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Nos soldats, manquant de viande pour faire la soupe, n’ayant souvent qu’une ration incomplète de pain, supportaient de cruelles privations sans murmurer et entrevoyaient sans fléchir un ou deux mois encore d’un siège atroce. Ils étaient tristes toutefois, en songeant à leur petit nombre, en considérant que toutes les difficultés du siège pesaient sur 14, 000 d’entre eux, tandis que les 8, 000 fantassins de Gazan se bornaient à bloquer le faubourg de la rive gauche et que les 9, 000 de Suchet vivaient en repos à Calatayud. Déjà plus de 1, 200 avaient succombé aux fatigues ou au feu. » L’arrivée du maréchal Lannes, le 21 janvier, vint changer à temps la face des choses.

Lannes, modifiant d’autorité le plan prescrit par Napoléon, commence par donner l’ordre au général Gazan d’entreprendre en règle l’attaque du faubourg de la rive gauche. Il prescrit ensuite au maréchal Mortier de quitter Calatayud et de passer sur la rive gauche de l’Ebre pour y dissiper les rassemblements. Mortier obéit, aborde de front un corps de 15, 000 Espagnols qui arrivaient d’Aragon au secours de la capitale assiégée, les met en fuite, et les malheureux, rencontrant le 10e régiment de chasseurs, sont presque tous sabrés impitoyablement. Poursuivant sa course, Mortier descend alors l’Ebre, balayant devant lui tout ce qu’il rencontrait. Pendant ce temps, le général Wathier, à la tête de 1, 200 fantassins et de 600 cavaliers, écrasait dans la ville d’Alcaniz un autre rassemblement formé des patriotes de quatre-vingts communes et qui accourait également au secours de Saragosse. Ce terrible déblayement accompli, l’armée bien approvisionnée, le maréchal Lannes s’occupa de préparer un assaut général.

Il eut lieu le 26 janvier. Pendant deux jours, le 26 et le 27, 50 bouches à feu tonnèrent à la fois contre Saragosse et ouvrirent trois brèches praticables. Le 27, à midi, Lannes donne le signal et les colonnes d’assaut s’élancent des ouvrages. Un détachement de voltigeurs du 14e et du 41e, ayant en tête un détachement de sapeurs et commandé par le chef de bataillon Stahl, s’empare, au milieu du fracas et de l’explosion des mines ennemies, de la première brèche ; la seconde est enlevée par 36 grenadiers conduits par le capitaine Guettemann. Enfin, au centre, les voltigeurs de la Vistule, dirigés par un détachement de soldats et d’officiers du génie, escaladent la brèche pratiquée dans le couvent de Santa-Engracia, se rendent maîtres du couvent, pénètrent sur la place qui l’avoisine, enlèvent un autre petit couvent à l’intérieur même de la ville, mais là sont forcés de s’arrêter devant le feu des barricades et la fusillade des maisons. Ils essayent alors de se maintenir le long de la muraille en se couvrant avec des sacs de terre ; mais les Espagnols redoublent leur feu et on est forcé de repasser cette muraille, sans néanmoins l’abandonner et en tentant de s’y loger. Ce premier et sanglant assaut coûta aux Espagnols environ 600 morts et 200 prisonniers ; les Français eurent 186 tués et 593 blessés, chiffre énorme et qui montre avec quelle ardeur furieuse et exaspérée s’étaient avancées nos troupes. Il est vrai que, s’il se fût agi d’un siège ordinaire, la ville eût été à nous ; mais ici, il restait cette tâche lourde, effroyable de recommencer, maison par maison, sous le feu des maisons voisines, ce qu’on venait de faire pour la partie de la place vraiment et spécialement fortifiée.

Le maréchal Lannes, malgré son héroïsme, ressentit devant ces sombres scènes une impression profonde, et son cœur, aussi humain que brave, en fut comme épouvanté. « Jamais, Sire, écrivait-il (28 janvier 1809) à Napoléon, jamais je n’ai vu autant d’acharnement qu’en mettent les ennemis à la défense de cette place. J’ai vu deux femmes venir se faire tuer devant la brèche. Il faut faire le siège de chaque maison. Si on ne prenait pas les plus grandes précautions, nous y perdrions beaucoup de monde, l’ennemi ayant dans la ville 30, 000 à 40, 000 hommes, sans compter les habitants. Nous occupons depuis Santa-Engracia jusqu’aux Capucins, où nous avons pris 15 bouches à feu. Malgré tous les ordres que j’avais donnés pour empêcher que le soldat ne se lançât trop, on n’a pas pu être maître de son ardeur : c’est ce qui nous a donné 200 blessés de plus que nous ne devions avoir. » Ailleurs, Lannes ajoute : « Le siège de Saragosse ne ressemble en rien à la guerre que nous ayons faite jusqu’à présent : c’est un métier où il faut une grande prudence et une grande vigueur. Nous sommes obligés de prendre avec la mine ou d’assaut toutes les maisons. Ces malheureux s’y défendent avec un acharnement dont on ne peut se faire une idée. Enfin, Sire, c’est une guerre qui fait horreur. Le feu est dans ce moment sur trois ou quatre points de la ville, elle est écrasée de bombes ; mais tout cela n’intimide pas nos ennemis. » En effet, elle avait commencé, la « guerre des maisons, » cette terrible guerre, et les Français n’avançaient plus que lentement, laissant les meilleurs d’entre eux sur le pavé et passant au fil de l’épée des ennemis que la mort seule pouvait abattre. Cent hommes par jour tués ou grièvement blessés, tel était l’impôt prélevé régulièrement, en moyenne, sur nos soldats. Le général Lacoste, commandant du génie, tomba frappé à mort d’une balle au front. Le colonel Rogniat, le chef de bataillon Haxo furent blessés. Cependant on avançait toujours. Le 7 février, Lannes chargea le général Gazan, secondé par le colonel du génie Dode, d’attaquer le faubourg de la rive gauche. Le général, après un premier succès, dut s’arrêter et, bien qu’il eût 20 bouches à feu à sa disposition, demander de nouveaux, renforts d’artillerie.

Si la lassitude commençait à se trahir dans notre armée par des paroles de mécontentement acerbes, les malheureux assiégés touchaient néanmoins aux dernières limites de leur longue patience et de leur opiniâtreté héroïque. L’épidémie s’était mise à sévir dans Saragosse ; près de 15, 000 hommes sur 40, 000 encombraient déjà les hôpitaux. « La population inactive, dit l’écrivain qui nous a laissé dans tous ses détails le tableau de cet horrible épisode, mourait sans qu’on prît garde à elle. On n’avait plus le temps ni d’enterrer les cadavres ni de recueillir les blessés ; on les laissait au milieu des décombres, d’où ils répandaient une horrible infection. Palafox lui-même, atteint de la maladie régnante, semblait approcher de sa dernière heure, sans que le commandement en fût, du reste, moins ferme ; les moines qui gouvernaient sous lui, toujours tout-puissants sur la populace, faisaient pendre à des gibets les individus accusés de faiblir. Le gros de la population paisible avait ce régime en horreur sans l’oser dire. Les malheureux habitants de Saragosse erraient comme des ombres au sein de leur cité désolée. »

Telle était, au 18 février 1809, la situation de Saragosse. Ce même jour, Lannes se rendit en personne auprès du général Gazan et fit recommencer l’attaque du faubourg de la rive gauche, un instant suspendue. Après une effrayante canonnade, deux bataillons escaladaient la brèche pratiquée, tandis que d’autres troupes allaient garder le pont. Prise ainsi entre deux feux, la garnison, composée de 7, 000 hommes environ, tenta un suprême effort pour se dégager : 3, 000 hommes s’élancèrent du côté du pont et, décimés, écharpés, furent réduits au tiers environ, lequel tiers réussit pourtant à sortir ; les 4, 000 hommes restés dans la place se rendirent. Le faubourg de la rive gauche était enfin à nous.

Cet avantage décisif, qui, grâce à l’admirable prudence du maréchal Lannes, ne nous avait coûté que 10 morts et 100 blessés, avait été précédé de la terrible explosion de l’immense couvent de Saint-François, dont il avait été impossible de déloger les Espagnols. Le lendemain ce fut le tour de l’Université, qui sauta également ; cette double explosion nous livrait les deux extrémités du Coso (promenade publique), et à l’attaque du centre on n’attendait plus qu’un jour pour détruire par la mine le milieu de cette promenade. Il n’en fut pas besoin ; les forces de Saragosse étaient à bout. Le 19 février, la junte de défense cédant à tant de calamités réunies résolut de capituler et envoya un parlementaire qui se présenta au nom de Palafox, cloué sur son lit et mourant. Le parlementaire demanda au maréchal une trêve qui lui permît d’envoyer un émissaire au dehors, afin de savoir si véritablement les armées espagnoles étaient dispersées et si toute résistance était désormais inutile. Lannes refusa la trêve, donna sa parole et exigea que la place se rendît sans condition, menaçant de faire sauter le lendemain tout le centre de la ville. Le lendemain 20 février, la junte se transporta au camp et consentit à la reddition, sous la convention que tout ce qui restait de la garnison sortirait par la principale porte, déposerait les armes et serait prisonnière de guerre, à moins qu’elle ne consentît à passer au service du roi Joseph. « Le 21 février, dit M. Thiers, 10, 000 fantassins, cavaliers, pâles, maigres, abattus défilèrent devant nos soldats saisis de pitié. Ceux-ci entrèrent ensuite dans la cité infortunée qui ne présentait que des ruines remplies de cadavres et de putréfaction. Sur 100, 000 individus, habitants ou réfugiés dans les murs de Saragosse, 54, 000 avaient péri. Un tiers des bâtiments de la ville était renversé ; les deux autres tiers percés de boulets, souillés de sang, étaient infectés de miasmes mortels. Le cœur de nos soldats fut profondément ému. Eux aussi avaient fait des pertes cruelles. Ils avaient eu 3, 000 hommes hors de combat sur 14, 000 participants activement au siège. 27 officiers du génie, sur 40, étaient blessés ou tués, et dans le nombre se trouvait l’illustre et malheureux Lacoste. La moitié des soldats du génie avait succombé. Rien dans l’histoire moderne n’avait ressemblé à ce siège, et il fallait dans l’antiquité remonter à deux ou trois exemples, comme Numance, Sagonte ou Jérusalem, pour retrouver des scènes pareilles. Encore l’horreur de ce siège dépasse-t-elle celle de ces sièges anciens de toute la puissance des moyens de destruction imaginés par la science. Telles sont les tristes conséquences du choc des grands empires ! Les princes s’engagent follement dans des entreprises téméraires et des milliers de victimes succombent pour leur folie ! » La prise de Saragosse mit fin à cette seconde campagne d’Espagne et le roi Joseph put régner sur une nation mitraillée par les soldats de Napoléon, soumise en apparence, mais qui devait secouer quelques années plus tard le joug du prince étranger, imposé à l’Espagne par l’ambition du despote qui régnait en France. V. PALAFOX.


SARAGOSSE, en espagnol Zaragossa SARAGOSSE (province de), division administrative de l’Espagne, comprise entre celles d’Huesca, à l’E. et au N.-E, de Navarre au. N.-O., de Logroiïo et de Soria à l’O., de Guadulajara et de Teruel au S. Elle mesure 222 kilom. du N. au S., sur 90 de l’E. à l’O. ; 397, 000 hab. Le sol de cette province est accidenté au S. par la sierra de Gader, à l’O. par la sierra de Moncavo et à l’E. par les ramifications occidentales de la sierra Alcubiere ; il est arrosé du N.-O. À l’E. par l’Ebre, qui.y reçoit, à droite la Jiloea, la Huerba et la Herrera, et à gauche l’Arva et le Gallego. La partie cultivée est assez fertile, surtout en blé, maïs, vins, fruits excellents et soieT Dans les montagnes, on trouve de riches mines de cuivre, de fer ; des carrières de pierres à bâtir et à aiguiser, etc.


SARAGOUSTI s. m. (sa-ra-gou-sti). Mar. Mastic en usage dans l’Inde, et qui est composé de brai gras, de chaux pulvérisée et d’arachide. On dit aussi sarangousti.

SARAGUE s. m. (sa-ra-ghe.) Entom. Genre d’insectes coléoptères hétéromères, de la famille des inélasomes, tribu des pédinites, dont l’espèce type habite l’Australie.

Sarai » OU l’Orpheline de Glencoé, Opéracomique en deux actes, paroles de Mélosville, musique d’Albert Grisar ; représenté à l’Opéra-Comique le 26 avril 1836. Le sujet de cette pièce est tiré d’une chronique de Walter Scott. Sarah fut le début à Paris de Grisar comme compositeur dramatique, et.le M’e Jenny Colon comme chanteuse k l’Opéra-Comique. Le compositeur avait déjà donné le Mariage impossible, joué à Bruxelles. On remarque déjà dans cette partition l’habileté d’instrumentation que le musicien a déployée depuis dans ses charmants ouvrages.

SARA1, favorite circassienne du sultan Achmet III, née vers la fin du xvito siècle, morte vers le commencement du xvmc. Elle commença par être l’épouse du fils de Nah-Effendi, premier médecin de la cour ottomane. Celui-ci effrayé par les menaces d’Achmet, alors héritier présomptif du trône, renonça à exercer ses droits de mari sur Sarai. Aehmet parvenu au trône dota Sarai d’un second mari fictif, qui fut Méhemet-Bultadji. On dit que Sarai, de concert avec la sultane mère Curdisca, protégea Charles XII ; elle n’empêcha pas toutefois son mari de rendre la liberté k Pierre Ier, cerné par l’armée turque près duPruth (1711). On croit que Sarai mourut vers cette époque.

SARAIGNET s. m. (sa-rè-gnè ; gn mil.). Agric. Variété de froment.

SARA1ST, ville delà Russie d’Europe, dans le gouvernement et à 56 kilom. N.-O. de Riazan, chef-lieu du district de son nom ; 5, 000 hab.

SARAKKA, dieu du vendredi, chez les Lapons.

SARAKSI (Aboul-Abbas-Ahmet), écrivain arabe, mort en 899. Il a écrit, entre autres ouvrages, deux livres sur la Musique et un i traité des Jeux dont on croit que celui des Ec/iecs fait partie. Abul-Farage appelle aussi Saraksi lim Tojcij ; sous ce dernier nom, Saraksi est mentionné par d’Herbelot, qui raconte comment Ibn-Tujeb fut mis à mort par le calife Mothaded dont il avait trahi les secrets. Ibn-Tajeb aurait aussi écrit sur i’Isagoge de Porphyre et aurait composé un livre de morale.—Parmi les autres personnages du nom de Saraksi nommés par d’Herbelot, citons le Radi-Eddin Mahomet, mort en 1175, auteur du Alohit Océan et de plusieurs autres ouvrages de théologie.

SARAMACA, rivière de l’Amérique du Sud, dans la Guyane anglaise. Elle coule au N. et se jette dans l’Atlantique, après un cours de 135 kilomètres.

SARAMON, bourg de France (Gers), ch.-l.’ decant, arrond.et à26 kilom. S.-E. d’Aucb, sur la Gimone ; pop. aggl., 631 hab. — pop. tôt., 1, 204 hab. Autrefois place forte, dont il reste quelques pans de murs et une tour garnie de créneaux.

SARANCOL1N s. m. (sa-ran-ko-lain). Marbre à fond rouge de sang, avec de larges taches d’un jaune sale et des veines d’un blanc pur.

SARANE s. m. (sa-ra-ne). Bot. Plante bulbeuse, qui croît en Sibérie. Il On dit aussi

SIÏRANE.

— Encycl. On désigne sous le nom de sarane ou sérane plusieurs plantes qui croissent d ; ins les régions boréales de l’Asie. Elles appartiennent à des genres très-divers et sont assez mal définies. La plus connue est aussi appelée matista. C’est une espèce d’ombellifère, voisine des berces, dont la racine, jaune au dehors, blanche au dedans, a une ! saveur amëre et piquante ; sa tige, articulée, charnue, atteint 1 m^o k 2 mètres de hauteur ; elle porte des feuilles d’un vert rougeàtre ; ses fleurs sont blanches et rappellent celles du fenouil. Cette plante sécrète un suc acre et caustique ; aussi a-t-on la précaution de mettre des gants pour la cueillir. Sa tige sert k faire des confitures. On en obtient aussi une boisson spiritueuse ; pour cela, on la lie en paquets, que l’on jette dans i’eau bouillante, en y ajoutant quelques fruits d’ai âARA

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relie ou de prunellier ; le vase, bien bouché, est mis dans un endroit chaud ; quand la fermentation est terminée, on a une liqueur aussi forte que l’eau-de-vie et très-enivrante, dont les Sibériens et les Kamichadales font un usage qui va jusqu’à l’abus ; une seconde distillation donne naturellement une boisson plus forte encore, et qui produit, assure-t-on, les effets les plus étmnges. On donne aussi le nom île savane a une espèce de lis. V. ce mot.

SARANGOUSTI s. m. (sa — ran-gou — sti).

V. SAUAGOUSTl.

SARANSK, ville de la Russie d’Europe, dans le gouvernement et à 118 kilom. N. de Penza.au confluent de la Sarangaet de l’Insara ; 14, 284 hab. Tanneries, serrureries, tuileries, sel et bétail. Commerce actif.

SARAOUAN un SARAVAfi, province du Beloutchisian, bornée au N. et à l’O. par le Kaboul, le KStch-Gandavaàl’E., îeDjalouan au S. et le Mekran à l’O. Elle à 300 kilom. de longueur sur 100 kilom. da largeur. Chef-lieu Kélat. Pays généralement montagneux et en partie composé de déserts. Élève de chameaux, moutons et chèvres.

SARAPA s. m. (sa-ra-pa). Sorte de flèche barbelée, dont les Indiens de la Guyane font usage.

SARAPE s. m. (sa-ra-pe — du gr. sarapis, tunique). Entom. Syn. de sphérite.

SARAPHANE s. f. (sa-ra-fa-ne). Vêtement des paysannes russes.

SARAPOUL, ville forte de la Russie d’Europe, dans le gouvernement et a 300 kilom. S.-E. de Viatka, sur la Kuma ; 7, 153 hab. Usines à fer, fabriques d’armes, savon, cuir. Exploitation de fer et de sel. Commerce de graines et de bois.

SARAQUIER s. m. (sa-ra-kié). Bot. Genre de plantes, de la famille des solanées.

SARASA (Alphonse-Antoine de), savant jésuite flamand, né à Niouport (Flandre) en

! 618, mort à Anvers en 1667. I ! appartenait

à une famille espagnole, qui le fit entrer k quinze ans dans l’ordre des jésuites. Il professa d’abord les humanités, puis les mathématiques et s’adonna à la prédication. Disciple de Grégoire de Saint-Vincent, ie Père Surasa le défendit avec vivacité contre les attaques du Père Mersenne et de Hujghens. Au reste, dans la dispute que souleva le traiié de la quadrature du cercle de Grégoire de Saint-Vincent, tout le monde, même Descartes, so trompa plus ou moins, et l’honneur est resté à Grégoire de Saint-Vincent d’avoir constaté le premier l’analogie des quadratures du cercle et de l’hyperbole. Le Père Surasa est l’auteur d’un ouvrage curieux intitulé : Ars semper gaudendi, demonsirata ex sota consideralione divins providentiœ et per adventuales concicmes exposita (Anvers, 1664-1667, 2 vol. in-4°). Cet ouvrage, estimé de Leibniz et de "Wolf, a été réimprimé un certain nombre de fois et traduit en allemand et en français sous le titre de VArt de se tranquilliser dans les événements de la vie (Strasbourg, 1752, 2 vol. in-8°).

SAHAS1N, poste normand, né a. Hermanville, près de Caeii. Il vivait au xme siècle et fut un des derniers trouvères qui se soient exercés sur le cycle des héros de la Table ronde. Sarasin composa, en 1278. le Iloman du // « ni, c’esi-k-dire l’histoire, en rimes, d’un tournoi qu’il suppose avoir eu lieu dans la ville de liam, en Picardie. Parmi les champions imaginaires qu’il mit en scène dans son poeine se trouvent d’illustres personnages historiques normands, tels que les sires d’Harcourt, de Mortagne, de Noville, de Ver, d’Hangest, de Blosseville, de Carbonel, de Kerrières et d’Esneval. On trouve le roman de Surasin dans les manuscrits de la Bibliothèque nationale, sous le nP 7603. Cet ouvrage a été publié en 1840 par les soins^e M. Francisque-Michel.

SARaSIN (Jean-François), po&te français. V. Sarrasin.

SÀUAS1NS, autre orthographe d’un nom des Arabes. V. Sarrasins.

S ARA-SOU, rivière de la Tartarie indépendante. V. Sary-Sod.

SARASWAT1, déesse de l’instruction, dans la mythologie indoue, fille et épouse du dieu Bruhiua. D autres la font épouse de Viohnou. On la représente sous la forme d’une femme vêtue de Lnanc, assise sur une fleur de lotus et jouant du vind ou luth indou ; souvent elle est portée sur l’oiseau appelé ftansa. Quelquefois cette déesse est représentée par une plume, un encrier et un livre. On la regarde comme la patronne de l’éloquence, des arts et de la musique ; elle a inventé, dit-on, la langue sanscriteet leslettresdol’alphabet dévanagari.

SARASWATI, rivière qui descend des montagnes qui bordent au N.-E, la province de Deiili, d’où elle prend sa direction vers le S.-O., et se perd au milieu des sables du grand désert, dans la contrée de Bhatii. Suivant les Induus, elle continue son cours par-dessous terre et va se réunir au Gange, près d’Ailahabad, avec rVamounà. Le Saraswati porte aujourd’hui le nom de Sarsouti. C’était, disait-on, la déesse Saraswati descendue sur la terre. Un jour qu’elfe traversait ce pays, un livre à la main, elle entra, sans y prendre garde, dans le désert, où elle fut assaillis par des