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tellement rapides que ses adhérents, se trouvant en majorité, ouvrirent les portes de la place aux dissidents persécutés par la cour. Ils ne s’en tinrent pas là, et bientôt s’emparant des églises ils expulsèrent les prêtres et les religieux, dont ils confisquèrent les biens (1567). En même temps, prévoyant une lutte prochaine, ils ajoutaient de nouveaux ouvrages aux remparts de la ville, et Sancerre devint en peu de temps une des places fortes les plus redoutables du calvinisme. En 1568, des troupes envoyées de Bourges en tentèrent le siège ; mais elles furent accueillies avec une telle vigueur qu’elles durent battre en retraite dès le premier choc. Un an plus tard, les gouverneurs réunis de Gien, Orléans et Bourges marchèrent de nouveau contre Sancerre à la tête de 3,000 fantassins et d’un gros d’artillerie ; ils tentèrent deux fois l’assaut, mais sans succès, et durent se retirer au bout de cinq semaines. Sancerre, maîtresse de la province, abusa bientôt de sa force. Une partie de sa garnison alla occuper le petit port de Saint-Thibaut, sur la Loire, et* se mit à rançonner la province. Malgré le traité de Saint-Germain (1570), la ville trouva moyen de gagner du temps et de ne pas livrer ses clefs aux catholiques ; la nouvelle de la Saint-Barthélémy (1572) la confirma dans cette résolution ; mais les circonstances prenant une gravité imprévue

par suite du refus des Sancerrois d’admettre dans leurs murs une garnison royale, ils essayèrent une transaction qui fut repoussée. Ils résolurent alors do continuer la résistance qui leur avait si bien réussi jusque-lù, déjouèrent une tentative de surprise des royalistes et s’apprêtèrent à soutenir un nouveau siège. Ce siège commença, en effet, le 3 janvier 1573 et se prolongea jusqu’au 8 octobre suivant. Il fut conduit par La Châtre, ayant sous ses ordres près de 18,000 hommes. Les assiégeants battirent les remparts de Sancerre d’une telle grêle de boulets, qu’ils parvinrent à se présenter à l’assaut sur trois points différents à la fois. La mêlée fut terrible. Les femmes calvinistes, auxiliaires courageuses de la garnison, faisaient pleuvoir Sur les catholiques une grêle de pierres. On combattit corps à corps pendant deux heures entières, au bout desquelles La Châtre, désespérant d’emporter ta place de vive force, fit sonner la retraite. Les Sancerrois célébrèrent leur triomphe par un hymne d’actions de grâce dont l’écho porta les vibrations jusqu’au camp royal. Mais ce triomphe devait être de courte durée. La Châtie convertit le siège en blocus rigoureux et attendit patiemment que la famine fit ce que l’assaut n’avait pu faire. La garnison eut beau tenter des sorties fréquentes, Sancerre fut bientôt, réduite à une disette affreuse ; on y vit pour la première fois depuis le moyen âge le retour d’horreurs oubliées : une famille, à bout de vivres, tua et mangea un enfant. On fit nourriture de tout, des peaux, du cuir, de l’ardoise pilée. Les Sancerrois épuisés décidèrent d’envoyer demander des secours à leurs coreligionnaires du Languedoc. Trois hommes se dévouèrent, entre autres le cupitaine Latteur, un des meilleurs officiers de l’époque ; tous trois furent arrêtés par les catholiques et mis à mort. La place se résigna alors & capituler. La Châtre accueillit les premières ouvertures avec empressement : il accorda, aux Sancerrois le libre exercice de leur religion, et ceux d’entre eux qui voulurent quitter la ville eurent le droit d’en sortir l’arquebuse sur l’épauie. Mais cette clémence préalable n’empêcha pas l’héroïque avocat Johanneau, gouverneur de la ville, de périr assassiné dans un guet-apens et les fortifications de la place A être complètement rasées. En outre, Sancerre fut frappée d’une contribution de 40,000 livres, et le bailli de Berry, son nouveau gouverneur, acheva do la ruiner en lui imposant des taxes énormes. Ce sinistre exemple ne corrigea pas les Sancerrois qui, en 1576, contribuèrent de tout leur pouvoir k la révolution qui mit La Charité aux mains de leurs coreligionnaires. Plus tard, Sancerre se rapprocha de Henri III quand ce prince se fut allié au roi de Navarre, La ville devint encore une fois le rendez-vous de la noblesse protestante. Tout au contraire, et par un curieux intervertissement de rôles, La Châtre, son ancien vainqueur, avait embrassé le parti de la Ligue et ravageait le pays qu’il avait protège naguère. Ces luttes ne prirent fin qu’à l’avènement de Henri IV. Sous Louis XIII, les Sancerrois, alarmés de certaines mesures prises par leur seigneur, essaj’èrent de recommencer leur ancienne résistance ; mais le prince de Condé, Henri II de Bourbon, accourut et sans retard ordonna la destruction des nouvelles fortifications élevées par les habitants. Cette destruction, à laquelle contribuèrent les populations environnantes, jalouses de la cité héroïque

malgré ses désastres, fut au surplus la seule vengeance de la cour, et Louis XIII laissa aux Sancerrois la jouissance des droits qu’ils tenaient de l’édit de Nantes. En 1610, René de Bueil se trouva réduit à vendre son héritage ; le prince de Condé l’acquit, malgré les efforts des habitants de Sancerre qui allèrent jusqu’à se cotiser pour le racheter à leur ancien seigneur ; le premier soin de l’acquéreur fut de fermer le temple protestant. Les réclamations de la population n’obtinrent satisfaction de cette violation de l’édit de Nantes qu’en 1653, et la révocation de cet édit vint

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bientôt, en 1685, leur enlever leur dernière es Eérance. t L’archevêque de Bourges, dit un istorien, vint accompagné de dragons s’installer alors dans la ville ; il fit citer les calvinistes à une assemblée générale 3t leur déclara qu’il fallait se convertir de par le roi. En peu de jours, plus de 1,000 personnes cédèrent aux menaces de ce prélat. » Néanmoins, en 1710, la population de Ssncerre comptait encore 2,200 protestants sur les 5,000 que renfermait le Berry. Sous Louis XV, de nouvelles persécutions furent organisées par l’archevêque de Bourges, M. de La Rochefoucauld, qui fit enlever de Sancerre et

enfermer dans des couvents un grand nombre de jeunes protestantes. La Révolution vint enfin mettre un terme à cette intolérance barbare. Ses principes, chose étrange, n’en furent pas moins repoussés tout d’abord par les Sancerrois, et une tentative réactionnaire dut être vigoureusement réprimée par le général Désenfants (1796). Cette tentative avait pour objet de faire pénétrer et d organiser la chouannerie dans les départements du Centre. Sancerre resta pendant huit jours au pouvoir des royalistes. Depuis lors, aucun épisode remarquable ne signale la vieille cité calviniste a l’attention de l’histoire.

Sancerre domine pittoresquement une montagne de plus de 130 mètres d’élévation dont le plateau, presque inaccessible, commande une vaste étendue du val de la Loire et le fleuve lui-même. « De là, dit un historien moderne, vous voyez d’abord des vignes qui vous entourent de toutes parts, puis, dans un vaste et profond bassin, des terres, dos bosquets, des prés coupés par mille ruisseaux, des hameaux, des bourgs, dont quelques-uns sont sous vos pieds et les autres se perdent dans le lointain. La vue n’est bornée au nord et au sud que par les montagnes de l’Auxerrois et par celles du Morvan. Ce qui ajoute au charme de cette perspective, c est la Loire qui passe presque au pied de la montagne et dont on peut suivre le cours depuis Lu Charité jusqu’à Briare. » On peut s’explique : aisément par cette brève description la situation presque inexpugnable de 1 antique place forte. Aujourd’hui ses murailles ont disparu, mais les remparts ont été plantés d’arbres qui forment une belle promenade en ferme d’ovale autour de la ville nouvelle. Au nord-est, non loin des remparts se trouve une grosse tour, dernier débris de l’ancien thâteau des comtes. Quant aux églises de £ !ancerre, la plus ancienne est celle de Saint-Jean, qui servit pendant longtemps de temple calviniste ; encore a-t-elle été presque entièrement réédifiée depuis. Son architecture fort simple n’offre rien de particulièrement digue de remarque, non plus que celle des autres églises de la ville, toutes modernes.

Sancerre a vu naître Thaumas de La Thaumassière, auteur d’une très-complète Histoire du Berry. Le maréchal Macdouald y passa les premières années de sa vie, mais cest à tort que certains historiens le font naitro à Sancerre.

SANCERRE {Louis de), connétable de France, né vers 1343, mort en 1402. Il fit ses premières armes k l’âge de dix-sept aas, contre les Anglais, pendant la captivité du roi Jean, et se distingua au siège de Melun, À l’avènement de Charles V, il contribua, avec Du Guesclin, son frère d’arraesj Clisson,

; Coucy, La Trémoille, à ramener la victo re

I sous les drapeaux de la France et fut nommé maréchal en 1369. C’est eu cette qualité qi ’il < fit les glorieuses campagnes de 1372, 1373 et , 1375, dont les résultats furent de reconquérir | le Poitou, la Saintonge et une partie de la , Guyenne. Au commencement de 1380, il fit, avec Clisson et Du Guesclin, le noble voju

d’armes de vuider toute la Guyenne des Anglais.

On sait que c’est dans cette expédition que Du Guesclin trouva la mort, Sancer : e s’empara de toutes les places fortes du Péiigord, fut nommé connétable en 1397, chassa les Anglais du comté de Poix et mourut eonblé do gloire.

SANCERRE (Jean de Bueil, comte de). V. Bueil.

SANCHE Ier, dit Sancbe Garcia, roi de Navarre, mort en 926. Il succéda à son frère Fortunio en 885 et illustra son règne en reculant les bornes de ses États et en luttant presque constamment contre les Arabes. Ayant traversé les Pyrénées, il s’empara da la basse Navarre, puis revint en Espagne, sur la nouvelle que les Arabes assiégeaient Pampelune. Sanche tomba sur eux à l’improviste, les battit complètement et entra dans cette ville, capitale de son petit royaume (907). Poursuivant ses succès, il rejeta les Maures au delà de l’Ebre, puis franchit co fleuve (909), prit Najera et la province dt> Rioja et protégea ses frontières en faisant, construire des places fortes. Des infirmités l’ayant forcé à prendre du repos, Sanche lei se retira dans le monastère de Leyre, laissant à la tête de son armée son fils, don Garcia. Mais, en 921, il reprit les armes pour venger les défaites de son fils, tailla en pièces l’armée d’Abdérame, au retour de l’expédition qu’elle avait faite en France, et recouvra tout ce que les Maures avaient conquis. Les Navarrais donnèrent à ce prince le surnom de Restaurateur.

SANCHE II, roi de Navarre, mort en 994. Il succéda en 970 à son père Garcia II, se

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signala dans plusieurs combats contre les Maures et eut de son mariage avec Urraque, héritière d’Aragon, un fils qui fut Garcia III.

SANCHE 111, dit le Grand, roi de Navarre, mort en 1035. Il succéda en 1000 à son père Garcia III et réalisa presque l’unité de 1 Espagne chrétienne en chassant les Maures de leurs possessions, en étendant ses conquêtes jusqu’aux frontières de la Catalogne et en opérant la réunion des royaumes de Castille et de Léon à la Navarre. Joignant la prudence au courage, il fit autant de conquêtes par la politique que par les armes. Ce fut lorsqu’il vit les Maures affaiblis par leurs dissensions qu’il tomba sur eux et les chassa de l’Aragon et de la Navarre. Pur sa femme, il hérita de la couronne de Castille, où il prit le nom de Sanche 1er, Le roi de Léon ayant pris les armes contre lui, il envahit ses États et s’empara de la plus grande partie. Il s’occupa alors de l’administration intérieure de son triple royaume, donna de sages règlements et fonda des établissements utiles. Lorsqu’il mourut en 1035, Sanche III commit la faute trop commune d’affaiblir ses États en les partageant entre ses quatre fils, ce qui divisa les princes chrétiens et leur enleva la force nécessaire pour expulser les Maures de la péninsule.

SANCHE IV, roi de Navarre, mort en J075. Il succéda à son père Garcia IV en 1054 et mourut assassiné. Son cousin Sanche Ramirez, roi de Navarre, s’empara alors du trône, dont il dépouilla le frère de Sanche IV, et prit le nom de Sanche V.

SANCHE V, roi de Navarre. V. Sanche Ramirez, roi d’Aragon.

SANCHE VI, roi de Navarre, mort en 1194. Il régna sans éclat depuis 1150 jusqu’à sa mort.

SANCHE Vil, roi de Navarre, mort en 1234. Il monta sur le trône eu 1194, combattit à diverses reprises les Arabes et remporta sur eux la bataille de Tolosa en 1212. Ce prince eut pour héritière sa sœur Blanche, qui épousa le comte de Champagne, Thibaut IV, et partagea avec lui le trône de Navarre.

SANCHE I°r, roi de Castille, mort en 1035. C’est le même que Sanche III le Grand, roi de Navarre. V. plus haut.

SANCHE II, dit le Fort, roi de Castille, fils de Ferdinand Ier, né en 1035, mort en 1072. En mourant, son père avait partagé ses États entre ses enfants et donné à Sanche II la Castille (1065). Mécontent de ce partage, Sanche conçut le projet de s’emparer des États de ses frères, mais il dut d’abord entrer en lutte avec les rois d’Aragon et de Navarre. Ayant vaincu ces princes, il tourna ses armes contre son frère Garcia, roi de Galice, qu’il détrôna (1069), puis il attaqua son autre frère Alphonse et lui prit le royaume de Léon, Ces succès ne firent qu’accroître son ambition. Il résolut alors de conquérir toutes les Ïiossessions des Maures, de soumettre tous es rois chrétiens de l’Espagne et de rester seul maître de la péninsule. Ce vaste dessein n’était au-dessus ni de son bonheur ni de sa puissance. Jeune, vaillant, actif, ambitieux, il était de plus suivi de l’élite des chevaliers espagnols et de l’illustre Cid, le plus grand capitaine de son temps. Mais tous ses projets furent anéantis par la trahison d’un officier, qui l’assassina au siège de Zamora. Son frère, Alphonse VI, lui succéda alors comme roi de Castille et de Léon.

SANCHE 111, roi de Castille, mort en 1158. Il était fils d’Alphonse VIII et monta en 1157 sur le trône, qu’il n’occupa qu’un an. Son fils, Alphonse IX, lui succéda.

SANCHE IV, dit le Brave, roi de Léon et

de Castille, fils d’Alphonse X, né en 1258, mort en 1895. Il se révolta contre son père en 1282 et monta sur le trône en 1284. isanche IV eut sans cesse à lutter contre ses frères et contre les plus puissants seigneurs du royaume, châtia sévèrement les factions de l’intérieur, puis tourna ses armes contre les Maures et leur reprit l’importante place de Tarifa (1273). C’était un prince courageux, mais ambitieux, implacable et qui fit couler le sang à flots.

SANCHE RAMIREZ, roi d’Aragon, mort en 1094. Il était fils de Ramirez 1", Monté sur le trône en 1063, il s’empara de Barbestro en 1064, et, après l’assassinat de son cousin Sanche IV, roi de Navarre, il se fit proclamer roi de ce pays sous le nom de Sanche V (1076). Sancbe Ramirez trouva la mort au siège de Huesca.

SANCHE (dona), infante de Léon et reine d’Aragon, morte en 1179. Fille d’Alphonse VIII, roi de Léon, de Castille et de Tolède, et de Riche de Pologne, sa seconde femme, elle fut, dès l’enfance, destinée à devenir l’épouse d’Alphonse, lui-même encore enfaut, fils de Raiinond, prince d’Aragon, comte de Barcelone, et de Pétronille, reine d’Aragon.

Raimond meurt en 1162, et Alphonse, devenu comte de Barcelone, est bientôt après, quoique n’étant pas encore majeur, placé par sa mère sur le trône. Mais alors, soit que Pétronille rêvât pour son fils quelque ulliatice plus haute, soit que doBa Sanche ne plût pas au jaune roi, l’union projetée fut oubliée. Alphonse même, afin d’avoir un prétexte de rupture définitive, se brouilla, eu 1173, avec Alphonse III, roi do Castille, neveu de dofia Sanche, et avec lequel il avait fait autrefois

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un traité d’alliance par lequel les deux rois s’étaient engagés à se donner réciproquement du secours contre leurs ennemis.

Don Alphonse envoie des ambassadeurs à Constantinople pour demander une des filles de l’empereur Manuel Comnène. La princesse Eudoxie lui est accordée et déjà se font les préparatifs du mariage, lorsque le roi de Léon, Ferdinand II, frère de dona Sanche, et son neveu le roi de Castille réclament et somment le roi d’Aragon de se conformer aux intentions du prince son père. Alphonse comprit que sa couronne était l’enjeu de la partis qu’il allait tenter ; il recula, et le 18 janvier 1174 avait lieu, à Sarngosse, son mariage avec do3a Sanche.

Cinq années après, le 13 août 1179, la reine d’Aragon succombait, après avoir donné six enfants à son mari, dont l’aîné, Pèdre II, succéda à son père.

SANCHE 1er, dit le Gros, roi de Léon et des Asturies, mort en 967. Il était fils de Ramirez II et frère d’Ordogno III. À la mort de ce dernier (955), il s’empara du trône au détriment de son neveu. Ayant été atteint d’une hydropisie, il se rendit à Cordoue pour s’y faire traiter. Pendant son absence, son neveu Ordogno IV parvint à ressaisir la couronne ; mais Sanche 1er, s’étant allié avec le roi de Navarre Garcia et avec Abdérame III, exulsa de nouveau son neveu et remonta sur

e trône.

SANCHE 1er, roi de Portugal, né à Coïmbre en 1154, mort en 1212. Il était fils d’Alphonse-Ileiiriquez, premier roi de ce pays. Dès l’âge de treize uns, il fit ses premières armes contrôle roi de Léon. Sanche combattit ensuite les Maures qui pénétraient dans l’Alentejo, se distingua à diverses reprises, entra dans les vastes territoires qu’ils occupaient, les chassa de Beja et remporta sur eux une grande victoire. Assiégé par les Maures dans Santarem en 1184, il se défendit vaillamment et, grâce à des secours, il les contraignit à lever le siège après leur avoir fait subir do grandes pertes. Son père étant mortl’unnéesuivante, il lui succéda comme roi de Portugal. Doué de qualités qu’on trouve rarement chez les rois, il sut se faire aimer et mérita les surnoms de Laboureur et de FoudatGiir par les encouragements qu’il sut donner à l’agriculture et par les établissements d’utilité qu’il créa. Une flotte d’aventuriers danois et flamands ayant été poussée par une tempête dans le port de Lisbonne en 1188, doin Sanche proposa à ces hommes de faire avec lui la conquête des Algarves. Sa proposition fut acceptée et cette contrée, ainsi que sa capitale Silvès, tomba au pouvoir des alliés en 1189. Après avoir fait un riche butin, les aventuriers reprirent la mer et Sanche se rit proclamer roi des Algarves. Ce prince avait fait une campagne contre les Maures d’Andalousie et assiégé Serpn, lorsqu’une fonn.dable armée mauresque, sous les ordres du calife Abou-Yousouf Yacoub, envahit et ravagea le Portugal (1190). N’ayant que des forces insuffisantes à leur opposer, dom Sanche se

borna à les harceler, et bientôt l’ennemi décimé quitta le pays. À cette invasion succédèrent pour le Portugal d’autres calamités, l’inondation, la famine et la peste, puis une nouvelle invasion arabe. Dom Sanche parvint à chasser encore une fois les Maures et s’efforça de réparer tant de désastres accumulés. En 1195, il dut reprendre les armes pour repousser le roi de Léon, Alphonse IX, qui s’était allié contre lui aux musulmans. Grâce à sou énergie, Sanche 1er vainquit ses ennemis et enleva plusieurs places au roi de Léon. Par la suite, il fit de grands efforts pour mettre un terme aux déplorables divisions qui existaient entre les seigneurs portugais et pour faire régner l’ordre par une sage et ferme administration. À partir de 1200, époque où il prit aux Maures la ville d’Elvas, jusqu’à sa mort, le Portugal vécut en paix et vit renaître sa prospérité intérieure. De son mariage avec Douce d’Aragon, Sanche 1er avait eu plusieuis fils, dont l’aîné lui succéda sous le nom d’Alphonse II.

SANCHE II, fils d’Alphonse II, roi de Portugal, né à Coïmbre en 1207, mort en 1248. Il monta sur le trône eu 1223, fit la guerre aux Maures et remporta sur eux une grande victoire. Il chercha eu même temps à faire parmi eux de la propagande chrétienne et alla, dans son zèle religieux, jusqu’à faire don aux chevaliers de l’ordre de Saint-Jacques, à Alcazar, des villes d’Aljastral, d’Alfaïiir, de Pemt et de plusieurs autres dont il s’était emparé. Bientôt il voulut restreindre les privilèges du clergé, et, chuse qui fut considérée comme un bacrilége, il déclara les juifs admissibles aux empluis publics. Il recommença la guerre contre les Maures (1241) et remporta de nouveaux succès. Son général Correa conquit plusieurs places, notamment Tavira et Silvès ; tout le reste des Algarves fut réuni au royaume de Portugal. Le mécontentement provoqué parle mariage de Sanche avec Mencia, fille de Lopez do Haro, seigneur de Biscaye, et de doîia Urraque, bàturde du roi de Léon, Alphonse IX, fut exploité par les mécontents et notamment par le cierge. Excommunié par le pape Grégoire IX, Sanche vit bientôt ses sujets sa révolter ouvertement contre lui ; une armée de bourgeois courut au palais du roi et en arracha la reine, qui fut conduite en Castille. Le nouveau pape Innocent IV assena-