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merce et de l’instruction publique *, Manuel de physique et éléments de chimie (Madrid, 1856) ; Résumé des travaux météorologiques correspondant à l’année 1854, vérifiés à l’observatoire astronomique de Madrid (1857), etc.

RICOCHABLE adj. (ri-ko-cha-ble — rad. ricocher), Artill. Se dit d’un terrain qui peut être battu par ricochets.

RICOCHER v. n. ou intr. (ri-ko-ché. — L’origine de en mot est controversée. Scheler hasarde un type rencopiare, multiplier, qui n’a aucune vraisemblance. Il propose aussi d’expliquer ce mot par recocher, du préfixe re, et de cocher, pour décocher, faire partir. D’autres expliquent ricocher par re, préfixe itératif, et coche, employé pour désigner la hachure que la pierre fuit en rasant !a surface de l’eau. « La vraie solution, dit Scheler, ne pourra se produire que lorsque l’historique do l’acception sera mieux établi ; peut-être qu’alors on verra surgir pour primitif recoquere, recuire, Apurement rebattre, répéter k l’infini »). litre renvoyé, après un choc, dans une autre direction : Une pleine qui ricoche sur l’eau. Un boulet gui ricoche sur le terrain.

— Fig. Être répercuté, revenir par voie indirecte : Les postillons savaient, aux querelles que leur faisait le maître de poste, qu’il avait été querellé par sa femme, car sa colère ricochait sur eux. (Billz.)

RICOCHET s. m. (ri-ko-chè — rad. ricocher). Rnllexion d’un corps après un choc : Faire des ricochets sur l’eau. Je lui portai matlifur : la balle gui lui 6ta la vie fil ricochet sur le cation de mon fusil et le frappa d’une telle routeur, qu’elle lui perça les deux tempes. (Chaieuub.)

Sur la rive du Nil, un jour deux beaux enfants

S’amusaient à faire sur l’onde,

Avec des cailloux plats, ronds, légers et tranchants,

Les plus beaux ricochets du monde.

Florian.

— Fig. Action réflxe, effet indirect, fait déterminé par d’autres faits : Un ricochet de réconciliations. Un ricochet de mariages. Nous plumons une coquette, la coquette mange un homme d’affaires, l’homme d’affaires en pille d’autres : cela fait un ricochet de fourberies le plus plaisant du monde. (Le Sage.) Cette querelle eut des suites et (2e* ricochets sans nombre. (Ste-Beuve.

Par ricochet ou pur ricochets. En faisant un ou plusieurs ricochets : On prétend qu’à l’armée beaucoup de projectiles tuent par ricochet. (Bulz. J il Fig. Indirectement, pur une action réflexe : Cette nouvelle m’est vet-««par ricochets. Combien dévouements agréables ou, fâcheux arrivent par ricochets ! (Acud.)

lia tant pour faire des ricochets, Se dit quelquefois d’un homme qui a beaucoup plus qu’il ne lui faut pour vivre selon sa condition.

C’est la chanson du ricochet, C’est toujours le même discours. L’Académie affirme que cette locution vient d’un petit oiseau, autrefois appelé ricochet, qui répéterait continuellement les mêmes airs ; mais elle néglige de faire connaître le nom actuel de cet oiseau, ce qui laisse quelque doute sur la réalité de cette interprétation. La locution, du reste, n’est plus usitée. On a dit autrefois fable du ricochet, au lieu de chuuson du ricochet, et les Italiens disent encore dans le même sens la fable du petit oiseau.

— Artill. Chacun des sauts que fait un projectile en touchant In sol : Batterie à ricochet. Feu de ricochet,

— Eocycl. Artill. Tout boulet, tiré au-dessous de lôo, ricoche jusqu’à déperdition de sa force de projection ; au-dessus de 20°, il s’enterre. Le tir à ricochet a été inventé par Vauban, en 1588, au siège de Philipsbourg. Il Pu perfectionné depuis, en différentes circonstances, principalement ausiéged’Ath, en

1097. Il appliquait le tir k ricochet k l’attaque du chemin couvert ; on en a ensuite étendu l’usage aux bataille-s rangées. Corwontaigne, en 1723, a essayé de perfectionner les i-îco- chets qui donnent aux assaillants d’une place une grande prépondérance sur les défenseurs, paive que dans les sièges ils portent les proi’«utiles en dedans des parapets pour chasserassiégé et éteindre ses feux. Le blindage seul peut mettre à i’abri du ricochet. Ce qu’on appelle prendre des ricochets, c’est diriger l’artillerie sur le prolongement des défenses d’une fortification ; c’est enfiler les principales rues d’une ville assiégée. On appelle point ricochable un lieu que peut balayer un ricochet. Un ouvrage est ou n’est pas rieoehé quand le boulet de l’ennemi peut ou non le labourer. Les ricochets sont tendus ou mous suivant le degré de vigueur du coup.

Ricochet» (les), comédie en un acte, de L. Picard (1807). Dans un cadre étroit, sous une forme légère, cette petite pièce renferme une piquante satire de mœurs et des situations ingénieuses. Qui, dans le monde, n’a pas observé les ricochets et n’a pas eu k en souffrir ? Un prince a passé une mauvaise nuit, il reçoit mal son ministre ; le ministre passe sou humeur aur sou secrétaire, celui-ci la sienne sur ie chef de division et le chef de division sur les commis. Le commis rentre chez lui, gronde sa femme, chasse la servante et fouette les enfants. La mauvaise nuit du prince atteint cinquante personnes, par ricochets.

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C’est cette donnée que Picard a saisie et mise en scène avec beaucoup d’esprit. Un M. d’Orsay est oncle d’une fort jolie veuve, dont le colonel Sainville, fils d’un ministre, est devenu amoureux ; il a pour valet de chambre un certain Lufleur, lequel a aussi une nièce, qui a pour amoureux le jockey. Tout se dispose pour un double mariage. La joie de M. d’Orsay rejaillit sur le valet de chambre, celle du valet de chambre sur la nièce, celle de la nièce sur le jockey ; mais la belle- veuve, qui aime beaucoup les chiens, perd son carlin et se désole de ce malheur. Le colonel, qui se présente en ce moment, est fort mal reçu et se retire mécontent. M. d’Orsay, qui attendait un emploi important de la protection du ministre et qui comptait sur les bons offices de Sainville, est à son tour mal accueilli par celui-ci. Lafleur, qui vient solliciter une faveur de son maître, reçoit sa part da mauvaise humeur ; et le jockey, qui s’avise de parler mal à propos de son mariage, est chassé par le valet de chambre.

Heureusement la scène change. La jolie veuve oublie son carlin, pour songer à Sainville. L’amant revient et oublie son mécontentement ; M, d’Orsay se présente, est reçu

a bras ouverts et obtient l’emploi qu’il sollicite. Lafleur, à son tour, est accueilli k merveille et le jockey rappelé épouse la soubrette. Il n’y a presque point d’intrigue dans cette pièce, une des meilleures de Picard ; et pourtant quelle agitation, quel mouvement I Le jockey rampe devant le valet de chambre, le-valet de chambre devant son maître, le maître devant le colonel, le colonel devant sa maîtresse, la maîtresse devant son petit chien. Le petit chien perdu met au désespoir la maîtresse ; la maîtresse désole son amant, l’amant désespère l’oncle, l’oncle maltraite son valet de chambre, le valet de chambre brusque le jockey ; puis, par un brusque revirement, la maîtresse se console de son

chien, l’amant rentre en grâce auprès de sa maîtresse, l’oncle auprès de l’amant, le valet de chambre auprès de l’oncle, le jockey auprès du valet de chambre, et tout finit par deux mariages. Tout cela est gai, leste, ingénieux et piquant. Le style est plus soigné que^ dans la plupart des ouvrages de l’auteur, et l’esprit abonde dans chaque scène. C’est de l’esprit tout français, parisien, sans afféterie et coulant de source ; d’un si grand naturel, qu’il semble k chacun que rieu ne serait plus facile que d’en faire autant.

RICOCHON s. m. (ri-ko-chon). Apprenti monnayeur. il Vieux mot.

111COIS (François-Edme), paysagiste français, né à Courtalin (Eure-et-Loir) en 1795. Élevé de Victor Berlin et de Bourgeois, il débuta au Salon de 1819 par une VuedeMontreuil, conçue et peinte suivant les données de l’époque ; cette toile avait la correction froidement compassée, le poli, le fini, le léché qui plaisaient à la majorité du public. Aussi M. Kicois fut-il bien accueilli au Salon. Pour élargir son horizon et varier ses sujets, il alla visiter la Suisse, puis il exposa des tableaux dont quelques-uns furent particulièrement remarqués : la Fêle de l’Oberland bernois, l’Arrivée de Berne, la Vue dluterlaken, la Vue du Trépurt, Montmeillan, etc., et il obtint, en 1824, une 2« médaille. Ces tableaux étaient exécutés avec un soin infini et attestaient dans la manière de l’artiste un progrès sérieux. Il n’a rien fait de mieux depuis lors et son talent est resté à peu près slationnaire. Aussi le nom de M. Kicois est aujourd’hui peu connu, bien qu’il reparaisse presque annuellement au Salon. Parmi ses tresnombreux tableaux, nous citerons : la Forêt de Compièyne ; Vue de Saint-Laurent-du-Poni (1833) ; la Vuttée de Hosenlawi (1834) ; Vue de Chdteuudun ; le Cours de lu Heine à Paris ; ie Château de Lude 11835) ; le Lac de Brieits ; Vue prise dans l’Oberland (1830) ; Vue de Vevey ; le Château de ta Tuilerie ; les Buines de l’abbaye de Jumiéyes (1837) ; la Vallée du Gruisivuudan ; le Château de Aiuintenon ; l’Aqueduc de Alaiiitenon (1838) ; l’Entrée de la GrandeChartreuse ; Chasse au héron (1839) ; le Château de Jienié-Ecluse (1840) ; la Vallée du Loir ; le Château de Sucquence ; le Château de Marchais (1841) ; la Ville d’Hyéres ; le Château de. Vatençay (1342) ; le Château de Chambord ; Vue de Bochecotte (1844) ; le Palais de Versailles ; le Château d’Asay-le-Bideau. (1845) ; Vallée de Sarueii (IS47) ; Forêt de Murly ; Béton sur té bord d’un marais ; Château de Châteaudun ; Crépuscule dans la Benuce (1848) ; la Ville de Saint-Germain (1849) ; Lac se Briens (1850) ; Vue de MareitMarty (1857) ; Vue du mont Blanc ; Vue du cours de ta Seine (1863) ; la Forêt de Marly ; Vue de Sailunvhes. (1864) ; la Cathédrale de Chartres ; le Château de Courtalin (1865) ; le Mont-Saint-Michel (1866) ; Vue prise à Sallanches ; Effet du mutin (1867) ; le Village de Chumomx et le mont Blanc ; la Vallée de Mosenlawi (1868) ; la Grande-Chartreuse ; Vue prise à Saint-Germain (1869) ; Entrée de la Grande-Chartreuse (1870) ; Vue de tu ville et du château de Chàteauaun (1872), etc. Al. Ricois a exposé, eu outre, un grand nombre de dessins.

RICOLD DE MONTECROIX, nommé aussi Richard et Ricold, dominicain italien, né à Florence, mort en 1309. Missionnaire en Asie, il pénétra jusque chez les Tartares et écrivit en latin la relation de ses voyages. On possède, à la Bibliothèque nationale, deux copies d’une traduction française de ce curieux ouvrage par Jean d’Ypres (1351). On doit en outre à Ricold : De moribus, conditionibus et nequitia Turcorum (1514) ; Propugnaculum fidei (1609), sorte de réfutation du Coran.


RICORD (Jean-François), homme politique français, né en Provence vers 1760, mort dans l’exil vers 1820. Il était avocat dans le Var lorsque les électeurs de ce département l’élurent représentant du peuple à la Convention nationale, où il siégea au sommet de la Montagne. Dès les premières séances de cette assemblée, il pressa le jugement de Louis XVI et vota pour la peine de mort sans appel ni sursis. Ricord se prononça ensuite pour les montagnards dans leur lutte avec les girondins, se lia intimement avec les Robespierre et, après la journée du 31 mai, il fut nommé, avec Augustin Robespierre, commissaire de la Convention près l’armée d’Italie. Ce furent ces deux représentants qui, bientôt assistés de Barras et de Fréron, dirigèrent toutes les opérations du fameux siège de Toulon et firent rentrer Marseille dans le devoir. De retour à Paris à l’époque du 9 thermidor. Ricord n’eut pas à souffrir de la chute de Robespierre ; mais, un mois environ après, dénoncé par Cambon comme ayant accaparé des huiles et de la soie pour les vendre à Gênes, il se disculpa devant l’Assemblée de cette accusation calomnieuse. Accusé d’être un des promoteurs de la révolte de prairial, il fut décrété d’accusation, parvint à se cacher et reparut à Paris après l’amnistie du 3 brumaire an IV. Après la session conventionnelle, il rentra dans la vie privée, fut impliqué, en 1796, dans la conspiration de Babeuf, traduit devant la haute cour de Vendôme et acquitté. Le péril auquel il venait d’échapper calma un peu Ricord et on ne le vit plus que dans quelques occasions, notamment à l’assemblée des jacobins au Manège, puis à la rue du Bac, en 1799, où on l’entendit encore se livrer à des invectives contre les tyrans du Luxembourg. Après le coup d’État de brumaire, Ricord resta à l’écart des affaires publiques. Pendant les Cent-Jours, il fut élu par le département du Var député à la Chambre des représentants, où il ne siégea pas, ayant été nommé commissaire général de police à Bayonne. Le second retour de Louis XVIII lui fit perdre cet emploi et bientôt il se vit contraint de quitter la France par suite de la loi contre les régicides. Ricord a terminé ses jours dans la plus profonde obscurité.


RICORD (Alexandre), littérateur français, parent du précédent, né à Marseille en 1767, mort à Paris après 1827. Lié dans sa jeunesse avec Mirabeau, Ricord le suivit à Paris au début de la Révolution et se fit publiciste. Par la protection du célèbre orateur, il devint administrateur, puis procureur-syndic du département des Bouehes-du-Rhône ; mais il fut destitué à l’époque de la Terreur et se fit alors attacher à l’état-major du général Dugommier. De retour à Paris, il fonda une maison de commerce, puis dirigea le théâtre de la Gaîté ; mais ces entreprises ne réussirent pas. Soupçonné, en 1812, de n’avoir pas été étranger à la conspiration de Mallet, il fut incarcéré à Nîmes et ne recouvra sa liberté qu’en 1814. Il se remit alors à écrire dans les journaux, publia quelques ouvrages qui passèrent inaperçus, devint agent dramatique en 1818, alla, en 1823, diriger à Bruxelles le Journal des deux Flandres et, en 1827, il revint à Paris, où il mourut oublié. La plupart de ses écrits sont relatifs au théâtre. Nous citerons : le Journal général des théâtres (1816-1818) ; les Archives de Thalie (1819, 3 vol. in-8°) ; les Fastes de la Comédie-Française (1821-1822, 2 vol. in-8°).

    1. RICORD (Philippe), illustre chirurgien français #"

RICORD (Philippe), illustre chirurgien français, né à Baltimore (États-Unis), le 10 décembre 1800. Sa jeunesse se passa dans sa ville natale, où il lit de brillantes études sous la direction de son frère, J.-B. Ricord, auteur de différents ouvrages de médecine et d’histoire naturelle, fort goûtés en Amérique. Il avait vingt ans lorsque son père, riche armateur, l’envoya à Paris compléter son éducation et étudier le droit. Ayant un jour été conduit par un de ses amis k l’Hôtel-Dieu, le jeune Ricord entendit une leçon de Dupuytren, qui produisit sur lui un tel effet que, dès ce moment et sans attendre le consentement de son père, il déserta les bancs de l’École de droit pour l’amphithéâtre de l’École de médecine. Au bout de trois ans d’études sérieuses, il fut reçu interne au concours de 1823. On l’envoya justement dans le service de Dupuytren. Le fameux chirurgien avait eu des querelles avec tous ses internes. Le jeune Ricord ne devait pas faire exception. En effet, un jour, un malade du service avait passé de vie à trépas sans l’autorisation du maître. Le lendemain, Dupuytren trouvant le lit vide : « Ce malade doit être mort du delirium tremens, » dit-il gravement. « Delirium tremenst Pas si mince que ça, puisqu’il en est mort, ■ înurmuraRicord, assez fort cependant pour être entendu. Dupuytren se retourne, regarde son interne d’un œu courroucé, le tance vertement et, finalement, le chasse de son service. En 1826, Ricord passait sa thèse de docteur et se fixait à Pans pour continuer ses études et arriver, par le uoncours, aux divers grades qu’il ambitionnait, lorsqu’il reçut un jour une triste

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nouvelle : son père, k la suite da spéculations malheureuses, avait perdu toute sa fortune et restait sans ressource. Le nouveau docteur, malgré les espérances que donnaient ses premiers succès, dut donc se résoudre à quitter Paris, où l’exiguïté de ses ressources ne lui permettait pas de vivre, pour aller s’ensevelir dans une petite ville de province et y végéter, obscur et sans gloire, dans l’exer** cice de sa profession. Il alla exercer la médecine k Olivet, près d’Orléans, puis à Crouysur-Ourcq, résolu k rentrer à Paris k la première occasion. En 1828, un concours pour plusieurs places de chirurgien ayant été ouvert au Bureau central, Ricord vint à Paris, concourut et sortit vainqueur de la lutte. Pendant deux ans, il fit k la Pitié un cours d’opérations chirurgicales et fut nommé, en 1831, chirurgien en chef de l’hôpital du Midi, où il est resté jusqu’en 1860, époque de su retraite. C’est k cet hôpital que, pendant vingt-neuf ans de sa vie, l’illustre spécialiste s’est livré à ses profondes études sur les maladies syphilitiques et a prêché sa doctrine. C’est k son école, k sou cours de syphiliologie, ouvert en 1834, que sont venus sa former des médecins de tous les pays. Jamais maître ne fut plus aimé de ses élèves ; jamais professeur n’eut plusde popularité. Mais aussi quel charme dans ces leçons faites en plein air, sous les tilleuls, dans le jardin de l’hôpital 1 Combien ces entretiens familiers et toujours assaisonnés d’anecdotes plus piquantes les unes que les autres étaient prétérables à ces discours froids et compassés, prononcés dans un amphithéâtre sombre et monotone I C’est à l’hôpital du Midi qu’il émit sa fameuse théorie sur la transmission de la syphilis et que, le premier, il fit connaître ses lois d’une manière précise. C’est ainsi qu’il établit que la bleimorrhagie simple doit être complètement séparée de la syphilis ; que la syphilis constitutionnelle a constamment pourpoint de dépurt un chancre induré ; que le chancre induré ne récidive pas ; que les accidents vénériens doivent être divisés en locaux et généraux ; que les enfants nés de parents atteints d’accidents tertiaires n’héritent pas du vice syphilitique ; que la syphilis n’est pas transmissible par les accidents secondaires, etc. On voit doue les immenses services rendus par Ricord k la science. Chacun sait aussi avec quelle loyauté scientifique, digne d’un véritable savant, il a reconnu en quoi quelques détails de sa doctrine devaient être modifiés par suite d’une longue observation. Mais les grands principes sur lesquels repose sa thérapeutique sont restés inébranlables au milieu du débordement inouï de doctrines nouvelles, de semi-doctrines, de quarts de doctrines qui encombrent aujourd’nui le domaine de la science. Eu outre, il a. doté la science de méthodes nouvelles pour guérir du varicocôle et pour l’opération de l’urétroplastie, méthodes qui lui ont valu un prix Moniyon (1842). Le docteur Ricord a été un professeur très-remarquable ; mais son enseignement a toujours été libre et jamais, grâce à la benoîte Faculté, ennemie jurée des spécialistes, il n’a fait d’enseignement officiel. Membre de l’Académie de médecine depuis 1850, l’illustre docteur en a été élu président en 1868, et cela k son insu et sans qu’il en eût brigué les honneurs. Comme praticien, il est peut-être le plus occupé de Paris et sa clientèle est immense. Tout son temps est employé k soulager ceux qui souffrent : JEgrolanlis animum reconfortare conor, telle est sa devise. Le bel hôtel qu’il possède rue de Touruon, et où il donne ses consultations, est ou ne peut plus curieux ; aussi croyons-nous devoir eu dire quelques mots dans cet article. Il se trouve divisé eu deux parties bien distinctes ; k gauche sont les appartements particuliers ; k droite, les appartements du médecin. Quelques détails sur ces derniers ne seront pas sans intérêt. Ils se composent de cinq salons, toujours pleins au moment de la consultation, et du cabinet du docteur. Le premier est celui du commun des mortels ; il est littéralement encombré d’hommes, munis chacun d’un petit carton portant un numéro d’ordre, d’après lequel on les appelle. Dans le second attendent les dames, qui y arrivent par un escalier particulier et dérobé. Dans le troisième sont introduites les personnes qui se font annoncer ou qui ont des lettres de recommandation. Le quatrième est réservé aux

amis du docteur et aux médecins ses confrères. Enfin, le cinquième est le salon de réception. Toutes ces pièces sont autant de

musées où abondent les tableaux, les statues et les bronzes d’art du plus grand prix. Mais le salon de réception mérite une description particulière. C’est une vaste pièce aux lambris dorés, dont les murs, recouverts d’une splendide tapisserie vert et or, disparaissent derrière des tableaux de Rubens, de Van Dyek, de Diaz, de Géricault, etc. Le buste de César et celui de Ricord sont placés k droite et k gauche d’une très-belle cheminée devant laquelle est un écran, superbe morceau de tapisserie des Gobelins, brodée d’après Greuze, et représentant une jeune femme au milieu ues fleurs. Sur les consoles reposent deux petites statues de Pradier, de riches vases de la Chine et du Japon. Enfin, sur la grande table de marbre qui orue le milieu de la pièce, on remarque un joli groupe de Sèvres, représentant tes Neuf Muses. Quant au cabiuet du docteur, il est Unique dans sou genre. La bibliothèque est surmontée d’une