ROBERT DE GENÈVE, antipape, connu sous le nom de Clément VII. (V. ce nom.)
ROBERT LE FORT, duc de Paris, comte d’Anjou, mort en 866. Il est regardé comme
la tige des Capétiens et quelques-uns le font
descendre du héros saxon Witikind. Charles
le Chauve lui conféra (861) le duché de Paris
pour qu’il le défendît contre les incursions des
Normands, puis la portion de l’Anjou connue
sous la dénomination d’Entre-Maine ou de
Marche angevine. L’héroïque valeur avec
laquelle il lutta contre les barbares lui mérita
son surnom ; mais, dans une campagne
contre les Normands qui venaient de s’emparer
du Mans, il fut percé d’une flèche devant
Brissarthe, en combattant leur chef Hastings,
Son fils aîné, Ode ou Eudes, suivant la prononciation
romaine qui commençait alors à
prévaloir, disputa le trône de France à Charles le Simple, et son second fils fut roi de France sous le nom de Robert Ier.
ROBERT Ier, roi de France, fils du précédent,
mort à Soissons en 923. Il gagna l’affection
de Charles le Simple, dont il devint le
conseiller et qui le nomma duc de Celtique.
En 921, Robert remporta une victoire éclatante
sur les Normands, qui avaient envahi le
duché de France. L’année suivante, la guerre
civile avant éclaté entre les grands chefs féodaux
et Charles le Simple, l’ambitieux Robert
parvint à se faire élire roi à Soissons (922)
par les seigneurs du nord de la Gaule, francs
d’origine, mais qui représentaient cependant
le parti national contre Charles le Simple,
soutenu par l’intervention germanique. Robert
fut tué à Soissons, dans un combat que
lui livra Charles, et ses partisans choisirent,
pour lui succéder, Raoul, duc de Bourgogne.
Il était père de Hugues le Grand, qui eut
pour fils Hugues Capet.
ROBERT II, le Dévot ou le Pieux, roi de France, fils et successeur de Hugues Capet,
né à Orléans en 971, mort à Melun en 1031.
À dix-sept ans, il fut associé par son père au
pouvoir et se fit remarquer de bonne heure
par son courage, par sa piété et par sa charité
envers les pauvres. Robert épousa en
premières noces une princesse italienne, Suzanne, qu’il répudia en 989, et se maria en secondes noces avec sa cousine au quatrième degré, Berthe, fille de Conrad le Pacifique, roi de Provence (995). L’année suivante, il
succédait à son père Hugues Capet. À peine
monté sur le trône, Robert se vit sommé par le pape de se séparer de sa femme, qu’il aimait tendrement. Grégoire V, alléguant que, par suite de la parenté de Robert avec Berthe, leur union était contraire aux lois canoniques,
déclara ce mariage nul et condamna
le roi de France à faire une pénitence de
sept ans. Malgré sa soumission ordinairement servile aux volontés du clergé, ce monarque, indigné d’une aussi odieuse exigence, refusa de se séparer de sa femme. Le pape lança alors contre lui l’excommunication, arme toute puissante en ces temps d’aveugle fanatisme, et Robert se vit aussitôt abandonné de toute sa cour. De guerre lasse, il finit par
céder (1001) et épousa, vers 1006, la fille du comte de Toulouse, Constance, femme altière et acariâtre, qui fut loin de lui donner le bonheur domestique. Son règne fut signalé par des révoltes de paysans contre les nobles, par des famines oui coûtèrent à la France le tiers de sa population, par l’association des villes contre les seigneurs et par la révolte
de ses fils, révolte fomentée par sa femme
(1030). En 1024, il avait refusé la couronne impériale que lui offraient les Italiens. Ce prince fit bâtir un grand nombre d’églises et enrichit le clergé. Il se plaisait à chanter au lutrin et, comme il était lettré, il composa plusieurs hymnes, notamment celle qui commence
par ces mots : Ô Constantia martyrum !
Son fils aîné, Henri, lui succéda sur le trône de France, Robert avait eu de Constance trois autres fils : Hugues, qui mourut avant lui ; Robert, chef de la première branche des ducs de Bourgogne, et Eudes, qui n’eut point d’apanage.
ROBERT DE COURTENAY, empereur latin de Constantinople, mort en 1228. Fils de Robert
de Courtenay, qui le fit élever en France,
il lui succéda en 1219. Il partit quelque temps
après pour Constantinople, traversa l’Allemagne
et resta longtemps en Hongrie auprès
de son beau-frère, le roi André, et arriva enfin
à Constantinople, où il se fit sacrer le
21 mars 1221. Robert était en guerre avec
Théodore Comnène, empereur de Thessalonique,
lorsque Jean Vatace, gendre et successeur
de Lascaris sur le trône de Nicée, pénétra
dans la Thrace avec une armée. Indolent,
faible et entièrement livré à son goût pour
les plaisirs, Robert n’opposa qu’une faible résistance
à Vatace, qui tailla en pièces, à Pimanice
(1224), l’armée envoyée contre lui.
N’ayant obtenu du pape et des princes chrétiens
que des secours insignifiants, Robert
accepta toutes les conditions que lui imposa
le vainqueur et contribua, par sa lâcheté, au
démembrement de l’empire, réduit au territoire
de Constantinople. Ce prince imbécile
avait pris pour maîtresse la fiancée d’un gentilhomme
bourguignon. Celui-ci s’en vengea
cruellement en mutilant son infidèle maîtresse
dans le palais même de Robert, qui s’enfuit
épouvanté implorer la protection du pape. Il
mourut en Achaïe et eut pour successeur son
frère Baudouin.
ROBERT D’ANJOU, dit le Sage ou le Bon, roi de Naples, né vers 1275, mort en 1343.
Troisième fils de Charles II le Boiteux, il ne
paraissait point appelé à monter sur le trône ;
mais il sut gagner la protection du pape Clément
V et supplanter son neveu Charobert,
dont les droits étaient cependant mieux établis
que les siens. Ce prince, dénué de l’esprit
militaire, mais habile dans les négociations,
actif et adroit, devint en quelque sorte
l’arbitre de l’Italie. Avec la faveur de la cour
de Rome, il eut, dès le commencement de son
règne, la seigneurie d’un grand nombre de
villes du Piémont et le vicariat de Ferrare et
de la Romagne ; les villes guelfes de Toscane
s’allièrent à lui ; Gênes l’appela contre les
Gibelins lombards (1318) et l’Italie presque
entière se prépara, sous sa direction, à résister
à l’empereur d’Allemagne, Henri VII ;
cette lutte se prolongea longtemps après la
mort de ce dernier, sous son successeur Louis
de Bavière. Mais le caractère de Robert influa
sur cette guerre, qui se poursuivit sans
qu’une grande bataille fût livrée. Toute la
politique du roi de Naples consistait à susciter
des ennemis au souverain allemand sans
jamais compromettre ses forces dans une action
décisive, à préserver habilement ses
États de la guerre, tandis qu’il la maintenait
allumée dans tout le reste de l’Italie. Il essaya,
à deux reprises, de conquérir la Sicile
(1314 et 1325) ; mais, autant il montrait d’adresse
diplomatique dans ses négociations,
autant il était malheureux dans ses expéditions
militaires, et ses deux tentatives demeurèrent sans résultat. Dans sa première
expédition en Sicile, il entreprit en personne de faire le siège de Trapani ; mais, après
avoir perdu la moitié de son armée et trente
galères, dépensé des sommes énormes, il dut
battre en retraite. Dans la seconde, il donna
le commandement à son fils Charles, duc de
Calabre, qui ravagea les campagnes et dut
se retirer sans avoir obtenu aucun avantage
réel. Pendant quelques années, il habita Avignon,
auprès du pape Jean XXII, qu’il avait fait élire et qui devint sa créature. Il retourna
en Italie en 1324. Quatre ans plus
tard, il vit mourir son fils unique, le duc de
Calabre, et en éprouva une vive affliction,
car il voyait s’évanouir tous les projets ambitieux
qu’il avait formés pour sa race. « Bientôt, dit Sismondi, son administration
parut se ressentir de son découragement. Sacrifiant
l’ambition à l’avarice, il mécontenta
les officiers et les soldats en retenant leur
paye, et il perdit, par cette épargne imprudente,
plusieurs des villes qu’il possédait en
Piémont. Dans le royaume de Naples, il ne contenait
plus d’une main ferme la turbulence
de ses sujets, et des guerres civiles,
excitées par les querelles de sa noblesse, désolaient
les provinces. » En 1333, il fit épouser
à sa petite-fille Jeanne, qui devait lui succéder,
André, fils de Charobert, roi de Hongrie,
le neveu qu’il avait dépossédé. Ce prince
était éclairé et se montra le protecteur des
lettres ; Pétrarque et Boccace s’honorèrent
de son amitié. Lui-même composa des écrits
en latin et en italien ; ses poésies toscanes
ont été publiées par Ubaldinï (Rome, 1642).
ROBERT Ier (Robert Bruce), roi d’Écosse.
V. Bruce.
ROBERT II (Stuart), roi d’Écosse, né en
1316, mort en 1390. Il gouverna l’État pendant
la captivité de son oncle, David III
(Bruce), lui succéda en 1370, malgré la puissante
opposition de William Douglas, renouvela
l’alliance avec la France et gagna sur
les Anglais la bataille d’Otterburn (1388).
Vers cette époque, il se retira dans le château
de Dundonald et abandonna au second
de ses fils l’administration du royaume. Son
fils aîné Jean lui succéda sous le nom de Robert
III.
ROBERT III (Stuart), roi d’Écosse, fils et successeur du précédent, né vers 1340, mort
en 1406. Il monta sur le trône en 1390, combattit
contre Henri IV, roi d’Angleterre, qui
voulait le contraindre à l’hommage, emprisonna
son fils aîné et mourut de chagrin sur
la nouvelle que Jacques, son deuxième fils,
avait été fait prisonnier par les Anglais. C’était
un prince paisible et débonnaire, qui
laissa la direction des affaires à son frère
Alexandre, comte de Fife, puis duc d’Albany
(1398).
ROBERT ou RUPERT, dit le Bref et le Débonnaire,
empereur d’Allemagne, fils de Robert le Tenace, né en 1352, mort en 1410. Il
était comte palatin du Rhin et avait été vicaire
de l’empire, lorsqu’il fut élu empereur
d’Allemagne en 1400, après la déposition de
Wenceslas. Robert s’attacha à se concilier
les petits princes d’Allemagne et résolut de
reconquérir le duché de Milan sur les Visconti.
À la tête d’une armée, il entra dans le
Tyrol et rencontra, près du lac de Garde,
Jean Galéas, qui lui fit essuyer une défaite
complète (17 octobre 1401). De retour en Allemagne,
il vit une partie des princes d’Allemagne
se ranger du côté de l’empereur dépossédé,
Wenceslas, et n’eut qu’une autorité
des plus précaires, car il manquait à la fois
d’argent et d’armée. Dans le but de mettre
fin au schisme qui divisait alors l’Église, Robert
convoqua une diète à Francfort (1409)
et excita contre lui les princes de l’empire en
soutenant l’antipape Grégoire XII. Il mourut
au moment où cette ligue allait éclater.
On lui doit la fondation de l’université de
Heidelberg. C’était un prince affable, instruit
et qui ne manquait pas de qualités. Il avait
eu, de son mariage avec Élisabeth, fille du
margrave de Nuremberg, trois filles et cinq
fils, dont l’un est la tige de la maison qui règne
encore en Bavière.
ROBERT Ier, le Magnifique ou le Diable, duc de Normandie, mort à Nicée en 1035. Il
succéda, vers 1028, à son frère Richard III,
qu’il avait fait, dit-on, empoisonner ; il
n’existe, au reste, aucune preuve de ce crime.
Dès les commencements de son règne, il eut
à réprimer les révoltes de ses grands vassaux.
Robert agit contre eux avec une grande
vigueur, les força à se soumettre et prit
Évreux à son oncle, l’archevêque de Rouen.
Quelque temps après, le puissant duc de Normandie
rétablit dans ses domaines Baudouin IV, comte de Flandre, dépouillé par
son propre fils ; puis il soutint Henri Ier, roi
de France, contre sa mère Constance et en
reçut l’investiture du Vexin, cession qui devint
pour les ducs de Normandie une source
de haines et de guerres. Après avoir forcé
Alain, duc de Bretagne, à se reconnaître son
vassal, l’aventureux prince prit en main la
cause des rois d’Angleterre Alfred et Édouard
contre Canut, roi de Danemark, et leur fit
restituer la moitié de leur héritage (1034). Le
désir d’expier les égarements de sa jeunesse
lui fit entreprendre un pèlerinage aux lieux
saints. Il traversa la France, l’Italie, se signalant
partout par sa magnificence, s’arrêta
longtemps à Rome, gagna Constantinople et
de là se rendit à Jérusalem. Robert traversait,
à son retour, Nicée lorsqu’il y mourut
empoisonné, dit-on, par des hommes de sa
suite qui voulaient s’emparer de ses richesses.
Robert, qui ne s’était point marié, avait
eu d’une bourgeoise de Falaise un fils naturel
qu’il désigna pour lui succéder et qui devint
célèbre sous le nom de Guillaume le Conquérant.
V. Origines de Falaise, suivies d’une étude sur la légende de Robert le Diable, par Florent Richomme (1851). On sait que cette légende a servi de thème à l’un des plus beaux opéras de Meyerbeer.
ROBERT II, Courte-Cuisse ou Courte-Heuse (quelques auteurs le nomment aussi Courte-Botte), duc de Normandie, fils aîné de Guillaume le Conquérant, né vers 1060, mort
en 1134. En partant pour l’Angleterre, Guillaume
s’était engagé, si le succès couronnait
son expédition, à laisser la Normandie à son
fils. Comme il refusait de tenir sa parole,
Robert souleva cette province, mais fut
vaincu et forcé de fuir. Assiégé par Guillaume
dans le château de Gerberoi, il eut le malheur, dans une sortie, de blesser son père sans le connaître. N’ayant pu obtenir le pardon de cet attentat involontaire, il s’enfuit de nouveau et ne reçut l’investiture de la Normandie qu’à la mort de Guillaume (1087).
Il voulut alors disputer le trône d’Angleterre
à son frère Guillaume le Roux ; mais ses sujets
refusèrent de l’appuyer dans ses projets ;
Guillaume le Roux entra en Normandie et
Robert, pour obtenir la paix, dut lui céder
plusieurs villes. Après avoir chassé les Anglais
de la Normandie en 1094, il résolut de
prendre la croix et d’aller en Palestine. Pour
subvenir aux frais de l’expédition, il engagea
son duché à son frère Guillaume (1096),
puis traversa l’Italie, rejoignit les croisés à
Constantinople (1097) et se signala par sa
valeur, particulièrement à Antioche et au
siège de Jérusalem, où il pénétra un des premiers.
Après avoir refusé le trône qu’on lui
offrait, il revint en Europe et épousa, en Italie,
la fille du duc de Conversano. En 1100,
il entama une nouvelle lutte contre son plus
jeune frère, Henri, qui, à la mort de Guillaume,
s’était emparé de la couronne d’Angleterre.
Il débarqua en Angleterre (1101) et
tout semblait favoriser son entreprise lorsque,
à la suite d’une entrevue avec son frère,
il lui céda ses droits à la couronne moyennant
une redevance annuelle de 3,000 marcs
d’argent. Quelque temps après son retour en
Normandie, des barons anglais, poursuivis
pour avoir embrassé sa cause, lui demandèrent
d’intercéder en leur faveur. Il retourna
en Angleterre, où son frère obtint de lui qu’il
renonçât à sa pension de 3,000 marcs et le
renvoya en Normandie après lui avoir fait
subir plusieurs humiliations. Son luxe effréné,
ses débauches, sa profonde incurie, le
désordre qui régnait dans la direction des affaires,
abandonnées à d’indignes favoris, lui
aliénèrent à la fois la noblesse et le peuple.
Henri d’Angleterre profita de cet état de
choses pour débarquer en Normandie avec
son armée (1105), brûla Caen, obtint la reddition
des principales villes normandes et
battit complètement, près de Tinchebrai
(27 septembre 1105), Robert, qui demeura son
prisonnier. Enfermé au château de Cardiff,
le duc de Normandie, à qui son frère avait
fait crever les yeux, y resta prisonnier jusqu’à
sa mort. Il avait eu, de son mariage
avec Sibylle de Conversano, un fils, nommé
Guillaume, qui obtint de Louis le Gros le
Vexin pour apanage.
ROBERT Ier, dit le Vieux, duc de Bourgogne, troisième fils de Robert le Pieux et de Constance d’Aquitaine, chef de la première branche royale des ducs de Bourgogne, mort
en 1075. Les violences de sa mère le poussèrent
deux fois à se révolter contre son père.
En 1032, il fut investi du duché de Bourgogne par son frère, Henri Ier, qu’il avait essayé, mais sans succès, de déposséder de la
couronne de France. Il mourut dans un âge
fort avancé, après avoir tué son beau-père à
coups de couteau et avoir souillé son règne
par des violences de toute nature. La branche
qu’il avait fondée en Bourgogne dura
jusqu’en 1361.
ROBERT II, duc de Bourgogne, mort à Vernon-sur-Seine en 1305. Il succéda à son
père, Hugues IV, en 1272, passa en 1282 en
Italie pour secourir Charles d’Anjou, fit en
1297 un voyage à Rome pour amener un accommodement entre Philippe IV et le pape
Boniface VIII ; mais il ne réussit pas dans sa
mission. En 1303, Robert assista à la fameuse
assemblée des barons français au Louvre et
s’y montra un zélé défenseur des droits de la
couronne contre les prétentions de la cour
pontificale. Robert fut un des princes les plus
riches et les plus puissants de son temps. Il
avait reçu de Philippe le Hardi le titre de
grand chambrier de France, et de Philippe
le Bel celui de lieutenant du roi au pays de
Lyon. Robert eut pour successeur son fils
Hugues V, qui eut pour tutrice sa mère Agnès
et mourut, sans laisser d’enfants, en 1315.
ROBERT Ier, le Frison, comte de Flandre, né vers 1013, mort en 1093. Il fit, dans sa jeunesse,
une expédition en Galice et forma le
projet de conquérir l’empire grec avec une
troupe d’aventuriers normands. De retour en
Flandre, il épousa Gertrude, veuve de Florent
Ier, comte des Frisons, après avoir prêté
à cette princesse le secours de son bras contre
ses sujets révoltés. Son frère, Baudouin
de Mons, lui confia en mourant son fils aîné
Arnoul et la régence de la Flandre. Il dut, à
cette occasion, se défendre contre Richilde,
veuve de Baudouin, qui avait mis dans ses
intérêts Philippe Ier, roi de France. Robert
s’empara de Lille, battit l’armée française
près de Cassel (1070) et fit Richilde prisonnière ; mais Arnoul, son pupille, périt sur le champ de bataille, assassiné par un de ses hommes liges, et Robert lui-même, entraîné
à la poursuite des ennemis, se laissa enfermer
dans Saint-Omer. Malgré sa captivité,
il ne voulut pas céder la Flandre ; la
guerre continua et Richilde dut lui abandonner
le Hainaut. Il partit pour la terre
sainte en 1085. À son retour, il remit en vigueur
contre le clergé le droit de dépouille ;
mais le concile de Reims l’ayant menacé de
mettre la Flandre en interdit, il céda.
ROBERT II, de Jérusalem, comte de Flandre, fils aîné du précédent, mort en 1111.
Lors de la première croisade, il partit pour
la terre sainte avec presque toute sa noblesse
(1095), se distingua à la prise de Nicée,
au siège d’Antioche, à l’assaut de Jérusalem.
Rentré en Flandre (1100), il défendit
ses domaines contre les entreprises de l’empereur
Henri IV, puis s’allia au roi de France
Louis VI dans la guerre qu’il faisait à
Henri Ier et assista au siège de Meaux. Il se
trouvait sur le pont de cette ville au moment
où il se rompit et fut noyé dans la Marne.
Baudouin VI, son fils, lui succéda.
ROBERT III, de Béthune, comte de Flandre,
né en 1239, mort en 1322. Fils aîné du
comte Gui de Dampierre, il fut fait prisonnier
par Philippe le Bel, avec son père, son
frère et un grand nombre de seigneurs flamands
(1299). Après la mort de son père, il
obtint d’être mis en liberté (1305), mais avec
des conditions humiliantes qui le firent très-mal
accueillir de ses sujets. Louis le Hutin
lui ayant déclaré la guerre en 1314, il battit
ce prince. Par la suite, son fils aîné, Louis
de Nevers, fomenta une révolte contre lui et
tenta même de l’empoisonner. Louis de Nevers
étant mort le 24 juillet 1322, le comté
revint à Louis, son fils, qui avait épousé
Marguerite de France, fille de Philippe le
Long.
ROBERT Ier, comte d’Artois, dit le Vaillant et le Bon, né en 1216, mort à la Mansourah
en 1250. Il était le troisième fils de Louis VIII
et frère de saint Louis, qui érigea en sa faveur
l’Artois en comté-pairie (1237). Grégoire
IX lui offrit la couronne impériale, afin
de l’opposer à Frédéric II ; mais Robert la
refusa. Il suivit son frère, le roi Louis IX,
en Égypte (1248), engagea immédiatement la
bataille de Mansourah et, grâce à l’impétuosité
de son attaque, il remporta une victoire complète ; mais, ayant poursuivi les fuyards à
travers la ville, il fut attaqué à son tour et
tomba percé de coups, ainsi que la poignée de
braves qui l’avait suivi.
ROBERT II, comte d’Artois, dit le Bon et le Noble, fils posthume du précédent, né en 1250, mort en 1302. Il suivit saint Louis dans
sa deuxième croisade (1270) et vengea la
mort de son père par les plus brillants faits
d’armes. Après avoir battu les rebelles de
Novare (1276), Robert II partit pour Naples
peu après les Vêpres siciliennes et amena
des secours à son oncle, le roi Charles II.
Lorsque celui-ci fut fait prisonnier, Robert reçut le titre de régent (1284) et gouverna sagement le royaume jusqu’en 1289. Brillant homme de guerre, il battit les Aragonais
au combat naval d’Agosta, les Anglais
près de Bayonne (1296) et les Flamands
près de Tivenes (1297). Dans cette dernière affaire, où son fils fut mortellement blessé,
Robert fit de nombreux prisonniers, parmi lesquels se trouvait le général en chef de