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doute de cette provenance de la racine àr, dont le sens est trop général. Si l’on compare, selon lui, arani, avarice, art, arâya, avare, de a privatif et de , donner, on pourrait y chercher la notion de stérilité, d’improductivité ; mais, ajoute-t-il, on çeut présumer aussi un composé de a négatif et de ran, retentir, d’oïl runa, bruit, car le silence du désert est une des impressions qui frappent le plus vivement. Arani, dans l’acception de soleil, et de premna spinosa, bois qui servait à allumer le l’eu par la friction, se rapporterait mieux a la racine ar, dans le sens de s’é•lever ou d’exciter). Eaux et for. Lisière d’un bois.

— Ane. jurispr. Mettre à possession d’un héritage par rain, Mettre à la main de l’acquéreur un rameau ou un petit bâton, comme symbole du droit de propriété.

RAINALD1 (Jérôme), architecte italien, né à Rome en 1570, mort dans la même ville en 1C55. Sou père, Adrisn Rainaldi, *était peintre et architecte. Ii étudia l’architecture sous Dominique Foulana et il acquit dans cet art une réputation brillante. Chargé par Sixte-Quint de construire une église à Montalte, sa patrie, Foutana confia secrètement à Jérôme le soin de cette entreprise et ne révéla au pape le nom du véritable auteur du monument que le jour où le buccès du constructeur était assuré. Jérôme acquit alors la faveur du pape, qui lui confia l’achèvement du palais sénatorial, commencé par Michel-Ange et continué par Giacomo délia Porta. Sous Paul V, il construisit le port de Fano. Parmiles autres édifices que Ruinaldi a élevés, on cite le palais ducal de Parme, le casiuo de la Villa-Tavermt, à Frascali ; l’église des Carmes Déchaussés, à Caprarole ; le palais Painphili et le palais Verospi, à Rome ; la maison professe des jésuites, dans la môme ville, leur collège de Sain te-Lucie, à Bologne, et le pont de Terni, sur la Néra, dont Turclie unique est très-hardie. Il fut inhumé à Rome dans l’église de Sainte-Martine. Ses créations ont de Ta noblesse et de la grandeur, mais l’abondance exagérée des ornements annonce déjà la décadence et le mauvais goût de l’âge suivant.

RAINALD1 (Charles), architecte italien, fils du précédent, ué à Rome en 1611, mort en 1691. Aux leçons d’architecture qu’il reçut de son père il joignit-de fortes études littéraires. Il exécuta également de beaux travaux à Rome, notamment : l’église Sainte-Agnès, l’église Sanla-Maria-in-Campîtelli (165S), celles de Santa-Maria-de-Miracoli, de Sanea-Maria-del-Monte-Santo, la façade de l’église de Jean-et-Marie, au Corso ; l’ancienne Académie de France, etc. Citons encore de lui : l’église de Monte-Porzio, la cathédrale de Rcciglione, les villas Mondragone et Kinciana. Il avait peu d’imagination, mais ses constructions présentent un ensemble qui rappelle le charme et l’élégance de l’architecture du siècle précédent. Toutefois, il ne sut pas assez résister à l’envahissement du mauvais goût de sou époque.

RAINCEAU s. m. (rain-so). V. rinceau.

RAINCUEVAL, village et’comm. de France (Somme), canl. d’Adieux, arrond. et à 13 kilom. de Doullens, à 24 kilom. d’Amiens ; 867 hab. Chaussée romaine, attribuée à Agrippa.

HA1NCY (lb), village de France (Seine-et-Oise), arrond, et à 44 kilom. de Potitoisé, à 22 kilum. E. de Paris. Ce village, de création toute récente, s’est accru très-rapidement et forme avec Livry la commune de Livry-Raiucy, qui renferme 2,341 hab. Il a été érigé eu paroisse et possède une église peu intéressante au point de vue architectural, mais admirablement située au bord d’un étang ombrage d’arbres. Une abbaye, appelée Rinsiacum, fut foudée dans cette localité vers le xu" siècle, et reçut des religieux de l’ordre de Saint-Benoit. Elle fut remplacée, au xv«e siècle, par un château construit uour le Conseiller Jacques Burdierelqui ne coula pas moins de 4,500,000 livres. Ce château passa ensuite dans les mains de la princesse Palatine, mère du Regetit, puis dans la famille des Sanguin, marquis de Livry. En 1750, il retourna à la maison d’Orléans. Le duc d’Orléans, grand-père du roi Louis-Philippe, voulant faire du Raincy une résidence princiers, fit disparaître I ancienne distribution du parc et la remplaça par un vaste jardin anglais. Il ne laissa subsister qu’une majestueuse allée dé peupliers, conduisant au château, plantée à don ble rang et composée d’arbres d’une hauteur et d’une grosseur rares. Lors de la Révolution, le château du Raiucy fut compris dans le décret qui ordonnait de conserveries mai-Sons royales et de les entretenir aux dépens de la République • pour former des établissements utiles a l’agriculture et aux arts. ■ Il n’eu fut pus moins vendu peu de temps après et acquis par un descendant de ses seconds possesseurs, le marquis Sanguin de Livry, qui pendant les dernières années du Directoire y donna souvent des l’êtes brillantes que traversèrent les déesses d’alors, M"1"8 Tallien et Réeamier. Le Raiucy, à la Restauration, rentra dans la maison d Orléans. En 1852, à la suite du décret qui confisqua les biens des d’Orléans, le château fut détruit ; le parc, déboisé et vendu par lots, fut couvert depuis d’un grand nombre de chalets de villégiature.

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’ Il ne faut pas confondre l’abbaye du Raincy, sur l’emplacement de laquelle s’élevait l’ancien château, avec l’abbaye dô Livry, qui devait son origine à la chapelle élevée près de Livry par Guillaume de Garlande et sa femme en USA. L’abbaye de Livry, qui produisit un certain nombre de savants et d’historiens, fut détruite pendant la Révolution et vendue comme bien national.

Au début de l’investissement de Paris, en Septembre 1870, les Prussiens s’emparèrent du Raincy, où ils massèrent leur artillerie. Par la suite, ils y établirent trois batteries qui contribuèrent, à partir du 27 décembre, au bombardement du fort de Rosny.

HAINE s. f. (rè-ue — latin rana, armoricain ran, grenouille, probablement de la racine sanscrite ran, crier, retentir. Comparez l’irlandais ran, cri. Cette racine imitative se trouve aussi dans l’hébreu rdnan, il a crié, arabe rmtama, d’où ranam, son, chant, evi de la cigale, et il est curieux qu’il en dérive également en arabe un nom de la grenouille, rw naît). Erpét. Ancien nom des grenouilles, appliqué aujourd’hui aux rainettes : Cette raine est la meilleure sauteuse de toutes les grenouilles. (V. de Bouaare.) La présence des pelotes que tes raines portent aux doigts suffit pour tes distingue* des grenouilles. (E. Desiuurest.)

— Fam. Il n’est pas cause que les raines n’ont pas de queue, C’est un innocent, un benêt.

— Encycl. V. RAINETTE.

RAINÉ, ÉE (rè-né) part, passé du v. Rainer, Marqué de rainures : Planche rainées.

RA1NEAU s. f. (rè-no — rad. rain). Techn. Pièce de charpente au moyen de laquelle on lie les têtes de pilotis dans une digue.

RAINER v. a. ou tr. (rè-né. — L’origine de ce mot est controversée ; quelques-uns le rapportenc à un type latin radinare, de radere ; mais cette explication est peu admissible, Scheler.propose de le rattacher à l’ancien français rain, limite, bord, ou bien de le regarder comme provenu d’une forme raisner, pour raisener, du vieux français raise, rigole, qui correspond au vieux Scandinave ras, anglo-saxon rues, anglais race. On dit raiture d’une aiguille pour rainure, et l’on ne peut disconvenir que cette forme ne soit favorable a une conjecture qui verrait dans rainer une altération de reieîer, et par là une dérivation de raie), Techn. Faire une rainure, dans : Rainer une planche. « RAINETTE s. f. (rè-nè-te — dimin. de raine. D’après Ménage, la pomme rainette est ainsi appelée parce que sa peau est marquée de petites taches comme celle de la grenouille. D’autres étymologistes voient dans ce mot un diminutif de reine, ce qui justifierait la forme reinette, que l’Académie parait préférer). Erpét. Genre de batraciens anoures, voisin des grenouilles, et comprenant plus de soixante espèces, dont une seule habite l’Europe : Quoique tes Rainettes préfèrent le voisinage des eaux, elles s’en éloignent quelquefois. (1J. Gervais.) Les rainettes vivent pendant l’été sur les feuilles des arbres, dans les bois humides. (E. Desmarest.)

— Arboric. Variété de pomme très-estimôe. Il On écrit aussi reinette.

— Encycl. Les raines ou rainettes ont le corps lisse, comme poli, souvent.de forme svelte ; presque toujours un sac vocal sous la gorge ou de chaque côté du cou, chez les mâles ; la langue courte, épaisse, arrondie, entière ou à peine èchaucrée ; des dents vomériennes ; les pattes antérieures à quatre doigts, les postérieures fort longues et à cinq doigts ; tous les doigts dépourvus d’ongle, mais terminés par des pelotes arrondies et visqueuses ; pas de queue. Ces batraciens, par leur organisation et leurs mœurs, ressemblent beaucoup aux grenouilles ; mais ils s’en distinguent par leurs formes en général moins trapues, moins ramassées et surtout par les petotes uont leurs doigts sont munis. Ces organes leur permettent de se tenir sur les corps les plus lisses, de grimper lestement sur les arbres <- ; t de se maintenir même sur les feuilles agitées par le veut ; elles sautent et nagent d’ailleurs très-bien.

Les rainettes vivent généralement, pendant l’été, duns les lieux humides ou au bord des eaux ; elles se tiennent de préférence sur les arbres, les buissons ou les grandes herbes ; dans le jour, elles se cachent sous les feuilles et restent comme fixées, pendant des heures entières, a la même place ; de là elles guettent leur proie, qui consiste en vers et en insectes. A leur tour, elles ont pour ennemis les oiseaux de proie ou aquatiques, quelques mammifères et surtout les serpents. Elles sont, du reste, si peu méfiantes qu’on peut aisément les prendre aveu la main. Dès qu’arrive le soir, elles se mettent en mouvement, grimpent sur les arbres et sautent d’une feuille à. l’autre. Leur coassement rappelle celui des grenouilles, mais il est moins aigre. On l’entend surtout le soir, duns les behes nuits d’été et par les temps pluvieux ; le moindre bruit qu on produit en approchant les fait taire ; mais dès que l’une d’elles recommence, toutes les autres lui répondent. Comme elles sont souvent très-nombreuses, leur coassement s’entend quelquefois à une lieue de distance, et on a pu le comparer à l’aboiement lointain d’une même de chiens. Elles passent là mauvaise saison au fond des eaux, où elles s’ac RAIN

couplent et déposent leurs œufs an printemps ; c’est vers le mois de mai qu’on les voit reparaître.

Ce genre comprend près de quarante espèces, dont la plupart appartiennent à l’Amérique et.quelques-unes à l’Océanie ; l’Europe n’en possède qu’une seule : la rainette verte ou commune, appelée aussi grasset ou grenouille d’arbre. Elle a généralement le corps d’un beau vert en dessus et blanc en dessous. Elle varie, du reste, beaucoup par la coloration, et il paraît même, d’après l’observation de Crespon, qu’un même individu peut, comme le caméléon, changer de nuance et prendre la teinte des objets sur lesquels on le place. Cette espèce est répandue dans l’Europe centrale et méridionale, l’Asie Mineure, le nord de l’Afrique. C’est à elle surtout que s’appliquent les détails de mœurs que nous avons donnés a propos du genre. C’est un très-joli petit animal, nullement nuisible et qui nous rend, au contraire, des services comme insectivore. On peut la conserver très-longtemps en captivité, et elle est devenue une sorte de baromètre populaire ; on la met dans un bocal haut de forme, avec un peu d’eau duns le fond et une petite échelle ; quand la rainette moute, elle passe pour présager le beau temps, tandis que son séjour prolongé au fond du vase passe pour un signe de pluie.

Parmi les espèces exotiques, nous citerons surtout la rainette tinctoriale ou à tapirer ; on prétend que, si, après avoir arraché à des perroquets quelques grosses plumes vertes, on frotta la peau avec le sang de ce batracien, les plumes qui repoussent sont jaunes ou rouges. Citons encore les rainettes francrayée, fémorale, squirelle, bigarrée, bicolore, verruqueuse, etc.

RAINETTE s. f. (rè-nè-te — rad. rainer). Techn. Instrument employé par le charpentier pour tracer des lignes et donnwr de la voie aux scies. Il Outil du fondeur en caractères, il On écrit aussi rénettb.

— Art vétèr. Instrument à diviser l’ongle du cheval eu y creusant des rainures.

KAlM’ItOl ou HAG1NFK1ÎD, maire du palais de Neustrie, né dans l’Anjou, mort à Angers en 731. Acclamé maire du palais par les Neustriens, il tira du cloître Chilpéric II, qu’il mit sur le trône, montra beaucoup d’activité et d’énergie dans ses tentatives pour affranchir la Neustrie de la domination austrasienne, pénétra dans l’Austrasie, fit le siège de Cologne, mais fut écrasé par Charles-Martel à la bataille de Vinci (7"17), puis devant Soissons (719). Il se soumit alors au vainqueur, renonça à la mairie du palais et reçut le comté d’Anjou.

HA1NGO (Germain-Benoît-Joseph), écrivain belge, né à Mons en 1794. Successivement directeur de l’École normale (1829), inspecteur (1827), principal du collège de Mons (1831), il s’est fait avantageusement connaître par dés ouvrages d’enseignement dont les principaux sont : Traité d’arithmétique (1818) ; Cours de langue hollandaise (1824) ; Précis de l’histoire des Pays-Bas (1825) ; Éléments d’agriculture (1849), etc. On lui doit, en outre, deux recueils périodiques : Bibliothèque des institutions (1819-1832) ; Annales du J/ainuut (1833-1840).

KAlNiNEYlLLË (Joseph, vicomte de), homme politique français, né à Allonville, près d’Amiens, en 1833. Il se rendit en 1860 à Rome et s’enrôla dans l’armée du pape, dont Lamoricière venait de recevoir le commandement. Feu après, il devenait aide de camp du général de Pimodan, auprès duquel il assistait à la bataille de Castelfidardo (18 septembre 1860). De retour en Fiance, il habita son château d’Alloiiville, publia divers écrits et devint un des udministrateursduchamin de fer de Lyon. Lors de la guerre de 1870-1871, M. de Rainneville commanda un bataillon des mobiles de la Somme. Nommé, le 8 février 1371, député du département de la Somme, le cinquième sur onze, il alla siéger à l’Assemblée nationale parmi le groupe du centre droit. En 1871, il vota pour la paix, pour la dissolution des gardes nationales,

fiour les prières publiques, l’abrogation des ois d’exil, en faveur de la pétition des évoques, pour la proposition Rivet, conférant à M. Thiers le titre de président de la république, etc., et prononça un discours en faveur du projet de loi tendant à faire payer à toute la France les dommages de I invasion. En

1872, M. de Rainneville appuya pendant quelque temps encore de ses voles la politique de AJ. Thiers ; mais lorsque celui-ci manifesta l’intention de concourir à l’affermissement de la république, il s’associa aux efforts de la coalition monarchique qui essaya vainement, le" 29 novembre 1872, de renverser le chef du pouvoir et qui parvint à son but le $4 mai

1873. M. de Rainneville fit acte d’adhésion complète ’à la politique de compression qu’inaugura alors M. de Broglie et vota imperturbablement en faveur des mesures les plus

réactionnaires. Après l’avortement des intrigues qui eurent pour objet une restauration, il aida à rétablissement du septennat (19 novembre). Cette même année, il lit un rapport sur les actes diplomatiques du gouvernement de la Défense, un autre sur le budget des affaires étrangères et prit à diverses reprises la parole lors de la discussion de ce budget. Eu 1874, M. de Ruiniieville continua à voter avec le parti orléaniste et clérical, en pre RAIN

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liant pour chef de file M. de Broglie, qu’il soutint lors du scrutin qui amena lu chute de. ce dernier (18 mai), puis vota contre la proposition Casimir Pèr’ter sur les pouvoirs publics (23 juillet) et contre la proposition de dissolution de l’Assemblée présentée par M, de Malleville (29 juillet). En 1875, le député de la Somme s’est prononcé contre le premier amendement Wallon, qui a implicitement constitué la république (30 janvier) ; mais, le S février suivant, il a voté le second amendement Wallon, concourantau même but. On doit à M. de Rainneville les écrits suivants : Monsieur Ed. About et sa Lettre à M. Keller (1861, in-8o) ; Lettre d’un gentilhomme d M. Emile Augier, auteur du Fils de Giboyer (1862, in-go) ; Jtéplique d la circulaire sur les volontaires pontificaux de M. de Persigny (1862, in-s») ; Catholiques tolérants et légitimistes libéraux (1862, in-12) ; la Femme dans l’antiquité et d’après là morale naturelle (1SS5, in-8o), etc.

RAINOIKB s. f. (rè-noi-re — rad. ramer). Techn. Rabot dont les layetiers se servent pour rainer le bois.

RAINOISE s. f, (rè-noi-ze). Ane. art milit. Espèce de fusil à canon rayé.

RAINOLFE ou RAINULF, aventurier normand, mort en 1059. Il fut le premier comte d’Averse (entre Naples et Capoue), dont la ville et le territoire lui furent concédés en 1029 par Sergius, duc de Naples, qu’il avait secouru contre le prince de Capoue. Feudataire des Napolitains, il changea cependant souvent de parti dans les révolutions fréquentes de l’Italie méridionale. En 1047, il fut définitivement reconnu comme prince indépendant par Henri III.


Rainouart au Tinel, chanson de geste qui se rattache incidemment au cycle de Guillaume au Court-Nez. Rainouart est un géant burlesque, très-beau, invincible à la guerre, mais simple d’esprit, ivrogne et glouton d’habitude. Après la bataille d’Alescham, Guillaume l’avait remarqué dans les cuisines du roi, où le jeune géant était alors marmiton. On découvre qu’il est fils de l’émir de Cordoue. Rainouart, emmené par Guillaume, reçoit le baptême et, sans souci des liens du sang, combat contre son père ; il défait pour ainsi dire à lui seul l’armée des infidèles : pour toute arme, il a une énorme massue qu’il appelle Tinel, avec laquelle il assomme une multitude de Sarrasins. Après la victoire, Rainouart épouse la belle Aelis, dont il a pour fils un autre géant nommé Maillefer. Ici finit la première branche de Rainouart ; elle comprend six mille vers.

Dans la seconde partie, nous voyons les démons et les fées jouer un rôle important, chose très-rare dans les poèmes carlovingiens ; c’est un emprunt fait aux romans de la Table Ronde. Rainouart tue en combat singulier le géant sarrasin Loquifer. Un autre duel a lieu entre l’émir de Cordoue, père de Rainouart, et Guillaume au Court-Nez ; le Sarrasin est vaincu et tué après trois jours de lutte ; Rainouart ne dissimule pas sa joie et plante la tête de son père au-dessus de la porte de son château ; mais cette tête amène de si furieux orages, qu’il se voit contraint de la jeter à la mer. Cependant Aelis est morte et le jeune Maillefer a disparu, enlevé par les païens ; Rainouart est inconsolable. Une distraction pourtant lui est offerte. Les fées le transportent un beau soir dans l’île d’Avalon, le pays des enchantements ; là, il voit le roi Artus, Roland, Gauvain, Perceval et devient l’amant de la fée Morgane. Au bout de quinze jours, le bon géant s’ennuie de toutes ces merveilles et part d’Avalon pour se rendre à Odierne, où il espère retrouver Maillefer. Mais Morgane, furieuse, fait échouer le navire ; heureusement, les sirènes, que la beauté de Rainouart a séduites, le recueillent et le déposent sur le rivage d’Odierne. Maillefer n’y était plus ; Rainouart revient dans son château.

La troisième partie de la légende de Rainouart, versifiée par Guillaume de Bapaume, est intitulée : Moniage de Rainouart. Le guerrier finit comme Guillaume au Court-Nez, comme Bernard de Naisil et bien d’autres ; il se fait moine pour expier ses péchés ; il entre à l’abbaye de Brioude. Mais bientôt il effraya ses paisibles compagnons par son étrange voracité, son mépris de la discipline et son indifférence pour les offices. Les moines essayent plusieurs ruses pour se débarrasser de cet homme terrible, mais ils n’y peuvent parvenir. Rainouart reste malgré tout à Brioude, où il finit sa longue et aventureuse carrière. Il y a ça et là dans ces trois poèmes des éclairs de gaieté et d’esprit, mais souvent aussi des lieux communs et des longueurs.


RAINSSANT (Pierre), numismate français, né à Reims vers 1640, mort à Versailles en 1689. Il professait la médecine dans sa ville natale, lorsque la découverte d’une urne remplie de médailles décida sa vocation pour la numismatique. Il alla s’établir à Paris, devint antiquaire et garde des médailles du roi (1684), fit partie de l’Académie des inscriptions. Outre des articles dans le Journal des savants, on a de lui : Sur l’origine des fleurs de lis (1678, in-4o) ; Sur douze médaiiles des jeux séculaires de l’empereur Domitien (1684,in-4°), etc,


RAINULF, aventurier normand. V. Rainolfe.