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de Greuze, qui a fait partie de la galerie Demidoff, représente la Pudeur sous les traits d’une jeune fille aux cheveux blonds, aux yeux bleus, qui, de ses mains posées l’une sur l’autre, retient sur sa poitrine une draperie qui glisse de ses épaules. Un statuaire vénitien, Antonio Corradini, a sculpté, pour le tombeau de la mère du duc Raimondo di Sangri, dans l’église Santa-Maria-della-Pietà, à Naples, une statue de la Pudeur fort admirée pour la transparence du long voile dont elle s’enveloppe. Suivant la remarque de M. Du Pays, une figure nue pourrait être plus chaste que cette Pudeur aux. draperies collantes. Cartellier a exposé au Salon de 1801 une statue de la Pudeur, représentée par une jeune nymphe surprise en sortant du uain et ramenant une draperie autour de son beau corps pour le dérober aux regards indiscrets ; près d elle, on voit une tonue. (Jette statue de marbre, exécutée avec beaucoup de soin, fut acquise par l’impératrice Joséphine pour décorer la Malmaison. En 1818, elle fut achetée par M. Lerouge ; elle a été gravée par Forster et par Réveil. La Pudeur exposée par M. Jaley au Salon de 1835 et qui appartient au musée du Luxembourg est une gracieuse statue de marbre, d’un sentiment bien naïf et d’une exécution fort délicate. Elle a figuré à l’Exposition universelle de 1855, où a paru également une statue de marbre exécutée sur le môme sujet par M. L. Menesini, artiste italien. La Pudeur cédant à l’Amour, groupe de marbre exposé en 1853 par M. J.-B.-J. Debay, est une composition d’un goût un peu équivoque : l’Amour qui tire le voile d’une jeune tille parait beaucoup trop goguenard, et celle dont il triomphe manque bien vite d’ingénuité. Ce groupe a été placé au musée du Luxembourg. M. Bonnegrace a représenté, en peinture, la Pudeur vaincue par l’Amour, qui lui enlève son dernier voile, et, si nous en croyons Th. Gautier, il a symbolisé avec goût l’immortel désir s’emparant de la beauté. « La jeune tille, dit l’illustre critique, est charmante d’émotion contenue et d’embarras virginal. Les deux figures, d’une blancheur dorée, se détachent d’un fond de paysage aux tons d’une richesse étouffée et sourde qui les fait ressortir et en augmente la valeur. La couleur en est excellente et rappelle à la fois la nature et les maîtres également étudiés par l’artiste. > M. Joufi’roy est l’auteur d’un groupe de la Pudeur résistant à l’Amour, qui a été reproduit avec un rare talent par M. A. David sur un caméeonyx (Salon de 1853). Un groupe en terre cuite de Clodion, représentant la Pudeur, a figuré à la vente Grandpré (1809), avec un autre groupe du même artiste destiné à faire pendant et intitulé le Désir, Citons, pour finir, une allégorie de la Pudeur, gravée par Beaumont, d’après N.-N. Carpel ; la Première pudeur, statue, par M. J.-B. Martens (Salon de 1865) et la Pudeur orientale, tableau du genre comique, exposé par M. Biard au Salon de 1844 et qui a obtenu, à cette époque, un grand succès de gaieté.

PUDIBOND, ONDE adj. (pu-di-bon, on-de

— lat. pudibundus ; de pudere, avoir honte). Qui a beaucoup de pudeur, de timidité : Jeune homme pudibond. Être pudibond comme une jeune fille. Depuis son hymen avec la civilisation, la société a perdu te droit d’être ingénue el pudibonde. (Th. Gaut.)

— Qui appartient aux personnes pudibondes ; qui marque beaucoup de pudeur : Air pudibond. Manières pudibondes. Réponse ingénue et pudibonde. Une rougeur pudibonde.

Une pensée aux courts jupons

Qui laisse voir sa jambe nue

N’est pas partout la bienvenue

Et blesse les yeux fubibonds.

H. Cantel.

— Substantiv. Personne pudibonde ; Ces filles expérimentées ont l’art de souffler les bons partis aux pudibondes et défaire de bons mariages sans l’entremise de personne. (Fonder.)

— Syn, Pudibond, pudique Avoir de la pudeur, c’est être pudique ; être pudibond, c’est être tout plein de pudeur. Si les deux mots étaient toujours pris dans leur sens matériel, pudibond ne différerait donc de pudique que par une étendue de signification plus grande ; mais il s’emploie presque toujours ironiquement, et alors l’homme qu’on appelle pudibond est trop pudique ; il rougit niaisement pour des bagatelles.

PUDIBONDERIE s. f. (pu-di-bon-de-rîrad. pudibond). Caractère des personnes pudibondes ; affectation de pudeur exagérée : C/iaplin obtient l’autorisation de mettre en vente la lithographie de sa ravissante et poétique Vénus, que la pudibonderie du jury a si fort malmenée lors de la dernière exposition de peinture. (Albéric Second.)

PUDICITÉ s. f. (pu-di-si-té — lat. pudicitas ; de pudicus, pudique). Caractère des personnes pudiques : La pudicité est le principal ornement d’une femme. (Acad.) Larougeur qu’excite la pudeur atteste déjà la connaissance ou le soupçon d’une faute dont ou peut redouter le blâme ; mais la pudicité, incapable de faillir, se trouve au-dessus même de tout mépris, comme un ange sur ta terre. (Virey.) Aujourd’hui, les paysannes étalent leurs fichus avec plus d’orgueil, mais il n’y a plus dans leur toilette cette fine fleur d’antique

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pudicité qui les faisait ressembler à des vierges d’Holbein. (G. Sand.)

Berthe était douce, accorte, affable, humaine ;

Mais elle avait de la sévérité

Sur le grand point de la pudicité.

VOLTAteB.

0 Action pudique : Ces feintes pudicit’és donnent beaucoup de ragoût à la dépravation véritable. (Th. Gaut.)

— Syn. Pudicité, décence, n»ode»ll*, etc. V. DÉCENCE.

— Encycl. V. pudeur.

PUDIQUE adj. (pu-di-ke-lat. pudicus ; de pudere, avoir honte). Qui a l’amour de la chasteté, qui montre de l’éloignement pour les actions contraires à cette vertu : L’honneur d’une femme pudique est sous la protection des gens de bien. (J.-J. Rouss.) La femme n’est pas pudique qui a le cœur corrompu par des désirs lubriques, fût-elle même pure de corps ; mais celle-là est encore chaste, qui a subi les approches de l’homme sans participer de cœur à l’impudicité. (Virey.) Le cancan a grandi malgré les sergents de ville, êtres pudiques s’il en fut. (Th. Gaut.)

Pour être vraiment chaste, il faut être pudique.

Ponsard.

Et celle que je dois honorer de mon corps,
Non-seulement doit être et pudique et bien née,
Il ne faut même pas qu’elle soit soupçonnée.

Molière.

— Qui est empreint de cette honnête retenue qui constitue la pudeur : Mœurs pudiques. Discours pudiques. Regard pudique. Oreilles pudiques. Amour pudique. Il n’y a rien de si pudique que te sentiment de l’amour. (G, Sand.) Quelle que soit l’innocence des âmes, on sent dans le tête-â-tète le plus pudique l’adorable et mystérieuse nuance qui sépare un couple d’amants d’une paire d’amis. (V. Hugo.)

Vous-même où seriez-vous, vous qui la combattez,

Si toujours Aotiope, a ses lois opposée,

D’une pudique ardeur n’eût brûlé pour Thésée ?

Racine.

Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.

MOLlÈtlB.

— Bot. Se dit d’une plante qui, au moindre contact, abaisse ses feuilles et ses branches pour les replier sur elle-même.,

— Syn. Pudique, pudibond. V. PUDIBOND. PUDIQUEMENT adv. (pu-di-ke-man — rad.

pudique). D’une manière pudique :. Baisser pudiquement les yeux. En parlant contre l’impudicilé, on doit s’exprimer pudiquement. (Acad.)

PUDLOWSK1 (Melchior), poBle polonais, mort en 1588. Il fit ses études à l’université de Cracovie, sous la direction de Jacques Gorski, qui conçut une telle estime pour son élève que, plus tard, il lui donna ses propres ouvrages à revoir et à corriger. Pudiowski devint par la suite secrétaire du roi Sigismond-Auguste et se signala par son ardeur

à défendre la religion catholique contre les réformés. Ses écrits les plus remarquables sont : Etegia ad mortem ill. comitis Joannis de Tarnow (1561) ; Lamentation et admonition de la république polonaise (1561) ; Didon à Enée (sans lieu ni date) ; Oratiopro republica et religions ad magistratum Polonia (1562) ; Un livre de bagatelles, c’est-à-dire de poésies comiques (1586).

PtlDI) s. m. (pu-du). Mamm. Espèce d’antilope indigène des Cordillères.

PUÉ s. m. (pué). Ane. techn. Arrangement des fils de la chaîne des étoffes, dans les fabriques de laine : Faire le pué.

PUEBLA (la), ville d’Espagne, province des îles Baléares, sur la cote N.-E. de l’Ile Majorque, près de la baie et à 12 kilom. S.-O. d’Alcudia ; 3,000 hab.

PUEBLA-DE-ALCOCER, ville d’Espagne, province et à 130 kilom. O. de Badajoz, ch-1. de juridiction civile ; 3,007 hab.

PUEBLA-DE-ALMUJUD1EL, ville d’Espagne, province de Tolède, sur la Gijuelu, à là kilom. N. d’Alcaza ; 3,300 hab.

PUEBLA-DE-CAZAIXÀ, ville d’Espagne, province de Séville, juridiction et à 18 kilom. O. d’Ossuna ; 3,000 hab. Restes d’antiquités romaines.

PUEBLA-DE-DON-FABRIQUE, ville d’Espagne, province de Grenade, juridiction et à 22 Kilom. N. d’Huescar, sur le versant méridional de la sierra Grillemena ; 6,124 hab. Fabriques de grosses étoffes de laine, toiles de lin et de chanvre, savon ; carrière de plâtre. Commerce de bois de construction et de produits manufacturés. U Ville d’Espagne, province de Tolède, k 40 kilom. S.-E. d’Ocafia ; 3,500 hab.

PCEBLA-DE-GUZMAN, l’ancienne Prxsi- dtuiH, ville d’Espagne, province de Huelvn, juridiction deYalverde, près de la frontière de Portugal ; 4,000 hab.

PtEBLA-DE-LOS-ANGELOS (la), ville forte du Mexique, ch.-l. de l’État de Son nom, sur le plateau d’Anahuac, à 9 kilom. du volcan de Popocatcpetl, a. 122 kilom. S.-E. de Mexico, ■par 19° de laiit. N. et 100» 22’ de longit. O. ; 74,631 hab. Evêché, séminaire, nombreux

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collèges. Climat très-dous, sol fertile. La Puebla, la principale ville du Mexique par son industrie et par son commerce, possède des manufactures renommées en tissus de laine. Elle compte 75 grandes.fabriques de coton, 8 fortes filatures de laine, 100 usines à tissage de laine, dont 70 mues par des machines à vapeur ; 6 verreries, 10 papeteries, dont plusieurs de papier à cigarette et 2 de papier a enveloppes très-renommées, qui emploient beaucoup d’ouvriers ; des manufactures d’armes blanches, des faïenceries et des poteries, des fabriques de savon, dont les produits s’expédient dans toutes les parties de la république ; des fabriques de produits pharmaceutiques, etc. Les manteaux qui sortent de ses fabriques, et qu’on appelle manteaux mexicains, jouissent d’une grande réputation. Le commerce de La Puebla, dont les foires sont très-suivies, est très-étendu ; toutes ses exportations passent par le port de La Vera-Oruz. Ses importations proviennent d’Angleterre, de France et des États-Unis. Aux environs, on trouve une source d’eau sulfureuse et une riche carrière d’albâtre qui est exploitée. On y récolte l’indigo, la cochenille, la vanille, des bois de teinture renommés, dits de campêche.

La Puebla est une des plus belles villes de l’Amérique espagnole ; tes rues en son t larges, droites, pavées de larges pierres et garnies, de chaque côté, de trottoirs d’une propreté remarquable ; les maisons, la plupart à trois étages, sont vastes, ont des toits plats et offrent d’assez belles boutiques. Les places publiques sont grandes et aérées ; la principale, au centre de la ville, est magnifique ; elle a sur trois côtés des portiques uniformes ; le quatrième est occupé par la cathédrale, grand édifice orné d’une belle^façadu et de deux tours très-hautes. Cette église, dédiée à Notre-Dame de Guadalupe, patronne du Mexique, est une des plu3 riches et des mieux décorées de la contrée. Ce bel édifice s’élève majestueusement, présentant un parallélogramme de 90 mètres de longueur sur

60 mètres de largeur, non compris le parvis, qui est très-vaste. La façade principale est ornée de superbes statues en pierre blanche ; les portes et tambours sont en bois de cèdre, ornés de dessins bizarres en bronze. On voit à chaque angle de la façade une tour carrée d’une hauteur de 64 mètres environ au-dessus du parvis. Le sommet est orné d’une coupole en briques vernies, qui s’élève sur un socle octogone à créneaux et est surmonté d’une lanterne à colonnettes portant à son extrémité un globe et une croix en marbre blanc. La tour du sud est garnie d’une trentaine de cloches. Lorsque ce carillon est mis en branle, ce qui arrive à chacune des nombreuses fêtes du calendrier mexicain, il en résulte un bruit formidable. Les Mexicains affectionnent cette assourdissante harmonie. La plus grosse cloche pèse 185 quintaux et a coûté 45,000 francs. La grande coupole du temple est en faïence jaune et verte ; elle s’élève majestueusement au-dessus d’un acrotère octogone, avec pilastres d’ordre ionien k chaque angle. La lanterne est dominée par une statue. À l’intérieur, l’architecture est, en général, d’ordre dorique, de double dimension et en pierre de taille. L’argenterie de la cathédrale de Puebla était autrefois d’une richesse phénoménale ; on peut en juger par ce que les révolutions y ont encore laissé subsister après de nombreuses spoliations. Il y avait des lustres immenses en argent massif, avec des bobèches en or, de somptueuses urnes avec bouquets gigantesques de fleurs artificielles d’un luxe éblouissant. Les candélabres en argent massif du maître-autel sont d’une hauteur de 3 mètres. Le lustre le plus beau est composé de 2,000 pièces, avec bobèches en or ; il pèse 144 kilogrammes et a coûté 360,000 francs. Les vases sacrés sont d’une richesse incomparable. Un ostensoir, haut de plus d’un mètre, est en or massif, enrichi de diamants d’un côté et de belles émeraudes du côté opposé. Un autre est garni de la plus belle collection de perles qui se puisse imaginer ; le piédestal est un travail exquis, orné de brillants et de pierres précieuses. Le grand chandelier triangulaire, placé au milieu du chœur, est un admirable ouvrage en ébène, de 8 mètres de hauteur ; les sculptures sont dignes d’attention. En somme, ce temple, remarquable par la régularité de sa belle architecture, par la richesse et le bon goût de son ornementation, est un des monuments religieux les plus riches du monde. Les autres édifices de Puebla les plus dignes d’attention sont : le palais épiscopal, le ci-devant collège des jésuites, le couvent de Saint-Augustin, celui de Saint-Dominique resplendissant d’or et d’argent, la maison de retraite et le bâtiment de la bibliothèque publique. On y compte en tout 60 églises.

Puebla est une ville forte, bien défendue par la citadelle de Guadalupe, par le fort de Loreto et par plusieurs autres ouvrages extérieurs, les forts de l’Indépendance, de Zaragoza, de Totimehuacan, surnommé le fort des Ingénieurs ; les forts de Hidalgo de Morelos, d’iturbide et de la Réforme, formant en tout quatre lignes de défense.

Puebla fut fondée, en 1533, pur l’évêque don Sébastien-Ramirez de Fuenleal, sur un terrain où il n’y avait que quelques cabanes habitées par des Indiens Je Gholulo. Elle fut occupée par les Américains en 1847. Puebla

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a’éte tour à jour prise et reprise par tous les partis qui se divisent le Mexique depuis son indépendance. C’est probablement la ville du monde qui a été le plus souvent assiégée ; elle a, dit-on, subi au moins 150 sièges ; mais le plus célèbre de tous est celui que les Français vinrent mettre devant cette ville au mois de mars 1863, lors de notre désastreuse expédition du Mexique.

Le 5 mai 1862, un corps de troupes françaises, sous les ordres du général de Lorencez, vint attaquer Puebla ; mais il se heurta contre une résistance inattendue et dut se replier devant le nombre. Ce fut pour réparer cet échec qu’au mois de mars de l’année suivante l’armée française, alors forte da 35,000 hommes et placée sous les ordres du général Forey, franchit de nouveau les dédélllés de Cumbres. Le 16 mars, elle arriva au village d’Amuzoc et, deux jours plus tard, elle commença l’investissement de Puebla, protégée par ses imposantes for tili cation s et défendue par environ 20,000 hommes commandés par Ortega. Le 23 mars, une batterie. de deux mortiers, amenés de Vera-Cruz, et de six obusiers de montagne disposés pour tirer en bombe, ouvrit son feu pour protéger l’ouverture de la première tranchée, à 600 mètres du fort San-Xavier, et alors commença un siège en règle. Les Mexicains répondirent par un feu nourri aux feux de l’artillerie française et montrèrent qu’ils étaient prêts à une vigoureuse résistance. Le 29 mars, le général" Bazaine reçut l’ordre de s’emparer du Pénitencier. Il se rendit maître de cette ■ forte position grâce à une irrésistible attaque du 2« zouaves et s’y maintint malgré tous les efforts que fit le général Negrete pour l’en déloger. Le lendemain, les batteries françaises étaient en mesure de battre le corps même de la place. Deux jours après, une brèche était pratiquée dans les murailles du . couvent de Guadalupite, et le 18» bataillon de chasseurs était chargé d’enlever le couvent. L’attaque, fuite de nuit, réussit parfaitement malgré la résistance la plus sanglante et la plus acharnée. Dans la nuit du 2 avril, on entreprit de s’emparer de l’église de San-Marco, transformée en une véritable forteresse. On n’y parvint qu’après une lutte terrible et sous une effroyable fusillade. Nous n’entreprendrons pas de décrire dans ses détails la lutte qui s’ensuivit et dans laquelle il fallut enlever chaque maison défendue avec acharnement. Les Français durent renoncer à poursuivre momentanément l’attaque de vive force. Du 3 au 15 avril, assiégeants et assiégés durent se borner à

continuer leur système d’attuque et de défense. Dans la nuit du 15 avril, les Mexicains tentèrent une sortie qui fut repoussêe. Dans la nuit du 19, un bataillon de zouaves parvint k s’emparer de trois îlots de maisons ; le 21, les Mexicains durent en abandonner trois autres, après y avoir mis le feu. Le 24, les Français mirent le feu à des fourneaux de mine pratiqués sous un quartier de la ville ; une explosion épouvantable se fit entendre et des édifices entiers s’écroulèrent, engloutissant les assiégés qui les occupaient. Si en ce moment le commandant des troupes françaises eût lancé des colonnes d’assaut dans la ville terrifiée, le succès était à peu près certain ; mais ce ne fut que le lendemain à neuf heures que commença l’attaque sur Santa-lnez ; les Mexicains, revenus de leur panique, se défendirent avec une telle énergie, accumulèrent tant d’obstacles sur la marche des zouaves, que le plus grand nombre d’entre eux périrent et que les autres durent capituler dans le couvent de Santalnez, où ils étaient parvenus k pénétrer. Encouragés par ce succès, les Mexicains essayèrent de reprendre l’offensive et d’enlever aux Français un des quartiers dont ils s’étaient emparés ; mais ils furent repoussés avec perte. Cependant l’armée assiégeante resserrait de plus en plus la ligne d’investissement, pour empêcher les assiégés de s’ouvrir un pas- • sage. Le 12 mai, les travaux du siège, un moment ralentis, reprirent une grande activité. En ce moment, la nouvelle de la défaite de l’armée de secours, commandée par Comonfoit (8 mai), la difficulté de plus en plus grande de percer les lignes françaises et de se ravitailler, l’insuccès d’une sortie en masse faite le 13 mai portaient le découragement dans les rangs des défenseurs de lJueblu. Le 14 mai, Ortega demanda une suspension d’armes pour faire relever et enterrer les morts ; le 16, le général en chef de l’armée assiégeante, qui avait renoncé à poursuivre l’enlèvement de Puebla rue par rue, fit pleuvoir sur la ville une grêle de bombes et de boulets pendant que d’autres batteries criblaient de projectiles le fort de Totimehuacan, qui fut complètement ruiné et dut être aussitôt évacué. Ortega, désespérant de prolonger la résistance, envoya le même jour au général Forey le général Mendoza, chargé de proposer une capitulation. Il demandait qu’on laissât sortir de la place la garnison avec armes et bagages, une partio de son artillerie de campagne, les honneurs de la guerre et l’autorisation de se retirer sur Mexico. Le général Forey repoussa ces propositions. Il exigea une reddition sans condition, menaçant de passer au fil de l’épéo ’ l’armée assiégée si elle attendait l’assaut générai, si elle ne se constituait pas simplement prisonnière après être sortie avec les honneurs de la guerre. Voyant que la ville allait