Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 2, Pubi-Rece.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PUY-DE-DÔME, pic principal de la chaîne des monts Dôme, situé au centre du département du même nom, à 13 kilom. S.-O. de Clermont-Ferrand, entre les villages d’Orcines au N.-E. et d’Allagnat au S.-O-, sur la ligne de faîte d’entre Allier et Sioule. Le Puy-de-Dôme, qui s’élève à 1, 465 mètres au-dessus du niveau de la mer, présente un cône majestueux, qui a pour cime un plateau très-étendu et qui présente un aspect très-gracieux. Depuis sa base jusqu’à son sommet, on parcourt un tapis de verdure où paissent de nombreux troupeaux ; car, malgré sa pente escarpée, il est couvert de gazon dans toute sa superficie, excepté sur deux ou trois points où il laisse percer des protubérances de laves blanches, comme pour indiquer sa formation toute volcanique. Lorsque, par un temps calme et serein, on a fait l’ascension de ce pic majestueux, on découvre un vaste et magnifique panorama qui diffère sur chaque point de l’horizon ; rien n’y borne la vue ; la portée du regard s’y déploie dans toute sa puissance. On a sous les yeux quarante puys avec leurs cratères antiques, leurs ravins, leurs courants de lave et leurs lits de pouzzolane noire ou rouge. Plus loin se déroule la Limagne entière, baignée par l’Allier, sillonnée par de nombreux ruisseaux, avec ses villes, ses villages et ses monticules sans nombre ; partout des champs cultivés, des vignobles, des habitations disséminées dans la campagne, des chemins qui se déroulent à perte de vue ; tout se réunit pour former un coup d’œil enchanteur. Le Puy-de-Dôme est célèbre aussi dans les annales de la science : c’est sur cette montagne que furent faites en 1648, d’après les indications de B. Pascal et par Périer, son beau-frère, de célèbres expériences sur la pesanteur de l’air.


PUY-DE-DÔME (département du), division administrative de la région centrale de la France. Il tire son nom d’une des principales montagnes qui en occupent le centre. Il a été formé, en 1790, de la partie septentrionale de l’ancienne province d’Auvergne, d’une partie du Bourbonnais et d’une faible partie du Forez ; il confine, au N., au département de l’Allier, à l’E. à celui de la Loire, au S. à ceux du Cantal et de la Haute-Loire, et à l’O. à celui de la Creuse ; sa plus grande longueur, de l’E. à l’O., est de 116 kilom., et sa plus grande largeur, du N. au S., de 97 kilom. Superficie, 785,051 hectares, dont 414,005 hectares en terres labourables, 81,808 en prairies naturelles, 28,508 en vignes, 5,082 en cultures diverses, 145,906 en pâturages, landes et bruyères, 116,721 en bois, forêts, étangs, chemins et cours d’eau. Au point de vue administratif, il est divisé en cinq arrondissements : Clermont-Ferrand, chef-lieu ; Ambert, Issoire, Riom et Thiers ; il renferme 50 cantons, 457 communes et 566,403 hab. Il forme le diocèse de Clermont-Ferrand, suffragant de Bourges ; la 1re subdivision de la 20e division militaire ; il ressortit à la cour d’appel de Riom, à l’académie de Clermont, à la 21e conservation des forêts.

L’aspect général du département du Puy-de-Dôme offre dans sa partie centrale un immense bassin onduleux d’environ 250 kilom. carrés, connu sous le nom de Limagne, et deux chaînes de montagnes qui le flanquent à l’E. et à l’O. Les montagnes de l’E., continuation des monts du Forez, sont couvertes de bois de sapins, entre lesquels apparaissent de maigres pâturages et quelques terres peu fertiles où l’on ne récolte guère que du seigle. Les montagnes occidentales, dont la base commune est d’environ 600 mètres au-dessus du niveau moyen du bassin de la Limagne, se partagent en deux groupes principaux : au N. la chaîne des monts Dôme, renommée par ses points de vue magnifiques ; cette chaîne élève fièrement sa cime conique entre des puys (pics) nombreux, parmi lesquels on distingue celui qui donne son nom à tout le département (1,485 mèt.) ; elle s’étend depuis Volvic jusqu’à Monteynard et offre une suite de plus de soixante puys avec leurs cratères antiques, leurs ravins, leurs courants de lave, leurs prismes et leurs colonnes de basalte. Au S. des monts Dôme s’étend la chaîne des monts Dore, que domine le puy de Sancy (1,886 met.), la plus haute des montagnes de l’intérieur ne la France. On trouve peu de contrées sur la surface du globe qui offrent un sol plus tourmenté que cette région du département du Puy-de-Dôme. Ce sol, de formation primitive dans les montagnes du Forez et d’origine volcanique dans les monts Dôme et les monts Dore, est arrosé par trois rivières principales, l’Allier, la Dore et la Sioule ; par plusieurs autres cours d’eau moins importants, tels que l’Alagnon, la Veyne, la Morge, le Buron, la Dordogne, le Durole, etc., et par les eaux de plusieurs lacs (lac Pavin, de Servière, du Chambon et de Godivelle).

La plus grande partie du sol du Puy-de-Dôme est granitique. Les roches désignées sous ce nom se retrouvent à une hauteur d’environ 1,000 mètres. À l’ouest, elles sont recouvertes par des produits volcaniques dont les cratères éteints sont encore reconnaissables. Quelques-uns sont aujourd’hui transformés en lacs. Dans la partie méridionale du Puy-de-Dôme, le bassin houiller de Brassac est exploité depuis le XIIe siècle et occupe près de 4,000 hectares. Un autre dépôt houiller existe au nord dans les cantons de Montaigut et de Ménat. Le département renferme d’importantes richesses minérales ; des mines de bitume dans le bassin de la Limagne ; des mines de plomb à Pontgibaud, Sauriers, Montnebout ; des mines de fer au Chaumadoux, à Singles, etc., d’antimoine sulfuré, d’alun, de cuivre ; des argiles à creuset et à poterie ; des pierres fines, émeraudes, topazes ; des laves, des pierres calcaires, des granits, etc. Auprès de Volvic, d’immenses coulées de lave fournissent une pierre de taille qui se transporte au loin.

Parmi les nombreux cours d’eau qui sillonnent le département, l’Allier seul est navigable ; encore ne l’est-il qu’à certaines époques, à la fin de l’automne et au printemps lors de la fonte des neiges. On ne l’utilise guère que pour le transport des vins, des bois et des charbons. Maintenant que le noyau du grand massif qui porte le nom de plateau central est sillonné par une voie ferrée qui relie le Bourbonnais avec le Midi par Aurillac, la navigation de l’Allier, toujours difficile à cause du cours éminemment capricieux de cette rivière, est presque délaissée. On peut dire que l’exécution du chemin de fer dont nous venons de parler a ouvert une ère nouvelle pour toute l’Auvergne. Cette contrée l’attendait depuis longtemps et ses vœux auraient pu être exaucés plus tôt. Mais aussi que de difficultés vaincues ! Il a fallu s’ouvrir littéralement une route à travers les granits et les trachytes dont les blocs énormes ont dû être éventrés à chaque pas. Il faut avoir vu ce travail géant pour concevoir jusqu’où peut aller la puissance de l’homme. Le point culminant de la ligne entre Clermont et Aurillac est au pied de la montagne du Lioran (Cantal), à 1,152 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les voies de communication tracées dans la plaine sont en bon état. La montagne est nécessairement plus mal partagée ; cependant on doit citer la route de Clermont à Bort (Corrèze), qui était le seul chemin praticable entre les deux versants des monts d’Auvergne. Encore n’était-elle guère praticable en hiver à cause des neiges.

Le Puy-de-Dôme est riche en eaux minérales ; il suffira de citer celles du mont Dore et de Royat, près de Clermont. Cette ville possède en outre la fontaine Sainte-Allyre, dont les eaux fortement calcaires donnent lieu à des incrustations fort curieuses.

La moyenne des jours de pluie est de 90 à 100. Les pluies sont plus abondantes dans les plaines que sur les montagnes, mais dans cette dernière région les rosées sont très-fortes. Il tombe peu de neige dans la Limagne, mais sur les montagnes elle dure six à sept mois et quelquefois plus. La Limagne est exposée aux orages et à la grêle ; en hiver les montagnes sont le théâtre de tourmentes de neige vraiment effroyables. Par une conséquence naturelle de la situation topographique, on éprouve dans le Puy-de-Dôme de brusques changements de température. La moyenne à Clermont est de 13°,54. En hiver le froid est très-vif. Le vent dominant est celui de l’ouest, qui amène la pluie. Au printemps, les vents du nord et du nord-est soufflent quelquefois avec violence et exercent une influence désastreuse sur la végétation.

Ce département compte trois zones de productions et de climats absolument différents. « La première, dit Giraud de Saint-Fargeau, admet toutes les cultures, les fruits et la vigne ; la seconde est bornée à la production des grains sans la vigne ; la troisième, n’admettant ni la vigne ni les fruits, est bornée presque en totalité à l’herbage, soit comme prairies, soit comme simples pâturages. On doit donc distinguer le climat et le sol du département en partie tempérée et très-abondante, en partie froide et médiocre, en partie glaciale et cependant très-bonne. La première zone comprend le bassin de la Limagne, traversé en ligne droite par l’Allier ; chaque rivière affluent de l’Allier forme un vallon plus ou moins large, mais toujours excellent, participant de toutes les qualités du sol et du climat de la Limagne. La seconde zone est formée par les montagnes basses qui enveloppent la Limagne ; le sol est maigre, graveleux, chargé de quartz et d’autres parties infertiles ; le blé, le seigle et l’avoine en sont à peu près les seules productions. La troisième zone est la région des hautes montagnes, destinée uniquement à l’herbage et au bétail. Ainsi l’on voit que la première zone est au pied des montagnes, la seconde à mi-côte et la troisième à leur cime. » Les terres labourables occupent dans le département environ 410,000 hectares ; les prés, 87,000 ; les vignes, 28,000 ; les landes et terres incultes, près de 150,000 ; les bois, 80,000 ; les oseraies et les saussaies, 1,500 ; les étangs près de 1,200. Les céréales sont cultivées sur une étendue d’environ 220,000 hectares ; les racines et les légumes sur 28,000 hectares. Les cultures arborescentes occupent plus de 5,000 hectares. Plus de 135,000 hectares sont encore annuellement livrés à la jachère ; mais, dans ces dernières années, près de 20,000 hectares de terre ont été destinés aux prairies artificielles. Depuis 1852, la culture de la betterave s’est étendue. Ses produits sont presque entièrement absorbés par la sucrerie de Bourdon, qui a des proportions colossales. Elle cultive pour son propre compte une étendue de 2,000 hectares. Dans la Limagne, la culture a adopté les blés glacés, si recherchés pour la fabrication des semoules et des pâtes alimentaires. Ces blés alimentent surtout l’industrie locale, qui est dans une très-belle situation. D’après le compte rendu de l’exposition tenue à Clermont en 1863, on fabrique annuellement, dans le Puy-de-Dôme, pour 3 millions de semoule et pour 4 millions de pâtes alimentaires. Dans les montagnes, les céréales cultivées sont le seigle, le méteil, l’orge, l’avoine, auxquelles il faut ajouter le sarrasin. La culture du froment s’étend depuis quelques années, ce qui marque une amélioration réelle. Les semis en lignes ne sont admis pour les céréales qu’aux environs de Clermont et de Riom. Ces semis se font à la main : une femme dépose la semence dans le sillon que vient de tracer l’araire ou le hoyau. Les pommes de terre sont recherchées soit pour l’alimentation, soit pour la semence. On les exporte vers Paris, Lyon, Saint-Étienne et dans une partie du Midi. Parmi les plantes textiles, le chanvre est presque seul cultivé, mais il atteint en Limagne des proportions énormes et donne des produits très-recherchés. La plus grande partie de la filasse est travaillée dans le pays. La grande filature de Saint-Martin-lez-Riom n’emploie pas d’autre matière première. Les prairies sont trop peu étendues et ne sont pas en proportion de la surface du domaine agricole. De vastes pâturages existent sur les montagnes. Les uns servent à engraisser les bestiaux, les autres à nourrir des vaches laitières. Les fromages portent le nom de fourmes, comme dans le Cantal, et sont de même nature. Les prairies artificielles sont ensemencées principalement en trèfle ordinaire et sainfoin. La luzerne n’est cultivée que dans la Limagne.

Le produit moyen de la vigne consiste à peu près en 750,000 hectolitres de vin rouge et 25,000 hectolitres de vin blanc ; ces vins sont peu spiritueux et se conservent rarement plus de deux ans quand ils ont voyagé. On les estime cependant assez dans le commerce, parce qu’ils se mélangent bien avec tous les autres vins. Ils seraient plus spiritueux si l’on pouvait décider les vignerons à suivre de meilleurs procédés de fabrication, et surtout à les laisser fermenter moins longtemps dans la cuve, où ils contractent un goût de grappe désagréable.

Le vignoble le plus remarquable de ce département est celui de Chanturgues, à 3 kilom. ouest de Clermont-Ferrand ; on y récolte un vin léger, délicat et qui, après deux ou trois ans de garde, acquiert assez de finesse et de parfum pour être comparé aux vins de la troisième classe du Bordelais ; mais comme il ne supporte pas les voyages, on est forcé de le consommer dans le pays, où il se vend jusqu’à 3 francs la bouteille. Le vignoble de Chanturgues a 117 hectares. Il se divise en trois parties bien distinctes. La partie méridionale, appelée Chanturgues de Clermont, est la meilleure ; l’orientale, dite de Montferrand, vient ensuite ; la troisième s’étend vers l’ouest et le nord, mais sans nom spécial. On y cultive le lyonnais et le gamai, mais très-peu de pineau bourguignon, qui donne pourtant des vins supérieurs. La culture de la vigne n’offre que bien peu de différence avec celle des autres contrées du même climat. Chaque cep est dressé sur deux branches ; on taille en février ou mars ; on émandronne en juin, en retranchant toutes les pousses inutiles. Le cuvage dure de dix à quinze jours ; on se dispense souvent de soutirer. Les autres vignobles du département n’ont absolument rien de remarquable. On fabrique environ 20,000 hectolitres d’eau-de-vie. On a considérablement augmenté, depuis un certain nombre d’années, l’étendue des terres consacrées à la culture de la vigne. En même temps on a cherché à améliorer la qualité par un choix plus judicieux des cépages et par une méthode de vinification plus parfaite.

Les arbres fruitiers occupent une large place dans toute la Limagne. Les produits sont recherchés également pour leur bonne qualité et pour leur facile conservation. On voit assez souvent affermer les pommes d’un pré-verger à raison de 1,200 à 1,500 francs par hectare. Ces pommes sont exportées vers Paris, la Belgique, l’Allemagne, l’Angleterre. On récolte aussi une énorme quantité de poires, de pêches, d’abricots, de cerises, etc. Une grande partie de ces fruits est achetée par les industriels du département. On estime à plus de 3 millions de francs la valeur des fruits confits et des pâtes d’abricots que fabriquent annuellement les confiseurs de Clermont et de Riom. Ces produits, dont le prix varie de 4 francs à 50 centimes le kilogramme, pris sur place, sont expédiés dans tous les pays du monde et sont servis sur la table du pauvre aussi bien que sur celle du riche.

Avant 1789, les forêts occupaient une étendue d’environ 150,000 hectares. Aujourd’hui l’espace qui leur est consacré se trouve réduit de plus de moitié. La Société centrale d’agriculture du Puy-de-Dôme a pris, en 1843, l’initiative d’un reboisement général. Ce reboisement, qui a d’abord été appliqué aux terrains communaux des montagnes, se continue depuis 1860 avec le concours de l’État. Les principales essences employées sont le pin, le sapin, le chêne et le hêtre. Dans la majeure partie du département, on ne se sert que des fumiers de ferme, lesquels sont en général mal confectionnés et insuffisants. Dans la Limagne, on se sert fréquemment pour engrais des fourrages enfouis en vert. Aux environs de Thiers, on utilise de temps immémorial les os pulvérisés et les raclures de corne. Près d’Ambert, on emploie les chiffons de laine à la fumure des pommes de terre. Une seule fabrique de poudrette existe à Clermont. Dans la montagne, on fait souvent des écobuages. Du côté du Forez, les écobuages prennent le nom de brûlis. On porte des matières inflammables, telles que genêts, fougères, ronces, bruyères, sur les champs prêts à être ensemencés, on les étend par couches et on y met le feu lorsqu’on prévoit que la pluie ne tardera pas à venir. Les amendements calcaires sont très-peu employés, La chaux est très-chère et ne peut guère être employée, pour cette raison, au chaulage des terres. Le drainage par les tuyaux en terre est encore presque inconnu, mais on y supplée par des rigoles empierrées qui livrent passage aux eaux. Il n’y a pas d’assolement régulier en Limagne ; chaque particulier cultive selon sa fantaisie.

La fertilité du sol et un morcellement excessif font que les champs ne sont jamais inoccupés et sont aptes à recevoir toutes les cultures. Dans les parties montagneuses du département, on trouve l’assolement biennal, seigle et jachère ; ou le triennal, seigle, avoine, jachère. Les pommes de terre, les racines, les légumes, le chanvre occupent les parties les plus fertiles des terres cultivées. Lorsque la nature du sol le permet, l’année de jachère est utilisée pour une récolte de sarrasin. L’espèce chevaline compte environ 20,000 têtes, dans le Puy-de-Dôme ; l’espèce bovine, 222,000 ; l’espèce ovine, 632,000. On trouve, en outre, 20,000 chèvres, 60,000 porcs, 5,000 ânes ou mulets. Nous avons dit, au mot Auvergne ce qu’étaient de nos jours les chevaux de ce pays ; nous n’avons pas à y revenir ici. La montagne produit des mulets estimés qui sont exportés dans le midi de la France et en Espagne. L’espèce bovine, d’une importance hors ligne dans ce département, est partagée en trois races par les statisticiens locaux. Aux environs de Brionne et de Besse, on trouve un bétail qui semble dérivé de celui de Salers. En Limagne et sur les montagnes de l’ouest jusqu’aux environs de Rochefort et de Latour, le bétail appartient à une race dite ferrandaise, qui ne se distingue d’ailleurs par aucun caractère saillant. Du côté d’Ambert et de Thiers, l’espèce bovine est à peu près la même que dans le Forez. Les races étrangères améliorées n’ont pas encore pénétré dans le département, qui exporte au contraire ses produits dans le Charolais, le Nivernais et le Forez. En résumé, l’espèce bovine du Puy-de-Dôme n’a pas à proprement parler de caractère à elle ; bien qu’elle compte nombre de sujets remarquables, elle est loin de valoir celle des départements voisins. Son défaut principal est le manque d’aptitudes déterminées et bien définies. Les éleveurs trouveront sans doute, avant peu de temps, qu’il y a quelque chose à faire de ce côté. Dans la montagne, on entretient beaucoup de bêtes à laine pour utiliser les pâturages où les vaches ne peuvent pas vivre. Ces animaux sont très-rustiques, mais de petite taille et ne produisent qu’une laine grossière. Sur quelques points, on a entrepris des croisements avec des races à laine fine du Midi. Ces croisements, dont les résultats ont été satisfaisants tout d’abord, ne peuvent être encore que très-difficilement appréciés. Ils sont du reste demeurés fort restreints. La race porcine blanche, à grandes oreilles tombantes, est la plus répandue. Du côté du Bourbonnais, on élève une autre race, noire et blanche, qui a quelques rapport à avec celles du Limousin et du Périgord. On compte dans le Puy-de-Dôme environ cinq cents foires, sans compter les marchés, qui se tiennent toutes les semaines dans toutes les villes. Quelques-unes de ces foires étaient autrefois très-importantes ; elles le sont beaucoup moins aujourd’hui, par suite de l’établissement des chemins de fer. Néanmoins, dans toute la partie montagneuse elles sont restées presque l’unique théâtre des transactions qui ont le bétail pour objet. Aussi sont-elles très-nombreuses dans cette région.

Il ne faut pas oublier la pisciculture dans cette énumération. Cet art, dont quelques hommes bien connus ont fait de nos jours presque une science, est florissant dans le Puy-de-Dôme. Clermont a fait sous ce rapport plus que Paris. Une école de pisciculture y a été établie au sein même du Muséum. À cette école a été joint un aquarium qui réunit les espèces de poissons propres au département. Par les soins de cet institut, des cours d’eau et des lacs ont été empoissonnés avec la truite, le saumon, l’ombre. Nous citerons, entre autres, le lac Pavin, que la tradition du pays disait impropre à nourrir le poisson et dans lequel on a pu prendre déjà, de magnifiques truites et même des saumons.

La nomenclature des instruments aratoires en usage dans le Puy-de-Dôme ne sera pas longue à tracer. On n’y trouve guère, en effet, que la bêche, le hoyau, la hotte, l’araire et la charrue. Ce dernier instrument est lui-même peu usité. Le cultivateur s’en tient là et il ne faut pas lui en demander plus. En effet, dans la plaine, le morcellement de la propriété est tel que toutes les façons sont données à la main. Dans la montagne, l’élevage étant l’affaire principale et l’araire suffisant à remuer un sol poreux et déclive, la charrue n’a guère été adoptée que dans certaines fermes jouissant d’une situation spéciale. La division du sol n’a pas été nuisible à l’agriculture, loin de là : le cultivateur pos-