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SAPR

« ne réaction acide et en sa recouvrant d’une pellicule blanche. Chauffée avec une lessive de potasse, elle se décompose en répandant des vapeurs piquantes. La potasse alcoolique la convertit en une résine. Elle réduit promptement les solutions argentiques, surtout si celles-ci sont additionnées d’ammoniaque. L’iode dissous dans l’iodure de potassium la colore en brun ; elle ne se combine pas avec les bisulfites alcalins.

Si la polychroïte a réellement la formule qu’on s’accorde à lui donner, sa décomposition peut être représentée par l’équation suivante.

C«1160O18 -f 1120 Polychroïte. Eau.

= 2CJ6IP806 4- C10HHO + C6111206 Crocine. Huile Glucose,

volatile.

L’huile volatile estisomérique avec le thymol.

SAFRANE, ÉË (sa-fra-né) part, passé du v. Sufrnner. Coloré avec du safran : Pâte d’Italie safranée. Riz safrané.

— Qui a la couleur jaune du safran : Avoir le visage safrané, le teint safrané. Les caus de la rivière sont d’une couleur safranée et malsaine. (Baudelaire.)

On lui voyait, sous un teint safrané. L’œil obombré d’une épaisse paupière.

La Ciiaussée. SAFRANER v. a. ou tr. (sa-fra-né — rad. safran). Colorer avec du safran : Safraner du ris, du vermicelle. Safraner un gâteau. Safraner une liqueur.

SAFRANIER s. m. (sa-fra-nié — rad. safran). Celui qui cultive le safran.

— Homme ruiné, banqueroutier. Il Vieux mot.

SAFRANIÈRE s. f. (sa-fra-niè-re — rad. safran). Plantation de safran : Il faut sarcler et biner la safranière toutes les six semaines, pour la débarrasser des mauvaises herbes. (De Morogues.)

SAFRANINE s. f. (sa-fra-nt-ne — rad. safran). Chim. Base colorée qu’on prépare à l’aide des aminés aromatiques.

— Encycl. La safranine est une des nombreuses matières colorantes que l’on obtient au moyen des aminés aromatiques. Elle est d’une couleur rouge tendre. Le commerce la fournil sous la forme de pâte, et aussi sous la forme d’une poudre rouge jaunâtre qui renferme du chlorhydrate de cette base mêlé rie carbonate de chaux et de sel marin. En faisant bouillir cette pâte ou cette poudre avec de l’eau et laissant ensuite refroidir la solution filtrée à chaud, on voit se séparer une substance cristalline qui, après plusieurs cristallisations dans l’eau, ne laisse plus aucun résidu à la combustion. Elle perd toutefois de l’acide chlorhydrique pendant les opérations qui tendent à la purifier jet devient ainsi plus soluble, à ce point qu’une nouvelle addition d’acide chlorhydrique aux eaux mères cause une nouvelle séparation de chlorhydrate de la base à l’état cristallin.

Chlorhydrate de safranine

C2tHSOAz4, HCl. Pour obtenir le chlorhydrate normal, il est nécessaire de faire cristalliser ce sel dans une eau chargée d’acide chlorhydrique. Il forme de minces cristaux d’une couleur rougeâtre qui sont solubles, surtout à chaud, dans l’eau et l’alcool. L’éther et les solutions aqueuses concentrées de sel marin ne la dissolvent pas. Les solutions aqueuses, comme les solutions alcooliques, présenten tune teinte rouge jaunâtre intense. L’addition d’éther à la solution alcoolique détermine la précipitation du chlorhydrate.

Chloroplatinate de safranine

(C211120Az4, HCl)2, PtCl*.

On l’obtient en précipitant une solution tiède du chlorhydrato par un excès de chlorure platinique, et en lavant le précipité avec de l’acide chlorhydrique étendu. C’est une poudre cristalline d’un rouge jaunâtre, presque insoluble dans l’eau, 1 alcool et l’éther.

Safranine. Par suite de l’extrême solubilité dans l’eau de la base libre, il est nécessaire, pour l’obtenir, de décomposer la solution aqueuse du chlorhydrate par l’oxyde d’argent récemment précipité, encore humide, et d’évaporer le liquide rouge foncé ainsi obtenu. Parle refroidissement, il se dépose des cristaux bruns qui ressemblent étroitement, par leur aspect extérieur, aux cristaux du chlorhydrate. Comme la liqueur retient toujours du chlorure d’argent eu solution, il est d’ailleurs impossible d’obtenir la base dans un état de pureté suffisant pour l’analyse. La safranine se dissout facilement dans ï eau et duns l’alcool. Desséchée à 100", elle acquiert un faible éclat métallique verdâtre. L’addition de l’acide chlorhydrique à la solution aqueuse de la base en reprécipite du chlorhydrate moins soluble que la base libre,

— Azotate de safranine C211120Az*, AzHO3. Lorsqu’on ajoute un excès d’acide azotique étendu à uno solution aqueuse très-chaude de la base libre et qu’on abandonne ensuite le liquide au refroidissement, l’azotate se sépare en aiguilles d’une délicate couleur rouge brun, assez difficilement solubles dans l’eau froide, mais facilement solubles dans l’eau

SAFR

chaude. Il est moins soluble encore que le chlorhydrate.

Picrate de safranine

C211120Az4, C6H3(AzOîj3O.

Lorsqu’on ajoute de l’acide picrique à une solution étendue de chlorhydrate de cette base ou d’azotate, le picrate se précipite en aiguilles rouge brunâtre qui sont à la fois insolubles dans l’eau, l’alcool et l’éther.

Bromhydrate de safranine. Ce sel se précipite en aiguilles microscopiques lorsqu’on ajoute de l’acide broinhydrique à la solution de la base libre. Il est presque insoluble dans l’eau froide, mais il se dissout dans l’eau bouillante. Une addition de brome a la solution du chlorhydrate fait naître un précipité qui, après avoir subi une cristallisation dans 1 eau, donne des aiguilles qui possèdent un éclat vert et métallique.

Iodhydrate de safranine. Ce sel est semblable au bromhydrate.

Su If aie de safranine. C’est un sel modérément soluble qui se précipite lorsqu’on ajoute de l’acide sulturique à une solution concentrée de la base libre. Si l’on chauffe le liquide, il se redissout et se sépare ensuite sous la forme de fines aiguilles par le refroidissement de la solution.

Oxalate de safranine, L’oxalate de safranine est aussi semblable que possible au sulfate, quoiqu’un peu moins soluble.

Acétate de safranine. C’est un sel excessivement soluble.

Réactions de la safrakine. La réaction la plus caractéristique de la safranine est celle-ci : lorsqu’on ajoute de l’acide chlorhydrique concentré ou mieux de l’acide sulfurique à ses solutions, en versant le réactif goutte à goutte, la nuance passe d’abord au violet tendre, puis, successivement, au bleu, au vert foncé et au vert brillant. Si l’on étend ensuite d’eau la solution, on observe les mêmes changements de couleur en ordre inverse.

Préparation commerciale de la safranine. Pour préparer dans le commerce la matière colorante impure d’où l’on extrait la safranine, comme nous l’avons dit plus haut, ou traite l’aniline bouillante successivement par l’acide azoteux et par l’acide arsénique. filais MM. Hoffmann et Geyger trouvent plus avantageux de remplacer l’acide arsénique comme agent oxydant pat l’acide chromique. Le produit est d’ailleurs le même dans les deux cas. Le rendement est toujours très-faible. Le safranine ne se produit ni lorsqu’on opère sur l’aniline pure, ni lorsqu’on opère sur la toluidine solide, ni lorsqu’on opère sur un mélange de ces deux bases, et cependant on l’obtient facilement en opérant sur la toliikiiue liquide pure, bouillant à 198°. La safrunine paraît, d’après cela, un dérivé incontestable de la toluidine. Les formules suivantes rendraient compte de sa formation :

3C ?H9Az + HAzO’2 = C2iH»Az* - 2HX) Toluidine. Acide azoteux. Eau.

C21H2*Az* — 2112 = C«1120A8* Hydrogène. Safranine. Si l’on compare la formule de l-i safranine avec la formule anciennement admise pour la mauvéine C^H^Az* (M. Perkin a prétendu depuis que la formule de la mauvéine est C*6IIï*Az*), on pourrait considérer la mauvéine comme de la safranine phénylée

C21Hi9(C6H5)Az*.

En fuit, ]* safranine traitée par l’aniline donne une couleur pourpre, et la mauvéine et la sa~ franine donnent lieu aux mêmes réactions colorées avec l’acide sulfurique ; en outre, M. Perkin a noté qu’il se forme dans la préparation de la mauvéine un produit secondaire qui ressemble beaucoup à la safranine. Ce sujet mérite de nouvelles investigations. S’il venait à être démontré que la mauvéine n’est que de la. sa franine phénylée, il faudrait revenir à l’ancienne formule de ce corps et abandonner celle qu’a t’ait adopter M. Perkin dans ces derniers temps.

SAFRANUM s. m. (sa-fra-nomm). Bot. Nom pharmaceutique du carthame ou safran bâtard.

SAFRE adj. (sa-fre. — Diez fait provenir ce mot soit de l’ancien haut allemand seifar, l’eau à la bouche, soit du verbe gothique safjan, goûter, savourer, d’où safareis, dégustateur, gourmet, friand ; ancien haut allemand safan, se/fan, duns les composes autsafan, autseffan, sentir ; anglo-saxon sefa, même sens, toutes formes se rattachant au même radical que le latin sapere, avoir de la saveur. Scheler fait observer que safre rappelle par sa terminaison gouiafre, goinfre, et demande s’il ne serait pas identique avec safre, pétulant, lascif, que l’on trouve dans Nicot ; en Champagne, on l’emploie encore pour rusé, aimable, gentil). Goulu, glouton : Il faut prendre garde à ce chien, il est si safre qu’il emporte tout. (Acad.) Il Mot vieilli.

— Sub->tantiv. Personne goulue : C’est un safre. Ayez l’œil sur elle, c’est une vraie

SAFRE.

— s. m. Chim. Oxyde bleu de cobalt.

— Miner. Sorte d’argile siliceuse, qu’on trouve en Provence.

SAFREMENT adv. (sa-fre-maa — rad, sa-

SAGA

fre). D’une manière safre, goulûment : Manger SAFREMENT.

SAF-SAF, rivière d’Algérie, province de Constantine, formée par les eaux de deux sources qui descendent les unes des montagnes du Zerdeza et les autres de la chaîne du Kantoun. Cette rivière prend successivement les noms d’Oued-en-Nsa (la rivière des femmes) au village de Toumiet, d’Oued-el-Arouez au village de ce nom ; à quelque distance de Philippeville, avant de se jeter dans le golfe de Stora. elle prend le nom de SufSaf.

SAG, ville et port de commerce des Etals-Unis d’Amérique, dans l’État et à 130 kilom. N.-E. de New-York, — sur une petite baie ; 3,600 hab. Pêcherie ; commerce de cabotage.

SAGA s. f. (sa-ga. — On a donné de ce mot différentes étymologies contradictoires. Des auteurs font dériver le mot saga de l’islandais sagg, humidité, ou d’un autre terme s’appliquant aux vases destinés à contenir la bière et servant peut-être à des pratiques d’hygromancie. Mais nous préférons de beaucoup l’opinion qui consiste à voir dans le terme saga un radical commun à tous les idiomes du Nord et offrant dans chacun d’eux, sous des formes différentes, une signification à peu près constante : sagen, dire en haut allemand, saêgan en anglo-saxon, saêga en gothique, en islandais même ek sagui. Nous ferons également remarquer le rapport frappant qui existe entre saga et le latin sagax). Tradition historique ou mythologique des Scandinaves.

— Nom donné aux sorcières par les Romains.

— s. m. Entom. Genre d’insectes orthoptères, de la famille des locustiens, dont l’espèce type habite le midi de la France.

— Crust. Genre de crustacés décapodes macroures.

— Encycl. Les sagas ne sont pas des poëmes, mais des récits en prose autrefois déclamés par les scaldes ou bardes attachés à la cour des rois Scandinaves, transmis d’abord par la tradition orale et qui n’ont été écrits qu’à partir du xne ou du xme siècle. La plupart des sagas concernent la vie des héros et des rois ; quelques-unes ont pu être composées par les héros eux-mêmes, célébrant leurs propres exploits ; leur ensemble constitue, avec les poésies et les ouvrages de législation, l’ancienne littérature de l’Islande, du Danemark, de la Suède et de la Norvège. Ce sont des monuments précieux pour l’histoire des contrées septentrionales ; on a cependant reproché avec raison à la critique moderne d’avoir donné une importance historique trop considérable à des récits qui sont en grande partie purement légendaires, mais qui n’en offrent pas moins des peintures souvent pleines de vigueur des mœurs barbares. Aucune nation moderne n’offre de monuments en prose d’une aussi lointaine antiquité. « Tous les peuples, dit M. Xavier Marinier, ont eu leur cycle particulier, leurs traditions nationales enfantées par une grande époque et se groupant autour d’un grand nom. Ici on trouve le Romancero, ailleurs la légende, la ballade, l’épopée du trouvère ; mais dans aucun pays on ne trouverait une série d’histoires populaires comparables aux sagas islandaises. Nulle part, le génie conteur de la foule ne s’est montré aussi fécond ; nulle part, l’histoire, la poésie n’ont été comme ici l’oeuvre des masses, et nulle part elles n’ont eu un aussi grand caractère de fixité et une vogue aussi prolongée. Et, chose remarquable, nous avons de la peine à comprendre les romans de la Table ronde ou tout autre ; l’étudiant anglais n’arrive pas sans effort k se familiariser avec le style et l’orthographe de Chaucer ; et, pour les rendre accessibles k la foule, les savants allemands traduisent en langue moderne l’épopée des JYibelwtgen et le Parcival de Wolfram d’Eschenbach. Mais aujourd’hui, le plus pauvre paysan islandais lit, sans le secours d’aucun interprète, les livres de ses pères et les transmet à ses enfants, qui les relisent avec le même charme. » C’est surtout en Islande qu’il faut chercher k étudier les sagas ; c’est la qu’allèrent se fixer les traditions du monde Scandinave. Tandis que la Norvège et le Danemark se modifiaient au contact des autres nations, la pauvre lie d’Islande séparée du monde restait toujours la même dans son obscurité et sa faiblesse et conservait avec Son caractère primitif les antiques traditions. L’autel d’Odin avait depuis longtemps été brisé et remplacé par la croix du christianisme, que le paganisme du Nord et les vieilles mœurs se reflétaient encore en Islande.

Les sagas ne sont pas de simples traditions locales ; elles embrassaient 1 histoire, la religion et les coutumes de tout le Nord. C’est ce qui a fait dire à Rask : n Que saurionsnous sur le développement intellectuel, l’organisation, l’état du Nord dans les temps anciens, sans le secours des sagas et des livres de lois ? Partout où ces ouvrages ne nous prêtent pas leur lumière, nous marchons dans les ténèbres. Et c’est ainsi que l’histoire de la réunion des diverses principautés du Danemark sous le règne de Gorrh et beaucoup d’autres graves événements sont entourés pour nous d’une éternelle obscurité. ■ C’est aux sagas qu’il faut s’adresser pour connaître l’histoire primitive des Angles et des Nor SAGA

mands et de toutes ces tribus de pirates qui, au moyen âge, envahirent l’Europe entière ; l’histoire de Robert Guiscard, qui s’avança dans les contrées méridionales et conquit une grande partie de la péninsule italique ; l’histoire de Rurik et do ses compagnons, qui allèrent fonder un royaume en Russie. Pour tout ce qui regarde les commencements des peufles du Nord, il nVst pas de documents dont importance soit plus grande. Si es sagas offrentdes renseignements pour l’étude des faits, on y trouve encore avec plus do certitude le tableau des mœurs et des coutumes. Nous n’y voyous guère les hommes occupés d’amour, ni les femmes livrées nux doux sentiments. C’est : iux peuples du Midi qu’il faut laisser le roman de lu passion amoureuse et les grâces de la galanterie. Dans les pays du Nord, sous le ciel gris et chargé de nuages, parmi les brumes et les neiges, nous rencontrerons d’autres passions et des caractères plus énergiques. Les hommes sont des pirates, mais des pirates avides de combats, plus fiers des blessures données ou reçues que des trésors conquis. Les héros ont huit mains, comme les dieux de l’Inde, et frappent à la fois huit coups d’épée. Ils sont si grands et si robustes qu’un cheval ne peut les porter ; ils ont presque tous un bouclier magique fabriqué par les nains et une épée qui coupe l’acier comme de la toile. Leur grande ambition est de mourir dans un combat. Les enseignements de la religion Scandinave leur ont appris à ne pas craindre la mort, à la souhaiter même, à la trouver belle pourvu qu’elle ne soit pas causée par la maladie. Mourir de maladie est pour ces hommes de guerre la plus triste des fins, la plus affreuse des peines. Odin, devenu vieux, ne s’est-il pas tué lui-même en se perçant de sa lanceT La saga de Gautrek raconte qu’il y avait en Norvège un rocher du haut duquel se précipitaient les vieillards, dans l’intention d’échapper aux infirmités de l’âge. Le premier de tous les devoirs était de ne jamais fuir devant un ennemi, même quand on était menacé d’une mort certaine. Ainsi, Asmundr est parvenu, après une longue lutte, à dompter Egil. Il le jette par terre et le tient d une main robuste sous son genou. « Je ne puis te tuer, lui dit-il, car je n’ui pas mon épée ; veux-tu me promettre de m’attendre et j’irai la chercher. — Je te le promets, dit Egil.. Asmundr court chercher son épée et retrouve son adversaire étendu par terre et attendunt paisiblement la mort. Après avoir mené pendant de longues années leur vie d’aventures, les héros des sagas rentrent dans leurs foyers et élèvent leurs fils de telle sorte que ceux-ci recherchent les mêmes périls et ambitionnent la même gloire. Puis le souvenir de leur vie et de leurs exploits subsiste après leur trépas ; de toutes parts on célèbre leur nom. L’Islandais qui se rend à l’Althing dit a ses voisins : « Montrez-moi donc cet homme dont le nom est si célèbre dans les sagas. »

Le caractère des femmes lutte de hardiesse et d’opiniâtreté avec celui des hommes. Souvent elles encouragent leurs frères au combat. Si elles se trouvent privées du secours des guerriers, si elles se voient obligées de combattre seules, aucune crainte ne les arrête ; elles vont résolument saisir le glaive suspendu à la muraille, et, cachant leurs vêtements de femme sous la cuirasse, leurs longs cheveux sous le casque d’acier, elles marchent fièrement à l’ennemi. On trouve dans la Bervara saga l’histoire d’une jeune fille qui, possédée du désir de venger son père, va frapper k la porte de sou tombeau et lui demander cette épée qui fut si redoutable dans les mêlées sanglantes. Lo père sort, à sa voix, du profond sommeil de la mort ; il se soulève hors de son cercueil et tend à sa fille l’arme qu’il gardait k son côté, mais qui va reparaître à la lumière pour accomplir l’œuvre de la vengeance. L héroïne emporte l’épte, va braver ses ennemis, les combat courageusement et revient victorieuse.

On trouve cependant quelquefois dans les sagas, au milieu des rudes descriptions de la vie aventureuse, au milieu des scènes de sang et de carnage, quelques rares accents de tendresse et de mélancolie. II règne, par exemple, un sentiment d’émotion pénétrante dans le récit de la mort de Hialmar. Ce jeune héros vient de tomber sur le champ de bataille. Il ne regrette pas la vie, il n’exhala pus un soupir ; mais, tirant un anneau de son doigt, il le remet à Oddr, son compagnon fîdelo dans toutes ses aventures, dans tous ses voyages, dans tous ses combats, et il le prie de le porter à sa bien-aimée. Uddr reçoit l’anneau et se hâte d’aller remplir son triste message. Il arrive à la demeure d Ingeborg, la fiancée d’Hialmar ; il s’avance auprès d’elle et lui remet le dernier présent du guerrier qui l’aimait. La malheureuse jeune fille regarde l’anneau, ne prononce pas une parole et tombe morte. Mais le plus souvent on ne trouve dans les sagas que des tableaux de mœurs grossières, yjand les hommes de guerre ne sont pas occupés a combattre, ils passent le temps h boire. On les voit tenant en main la large corne pleine de bière ou d’hydromel, se portant mutuellement le défi de boire k outrance et chantant leurs exploits jusqu’au moment où ils tombent accables par 1 ivresse. Ailleurs, le tableau devient barbare et hideux. Le meurtre rougit les mains, l’incendie dévore les habitations. Dans les lois du Thing