusives en Provence ; elles y règnent encore sur un grand nombre de points ; mais les rangées simples sont préférées aujourd’hui. En général, on ne fume pas en plantant ; les seuls engrais que reçoive la vigne sont ceux qu’on applique aux récoltes prises dans les oullières. Les cultures ont lieu à la main ou à la charrue.

Pour faire le vin, on foule les grappes avec les pieds aussitôt après avoir vendangé et sans égrapper, excepté aux environs de Marseille, où l’égrappage est usité. Le temps de la cuvaison diffère suivant les localités ; sa durée extrême varie de trois à quinze jours. Le moût bouillant n’est employé que dans les années pluvieuses et lorsque le raisin est peu mûr ; en revanche, l’usage du plâtre se répand tous les jours. Dans l’arrondissement de Toulon, certains propriétaires ajoutent du sel ou de l’eau salée dans le moût. On met en tonneaux lorsque le vin a suffisamment cuvé ; on ouille une ou deux fois par mois ; on laisse la bonde ouverte jusqu’aux environs de la Saint-Martin. Quelques rares propriétaires soutirent au commencement de mars ; dans l’arrondissement de Brignoles, l’ouillage commence trois ou quatre jours après la mise en tonneaux. On y revient trois ou quatre fois dans l’espace de vingt-cinq à trente jours. Dans les Basses-Alpes, on n'ouille qu’une seule fois, quinze ou vingt jours après avoir mis le vin en tonneau, et l’on ferme hermétiquement la bonde ; on soutire vers le 15 janvier.

On évalue le rendement à 25 hectolitres par hectare dans la plaine, à 18 heclolitres sur les coteaux dans les Bouches-du-Rhône, à 10 hectolitres sur la côte dans le Var ; dans les Basses-Alpes, la moyenne du rendement varie entre 25 et 30 hectolitres.

La Provence manque de bétail parce que les pâturages n’y sont pas suffisamment abondants. Les Provençaux, vifs, intelligents et ingénieux, parlent une langue à part, langue expressive, colorée et imagée dans laquelle écrivirent les troubadours du moyen âge.

Histoire. Le territoire de la Provence fut primitivement habité par les Ligures, qui, à la suite d’invasions de la part des Ibères et des Celtes, s’étant mêlés avec ces derniers, se divisèrent en plusieurs tribus et prirent le nom d’Ibéro-Ligures. D’après la tradition, un Ionien, nommé Euxène, débarqua, vers l’an 1500 avant J.-C, sur les côtes de la Méditerranée, épousa la fille du chef d’une de ces tribus et fonda Massilia (Marseille) sur l’emplacement d’un ancien comptoir phénicien. Après des destinées diverses, les habitants de Massilia s’emparèrent de la plus grande partie des côtes méridionales de la Gaule, où ils fondèrent les colonies d’Agde, Antibes, Nice, etc. Devenus les maîtres du commerce de la Méditerranée après la chute de Carthage, ils excitèrent par leur prospérité toujours croissante la jalousie.et la convoitise des peuples voisins. Attaqués par les Ligures, ils eurent la malencontreuse idée d’appeler les Romains à leur secours ; ces fiers auxiliaires, après avoir secouru les Massiliotes (125 av. J.-C), s’établirent dans la Gaule méridionale, où ils fondèrent Aqua Sextiae (Aix) ; puis, étendant leurs conquêtes, ils s’emparèrent du territoire qui forma plus tard la Provence, le Dauphiné et le Languedoc et lui donnèrent le nom de Provincia Gallica, Quand, dans la suite, César eut transformé le reste de la Gaule en province romaine, l’ancienne Provincia Gallica reçut le nom de Gallia Narbonensis. De nouvelles divisions, opérées au IIIe et au IVe siècle, morcelèrent le territoire de l’ancienne Provincia ; la partie qui portait le nom de Narbonensis Prima ou Septimania, comprenant la plus grande partie du Languedoc, tomba au pouvoir des wisigoths ; la Viennoise devint la proie des Burgundes, de telle sorte que le nom de Provincia se trouva désormais appliqué au seul pays situé entre la Durance, le Rhône, la Méditerranée et les Alpes. Ce nom resta en propre à ce territoire et se transforma plus tard, dans la langue romane, en celui de Provence.

Les Vandales furent les premiers barbares qui envahirent la Provence ; puis arrivèrent les Hérules, les Burgundes, les Alamans et les Francs ; mais la victoire du patrice Constantin sous les murs d’Arles força cette multitude à la retraite (497). Les Wisigoths vinrent à leur tour ravager le pays, et Théodoric, leur roi, maître de Toulouse, du littoral et de toute la Gaule méridionale jusqu’à la Loire, fit couronner à Arles Avitus, ce fantôme d’empereur ; puis Euric, fils de Théodoric, se fit couronner lui-même en 480, et les Wisigoths possédèrent la Provence jusqu’à la bataille de Vouillé (507). Gondebaud, roi des Bourguignons, s’en empara à cette époque et la céda, vers 511, au roi des Ostrogoths, Théodoric, qui la réunit à son royaume d’Italie. Sous Vitigès, les Francs, d’après un traité conclu avec les Ostrogoths, devaient occuper quelques points fortifiés de la Provence ; les empereurs d’Orient tentèrent alors d’imposer leur autorité à ce pays. Mauronte, un des gouverneurs envoyés par l’empire byzantin, y usurpa le pouvoir ducal en 721 et, voyant son autorité menacée par Charles-Martel, appela les Sarrasins à son secours. Charles-Martel vainquit les infidèles et réunit la Provence à l’empire des Francs. En 843, lors du partage de l’empire carlovingien, la Provence échut à Lothaire, qui la laissa à l’un de ses fils, Charles, et l’érigea en royaume (855). À la mort de ce prince (863), Charles le Chauve s’appropria cette contrée. Peu après, Boson, beau-frère de Charles le Chauve et gendre de l’empereur Louis II, nommé d’abord gouverneur de la Provence, se fit proclamer roi à Mantaille (879) et se maintint, tant qu’il vécut, dans son usurpation sous le titre de roi de Bourgogne Cisjurane. Mais, sous le règne de son jeune fils, Louis, le pouvoir passa en d’autres mains : Hugues, régent du royaume, s’en empara (923), puis, ayant passé en Italie, où ses intrigues lui procurèrent une autre couronne, il céda, en 933, ses premiers États à Rodolphe II, roi de Bourgogne Transjurane, en s'en réservant l’usufruit jusqu’à sa mort (947) ; dés lors, les deux royaumes de Bourgogne Cisjurane et de Bourgogne Transjurane furent réunis en un seul, qui prit le nom de royaume d’Arles. Dans ces diverses situations, la Provence eut toujours des comtes particuliers, qui étaient presque indépendants.

À l’époque de la réunion des deux royaumes de Bourgogne, le comte Boson 1er exerçait son autorité sur la Provence ; Rodolphe II, roi de Bourgogne, après la cession de Hugues, lui donna une nouvelle investiture, mais ce fut le seul acte de suzerain que ce roi exerça sur la Provence. En 948, Boson II fut nommé comte de Provence par Conrad le Pacifique, roi d’Arles, et conserva le gouvernement de ce pays jusqu’en 968. Son fîls, Guillaume Ier, qui ]uj succéda, mérita le titre de Père de la patrie, en repoussant les Sarrasins, dont il détruisit le repaire de Froxinet, et en rétablissant les villes de Fréjus et de Toulon. En 992, son frère Rotbold lui fut donné pour successeur par le roi Conrad le Pacifique, car le comté de Provence n’était point encore devenu héréditaire. Guillaume II, fils de Guillaume Ier, succéda à Rotbold, et, comme la réunion du royaume d’Arles au royaume de Germanie (1033) ne fut, en réalité, que nominale, les comtes de Provence, sous la suzeraineté éloignée et fictive des empereurs d’Allemagne, jouirent d’une complète indépendance. Les trois fils de Guillaume II, Geoffroy, Bertrand 1er, Guillaume III, se partagèrent la Provence comme un bien allodial ou un héritage ordinaire. Sous Bertrand II, fils de Geoffroy 1er, le comte de Toulouse s’empara des comtés d’Avignon, de Cavaillon et de Venasque et rejeta les comtes de Provence sur la rive droite de la Durance. À la mort de Bertrand, sa mère Étiennette administra le pays ; puis sa sœur Gerberge, après avoir gouverné paisiblement la Provence, maria Douce, une de ses deux filles, à Raimond Bérenger, comte de Barcelone, qui devint ainsi comte de Provence en 1109. Toutefois, ce souverain de la Provence se vit contraint de partager ses nouvelles possessions avec Jourdain, comte de Toulouse, qui réclamait l’héritage de son aïeule, Emma, fille du comte Rotbold. En 1130, Bérenger succéda à son père Raimond Bérenger 1er sous la tutelle de son oncle, le roi d’Aragon, qui l’emmena avec lui de l’autre côté des Pyrénées, afin de veiller à son éducation. Pendant ce temps, l’anarchie régnait en Provence : les villes provençales, dont les libertés remontaient jusqu’aux temps des municipes romains et qui se gouvernaient sous l’autorité de consuls de leur choix, étaient en guerre avec les seigneurs, qui se proclamaient indépendants. À son retour, Bérenger fut presque obligé de reconquérir ses États ; mais, ayant refusé de reconnaître la souveraineté des empereurs d’Allemagne, il vit ses terres confisquées et données au comte de Toulouse ; il fut, cependant, bientôt réintégré dans son pouvoir, qu’il put transmettre, en 1144, à son fils Raimond Bérenger II. Ce dernier, grâce à l’énergie et à la fermeté qu’il déploya au début de son règne, put partager son temps entre l’administration paisible de ses États et les plaisirs du gué saber (gai savoir). En 1166, Douce III, fille unique de Raimond Bérenger II, qui avait été fiancée au comte de Toulouse, hérita de la couronne de Provence. Le comte de Toulouse ayant épousé Richilde, mère de cette princesse, et s’étant emparé de la Provence, en fut chassé par Alphonse II, roi d’Aragon ; ce dernier investit son frère, Raimond Bérenger III, du comté de Provence (1166). En 1181, à la mort de Raimond Bérenger III, Sanche, frère du roi d’Aragon, prit possession de la Provence, qui passa entre les mains d’Alphonse II, fils d’Alphonse 1er, en 1106. Ce prince eut à lutter contre les prétentions de son beau-père Guillaume, comte de Forcalquier ; mais l’intervention puissante de Pierre d’Aragon lui permit de conserver ses États et de les transmettre, à sa mort (1209), à son fils Raimond Bérenger IV. Ce dernier s’efforça pendant tout son règne de diminuer l’influence que donnait aux villes de la Provence leur organisation municipale ; Nice, Grasse, Toulon eurent à souffrir de sa sévérité et virent considérablement diminuer leurs immunités. À sa mort (1245), il légua ses États à sa fille Béatrix, qui épousa, l’année suivante, le frère de saint Louis, Charles d’Anjou. Ce prince, se trouvant trop à l’étroit dans les domaines de sa femme, se fit donner par le pape l’investiture du royaume de Naples et épuisa la Provence pour réaliser ses rêves ambitieux. Son fils Charles II, dit le Boiteux, qui lui succéda (1285), effaça les derniers vestiges des libertés municipales de la Provence et légua ses États à son fils Robert, duc de Calabre (1309), qui accabla le pays d’impôts. En mourant (1343), Robert se donna pour héritière une de ses petites-filles, Jeanne de Naples, qui épousa André de Hongrie, son cousin. On connaît la fin malheureuse de ce prince et le procès célèbre qui suivit sa mort, et les vicissitudes que subit Jeanne à cette occasion. Cette princesse, après avoir épousé en secondes noces Louis, prince de Tarente, se voyant sans enfant, choisit d’abord pour successeur Charles de Duras, qu’elle maria à sa nièce Marguerite (1369) ; mais bientôt, s’étant remariée une troisième fois, elle abandonna la Provence à Louis d’Anjou, frère du roi de France Charles V. Louis Ier (1382) passa sa vie à lutter dans le royaume de Naples contre un rival heureux, et son fils Louis II, qui lui succéda aux provinces d’Anjou et de Provence (1384), ne porta que le titre nominal de roi de Naples. Toutefois, il rendit à ses sujets de Provence plusieurs privilèges importants et mourut en 1417. Louis III, son fils, lui succéda sous la tutelle de sa mère, et, voulant faire valoir ses droits sur le trône de Naples sans écraser ses sujets d’impôts, il vendit le comté de Nice au duc de Savoie pour ta somme de 164,000 francs d’or. René, dit le Bon, frère de Louis III, fut aussi pacifique que ses ancêtres avaient été entreprenants (1434) ; il cultiva les lettres et les arts et, après avoir vu mourir tous les rejetons de sa postérité masculine, il institua, pour son héritier universel, Charles, comte du Maine, son neveu (1480). Charles III céda son comté à Louis XI (1485) et, en octobre 1486. Charles VIII, par des lettres patentes, réunit le comté de Provence à la couronne de France. La Provence fut envahie, en 1524, par le connétable de Bourbon, qui commandait les impériaux ; en 1536, par Charles-Quint lui-même et, en 1707, par le prince Eugène de Savoie. Lorsque la France fut divisée en départements, la Provence forma ceux des Bouches-du-Rhône, du Var, des Basses-Alpes et la partie orientale de celui de Vaucluse,

Souverains de la Provence.

Charles, fils de Lothaire.... 855
Boson, gouverneur, puis roi.. 879
Louis l’Aveugle.. 889
Hugues de Provence..... 923

Comtes bénéficiaires.

Boson 1er 926
Boson II 948
Guillaume 1er 903
Rotbold 992
Guillaume II 1008
Geoffroy 1er, Bertrand et Guillaume
III 1018

Comtes héréditaires.

Bertrand II 1063
Étiennette 1093
Gerberge et Gilbert 1100
Douce et Raimond-Bérenger 1er 1112
Bérenger 1130
Raimond-Bérenger II 1144
Douce II, Alphonse Ier, Raimond-Bérenger III 116G
Alphonse II 1196
Raimond-Bérenger IV 1209
Béatrix et Chartes d’Anjou, dans la suite roi des Deux
Siciles 1245
Charles II, roi de Sicile.... 1285
Robert (de Naples) 1309
Jeanne (de Naples) 1343
Louis 1er, duc d’Anjou 1382
Louis II 1384
Louis III 1417
René, dit le Bon (duc de Lorraine, puis roi de Naples) 1434
Charles III, comte du Maine 1480
Louis XI, roi de France 1481
Réunion à la France 1486

Les principaux ouvrages à consulter sur la Provence sont : Histoire et chronique de Provence, par C. de Nostradumus (1624, in-fol.) ; Histoire de Provence, par Gaufridy (1694, 2 vol. in-fo).) ; Histoire générale de la Provence, par Papou (1777, 4 vol. in-4») ; Essai sur l’histoire de Provence, par Bouche (1785, 2 vol. in-4o) ; Histoire de Provence, par Aug. Fabre (1834, 4 vol. in-8o), ouvrage sans vues profondes, mais simplement écrit, très-exact et d’une lecture agréable ; État de la Provence, par D. Robert (1693, 3 vol. in-12) ; Essai historique sur le parlement de Provence, par Cabasse (1826, 3 vol. in-8o) ; Histoire de la principale noblesse de Provence (1719, in-4o) ; Histoire de la noblesse de Provence, par de Maynier (1757-1759, 2 vol. in-4o) ; Dictionnaire historique de la Provence, par Achard (1785, 4 vol. in-4o) ; Dictionnaire provençal et français, par Pellas (1723, in-4o) ; Lettres à Zoé sur la Provence, par E. Garcin (1849), etc.


PROVENDE s. f. (pro-van-de — autre forme du mot prébende). Provision de vivres : Surtout, n’oublions pas la provendk. Régiment de dindons, enfin bonne provenâe. La Fûstaime.

— Ane. jurispr. Pension ou capital concédé à titre d’indemnité.

— Econ. rur. Mélange de pois gris, do vesce, d’avoine et autres grains, qu’on donne aux moutons pour les engraisser, et aux brebis pour augmenter la production du lait.

— Encycl. Econ. rur. Les provendes simples des Français sont des mélanges analogues aux mas/is, mais dans lesquels l’eau tiède n’intervient pas. Les provendes se donnent aux chevaux et aux bestiaux, bien que ce nom soit plus particulièrement réservé aux mélanges qui sont servis aux moutons et aux bètes bovines.

Les provendes pour les bestiaux sont composées généralement de graines concassées d’orge, de seigle, de maïs, d’avoine, de sorgho, associées à de la farine d’orge, de seigle, d’avoine grossièrement moulue, de son, de recoupes, de tourteaux de colza, de lin, ou bien mélangées à des tourteaux concassés de noix, de lin, à des résidus provenantde la distillation des grains, de la fabrication du sucre, de In fécule, etc.

Les provendes médicinales sont celles dans lesquelles on a associé à la matière alimentaire des substances médicamenteuses simples ou composées. On donne ces provendes avec de grands avantages dans le cours des maladies chroniques du cheval, des ruminants, dans les maladies du sang, l’anémie, l’hydrohémie, les-maladies vennineuses, enfin pendant le cours de la convalescence des maladies aiguës.

10 Provende ionique et nourrissante. Cette provende est composée d’un mélange de 1 litre de farine d’orge avec 1 litre d’avoine concassée et 30 grammes de sel marin. 2° La provendé nourrissante et excitante est composée de : 2 litres d’avoine concassée, 60 grammes de baies de genièvre également concassées et 30 grammes de sel marin. 3° La provende nourrissante et tonique est un mélange de 2 litres d’avoine concassée, de 8 grammes de protosulfate de fer et de carbonate de soude et de 1 kilogramme de paille ou foin haché. 4* Une autre provende excitante et nourrissante se compose de 2 kilogrammes de foin haché, 2 litres d’avoine concassée, 500 grammes de feuilles vertes de sapin hachées et 60 grammes de sel marin. 5» La provende restaurante et ferrugineuse est composée avec 2 litres de blé, 10 grammes de peroxyde do fer et 5 grammes de carbonate de potasse pulvérisé. On mouille un peu le blé, on ajouto le peroxyde de fer et la poudre de carbonufe de potasse préalablement associés et on mélange exactementvOn donne cette provende