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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 1, S-Scip.djvu/204

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thématiques et de cosmographie. Il réunit un nombre considérable dedo’cuinentsnouveaux, lut les journaux des voyageurs, inventa des instruments donnant plus de précision aux observations astronomiques et entreprit de faire une description complète du monde, en l’accompugnant de cartes plus exactes que celles qu’on avait publiées jusqu’alors. Il n’avait pas encore mis la dernière main à son ouvrage lorsqu’il mourut. Son ami Saraceni le fit paraître peu après, sous le titre de Géographie de Livio Sanulo, partagée en doute livres (Venise, 1588, in-fol.). Cet ouvrage très - estimé contient des descriptions fort exactes pour le temps où il parut.

SANVE s. f. (san-ve — du lat. sinapi, moutarde). Bot. Nom vulgaire de la moutarde des champs : L’huile qu’on relire de la sanve a beaucoup de rapport avec celle du chanvre. (T. de Berneaud.)

SANV1C, village et commune de France (Seine-Inférieure), oant., arrond. et à 3 kilom. N. du Havre, sur la Manche ; pop aggl., 3,343 hab. — pop. tôt., 3,746 hab. Fabrication de faïence, noir animal, vitriol. Église paroissiale, surmontée d’un clocher du x : c siècle et renfermant plusieurs pierres tombales mutilées.

SANV1TALE (Jacopo), historien italien, né à Parme en 166S, mort à Bologne en 1753. Entré dans la compagnie de Jésus, il enseigna les humanités dans plusieurs villes, notamment à Vicenca ; puis il occupa successivement à Vérone les chaires de philosophie, de mathématiques et de théologie, et enfin fut appelé à l-’errare pour y professer la théologie. Ses principaux écrits sont : Guerre entre Chartes l V, empereur d’Autriche, et Achmel 'III (Venise, 1724, in-S°) ; Mémoires historiques (Venise, 1732, in-4o) ; Notices sur les faits d’armes pendant les six premières années de la guerre de Succession, après la mort de l’empereur Charles VI (Utrecht, 1752, hw°).

SANV1TALE (Jacopo-Antonio, comte), diplomate et littérateur italien, né à Parme en 1699, mort dans la même ville en 1780. Honoré de la sympathie du duc Antoine Farnèse, de don Carlos, de l’empereur Charles VI, de Marie-Thérèse et de l’infant don Philippe de Bourbon, il remplit avec éclat diverses missions diplomatiques ; puis, en 1789, il renonça entièrement à la politique pour se vouer aux lettres et pour se faire le Mécène des savants et des artistes. Ses principaux ouvrages sont : Chant en l’honneur de saint François liégis (Parme, 1738, in-4o) ; traduction ’des Sept psaumes de lapénitence (Venise, 1745, in-Su) ; Poème parabolique (Venise, 1746, in-fol.) ; Capitolo (Parme, 1764, in-fol.) ; le Tribunal de Jupiter (Parme, 17G5, in-4o) ; Euranio e Eurasitea (Panne, 1773, in-4") ; enfin des traductions A’Enêe et Lavinie, opéra ; de Castor et Potlux, d'Andromaque et Polyeucte, tragédies.

SANVITALIE s. f. (san-vi-ta-l ! — de Sanvitul, botan. espagn.). Bot, Genre de plantes, de la famille des composées, tribu des sénécionées, dont l’espèce type croit au Mexique.

SANZ (Augustin), architecte espagnol, né à Saragosse en 1724, mort en 1801. Il fut élu en 1775 membre do l’Académie de Saiu(-Ferdinand et, après avoir donné des leçons gratuites à l’École des beaux-arts fondée par Guicoechea, il fut, en 1792, nommé professeur d’architecture k cette école, élevée au rang d’Académie de Saint - Louis. 11’ fournit les plans de plusieurs églises, entre autres de celle de Sainte-Croix, à Saragosse, et de celles d’Urrea et de Binaces. Il a dirigé la construction du théâtre de Saragosse et d’un grand nombre de maisons particulières de cette ville.

SANZ PEREZ (José), romancier et auteur dramatique espagnol, né k Cadix en 1818. Kcrivain três-técond et très-goûtédu public, il a donné au théâtre un grand nombre de pièces, parmi lesquelles nous citerons : Chaquelas y Fraques, pièce de mœurs andaiouses ; la Jalousie de l’oncle Macaco ;x Fleur de la cannelle ; Juger par les apparences ; Ne vous fiez pas aux compères ; 1 Accouchement des montagnes ;’Oucle Canigitus ; l’Oncle Pilili en enfer ; Amours soudaines ; El Polio ; Illusions perdues ; a.Vengeance la plus noble ; le Cardinal de Naples, etc. Plusieurs de ces pièces sont écrites en dialecte andalou. On a encore de Sanz Perez : Dona Lus et le fontainier, conte fantastique ; les Contes du pèlerin, fantaisies en trois volumes ; le Fils cajolé, nouvelle ; deux autres volumes de nouvelles et d’études de mœurs, etc.

SANZAC (Louis Prévôt de), capitaine français. V. Sa.nsac.

SANZIO (Giovanni Santi ou), peintre et poète italien, père de Raphaël. V. Santi.

SANZIO (Raflaelle), surnommé te Diri», peintre, urchitecte et sculpteur, un des plus grands génies de la Renaissance. V. Raphaël.

SAOMOUNA. s. m. (sa-o-mou-na). Bot.

V. SAAMOUNA.

SAONAHA, bourg d’Italie, province, district et mandement de Padoue ; 2,149 hub.

SAÔNE, en latin Arar, Segona ou Saucona nu moyen âge, rivière de France. Fille prend sa source dans la partie S.-O. du département des Vo>ges, h Vioménil, cant. de Bains, arrond. il’lipinal, coule d abord à VO., baigne Darney, se dirige au S., en passant par Mon SAON

thureux et Châtillon-sur-Saône, entre dans le département de la Haute-Saône, où elle arrose les arrondissements de Vesoul et de Gray, en baignant Jouvelle, Port-sur-Saône et Gray, où elle devient navigable ; elle arrose ensuite l’extrémité S.-E. du département de la Côte-d’Or, coule sous les murs de Pontaillier, Auxonne, Saint-Jean-de-Losne et Seurre, entre dans le département de Saôneet-Loire, qu’elle sépare en partie de celui de l’Ain, baigne Verdun-sur-Saône, Chalon-sur-Saône, d’où elle se dirige sur Tournus et Mûcon, forma la limite entre le département de l’Ain et celui du Rhône, dans lequel elle coule ensuite ; traverse Lyon et, à l’extrémité de la presqu’île de Perrache, près de La Mulatière, se jette dans le Rhône, après un cours de 450 kilom., navigable sur 365. Ses principaux affluents sont : à droite, l’Amunce, le Salon, la Tille et l’Ouche ; à gauche, l’Oignon, le Doubs, la Seille, la Reyssouse et la Veyle. Les canaux de Bourgogne, du Centre et du Rhône au Rhin y aboutissent. La Saône débite à Lyon co mètres cubes d’eau par seconde à l’étiage ; 250 dans les eaux moyennes et 4,000 dans les très-fortes inondations, dont les plus désastreuses ont été celles de 1602, 1709 et 1840. Cette belle rivière coule au milieu d’un riche bassin bordé des plus riants paysages ; ses bords environnés d’immenses prairies sont droits et unis ; les berges en sont peu élevées. À mesure qu’elle s’éloigne desa source, sa largeur augmente et sa pente diminue, ce qui en rend la navigation douce et facile.

SAÔNE (département de la HAUTE-), division administrative de la région E. de la France, formée en 1790 de la partie septentrionale de l’ancienne Franche-Comté, et tirant son nom de sa situation près de la source de la Saône, qui l’arrose du N. au S. Oe département confine au N. À celui des Vosges, a l’E. À l’ancien département du Haut-Rhin, au S. À ceux du Doubs et du Jura, et à 10. a ceux de la Côte-d’Or et de la Haute-Marne. Sa plus grande longueur du N.-E. au S.-O. est de 110 kilom., et sa plus grande largeur de 60 kilom. Superficie, 533,991 hectares. Au point de vue administratif, il est divisé en trois arrondissements : Vesoul, chef-lieu ; Gray et Lure, comprenant2S cantons,583 communes et 303,083 hab. Il forme avec le Doubs le diocèse de Besançon ; il fait partie de la 7° division militaire ; il ressortit à la cour d’appel de Besançon, à l’académie de Besançon, à la 320 conservation forestière. Ce département, assez montagneux, peut se diviser en deux zones distinctes : celle du S.-O. au N.-O., comprenant les arrondissements de Vesoul et de Gray ; celle du S.-E. au N.-E., renfermant l’arrondissement de Lure. Les seules montagnes remarquables sont : le ballon de Lure, appelé aussi Plarlche-des-Belles-Filles (1,300 met.), couvert de pâturages qui nourrissent un nombreux bétail pendant la belle saison ; celui de Servance (1,250 met.), détaché, comme le premier, du ballon d’Alsace et formant le prolongement de la chaîne des Vosges ; le mont de Vannes (600 met.), qui tient au ballon de Servance par une côte étroite séparant la vallée de Presse de celle de Plancher-les-Mines. On ne trouve dans ce département ni l’aridité des pays montueux, ni l’humidité insalubre que répandent les eaux stagnantes. Le sol, généralement incliné du N.-E. au S.-O., permet un écoulement facile aux eaux, dont les cours principaux sont : la Saône, l’Oignon, la Lanterne, la Superbe, le Cotiey, la Semouse, l’Amanco, le Vallon, le Drugeon, la Romaine, ta Résie, etc. Le cours supérieur de la Saône y donne naissance à un canal qui relie Cette rivière à la Meuse ; dans ta partie méridionale du département se trouvent quelques étangs susceptibles d’être desséchés. Les vents dominants sont : celui du S.-O., doux et humide ; celui du N.-E., sec et vif, et celui du N.-O., souvent très-froid.

Les productions du département de la Haute -Saône sont nombreuses et variées dans les trois règnes. On y trouve di granit rouge, du porphyre vert, du porphyre violet, des schistes argileux et anthraciteux, du fer oligiste, du manganèse, des minerais de plomb, cuivre, argent, des grès rouges et bigarrés, pierres lithographiques, pierres à chaux et pierre de taille, tuf calcaire, tourbe, etc.

L’industrie manufacturière ne le cède en rien à l’industrie agricole ; elle consiste principalement dans les usines à fer répandues

sur toute la surface du département, au nombre de plus de cinquante. Le nombre des mines de fer exploitées en 1868 a été de 221, ayant occupé 1,550 ouvriers et produit 3,675,300 quintaux métriques de minerai. Au second rang se place l’exploitation des houillères, des tourbières, des mines de sel gemme. La département possède, en outre, des verreries, faïenceries, poteries, plusieurs filatures de cotou, des fabriques de chapeaux de paille, des distilleries, tanneries, teintureries, chapelleries, des fabriques de bonneterie, droguets, etc. Le commerce de la Haute-Saône, favorisé par la navigation de la Saône et deux canaux, par des voies ferrées, est très-important ; il consiste surtout en grains, farines, fer, fonte, fourrages, bois de consU’uction, marrain, planches de sapin, beurre, fromages, chevaux, bestiaux, cuirs, papiers, plâtre, etc.

Agriculture. L’aspect général de ce département et>t montueux.. Au S.-O. et au

SAON

N.-O., dans les arrondissements de Vesoul et de Gray, ce sont des coteaux peu élevés couverts de vignes et de bois, entremêlés de vastes prairies et de champs fertiles. Au S.-E. et au N.-E., dans l’arrondissement de Lure, le sol est notablement plus montueux. On y trouve des hauteurs de 800 k 1,100 mètres au-dessus du niveau de la mer. La culture des céréales y est moins facile. Presque jamais pourtant on n’y trouve ces sommets arides des pays voisins. D’un autre côté, les accidents du sol permettent aux eaux de s’écouler sans qu’il en résulte d’inconvénients sensibles. Aussi le climat est-il généralement sain et salubre. Il est en outre assez tempéré. Les grands froids comme les fortes chaleurs y sont rares. L’automne est d’une beauté remarquable. Au printemps seulement, le voisinage des montagnes, la fonte des neiges occasionnent de brusques changements de température qui ont sur la santé des habitants une influence fâcheuse. Des précautions hygiéniques faciles à prendre pourraient obvier à cet inconvénient ; mais, comme il arrive souvent en pareil cas, elles ne sont jamais employées. Cette négligence amène chaque année dans les pays les plus mal situés des fièvres intermittentes très-tenaces, des épidémies et des épizooties. Le département de la Haute-Saône comprend une grande variété de sols, d’où résulte une variété égale de cultures. Les montagnes incultes ou boisées occupent une étendue d’environ 75,000 hectares. L’ensemble des forêts présente une surface d’au moins 160,000 hectares. Les arrondissements de Gray et de Lure offrent en

particulier des taillis et des futaies très-remarquables. Les essences dominantes sont

le chêne, le hêtre et le charma ; mais on trouve aussi le sapin, le tremble, le frêne, l’orme, l’érable, etc. Les grandes futaies sont peu nombreuses ; la plus grande partie des bois est aménagée en taillis de quinze à vingt ans. Le cerisier mérite d’être mentionné à côté des essences forestières ; il occupe de vastes espaces et donne lieu à une fabrication importante. Le kirsch que l’on obtient par la distillation de ses fruits jouit d’une grande renommée. Ce produit s’élève annuellement k plus de 10,000 hectolitres. Le sol occupé par les bruyères et les landes a une étendue d’environ 26,000 hectares. Les terrains tourbeux et marécageux se présentent sur un espace de 8,000 hectares. Les alluvions modernes occupent 115,000 hectares ; les sols calcaires, 75,000-, les sols siliceux, 15,000 ; les sols argileux, 90,000 ; les sols graveleux ou pierreux, 120,000.

L’industrie agricole est aussi variée que la nature du sol. Les terres labourables occupent 256,000 hectares ; les prairies, 60,000 ; les vignes, 12,000 ; les vergers et les jardins, 4,000 ; les étangs ou marais, 1,500. La superficie des terres labourables se subdivise do la manière suivante : le froment occupe annuellement 64,000 à 65,000 hectares ; le seigle, 12,000 à 13,000 ; l’orge, 25,000 ; l’avoine, 40,000 ; le méteil, 10,000 ; le maïs, 2,000 à 3,000 ; le sarrasin, 2,000 ; les pommes de terre, 10,000 ; les légumes racines, 5,000 à 6,000 ; les légumes secs, 2,500 ; les plantes oléagineuses, colza, navette, chanvre, 5,000 ; les prairies artificielles, 15,000. La jachère occupe encore dans les assolements plus de 60,000 hectares ; mais heureusement son emploi tend à se restreindre. Les prairies artificielles lui ont déjà fait perdre du terrain ; leur généralisation ne tardera pas, il faut l’espérer, à la faire supprimer dans la plupart des cas. Depuis un certain nombre d’années, l’introduction de quelques cultures nouvelles a diminué la part consacrée aux céréales. Néanmoins la production, évaluée à 1,860,000 hectolitres de tous grains, est restée à peu près la même, parce que le rendement s’est accru. C’est là un bon signe et un indice certain que les méthodes de culture ont progressé. Aujourd’hui la récolte des céréales est plus que suffisante aux besoins de la consommation, et la Haute-Saône déverse chaque année sur les départements voisins 300,000 à 400,000 hectolitres de grains. La culture dos légumes racines, encore récente, ast en bonne voie d’accroissement. Les betteraves surtout ont vu la surface qui leur était alfectêe s’accroître rapidement, grâce k la multiplication des sucreries et des distilleries. La production de la pomme de terre a, au contraire, diminué do plus d’un tiers. Ce résultat est dû en grande partie à la maladie qui a atteint ce tubercule et en a, dans certaines années, presque anéanti la récolte. La culture des plantes industrielles n’a pas encore acquis toute l’extension dont elle serait susceptible dans ce département. Le sol et le climat lui sont très-favorables ; mais la main-d’œuvre fait défaut. L’étendue du sol affecté à la vigne a diminué notablement depuis une vingtaine d’années. Ce résultat n’a rien de regrettable, car partout où cette culture a été supprimée les conditions cltinatériques commandaient depuis longtemps sa disparition. Parla, on a pu utiliser d’une façon plus profitable des terrains où la vigne né donnait et ne pouvait donner que de maigres produits. D’un autre côté, la production du vin n’en a pas été sensiblement diminuée, parce que la taille et la culture de la vigne, ainsi que la fabrication du vin, a fait des progrès marquants. Le département de la llaute-Saôno produit aujourd’hui annuellement 344,000 à 345,000 hec SAON

tolitres de vin, d’une valeur moyenne da 8 millions de francs. Ces vins appartiennent tous à la catégorie des vins ordinaires de table, mais quelques-uns sont, dans ce genre, de qualité supérieure. Les marcs sont soumis à la distillation, mais ils ne donnent qu’une eau-de-vie assez mauvaise. Les prairies sont, en général, bien entretenues et d’un bon rapport. Cellesdesbordsdela Saône, de l’Oignon, de la Superbe, de l’Amance sont d’une fertilité remarquable. Dans plusieurs autres vallées, on pourrait obtenir d’aussi bons produits que dans ces localités privilégiées si quelques travaux préalables de drainage ou d’irrigation étaient pratiqués. Malheureusement, on ne peut guère y songer, les dépenses qu’entraîneraient ces travaux étant tout à fuit hors de proportion avec les ressources des détenteurs actuels du sol. Les prairies artificielles sont en voie de progrès. Elles sont formées d’ordinaire par le sainfoin, la. luzerne et le trèfle. Dans 1 arrondissement do Lure, on trouve d’excellents pâturages pour les moutons. En résumé, dans la Haute-Saône, les fourrages abondent ; ils excèdent même notablement les besoins de la consommation, et ce département en exporte des quantités considérables jusque sur Lyon et Paris. Cet excès de la production des fourrages sur la consommation est un fait assez singulier, dans l’état actuel de notre agriculture, pour qu’il soit nécessaire d’y insister un peu. Il nous montre à la fois le côté faible de l’industrie agricole du département et le parti qu’il serait possible do tirer d’un produit qui fait aujourd’hui défaut dans tant de pays. Nous ne comprenons, en effet, la vente des foins que pour les localités placées dans le voisinage immédiat des grandes villes ; car la on peut so procurer facilement et à peu de frais les engrais dont on a besoin. Partout ailleurs nous estimons que las cultivateurs qui ont l’habitude de vendre leurs foins font un véritable métier de dupe. La consommation de leurs foins à l’étable par des létes à l’engrais leur produirait au moins autant de bénéfice que la vente du foin, et, d’un autre côté, ils auraient pour rien un engrais précieux que rien ne peut remplacer et qui est indispensable à l’amélioration de leurs terres. Ces engrais, dont tout le monde se préoccupe et qui sont la condition première de la culture intensive, les cultivateurs do la Haute-Saône les ont chez eux et se hâtent de s’en débarrasser. Nous savons bien que la vente des foins a pour beaucoup un avantage dont il faut savoir tenir compte, la réalisation immédiate et sans frais d une matière première en argent sonnant ; mais c’est pour cela mémo qu’il importe de les mettre en garde contre, une tentation dungereuse-et contre une spéculation qui est la ruine de leur agriculture. 11 est vrai qu’ici, comme ailleurs, les capitaux font le plus souvent défaut et que c’est k leur insuffisance autant qu’il l’inhabileté du paysan qu’il faut s’en prendre d’un état da choses contraire aux plus élémentaires principes de l’économie rurale. Mais, il faut aussi l’avouer, beaucoup suivent la routine et n’ont pas d’excuse ; quant aux plus pauvres, c’est à eux k voir si, d’une manière ou de l’autre, il ne leur serait pas possible de sortir de l’ornière. Il est bien rare, quand on se livre à une semblable investigation, de ne pas trouver un moyen de se tirer d’affaire.

Le bétail est peu nombreux dans la Haute-Saône, relativement à la superficie des terres arables et des prairies. L’espèce bovine compte environ 156,000 têtes ; l’espèce chevaline, 26,000 ; l’espèce ovine, 114,000 ; l’espèce caprine, 8,000 ; l’espèce porcine, 80,000. L’espèce bovine appartient principalement à la race fémeline, aussi remarquable par ses qualités laitières que par son aptitude a. Van- igraissement. Cette race convient parfaitement au pays, puisque la fabrication des fromages y constitue une des industries principales. On y a organisé, dans ce but, des associations modelées sur les fruitières du Jura, du Doubs, des Vosges et de la Suisse. On élève, en outre, un grand nombre de bœufs qui sont vendus pour le Nord, vers l’âge da quatre à six ans. L’espèce chevaline est très-mélangée. Il y a des chevaux du Morvan, de la Suisse, du Perche, do la Franche-Comté. On ne trouve nulle part des éleveurs riches et installés dans d’excellentes conditions ; cependant, on élève depuis quelque temps des chevaux de trait assez estimés. La culture emploie des animaux de petite taille, mais très-vifs et très-vigoureux. Presque tous les animaux de l’espèce ovine appartiennent au croisement métis mérinos.

On trouve de beaux troupeaux dans l’arrondissement de Lure, où les pentes des montagnes offrent d’excellents pâturages. Sur quelques points, on a essayé l’importation d’animaux appartenant aux races dishley, south-down, de la Charmoise ; mais ces essais sont toujours demeurés concentrés dans des limites assez étroites. M. I.equin, directeur de la ferme-école de Lehayevaux, a tenté d’y introduire, en l’améliorant, la raco noire de la Suisse, déjà remarquable par sa fécondité. Le troupeau de Lehayevaux constitue aujourd’hui un type à part dans lequel l’élément suisse, quoique toujours dominant, est néanmoins affaibli par des croisements et une éducation savamment raisonnée. La fabrication on grand du fromage dans les fruitières a pour corollaire l’élève d’un nombre fort considérable de porcs qu’on nourrit