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ler ne voulut accepter que les 3,000 francs. Sur ces entrefaites, « une récompense qu’il était bien loin d’attendre, dit M. Spach, et qu’il ne connut que bien plus tard, lui arriva de l’autre côté du Rhin ; la Convention adopta, le 26 août 1792, un décret qui donnait le titre de citoyen français à Schiller. » M. Régnier, dans sa vie de Schiller, donne à ce propos le curieux détail suivant : « Le procès-verbal de la séance métamorphosa Schiller en Giller ; le Moniteur écrivit Gilleers et le Bulletin des lois imprima tout bonnement Gille, et c’est à M. Gille, publiciste allemand, en Allemagne, que le ministre Roland adressa, le 10 octobre 1792, le diplôme de citoyen français. Cet imprimé n’arriva qu’au bout de cinq ans à sa destination. On le conserve à la bibliothèque publique de Weimar. » Au printemps de 1793, Schiller, un peu rétabli, voulut revoir son pays natal. Arrivé près de Stuttgard, il écrivit au duc, son ancien protecteur, qui lui fit répondre qu’il était libre de venir à Stuttgard et qu’on feindrait d’ignorer sa présence. De retour à léna, il fit la connaissance de Humboldt et se lia plus étroitement avec Goethe. Chargé par le libraire Cotta de diriger une sorte de revue mensuelle intitulée les Heures, il écrivit à Goethe pour lui demander sa collaboration, et de là naquirent entre eux des relations de plus en plus amicales. C’est vers cette époque que, reléguant au second plan les abstractions de la philosophie allemande, il se livra exclusivement à la poésie et publia dans les Heures et dans l'Almanach des Muses ses poésies, ses ballades et ses imitations d’Euripide et de Virgile, les Xénies, épigrammes satiriques qu’il composa en collaboration avec Goethe, et différents traités d’esthétique. Il travaillait aussi à sa grande trilogie de Wallenstein. Pour cet ouvrage, il ne recula devant aucune recherche afin de s’initier à la vérité des temps et des personnages historiques. Les trois pièces, terminées en 1798, ne furent point jouées du même coup, mais dans le cours de l’année théâtrale 1799-1800. Il y avait douze ans que l’auteur de Don Carlos n’avait ressenti les émotions d’une première représentation, lorsque sa trilogie de Wallenstein fut jouée sur le théâtre de Weimar. Le succès fut grand et Schiller, qu’aucun devoir n’attachait plus à Iéna, vint se fixer à Weimar. Vers la fin de 1800, il y fit jouer Marie Stuart, puis, l’année suivante, Jeanne Darc, qui fut presque aussitôt reprise à Leipzig et valut au poète une magnifique ovation, un triomphe populaire. Cette même année, Schiller reçut des lettres de noblesse, qui n’ajoutèrent rien à sa gloire, mais qui furent une preuve déplus de l’estime générale. En 1803 parut la Fiancée de Messine. Cette pièce, d’une conception moitié antique, moitié moyen âge, avec ses chœurs et la pompe de son style, présentait le poëte sous un nouvel aspect ; il lui fit succéder diverses traductions : l'Iphigénie en Aulide d’Euripide, le Macbeth de Shakspeare, le Turandol de Gozzi, les Ménechmes, Médiocre et rampant (deux comédies de Picard) et la Phèdre de Racine. Enfin, sentant la vie se retirer de lui, il rassembla toutes ses forces et fit un dernier appel à son génie pour écrire son chef-d’œuvre, Guillaume Tell, œuvre solennelle et forte, chant d’amour et de liberté qui allait clore dignement sa carrière. Le 29 avril 1805, Schiller, . de plus en plus affaibli, alla pour la dernière fois au théâtre ; il rentra chez lui tourmenté par la fièvre et fut obligé de garder le lit. « Comment vous trouvez-vous ? lui demanda Mme  de Wollzogen accourue pour le veiller avec sa femme. - Toujours plus tranquille, murmura-t-il, beaucoup de choses m’apparaissent maintenant moins obscures.» Le 6 mai, ses paroles devinrent incohérentes ; le 9 au matin, il eut le délire et perdit connaissance ; à six heures du soir, il expirait. Il avait un peu plus de quarante-cinq ans ; Goethe le pleura et chanta cette mort prématurée. Le 9 mai 1839, on inaugura à Stuttgard la statue en bronze de Schiller par Thorwaldsen, et le centième anniversaire de sa naissance a été célébré dans toute l’Allemagne avec une pompe inaccoutumée en 1859.

Voici le jugement qu’a porté sur lui Mme  de Staël : « La conscience, dit-elle, était sa muse ; celle-là n’a pas besoin d’être invoquée, car on l’entend toujours quand on l’écoute une fois. Il aimait la poésie, l’art dramatique, l’histoire, la littérature pour elle-même. Il aurait été résolu à ne point publier ses ouvrages, qu’il y aurait donné le même soin ; et jamais aucune considération, tirée ni du succès, ni de la mode, ni des préjugés, ni de tout ce qui vient des autres enfin, n'aurait pu lui faire altérer ses écrits ; car ses écrits étaient lui ; ils exprimaient son âme, et il ne concevait pas la possibilité de changer une expression, si le sentiment intérieur qui l’inspirait n’était pas changé... Schiller s’était fait tort, à son entrée dans le monde, par des égarements d’imagination ; mais, avec la force de l’âge, il reprit cette pureté sublime qui naît des hautes pensées. Jamais il n’entrait en négociation avec les mauvais sentiments. Il vivait, il parlait, il agissait comme si les méchants n’existaient pas ; et, quand il les peignait dans ses ouvrages, c’était avec plus d’exagération et moins de profondeur que s’il les avait vraiment connus. Les méchants s’offraient à son imagination comme un obstacle, comme un fléau physique ; et peut-être, en effet, qu’à beaucoup d’égards ils n’ont pas une nature intellectuelle ; l’habitude du vice a changé leur âme en un instinct perverti. »

Lamennais est moins enthousiaste. « Schiller, dit-il, rejetant les lois sévères du théâtre français, imita Shakspeare ; mais il n’avait ni la fécondité, ni la verve, ni le pathétique profond, ni la puissante originalité du poète anglais. Entraîné par l’esprit de son temps, il manqua quelquefois de vérité, il mit dans la bouche de ses personnages des idées et des sentiments tout à fait étrangers à leur époque ; il dogmatise lorsqu’il faudrait émouvoir et peindre. Ce n’est pas qu’il manque de sensibilité ni d’un certain sens historique ; surtout il possède à un haut degré le sentiment moral. Sous ces rapports, son Wallenstein offre, ainsi que son Guillaume Tell, des beautés très-remarquables. Sa place, quoique distinguée, n’est cependant que secondaire ; on ne le saurait compter parmi les modèles de l’art. Il est dans la poésie de sublimes hauteurs que la sienne n’atteint pas ; le dessin en est mou et le coloris terne : elle ne roule pas des eaux abondantes et rapides, elle baigne ses rives et ne les entraîne pas. »

Outre les ouvrages que nous avons cités de Schiller, mentionnons encore : les Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme, le Traité du sublime, Sur la grâce et la dignité et Sur la poésie naïve et sentimentale ; deux romans, le Visionnaire et l’Aubergiste au soleil, et ses poésies romantiques et lyriques, dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici. Nous avons donné, au mot ballade, la traduction de quelques-unes de ces poésies.

La meilleure édition allemande des œuvres de Schiller est celle qui a été publiée en 12 volumes à Stuttgard en 1862. Parmi les traductions françaises, il faut citer : l'Histoire de la guerre de Trente ans, traduite par M. d’Arnay en 1794, par M. Chamfeu en 1803 et par M. Mailher de Chassas en 1820 ; l’Histoire du soulèvement des Pays-Bas, traduite par J. Cloet (Bruxelles, 1821), par le marquis de Châteaugiron (Paris, 1827) et par M. Lhéritier (1833) ; les Œuvres dramatiques, traduites par M. de Barante (1821), par M. Mayer (1835) et par M. X. Marmier (1841) ; les Poésies, par M. Marmier (1840) et par M. Muller (1858) ; les Mélanges philosophiques, esthétiques et littéraires, traduites par M. Wege (1840). Les Œuvres complètes ont été traduites par M. Ad. Régnier (1859). En outre, M. Lebrun a imité la Marie Sluart de Schiller, Benjamin Constant son Wallenstein, MM. de Jouy et Ris son Guillaume Tell.

Parmi les travaux les plus considérables consacrés à Schiller et à son œuvre, nous citerons : la Vie de Schiller, par Carlyle ; la Vie et les œuvres de Schiller, par E. Bulwer-Lytton ; la Vie de Schiller, de M. Régnier ; les biographies de MM. Dupin, Spach, Marmier (dans la Revue des Deux-Mondes), de Barante, Schwab, Haffmeister, et Mmes  Caroline de Wolhzogen et Émilie de Gleichen-Russwurm, sa fille. Lors du jubilé séculaire de Schiller en 1859, deux ouvrages importants lui ont été consacrés : la Littérature de Schiller en Allemagne, par M. Wurzlach de Tannenberg, et la Galerie de Schiller, par MM. Pecht et de Ramberg.


SCHILLÈRE s. f. (chi-lè-re — de Schiller, poète allem.). Bot. Syn. de microléne.

SCHILLING s. m. (chi-lain). Métrol. Monnaie de compte d’Autriche, valant 0 fr. 32.

Il Monnaie de Danemark, valant 0 fr. 175.

Il Monnaie de Hambourg, valant environ 0 fr. 01. [| Monnaie de Lubeek, valant 0 fr. 09.

SCHILLING (Diebold), chroniqueur allemand du xve siècle, né à Soleure. Il écrivit une Chronique de la ville de Berne''de l’an 1152 à l’an 1480. Il a copié, comme il le dit lui-même, ses prédécesseurs Tschachtlan et Justinger pour l’histoire des temps antérieurs a 1468 ; ce n’est donc que la période 1408-1480 qui, dans l’ouvrage de cet écrivain, offre quelque originalité. Cette dernière partie a été imprimée sous ce titre : Description des guerres de Bourgogne (Berne, 1743, in-fol.), en allemand.

SCHILLING (Diebold) ou, comme il est écrit dans les manuscrits, Htebold Sibillig, fils de Jean Schilling, chroniqueur, mort en 1509. Greffier à Luoerne, il donna une chronique de cette ville de 1501 à 1509. Il raconte aussi la guerre de Bourgogne à laquelle il a assisté. Le manuscrit de l’ouvrage de ce chroniqueur, avec 400 dessins, se trouve aux archives de Lucerne.

SCHILLING (Godefroi-Guillaume), médecin hollandais, né en 1725, mort en 1799. Il alla s’établir à Paramaribo, viile principale de la Guyane hollandaise, et y pratiqua la médecine et la chirurgie avec beaucoup de succès. Ayant acquis une grande fortune et sentant le besoin d’étendre ses connaissances, il revint en Europe, reprit ses études médicales à Amsterdam et à UUecht et fut reçu docteur dans la dernière de ces universités. Il Parcourut ensuite la France, l’Allemagne et Italie, en séjournant dans toutes les villes renommées pour leurs établissements scientifiques, et revint se fixer à Surinam. Nous ne connaissons de lui que les deux opuscules suivants : Diatribe de morbo in Europa pêne ignoto, quam Américain votant iaws (Utrecht, 1770, ïn-&°) ; De lepracommentaliones(Uirecht, 1778, in-S"), et le mémoire suivant inséré dans ’ les nouveaux Mémoires de l’Académie royale

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des sciences de Berlin, Versuche mit dent zitteraale (1770, in-8").

SCHILLING (Frédéric-Gustave), fécond romancier allemand, né à Dresde en 1767, mort en 1839. Il servit dans l’artillerie saxonne, parvint au grade de capitaine et prit sa. retraite en 1809. On lui doit plus de 100 volumes de romans, pleins d’originalité et d’une variété inépuisable ; ils offrent une peinture assez fidèle des mœurs de la haute société allemande de son temps. Les trois suivants seuls ont été traduits en français : Antonia Wilsen ou la Femme telle qu elle est (1820, 2 vol. in-12) ; l’Orpheline et le grand seigneur (1821, 2 vol. in-12) ; Rodolphe et Pauline ou les Fiancés (1823, 3 vol. in-12).

SCHILLING (Gustave), musicographe allemand, né près de Hanovre en 1805, mort à Stuttgard en 1860. Il apprit auprès de son père les éléments de l’art musical, fit ensuite ses études de théologie et alla se fixer à Stuttgard, où il fonda, en 1830, une école de musique et de déclamation et une librairie musicale. On lui doit, entre autres ouvrages : Lexique portatif de musique (Stuttgard, 1833, in-12) ; Dictionnaire universel de musique (Stuttgard, 1835, 7 vol. gr. in-8°) ; Essai d’une philosophie du beau dans lamusique (Mayence, 1838, in-8») ;.Poty^Aonûmos^Stuttgard, 1839, in-8o).

SCHILLING VON CANSTATT (Charles, baron de), physicien allemand, né vers 1780, mort K Saint-Pétersbourg en 1833. Il ftt, en 1S32, les premiers essais de construction d’un télégraphe électrique à Saint-Pétersbourg, essais que la mort l’empêcha de continuer.

Schillingsfui’st, château de Bavière, dans le cercle de la Moyenne Franconie, à 20 kilom. O. d’Anspach. Il a donné son nom à une branche de la famille de Hohenlohe.

SC11ILT (Jean-Jacques), général français, né à Saar (Bas-Rhin) en 1761, mort après 1816. Il était sous-officier dans le régiment de Nassau à l’époque où éclata la Révolution. Il obtint sous le nouveau régime un avancement rapide et devint général de brigade en 1795. Jusque-là il avait servi dans l’armée des Pyrénées-Orientales. En 17D5, il passa dans la Vendée, puis en Italie, où il se distingua, surtout à Marengo (1800). En 1809, il était de nouveau en Italie sous le prince Eugène ; il se distingua k la bataille de Sacile, puis s’empara de Trieste. En 1814, Schilt rentra dans la vie privée. Mis définitivement à la retraite en 1816, il mourut quelques années plus tard.

SCHILT (Louis-Pierre), peintre sur porcelaine, né à Paris vers 1790, mort à Sèvres en 1859. Entré à l’âge de quatorze ans chez Constant, décorateur sur porcelaine, il commença par broyer les couleurs et gâcher la terre ; puis son maître l’initia aux secrets de la céramique et lui fit gagner quelque argent. Schilt, sur les conseils du peintre Paris, s’adonna à la reproduction des fleurs, travailla avec acharnement et fut admis, en 1822, à la manufacture de Sèvres, à laquelle il resta attaché jusqu’à sa mort. Ses principaux travaux sont : Service dit des familles naturelles, donné par Louis XVIII àlambassadeur de France ùVienne (1826) ; Peinture de fleurs et d’oiseaux, pour le roi de Prusse (1832) ; VaseMédicis, donné au grand-duc deToseaue (1839) ; Table à groupes de fleurs, donné à Méhémet-Ali (1840) ; Guéridon d fleurs sur fond blanc ; Vase à buisson de roses (1850) ; Guirlande de pavots de différentes couleurs (1855).

SCH1LTEU (Jean), jurisconsulte et archéologue allemand, né à Pegau en 1632, mort en 1705. Entré d’abord au service du duc de Saxe-Zeitz, il devint, en 1662, bailli de Puhl et fut plus tard attaché au consistoire d’Iéna. À la suite d’infortunes domestiques, il quitta cette ville et alla d’abord s’établir à Francfort-sur-le-Mein, puis à Strasbourg, où il se

fit professeur de droit. On cite, comme ses ouvrages les plus remarquables : Institutiones. juris canonici (léna, 1681) ; Institutiones juris publici Romano-Germanici (Strasbourg, 1696, 2 vol.) ; Codes juris feudalis atemaiinici (Strasbourg, 1697) ; Exercitationes ad quinquayinta librosPandectarum (léna, 1698, 3 vol. ; Francfort, 1733, 30 édic) ; Thésaurus antiquitalum. teutonicarum, qui fut édité par Scherz après la mort de l’auteur.

SCH1LT1G11E1M, ancienne petite ville de France (Bas-Rhin), à 5 kiloœ. N. de Strasbourg, près de l’III, cédée à la Prusse par le v traité de Francfort (10 mai 1870) et faisant depuis partiedel’Alsace-Lorraine ; 3,966.hab. Fabrication d’amidon, huiles, toiles cirées, tuiles, vinaigre ; distilleries.

SCHIMATOCHILE s. m. (chi-ma-to-ki-ledu gr. schisma, fente ; cheilos, lèvre). Entom. Syn. d’EUGONE.

SCH1MMELMANN (Henri-Charles, comte DE), homme d’État danois, né à Demmin (Poméranie) en 1724, mort en 1782. Il fit fortune dans le commerce et augmenta encore ses richesses en entrant dans l’admmistt’ation danoise. Après avoir été intendant du commerce et ministre auprès du cercle de la ’ Basse Saxe, il fut nommé trésorier royal en 1764 et reçut la direction des impôts dansja ville de Copenhague. En 1777, il fut un (Tes principaux promoteurs de la création du canal de Slesvig-Holstein. Schimmelmann mourut eu 1782, laissautunefortuneévaluéeàplus

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de 8 millions de rixdales, somme énorme pour l’époque.

SCHIMMELMANN (Ernest-Henri), fils du précédent, ministre danois, né à Dresde en 1747, mort à Copenhague en 1831. Il fut ministre des finances et du commerce de 1784 à 1814. En 1788, il entra au conseil d’État ; enfin, en 1824, il fut nommé ministre des affaires étrangères. Son âge avancé le força, peu de temps après, à se retirer des affaires.

SCHIMMELMANNIE S. f. (chi-mèl-ma-nï de Schimmelmamt, sav. allem.). Bot. Genre d’algues marines peu connu, dont l’espèce type a été trouvée aux environs de Tanger.

SCHlMMELPENNINCK(Rutger-Jean), dernier grand pensionnaire de Hollande, né à Deventer en 1781, mort en 1825. Sa famille l’ayant destiné au barreau, il fit ses études de droit à Leyde, vint ensuite s’établir à Amsterdam et se mit à la tête du parti libéral modéré. II prit part aux mouvements de 1785 et 1786, présida la municipalité d’Amsterdam (1795) et se fit remarquer parmi les membres de la Convention batave. Après avoir contribué à renverser le parti radical le 12 juin 1798, il vint à Paris comme ambassadeur, assista ensuite au congrès d’Amiens et, lorsque la paix générale fut conclue (1802), passa à l’ambassade de Londres. La Hollande, placée sous le protectorat de la France, avait suivi les transformations de nos divers gouvernements. D’abord république démocratique, elle avait dû adopter le régime directorial ; Napoléon, devenu empereur, lui imposa l’autorité d’un seul, sous l’ancien titre de grand pensionnaire et voulut que cette haute magistrature fût remplie par Schimmelpenninck lui-même. Celui-ci, nommé en

mars 1805, ne resta que quinze mois à la tête des affaires ; il vit la Hollande érigée en royaume au profit de Louis Bonaparte, puis réunie k la France en 1810. Créé comte de l’empire et appelé au sénat, il quitta la retraite où il s’était tenu pendant le règne du roi Louis pour assister aux séances de ce corps. À l’établissement du royaume des Pays-Bas en 1815, il fut membre de la première assemblée des états généraux. Louis XVIII le nomma grand cordon de la Légion d’honneur.

SCI1191PER (Wilhelm), voyageur et naturaliste allemand, né à Manheim, dans la

grand-duché de Bade, le 19 août 1804. Après avoir fait ses études au lycée de sa ville natale, il s’engagea volontairement en 1821 et devint rapidement sous-officier ; mais il sa dégoûta bientôt d’un métier qui, en temps de paix, offre si peu de ressources aux esprits studieux et intelligents, et il vint habiter Munich. Là, il fit la connaissance de Braun et du célèbre Agassiz, dont Jes conseils le déterminèrent à étudier les sciences naturelles et à voyager pour perfectionner par la pratique l’étude des théories. Il parcourut dans ce but le midi de la France et l’Algérie ; mais, forcé par la maladie d’interrompre son voyage, il revint en Suisse, rapportant des collections assez importantes. Il vécut à Neuchâtel pendant quelque temps, écoutant les leçons et les conseils d’Agassiz, et de là vint eu Alsace, où il écrivit son premier ouvrage, le Voyage en Algérie, qui parut en 1834 à Stuttgard. Cette même année, la Société des voyages scientifiques du Wurtemberg le chargea d’une mission en Égypte et en Arabie. II arriva en Égypte vers la fin de l’année, et, après avoir séjourné quelque temps à Alexandrie, il se rendit dans la haute Égypte, où il réunit plusieurs collections botaniques et zoologiques. De là il se rendit en Palestine, et, prenant pour centre de ses opérations le couvent de Sainte-Catherine, sur le Sinaï, il parcourut une partie de l’Ararabie Pétrée, parvint à Suez, d’où il se rendit à Djeddah, et, après avoir échoué dans son désir de pénétrer chez les Hedschas, entra dans l’Abyssinie. Il y trouva un accueil bienveillant de la part du prince d’Adoua et put explorer le pays durant trois années. Comblé de faveurs par ce prince, qui le nomma gouverneur d’un district important confinant au pays des Gallas, puis d’un autre district dans les environs de sa capitale, M. Sehimper, prévoyant tout le parti que la civilisation et la science pourraient tirer de cette position, épousa une indigène, se fixa dans ce pays, qu’il couvrit bientôt de constructions utiles, et favorisa les missions des lazaristes d’autant plus volontiers que, dans son séjour au milieu d’eux, il avait embrassé la religion romaine. Mais, précisément, sa partialité an faveur de ses nouveaux coreligionnaires lui attira l’inimitié des missionnaires anglicans, qui parvinrent à exercer une pression telle sur le prince d’Adoua, que celui-ci se détermina à le révoquer de ses fonctions de gouverneur. Il se retira alors dans les montagnes de Salem et se livra avec activité & ses explorations scientifiques. Sur ces entrefaites, la dissolution de la société scientifique qui l’avait envoyé en mission faillit lui retirer le peu de ressources dont il disposait. Heureusement, le Muséum d’histoire naturelle de Paris lui confia une mission permanente en Abyssinie, mission qu’il remplit avec beaucoup de zèle, envoyant chaque année au Muséum le produit de ses explorations multipliées. On conçoit qu’en menant une vie aussi active M. Sehimper ait eu peu le temps d’écrire. Mais, à défaut d’ouvrages