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— Encycl, Le saïga est de la taille du daim et a des formes plus trapues que celles du cerf ; son pelage est lisse, d’un gris jaunâtre en été, blanc en dessous, composé de [ioils plus longs et d’un gris blanchâtre en hiver ; ses cornes, aussi longues que la tête, Sont jaunes et comme transparentes, annelées presque jusqu’à l’extrémité et disposées en lyre. La femelle se distingue par l’absence de cornes. Cet animal a encore la tête ovale ; les oreilles droites, larges à la base, pointues ; les narines et les cornets du nez fort grands ; la lèvre supérieure très-proéminente et comme pendante. Sa tête est busquée comme celle du bélier ; mais, par l’ensemble de ses formes, comme par son pelage, il se rapproche

luiôt de la chèvre ; de là son nom qui, en angue tartare, signifie chèvre sauvage. Cet animalsemble conformé tout particulièrement pour la course ; il a la trachée-artère large et Jes poumons très-grands.

Le saïga habite le nord de l’Europe et de l’Asie ; il est tt’ès-répandu surtout en Tartarie. Il fréquente le bord des eaux, comme les endroits découverts, arides et sablonneux. L’absinthe, l’armoise, l’aurone forment su nourriture principale. On assure que la disposition de sa lèvre supérieure entraîne chez lui une singulière manière de paître et qu’il ne broute qu’en rétrogradant. Il vit en grandes troupes et saute comme les gazelles, dont il a toute la légèreté. Une partie du troupeau veille à la sécurité de l’autre. Quand ces animaux sont attaqués par les loups ou les renards, les mâles se rangent en un cercle dans lequel ils renferment leurs familles et, faisant face k l’ennemi, se défendent vigoureusement avec leurs cornes.

Néanmoins, le saïga est faible et d’un tempérament délicat ; il court vite, mais il est bientôt fatigué et succombe à la moindre blessure. Sus yeux sont recouverts d’une membrane qui adoucit l’effet d’une lumière trop vivenientréverbérée sur la rétine ; grâce à cette disposition, il peut parcourir les déserts arides, les sables blanchâtres, sans que ses yeux en soient affectés. Sa vue est courte ; mais par contre son odorat est d’une finesse incomparable et l’avertit de la présence du chasseur, lorsque celui-ci est encore fort éloigné. Vers la fin de l’été, il se retire vers des climats plus doux, qu’il quitte au commencement du printemps. IJans beaucoup

de localités, la chair de cet animal, par suite du régime auquel il est soumis, contracte une saveur désagréable et une odeur nauséeuse, et les vers qui s’engendrent sous la peau pendant les grandes chaleurs contribuent à augmenter le dégoût qu’elle cause. On dit pourtant qu’en hiver elle est très-bonne à manger. La corne est quelquefois employée aux mêmes usages que l’écaillé.

SAIGEY (Jacques-Frédéric), mathématicien français, né à Alontbéliard en 1797. Il était depuis un an à l’École normale lorsqu’elle fut licenciée en 1822. Peu. après, il devint Secrétaire de Cousin, qu’il aida à réunir les matériaux nécessaires pour la publication du cinquième volume des Œuvres de Descartes, fut attaché en 1825 à la rédaction du Bullelin de Férussac, puis fonda avec François Raspail les Annales des sciences d’observation (1829). M. Saigey s’est fait connaître par un grand nombre de mémoires, par plusieurs ouvrages scientifiques élémentaires et par les observations sur les étoiles filantes qu’il a faites pendant longtemps de concert avec M. Coulvier-Gravier. Nous citerons, parmi ses mémoires : Explication des phénomènes physiques et ckimiques par les mouvements vibratoires de l’élher ; Lois des phénomènes attribués au magnétisme en mouvement ; Détermination de la figure de la terre par les oscillations du pendule, etc., dans les Annales des sciences d’observation ; Lettre Sur la chaleur de la terre ; Démonstration d’un théorème général sur les surfaces d’égale température moyenne ; Observations sur tes étoiles filantes, etc., dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences. Nous mentionnerons, parmi ses ouvrages : Problèmes d’arithmétique et exercices de calcul du second degré (1835, in-18) ; Questions de mathématiques, de cosmographie, de physique et de chimie (1*41, in-12) ; Jleeherches sur les étoiles filantes (1847, in-8°), avec IL Coulvier -Gravier ; Petite physique du globe (1850, in-12) ; Éléments d’aïUhmétiçue, de géométrie et de physique (1859, in-iS) ; Éléments des sciences physiques et naturelles (1SS1, in-12), avec M. Sonnet, etc. La plupart de ces ouvrages ont été très-souvent réédités.

SAIGEV (Emile), savant français, né en 1829, mort à Paris en 1872. Élève de l’École polytechnique, il choisit le service des télégraphes et devint inspecteur des lignes télégraphiques à Paris. Sous le pseudonyme

d’Edsar Savenny, M. Saigey collabora à la Revue des Deux-Mondes, où il a fait paraître pendant une dizaine d’années de nombreux travaux scientifiques et critiques. On lui doit, en outre, des ouvrages estimés : la Physique moderne, essai sur l’unité des phénomènes naturels (1868, in-18) ; Problèmes d’arithmétique et exercices de calcul (1871, in-18) ; les Sciences au xvute siècle ; la physique de Voltaire (1873, in-8°), etc.

SAIGNANT, ANTE adj. (sé-gnan, an-to ; où in 11. — rdà. saigner). Qui saigne, dégoutte de sang : Avoir le nez tout saignant, la bouche toute saignante. (Acad.)

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— Fig. Récent, nouveau, en parlant d’un mal, d’une plaie morale : La plaie est encore saignante. Aie pitié de moi ; un peu de baume sur mes plaies saignantes. (A. Karr.)

— Art culin. Viande saignante, Viande assez peu culte pour laisser couler du sung.

— Prov. Bœuf saignant, mouton bêlant, II faut que le bœuf et plus encore le mouton soient servis peu cuits.

SAIGNÉ, ÉE (sè-gné ; gn mil.) part, passé du v. Saigner. À qui l’on a tiré du sang : Le malade vient d’être saigné.

— Qu’on a fait mourir par l’effusion du sang : La chair du canard étouffé est bien plus savoureuse que celle du canard saigné. (Joigneaux.)

SAIGNÉE s. f. (sè-gné ; gn mil. — rad. saigner). Méd. Evacuation de sang provoquée dans un but médical : Pratiquer la saignée, l’opération de ta saignée. Saignée du bras. Saignée du pied. Saignée à la jugulaire. (Acad.) La saignée est xm étrange remède qui fait brûler la chandelle par les deux bouts. (Mme de Sév.) L’exercice poussé jusqu’à la sueur peut très-bien remplacer, dans certains cas, les sangsues, les saignées et les purgatifs. (Maquel.) Une Saignée faite mal à propos produit moins de mal qu’une saignée omise lorsqu’elle est nécessaire. (Nysten.) La saignée convient dans la plupart des affections auxquelles sont sujets les individus jeunes, vigoureux et pléthoriques, (Cloquet.) Il Sang qu’on tire en ouvrant la veine : Abondante Saignée. Saignée copieuse, il Pli formé par le bras et l’avant-bras : Il a reçu un coup sur la saignée. Il Saignée révulsive, Celle qu’on, pratique loin de la partie où le sang se porte en trop grande abondance. Il Saignée capillaire, Celle que l’on pratique au moyen de sangsues, de mouchetures et de scarifications, il Saignée blanche. Celle qui est manquée, la veine n’ayant pas été ouverte.

— Rigole que l’on fait pour tirer de l’eau de quelque endroit : Faire une grande saignée aux fossés de la place. Faire des saignées pour dessécher un marais. (Acad.) Combien de pays arides ne sont habitables que par les saignées et par les canaux que les hommes ont tirés des fleuves ! (J.-J. Rouss.)

— Fig. Exaction, sacrifice pénible que l’on impose : C’est une grande saignée, une rude saignée qu’on tui a faite, qu’on a faite à sa bourse. Mazarin continua d’affaiblir la France par des saignées ; elle- tomba en léthargie et il fut assez malhabile pour prendre ce faur. repos pour une véritable santé. (Cal de Retz.) Les déceptions sont les saignées de l’âme. (Commerson.)

— Prov. Selon le bras la saignée, Les charges doivent être proportionnées à la fortune de celui qui les supporte.

— Encycl. Méd. La saignée est une opération médicale des plus anciennement pratiquées et des plus populaires, qui demande à être étudiée, chez l’homme, aux divers points de vue de la chirurgie, de la physiologie, de la pathologie, de la thérapeutique, et, chez tes animaux domestiques, au point de vue de la chirurgie vétérinaire.

— I. La saignée chez l’homme au point de vue de la chirurgie. On distingue trois sortes de saignées ; la saignée veineuse ou phlébotomie, qui consiste dans l’extraction du sang veineux par une veine artificiellement ouverte ; la saignée artérielle ou artériotomie, par laquelle on extrait de même le sang d’une artère, et la saignée capillaire, dans laquelle le sang s’écoule à travers des piqûres de sangsues, des mouchetures ou des scarifications. Celte dernière saignée est appelée locale par opposition aux deux précédentes, qui sont appelées générales.

Saignée veineuse ou phlébotomie. C’est la saignée proprement dite. « On peut la pratiquer, dit Vidal (Pathologie externe), partout où les veines sont d’un volume moyen, placées immédiatement sous la peau ou sous une membrane muqueuse, pouvant être comprimées suffisamment pouv retenir le sang dans leur cavité avant l’opération et pour arrêter l’écoulement de ce liquide une fois que la quantité voulue est sortie. » Avant de percer une veine, on doit toujours la comprimer, au moyen d’une ligature, entre le point où on va la percer et le cœur, afin de forcer le sang de s’y amasser, puisque le sang veineux revient des extrémités capillaires, où il quitte les artères pour entrer dans les veines. Les veines que l’on peut ouvrir avec le plus d’avantage sont celles du pli du b : us, du dos du pied et du cou. On se sert, à cet ed’et, d’une lancette bien afiilée, qu’on appelle aussi phlébotome. Les autres objets nécessaires ou, du moins, très-uliles à l’opérateur sont : l" une bande de drap rouge ou simplement de toile, longue d’un mètre environ et large de deux doigts. Cette bande est destinée à comprimer la veine entre le cœur et l’endroit où elle va être piquée. En arrêtant le cours du sang veineux, elle rend son écoulement à l’extérieur plus rapide et plus abondant. 2» Un vase gradué destiné à recevoir le sang, de manière que le chirurgien puisse apprécier immédiatement, avec exactitude, la quantité qu’il retire. 3° Une petite compresse fine pliée en double et une bande de linge pour le pansement consécutif. 4° De l’eau fraîche, du vinaigre et des sels poulie cas où il surviendi’ait un syncope. Quand

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tous ces objets sont mis à sa portée, le chirurgien fait placer son malade assis ou couché, suivant qu’il le juge convenable ; il choisit la veine qu’il veut piquer, fixe sa ligature au-dessus et saisit la lancette de la main droite, entre le pouce et l’indicateur. De la main gauche, il tend régulièrement la peau sur le vaisseau qu’il va inciser, afin de faire

; iux téguments et à la veine une ouverture

parallèle. Il enfonce alors sa lancette à la profondeur convenable et agrandit un peu l’incision ainsi produite, en retirant son instrument et en relevant le tranchant par un léger mouvement de bascule. Quand il n recueilli la quantité de sang désirée, il enlève la ligature, nettoie les parties souillées de sang et procède au petit pansement consécutif. Le sang cesse alors de couler et reprend sa marche normale dans la veine redevenue libre.

La saignée demande quelques explications et des attentions spéciales, selon qu on la pratique au bras, au pied ou an cou.

Saignée du bras. Les principales veines

Sue l’on peut ouvrir au pli du bras sont : la r.iiale, la médiane céplialique, la médiane basilique, la médiane commune et la cubitale. Elles présentent dans leur calibre, leur profondeur et leurs rapports une foule de variétés très-importantes. La médiane basilique est U plus

apparente et elle donne beaucoup de sang, mais son voisinage de l’artère brachiale, qu’elle croise, rend sa piqûre dangereuse. C’est pourtant celle que les chirurgiens ouvrent de préférence. Les autres sont moins superficielles en général, moins visibles et plus difficiles à atteindre. Le sang s’en échappe plus lentement et en moindre quantité, et leur piqûre est parfois très-douloureuse, parce qu’elles sont entourées, surtout à la partie interne du bras, par des filets nerveux qu’on ne peut pas toujours éviter, quelle que soit l’habileté du chirurgien acquise par une longue pratique.

Pour pratiquer la saignée du pli du coude, il convient de découvrir toute la partie inférieure du bras. On applique ensuite la ligature à un ou deux pouces au-dessus du pli qui correspond à l’interligne articulaire et on la serre de manière à faire gonfler les veines de l’avant-bras, c’est-à-dire à arrêter la marche du sang veineux sans entraver celle du sang artériel, ce dont on s’assure aisément en tàtunt le pouls radial, qui doit continuer de battre. Ces précautions prises, le chirurgien saisit le bras du malade, dont il applique la main sous son aisselle, et pratique la phlébotomie en opérant, autant que possible, sur le bras droit avec la main droite et sur le bras gauche avec la main gauche. Le sang jaillit aussitôt que la lancette est retirée, et, pour accélérer sa sortie, ou recommande au malade de tourner dans sa main un étui, un lancettier, une bande de linge ou un morceau de bois, ce qui amène la contraction des muscles de l’avant-bras et fait refluer le sang des veines profondes dans la veine superficielle ouverte. Pendant les vingt-quatre heures qui suivent ; le bras doit être maintenu demi-fléchi et dans le repos.

Si simple et si facile que soit la saignée du pli du coude, qui est de beaucoup la plus ordinaire, elle n’en est pas moins une opéralion toujours délicate ; elle peut avoir, quand elle est mal exécutée, des conséquences très-graves, telles que la perte du bras si l’artère est atteinte, et elle présente parfois quelques difficultés.

Ces difficultés peuvent tenir d’abord k l’indocilité du malade ; chez les enfants et chez certains adultes, des mouvements involontaires peuvent gêner beaucoup l’opérateur ; il lui faut alors cette adresse de la main que donne l’habitude, et, en suivant tous les mouvements du malade, il parvient à percer la veine comme en l’air et au vol. Si l’opérateur ne se sent point la dextérité et la précision nécessaires pour agir ainsi, il devra, selon le conseil du docteur Velpeau, fixer le eoude du malade sur le genou préalablement relevé au moyen d’un tabouret ou du barreau d’une chaise. Si l’on est obligé de pratiquer la saignée sur la veine médiane basilique, qui est au devant de l’artère, parce qu’elle serait la seule apparente, < il faut alors, dit Littré, reconnaître exactement ses rapports avec l’artère brachiale et marquer avec l’ongle l’endroit où elles s’entre-croisent, afin d’ouvrir la veine au-dessus ou au-dessous. » Mais il peut arriver, dans ce cas, qu’en plaçant le bras on écarte un peu la •veine de l’artère, que celle-ci aille s’accoler au tendon du biceps et qu’étant ainsi pressée de côté contre la veine, clic se trouve blessée par le-tranchant de la lancette qui s’enfoncera de son côté. On a proposé, pour éviter ce danger, l’emploi d’une lancette n’ayant qu’un tranchant comme un canif ; l’opérateur ferait la piqûre horizontalement, en présentant le dos de la lame à l’artère. On a conseillé encore de faire l’opération en deux temps : 1° diviser la peau et le tissu sous-cutané jusqu’à la veine par une incision horizontale ; 2° faire à la veine devenue visible une petite ponction. On a conseillé enfin de fléchir légèrement l’avant-bras sur le bras, afin de relâcher l’expansion aponêvrotique du biceps et d’éloigner la veine de l’artère. Tous ces moyens sont ingénieux et, dans les cas très-difficiles, leur application peut prévenir ia lésion de l’artère ; mais, pour les ap SAIG

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pliquer, il faut une habitude qu’ordinairement on n’a pas ; ils présentent, si on- fait quelque faute, de notables inconvénient». Aussi vaut-il mieux chercher toujours una autre veine. Si l’on n’en trouve point au pli du coude, on en cherche ailleurs ; voici l’avis de Littré : «Si l’on n’a pas, dit-il, l’habitude de saigner, il vaut mieux ouvrir la veine du dos de la main ou celle de l’avant-bras qui présenterait le plus de volume, en ayant soin de plonger auparavant le membre dans un bain chaud. ■

Les veines, étant très-petites, sont parfois peu apparentes. On peut souvent, alors, les faire paraître en appliquant une ligature longtemps avant de pratiquer la saignée. Si l’on reconnaît qu’elles sont très-mobiles, on remédie à cet inconvénient en les fixant solidement et en faisant la ponction perpendiculairement à leur axe. La veine bonne àat»

taquer est souvent couverte de cicatrices, par suite de saignées antécédentes. Dans ce cas, il faut toujours faire la saignée au-dessous. Aussi, lorsqu’il est à supposer qu’un bras sera souvent saigné, le chirurgien doitil saigner le plus haut possible, afin de pouvoir ensuite aller en descendant. Enfin l’embonpoint de la personne a saigner est parfois tel qu’on n’aperçoit nullement !es veines ;, c’est ce qui arrive souvent chez les femmes. Le toucher doit alors diriger le chirurgien ; on sent, sous les doigts, un cordon dur, résistant, qu’il est assez facile de distinguer des cordons formés par les tendons, au moyen d’un sentiment de fluctuation et de vibration que l’on éprouve, soie en faisantarriverlesang dans les vaisseaux par quelques légères frictions, soit en exerçant quelques percussions sur un des points éloignés de celui où l’on a mis le doigt. Ce même embonpoint interpose quelquefois entre les lèvres de la plaie des paquets graisseux, formant bouchon, qui empêchent l’écoulement du sang. On remédie a cet inconvénient en enlevant le flocon avec précaution au moyen d’une pince à disséquer ou de ciseaux., . "

Lorsque le chirurgien veut faire une saignée, s’il n’ouvre pas la veine, il fait ce que l’on appelle une saignée blanche. Cette circonstance peut tenir à ce que l’incision n’a pas pénétré jusqu’à la veine ; dans ce cas, on aperçoit quelquefois le vaisseau au fond de la plaie et on peut l’ouvrir en le ponctionnant ; d’autres fois, la veine a roulé devant l’instrument où elle a été déplacée par les mouvements du malade. Le seul moyen de remédier k la saignée blanche, quand on n’aperçoit pas la veine entre les bords de l’incision, est de faire une autre saignée, soit sur la même veine, soit sur une autre.

Nous sommes entré dans ces détails, non-seulement pour l’utilité des jeunes chirurgiens, mais aussi et surtout pour celle do toute personne qui peut se trouver dans l’obligation de pratiquer une saignée absolument nécessaire, en l’absence de tout chirurgien, dans le cas d’un coup de sang et de certains accidents.

Saignée du pied. Les veines qu’on ouvre dans cette région sont : la saphèue interne et lu saphène externe, à la hauteur des malléoles ou un peu au-dessus. On commence par faire prendre au malade un pédiluve très-chaud jusqu’à ce que les veines gonflées deviennent apparentes. Le chirurgien porte ensuite sur son genou le pied dont il a fait choix, convenablement essuyé. Il place une ligature k

la partie inférieure de la jambe et pique la veine qui paraît devoir donner le plus de sang. Si le liquide s’échappe eu jet, on le recueille dans un vase gradué ; s’il s’écoule en bavant, on replace le pied dans l’eau chaude et on recommande au malade de remuer les orteils. Cette double manœuvre favorise la déplétion sanguine, mais elle ne permet pas d’estimer exactement la quantité de sang tiré.

Saignée du cou. Elle se pratique sur la jugulaire externe. Les médecins l’emploient beaucoup plus rarement de nos jours qu’autrefois, a cause de la gravité particulière des accidents auxquels elle expose et qui sont : la pénétration de l’air dans le cœur par la plaie delà veine, la phlébite ou inflammation île la veine et l’érysipèle, qui seraient plus dangereux que partout ailleurs. Quand on a résolu d’ouvrir la jugulaire externe, on fait coucher le malade, on lui place au-dessus de la clavicule une compresse épaisse maintenue par le plein d’une bande ou d’une cravate, dont les extrémités sont conduites sous l’aisselle du côté opposé et confiées à un aide qui exerce ainsi la compression. «Une fois lu veine apparente, dit Vidal, l’opérateur applique le pouce de la main gauche sur la compresse et, avec l’index de la même main, il fixe la veine, qu’il ouvre comme dans le cas de saignée du bras ; seulement, ici on enfoncera davantage la lancette et on fera une

ouverture plus large Si, du premier coup,

la veine n’a pas été ouverte, on la saisira avec des pinces à disséquer et on lui fera une petite incision longitudinale. Souvent le sang ne sort qu’en nappe ; on le reçoit alors avec une gouttière de métal ou avec une carte. Ou ordonne au malade de mouvoir la mâchoire, on lui introduit des linges dans la bouche ; il les mâche pour favoriser l’écoulement du sang. Une mouche de taffetas d’Angleterre suffit pour fermer la plaie ; la compression levée, Je sang ne coule plus ; mais quelque-